La tentation du velours 12

- Par l'auteur HDS Orchidée -
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Auteur femme.
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Récit libertin : La tentation du velours 12 Histoire érotique Publiée sur HDS le 29-08-2015 dans la catégorie Entre-nous, les femmes
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La tentation du velours 12
La tentation du velours 12
Ma petite Lola,Merci de ne pas m’avoir prise pour une dépravée. Aucune de nous n’est prête à recommencer, néanmoins le souvenir reste vivace. Un pareil débordement des sens ne peut se concevoir dans un moment programmé à l’avance. L’occasion s’est présentée, on en a profité, point. Notre amitié en sort grandie, c’est une chance ; réitérer l’exploit risquerait de la faire voler en éclats.
La campagne d’affichage achevée, les gens ne se retournent plus sur mon passage dans la rue. Excepté dans les bars du Marais où je suis devenue un peu une icône lesbienne, l’anonymat me soulage. Je dois par contre me protéger de certaines féministes outrées de voir l’une des leurs se dénuder sur une affiche. « La femme n’est pas une marchandise à étaler aux regards lubriques » d’après elles. Sans leur donner tort sur le principe, j’affirme mon caractère en acceptant de faire ce genre de photos. J’y trouve un plaisir physique, pas seulement financier.
J’ai été interviewée pour le Jeanne Magazine, dont je t’ai parlé, l’occasion d’une mise au point sur certains sujets. Avoir une sexualité débridée ne fait pas de moi une lesbienne anormale, même si les rapports se raréfient dans un couple établi. La liberté m’autorise à de multiples expériences, qui se font dans le respect mutuel. Pas question d’exploiter les sentiments d’une fille pour obtenir ses faveurs. Oui, je profite de mon physique pour séduire, mais pas que. Et non, je n’ai pas honte d’un tel comportement puisque je reste honnête envers mes maîtresses.
Je te raconte tout ça, cependant ma vie sexuelle a pris moins de place dans l’interview. On a surtout parlé de la tendance lipstick, de la volonté de ramener notre orientation à un simple fait, non à un combat politique de tous les instants. La journaliste m’a aussi interrogée sur l’attirance supposée de la célèbre photographe Katia Amaliev envers les femmes. J’ai évité le piège en disant que le talent de l’artiste pour offrir au public une image érotique du corps féminin ne préjugeait en rien de sa sexualité. On a, pour finir, évoqué la représentation lesbienne dans les séries télévisées, un engouement qui suit l’évolution des mœurs.

Un gala au profit de l’éducation en Afrique noire me fit découvrir l’univers inconnu du pouvoir de l’argent, de quoi faire passer mes cachets pour de simples gratifications. Certains personnages présents évoluaient dans le monde de la finance, du show-business, ou de la politique, quelques journalistes célèbres assuraient la couverture médiatique de l’évènement. Ma présence était due à une notoriété aussi soudaine qu’inattendue. La mode et ses dérivés génèrent des fortunes, normal que les grandes marques s’associent aux grands évènements. On m’avait chargée de remettre un chèque, publicité peu onéreuse car déductible des impôts. Mais la véritable raison de ma mission parmi les puissants était de plaire aux yeux de ces messieurs, et de donner à mesdames l’illusion de la jeunesse et de la beauté en achetant les produits de la marque.
Á moi de faire en sorte que, sur un plan personnel, ma présence ne se justifie pas par la simple exhibition d’une potiche.

J’ai pris le temps de compter deux cent quarante invités répartis en quarante tablées de six. Je découvris à la mienne un banquier d’affaires à la retraite et Madame, dont la toilette datait sans doute de la IIIème République, capable de connaître le poids exact de la truffe dans son assiette de carpaccio de Saint Jacques crues. Ces deux Français bon ton avait placé leur fortune à l’étranger, comme il se doit.
Un ancien ministre, qui possédait d’après lui le monopole de la raison, bassinait tout le monde avec la nécessité de transformer nos courageux militaires en maîtres d’école dans certains pays d’Afrique. Son épouse, charmante brune d’âge indéfinissable au visage avenant et aux rondeurs sans excès, avait renoncé à calmer son homme. Elle préférait se noyer dans le Porto.
Enfin, placé là par les organisateurs pour me servir de chevalier servant, le fils d’un célèbre acteur d’outre-Manche dépensait la fortune de papa à égalité entre les tables de jeux et les galas de bienfaisance. Qu’il le fasse me paraissait moins choquant que de l’entendre s’en vanter. Le jeune coq glissa aussitôt son genou contre le mien sous la table.
Par chance, la femme de l’ancien ministre accapara mon attention au sujet du besoin pressant d’instruire les filles dans les pays musulmans. L’éducation est, selon ses propres mots, nécessaire à leur émancipation, donc à l’évolution de leur nation qui ne peut se passer d’une grande partie de l’intellect national pour asseoir leur situation dans le monde d’aujourd’hui. Je ne répondis pas par simple politesse, ni afin d’ignorer mon gêneur de voisin, mais par réel intérêt.
Le repas s’éternisa. L’épouse du banquier devisa seule à haute voix de la qualité nutritionnelle des mets servis. Son époux et l’ex ministre, branchés économie, ignorèrent le reste de notre tablée peu désireux de les suivre sur ce terrain. Sa femme et moi, nous nous consolâmes en papotant de tout et de rien. Sans m’en apercevoir, je la laissai remplir mon verre plus que de raison. L’Anglais passa la soirée à vouloir me mettre dans son lit. Mon interlocutrice le remit plusieurs fois en place sans ménagement. L’occasion me fut enfin donnée de lui transmettre un message en clair quand un intervenant insista sur le besoin de lutter dans l’éducation contre les idées reçues.
– Je suis homosexuelle ; je connais les effets pervers de l’intolérance prônée, à mon humble avis, autant par les parents que par les enseignants.
Il y eut un certain moment de flottement. Le banquier à la retraite et son épouse firent comme s’ils n’avaient rien entendu au sujet de mon orientation. L’ancien ministre rejeta la faute sur tous les gouvernements excepté sur le sien. Son épouse recadra aussitôt le fils de l’acteur qui se vantait de pouvoir rendre n’importe quelle femme hétéro.
– Votre attitude déplaisante ne doit certainement pas encourager cette jeune femme à changer, s’insurgea-t-elle pour mon plus grand plaisir. Vous pousseriez au contraire la plus bigote d’entre nous à chercher son bonheur dans des bras féminins.

Vint enfin le moment de remettre le chèque face à l’objectif d’un photographe, puis de quitter la table. Tout le monde s’égaya autour du buffet chargé de thé, de café et de liqueurs. L’épouse de l’ex ministre, Hélène pour l’état-civil, se montra de compagnie agréable. De ma taille, brune aux cheveux courts, la commissure des lèvres tombante conférait une certaine rigidité au visage rond, sévérité contredite par des yeux rieurs.
– Votre prétendant ne renonce pas, m’avertit-elle en perdant son sourire. Il est à un mètre dans votre dos et ne cesse de vous reluquer.
– Oubliez le, Hélène. Au fait, merci de m’avoir soutenue. La soirée aurait été triste sans vous. Je ne m’habituerai jamais à ce genre de société.
Sa main se fit plus insistante à mon bras, son regard plus affûté, sa voix plus chaude.
– Croyez-moi, chère Anaïs, on s’habitue à tout. Vous trouverez sous le vernis luxueux autant de sincérité et d’hypocrisie qu’ailleurs. J’ai aussi mes secrets, vous savez.
Intriguée, je tentai de comprendre la teneur du message dissimulé derrière le rire discret. Et la vérité se fit jour dans mon cerveau embrumé par un léger excès d’alcool. Mariée de raison ou non, l’épouse de l’ex ministre était adepte des aventures extraconjugales. Cette révélation accentua la sensation de charme. Je décidai d’en avoir le cœur net.
– On distingue les épouses des maîtresses ici, m’avançai-je avec prudence. La présence de la presse doit inciter à la retenue.
– Oui et non, ma jeune amie, ça dépend de ce que l’on désire. Je suis personnellement adepte des unions improbables.
– Tout le monde cherche à séduire, mais la séduction est un art que peu maîtrisent. Inciter une personne à offrir ce qu’elle a de plus intime tient souvent de la chance, d’après moi, le hasard de la rencontre. Dites-moi quel homme vous plait dans l’assistance, demandai-je l’air de rien.
Hélène me dévisagea, sans doute surprise du raisonnement d’une jeunette de 18 ans. Pourtant, je distinguai autre chose dans son regard.
– Aucun. Je n’ai jamais laissé le lit de mon mari pour celui d’un autre homme. Ma préférence va aux femmes. Et je ne suis pas une exception dans ce genre de rassemblement.
Je restai interdite, subjuguée, hypnotisée par la voix d’assurance tranquille. Hélène me présenta à quelques connaissances féminines, dont certaines ne se privèrent pas de me déguster des yeux. On ne s’attarda pas en leur présence.
– Vos amies sont… hésitai-je.
– L’épouse d’un adjoint au maire apprécie de se faire brouter le minou par ses conquêtes, mais déteste leur rendre la pareille. L’autre, avocate, aime défoncer ses amantes avec un godemiché. Á chacune ses fantasmes. Hypocrisie pour certaines, luxe pour d’autres, elles mènent une vie rangée d’épouses et de mères modèles. On en rencontrait certaines parmi les homophobes dans la Manif Pour Tous.
Cette assertion ne me surprit pas.
– Et vous, qu’est-ce qui vous satisfait ? osai-je avec une insouciance inconnue de moi-même. Que recherchez-vous auprès d’une femme ?
– Les situations incongrues, exceptionnelles, répondit Hélène après un court instant. Provoquer aussi, j’adore surprendre.

Petit à petit, je laissai Hélène s’approcher. Je ne me serais pas retournée sur elle dans la rue ou dans un bar du Marais, mais au milieu de cette assemblée bourgeoise, je trouvai un malin plaisir à être draguée comme une lycéenne par une louve d’âge mur. Je finis par la trouver attirante, presque belle. La soirée devenait intéressante en sa compagnie.
– Je ne veux pas vous paraître indiscrète, mentis-je avec affront tant la curiosité me dévorait, je ne vous ai jamais vue dans les bars du Marais.
– Parce que je n’y mets jamais les pieds, s’amusa mon guide dans le monde de la bourgeoisie. Plein de lieux sont propices aux rencontres : restaurants, cinémas, piscines, et des soirées comme celle-ci.
L’allusion me sembla à propos.
– Vous comprenez pourquoi je parlais du hasard tout à l’heure, minaudai-je, séduite.
– Votre chevalier servant anglais ne lâche pas le morceau, s’inquiéta Hélène changeant de sujet. Promettez-moi de prendre vos précautions en partant.
Partir ? J’en avais envie, oui, pour une autre raison. L’énoncé de mon accompagnatrice laissait sous-entendre qu’elle me laisserait seule après m’avoir demandé mon numéro de téléphone, pour une rencontre ultérieure. Mais je la désirais maintenant. Demain, j’aurais sans doute changé d’avis après une bonne douche.
– Vous accepteriez de me raccompagner ?
Hélène me jaugea, puis sourit.
– Personne ne remarquera notre départ, pas même mon époux. Il doit passer la nuit à jouer aux cartes avec des amis et ne rentrera que demain matin.

Des pas derrière les nôtres dans le petit escalier, quelqu’un nous suivait. Mon cœur se souleva dans ma poitrine au souvenir des faits divers relatés dans la presse quotidienne, des chroniques au sujet de femmes abusées, de viols sordides. Hélène, sans avoir l’air de rien, plongea la main dans son petit sac. On s’arrêta, le suiveur aussi. Qui d’autre que le jeune éconduit pouvait nous filer le train ?
De l’entresol où nous venions d’arriver, il nous était possible d’alerter le personnel du vestiaire chargé de la réception. On avait aussi le temps de trouver refuge près des chauffeurs de maître au rez-de-chaussée, dont les conversations feutrées nous parvenaient aux oreilles. En fait, le seul réel danger aurait été de s’aventurer seules dans la rue.
L’alcool sans doute, ma grimace se mua en sourire. Lui devait se sentir piégé, pas nous. Alors le désir de jouer de la situation s’insinua en moi. Ce type avait abusé de ma patience, gâchant le peu de plaisir que j’aurais pu trouver à la soirée. Et bien j’allais m’en donner du plaisir, du vrai, à ses dépens.

Plaquant Hélène contre le mur, je posai mes lèvres sur les siennes. Ses grands yeux s’ouvrirent, de surprise et de peur mêlées. Elle me rendit pourtant mon baiser avec une passion grandissante. Ma langue fouillant sa bouche, je caressai sa poitrine à travers la veste de tailleur strict. Ses seins gonflèrent sous ma main.
Grisée par la situation, mon amante se tortilla dans mes bras jusqu’à faire sauter les boutons de son corsage. Le soutien-gorge retenait mal deux seins ronds. Je réussis à les dégager tour à tour de leur conque de tissu pour en triturer la pointe. Hélène roucoula de mon initiative, sa salive emplit ma bouche.
Je n’étais pas pressée par le temps, ni par la peur d’être découverte, mais par un désir puissant. Ma mouille trempait ma culotte. Nous étions là, dans ce petit escalier, isolées entre le monde de la réception et celui des chauffeurs, à se peloter en s’embrassant à pleines bouches, comme si tout le reste n’avait aucune importance. Nous n’étions plus que des corps irrésistiblement attirés l’un vers l’autre, deux femelles en chaleur à la satisfaction d’un besoin primitif. Une pareille idée m’aurait outrée d’habitude, ce soir elle me survoltait.
Hélène ne resta pas longtemps inactive. Elle souleva ma jupe, écarta mon slip d’un doigt et en glissa un autre dans mon antre. J’étais heureuse de la voir, ou plutôt la sentir, en venir à l’essentiel. Je la désirais ainsi, déterminée, belle femme d’âge et de caractère, maîtresse et non attentiste. Mon ventre se projeta en avant.
Ma main atteint son entrejambe que je massai à travers le tissu du pantalon, Hélène râla dans ma bouche, nos salives mêlées coulaient sur nos mentons. Le temps d’une dernière hésitation sans doute, je fis glisser le zip de la braguette et glissai mes cinq doigts dans son slip. L’humidité ne me surprit guère. Je découvris une toison que je devinai épaisse et brune. J’investis aussitôt la fente dilatée.
Au diable la tendresse, les préliminaires, tout ce qui d’habitude faisait la particularité de mon désir. Je voulais jouir sous ses doigts et la faire jouir sous les miens à la va-vite dans ce couloir, au risque qu’on nous surprenne. D’ailleurs, je n’étais pas certaine qu’une arrivée aurait suffi à nous interrompre tant nos intimités réclamaient.
J’investis deux doigts dans le vagin d’Hélène, mon pouce trouva son clito. Elle feula, au point de ne plus pouvoir supporter notre baiser. Sa bouche se colla à mon oreille.
– Continue, mais nous ne sommes pas seules.
Affolée, je suspendis mon geste malgré la supplique de mon amante. L’Anglais, assis un milieu de l’escalier, se branlait frénétiquement en nous observant, aussi inconscient que nous du danger potentiel. Hélène s’agita sur mes doigts fichés dans son sexe trempé.
– Ne t’arrête pas, fais-moi jouir.
Je repris mon mouvement de va-et-vient sans quitter le mec des yeux, par peur de le voir venir aussi, car jamais je n’aurais cru assister à ce spectacle. Mon amante gratta l’entrée de mon vagin d’un doigt fouineur.
– Non, l’arrêtai-je, caresse mon bouton.
Hélène n’insista pas, obéissante. Elle s’affaira sur mon clitoris tandis que je la fouillai avec un entrain décuplé par l’inédit. Les premières contractions m’annoncèrent qu’elle risquait de jouir à tout instant. La main sur sa hampe, l’homme s’activa de plus belle, comme s’il craignait de nous voir disparaître avant d’avoir pris son plaisir. Mon esprit se libéra, décidé à les accompagner sur le chemin de l’orgasme.
Le regard rivé au spectacle non loin de nous, Hélène déglutit à mon oreille, son souffle brûla mon cou. Elle s’abandonna au plaisir sur mes doigts crochetés dans son vagin. J’étouffai de mon autre main le cri dans sa bouche. Le mec la suivit de près, répandant des traînées blanchâtres sur les marches. Mon amante, toute à son orgasme, maltraitait mon bouton d’un doigt furieux, elle le pinça. Davantage un soulagement physique qu’une véritable jouissance, je me laissai aller aussi à quelques convulsions bienfaisantes.

On passa entre les chauffeurs, guettant leurs réactions. Au ton des conversations, je compris à mon grand soulagement que notre séance était passée inaperçue. Même la main d’Hélène dans la mienne parut invisible. Nos doigts encore pleins de nos mouilles tremblaient de peur rétrospective. L’Anglais était retourné à la réception, emportant un souvenir de nous qu’il n’était sans doute pas près d’oublier. L’air de l’extérieur me fit du bien. On en profita pour reprendre pied sur le trottoir, à une quinzaine de mètres de la file de taxis.
– Tu viens chez moi ? proposai-je à Hélène, désireuse de prolonger notre étreinte de façon plus classique. J’ai envie de toi.
– Ah oui ! Et tu désires me faire quoi ?
Notre rire trancha avec nos paroles discrètes. Je portai instinctivement les doigts avec lesquels je l’avais masturbée à ma bouche.
– Hum… j’ai soif.
On s’engouffra dans un taxi.

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