Les cavalières

- Par l'auteur HDS Misa -
Récit érotique écrit par Misa [→ Accès à sa fiche auteur]
Auteur femme.
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Récit libertin : Les cavalières Histoire érotique Publiée sur HDS le 19-01-2015 dans la catégorie Dominants et dominés
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Les cavalières
Phèdre s’habille de tulles et de dentelles, de robes légères et vaporeuses, ses dessous sont de soie, à ses pieds des escarpins, elle ne porte jamais de noir sur elle, jamais de pantalon ou de collant ; si, des jodhpurs c’est vrai, concession, l’amazone ne convenant pas, elle regrette, aux obstacles qu’elle franchit sur son hongre bai.
Peu de hanches, de jolis seins, de longues jambes gainées de gris ou de blanc, souvent découvertes au-dessus du genou, le dos battu de longues boucles brunes nouées lâche d’un foulard, elle est toute élégance fragile, sourire et yeux baissés, douceur alanguie qui invite à garder distance, ne pas déranger.
Depuis bientôt quatre ans elle vit seule à Paris, sort peu, Sorbonne, bibliothèque, cinéma parfois, et à Vincennes le dimanche pour monter, sauter des barrières et des haies sur son hongre aux pâturons blancs.

A Vincennes devant les Floralies une jeune femme trop pressée est tombée en se faufilant entre deux voitures garées, joggeuse du dimanche à Vincennes.
Phèdre n’a assisté à l’accident que de loin, alertée d’un cri, a vu comme elle s’approchait deux jambes étendues dépassant entre les deux voitures garées.
Elle s’est penchée, son sac lourd de sa tenue d’équitation glissant de son épaule, s’est accroupie sur le gravier de la contre-allée : un bras soutenu d’une main, la main ouverte qui tremblait sur la tige d’une rose rouge volée sans doute dans les jardins, deux larmes trop lourdes tombant sur du coton blanc, un visage défait privé de couleur, une jeune femme assise adossée au parechoc d’une voiture, ses jambes allongées sur le trottoir.


Il fallait deux bras valides pour conduire la Mini de la jeune femme blessée jusqu’aux urgences les plus proches, puis jusqu’à son appartement, taper le code d’ouverture de sa porte et sur le palier sortir les clefs ; il fallait fouiller ses placards pour trouver tasses sucre et thé, il fallait ouvrir son armoire, pour un pull à poser sur ses épaules remplaçant le blazer prêté dont elle était enveloppé depuis qu’un interne avait découpé au ciseau le t-shirt déchiré, pour dénicher dans un tiroir de sa commode un soutien-gorge remplaçant le foulard de soie qui cachait ses seins nus sous le blazer.
Il f allait un vase pour la rose rouge qu’elle avait gardée.

Marianne a croisé un ange ce dimanche à Vincennes.

Des paroles, très peu. L’essentiel, le nécessaire. Le minimum. Un bras pour la soutenir, un sourire, un regard à peine croisé. Irréel.

Marianne se souvient, quand l’interne avait découpé son t-shirt, que la porte de la pièce s’ouvrait souvent sur une infirmière, un autre interne, de ses seins nus piqués de froid et de gêne, du foulard de soie noué autour de son buste et du sourire.
Elle se souvient du foulard détaché dans sa salle de bains, son bras droit soulevé lentement d’une main sous le plâtre l’emprisonnant du poignet au coude, de la douceur du gant sur sa peau, de la douceur des gestes pour l’aider à enfiler son grand peignoir, de bain, du départ discret et de la porte tirée pour lui laisser un moment d’intimité, du sourire d’excuse pour ajuster dans son dos culotte et pantalon avant qu’elle ne s’assoit dans la cuisine pour le thé préparé pour elle.


Quatre semaines. Elle me rendait visite, téléphonait toujours avant, apportait des sushis, des éclairs au chocolat et des pâtes de fruits, enveloppait mon bras d’un sac plastique pour une douche et préparait le thé en m’attendant, mes affaires prêtes disposées sur mon lit, une jupe, pas de dessous qui compliqueraient le quotidien empêché, un pull qu’elle aidait à enfiler.

Elle ne posait jamais de questions, écoutait, je me racontais. D’elle je ne savais rien. Que sa douceur et ses yeux baissés quand j’interrogeais, son sourire, quelques mots lâchés, à peine. Deux ou trois fois elle a croisé la secrétaire de l’agence où je travaille, a souri un jour d’un geste surpris et de ma mine agacée, à mon excuse gênée d’une histoire dépassée elle a haussé les épaules et m’a dit « Je n’aime pas les garçons ».
Et moi qui déjà l’aimais je ne savais pas quoi penser, n’osais pas être moi. On ne bouscule pas un ange, mais on peut en rêver. Je rêvais.

Fin juin je l’ai accompagnée à Vincennes, l’ai suivie au manège pour échauffer Monarque, j’ai tremblé aux barres blanches et rouges qui tombaient parfois et que j’aidais à remettre en place, ménageant mon bras encore affaibli.
En juillet je montais avec elle pour des balades dans le bois sur Cybèle, une jument grise très douce qu’elle avait choisie pour moi.
En août, je l’ai remerciée d’un baiser volé au bord de ses lèvres pour le foulard de soie peinte qu’elle passait à mon cou : j’avais 24 ans un mois avant elle.
Ses mains sur le foulard, elle a levé les yeux, souffle retenu un instant avant de souffler en murmure « Je suis vierge ».
Toujours elle économise ses mots.
Ses mains en coupe sur mes joues elle a balayé des pouces mes sourcils froncés. Elle a fermé les yeux à mon baiser, a retenu mes gestes nouant ses doigts aux miens, « N’aie pas peur, je suis à toi, patiente ».

Je l’habille de tulles et de dentelles, de robes légères et vaporeuses, elle ne porte plus de dessous, même sous ses jodhpurs ; effacés les obstacles.
Depuis bientôt un an elle vit avec moi.
Vincennes le dimanche pour monter et sauter des barrières et des haies, elle sur son hongre bai aux pâturons blancs, moi sur ma jument grise.

Ce que je suis, je savais sans l’avoir vécu. Ce qu’elle est, « anguissette », elle m’a appris.

La rose du premier jour cueillie aux Floralies que je tenais dans les mains en tombant, elle la porte sur son dos, tige noire qui naît au creux de ses reins et s’épanouit en feuilles qui habillent ses épaules, pétales rouges ouverts sur sa nuque sous les longues boucles brunes qui battent son dos, à chaque épine une larme de sang de l’écarlate de la tâche dans le blanc de son œil.

« Sois patiente ». J’attendais. A chaque séance je tenais sa main, j’essuyais son front, enivrée de ses parfums de femme qui venaient au plaisir chaque fois renouvelé quand naissait sous les aiguilles la rose dans son dos.

La rose sur son dos a éclos en deux mois, deux mois je n’avais d’elle que ses lèvres à mes lèvres, que ses plaintes et ses cris de femme aux aiguilles qui déchiraient son dos, que son corps alangui assouvi dans mon lit chaque nuit. « Sois patiente, je suis à toi ».

Elle est mienne. Je suis sienne.
Sa douleur, son plaisir et le mien.
Du premier jour où j’ai déchiré son hymen et qu’elle se pâmait offerte les yeux clos, elle crie son plaisir et jamais encore elle n’a prononcé ce seul mot convenu qui m’arrêterait, « Monarque ».
Jamais encore …

Misa – 02/2015

« Anguissette » ? Google est votre ami …
Personnage étonnant que Phèdre no Delaunay de Montrêve, anguissette héroïne de « Kushiel », la trilogie de Jaqueline Carey.
Mighty Kushiel of rod and weal
Late of the brazen portals
With blood-tipped dart, a wound unhealed
Pricks the eyes of chosen mortals

Les avis des lecteurs

Des mots presque timides, forts et doux à la fois …
Forts et tendres comme les sentiments exprimés …
Comme cet amour si particulier …
C’est beau Misa, très beau …



Texte coquin : Les cavalières
Histoire sexe : Une rose rouge
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