Histoire des libertines (29) : la Montespan

- Par l'auteur HDS Olga T -
Récit érotique écrit par Olga T [→ Accès à sa fiche auteur]
Auteur femme.
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Récit libertin : Histoire des libertines (29) : la Montespan Histoire érotique Publiée sur HDS le 12-05-2019 dans la catégorie Entre-nous, hommes et femmes
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Histoire des libertines (29) : la Montespan
Madame de Montespan ou Athénaïs de Montespan, à l'origine Françoise de Rochechouart de Mortemart (1640-1707), tient son nom le plus célèbre de son mariage (1663) avec Louis-Henri de Pardaillan de Gondrin, qui lui donne le titre de marquise de Montespan. Elle sera la favorite de Louis XIV, liaison dont sont nés sept enfants.

La rencontre entre Athénaïs de Montespan et Louis XIV transforma le règne du Roi-Soleil. C’est au contact de cette femme à la beauté éblouissante, au charme sensuel, pour qui il éprouve une attirance charnelle, que Louis XIV devient ce monarque imposant et majestueux, et que Versailles rayonne dans toute l’Europe. Leur liaison coïncide avec la période la plus flamboyante du règne, et c’est la favorite qui lui donna cette impulsion brillante.

UNE FEMME BRILLANTE
Athénaïs est issue d’un grand lignage, mais plutôt désargenté. Elle est d'abord placée vers l'âge de onze ans à l'abbaye aux Dames de Saintes, où elle reçoit une éducation soignée réservée à une douzaine de pensionnaires de la haute noblesse. Elle en sort en 1658, sous le nom de Mademoiselle de Tonnay-Charente pour regagner la Cour de France. Grâce à l'intervention d'Anne d'Autriche et à sa tante Anne de Rochechouart de Mortemart, une de ses camarades de jeu, la jeune fille est attachée au service d'Henriette d'Angleterre, belle-sœur de Louis XIV, probable maîtresse de Louis XIV.

En 1662, la jeune femme vit une histoire d’amour qui va se transformer en drame : elle est amoureuse du marquis Louis-Alexandre de Noirmoutiers, qui a déjà demandé sa main, quand il est impliqué dans un duel où il perd son ami le marquis d’Antin. Le duel est un acte puni de mort par le roi et Louis-Alexandre doit s’exiler en Espagne puis au Portugal.

En février 1663, elle épouse le marquis de Montespan dont elle aura deux enfants, Marie-Christine de Gondrin de Montespan (1663-1675) et Louis Antoine de Pardaillan de Gondrin, marquis puis duc d'Antin (1665-1736).

Très introduite dans les salons littéraires du quartier du Marais, elle séduit par ses bons mots. Son mari s'étant endetté, les Montespan sont réduits à habiter un logement médiocre. Madame de Montespan, devenue la dame d'honneur de la reine, est très présente à la cour où elle devient l'amie et la confidente de sa future rivale, Madame de Maintenon.

En 1664, Athénaïs avait quitté le service de la duchesse d’Orléans pour devenir dame d’honneur de la reine Marie-Thérèse d’Autriche.

A la cour, la marquise de Montespan est admirée pour sa grande beauté, sa grâce lorsqu’elle participe à des ballets, son intelligence vive ainsi que pour sa conversation.

LA FAVORITE
Elle rencontre Louis XIV à l'automne 1666. Occupé par son amour pour sa favorite, Louise de La Vallière, il ne fait tout d'abord pas attention à elle. Mais, lorsqu'elle se lie avec la duchesse, le roi, la rencontrant souvent chez sa maîtresse et chez la reine, remarque sa conversation piquante, naturelle et enjouée. « À la plus surprenante beauté, elle joignait l'esprit le plus vif, le plus fin, le mieux cultivé, cet esprit héréditaire dans sa famille » écrit Mme de Sévigné.

Insensiblement, Louis XIV se laisse charmer par la belle marquise. Mme de Montespan ridiculisait beaucoup de gens, uniquement pour amuser le roi.

La marquise devient la maîtresse du roi en mai 1667, pendant la campagne des Flandres.

SON TRIOMPHE
Sa liaison avec le roi devient bientôt publique sans être officielle, Madame de La Vallière, célibataire, servant malgré elle de paravent au double adultère.

Le 18 juillet 1668, jour du « Grand divertissement royal » qui célèbre officiellement le traité d'Aix-la-Chapelle, est un hommage discret à la nouvelle favorite.

Elle s'établit dans un appartement à peu de distance de celui du monarque et les courtisans clairvoyants n'ont pas de peine à expliquer pourquoi l'un et l'autre se dérobent en même temps au cercle de la reine. C'est en 1670 que sa faveur éclate officiellement lors d'un voyage aux Pays-Bas, où elle fait une partie du voyage dans la voiture du roi et de la reine. Et lorsqu'elle monte dans la sienne, quatre gardes du corps entourent les portières.

« Beauté à faire admirer à tous les ambassadeurs », écrit Madame de Sévigné , « Junon tonnante et triomphante », la faveur de la marquise est aussi traversée de crises violentes. La favorite officieuse se montre capricieuse, autoritaire, dépensière, brûlante d'ambition et de jalousie. Elle fait même des scènes au roi !

De son côté, la douce et timide Louise de La Vallière ne veut pas céder la place mais n'est pas de taille à lutter. Elle cherche à se retirer dans un couvent mais, par politique, le roi la retient à la cour. La favorite officielle supporte tout : les rebuffades de son amant, les railleries de sa rivale triomphante, le mépris des courtisans.

En 1674, Louise de La Vallière quitte la cour pour entrer au couvent des Carmélites du faubourg Saint-Jacques, non sans avoir, dans une scène édifiante, demandé pardon à la reine.

Mme de Montespan devient alors la favorite en titre mais toujours pas officielle (à cause de son mari).

LA SULTANE-REINE
Il faut souligner l’emprise qu’Athénaïs exerce sur son amant, au moins durant les cinq ou six premières années. Prêt à tout pour lui complaire, Louis XIV la couvre de bijoux, lui offre des toilettes somptueuses, légitime ses bâtards, lui fait cadeaux de propriétés grandioses, ordonne à ses architectes et jardiniers d’aménager pour elle des espaces magnifiques en des temps records… Rien n’est trop beau pour l’élue de son cœur.

Parallèlement, c’est sous « le règne » d’Athénaïs que les arts (musique, théâtre) s’affirment car la marquise soutient Molière, Lully, Racine...la période de gloire du Roi-Soleil correspond justement aux années durant lesquelles la marquise de Montespan régnait en reine à la cour.

L'emprise que l'orgueilleuse maîtresse exerce sur le cœur du roi la fait bientôt prétendre à obtenir de l'autorité dans les affaires. Elle dispose de tant de moyens d'influer sur l'esprit du roi que de nombreux ministres et courtisans se soumettent à elle. On demande et on suit ses conseils.

Louis XIV, lui-même abusé par la vivacité et l'apparente étourderie de la marquise, la montre aux ministres comme une enfant. Cette enfant connaît ainsi de nombreux secrets d'État.

Mme de Montespan se montre également passionnée par le luxe qui, durant sa faveur, s'étend partout, polit les mœurs - en les corrompant peut-être - imprime tant d'activité au commerce, aux manufactures, et donne un grand essor au génie des beaux-arts. Plus qu'une simple favorite, elle est désormais surnommée à la Cour la « sultane reine ».

Elle a contribué à développer chez Louis XIV ce goût des grandes choses et de la magnificence. Le roi lui ayant fait construire à Versailles le majestueux château de Clagny, la marquise crée autour d'elle une cour brillante où domine le bel esprit. Elle protège notamment La Fontaine, Molière et Quinault. L'époque Montespan s'avère la plus brillante et la plus glorieuse du règne du Roi-Soleil.

SA GRANDE RIVALE : LA MAINTENON
Le roi reconnaîtra et légitimera les sept enfants que la marquise lui a donnés. Cependant, pour éviter un esclandre du marquis de Montespan, le nom de la marquise est omis dans les actes de légitimation et les "légitimés" y apparaissent comme enfants du seul roi.

Pour s’occuper de ses enfants illégitimes, Athénaïs engage en 1670 comme gouvernante Françoise d’Aubigné, veuve du poète Paul Scarron.

C’est sa chère sœur Gabrielle –devenue Mme de Thianges- qui lui a conseillé cette femme discrète et aimant les enfants et dont elle ignore le passé tumultueux. En 1674, Mme Scarron et les enfants légitimés viennent habiter à la cour près du roi et d’Athénaïs.

La marquise de Montespan apprécie beaucoup Françoise Scarron pour sa conversation, son intelligence et le soin qu’elle a de ses enfants. Les deux femmes s’entendent comme les meilleures amies du monde. En 1674, Athénaïs parle au roi pour Françoise, qui désire une terre : Louis lui donne Maintenon mais fait également de la gouvernante de ses enfants la marquise de Maintenon.

Dès lors, les rapports entre les deux marquises deviennent tendus. Mme de Maintenon se permet d’aller contre les ordres d’Athénaïs concernant ses enfants et passe de plus en plus de temps avec le roi. Les disputes entre la favorite et la gouvernante se multiplient.

Mme de Montespan, redoutant la disgrâce, fait supprimer la présence des filles d'honneur de la reine, tant par la crainte qu'elle a du goût de la nouveauté de son amant - elle peut trouver plus d'une rivale parmi les jeunes personnes qui se succèdent rapidement - que par le souci de cacher la naissance des enfants nés de leur liaison.

En 1675, la marquise de Montespan et le roi doivent se séparer car l’Eglise refuse de confesser Athénaïs, tant qu’elle attire le scandale sur elle. Le roi prend des petites maîtresses : Mme de Ludres, la princesse de Soubise...

Mais en 1676, Louis XIV se remet avec Mme de Montespan. De leurs retrouvailles naissent Mlle de Blois et le comte de Toulouse. Mais cette fois Françoise de Maintenon refuse de s’occuper des deux derniers enfants d’Athénaïs car elle et le roi sont revenus sur la promesse de séparation qu’ils avaient faite à l’Eglise. Mme de Montespan supporte de moins en moins Françoise qui s’approprie ses enfants, plus particulièrement le duc du Maine.

LA DISGRACE : LES RIVALES ET L’AFFAIRE DES POISONS
La beauté de Madame de Montespan s'émousse à mesure des grossesses et qu'elle prend de l'embonpoint.

Ayant atteint la quarantaine, Athénaïs est plus capricieuse que jamais, ambitieuse, autoritaire, dépensière et jalouse. Sûre de son impunité, à la recherche d’aphrodisiaques pour conserver l’attachement du roi, elle fréquente des milieux glauques.

En 1680, au moment de l'affaire des Poisons, elle est accusée par la fille de la Voisin d'avoir donné au roi à son insu des aphrodisiaques, d'avoir fait dire des messes noires, accompagnées de sacrifices d'enfants, et d'avoir cherché la mort du roi et de la nouvelle favorite, Mademoiselle de Fontanges. Les historiens peinent à démêler le vrai du faux. Toujours est-il qu'elle ne fut pas inquiétée, Louis XIV refusant le scandale.

Avec l'âge, Louis XIV éprouve le besoin d'une vie plus régulière, encouragé en ce sens par Madame de Maintenon, devenue entretemps l'amie et la maîtresse du roi.

Celle-ci, forte d'une réputation sans tache (bien qu'elle traînât beaucoup de cœurs dans sa jeunesse, et fut notamment la maîtresse de Louis de Mornay, marquis de Villarceaux), emprunte la voie de la religion et de la morale pour ramener Louis de ses erreurs. Les sévères exhortations de Mme de Maintenon frappent le roi par leur justesse ; mais habitué depuis longtemps à l'attrait du plaisir, il s'y laissait entraîner avec Mme de Montespan pour revenir ensuite déplorer sa fragilité auprès de Mme de Maintenon.

Telle est la cause de la jalousie réciproque entre les deux femmes. Louis XIV doit lui-même intervenir dans leurs querelles pour les raccommoder, pour les voir de nouveau se brouiller le lendemain. Mais c'est une troisième femme qui provoque la disgrâce finale de Mme de Montespan.

Athénaïs vieillit et elle le sait. Elle voit également que Mme de Maintenon incite le roi à se détourner d’elle pour revenir à la reine sans quoi dieu le punira. Athénaïs met alors sous le nez de Louis XIV une jeune fille, Mademoiselle de Fontanges, demoiselle d’honneur de la duchesse d’Orléans. Cette jolie Marie-Angélique est d’une rare beauté mais assez naïve et sans grande conversation.

Le roi courtise la jeune fille d’à peine 17 ans mais semble épris d’elle plus que la marquise de Montespan ne le voudrait.

Madame de Montespan a cru pouvoir retenir le roi en lui présentant une jeune oie blanche. Le piège s'est retourné contre elle. Mademoiselle de Fontanges se retrouve vite enceinte mais accouche prématurément d'un petit garçon qui ne survit pas. Elle est alors prise d'un mal lent qui l'affaiblit de jour en jour et finit par la tuer. Or cette mort précoce intervient en pleine affaire des poisons.

Compromise dans cette sombre histoire, la marquise se voit délaissée par le roi : elle doit quitter son appartement du château de Versailles. Louis XIV fait taire toutes les accusations contre la marquise mais celle-ci perd à jamais la confiance et l’amour du roi. Beaucoup d’encre coule encore sur la réelle ou supposée culpabilité de la marquise dans cet incroyable imbroglio de sorcellerie, d’empoisonneuses, de sacrifices et d’arrestations.

Depuis 1683, Mme de Montespan ne possède plus de titre mais elle demeure cependant à la Cour, ne pouvant se résoudre à s'éloigner du roi, qui ne lui adresse plus la parole. Elle suit le train de vie, donnant de grandes fêtes, vivant toujours sur un grand pied. Elle est très fière des brillants mariages de ses enfants et de la faveur que le roi accorde à ses enfants illégitimes, notamment le Duc du Maine et le Comte de Toulouse.

En 1691, Madame de Montespan se retire à Paris, où elle vit dans la dévotion, la générosité et la volonté d'expier ses torts passés. Sa vie s'achève en une longue pénitence. Elle retrouve l'humilité chrétienne, cherche à racheter ses péchés et le scandale de l'adultère par une vie de jeûne, de prière et de charité.

Ses confesseurs exigèrent d’elle qu’elle offrît à son mari de rentrer sous son autorité, et de lui consacrer les restes de sa vie : elle obéit ; mais elle fut assez heureuse pour que le marquis de Montespan dédaignât de la punir et refusât de la reprendre.

Profondément repentie et détachée de sa vie passée, elle fait le bien autour d’elle, dépense sa fortune à des œuvres charitables, donne aux pauvres, désireuse de renouer avec son fils légitime. Si elle continue à vivre dans une relative aisance, son train de vie n’a plus rien d’opulent ni de tapageur,
LA ROYALE CATIN
C’est ainsi que la qualifie Alain Dag’Naud dans les « Dessous croustillants de l’histoire de France » (Editions Larousse 2017)
Comment Mme de Montespan, mariée (ne l’oublions pas), en vient à partager la couche du Roi. Etait-ce délibéré ? Etait-ce pur orgueil ? A-t-elle hésité avant de lui céder ou au contraire a-t-elle tout fait pour attirer son attention ? N’était-ce donc que l’ambition qui motivait ses actes ?

Elle aurait tout fait pour séduire le roi, tout en affirmant haut et fort qu’elle ne voulait pas devenir maîtresse royale.

Pour attirer l’attention du roi, elle n’hésitera pas à faire six heures de carrosse de Paris à Versailles, ne cessant de remettre du rouge d’Espagne sur ses joues et du blanc de céruse sur sa superbe poitrine. Le carrosse arrive à Versailles au moment où le roi se promène dans le Parc. « La Montespan a tout prévu. Pour descendre du carrosse, elle lève haut sa robe. »
Le roi n’est pas indifférent à ses jolis jambes, lui offre des grains de raisin apportés par le Nôtre, puis il l’entraîne dans le parc, vers un bosquet propre au batifolage, où il « la lutine à la va-vite ».

Avec sa poitrine généreuse et ses mouches de beauté en forme de cœur au-dessus de la bouche, ses grands yeux bleus, son regard magnétique, Athénaïs est sûre de sa séduction. Fort expérimentée au lit, elle se sait irrésistible jusqu’à l’arrogance. Elle sera pour Louis XIV une révélation. Louis XIV aime exhiber sa superbe maîtresse, notamment devant les ambassadeurs étrangers.

Pendant près de sept ans, jusqu’au départ de Mme de La Vallière en 1674, Louis XIV entretint trois couples ! Et c’est le même roi qui prétendait, à coups d’édits et de cachets, réguler la conduite de ses sujets, qui fit fermer les maisons closes, ordonna que les prostituées soient fouettées en place publique, marquées au fer rouge et déportées vers les colonies !

LES VERITES DU DUC DE LAUZUN
Les courtisans demandent souvent à Mme de Montespan d’intercéder en leur faveur auprès du roi. En 1669, le Duc de Lauzun lui demande que lui soit confirmée la charge de grand maitre de l’artillerie. Elle lui promet d’agir le soir-même, dans le lit, avec le roi. Lauzun, qui n’a pas confiance, achète la complicité de la femme de chambre et se cache sous le lit ! Louis entre, fait son affaire et ressort. Il n’a pas été question de Lauzun.

Furieux, celui-ci sort de sa cachette. La Montespan pousse un cri et sort. Lauzun la suit et lui dit tout haut ce que beaucoup à la Cour pensent tout bas. Il la traite de « pute à chien » de « bougresse de putain » de « grosse tripière » ! Cela lui vaudra un séjour à la Bastille, puis dix ans à la forteresse de Pignerol.

LE MONTESPAN
J’ai eu envie de consacrer quelques lignes au mari cocu, le Marquis, parce que sa réaction fut pour le moins originale. Joueur, buveur et grand trousseur de jupons, le Marquis n’en n’est pas moins possessif, il n’est ni partageur ni candauliste.

Avoir sa femme dans le lit du roi était un honneur recherché et d’ailleurs toute la Cour vient le féliciter de sa bonne fortune. Lui au contraire fait un scandale. Le marquis de Montespan trouva mauvais qu’elle fût maîtresse du roi, et s’en expliqua très « maritalement » avec elle. Madame de Montespan l’assura que son commerce avec le roi avait toute l’innocence de l’amitié, toute la pureté de la vertu.

On ne croit guère à l’amitié pure d’un roi de trente ans pour une belle femme de vingt. M. de Montespan insista : sa femme, avec toute l’autorité d’une maîtresse de roi, menace et ose parler d’exil. Le mari indigné répond qu’il ne connaît dans sa maison d’autre maître que lui, et lève la main sur la femme rebelle. « Il m’aime, s’écrie-t-elle alors, frappez si vous l’osez. » Il l’osa : les cris de madame de Montespan instruisent toute la maison de ce scandale. On accourt ; on la trouve éplorée. Toute la cour, les femmes surtout, à commencer par la reine, éclatent contre un mari si féroce.

Il refuse les honneurs et les fortunes alors qu’il traîne une meute de créanciers derrière lui. Les provocations incessantes de Louis-Henri font scandale à la cour et tout le monde, du bourgeois aux gens du peuple, se gausse de lui. Il se promène à travers Saint-Germain avec un carrosse orné de cornes gigantesques
Qu'à cela ne tienne, Louis-Henri se vautre dans la luxure pour attraper la plus honteuse des maladies, la syphilis et projette de violer sa femme pour qu'elle la refile au roi !

Louis-Henri navigue de projets en projets, à chaque fois plus fous que le précédent n'ayant en tête qu'un seul but : récupérer sa femme. Le roi agacé, finira par le jeter en prison, puis l'exilera sur ses terres. Là, nouvelle provocation : il organise en grande pompe les obsèques de son amour. Tombe vide, qu'il fleurira chaque année.

Je recommande donc la lecture du livre de Jean Teulé, « le Montespan », paru en 2008 (éditions Julliard). Le marquis fut le cocu le plus revanchard de son temps. Il fallait la plume libérée et la verve de Jean Teulé pour nous conter les aventures de ce mari trompé qui osa, sa vie durant, défier le Roi-Soleil.

ADULTERE, LIBERTINE, COQUETTE ET SULFUREUSE
J’ai choisi dans cette série de récits historiques de parler notamment des grandes maîtresses royales. Il y en aura sept en tout dont je retracerai le parcours, en ayant choisi les plus célèbres, les plus belles, les plus scandaleuses. La Montespan méritait d’y figurer.

Epouse adultère, elle ne s’est pas particulièrement distinguée par ses frasques.


Avant de devenir la maitresse du roi, il est avéré qu’elle avait déjà eu une autre liaison adultère avec Louis de Buade, comte de Frontenac (1622-1698), qui fut par la suite gouverneur de la Nouvelle-France.

En 1664, pour échapper à ses créanciers, Frontenac accepta la charge de lieutenant général des troupes de Venise, en Crète, qui défendaient cette île contre les Turcs.

Le roi Louis XIV était sans doute pressé de le voir quitter la France pour une autre raison. Madame de Montespan ne laissa pas indifférent Frontenac, et il eut même une relation adultère avec elle avant qu'elle soit la favorite du Roi-Soleil. La « Grande Mademoiselle » relate avoir par inadvertance intercepté un billet doux de Frontenac à Madame de Montespan, où il dit qu'il en était « fort amoureux ». Le scandale éclata. Les chansonniers se moquèrent avec esprit de cette relation. On entend chanter :« Je suis ravy que le roy nostre sireAime la Montespan ;Moy, Frontenac, je m'en creve de rire,Scachant ce qui lui pend.
Et je diray sans estre des plus bestes,Tu n'as que mes restes,Toy,tu n'as que mes restes ».

Cette relation de Frontenac avec Madame de Montespan scandalisa sa femme la comtesse, qui allait lui en garder rancune.

Certains ont laissé entendre qu’il y avait eu aussi une liaison entre Lauzun et la Marquise et que, déçu, ce séducteur se vengea en insultant publiquement la Montespan.

Ce qui est avéré, en revanche, est qu’elle fit tout pour obtenir la faveur du roi et la conserver, pour écarter ses rivales (Louise de La Vallières, la Fontanges) Ses armes étaient son éclatante beauté, sa science de l’amour, son intelligence mais aussi la férocité de son esprit.

Athénaïs conserve une réputation sulfureuse.

Il est avéré qu’elle fut en relations avec la Voisin pour obtenir ces fameuses poudres réputées aphrodisiaques et conserver ainsi l’attachement du roi.

Est-elle allée plus loin dans la compromission dans l’Affaire des Poisons ? Tentative d’empoisonnement de certaines rivales ? Participation active à des messes noires ? Certains le pensent, mais on n’aura jamais de certitudes, le roi ayant choisi d’interrompre l’enquête, afin de ne pas éclabousser la mère de ses enfants et se contentera de l’éloigner de lui. Les documents qui avaient été réunis, dont certains semblaient accablants, furent détruits. Le soupçon demeure.

Belle et sulfureuse, adultère mais sincèrement attaché au roi, maitresse possessive, jalouse dispendieuse et intrigante, la célèbre marquise avait toute sa place dans cette rubrique consacrée aux grandes libertines, même si elle ne fait pas partie de celles pour lesquelles j’ai de la sympathie, encore moins de l’admiration. Elle serait plutôt de celles qui font froid dans le dos !

MES PRINCIPALES SOURCES SUR LE WEB
http://enviedhistoire.canalblog.com/archives/2006/09/22/2736554.html
http://favoritesroyales.canalblog.com/archives/2011/06/01/21283367.html
http://iletaitunefoisunjour.over-blog.com/2015/05/27-mai-madame-de-montespan-maitresse-de-louis-xiv-diabolique.html
http://hoche.versailles.free.fr/productions/montespan.htm
http://angeliqualoic.e-monsite.com/pages/domaine-exporte/madame-de-montespan.html

Les avis des lecteurs

@ Didier, tu as bien rappelé la beauté de Mme de Montespan, sa grande culture, ses côtés obscurs, la fameuse affaire des Poisons, enterrée sur ordre du roi.
Jean Teulé (1953-2022) a écrit un roman, puis une bande dessinée, sur le personnage qu'était le Montespan, le mari cocu
Je retiens enfin que la Montespan a permis l'émergence de la Maintenon, Françoise d'Aubigné, celle qui, plus âgée et moins belle, finira par l'évincer et qui sera "plus que reine"

Histoire Erotique
Olga,
Félicitation pour cette intéressante et bien documentée chronique sur une des incontournables maitresse royale de l’histoire de France: Athénaïs marquise de Montespan.
Tout y est dit, qu’ajouter de plus ???
Seulement mon ressenti sur cette figure controversée de l’histoire : sache qu’elle ne fait pas non plus partie de mes préférées.  
Mon avis est que cette habile courtisane opportuniste, mais aussi cultivée, fut une véritable garce…
Opportuniste, peut-être en quête de richesses ou de pouvoir, elle a su jouer de ses charmes, de sa beauté, pour réussir à se glisser dans le lit du roi soleil, et à y rester longtemps.
Cette longévité de presque 15 ans est surement due à son amour inconditionnel pour le roi, et à ses prouesses sexuelles, mais peut-être pas que…
Rattrapée par son côté sombre, elle s’est fourvoyée, et retrouvée ainsi en disgrâce, compromise finalement avec l’affaire des poisons.
Cultivée, cependant, elle a eu, en effet, une bonne influence sur le roi, concernant les arts. 
Une question me taraude néanmoins, s’il n’y avait pas eu l’affaire des poisons et cette disgrâce, ne serait-ce pas elle qui aurait finalement épousé Louis XIV, à la mort de Marie-Thérèse d’Autriche?
Les courtisans étant plus opportunistes que candaulistes au sujet de leurs femmes et leurs puissants amants, on peut supposer que Monsieur de Montespan, lui n’était surement pas un courtisan ni un candauliste.
On peut reconnaitre à ce grand « cocu » de l’histoire, qu’il a eu le courage d’affronter vainement son puissant rival...
Didier



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