Histoire des libertines (49) : George Sand, femme libre

- Par l'auteur HDS Olga T -
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Récit libertin : Histoire des libertines (49) : George Sand, femme libre Histoire érotique Publiée sur HDS le 11-12-2019 dans la catégorie A dormir debout
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Histoire des libertines (49) : George Sand, femme libre
Dans l’histoire, les grandes libertines furent plutôt dans les sphères du pouvoir. Pour autant, les poétesses, comme Sappho (voir « Histoire des libertines (1) : Introduction et Sappho la poétesse de Lesbos. », publié le 14 août 2017) ou des femmes de lettres, comme Germaine de Staël, ne furent pas en reste. George Sand, qui a collectionné les amants et dont la vie libre fut considérée comme scandaleuse par ses contemporains, en est un exemple parmi les plus célèbres, qu’on peut considérer comme une hypersexuelle. Nous aurons l’occasion de parler ultérieurement d’autres femmes de lettres, comme Emily Dickinson, Colette, Simone de Beauvoir, Anaïs Nin, pour n’en citer que quelques unes.

George Sand (1804-1876), la célèbre femme de lettres, s’appelait en fait Amantine Aurore Lucile Dupin.

Ecrivain prolifique, George Sand prend la défense des femmes, prône la passion, fustige le mariage et lutte contre les préjugés d'une société conservatrice.

George Sand a fait scandale par sa vie amoureuse agitée, par sa tenue vestimentaire masculine, dont elle a lancé la mode, par son pseudonyme masculin, qu'elle adopte dès 1829.

UNE DOUBLE ASCENDANCE
Elle est, par son père, l'arrière-petite-fille du maréchal Maurice de Saxe. Du côté de sa mère, elle a pour grand-père un maître oiselier, qui vendait des serins et des chardonnerets à Paris, sur le quai aux Oiseaux. Aurore a donc une double ascendance, populaire et aristocratique, qui la marque profondément. Deux origines sociales diamétralement opposées qui expliquent la personnalité d'Aurore Dupin et son engagement politique à venir.

Son père, Maurice Dupin, incorporé dans les rangs de l'armée révolutionnaire, effectue de 1798 à 1808, toutes les guerres républicaines et impériales. Pendant les campagnes d'Italie, il s'éprend de Sophie Victoire Delaborde, qui partage alors la vie de l'intendant affecté aux subsistances, l'adjudant-général Claude-Antoine Collin, âgé de cinquante ans. Victoire suit Maurice à son retour en France. La mère de ce dernier, Marie-Aurore de Saxe, fait tout pour s'opposer à leur mariage ; c'est donc à son insu que le 5 juin 1804, moins d'un mois avant la naissance de la future George Sand, le capitaine Maurice Dupin signe devant le maire du 2e arrondissement ancien de Paris, l'acte de mariage avec Victoire.

Aurore grandit à Nohant, tout d'abord avec sa mère et sa grand-mère. Cependant, un désaccord apparaît entre les deux femmes à propos de son éducation. George Sand restera attachée toute sa vie à Nohant et à la campagne où elle peut s'échapper dans la nature pour laisser s'épanouir son imagination. Marie-Aurore de Saxe prodigue la plus grande attention à sa petite-fille. Cette affection est réciproque, Aurore apprécie sa grand-mère, à l'esprit délicat et cultivé.

UN MARIAGE MALHEUREUX QUI DEBOUCHE SUR ADULTERE ET SEPARATION
Victoire se désiste alors de la tutelle de sa fille le 5 octobre 1822 au profit de Casimir Dudevant, qu’elle épouse. Les époux s’installent à Nohant. Pour Aurore, ce mariage est l'occasion de gagner sa liberté, mais c'est oublier que les femmes à cette époque sont traitées en mineures jusqu'à leur mort. Aurore va vite comprendre qu'elle reste enfermée dans sa condition de vassale et que Casimir, comme ses nombreux prétendants, ne voit en elle que la riche héritière.

Aurore donne naissance à un fils, Maurice (1823-1889). En 1824, chez les du Plessis, Casimir gifle Aurore en public pour un motif futile. Les premières fêlures du couple apparaissent et Aurore se rend compte que tout la sépare de son époux, grossier, peu cultivé, à l'éducation si dissemblable, dont les goûts diffèrent totalement des siens.

Le hasard d'une rencontre en juillet 1825, lors d'un voyage avec Casimir à Cauterets dans les Pyrénées, permet à la jeune femme de renaître à la vie. Aurore fait la connaissance d'Aurélien de Seze, avocat de talent, substitut au tribunal de Bordeaux et neveu du défenseur de Louis XVI. Séduisant, intelligent, Aurélien a conquis le cœur d'Aurore, le temps d'une courte histoire d'amour, passionnée et platonique.

Au cours de ses séjours à Nohant, elle noue une liaison avec Stéphane Ajasson de Grandsagne, originaire de La Châtre, de 1827 à 1828. La rumeur publique rattrape les amants et compromet l'équilibre précaire des époux Dudevant. Aurore met au monde une fille, Solange (1828-1899), dont la paternité est empreinte d'incertitude, du fait de la liaison d'Aurore avec Stéphane.

Casimir se met à boire, devient odieux et entretient des relations avec les servantes. La situation conjugale se dégrade, les époux font chambre à part. Aurore veut son indépendance, souhaite travailler et gérer ses biens propres. Au même moment, elle engage une nouvelle idylle avec le romancier Jules Sandeau (1811-1883), et désire le rejoindre à Paris. Au mois de décembre 1830, une scène éclate entre Casimir et Aurore. La rupture est inévitable. Aurore s’établit à Paris. Dans un premier temps, Solange et Maurice restent auprès de leur père à Nohant. Une fois établie à Paris, Aurore emmène sa fille chez elle et Casimir Dudevant se laissera convaincre par la suite, de confier Maurice à sa mère.

UNE VIE DE BOHEME : AURORE DEVIENT GEORGE SAND
Dans ce Paris de 1831, en pleine effervescence romantique après la révolution de Juillet, où les jeunes artistes et poètes du quartier latin portaient des costumes extravagants, Aurore mène une vie de bohème avec ses compagnons, allant dans les théâtres, les musées et les bibliothèques ;
Aurore affiche sa liaison avec Jules Sandeau. Ensemble, ils commencent une carrière de journalistes au Figaro. Ils écrivent en commun un roman, « Rose et Blanche », publié sous le pseudonyme de J. Sand.
Ce livre connaît un certain succès, au point qu'un autre éditeur se présente et commande un prochain roman sous le même nom. Comme Aurore vient d'écrire Indiana, elle veut le donner sous le même pseudonyme mais Jules Sandeau, par modestie, n'accepte pas la paternité d'un livre auquel il est totalement étranger. Le nom de Sand est conservé pour satisfaire l'éditeur et le prénom est modifié pour distinguer les deux auteurs. Aurore prend celui de George. Sans le « s » final du prénom, elle joue sur l'ambiguïté et l'androgynie. Tous ses romans ultérieurs seront publiés sous le pseudonyme de George Sand, qu'elle adopte définitivement.

Au début de 1833, elle rompt avec Jules Sandeau, coupable d'une infidélité, mais surtout qu'elle juge « paresseux, nonchalant, sans volonté ». Elle a une brève relation avec l’écrivain Prosper Mérimée (1803-1870), très décevante et qu'elle regrette amèrement.

GEORGE SAND, BISEXUELLE ?

En janvier 1833, George Sand éprouve une affection profonde pour la comédienne Marie Dorval (1798-1849), qu'elle admire lors de l'une de ses représentations au point de lui envoyer une lettre enflammée.

Leurs échanges de correspondances donnent la mesure de l'amitié particulière qui lie les deux femmes. Ainsi le 18 mars 1833, George Sand écrit à Marie Dorval : « Je ne peux vous voir aujourd'hui, ma chérie. Je n'ai pas tant de bonheur. Lundi, matin ou soir, au théâtre ou dans votre lit, il faudra que j'aille vous embrasser, madame, ou que je fasse quelque folie. Je travaille comme un forçat, ce sera ma récompense. Adieu, belle entre toutes » et Marie de lui répondre : « Vous êtes une méchante et je comptais bien sur le bonheur de vous avoir toute la soirée dans ma loge. Nous aurions vite dîné, à cinq heures, et nous serions parties ensemble. Voyons, tâchez. Je vous ai vue hier toute la soirée, je vous ai regardée sans rencontrer vos yeux. Vous aviez l'air d'une boudeuse. C'est moi qui viendrai vous voir demain matin. »
Leur relation fait jaser à Paris. Gustave Planche écrit à Sand de se méfier de cette « dangereuse amitié », tandis qu'Alfred de Vigny, amant de Dorval, la conjure : « j'ai défendu à Marie de répondre à cette Sapho qui l'ennuie » !

Marie Dorval collaborera à l'écriture de Cosima, pièce de théâtre de George Sand créée le 29 avril 1840 à la Comédie-Française, avec la célèbre comédienne dans le premier rôle.

UN GRAND AMOUR ROMANTIQUE AVEC ALFRED DE MUSSET
En juin 1833, George Sand rencontre le poète Alfred de Musset (1810-1857). Fin juillet, ils sont amants et Musset s’installe chez George Sand.

Musset est un coureur, il est alcoolique et il est drogué. Voila un homme qui aurait fait fuir plus d'une femme mais pas George Sand... Excepté l'amour de la littérature, ils n'ont rien en commun, tout les sépare, ils sont aux antipodes l'un de l'autre. Bien qu'elle ait 6 ans de plus que lui, Musset a une relation avec la cougar. "Je vous aime comme un enfant" "écrit Musset à sa maîtresse.

Ils conçoivent le projet d'un voyage en Italie. Ils partent le 12 décembre 1833 et font une partie de la traversée en compagnie de Stendhal, rencontré à Marseille et qui rejoint son poste de consul à Civitavecchia. À Gênes, George Sand souffre de fièvre et dysenterie. Ils parviennent à Venise le 31 décembre 1833 et descendent à l'hôtel Danieli, le 1er janvier 1834. Alors que George Sand est toujours souffrante et doit rester alitée deux semaines, Musset reprend sa vie de noctambule et s'abandonne à tous les plaisirs. Déjà à Gênes et à Florence, George Sand s'est plainte des inconduites de son compagnon et décide de lui fermer sa porte à Venise. Alfred de Musset tombe gravement malade à son tour, atteint d'une fièvre accompagnée de crises de délire. Les ressentiments oubliés en de tels instants, George Sand est à son chevet.

Elle fait appel aux soins d'un jeune médecin, Pietro Pagello (1807-1898), qui diagnostique une fièvre typhoïde. George Sand s'éprend de Pagello, alors que la santé de Musset s'améliore. Sa guérison assurée, Pagello lui avoue sa passion pour George Sand. Musset, stoïque, leur conserve son amitié, quitte Venise le 29 mars 1834 et rentre en France.

En août 1834, George Sand revient à Paris avec son nouvel amant, Pagello.

Musset informé de leur retour, supplie George Sand de lui accorder une entrevue. Elle exauce son vœu et le revoit dès le 17 août. Chacun se reproche d'avoir perdu le bonheur par sa propre faute. Les remords de George Sand sont tels, qu'elle songe au suicide. Conscients de ne pouvoir revenir en arrière, ils décident de s'éloigner l'un de l'autre et de quitter Paris le 24 août, Musset à Bade et Sand à Nohant. Quant à Pagello, malgré une invitation pour accompagner la romancière au Berry, il choisit de rester dans la capitale. De son exil en Allemagne, Musset envoie des lettres enflammées à George Sand qui renoue avec le poète de retour en France, le 20 octobre 1834. Pagello, jaloux, repart pour l'Italie.

Mais leur nouvelle liaison ne fait que raviver les souffrances, les querelles et les reproches, une passion destructrice, qui va les consumer. Leur union n'est plus supportable et c'est Musset, fatigué, qui rompt le premier, le 9 novembre 1834. George Sand est désespérée, tente une réconciliation mais Musset ne répond pas à ses lettres. Elle décide de couper sa magnifique chevelure dans un accès romantique et de lui envoyer cette preuve d'amour, gage de sa peine profonde.

À la réception du colis et de son précieux contenu, Alfred de Musset fond en larmes. En ce début du mois de janvier 1835, Sand et Musset renouent leur idylle et le 14 janvier, Sand, triomphante, écrit à Alfred Tattet, le confident de Musset : « Alfred est redevenu mon amant ». Leur relation se poursuit, orageuse, marquée par des plaintes, des remontrances, des récriminations, jusqu'à leur rupture définitive le 6 mars 1835, mais, cette fois-ci, à l'initiative de George Sand.

Cette relation romantique inspirera à George Sand les trois premières « Lettres d'un voyageur » et à Musset « La Confession d'un enfant du siècle ».

UNE PASSION AMOUREUSE ET POLITIQUE : MICHEL DE BOURGES
Une femme de la trempe de Sand ne se laisse pas étouffer par un homme. Elle reprend aussitôt sa vie de femme libre. Elle porte désormais une redingote, un pantalon et un chapeau. Elle abuse du café. L'écriture devient sa drogue, elle écrit jour et nuit. Elle continue à mener une vie mondaine et à recevoir d'illustres personnages de son siècle : Flaubert, Delacroix, Dumas etc. Ils font chez elle des séjours à la campagne. Certains deviennent des amants le temps d'une nuit. Sand sait occuper ses nuits agréablement.

George Sand entreprend les procédures judiciaires à l'encontre de son mari, Casimir Dudevant. Les rapports entre les époux se sont envenimés à cause du train de vie dispendieux de Casimir qui s'est engagé dans des opérations hasardeuses. Des amis lui recommandent le célèbre avocat républicain Louis Michel, pour plaider sa séparation définitive avec le baron Dudevant. L'avocat, plus connu sous le pseudonyme de sa ville, Michel de Bourges (1797-1853), est doué d'un grand talent oratoire et intervient dans les procès politiques de la monarchie de Juillet. Le 9 avril 1835, George Sand le rencontre dans l'ancienne capitale du Berry et lui expose son affaire.

La séduction est réciproque, George Sand le retrouve en mai à Paris et ils deviennent amants78. Avec Michel de Bourges commence une double passion, amoureuse et politique. Michel convertit George Sand, déjà sensible aux opinions républicaines, aux idées socialistes. L'engagement de cette dernière est tel que son appartement parisien est transformé en cénacle républicain et par voie de conséquence, sous surveillance policière. Michel gagne le procès en séparation de George Sand, au terme d'une longue procédure, le 16 février 1836. Il promet à George Sand de vivre avec elle, mais c'est un homme marié et qui va le rester. En raison de sa peur de sa femme et de la forte personnalité de la romancière, il rompt leur liaison délétère qui prend fin au mois de juin 1837, après des reproches mutuels. Cette séparation douloureuse déstabilise George Sand.

Les liaisons qui suivent restent sans lendemain : Félicien Mallefille, le précepteur de son fils Maurice, Charles Didier ou l'acteur Pierre Bocage.

UNE NOUVELLE PASSION, CHOPIN
Dans les années qui suivent, George Sand s’engage en politique où elle défend des idées socialistes. Ses mentors sont Lamennais ou encore Pierre Leroux.

Mais la politique ne pouvait durablement être la seule passion de George Sand. George Sand rencontre Frédéric Chopin (1810-1849) dans les tout derniers mois de 1836, par l'intermédiaire de Franz Liszt et de Marie d'Agoult. Leur liaison commence au mois de juin 1838.

George Sand et Frédéric Chopin, c'est une histoire d'amour à sens unique. Elle aime les plaisirs de la chair, lui non. Malade, le compositeur trouvera surtout en l'écrivain une infirmière.

À la fin de l'année 1838, George Sand et ses deux enfants partent pour Majorque et Frédéric Chopin les rejoint au cours de leur trajet à Perpignan. Arrivés à Palma de Majorque, les voyageurs sont ravis par le cadre enchanteur de l'île, mais ils éprouvent de grandes difficultés pour se loger, en raison de l'absence d'hôtels et de chambres meublées. Tuberculeux, Chopin voit sa santé se détériorer.

Frédéric Chopin se comporte comme un compagnon absorbant et tyrannique. Les malentendus deviennent fréquents. Leur liaison durera cependant près de 10 ans.

Au début, elle avait dû batailler ferme pour faire de son prétendant un amant à part entière, mais leurs ébats avaient rapidement tourné court; il était peu porté sur la chose, comme elle l'écrivit à un ami, en 1847, une fois la rupture consommée: "Il y a sept ans que je vis avec lui comme une vierge..." Il mourra deux ans plus tard, elle lui survivra presque trente ans. Le plaisir des sens conserve.

« MON CŒUR EST UN CIMETIÈRE »
Sand sera très engagée dans la Révolution de 1848.

En 1849, Sand a oublié depuis longtemps Chopin. Elle a effacé toute trace de lui dans sa maison et elle multiplie les conquêtes amoureuses. La mort de Chopin ne l'attristera pas, ce n'est pas une sentimentale mais une charnelle, qui aime le sexe et elle ne peut pas s'en passer. Elle a même une relation avec un ami de son fils, qui a 13 ans de moins qu'elle, elle ne se refuse rien.

Une rencontre en cette fin du mois de décembre 1849, à Nohant, va bouleverser sa vie. Noël 1849, Maurice Sand présente à sa mère un ami graveur et auteur dramatique, Alexandre Manceau.

Tout semble pourtant les opposer. Il est âgé de trente-deux ans et elle, quarante-cinq. Lui est inconnu, d'un rang social moins élevé que George Sand, il est le fils d'un marchand limonadier.

George Sand s'installe dans une relation apaisée avec Alexandre Manceau. Il est, pendant quinze ans, à la fois son amant et son secrétaire. Alexandre contracte la tuberculose et meurt en août 1865.

George Sand, républicaine et socialiste en 1848, rejoint en 1871 les écrivains qui condamnent la Commune de Paris. Ses convictions légalistes ne voient dans la Commune que les destructions, les incendies et les exécutions des otages. Son soutien à Thiers et à la République conservatrice resteront incompris. C'est aussi le fossé qui se creuse entre Paris et la Province, entre les grandes cités et le monde rural. L'échec de la Révolution de 1848, les désillusions, le poids des années et la perte de la foi politique entraînent George Sand vers un repli sur elle-même.

LA FEMME SCANDALEUSE
George Sand a défié le 19e siècle, le siècle le plus antiféministe de l'Histoire et se travestissant en homme pour ne rien s'interdire. Libre-penseuse, féministe avant l’heure et socialiste par conviction, George Sand (1804-1876) ne peut être réduite à ses amours tumultueuses avec Musset et Chopin, ou à la « bonne dame de Nohant »
De son vivant, George Sand fait l'objet d'attaques misogynes d'une grande virulence, caractéristiques des jugements masculins de l'époque sur les femmes qui prétendaient faire œuvre littéraire. Sand est accusée d'être animée par des passions excessives et, pour ce qui est de son organisme, les frère Goncourt étaient persuadés qu'en l'autopsiant, on lui découvrirait des organes génitaux hermaphrodites.

Il n'est pas exceptionnel, au XIXème siècle, qu'une femme écrivain prenne un pseudonyme masculin pour écrire, les auteurs femmes étant méprisées. En revanche, George Sand est la seule femme écrivain de son siècle dont les critiques parlaient au masculin et qui était classée non pas parmi les « femmes auteurs », mais parmi les « auteurs ».

De même, George Sand n'était pas la seule femme de son époque à s'habiller en homme afin de forcer les limites imposées aux femmes et d'accéder à des lieux interdits - fosses de théâtre, bibliothèques restreintes, procès publics. D'ailleurs, George Sand, dans son autobiographie Histoire de ma vie, explique que ce fut d'abord pour des raisons pécuniaires qu'elle se mit à s'habiller en homme : se trouvant fort démunie à son arrivée à Paris (son mari avait gardé l'autorité sur sa fortune et sa propriété de Nohant), et les frais d'habillement étant moindres pour les hommes que pour les femmes, il lui fut plus économique de s'habiller en homme. C'était aussi plus confortable. Autre précision : elle n'en faisait pas une habitude quotidienne, loin de là, et elle n'en restait pas moins femme, sachant plaire en tant que telle, contrairement à la « travestie » qu'on semble vouloir en faire de nos jours. Enfin, son costume masculin ne dissimulait pas sa féminité : la veste était cintrée, elle moulait son buste et ses hanches.

S'il n'était pas exceptionnel qu'une femme se déguise en homme pour forcer les portes, la liberté d'esprit et de mœurs, la farouche indépendance, le refus total de l'idéal féminin imposé par les hommes de l'époque, le rejet du mariage, la force inaltérable de sa volonté, toutes ces caractéristiques de Sand, tenaient, elles, de l'exceptionnel en effet et d'une personnalité hors du commun.

Si aujourd'hui on la voit comme « la bonne dame de Nohant », douce et sans danger, il faut savoir qu'à ses débuts elle fait scandale, et elle fait peur. Le scandale d'ailleurs concernait bien moins ses attitudes que ses écrits : ses trois premiers romans, Indiana, Valentine et « l'abominable Lélia », comme l'appelait le critique Jules Janin dans son feuilleton du Journal des Débats, sont trois brûlots contre le mariage, dans lequel le mari est trompé, l'amant apparaît comme un lâche et la femme magnifiée par sa révolte contre les conventions sociales et le pouvoir masculin. Engagés pour la « réhabilitation de la femme », ainsi que George Sand le formulait, ses romans s'ouvrent ensuite à la révolte sociale en faveur des ouvriers et des pauvres (Le Compagnon du Tour de France), à la révolte politique contre la royauté et pour la République.

George Sand ne correspondait pas aux beautés de l'époque. Elle était une petite femme et elle avait le teint très mat, alors qu'il fallait être pâle au XIXème siècle pour être un canon de beauté. Mais son talent et sa générosité ont contribué à son charme. Elle était irrésistible. Elle a eu de nombreuses conquêtes.

Femme de lettres et de tête, amante aux multiples conquêtes et mère attentionnée, muse de la révolution de février 1848 et chroniqueuse subtile des sentiments les plus intimes... George Sand aura été toutes ces femmes, une et multiple, moderne avant l'heure, libre et obstinée. Une rebelle absolue et une scandaleuse avec pour seuls guides ses élans du cœur et ses convictions politiques.


PRINCIPALES SOURCES
Outre la biographie d’Ysabelle Lacamp (« George Sand, non aux préjugés » (Acte Sud junior, 2019) et les articles de Wikipédia, je renvoie aux références et liens suivants :
• https://vivreparis.fr/portrait-de-femme-qui-a-marque-paris-george-sand/
• http://georgesand.artiste.free.fr/pdf/Les%20amants.pdf
Secrets d’histoire a également consacré, en 2016, une émission à la « bonne dame de Nohant ».

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