Clorinde, ma colocataire (10)

- Par l'auteur HDS Exorium -
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Récit libertin : Clorinde, ma colocataire (10) Histoire érotique Publiée sur HDS le 20-05-2020 dans la catégorie Entre-nous, hommes et femmes
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Clorinde, ma colocataire (10)
Elle a repoussé son assiette, picoté des miettes du bout du doigt, posé ses coudes sur la table.
– Dites-moi un truc… Ça vous a plu tout à l’heure comme je vous l’ai fait devant Emma ?
– Beaucoup, oui.
– Je sais pas. J’avais pas vraiment l’impression.
– Comment ça ?
– Un peu comme si vous auriez préféré vous le faire tout seul finalement. À votre rythme à vous. En freinant, en accélérant, en marquant des temps d’arrêt juste quand il le fallait dans votre tête. Oh, mais vous pouvez le dire, hein ! Parce que moi aussi c’est pareil, dans un sens. Quand c’est quelqu’un qui me le fait, ce que j’aime, c’est l’idée que c’est quelqu’un qui me le fait justement, mais en vrai, c’est jamais autant le top que quand je suis aux commandes. Parce qu’on s’y prend pas comme j’aurais envie, parce que c’est pas au moment où moi je l’aurais fait qu’on me fait venir, parce que… bref, plein de trucs. Et je suis sûre que pour vous, c’est un peu la même chose. Non ? Je me trompe ?
– Tu ne te trompes pas, non.
– Ah, vous voyez ! N’empêche qu’il faut tout vous sortir au forceps à vous, hein ! Parce que moi, je vous parle. Je vous dis ce que je sens, ce que je pense, mes envies, tout ça, mais vous, jamais. Faut que je devine. Faut que je suppute. Faut que je conjecture. C’est comme les initiatives. C’est toujours moi qui les prends. Et c’est pas marrant, à force, vous savez. Pourquoi vous êtes comme ça ? À cause de moi ? Je vous bloque, c’est ça ? Vous avez peur de me choquer ?
– Oh, non. Non. Pas du tout. Non.
– Eh ben alors ! Allez, racontez-vous ! Dites-moi ! Je vous écoute.
– Qu’est-ce tu veux savoir ?
– Tout. Et puis tiens, d’abord, si vous en avez déjà eu des femmes.
– Évidemment ! Comme tout le monde.
– Non, mais c’est pas ça que je vous demande. Que vous ayez déjà tiré votre coup, j’me doute bien. Non, mais en couple. Vous avez déjà vécu en couple ?
– Une fois. Non, deux. Quelque mois ça a duré.
– Et vous en êtes resté là. Vous avez pas réessayé. Pourquoi ?
– L’occasion ne s’est pas présentée.
– Parce que vous l’avez pas cherchée. Et je sais pourquoi.
– T’es bien sûre de toi.
– Oui. C’est parce que vous préférez mille fois mieux vous branler que de coucher. Être dans votre imagination. Inventer des tas de situations qui vous parlent. Alors vos deux femmes, là, elles vous encombraient plutôt qu’autre chose. Vous aviez pas les coudées franches. Et pas seulement parce qu’elles étaient demandeuses, qu’elles voulaient que vous les sautiez quand vous aviez envie de vous occuper vous-même de vous, mais aussi parce qu’elles pouvaient vous gauler à tout moment, qu’elles auraient pas compris, que ça les aurait vexées à mort. Sans compter qu’elles vous entravaient dans vos expéditions. Ben oui ! Parce que je suis bien tranquille que vous avez vos endroits. Où vous allez secrètement faire provision d’images et de fantasmes. Où vous ne pouviez plus vous rendre aussi facilement en les ayant par les pieds. Alors quand on met tout ça bout à bout, pas étonnant qu’elles aient fait long feu vos histoires de couple et que vous en soyez pas d’y remettre le nez. Pourquoi vous riez ?
– T’as une de ces façons de résumer les choses…– C’est pas vrai peut-être ?
– Dans les grandes lignes, si !
– Ah, vous voyez ! En attendant, en douce que comment vous avez déteint sur moi ! Parce qu’avant, c’était deux ou trois mecs par semaine qu’il me fallait. Au bas mot. Alors que depuis que je suis ici avec vous…– C’est deux ou trois gratouilles par jour. Au bas mot.
Elle a hoché la tête.
– Quand c’est pas plus… Mais dites, vous m’emmènerez ?
– Où ça ?
– Là où vous vous les fabriquez vos fantasmes. Je vous ai bien emmené dans la cabine d’essayage, moi !

* **
– Et donc, c’est ici que vous venez…– Entre autres, oui.
Accoudés à la rambarde, on a regardé monter, descendre, juste en dessous de nous, en un flot ininterrompu, des dizaines, des centaines de femmes. Des jeunes. Des moins jeunes. Des blondes. Des brunes. Des rousses. Longtemps.
– Bon. Et vous faites quoi, planté là, au juste, si c’est pas indiscret ?
– Je m’imprègne. Je prends un bain de nanas. Des heures et des heures je peux y passer.
– Je vois ça, oui. Vous bandez ?
– De la queue, non. Mais dans ma tête, oui. Comme un forcené.
– Qu’est-ce qu’on se ressemble, tous les deux, hein, finalement !

– Viens !
– Où ça ?
– Je sais pas. Ça dépend pas de nous. Attends ! Ralentis ! Va pas si vite…– Pourquoi ? Qu’est-ce que vous… ?
Elle a levé la tête.
– Ah, oui, d’accord ! On la suit, celle-là ! C’est ça, hein ?
C’était une petite brune, d’une trentaine d’années, les fesses enchâssées dans un pantalon de velours grenat qui les moulait au plus près.
– On la suit, oui.
– Pourquoi elle ? Parce qu’elle a un beau cul ?
– Pas seulement. Elle a une adorable petite gueule d’ange. J’ai vu tout à l’heure.
– En tout cas, elle le remue, son popotin, ce qu’il y de sûr ! Et pas qu’un peu !

La fille est sortie de la galerie marchande, a pris à droite, s’est arrêtée, en bordure de trottoir, en attendant que le feu passe au rouge.
Elle s’est résolument engagée sur le boulevard. On lui a emboîté le pas.
– Je me demande bien où elle va…– Elle rentre peut-être tout simplement chez elle.
Coralie a fait la moue.
– M’étonnerait… Elle a rendez-vous quelque part. Sûrement. Ça fait plusieurs fois qu’elle regarde sa montre.
– Peut-être chez le médecin. Ou le dentiste. Ou le coiffeur.
– Ou le banquier. À moins que…Elle s’est brusquement engouffrée dans un couloir, sur la gauche.
– Ah, ben d’accord !
– Quoi ? Qu’est-ce qu’il y a ?
– Je connais, là. J’ai une copine qui y travaillait à une époque. C’est la porte de derrière d’un l’hôtel dont la façade se trouve de l’autre côté, sur l’autre avenue. C’est bien pratique pour les couples qui veulent pas qu’on les voie ensemble. Chacun son entrée.
– Ce qui signifie…– Qu’elle vient se faire tirer là en douce, oui, il y a toutes les chances.
– Et qu’elle est mariée.
– Ah, ben ça ! Elle se planquerait pas, sinon. En attendant, vous avez le coup, vous, dites donc ! En plein dans le mille. Bon, mais et maintenant ? Qu’est-ce vous voulez faire ?
– Il reste des chambres de libres, tu crois, là-dedans ?
– À trois heures de l’après-midi ? Sûrement que oui. Oh, mais c’est que ça presse, vous, on dirait, maintenant que vous vous êtes gorgé d’elle tout votre saoul. Eh, ben allez ! Je suis curieuse de vous voir à l’œuvre. D’autant qu’avec un peu de chance on sera pas loin d’elle et qu’on l’entendra miauler.

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