Histoire des libertines (31) : trois scandaleuses

- Par l'auteur HDS Olga T -
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Auteur femme.
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Récit libertin : Histoire des libertines (31) : trois scandaleuses Histoire érotique Publiée sur HDS le 10-06-2019 dans la catégorie A dormir debout
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Histoire des libertines (31) : trois scandaleuses
Aujourd’hui, je vais parler de trois scandaleuses, qui ont « commis » leurs exploits à la même époque, Jeanne de Luynes (1670-1736), rendue célèbre par le film d’Axel Corti, « la putain du roi » (1990), Marie-Louise d’Orléans, duchesse du Berry (1695-1719), fille du Régent Philippe d’Orléans, qui furent parmi les plus scandaleuses libertines de l’époque, à la fin du XVIIème siècle et au début du XVIIIème siècle. J’y ai ajouté une autre fille du Régent, Charlotte-Aglaé, duchesse de Modène (1700-1761), moins connue, mais dont le parcours est assez particulier.

Chapitre Ier : Comment Jeanne de Luynes est devenue la « putain du roi »
Jeanne était la petite-fille de Luynes, le favori de Louis XIII, qui l’avait débarrassé de Concini. Son parrain fût Colbert, le grand ministre de Louis XIV.

Je n’ai repris du film d’Axel Corti que les éléments historiques et non les épisodes romancés, notamment celui où « le roi » soigne sa « putain » au péril de sa propre vie ou encore lorsque, après s’être enfuie, Jeanne revient en Piémont retrouver Victor-Amédée et pour lui avouer enfin son amour.

UN MARIAGE D’AMOUR
Le Duc de Luynes n’a pas les moyens de doter ses filles. Les deux sœurs de Jeanne finissent au couvent. Jeanne, quant à elle, est très jolie et épouse le jeune comte de Verrüe, chambellan du Duc de Savoie (dans le film il est qualifié de roi du Piémont). Elle part avec lui à Turin et est sincèrement amoureuse. Elle aura, avec Verrue, quatre enfants.

CONTRAINTE A L’ADULTERE
Le duc de Savoie Victor Amédée II (1666-1732) tomba follement amoureux d'elle vers 1688.

Son indépendance, sa fraîcheur, séduisent le prince qui décide de la conquérir, même si elle attend un bébé. Il éloigne son mari, menace sa famille. Peine perdue : Jeanne est fidèle et se refuse. Le roi en devient fou.

Tout le monde, y compris Louis XIV, encourage Jeanne à céder, y compris sa belle-famille, la duchesse et les prêtres, mais elle ne cède toujours pas.

Quand un jour, au retour de son mari, Jeanne comprend que ce dernier est lui aussi, par obéissance et par lâcheté, consentant à ce qu'elle couche avec le roi, désespérée, elle finit par céder et se livre.

Commence une histoire d'amour orageuse. Jeanne décide de faire souffrir le monarque et de se venger de son mari, dont elle exige qu'il travaille à nouveau à la cour et soit témoin de son affaire, et aussi de sa belle-famille, qu'elle fait bannir du royaume.

Il s’agit d’un amour à sens unique : Jeanne donne son corps au roi mais non son cœur. Le monarque, frustré, bat sa maîtresse alors qu'il est fou d'elle. A cause de cet amour, le roi délaisse les affaires du royaume et ses sujets qui finissent par haïr la "putain française".

Victor-Amédée veut toujours gagner le cœur de Jeanne sans réussite. Jeanne ne lui donne que son corps. Ils eurent deux enfants qui furent tous deux légitimés en 1701.

Elle jouissait d'une position enviable et d'une réelle influence politique et fut sans doute l'instigatrice du choix de l'épouse du duc de Bourgogne, petit-fils de Louis XIV, lors du traité de Turin du 20 août 1696.

UNE FEMME LIBRE : LA DAME DE VOLUPTE
Elle organisa avec ses deux frères une évasion d'Italie rocambolesque le 4 octobre 1700 pour trouver refuge au tout début de 1701 dans le couvent de sa tante, rue du Cherche-Midi, où elle vit recluse pendant trois ans, effet de la vengeance du mari cocu, complaisant et qu’elle avait humiliée pendant toutes ces années. Elle devint veuve lorsque son mari fut tué à la guerre en 1704.

On raconte que, guérie elle-même de la rougeole (d’où l’épisode du roi qui la soigne au péril de sa vie), elle en remit le remède à Mme de Ventadour, nourrice du futur Louis XV, ce qui contribua à sauver, en 1712, le futur roi de la rougeole qui emporta son frère aîné, le duc de Bretagne. Cet épisode lui valut la reconnaissance et l'amitié de Louis XV.

Madame de Verrue devint alors familière de la cour. Elle fut notamment l'amie intime du duc de Bourbon et de sa mère, la princesse douairière de Condé.

« L'excentrique comtesse de Verrue réapparut dans le monde et s'éprit alors d'un baron de fraîche date, Jean-Baptiste Glucq dit de Saint Port puissamment enrichi aux Gobelins » dit Saint-Simon, qui avance qu'elle l'épousa secrètement.

Tous les ans, quand la cour était à Fontainebleau, elle séjournait au château de Sainte-Assise, que Glucq possédait à Seine-Port. Elle séjournait également au château de Condé à Condé-en-Brie chez un autre de ses intimes et amants, le marquis Jean-François Leriget de La Faye.

Mais la comtesse de Verrue est surtout connue comme l'une des plus grandes bibliophiles de son temps. Elle devait posséder environ 18 000 volumes (à Paris et à Meudon).

Amie des lettres, des sciences et des arts, elle renoua des liens avec une société choisie d'écrivains et de philosophes français, notamment Voltaire, qu'elle admirait.

Outre le film d’Axel Corti, Jeanne est passée à la postérité avec deux romans. Alexandre Dumas a fait de la comtesse de Verrue l'héroïne de son roman La Dame de Volupté : « mémoires de Jeanne d'Albert de Luynes, Comtesse de Verrue (1863) ». Le second est « Jeanne de Luynes, comtesse de Verue (1984) » écrit par Jacques Tournier, inspiré de la liaison entre la comtesse de Verrue et le duc de Savoie.


Chapitre 2 : la scandaleuse duchesse de Berry
Fille de Philippe d’Orléans, duc d’Orléans et futur régent, Marie-Louise-Élisabeth épousa en 1710 Charles de France, duc de Berry (1686-1714), dernier petit-fils de Louis XIV. Elle se fait officiellement surnommer « Mademoiselle ». Surnommée « Joufflotte » en raison de ses formes plantureuses, ou encore la « Vénus du Luxembourg », elle est souvent dépeinte comme la figure emblématique de la Régence et de ses débauches. Elle subit notamment les critiques acerbes du duc de Saint-Simon (dont la femme était dame d’honneur de la duchesse) dans ses Mémoires.

La Duchesse fut, selon les termes d’Alain Dag’Naud (Les dessous croustillants de l’Histoire de France, Larousse 2017), une « frénétique du sexe » qui avait « le vertige de la canaille et trouve sa volupté dans l’avilissement ». Elle a clairement hérité du tempérament de son père, le Régent, un grand libertin.

LA FILLE PREFEREE DU REGENT
Encore enfant, la princesse d'Orléans tomba gravement malade à l'âge de 7 ans et les médecins la donnaient pour perdue. Il est dit que son père, qui veilla sur elle et la soigna, fut pris d'une « tendresse excessive » à l'égard de sa fille, ce qui pourrait être à l'origine des rumeurs d'inceste. En effet, sa mère fut jalouse de la bonne entente entre le père et la fille, relation qu'elle ne pouvait obtenir du fait de son indifférence à l'égard de ses enfants. Orléans la laissa dès l'âge de 8 ans agir librement. Elle s'adonna à la chasse et aux fêtes, subissant les critiques de sa grand-mère, la princesse Palatine. Elle se fit appeler « Mademoiselle » comme une fille du roi.

Voici le portrait qu’en fait le Duc de Saint-Simon « Cette princesse était grande, belle, bien faite, avec toutefois assez peu de grâce, et quelque chose dans les yeux qui faisait craindre ce qu'elle était. Elle n'avait pas moins que père et mère le don de la parole, d'une facilité qui coulait de source, comme en eux, pour dire tout ce qu'elle voulait et comme elle le voulait dire avec une netteté, une précision, une justesse, un choix de termes et une singularité de tour qui surprenaient toujours. Timide d'un côté en bagatelles, hardie d'un autre jusqu'à effrayer, hardie jusqu'à la folie, basse aussi jusqu'à la dernière indécence, il se peut dire qu'à l'avarice près, elle était un modèle de tous les vices, qui était d'autant plus dangereux qu'on ne pouvait pas avoir plus d'art ni plus d'esprit… »
MARIAGE ROYAL ET ADULTERE
En 1710, Marie Louise Élisabeth d'Orléans épousa Charles de France, duc de Berry, le 5 juillet 1710 et devint ainsi duchesse de Berry à l'âge de quinze ans. Beaucoup de pamphlets circulent alors, accablant l'adolescente pour ses loisirs non conformes à son statut de femme mariée. Le couple accumule les dettes et leur vie est qualifiée de scandaleuse par le Duc de Saint-Simon. Mademoiselle n’aurait pas mis huit jours pour cocufier son époux !

Rien ne va plus dans son couple : lassé des frasques de son épouse, le duc de Berry vient de prendre en novembre 1713, une maîtresse parmi les suivantes de sa femme.

Lorsque la duchesse découvre l’intrigue, elle décide de se venger en prenant un nouvel amant : ce sera un certain «Monsieur de la Haye» suivi par un «Monsieur de Salvert». Mais lorsque le duc de Berry l’apprend, il menace de la séquestrer dans un couvent et l’injurie en public. Elle cherche à fuir la cour de Versailles avec son amant, La Haye, écuyer du duc de Berry, pour les Pays-Bas. Celui-ci refuse. Elle lui a fait obtenir un poste de gentilhomme de la Manche en 1716.

Elle a une première fausse couche, un an après son mariage (1711). À 18 ans, en 1713, elle accouche d'un fils qui ne vit que 21 jours.

En 1714, son mari meurt. La jeune veuve est enceinte. Louis XIV, alors que la grossesse se poursuit, indique son désir de devenir le tuteur de la duchesse du Berry et de son enfant à naître. Marie-Louise accouche le 16 juin, mais l'enfant, une fille, ne vit que 12 heures.

LA VEUVE LIBERTINE
Après la mort de Louis XIV et une fois établie au palais du Luxembourg où elle constitue sa Cour, la veuve de vingt ans poursuit une vie remplie de fêtes et accumule les amants, ce qui lui vaut la réprobation de Saint-Simon, son biographe le plus prolifique.

On peut noter La Haye, le marquis de la Rochefoucauld, capitaine de sa garde personnelle ou le comte de Riom. Nommé lieutenant de la garde au palais du Luxembourg, Riom sera l'amant favori jusqu'à la mort de la duchesse. Ce dernier est aussi l'amant de Madame de Mouchy, dame d'honneur de la princesse !

La mort du vieux roi a ouvert les vannes du plaisir. « On se conduit avec une franche impudeur. On fait l’amour comme on soupe. » (Pierre Lunel, « Polissonnes », Editions du Rocher 2016) Pierre Lunel compare la Régence avec les bacchanales d’Antoine et Cléopâtre ! Et la Duchesse du Berry en est « la maîtresse de ballet, la grande maquerelle ». La Berry trône en reine des lieux, donnant de sa personne, relançant les débats. « Jamais lasse, jamais rassasiée ! »
La moralité de la Berry est inversement proportionnelle à sa richesse, elle livre son corps avec générosité : nobles, prêtres, laquais, tous y passent. Elle jouit jusqu’à n’en plus pouvoir, puis, prise de remords, elle se réfugie dans un couvent. Avant de recommencer !

Elisabeth doit se cacher au palais du Luxembourg pour accoucher en secret en 1716 puis en 1717 d’enfants mort-nés.

LE SCANDALE D’ŒDIPE
Le 18 novembre 1718 à la Comédie-Française le Régent et la duchesse de Berry assistent à la première de l'Œdipe de Voltaire. Première œuvre pour laquelle Arouet prend le nom de Voltaire, Œdipe marque le commencement du succès de l'auteur dans sa carrière théâtrale.

Les bruits les plus affreux courent sur les amours du Régent, qui accepte tous ses débordements, et de sa fille.

Les rumeurs d'une relation incestueuse de Philippe avec sa fille aînée rendent la pièce controversée bien avant qu'elle ne soit jouée. Attisant l'intérêt des spectateurs friands de scandales, la présence de Mme de Berry à la première de l'Œdipe contribue à la réussite de la pièce et à son succès public. Elle se rend cinq fois de suite à la représentation, comme pour braver l'opinion publique.

MOURIR A 23 ANS
En 1719, la duchesse est enceinte à nouveau, sans être naturellement en mesure de déterminer l’identité du père. Les jugements sur son comportement sexuel se multiplient.

Lors de son accouchement, la duchesse, craint de mourir et réclame les Sacrements. En raison de la présence de Riom et de Mme de Mouchy dans le palais du Luxembourg, le curé de Saint-Sulpice refuse d'administrer l'extrême-onction. Sa décision est alors appuyée par le cardinal de Noailles qui considère aussi que les sacrements ne devaient être dispensés tant que Riom et la dame d'honneur n'étaient pas congédiés.

Le 2 avril 1719, la jeune femme fait une fausse couche et échappe à la mort de peu. Elle fait rouvrir le jardin du Luxembourg et le voue au blanc pour six mois ainsi que toute sa maison, en l'honneur de sa fille. Elle se retire au Château de Meudon où elle espère se rétablir en s'éloignant de la Cour.

Selon Saint-Simon, le Régent est particulièrement courroucé contre sa fille qui aurait épousé secrètement Riom après son accouchement. Il ordonne à celui-ci de rejoindre son régiment sur la frontière espagnole. Dans l'espoir de convaincre son père d'accepter de rendre public son mariage et de rappeler Riom, elle l'invite à Meudon pour un souper. Le Régent reste inflexible.

La duchesse mourra des suites de ses couches deux mois plus tard, à l'âge de vingt-trois ans.

Victime de la malveillance d'un Saint-Simon et cible privilégiée des chansons satiriques du temps, la duchesse de Berry fut l’objet des attaques violentes des ennemis du Régent. En dénonçant les frasques nymphomanes de la fille, cette opposition s’en prend au père dont le gouvernement lui attire l’hostilité d’une fraction importante de l'ancienne Cour de Louis XIV. Alors qu’un nouveau climat de liberté succède à l’austérité et aux désastres qui caractérisaient la fin de règne du Roi Soleil, l’insouciance sans entraves et l’esprit que semble manifester la fille aînée du Régent ne peuvent manquer de choquer les tenants de l’ordre ancien qui censurent les mœurs dépravées de la jeune veuve pour dénoncer la « turpitude » du nouveau pouvoir.

Si une critique historique sérieuse doit dénoncer la véritable "diabolisation" dont a été victime la mémoire de Marie Louise Élisabeth d'Orléans, duchesse de Berry, il faut aussi reconnaître que sa liberté de mœurs est loin de correspondre à l'austérité sexuelle qu'exigeait la morale de l'époque en cas de veuvage. Mais ses grossesses clandestines, qu'elles soient avérées en 1719 et 1717, ou probable en 1716, n'autorisent pas pour autant les auteurs (en particulier les contemporains) à nous la dépeindre de manière quasi systématique comme un monstre d'orgueil et de dépravation, la figure emblématique de tous les excès de la Régence.


Chapitre 3 : Charlotte-Aglaé, Mlle de Valois, l’ingénue.

Elle est la 4ème fille du Régent. Elle n'était pas véritablement belle, mais elle avait de la vivacité et du piquant.

PROCHE DE SON PERE
Son père avait pour elle une affection particulière et l'éduqua fort mal par faiblesse.

Dans une lettre adressée par elle au duc de Richelieu, elle accuse même son père d'avoir eu des relations incestueuses avec elle, afin qu'il lui révèle l'identité du Masque de fer ; néanmoins des doutes subsistent quant à l'authenticité de cette lettre car cette même anecdote se voit aussi associée à la Duchesse de Berry qui, selon l'historien Jules Michelet, serait devenue la maîtresse du Régent afin qu'il lui révèle le même fameux secret.

Encore enfant, elle et sa sœur Louise Adélaïde furent confiées à l’abbaye de Chelles (où plus tard Louise Adélaïde prononcera ses vœux de religieuse). A l’âge de quatorze ans, on la retira de Chelles pour confier son éducation au couvent du Val de Grâce.

Cette année-là, ses parents chercheront pour elle un parti convenable. Sa sœur aînée, Marie Louise Elisabeth d’Orléans qui avait épousé le duc de Berry, suggéra que l’on marie sa sœur à Louis Armand de Bourbon, prince de Conti, mais le roi Louis XIV refusera cette union.

En 1715, Charlotte Aglaé fut retirée du couvent et retourna au Palais Royal près de sa famille. Sa mère, fille légitimée que le roi Louis XIV eût de la marquise de Montespan, aurait voulu lui faire épouser Louis-Auguste de Bourbon (1700-1755), fils aîné du duc du Maine, lui aussi descendant du feu roi et de sa favorite mais Mademoiselle de Valois refusa d'épouser un prince Légitimé, même très riche, ce qui l'aurait fait régresser dans la hiérarchie de la cour.

Un autre prétendant se présenta, son propre cousin : Charles de Bourbon comte de Charolais, fils de Louis III prince de Condé et de Françoise Marie de Bourbon (sœur de sa mère, la duchesse d’Orléans, toutes deux filles de Louis XIV et de la Montespan). Cette fois, c’est le duc et la duchesse d’Orléans qui refusèrent l’alliance pour leur fille.

SON GRAND AMOUR : RICHELIEU
Charlotte Aglaé d’Orléans, à l’âge de dix-huit ans, va bientôt se lancer dans une liaison amoureuse avec l’un des plus grands séducteurs de son époque : Louis François Armand du Plessis, duc de Richelieu. Or, ce dernier entretient une liaison avec la propre cousine de Charlotte Aglaé, la très charmante Louise Anne de Bourbon Condé, Melle de Charolais, la sœur du dernier prétendant évincé, Charles de Bourbon comte de Charolais.

Bien que Charlotte Aglaé ait réussi à dissimuler cette liaison aux yeux de tous (et surtout de son père le duc d’Orléans), ses sentiments éclatent au grand jour lorsque le duc de Richelieu est jeté en prison après sa participation dans le complot de Cellamare.

L’amoureuse désemparée va alors rendre visite à son amant plusieurs fois en prison, et dans son désir d’épouser Richelieu, Charlotte Aglaé va trouver le courage de se rendre auprès de son père, et de lui demander la libération de son amant.

Le Régent est fou de rage, il refuse que sa fille épouse Richelieu, et ne perd pas de temps à la mettre au courant des autres conquêtes de Richelieu, et notamment qu’il courtisait Melle de Charolais, la propre cousine de Charlotte Aglaé. La haine que vont se porter ces deux jeunes femmes va durer toute leur vie, même après que leur liaison avec Richelieu se soit terminée.

Un projet de mariage avec le roi de Sardaigne ayant avorté - sa grand-mère, la princesse Palatine ayant révélé à la reine de Sardaigne, sa belle-fille, le comportement incorrect de sa petite-fille - Mademoiselle de Valois dut se rabattre sur un parti moins brillant, en 1720, avec François-Marie de Modène (1698-1780).

Pressé de se débarrasser au plus tôt de cette fille délurée, le Régent accepte une demande de mariage du duc de Modène pour son fils ainé et héritier Francesco. Charlotte Aglaé ne veut pas quitter la France, elle pleure, elle supplie, mais rien n’y fait.

UN MARIAGE MALHEUREUX
La vie à Modène parait bien vite morne et triste pour la jeune femme de vingt ans : son beau-père, avec qui elle s’entend plutôt bien, vit entouré de moines et de favoris, et qui ont donné à la cour de Modène une allure de couvent. Tout le monde se lève tôt et va à la messe, le dîner est servi très tôt, et la principale occupation de la famille ducale l’après-midi est de se promener en carrosse dans les environs à une allure d’escargot. Le souper a lieu à 8 heures, et l’heure du coucher est fixée à dix heures. Et c’est ainsi tous les jours.

Pour se distraire, la jeune princesse de Modène tente de se constituer une petite cour dans ses appartements réunissant ses jeunes belles sœurs et notamment Henriette d’Este (future duchesse de Parme) avec qui elle s’entend particulièrement bien et qui a deux ans de moins qu’elle.

Trois mois après son arrivée à Modène, Charlotte Aglaé attrape la variole, tombe gravement malade, et on lui administre les derniers sacrements. Pendant sa maladie, son mari est tenu à l’écart pour éviter la contagion. Alors qu’elle reçoit, son confesseur, Charlotte Aglaé lui demande de brûler une cassette contenant les lettres d’amour de Richelieu qu’elle a conservées.

Alors qu’elle se remet de justesse de sa maladie, on se met à la critiquer, car elle n’a toujours pas donné d’héritier au duché de Modène. Très abattue, elle persuade son époux de l’emmener à Vérone, et de là rédige une lettre à son père, où elle lui demande de lui accorder son retour en France. Son père refuse fermement sa demande. La mort de ce dernier en 1723 ne change rien à la demande de Charlotte Aglaé, son frère Louis, devenu duc d’Orléans s’oppose lui aussi à son retour en France, d’autant que cette année-là, Charlotte Aglaé est enfin enceinte de son premier enfant. Au total, les époux eurent neuf enfants.

Le duc de Richelieu vient lui rendre visite incognito à Modène en 1727. Les deux anciens amants reprennent leur liaison, mais imprudents, le prince de Modène les découvre un jour.

Furieux, François d’Este renvoie sa femme en France, en disgrâce. Folle de joie, cette dernière rejoint la France pour quelques mois, mais l’accueil qu’elle reçoit en France est plus que glacial. Elle consent à revenir à Modène en 1728, et rejoint son époux à Gênes.

En 1733, la guerre de succession du trône de Pologne éclate, et Modène est envahi par les troupes étrangères. Francesco et Charlotte Aglaé trouvent refuge à Lyon. Mais la jeune femme veut retourner à Paris, et après plusieurs courriers diplomatiques avec la cour française, le prince de Modène et son épouse sont autorisés à séjourner dans la capitale française.

En 1735, le prince Francesco doit retourner à Modène, laissant sa femme à Paris (qui ne souhaitait pas l’accompagner). En mai 1736, son époux revint à Paris incognito, et ce statut imposé par la cour de France sera la raison pour laquelle le jeune couple ne fut jamais reçu à Versailles par le roi Louis XV.

En 1737, Francesco devient prince de Modène et Charlotte-Aglaé contrainte de retourner à Modène.

En 1743, elle demande à retourner à Paris avec sa fille Maria Teresa, dans l’espoir de trouver un mari à cette dernière auprès de plusieurs prétendants français. A partir de ce mariage, Charlotte Aglaé refusera de retourner à Modène. Les évènements contraindront cependant la duchesse de Modène de retourner en Italie en 1759. Là, elle découvrit que son époux entretenait une liaison avec une veuve de soixante ans, la marquise Simonetti.

Pas désirée dans son duché, elle quittera donc Modène pour effectuer un tour d’Europe, et finira son voyage de nouveau à Paris.

LES SCANDALEUSES ET MOI
Comme beaucoup l’ont remarqué, je termine souvent ces récits en resituant les personnages que je raconte à l’aune de mon expérience.

Je dois reconnaitre que, moi aussi, j’ai été objet de scandale, à notre niveau, lorsque j’étais sous la coupe de Rachid. Philippe, qui m’avait poussé à assumer pleinement mon hypersexualité et, qui, surtout, avait pris le risque de mettre le « fauve » Rachid sur ma route, en a subi fortement les conséquences. Il y a eu un impact fort du scandale sur notre famille, sur notre réputation ainsi que sur la carrière de mon mari. C’est ce qui nous a amené aujourd’hui, à travers notre nouveau Pacte candauliste, à tenter de prendre plus de précautions, afin de mieux nous préserver.

S’agissant du destin de ses femmes, je peux en partie me retrouver sur le complexe d’Electre qu’ont manifestement vécu les deux filles du Régent, au-delà de ce qu’en dit cette mauvaise langue de Saint-Simon. L’ayant ressenti, je comprends l’impact que cela a eu sur Elisabeth et Charlotte-Aglaé. Cela a évidemment un lien avec l’hypersexualité.

Comme moi, Elisabeth, Duchesse de Berry, était hypersexuelle. On peut même dire qu’elle a franchi la ligne tenue qui sépare hypersexualité et nymphomanie. La différence que je vois est qu’elle s’est abandonnée à ses excès, comme je l’ai fait lors de la période Rachid et qu’il y a laissé sa vie. Je mesure ma chance d’avoir pu éviter cette descente sans retour vers les enfers.

De son côté, Jeanne de Luynes a souffert d’avoir un mari qui, par complaisance et surtout par lâcheté, l’a poussé à l’adultère, quitte à ensuite lui en faire payer le prix. De ce point de vue, je mesure la chance qui est la mienne d’avoir un mari candauliste et qui m’aime, quand bien même il n’a pas toujours su maitriser mes propres dérives, qui nous ont poussé si près du gouffre.

Quant à Charlotte-Aglaé, on est dans un cas plus classique d’un amour contrarié, d’une union mal assortie, qui débouchent sur l’adultère et une vie profondément malheureuse.

Même aux temps libertins de la Régence, la société était impitoyable pour les scandaleuses. A aucun moment, on ne comprend pourquoi elles sont arrivées là, même quand, dans le cas de Jeanne de Luynes, on les a poussées à la « faute ». Reconnaissons qu’aujourd’hui une société de tolérance ne juge plus ou juge moins sévèrement. En ayant bénéficié, malgré mes excès et mes dérapages, la scandaleuse que je suis ne peux qu’en être satisfaite.

PRINCIPALES SOURCES SUR LE WEB
Pour Jeanne de Luynes :
http://ombresdemeslivres.wifeo.com/comtesse-de-verrue.php
Pour la duchesse de Berry :
http://enviedhistoire.canalblog.com/archives/2007/02/12/3984719.html
http://www.histoire-et-secrets.com/articles.php?pg=33&lng=fr
http://donjonduboutdumonde.forumprod.com/les-filles-du-regent-rebelles-et-scandaleuses-t255.html
Pour Charlotte Aglaé :
http://www.logpateth.fr/blogpress/?p=208

Les avis des lecteurs

Merci cher lecteur de ces précisions sur la duchesse de Berry, fille du Régent

Histoire Erotique
La duchesse de Berry fait scandale dès les débuts de la Régence. Début janvier 1716 elle participe masquée au bal de carnaval, vêtue d'une somptueuse robe battante dont elle relance la mode pour les mêmes raisons que sa grand-mère la Montespan qui utilisait cette tenue pour dissimuler son ventre quand elle était grosse. Trois semaines après, Mme de Berry garde la chambre au palais du Luxembourg, sous prétexte d'un gros rhume et accouche d'une fille qui ne vit que trois jours. De nouveau enceinte l'année suivante, elle se retire au château de La Muette en compagnie de son vigoureux amant, Riom, et accouche fin juillet. Cette nouvelle maternité "clandestine" est vite connue de tout Paris : le jeune Arouet (Voltaire) l'évoque devant un informateur de police, suggérant que la princesse est grosse des oeuvres de son père... Au printemps 1718, on annonce que la princesse va à nouveau effectuer un long séjour à La Muette, mais une fausse-couche la tire d'embarras... La trop "féconde Berry" se retrouve une fois de plus enceinte quelques mois qprès... Cette nouvelle grossesse "clandestine" contribue au succès de l'Oedipe de Voltaire, que "l'incestueuse fille du Régent" vient voir à 5 reprises, selon la rumeur parce-qu'elle est attirée par le physique d'un des acteurs... Malgré son état, Mme de Berry participe aux bals du carnaval et s'acharne à participer aux soirées licencieuses de son père... Ses excès alimentaires et charnels ont mauvaise fin : fin mars, de retour au palais du Luxembourg après une nuit d'ivresse et de luxure débridée, la princesse perd les eaux et entre brutalement en travail. Elle se réfugie dans une petite chambre du palais, où elle se trouve bientôt à l'agonie, terrassée d'effroyables contractions... Saint-Simon décrit avec sarcasme la tragi-comédie de ces couches scandaleuses qui ridiculisent l'accouchée et achèvent de délabrer ses intérieurs... Finalement délivrée d'un enfant mort-né le 2 avril, elle retombe enceinte moins d'un mois plus tard durant sa convalescence au château de Meudon... L'autopsie de son corps révèle en effet la présence d'un nouveau foetus dans le ventre de la trop féconde princesse...



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