La tentation du velours 11

- Par l'auteur HDS Orchidée -
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Auteur femme.
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Récit libertin : La tentation du velours 11 Histoire érotique Publiée sur HDS le 16-08-2015 dans la catégorie Entre-nous, les femmes
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La tentation du velours 11
Ma chère Lola.

Tu as vu l’affiche à un arrêt de bus à Orléans ? Imagine qu’à Paris, elle est placardée en géant dans les stations de métro. Je ne peux pas faire vingt pas sans tomber nez à nez avec mon image sur ce canapé, les gens se retournent sur mon passage. Le travail de Katia est remarquable, c’est ce qu’on appelle de l’érotisme suggéré. Tu demandes si ça me dérange que des inconnus voient mon cul et imaginent mes seins ?
Franchement non, je suis fière de mon corps avec une telle mise en valeur.

Mon oncle Alain, après avoir vu la pub dans un magazine français, a fait le voyage de Londres pour me féliciter. On a parlé de la Sorbonne, les cours commencent dans un mois et demi. Je les suivrai en alternance avec le métier de mannequin. La possibilité d’une carrière ne se refuse pas d’après lui. Il m’a aussi accompagnée à la banque, la somme reçue pour ce contrat est simplement phénoménale.
Sa présence a évité qu’on me fasse signer n’importe quoi. D’ailleurs, je l’ai désigné pour gérer mes comptes. Alain m’a présentée à un ami à lui, avocat d’affaires. Ce dernier accepte de m’épauler en cas de besoin. J’ai demandé combien cela allait me coûter, ma remarque les a amusés. « Pas un rond si je ne fais pas plus de soixante heures de travail par semaine à cause de vous. » a ri le sympathique avocat.

Invitée à une réception au siège de la marque, j’ai croisé Katia au bras d’un homme raffiné d’une cinquantaine d’années. Elle m’a accordé un baiser à la Russe, sur les lèvres. J’ai fantasmé sur ce baiser toute la soirée. Cette femme possède un charme fou, un charisme étonnant. Une nuit d’amour dans ses bras, doit être le pied. Tu dois me trouver incorrigible, ma petite Lola. Il y a moins de trois mois, j’arrivais de ma campagne comme une oie blanche. C’est ma revanche sur la vie, sur l’injustice dont j’ai été victime. Alors oui, Katia sera à moi pour un moment de plaisir pur. Qu’elle lèche ses doigts mouillés de ma cyprine après la séance de l’autre jour était un message, les femmes ne la laissent pas insensible.

Les problèmes rencontrés lors de ce shooting illustrent bien les difficultés du métier, mais je me sens prête à relever le défi. La représentante de la marque qui était présente a tout rapporté à ses supérieurs, du moins tout ce qu’elle en sait. Le conseil d’administration a sans doute mis mon comportement au rang des caprices de star, car un contrat m’attendait, clou d’une soirée riche en émotions diverses.
Me voici donc l’image officielle de la marque pour un an, avec six campagnes publicitaires à effectuer, et des présences à honorer lors de soirées de gala. On ne m’impose que d’être belle et de porter leur parfum, rien sur mon éventuel comportement.

Incapable de tenir ma langue, j’ai reconnu mon homosexualité. La réponse du grand patron est tombée, sans appel : je dois jouer le jeu si on me demande de faire une pub avec un homme, j’ai le droit de m’afficher avec une femme au cours des galas. La marque se targue de ramener les jeunes vers le parfum de luxe d’une grande maison, autant jouer la carte de l’ouverture d’esprit au début du XXIème siècle. J’ai demandé à ce qu’on envoie la copie du contrat à mon avocat d’affaires afin d’éviter toute mauvaise surprise après la signature.

Lors d’un passage au Nix Café avec Sandrine, peu avant la fin de ses vacances, les regards se firent insistants dans ma direction. Ma surprise fût grande de voir l’affiche en bonne place derrière le comptoir. La barmaid devenait au fil du temps une excellente copine, au point qu’on s’installait rarement à une table afin de profiter de sa présence.
Cathy avait donc trouvé judicieux de mettre mon image à la vue de toutes.

– C’était trop tentant, gloussa-t-elle après avoir posé trois cocktails devant nous. J’espère que tu ne m’en veux pas. C’est ma tournée.

Son rire fut contagieux. Âgée d’environ vingt-cinq ans, Cathy représentait l’archétype de la lesbienne patentée. Les cheveux noirs, courts, effilés aux pointes (carré court déstructuré dirait ma coiffeuse) dont une mèche couvrait l’œil gauche, un visage ovale, le nez un peu épaté à la base sur une bouche charnue, la lèvre inférieure ourlée au point que le menton semblait en avant, elle avait tout de la femme de caractère.

Le tee-shirt noir sans manches à col rond, brodé d’une tête de tigre, ample au point de casser les rondeurs que toutes les filles ont au niveau de la poitrine, un jean droit remonté au trois-quarts des fesses laissant visible le haut d’un caleçon, la serveuse affichait son orientation sans complexe.

Malgré ce look masculin exagéré, très butch branchée, je lui trouvais un côté charmeur désarmant, dû à son sourire sans doute, certainement aussi au bleu de ses yeux sous la tignasse noire.
La fréquentation en semaine n’atteignant pas des sommets, la serveuse en salle prépara souvent les commandes, Cathy se contenta de remplir et de vider les paniers du lave-vaisselle. L’amicale complicité entre elles ne faisait aucun doute, les deux serveuses du Nix ne couchaient pas dans le même lit. Et quand le calme le permettait, l’une des deux assurait la grosse part du boulot, laissant à l’autre le loisir de se détendre.

« Couche ? Ne couche pas ? Avec qui ? » Sous une apparence policée, les mêmes questions se posent en leitmotiv dans la tête des mecs ou des nanas dans un bistrot, qui reste avant tout un lieu de rencontres, de convivialité. La différence se fait sur la façon d’obtenir les réponses, j’adore les attitudes spécifiques employées par les filles pour arriver à leur fin. Certains hommes, c’est vrai, sont capables de finesse ; mais, Lola, combien en connais-tu qui savent interpréter nos silences, les non-dits qui parfois meublent nos conversations ?

Sans le chercher vraiment, par distraction ou par désir de tranquillité, Sandrine et moi laissions parfois planer le doute au sujet de notre relation amicale ou, au choix, de notre liaison amoureuse. Les avances directes d’une nana me donnèrent envie de pousser le jeu plus avant, tant pis pour ma réputation. Si j’avais éprouvé une attirance quelconque pour cette fille, mon comportement aurait été bien sûr différent.

– Tu bois un verre ? Lança l’inconnue insensible au fait d’interrompre la conversation, posant une main sur mon bras.

– Si mes deux amantes sont invitées aussi, fis-je avec naturel, ce sera un plaisir.

La fille disparut sans demander son reste. Plusieurs, ce soir là, tentèrent une approche plus ou moins diplomate. Je les remis en place avec tact, un humour que je me découvrais et qui faisait la joie de mes acolytes. J’étais jeune, l’avenir me souriait, alors mon esprit facétieux se nourrissait de la moindre occasion.
Bien vite, par une belle connivence, elles entretinrent aussi l’illusion d’une relation amoureuse à trois. Vers minuit, plus personne n’osa nous approcher.

Profitant d’une courte absence de Cathy en fin de soirée, Sandrine se pencha à mon oreille.

– Tu veux que je vous laisse ?
– Pourquoi tu me demandes ça ? fis-je, davantage contrariée d’être découverte que d’avoir eu des pensées érotiques.

– Á d’autres, ma belle. Tu as envie d’elle, et je pense qu’elle a envie de toi.

L’absence de jalousie me rassura. Sandrine, comme moi, prenait du bon temps sans jouer de la fibre sentimentale. On finissait par se connaître comme des amies d’enfance, capables de lire les pensées de l’autre. Et la serveuse me plaisait en effet. Mais à aucun moment l’idée d’abandonner l’une au profit de l’autre ne m’avait effleurée. Concrétiser le côté sexuel du triangle amoureux m’attirait davantage.
– Non, on va toutes les trois chez moi à la fermeture.
Ce n’était même pas une question.
– Tu plaisantes ? Se permit Sandrine dont les yeux roulèrent d’étonnement dans les orbites. Tu veux vraiment que nous trois…– Cathy ne te plait pas ? demandais-je, persuadée du contraire. Dommage.
Ma copine sentit aussitôt mon désir de partager avec elle ce moment particulier. Me retrouver seule dans un lit avec la serveuse ne m’intéressait pas.
– Je n’ai pas dit ça, me sourit-elle, à la fois inquiète et intéressée. Tu sais comment t’y prendre pour l’amener à… ? Tu vois ce que je veux dire.
Cathy reprit sa place face à nous de l’autre côté du comptoir. La mine embarrassée de Sandrine m’incita à prévenir tout accroc au schéma que je me faisais de la suite de la soirée.

– On n’a pas abordé le sujet, tu as une copine ?
– Pas en ce moment, non, reconnut Cathy sans se méfier.
Un soupir escamota son sourire une demi-seconde, la pauvre semblait perdue entre le fatalisme et la nostalgie.
– Le fait de travailler au Nix n’arrange pas les choses, argua Sandrine avec tact. Soit tu leur fais peur, soit elles se croient tout permis.
– C’est ça. Je n’ai pas envie de m’engager sur le long terme, mais une relation épisodique est compliquée avec une cliente du bar. J’ai essayé, c’est la prise de tête.
– Tente le coup avec deux en même temps, osai-je, l’air de rien, comme pressée d’en finir avec une discussion sérieuse.
– Ah oui ! s’esclaffa Cathy, persuadée de mon humour décalé. Avec vous, peut-être. Tu serais bien embarrassée si je te prenais au mot. « La serveuse, la vendeuse d’assurances et le top model », quel titre pour un article dans le Jeanne (magazine lesbien).

– Si je dis que je te prends au mot, tu vas croire que c’est une autre blague. Alors je préfère me taire et laisser parler l’agent d’assurances.
– Tous les risques sont couverts par la maison, plaçat Sandrine décidée à jouer le jeu, tu peux profiter d’une période d’essai gratuite.
Nos rires attirèrent les regards dans notre direction.

Cathy se laissât attirer avec une déconcertante facilité. Draguer une fille alors que j’étais avec une autre n’avait rien d’évident, plusieurs fois j’ai eu peur de l’entendre décliner l’invitation. On réussit cependant à éviter les quiproquos, et le désir grandissant de Sandrine de m’aider à assouvir mon fantasme permit de décanter la situation. La porte de mon studio refermée, chacune de nous trois savait de quoi la nuit serait faite.

– C’est mimi chez toi, reconnut Cathy en faisant le tour des posters suggestifs disposés un peu partout. Tu ne m’en voudras pas si je pique ton idée de la déco ?Non, bien sûr, répondis-je en plaquant une main sur ses fesses, geste qui ne souleva aucune protestation. Dis-moi les scènes de films qui t’intéressent, je te les aurai.

Sandrine mit une musique d’ambiance en fond sonore, nous rejoignit et nous enlaça.

– Moi, j’aimerais une grande photo d’Anaïs, en un peu plus chaud. On pourrait demander à sa photographe russe de nous arranger ça.
– Excellente idée, s’exclama Cathy, une photo de notre superbe Anaïs en train de jouir sous les doigts de la photographe.
Car je leur avais conté l’histoire.

Non par précipitation, mais pas sans intérêt, on se déshabilla mutuellement dans un étrange ballet à quatre mains sur le corps de la troisième.
Les regards se firent d’abord discrets, presque sournois. Chacune épiait la nudité des autres en douce. Puis vint le moment de la comparaison, accompagnée des premiers attouchements subtils, l’air de rien. Aux seins larges de Sandrine et aux miens fiers d’en imposer, répondirent les petites pommes dures de notre nouvelle amie. Nos carrures aussi différaient, la silhouette en rectangle de Cathy marquait une morphologie longiligne. Immanquablement, nos toisons pubiennes attirèrent les attentions. J’avais eu recours à l’épilation définitive au laser, ainsi le maillot ne demandait plus d’entretien, j’étais débarrassée des poils sur le sexe et entre les fesses. Sandrine arborait un joli triangle à ma demande, le pubis lisse de Cathy tendait à la faire passer pour une jeunette. Le bleu de ses yeux brillait pourtant d’un désir de femme accomplie.

On grignota du fromage avec de la salade composée, la barmaid ayant l’habitude de manger un peu après son service. Très sage vis-à-vis de l’alcool lors de la soirée au Nix, Sandrine se penchât avec intérêt sur le contenu de quelques bouteilles. La nervosité la rattrapait visiblement. Je réussis à lui imposer une vodka lemon légère. Complice, Cathy joignit ses efforts aux miens pour ne pas la laisser sombrer.
Notre copine se détendit quand on échangea notre premier baiser à trois, langues et souffles mêlés. Les mains balbutièrent les premières caresses à venir. Enfin le lit grinçât de recevoir nos corps enchevêtrés.
Aucune de nous ne se précipita. Le jeu d’observation reprit, entrecoupé de quelques bises ça et là, d’effleurements subtils. Bras et jambes en mouvement, frottements des corps, de la peau, des poils, une lente découverte des autres, un univers à trois qu’il nous fallait apprivoiser avant d’en venir à l’essentiel.
On passa un moment à s’embrasser à deux, à trois, du baiser tendre au bouche-à-bouche violent, voluptueux échanges de salives. Là encore, mon attention se focalisa sur la beauté des gestes en gros plan, sur les langues en mouvement dans les bouches, sur les souffles précipités s’échappant des narines.
J’assistais en spectatrice privilégiée à la montée de nos désirs, et la flamme dans les regards de mes amantes décrivait le même bonheur d’être à la fois actrice et observatrice. La communion de mes sens était complète pour la première fois.

Les mains et les bouches se croisèrent ici et là sur les peaux fiévreuses des seins dressés et des ventres torturés par le désir. Tour à tour, Cathy et moi nous encourageâmes Sandrine à davantage d’audace, à caresser la courbe d’une hanche, à enjôler un téton, à embrasser un nombril, à masser un pubis, à tous ces gestes impudiques qu’elle semblait avoir oubliés.
Cathy se faufila entre ses cuisses, puis écarta délicatement les grandes lèvres. Sandrine se laissa aller à une plainte d’encouragement. La jolie brune lécha le sexe ouvert avec application.

– Elle mouille, me fit-elle constater d’un baiser rapide mais profond, avant de replonger dans la vasque fleurie.
Surprendre au plus près cette langue flirter avec les chaires suintantes de sa victime me mit dans un état indescriptible. Une main dans la toison de Sandrine, un doigt sur son clito, je me caressai de l’autre sauvagement. Regarder était un plaisir nouveau, différent de faire ou de recevoir, mais d’une intensité remarquable.
– Oui, prends-la avec ta langue. Enfonce là bien.

Cathy n’avait pas besoin d’encouragement, le plaisir d’offrir se lisait sur ses traits déformés. Le véritable bonheur sexuel était là, sous mes yeux ébahis. Rien à voir avec un orgasme à atteindre à tout prix ou une performance à réitérer. C’était, l’espace d’un instant, devenir tout pour l’autre, sa maîtresse et son amante à la fois, savoir que le chemin à parcourir peut être aussi bon qu’une fin en apothéose.
On la guida ensemble sur le chemin tortueux de son plaisir, Cathy par son cunni, moi par une branlette autoritaire de son clitoris. Á son premier orgasme, l’instinct de notre amie refit surface. Elle se libéra.
– Jouis, ma chérie, la poussai-je d’une voix que je ne me reconnaissais pas. Tu es merveilleuse quand tu jouis.
Sandrine ne demanda rien d’autre, et se laissa aller sans retenue. Quand les spasmes cessèrent, Cathy et moi échangeâmes un baiser fiévreux au goût de la liqueur de notre amie.

Puis les langues explorèrent d’autres intimités, parfois sans savoir à qui elles appartenaient. On fit l’amour longtemps et doucement, sans débordements, sans autres accessoires que nos doigts et nos lèvres gourmandes. Chacune reçut les caresses et les baisers des deux autres. On contrôla au mieux les montées de nos jouissances afin de prolonger la magie de l’instant, de ne rien précipiter dans notre folie.
Enfin, corps et sueurs mêlées, l’inéluctable du plaisir nous surprit à tour de rôle. Les langues s’activèrent sur les clitoris sensibles, les doigts fouillèrent les nymphes délicates. Les orgasmes se succédèrent, se chevauchèrent parfois dans une litanie de plaintes et de feulements rauques.
Après une pause faite de baisers savoureux on recommença en inversant les rôles de complices et de proie, en variant les positions, jusqu’à de nouvelles jouissances, plus douces et plus longues à venir.

Un en-cas réparateur s’imposa dans la cuisine, puis on alla se serrer dans le grand lit.
Hasard ou volonté délibérée de mes deux complices, je me retrouvai au milieu. Cathy et Sandrine autour de moi m’accordèrent une lente masturbation en guise de « bonne nuit ».
Ce fut long, presque douloureux. Pourtant, leur science amoureuse eut raison de ma fatigue, je jouis encore sous leurs doigts avant de m’endormir repue, heureuse.

Le lendemain au réveil, chacune dévisagea les deux autres comme une gamine aurait observé ses complices après une énorme bêtise faite en commun, à part égale. Le sentiment de culpabilité disparut vite au profit d’une discussion sur les bonobos, ces singes qui ont des rapports sexuels sans intentions reproductrices, juste pour assouvir un besoin de paix sociale. La comparaison nous fit rire jusqu’au petit déjeuner.

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