Lectures érotiques (5). Lounja Charif : « La Maghrébine » (Editions Blanche 2010)

- Par l'auteur HDS Olga T -
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Auteur femme.
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Récit libertin : Lectures érotiques (5). Lounja Charif : « La Maghrébine » (Editions Blanche 2010) Histoire érotique Publiée sur HDS le 02-11-2017 dans la catégorie Dans la zone rouge
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Lectures érotiques (5). Lounja Charif : « La Maghrébine » (Editions Blanche 2010)
RESUME
La Maghrébine décrit la vie d'une femme musulmane, autodidacte, progressiste, son passé douloureux, son éducation stricte et traditionnelle, sa révolte, son rêve de l'occident, sa soif de liberté, ses déceptions, ses trahisons, ses expériences et sa revanche sur les hommes.

Débordante de sensualité, Lounja arrive en France pleine de beaux rêves et de prince charmant pour se marier une première fois. C'est un échec.

« Je suis venue en France. Le pays des milles espoirs. Des milles rêves de Maghrébines. Je suis autodidacte... Sexuellement aussi !... On n'apprend rien des choses du sexe dans le Maghreb. Cela vient naturellement. Quand cela vient. À vingt-cinq ans, je ne suçais pas. Je ne pratiquais pas la sodomie. Je ne savais même pas masturber un homme... »
Elle se marie une deuxième fois et connaît une vie ennuyeuse, faite de football, de jeux vidéo, de plateaux-tv et de l'absence d'un mari, plus absorbé à faire des rencontres sur meetic qu'à l'aimer... Un beau jour, par vengeance, elle commet une folie, en cédant à deux hommes rencontrés dans une galerie d'art... Et elle découvre qu'elle se trompe depuis plus de dix ans !... Elle connaît ses premières jouissances réelles et prend la mesure de son immense pouvoir de séduction qu'elle décide d'utiliser sans retenue... Grâce à Vincent, un homme qui la prend sous son aile et lui fait connaître les multiples facettes du plaisir, Lounja va se métamorphoser et devenir une femme libre, tout en étant musulmane et Maghrébine.
Elle n'est pas libertine, ce qui est un concept ringard pour elle. Elle veut juste prendre et assumer son plaisir sans négociation avec qui que ce soit.

Pour Lounja « La femme est l'avenir de l'homme, pas son pêché... »
Dans ce livre confession sans fausse pudeur ou pseudo alibi, Lounja Charif raconte sa découverte d'une sexualité franche, dépourvue de préjugé et revendiquée comme source de libération des femmes.
Un livre très courageux où Lounja Charif, tout en affirmant ses origines et sa culture maghrébine, défend le droit des femmes au plaisir, et soutient que leur libération passera par leur libération sexuelle.

L'AUTEUR
Lounja Charif est née au Maghreb dans les années 1970, et est venue en France à l'âge de 19 ans.

Autodidacte, elle arrive à l'âge de dix- neuf ans, à la manière de Candide, pour découvrir le « machisme » et le racisme ambiant, même en Occident. De job en job, elle se décide à écrire, et travaille depuis quatre ans à un roman historique ... qui la pousse à la découverte de Jean Jaurès.
Au moyen de l'écriture, qualifiée sur son blog de « directe, franche et sans tabous ni détours », elle retranscrit son vécu, en particulier celui de la découverte de son corps. Elle a écrit "la Maghrébine" aux Éditions Blanche en 2010, repris sous le titre "Désirs voilés" chez Pocket en 2011. Son premier roman « La Maghrébine » la situe parmi les auteurs érotiques audacieux.

EXTRAIT D'UNE INTERVIEW DE LOUNJA CHARIF AU JOURNAL LA DEPECHE (2011)
Question : « Votre premier roman « La Maghrébine » est souligné par cette phrase « du voile à la Guêpière », pourquoi ce livre ? "
Réponse : « C'est le témoignage d'un vécu. Un constat réaliste du rêve puis de la déception qu'a vécu Lounja. Elle a tant rêvé de l'Occident, un monde qu'elle a idéalisé...

Elle s'attendait à la liberté, l'égalité, le respect, la considération en tant que femme, elle découvre que la réalité est tout autre ».


Question « Quelle est cette réalité ?"
Réponse : « Une réalité de Maghrébine et de femme. D'abord Maghrébine, elle est la fille de « là-bas », présumée facile, accessible et consentante.

Ensuite Femme. Finalement les femmes ne sont pas considérées égales aux hommes même dans un pays occidental. Partout la femme est considérée selon un schéma Manichéen. Elle représente le bien et le mal. Si elle est obéissante, résignée, conciliante, elle est respectée et respectable, si elle est libérée, affranchie, affirmée et opposée elle est rejetée. »
Question : « Tout de même, votre premier récit est fort en mots crus ! »
Réponse : « Célèbres ou méconnus, de nombreux écrivains, se sont depuis toujours essayés à l'écriture érotique. Beaucoup ont conservé l'anonymat pour des raisons d'hypocrisie ambiante. D?autres tels Marguerite Duras, Henry Miller, Guillaume Apollinaire ont parfaitement assumé ce type de littérature consacrée à ce qui reste l'une des facettes les plus envoûtantes de la vie humaine.

C'est vrai les mots employés dans « La Maghrébine » et les scènes qui sont décrites sont sans ambiguïté, et alors... Je hais toute forme d?hypocrisie. J'écris un peu à la manière d'un homme... Et pourquoi pas ?

De surcroît, Lounja est musulmane. Le plaisir prend une place importante dans son existence. Et tout le monde devrait savoir que durant des siècles, le monde arabo- musulman, donnait une place capitale à l'érotisme et au plaisir, sans aucune contestation religieuse. L'érotisme prenait rang d'art de vivre.

Je n'ai fait que décrire la réalité, avec un style franc et direct que les lecteurs et pas mal de lectrices ont apprécié.

En fait, ce livre est une condamnation de la soumission féminine, une révolte, une remise à niveau en quelque sorte de la femme par rapport à l'homme. Rien de plus. Elle ose avoir des désirs, du plaisir, et exprimer tout cela ».


Question : « Le sexe est pourtant tabou dans la Société Musulmane, ne craignez-vous pas de choquer? »
Réponse : « Être musulmane ou musulman, fidèle et respectueux du texte sacré, ne veut pas dire être contre la jouissance charnelle. Je fais référence à Malek Chebec, qui dans son recueil « le Kama sutra arabe » site des sourates où la sexualité, dans l'Islam, est un fait reconnu par le Coran et par la tradition. »
MES NOTES DE LECTURE (un roman de 271 pages)
Je vous invite à lire ce livre courageux et passionnant.

Voici quelques passages que j'ai relevés.

LE PREMIER MARIAGE : UN ECHEC
Son 1er mariage avec Hervé avec Hervé, un Français converti à l?islam est un échec. Du fait de l'absolue ignorance par Lounja des choses du sexe. Mais aussi parce que son 1er mari, qui est candauliste, la pousse à s'offrir à d?autres. C'est le jour où Hervé la quitte qu'elle va découvrir, à 25 ans, le plaisir avec lui.


SECOND MARIAGE ET DECOUVERTE DU PLAISIR
Lors d'un séjour en Amérique, Lounja rencontre Arnaud, qui deviendra son second mari.

C'est un nouvel échec, Arnaud la néglige complétement.

Tout bascule quand, pour sortir de l'ennui, pour se venger, Lounja s'offre à deux inconnus rencontrés dans une galerie d'art. Et racontera tout à son mari, avant de le quitter.

Elle commence par faire une fellation au premier, Jean-Marc, dans les toilettes de la galerie. Puis accepte de suivre ces deux hommes, Jean-Marc et Yvan.

Dans l'ascenseur de l'immeuble où elle va se faire baiser par les deux hommes, Lounja leur dit : « Je vous voudrais, dans mon sexe et dans mes fesses, et dans mes mains, entre mes seins aussi, je voudrais que vous jouissiez sur moi, en moi, que vous me défonciez. »
Jean-Marc va la baiser dans l'ascenseur, puis Lounja suce Yvan, jusqu'à ce qu'il jouisse dans sa bouche.

« Chaque coup de queue qu'il me donnait était une marche de plus vers un long escalier, vers un ailleurs que je ne connaissais pas. Quand il m'a sentie sur le point de jouir, il s'est laissé aller en moi, Jean-Marc s'est libéré, dans un dernier coup de reins bestial, des jets chauds qui m'inondaient le ventre, j'ai eu des spasmes violents qui m?ont électrisé tout le corps. Je râlais, je venais de jouir réellement pour la première fois de ma vie ! Plusieurs fois, de plus en plus en plus fort. Je venais de découvrir une nouvelle jouissance. Une jouissance violente, pure, claire, limpide, sans compromis. » Lounja et ses amants vont poursuivre leur trio toute l?après-midi. Elle va connaitre sa première sodomie, sa première double pénétration.
Une découverte pour elle : « Je ne savais même pas que ce niveau de plaisir pouvait exister pour une femme »
Et désormais, elle veut rattraper le temps perdu. Une nouvelle Lounja venait de naître. Elle finit par quitter Arnaud, après l'avoir humilié sur le site internet qu'il fréquentait avec tant d'assiduité.

VINCENT ET LA FEMME LIBRE
La rencontre de Vincent, son collègue de travail, sera décisive. Pour la première fois, Lounja a un ami et un homme qui l'accompagne dans ses découvertes.

Lounja est « dominatrice et séductrice » : « Un homme ne jouit que si je le veux et quand je le veux. Ma main, ma bouche sont disponibles à mon seul bon vouloir. »Dans un hôtel de Deauville, elle s'offre, devant Vincent, à un serveur et à inconnu.

« J'aime les hommes, où est le mal ? Un homme qui prétend aimer les femmes est considéré comme un homme. Une femme qui ose avouer aimer les hommes est considérée comme une pute. »
« Comme toutes les femmes, je rêve parfois d'étreintes sauvages, rapides, inattendues et toujours censurées par la morale la plus élémentaire. Je fais partie de ces femmes qui regardent les hommes en dessous de la ceinture. »
Dans un cinéma, elle s'abandonne aux caresses de Vincent et d'un inconnu : « Je m'abandonnais voluptueusement à la caresse, quand tout à coup je me suis mise à trembler, je me mordais les lèvres, fermais les poings, sans plus me préoccuper de ce que pouvaient voir les personnes présentes dans la salle, je me mis à jouir avec une violence inconnue. » Puis Lounja va faire une fellation à l'inconnu.
C'est à l'issue de cette séance que Vincent et elle décident de vivre ensemble.

LOUNJA L'INSATIABLE
Dans le cadre de son travail dans une agence de communication, et d'un projet de calendrier, les « Vieux du stade », Lounja va s'offrir une incroyable séance de débauche avec toute une équipe de vétérans de rugby, qui vont l'honorer, l'un après l'autre. A un moment donné, ses trois orifices naturels étaient occupés, alors qu'elle branlait deux queues en même temps : « Je jouissais à en crever. J'étais remplie de liquide chaud sur mes bras, dans ma bouche, le long de mes cuisses, sur mon dos, dans ma chatte et dans mon cul. Je m'écroulai. Le dos cassé. Heureuse à en mourir. »
Lounja devient chasseuse de plaisirs, d'autant que Vincent, avec qui elle vit, se refuse à elle et n'assiste même pas à ses ébats. « Séduire était devenu mon passe-temps préféré. »
Elle se laisse tenter par un troisième mariage avec Pierre-Henri, un industriel prétentieux, qu'elle trompe sans scrupule.

Lounja nous parle aussi de son amitié pour une call-girl, Linda, qu'elle avait connue 10 ans auparavant.

A la place de Linda, elle va s'offrir à un Saoudien, doté d'un engin énorme.

« Enfonce-la, enfonce-la ! Vas-y !"
Il me faisait mal, mais je me taisais. Mon cul se soulevait. J'étais fendue à l'horizontale par une poutre. Il bandait si dur que j'en pleurai en silence. »
« Je pourrais vous décrire l'extrême plaisir à séduire, quand on découvre le pouvoir infini que donnent un corps désirable, un sein à peine voilé ou un regard appuyé. Le pouvoir de la femme est grisant, mais effrayant parfois lorsqu'il se révèle capable de rendre un homme fou d'amour. Le pouvoir de la femme est dérisoire lorsqu'il se limite à permettre à une queue d'éjaculer en quelques minutes. Moi ce que j'aime c'est la séduction dérisoire. »
Lounja enchaîne les expériences, sans que cela ne la satisfasse. Elle sait que c'est Vincent, qu'elle a perdu, qui lui manque.

Même lorsqu'elle rencontre un moine, Lounja finit par commettre le « péché de chair » avec lui.

Pour annoncer son retour, Vincent fait un cadeau spécial à Lounja, un escort boy, qu'elle commence par refuser avent de lui sauter dessus.

« Tout à coup, il s'est mis à me faire l'amour doucement, conscient de son énormité. Et quand il a senti mon corps prêt à le dévorer, il m'a défoncée avec une bestialité ravageuse. Ma tête ondulait sur le canapé, mes mains sur ses fesses parfaites, ne se contrôlaient plus, je plantais mes ongles dans sa chair, je hurlais, je le suppliais de m'achever J'ai joui une première fois, puis une deuxième, alors il m'a retournée pour me mettre en levrette. Par derrière, ses coups de boutoir devenaient de plus en plus en plus puissants. Puis, tout à coup, j?ai senti son corps se raidir, ses fesses se contracter, son sexe s'enfoncer, et de longs jets chauds se répandre, à nouveau, au plus profond de moi. »
Comme le dit Lounja : « C'est le désir d'un homme qui rend une femme réellement belle ».

Au lieu de Vincent, c?est Miguel, un homme qu'elle avait repoussé, et qui, sous la menace d'une arme, la « force » à avoir des rapports avec lui. C'est ce qu'elle considère comme un viol qui va la pousser à raconter son histoire.


LOUNJA ET MOI
L'histoire de Lounja n'est pas dans un cadre candauliste. Mais il s'agit du parcours d'une femme libre et d'une hypersexuelle qui décrit si bien « l'extrême plaisir à séduire ». C'est en-cela qu'elle me fascine. Lounja n'a pas eu ma chance, celle de rencontrer un compagnon qui soit à ses côtés dans sa quête du plaisir et de la liberté. En lisant son ouvrage, je mesure ma chance d'avoir Philippe à mes côtés.

Cette jeune femme, qui appartient à la même génération que moi (elle est née en 1970, moi en 1977), suscite chez moi de l'admiration, par le combat qu'elle mène contre les préjugés, mais aussi pour son courage.

Compte tenu de mes relations avec Rachid et, encore plus de mon mariage avec Hassan, je suis bien placée pour savoir comment elle devait être « considérée » Je savais tout le mépris qu'il y a dans le terme de « kabah », la putain en Arabe. Je peux sans peine imaginer ce que cela a dû être et doit encore être pour elle.

Ce livre est donc particulièrement courageux. Il défend le droit au plaisir et affirme, ce dont je suis convaincue, qu'une femme, y compris mariée, a droit à sa liberté sexuelle, au plaisir. La libération de la femme passera par un complet épanouissement sexuel.

Bravo, jolie Lounja, ma soeur, pour ce témoignage courageux, et reste à jamais une femme libre ! Et comme tu le dis si bien : « « C'est le désir d'un homme qui rend une femme réellement belle ».
Olga T.

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