Récits érotiques de la mythologie (6). Cassandre, la victime

- Par l'auteur HDS Olga T -
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Récit libertin : Récits érotiques de la mythologie (6). Cassandre, la victime Histoire érotique Publiée sur HDS le 01-06-2018 dans la catégorie A dormir debout
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Récits érotiques de la mythologie (6). Cassandre, la victime
Après Clytemnestre, la reine adultère et meurtrière, nous allons parler du destin de Cassandre, une des victimes de la tragédie des Atrides, puisque Agamemnon l'avait ramenée dans ses bagages comme captive et concubine.

Cassandre est la fille de Priam, roi de Troie et d'Hécube, son épouse. Elle porte parfois le nom d'Alexandra en tant que soeur de Pâris-Alexandre.

Elle reçut d'Apollon le don de dire l'avenir mais, comme elle s'était refusée à lui, il décréta que ses prédictions ne seront jamais crues, même de sa famille.

COMMENT PEUT-ON SE REFUSER A APPOLON ?

Cassandre était connue pour sa très grande beauté, « semblable à l'Aphrodite d'or » nous dit Homère, ce qui amena Apollon à tomber amoureux d'elle. Il lui accorda le don de prophétie en échange de leurs futurs ébats.

Cassandre était une ingénue : elle se promit à lui en échange de l'apprentissage de l'art de la divination. Mais une fois instruite, elle n'accorda Apollon qu'un simple baiser en se moquant de sa naïveté.

Le dieu, qui ne pouvait reprendre le don qu'il avait octroyé, lui cracha dans la bouche, lui retirant ainsi le pouvoir de persuasion et malgré l'exactitude de ses prédictions, on ne la crut jamais. Dans une autre version elle passa une nuit dans le temple et elle fut surprise par Apollon qui voulut la séduire mais elle lui résista et Apollon se vengea.

C?est ainsi que Cassandre prévint Pâris que son voyage à Sparte l'amènerait à enlever Hélène et causerait ainsi la perte de Troie.

Lorsque Pâris ramena Hélène à Troie, Cassandre fut la seule à prédire le malheur, alors que les Troyens étaient subjugués par la beauté de la jeune Grecque et considèrent que Cassandre était jalouse d?Hélène.

Elle avertit également que le cheval offert par les Grecs était un subterfuge qui conduirait Troie à sa perte. Plus Cassandre voyait l'avenir avec précision, moins on l'écoutait. En bref, on la prenait pour une folle.

UNE BEAUTE « FATALE »
Cassandre répandait le malheur autour d?elle : son fiancé Corèbe, prince phrygien, prit part au combat, malgré les avertissements de Cassandre, et fut tué sur le champ de bataille. Selon Homère, elle eut un autre fiancé : le roi Priam avait promis la main de sa fille à Othryonée, habitant de la ville de Cabésos, en échange de sa participation à la guerre, mais Idoménée tua ce dernier d'un coup de lance dans le ventre. Les princes étrangers qui courtisaient Cassandre, luttant aux côtés des Troyens, tombèrent sous le coup des guerriers grecs ; Cassandre était ainsi vouée à rester seule et ne se maria jamais.

Cassandre était une arme de séduction entre les mains de son père. Télèphe, fils d'Héraclès, refusa de combattre contre Troie à la demande des Grecs. Le père de Cassandre, Priam, sollicita le fils de Télèphe, Eurypyle, de prendre son parti et de conduire ses hommes à la guerre avec les Troyens. Priam parvint à convaincre Eurypyle de le rejoindre : la récompense était un pied de vigne d'or divin. Priam aurait surenchéri en offrant la main de Cassandre.

CASSANDRE, SYMBOLE D?UN CRIME ABOMINABLE : LE VIOL
Pendant que les soldats grecs envahissaient la ville, Cassandre, qui s'était réfugiée près du Palladium, fut violée par Ajax, fils d?Oïlée, roi de Locride, alors qu'elle s'agrippait à la statue d'Athéna.

Cette scène terrible a fait l'objet, depuis l?Antiquité, de nombreuses évocations.

La scène figure en particulier sur un vase trouvé à Nola, en Campanie : « Ajax arrache Cassandre à la statue d'Athéna ». Cette céramique attique à figures rouges, qui date de 480-475 av.JC est au musée archéologique de Naples.

Cassandre est représentée nue, avec seulement un manteau sur les épaules. D'un bras, elle s'accroche à la statue d'Athéna, de l'autre elle implore Ajax ou semble vouloir lui parler. Elle est assise devant lui dans une position de vulnérabilité, mais l'épée que brandit Ajax sur elle ne lui fait pas peur : son regard est tourné vers lui. Elle ne fuit pas le danger, au contraire : elle est calme, aucune peur ne semble l'habiter, contrairement aux personnages derrière elle qui se bouchent les oreilles. Cassandre semble vouloir demander à Ajax pourquoi il fait cela, pourquoi tant de violence l'habite.

Ajax, quant à lui, est représenté debout, armé de pied en cap, surplombant un homme inanimé, sûrement mort, à ses pieds ; d'une main il brandit son épée contre Cassandre, de l'autre il lui agrippe les cheveux, pour tirer sa tête en arrière. Rien ne semble l'arrêter, même s'il paraît surpris par l'attitude calme et si mature de Cassandre.

La statue que Cassandre entoure de son bras est celle d'Athéna. Cette statue domine les deux personnages, et la lance que tient la déesse semble protéger Cassandre en étant pointée vers Ajax. C'est peut-être le signe que la déesse va venger Cassandre, en punissant le sacrilège commis par Ajax en violant Cassandre dans un temple sacré. Et de fait, pendant le retour des Grecs dans leur patrie, Ajax périra dans un naufrage, châtié par Athéna et par Poséidon.

Sur ce vase, Cassandre est montrée comme un exemple pour toutes les femmes : elle prend sur elle et au lieu de se laisser aller, elle se défend par la parole et non par la force. Elle croit en Athéna, et elle a raison, car si Athéna est la déesse de la guerre, elle est aussi celle de la sagesse. Cette scène est donc très ambiguë, ce qui en fait la beauté et la valeur.

Est aussi très connue une fresque de l'atrium de la maison de Ménandre, à Pompéi, datant de 50-79 apr.JC, elle aussi au Musée national de Naples : « Ajax violentant Cassandre dans le temple d'Athéna »
Cassandre est au centre de la composition. Elle est à genoux, à moitié dénudée. Elle s'accroche à la statue d'Athéna pour tenter d'échapper à Ajax, qui la tire par le bras. Cassandre lève les yeux au ciel, et tout son corps est tourné vers la statue d'Athéna. Elle semble déterminée à ne pas se faire enlever par Ajax. Nous la voyons lutter de toutes ses forces. Elle est représentée ici comme une femme forte et non vulnérable, qui ne se laisse pas dominer par la violence d'Ajax. Pourtant son regard vers le haut semble être aussi un regard de lamentation : elle est désespérée, car elle avait prévu la chute de Troie, mais personne ne l'avait crue.


Cassandre parle à Apollon, qui lui a donné son pouvoir de divination mais qui l'a punie en lui interdisant d'être crue par les autres. Sur cette fresque, le regard de Cassandre exprime cela, en plus d'une prière à Athéna.

Ajax est représenté en armes, pour signifier la violence des Grecs envers les Troyens. Les nombreuses lignes droites dessinées par l'angle du mur, les lances des deux personnages et de la statue et les positions en triangle des jambes des deux protagonistes, tout dans la composition insiste sur cette violence. L'artiste se range ici du côté des Troyens et semble vouloir dénoncer cette violence des Grecs, ce qui peut s'expliquer par l'influence de l'Enéide de Virgile dans les milieux romains éduqués, depuis la fin du Dernier siècle avant JC.

Cette oeuvre illustre très bien la violence de la guerre et notamment du viol. Depuis que la monstruosité de la guerre existe, les vainqueurs ont souvent eu la tentation de marquer leur victoire en profanant les épouses et les filles des vaincus, de même que les survivantes étaient réduites à l?esclavage et à devenir les concubines des vainqueurs. Cette pratique abominable n?a pas hélas été réservée à l?Antiquité et s?est hélas perpétuée jusqu?à des conflits récents.


Une dernière oeuvre, « Cassandre implorant la vengeance de Minerve contre Ajax » de Jérôme-Martin Langlois (1779-1838), peinte en 1810, est au Musée des Beaux-Arts de Chambéry. Langlois est un néo-classique, élève du peintre David.

Au centre de l'oeuvre, on voit Cassandre nue : c'est la seule personne présente au premier plan. Elle est le seul point éclairé dans la pièce, tout autour d'elle est sombre. Ses mains semblent menottées derrière son dos, elle est adossée à un pilier surmonté d'une flamme : c'est l'autel d'Athéna (Minerve chez les Romains). Cassandre, le menton levé vers le ciel, semble lui adresser une prière muette de vengeance contre Ajax. Elle est étendue sur un drap, sûrement la robe qu'elle portait avant de se faire violer ; cela peut symboliser le fait qu'elle vient de perdre sa virginité.

Au second plan, on voit un tissu rouge qui cache l'inscription d'Athéna gravée sur le marbre : ce rouge symbolise la violence du viol. Sur ce tissu, on aperçoit une épée, renforçant l'impression de violence déjà présente sur ce tableau. Ce manteau rouge et cette épée appartiennent sûrement à Ajax, car c'est un uniforme de soldat qu'il a dû enlever pour violer Cassandre. Ce viol dans un temple sacré indique qu'Ajax ne respecte pas la déesse ; de plus, ce geste sacrilège est renforcé par ces effets posés avec désinvolture au pied de la statue.

Au dernier plan, on aperçoit un homme, un soldat, en train de poignarder une femme : sûrement une autre femme venue se réfugier auprès du temple d'Athéna, mais tuée par Ajax qui en a fini avec Cassandre.


Cette oeuvre est très touchante, car elle représente Cassandre démunie de toute défense, priant en toute simplicité. C'est une scène très violente, car il s'agit d'un viol mais il y a néanmoins une certaine délicatesse et une beauté dans les traits de Cassandre. En effet sa réaction est très mature, elle ne pleure pas, ne cherche pas à courir ou à se suicider ; non, elle lève son visage et continue d'espérer.

Lors du retour des Grecs chez eux, Ajax périra en mer Égée. Voulant rentrer en Locride, Ajax, lors d'une tempête déclenchée par Apollon, fait naufrage. Parvenu à se réfugier sur un rocher, il est sauf, grâce à Poséidon, mais n'a plus aucun vaisseau. Depuis ce refuge, il maudit les dieux : Poséidon fend le rocher d'Ajax d'un coup de trident, puis une vague l'engloutit pour le punir.

VICTIME EXPIATOIRE DE CLYTEMNESTRE
À la suite du drame, Cassandre fut retrouvée par les Grecs, qui décidèrent de l'épargner à la demande d'Agamemnon, celui-ci la trouvant à son goût et en tomba amoureux fou. Rentré dans son royaume, il fut assassiné par Égisthe, l'amant de son épouse Clytemnestre, laquelle était furieuse de cette liaison et de l'immolation de sa fille Iphigénie. Elle poursuivit Cassandre et l'assassinat à son tour. Cassandre avait eu au préalable une vision de son propre meurtre et de celui d'Agamemnon, mais ce dernier n'avait pas voulu la croire. Elle mourut sans regrets, ayant assisté au massacre de sa famille.

POURQUOI CASSANDRE ?

Certains de mes lecteurs habituels se demanderont pourquoi avoir choisi de parler, dans cette rubrique consacrée aux personnages de la mythologie, de Cassandre ? Cela peut apparaître totalement décalé par rapport aux récits habituellement publiés sur Hds, tout comme cela n'est pas dans la lignée de ce que je publie habituellement, qu'il s'agisse de ma propre histoire, de mes fiches de lectures érotiques, ou encore des personnages de la Mythologie ou encore des « grandes libertines ».

Cassandre est une victime, qui a vécu une existence malheureuse, portant malheur à ceux qui la désiraient. Elle a subi le terrible crime du viol et a fini assassinée. Cassandre n'est, en aucune façon, un personnage aux histoires sulfureuses, elle est même l'antithèse de la belle Hélène, qu'elle égalait en beauté, d'après Homère.

Cassandre apparait en effet comme la contrepartie d'Hélène, elle-même double humain de la déesse Aphrodite. Selon Paul Wathelet, elle s'identifie à la déesse Alexandra, connue en Laconie « où elle est invoquée par les jeunes filles qui veulent se débarrasser d'un fiancé non souhaité ». Son nom a été interprété comme « celle qui écarte les hommes ».

Tous les hommes qui l'ont approchée ont eu un destin funeste : Othryonée et Corèbe, ses fiancés, meurent au combat, Ajax qui est foudroyé, Agamemnon qui est assassiné.

Il n'est pas plus question de réécrire la mythologie que de réécrire l'histoire, et de se demander ce qui se serait passé si Cassandre avait tenu sa promesse envers le dieu Apollon. Et donc si ses prophéties avaient été prises au sérieux.

J'ai choisi de parler du personnage de Cassandre, car en toute femme, fut-elle libertine ou hypersexuelle, il y a une Cassandre.


A travers Cassandre, j'ai d'abord voulu dénoncer ce crime abominable qu'est le viol et notamment en tant que crime de guerre, pratique barbare de la loi des vainqueurs sur le corps des femmes.

A une époque où les consciences se sont réveillées à la suite de l'affaire Harvey Weinstein (pour ma part, j'aurais tendance à dire « Weinschwein ») et des mouvements qu?elle a déclenchés, comme « Meetoo » ou « Balance ton porc », Cassandre est un symbole, qui traverse les époques.

Toute femme, même la plus libérée, même assumant, comme moi, son hypersexualité et donc « ouverte » à toute nouvelle rencontre, a le droit de dire non. Oui, Cassandre avait le droit de dire non, même au bel Apollon !

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