Histoire des libertines (12) : les brus adultères et le scandale de la Tour de Nesle.

- Par l'auteur HDS Olga T -
Récit érotique écrit par Olga T [→ Accès à sa fiche auteur]
Auteur femme.
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Récit libertin : Histoire des libertines (12) : les brus adultères et le scandale de la Tour de Nesle. Histoire érotique Publiée sur HDS le 18-03-2018 dans la catégorie Entre-nous, hommes et femmes
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Histoire des libertines (12) : les brus adultères et le scandale de la Tour de Nesle.
L'affaire des brus de Philippe le Bel, ou « scandale de la Tour de Nesle » est l'une des affaires d'adultère les plus célèbres de l'histoire. Le roman de Maurice Druon, les Rois maudits et la série télévisé qui en fût tirée a contribué à sa notoriété.
Si le scandale est bien resté dans l'histoire sous le nom de «scandale de la tour de Nesle», il s'avère qu'en fait aucun écrit de l'époque ne mentionne ce lieu. C'est Alexandre Dumas, le père des trois mousquetaires, qui écrit en 1832 un drame en cinq actes intitulé «La tour de Nesle», dans lequel il met en scène, anachroniquement, une Marguerite de Bourgogne déjà reine de France et se livrant à des nuits sulfureuses dans la fameuse tour, avant de tuer ses partenaires et de les jeter dans la Seine pour ne laisser aucun témoin de ses débauches.

DES PRINCESSES LEGERES
Le Roi de France Philippe IV le Bel accède au trône en 1285. Il est le onzième roi de la dynastie des Capétiens directs. Il épouse Jeanne de Navarre dont il a quatre enfants : trois fils, et une fille.
L'aîné, Louis, a un caractère difficile, qui lui vaut le surnom de «Hutin». Il épouse Marguerite, fille de Robert de Bourgogne et d'Agnès, elle-même fille de Saint Louis. Altière et un rien frondeuse, cette jolie jeune femme aime la vie.
Marguerite, princesse de noble ascendance, est décrite par ses contemporains comme étant dotée d'une beauté peu commune, d'un esprit vif et d'une sensualité arrogante. D'allure royale, conquérante, elle aime profondément la vie et considère son mari avec un air de défi. La jeune épouse s'ennuie-t-elle à la Cour ? Certainement. Il semble en outre que sa vie conjugale ne la satisfasse guère. On parle de mésentente dans le couple, les caractères incompatibles de Marguerite et de Louis sont en perpétuel affrontement.

Le second fils, Philippe le long, prince intelligent, épouse Jeanne d'Artois, fille d'Othon IV de Bourgogne et de Mahaut d'Artois. Philippe est tout le portrait de son père dont il a hérité l?intelligence politique. Son couple avec Jeanne fonctionne plutôt bien. Mais Jeanne, par son silence, sera complice de sa s?ur et de sa cousine.

Le cadet, Charles le Bel, à la personnalité plus effacée, épouse Blanche, la soeur de Jeanne. Blanche, mariée à Charles très jeune (12 ans), se languit auprès de cet époux un peu falot. On la dit d?une grande beauté, bonne vivante, riant volontiers d?un rien, ignorant le lendemain. Plus jeune, plus influençable, elle va suivre Marguerite sur la pente dangereuse de l?adultère.

Isabelle de France (la fameuse « louve de France », dont nous reparlerons) épouse quant à elle le Roi Edouard II d'Angleterre.

Les trois princesses et belles-soeurs s'entendent très bien entre elles. Elégantes, rieuses, on les aime : elles font souffler un vent de gaieté, de jeunesse et de charme à la Cour de France. Chez les princesses, on fait de la musique, on écoute des vers ; les marchands d?étoffes rares, de parfums précieux trouvent chez elles un accueil empressé. Dans les sombres salles voûtées du palais de la Cité, les modes nouvelles prennent naissance : les trois jeunes femmes n'hésitent pas à se montrer audacieuses, portant des robes qui s'ouvrent jusqu'à la hanche, au rythme de la démarche.
Elles sont jeunes, enthousiastes, plutôt jolies et très coquettes, peut-être un brin arrogantes et irrévérencieuses? Très vite, leur complicité apporte un air de fraîcheur et de gaieté dont l?austère cour du roi n?a pas l?habitude. Ce qui finit par déranger? Beaucoup de courtisans supportent mal le caractère déluré des trois princesses. Et donc, forcément, des rumeurs assez salaces ne tardent pas à courir les couloirs. Trop jolies, trop jeunes et trop peu respectueuses des usages de la cour, les princesses ne seraient pas des modèles de fidélité conjugale. Ne recevraient-elles pas des jeunes gens en cachette pour se livrer à la débauche ? Las, les bruits courent, les langues s'agitent, mais les preuves se dérobent. Et qui oserait publiquement mettre en cause la famille royale ? Sourde et sournoise, la rumeur rampe, s'amplifie, patiente, attend son heure. Toutefois, aucune preuve ne vient étayer ces accusations et les princesses poursuivent leur joyeuse vie.

MARGUERITE ET BLANCHE ADULTERES, JEANNE COMPLICE
Après trois ou quatre ans de mariage, voilà que Marguerite et Blanche prennent pour amants de «jeunes et biaux chevaliers», les frères Gautier et Philippe d'Aunay, beaux comme des Apollons, chevaliers de la maison du Roi. Elles voient en secret leurs amants dans la tour de Nesle, protégées par Jeanne. Calme, douce et plus sage, celle-ci ne prend pas le risque de les imiter, mais elle se compromet dangereusement en les couvrant. Les amours des princesses vont durer deux ans et demi.

En janvier 1308, Edouard II, Roi d'Angleterre, a épousé Isabelle de France, la fille de Philippe IV, une très jeune femme dont on vantera par la suite la beauté et l'intelligence politique qui n'avaient, disait-on, d'égales que celles de son père. Couronné roi d'Angleterre un mois après son mariage, Edouard est notoirement connu pour son homosexualité et pour délaisser sa royale épouse, lui préférant les faveurs d'un jeune favori, Pierce Gaveston. Mais Isabelle parvient peu à peu à trouver sa place, et la mort de Gaveston, suite à une révolte des barons, contraint Edouard, totalement incompétent et en grande difficulté avec les principaux barons anglais, à rechercher de plus en plus ses conseils.
Le couple royal anglais était déjà venu à Paris en mai 1313 pour rechercher le soutien du roi de France. C?est au cours d'un spectacle particulièrement divertissant, des marionnettes particulièrement drôles, dit-on, qu'Isabelle avait offert à ses belles-soeurs Marguerite, Blanche et Jeanne, de splendides aumônières brodées.

C'est donc une fois de plus avec la double casquette de roi et de gendre qu'Edouard revient en France en ce début de 1314 pour espérer une fois de plus un soutien plus affirmé de son beau-père dans ses difficultés face à la noblesse anglaise. Une fois encore, la visite se déroule avec force banquets donnés au cours de fêtes somptueuses. C'est au cours de l'une de ces fêtes que le scandale de la tour de Nesle va éclater.

DENONCEES PAR UNE FUTURE ADULTERE
Un soir, Isabelle remarque deux jeunes chevaliers portant à la ceinture des aumônières curieusement très semblables à celles qu'elle avait personnellement offertes à ses belles-soeurs quelques mois plus tôt. La reine d'Angleterre n?ignore évidemment rien des rumeurs sulfureuses qui courent sur la réputation de ses belles-s?urs depuis maintenant plusieurs années, aussi le fait que ces deux objets personnels se retrouvent entre les mains de deux beaux jeunes gens laisse-t-il peu de place au doute quant à la manière dont ils en sont devenus les propriétaires.
On ne connait évidemment pas les réelles motivations d'Isabelle quant à ce qu'elle décide de faire ensuite. Est-elle sincèrement soucieuse de la réputation de son père et de sa famille ? A-t-elle été manipulée par des «gens de bien» à la cour de France qui avaient tout intérêt à faire éclater l?affaire ? Ou bien joue-t-elle une carte toute personnelle dans le but de déstabiliser son père, ses frères et la couronne de France ? Je pense plutôt qu'elle était profondément jalouse de ses belles-soeurs et tout particulièrement de Marguerite, qui s'accordait tous les plaisirs auxquels elle-même n'avait pas accès, mariée à un roi qui avait déserté sa couche dès lors que la succession, avec la naissance du futur Edouard III, avait été assurée. Isabelle, pour le moment, restait fidèle à son serment, mais était profondément frustrée. Elle devait être partagée entre l'horreur que lui inspiraient ses belles-soeurs, et l'envie, l'excitation de ce qu'elle avait tant envie de connaître. L'ironie de l'histoire fera d?elle, une décennie plus tard, une reine adultère. Nous en reparlerons.
Toujours est-il qu'elle décide d'informer personnellement son père des suspicions qu'elle nourrit à l'encontre de Marguerite et de Blanche.


LE SCANDALE
Cette fois l'affaire est sérieuse. Il ne s'agit plus de bruits de couloirs et de rumeurs colportées par des courtisans jaloux. C'est la propre fille du roi, la reine d'Angleterre, qui porte une accusation directe. Philippe le Bel entre dans l'une de ses terribles colères froides. Il ordonne une enquête qui va être menée au pas de charge.

Les deux jeunes gens repérés par Isabelle sont arrêtés et immédiatement soumis à la «question». Il s'agit donc de deux frères, Gauthier et Philippe d'Aulnay, tous deux chevaliers de l'hôtel royal. La torture a tôt fait de leur délier la langue. Oui, ils rencontrent régulièrement depuis trois ans les deux princesses Marguerite et Blanche pour se livrer avec elles à la fornication adultérine. La princesse Jeanne n?a pas d?amant, mais son silence vaut complicité puisqu?il aide passivement au secret de ces rencontres.
Fermement interrogées, les princesses craquent et finissent par tout avouer. L'histoire retiendra que les ébats coupables se seraient déroulé dans la tour de Nesle, l'une des tours de l'enceinte de Paris construite par Philippe Auguste, juste en face du Louvre. Ce sera donc le scandale de la tour de Nesle.

C'est là que l'affaire dérape.

Les aveux des deux frères ne restent pas longtemps confinés aux salles de torture royales. Des fuites, très probablement savamment organisées par d?obscurs manipulateurs hostiles aux princesses et peut-être même au roi, se répandent rapidement dans tout le palais, puis dans tout Paris. A moins que le roi lui-même, devant l?étendue de la calomnie qui courait déjà sur la maison royale ait lui-même voulu rendre l?affaire publique pour faire montre d?autorité ? Quoi qu?il en soit, l?affaire de la tour de Nesle devient rapidement un véritable scandale d'état.
Ce qui aurait pu rester une simple histoire d'adultères va donc prendre des proportions jamais vues jusqu'alors. En quelques semaines, les rumeurs les plus folles se répandent partout et, bien-entendu, le bouche à oreille populaire aggrave largement la vérité des faits. Ce ne sont plus deux mais plusieurs amants que les princesses avaient l'habitude de recevoir toutes les nuits, sinon plusieurs fois par jour, pour s?adonner à des orgies et aux dépravations les plus perverses. Marguerite et Blanche deviennent la cible de toutes les haines et toutes les rancoeurs. La réputation et la crédibilité de la couronne sont éclaboussées : tout Paris raille les fils trompés du roi. La cour n'est pas en reste : comment le roi a-t-il pu être aussi aveugle à de telles choses se déroulant dans sa propre maison depuis des années ?
Comment ses fils pourraient-ils espérer régner sur la France, eux qui sont incapables de se rendre compte qu'ils sont cocufiés par leurs femmes pratiquement sous leur nez ?

Mais il y a pire: Marguerite et Blanche sont les femmes des héritiers directs de la couronne. Elles sont donc également les mères potentielles de futurs héritiers du trône. Mais quelle pourraient être la légitimité d'un futur souverain dont on pourrait mette en doute la véritable paternité à cause du caractère volage et pervers de sa mère ? La petite Jeanne, la fille aînée de Louis et Marguerite, est d?ailleurs immédiatement soupçonnée d'être en fait une bâtarde?
En quelques semaines, le scandale de la tour de Nesle devient politique, puis dynastique et finit par ébranler les fondations même de la dynastie capétienne.

LE TERRIBLE CHATIMENT
Philippe IV, qui pourtant est très loin d'être un faible, au contraire même, ne peut juguler l'ampleur du scandale. Il ne peut tolérer que sa couronne soit ainsi traînée dans la boue. Sa royale justice va passer. Le châtiment des coupables va être terrible.
Ses brus vont tout d'abord subir toute la férocité de son courroux. Les trois jeunes femmes sont arrêtées par ses gens d'armes et, dans le secret des cachots royaux, traitées comme de vulgaires filles de rien.

Le 19 avril 1314, au terme d'un semblant de procès, les sentences tombent. Marguerite est condamnée à être tondue. Elle est ensuite conduite dans un chariot couvert de draps noirs jusqu'au donjon de Château-Gaillard en Normandie. Aux yeux du roi, sa culpabilité est la plus grave parce qu'elle la femme du premier prétendant à la couronne. Aucune pitié pour elle. On l'enferme seule dans une cellule ouverte aux quatre vents. Elle meurt de privations et d?épuisement au milieu de l'année 1315. Une rumeur tenace, mais jamais prouvée, voudrait qu'elle ait été étranglée sur ordre de son mari. Mais les conditions déplorables de sa détention suffisent à accréditer le fait qu'on l'ait tout simplement laissée mourir d'une manière atroce.

Blanche est également tondue puis enfermée dans un cachot voisin mais, par «clémence», maintenue en vie. L'annulation du mariage de Blanche (toujours emprisonnée) est prononcée en 1322, quand son mari, Charles IV, devient roi de France. Elle se retire alors à l'abbaye de Maubuisson, où elle meurt en 1326.
Jeanne, quant à elle, est accusée de complicité pour avoir gardé le secret et facilité les rencontres des adultères. Soutenue bec et ongles par sa mère Mahaut d'Artois qui défend âprement sa cause, mais aussi par son mari Philippe le Long, elle est «simplement» mise au secret à Dourdan. Jeanne est officiellement reconnue innocente par le Parlement de Paris et libérée entre le 24 et le 31 décembre 1314. Elle reprend alors sa place auprès de son époux à la cour de France.

Les deux frères d'Aulnay, quant à eux, sont condamnés à mort pour crime de lèse-majesté. Philippe IV exige que la sentence soit exécutée en place publique et en présence des princesses adultères. La mise à mort a lieu le jour même à Pontoise. Les deux frères sont battus et écorchés vifs. Ils sont ensuite émasculés vifs et leurs sexes sont jetés aux chiens. Du plomb fondu est répandu sur leurs corps qui sont ensuite trainés par des chevaux dans toute la ville avant d?être décapités. Enfin, les dépouilles sont traînées dans les rues et livrées à la populace avant d?être pendues au gibet par les aisselles pour être exposées à pourrir à la vue de tous.

Le scandale de la tour de Nesle a eu des conséquences politiques majeures en affaiblissant le prestige, la légitimité et la crédibilité des descendants de Philippe IV le Bel.

Soupçonnée de bâtardise, la petite Jeanne de Navarre sera écartée de la succession au nom d?une prétendue «loi salique», réservant la succession aux hommes. Les trois fils de Philippe le Bel mourront tous sans descendance masculine, ce qui est directement à l'origine de la guerre de 100 ans, entre Edouard III d'Angleterre, petit-fils du roi de fer et Philippe de Valois, son neveu.

LES LECONS DE CETTE TERRIBLE HISTOIRE
De par la personnalité des coupables, épouses des héritiers du roi, l'affaire dite de la Tour de Nesle a pris une ampleur exceptionnel. Elle est aussi symptomatique d?une période où l?adultère de la femme était sévèrement puni.
Et pourtant cette affaire apparaitrait aujourd?hui comme une «banale» affaire d'adultère. Malgré la légende «noire» de la Tour de Nesle, Marguerite et Blanche n'étaient pas des Messaline, des hypersexuelles qui recevaient chaque soir leurs amants. Elles ont eu, pendant trois ans, une relation adultère stable avec les frères d'Aulnay, ni plus, ni moins.

Il ne faut bien entendu pas juger avec notre regard d'aujourd'hui. Pour autant, je frémis d'horreur devant la cruauté avec laquelle les «coupables» ont été punis, en particulier le sort des deux amants, convaincus de parjure envers leur seigneur et de crime de lèse-majesté.
Mais pour autant, on peut mesurer combien la société a changé et heureusement. Pour vivre dans un couple où mon mari Philippe m'a affranchi de toute obligation de fidélité, je revendique le droit à la multiplicité des partenaires et à la liberté sexuelle totale.

A l'adultère qui repose sur le mensonge, je préfère naturellement le candaulisme, où le mari prend plaisir à cette liberté de son épouse et peut aller, ce qui est notre cas avec Philippe, jusqu'à l'organiser et assister aux ébats de sa chérie.
Les princesses de la tour de Nesles sont en quelque sorte des martyres du long combat de la femme pour sa liberté sexuelle, aujourd'hui largement acquise dans nos sociétés modernes.

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