Mister Hyde - 20 et 21

- Par l'auteur HDS LVolante -
Récit érotique écrit par LVolante [→ Accès à sa fiche auteur]
Auteur homme.
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Récit libertin : Mister Hyde - 20 et 21 Histoire érotique Publiée sur HDS le 16-06-2019 dans la catégorie Dominants et dominés
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Mister Hyde - 20 et 21
20–
Frédérique s’était lovée contre Frédéric depuis cinq minutes à peine. Marc avait été le premier à abandonner la partie, vers cinq heures du matin. Il s’était effondré sur le lit et ronflait comme un bienheureux. Un peu moins d’une heure plus tard, ce fut au tour de Frédéric. Il s’était endormi, nu, assis dans le canapé. Seul Julien était encore éveillé, même s’il n’allait pas tarder à sombrer à son tour. Lui, s’était montré vigoureux et insatiable jusqu’au bout de la nuit. Il gémissait encore du plaisir que la bouche de Frédérique venait de lui offrir. Combien de fois l’avait-elle sucé ? Ils n’en étaient plus à tenir les comptes. Ce qui était certain, c’est qu’il venait de vivre la plus merveilleuse expérience de fellation de toute sa vie. Face au dégoût qu’affichait Frédérique du temps de leur brève relation, il n’avait pas insisté. Il regrettait aujourd’hui son manque de persévérance et se promit, tout en s’endormant, de ne pas commettre la même erreur avec sa prochaine conquête.
Le léger ronflement de Julien vint s’ajouter aux respirations détendues des deux autres hommes. Frédérique, seule désormais, repensa à sa nuit. Elle se serra un peu plus contre le corps de son Maître dans un remerciement muet. Il lui avait offert un cadeau formidable, la réalisation de son fantasme le plus secret : être prise à la fois par tous ses orifices. Elle lui rendit grâce de ne pas l’avoir forcée à recevoir en même temps deux sexes dans l’anus ou le vagin mais sans doute savait-il qu’elle n’aurait accepté que de mauvaise grâce malgré le plaisant souvenir qu’elle gardait de cette expérience lorsque Frédéric et Marc l’avaient ainsi possédée quelque temps auparavant. Elle sourit. Son Maître… Il savait si bien jusqu’où ne pas aller. Elle caressa la laisse qui pendait toujours à son cou et en glissa la poignée entre les doigts de l’homme. Quoiqu’il adviendrait d’eux, il resterait son Maître à tout jamais et elle serait sa chienne jusqu’au bout de la vie. Jamais, décida-t-elle, elle ne se donnerait à un homme comme elle s’était offerte à lui. Jamais un autre homme que lui ne l’entendrait l’appeler « Maître ». Elle posa sa main sur le cœur de son homme et elle lui en fit la promesse. Alors, seulement, elle se leva pour répondre aux gazouillis de petit Franck. Elle quitta son costume de soumise et revêtit celui de mère.
***Franck attendait, debout dans son lit, fermement agrippé aux barreaux du berceau. Il fredonnait des sons sans suite qui semblaient dire : « Maman, Maman, je suis réveillé et je t’aime ! ». Quand elle ouvrit la porte, il lui lança un regard qui la bouleversa. C’était un concentré d’Amour de bienveillance et de tendresse. Le même regard que son père avait parfois pour elle, quand il pensait qu’elle ne le voyait pas. Franck lui tendit la main et elle reçut un second choc : les petits doigts disaient « je t’Aime ! », tout comme ceux de Frédéric, quand il la relevait après un orgasme particulièrement intense.
Est-ce à ce moment qu’elle réalisa que Frédéric exigeait rarement pour lui-même et qu’en matière d’orgasme elle était, et de loin, sa débitrice ? Peut-être. Mais elle prit Franck dans ses bras et l’entraîna dans la cuisine.
***Il ne faisait pas vraiment froid en ce début d’année, elle n’en avait pas moins couvert Franck comme un oignon pour le sortir un peu. Généralement, il jouait à l’étage mais la présence des trois hommes, nus, bien que recouverts par ses soins d’un plaid ou d’une couverture, lui en interdisait l’usage en ce dimanche matin. Elle décida de l’emmener à la toute nouvelle aire de jeux où, moyennant une somme modique, il pourrait s’amuser tout son soûl.
Les employées accueillirent la mère et l’enfant avec un sourire qui en disait long sur leur soulagement de voir s’éloigner une matinée faite d’ennui et de papotages monotones.
Depuis qu’il se tenait debout, Franck cultivait une adoration pour les balançoires et autres chevaux à bascule. Il put s’en donner à cœur joie tandis qu’épuisée, Frédérique somnolait.
***Comme un chat comblé, Julien ronronnait dans son sommeil tandis que Marc ronflait sans se soucier d’importuner les autres. Frédéric, lui, était réveillé. Il avait déjà pris sa douche et son café, fait trois fois le tour de l’appartement à la recherche d’un indice sur la destination choisie par Frédérique pour promener Franck, pris un bouquin qu’il avait reposé sans en lire une page et avait finalement décidé de faire un aller-retour rapide au marché. Peine perdue : le marché du dimanche étant près du port, il ne se sentit pas le courage de se rendre aussi loin pour glaner la pitance du jour. Il déambula néanmoins dans le cœur de la ville, fit étape à l’épicerie puis erra sans véritable but. Parfois, il s’arrêta face à une boutique ou une autre pour en contempler les vitrines visibles à travers les rideaux de fer ajourés. Il ne vit pas Frédérique, assise au bord de l’aire de jeux, le visage tourné vers Franck, qui riait à gorge déployée, sous la garde d’une des employées.
Son corps était tourné vers Franck mais son regard vaguait. Frédérique pensait à sa nuit. À cette folle nuit de plaisirs que Frédéric venait de lui offrir. De fil en aiguille, elle pensa à Julie dont, en retour, elle allait lui faire don. Elle tenta d’imaginer les nuits qu’ils allaient bientôt vivre, tous les trois. Puis, subitement, elle se souvint de Franck. Qu’allait-elle faire de lui ? Le confier à sa mère serait sans doute la plus simple des solutions mais Frédéric en serait contrarié. Il fallait qu’ils en discutent, le plus vite possible, afin de trouver, si nécessaire, une alternative. Aussitôt elle se leva et s’apprêta à récupérer Franck. C’est à cet instant qu’elle le vit, dehors, face à la vitrine d’un magasin de lingerie, avec à la main deux sacs dont l’un d’eux débordait de poireaux. Elle lui fit un signe qu’il ne vit pas ; elle sortit donc pour aller le chercher.
***Frédéric s’installa de façon à jouir du spectacle qu’offrait son fils, riant comme un fou du plaisir que lui donnaient les balançoires et autres chevaux à bascule. Il se plongea dans la contemplation du garçon avec un sourire béat, de telle sorte que Frédérique n’osât pas l’en distraire. Patiemment, elle attendit qu’il prît la parole bien qu’elle bouillît intérieurement.
• Tu as l’air épuisé, lui dit-il au bout de quelques minutes. Tu n’as pas dû beaucoup dormir. Nous allons rentrer et tu iras te reposer quelques heures. Je m’occuperais de Franck et de nos invités.
• Pour la semaine prochaine, glissa-t-elle avant d’être interrompue.
• Nous verrons cela quand tu auras dormi.
Aussitôt, il se leva et se dirigea vers son fils qui lui tendit les bras. Lui aussi avait l’air épuisé, n’ayant pas l’habitude de s’amuser d’une façon aussi intense. De fait, il s’assoupit à l’instant même où il fut assis dans sa poussette.
Le trajet de retour permit à Frédéric de s’enquérir des sensations éprouvées par sa soumise au cours de la nuit. Il fut quelque peu décontenancé de découvrir que la satisfaction ressentie par Frédérique durant la nuit, instillait en lui un poison qui ressemblait fort à de la jalousie. Elle parla de la douceur de Julien et de la rudesse de Marc avec une lueur gourmande dans le regard qui lui déplut. Il tenta, sans succès de chasser les images qui remontaient à sa mémoire. Son agacement n’échappa pas à Frédérique.
***Tout était calme à la maison. Julien et Marc ronflaient encore, vautrés aux endroits même où ils s’étaient effondrés.
Frédéric prit le temps de déshabiller Frédérique et de la coucher dans le lit, près de Marc – mais pas trop près quand même – puis alla s’occuper de Franck. Le petit, toujours dans sa poussette, dormait du sommeil du juste. Frédéric préféra le laisser reposer et vaqua à la préparation des déjeuners, dans la cuisine. Vers midi trente, il réveilla Franck qui fut bougon durant toute la durée de son repas et se rendormit aussitôt la dernière bouchée avalée. Il alla le coucher et tomba sur Marc en sortant de la chambre du petit.
Tout est prêt dans la cuisine, tu n’as qu’à te servir.
Le ton de Frédéric n’était pas vraiment amical, Marc n’insista pas. Julien descendit quelques minutes plus tard. Frédéric les laissa seuls.
***Frédéric veillait sur le sommeil de Frédérique quand il fut dérangé par ses deux complices de la nuit. Ils l’invitèrent à regagner Paris en leur compagnie mais il déclina l’offre et prit congés d’eux avec un soulagement certain.
***Frédéric passa une bonne partie de l’après-midi à s’occuper de Franck. D’abord il le ramena à l’aire de jeu où le bambin s’amusa avec autant de plaisir que le matin puis il le promena à travers les rues tout en lui contant des histoires qu’il inventait au fur et à mesure. Peu importait ce qu’il disait mais le ton de sa voix suivait les inflexions des histoires et réjouissait l’enfant. Rien d’autre ne comptait…Quand ils rentrèrent, Frédérique était levée et les attendait patiemment. Elle avait revêtu une robe chamarrée de couleurs vives et scintillantes qui lui donnait l’apparence d’une fée. Elle lut dans les yeux de son homme le désir qu’il avait d’elle, elle sourit. Durant les quelques heures qui les séparaient du coucher de l’enfant, elle ne serait que charme et tentation et puis, enfin, elle pourrait le remercier de la nuit merveilleuse qu’elle venait de passer.
***Frédéric était fatigué et il aspirait à quelques heures de repos avant d’aller prendre le train de nuit mais, l’incessant babillage de Frédérique à propos de la garde de Franck le week-end suivant, le ramenait constamment à la réalité. Sachant qu’il serait brusque et sans aucun doute blessant, il préféra souffrir en silence et, enfin, le sempiternel ronronnement cessa.
• Fais comme bon te semble mais je continue à penser qu’il n’est pas nécessaire d’éloigner Franck…L’étonnement de Frédérique ne fut pas feint puisqu’il n’avait jamais fait part de cette objection à haute voix. Il l’avait pourtant pensé si fort qu’il était persuadé de l’avoir dit. Il éclata de rire.
• Je suis épuisé ma chérie, s’excusa-t-il. Pour vrai, je n’ai quasiment rien écouté de ton discours, sauf le fait que tu voulais faire garder Franck par ta mère. Tu sais ce que je pense d’elle… mais j’ai pleine et entière confiance en toi et, si tu penses qu’il vaut mieux l’éloigner… Va pour ta mère. De toute façon, c’est son anniversaire dans quinze jours et elle va te tanner pour voir son petit-fils. Prendre les devants n’est pas une si mauvaise idée. Au moins, nous ne l’aurons pas dans nos pattes quand il s’agira de fêter ses un an. Je te laisse donc carte blanche. Et je vais me coucher.
***Dès qu’elle entendit la porte se fermer, Frédérique laissa couler ses larmes.

21–



L’homme qui était dans son lit puait. Pas par manque d’hygiène ou parce que son parfum aurait tourné. Non, il puait le désespoir, son désespoir. Elle le regarda dormir et fit une grimace. Elle quitta le lit, puis sa chambre. Pas question de dormir à côté de cet inconnu.
D’ailleurs, quelle mouche l’avait donc piquée pour qu’elle l’invitât chez elle ? Dans sa chambre, dans son lit. Ce qui lui était apparu comme une évidence quelques heures plus tôt la dégoûtait désormais et la faisait se sentir sale. D’autant plus sale qu’elle avait joui sous son joug.
Elle l’avait rencontré au restaurant, tout à fait par hasard. Il se trouva que la pizzeria était bondée, il ne restait qu’une petite table au fond, près des cuisines où le serveur l’avait installée en s’excusant puis il était revenu pour lui demander si elle accepterait de dîner en compagnie d’un inconnu. Elle avait acquiescé. L’homme s’était montré charmant. La petite quarantaine, ses cheveux noirs parsemés de fils d’argent, il avait parlé de tout et de n’importe quoi avec la maîtrise de celui qui sait parler pour ne rien dire. Elle l’imagina commercial ou communicant, vendeur de vent, dans tous les cas. Mais elle se laissa prendre au charme de sa voix et quand ses propos glissèrent vers une sphère plus intime, elle ne se rebiffa pas. Ainsi, de fil en aiguille, il la tenta puis la conquit. À la fin du repas, elle l’invita chez elle pour, selon l’expression convenue, boire un dernier verre.
L’homme se servit lui-même, avec beaucoup de fougue et un rien de brutalité. Lucile s’abandonna. Elle obéit aux injonctions brèves et souvent impératives de l’homme. Ne pas se poser de question, se laisser emporter par le courant, n’était-ce pas ce que Frédéric lui avait conseillé ? en acceptant que les doigts de l’inconnu la masse et la fouille, elle se rangeait à l’avis du seul amant qu’elle désirait vraiment et elle trouva cela tout aussi reposant que sensuel.
L’homme la prit sans se soucier de ses désirs, sans préambule. Il s’enfonça en elle voracement. Il la tourna, la retourna, tantôt la chevauchant, tantôt se faisant chevaucher par elle. Mais il n’exigea rien qu’elle ne fût prête à lui offrir même si elle craignit, tandis qu’il la mettait en levrette, qu’il n’en veuille à son anus. Mais il la rassura en la pénétrant de la façon la plus classique. C’est pourtant cette crainte qui déclencha leur orgasme conjoint. Elle parce qu’elle venait, fugacement de penser à Frédéric, lui parce que la sentir partir le convainquit de l’accompagner.
Il aurait pu s’en aller après l’avoir baisée mais, comme beaucoup d’hommes, il ne savait pas vraiment comment réagir face à une situation toute nouvelle pour lui. Et puis, il était vraiment fatigué, il s’endormit donc, assuré d’avoir plu et repu de plaisir.
***Lucile s’installa dans le salon avec un bloc de papier à lettre et son stylo plume préféré. Elle n’écrivait pas à Frédéric à chaque fois qu’elle le « trompait » mais cette nuit-là, elle en éprouva l’impérieux besoin : elle avait joui ! et même si elle avait pensé à lui de façon fugitive, c’était le sexe d’un autre qui l’avait préparée à cet orgasme et elle n’avait pas voulu ça. Jamais elle ne voulait ça.
***Franck babillait. Plus il approchait de son premier anniversaire et plus cet enfant était joyeux. Frédérique était sous le charme, Julie fut conquise en un rien de temps par les vocalises du garçon.
• Je suis amoureuse de ton fils dit-elle en souriant à Frédérique mais toi, tu me mets dans tous mes états…Dès le lundi soir, Julie avait imposé sa présence auprès de Frédérique qui n’avait rien fait pour l’empêcher. Après la nuit folle qu’elle venait de vivre, Frédérique accueillit même avec soulagement la venue de son amante. Elle avait besoin de parler de sa nouvelle expérience et l’oreille de son maître avait été close tout le dimanche : il ne s’était, en réalité, soucié que de Franck. A qui d’autre aurait-elle pu se confier qu’à la complice que Julie était devenue pour elle ? elle lui raconta donc par le menu ses sensations et ses orgasmes, le sentiment de plénitude qu’elle ressentit à être prise conjointement par les trois mâles et le vide qui l’envahit quand tout fut terminé. Elle lui expliqua à quel point l’absence du cadenas qui verrouillait son sexe, lui pesait… Elle était tellement accaparée par le récit qu’elle faisait nuit après nuit que c’est à peine si elle prit conscience de l’absence de Frédéric. Elle ne s’en rendit vraiment compte qu’en découvrant le courriel qu’il lui envoya le jeudi en fin de journée.

***Frédéric passa une semaine d’ennui durant laquelle il enchaîna réunion sur réunion. Un gros investisseur allait prendre possession de vingt pour cent de la boîte et il était nécessaire de la lui présenter sous son meilleur jour. À cette occasion, il se demanda s’il ne devrait pas, lui aussi, se séparer des quatre pour cent de participation qu’il y détenait. Après tout, valorisée comme elle l’était, il en tirerait sans doute de quoi vivre sans travailler jusqu’à la fin de ses jours. Cette idée l’occupa tant qu’il en oublia de contacter Frédérique chaque soir. Il ne le fit que deux fois, la seconde, par courriel, juste pour l’informer qu’il viendrait en voiture puisqu’une importante réunion, prévue le vendredi le retiendrait sans doute tard au bureau. Il s’agissait de la venue du nouvel actionnaire dans les locaux de l’entreprise ; il se garda bien de le lui dire, confidentialité oblige… les succursales n’ayant pas été informées.
Ce jeudi soir, il quitta le bureau juste après l’envoie de son mail à Frédérique pour se rendre à l’agence de location où il opta pour un coupé sport : il voulait pouvoir aller vite, quitte à y laisser quelques points de permis.
Vers vingt-deux heures, ce soir-là, il décida d’aller faire un tour pour prendre en main l’automobile et en tester les réactions. Il rejoignit l’A15 par Clichy et fila vers Pontoise et Cergy. Une fois satisfait, il choisit de rentrer par la route. Au feu rouge qui marque l’entrée de Domont, il fut assailli par trois hommes qui l’extirpèrent de la voiture et le tabassèrent d’importance. Combien de temps resta-t-il inanimé sur le bitume ? Nul ne saurait le dire. Il se réveilla à l’hôpital, le corps contusionné et la tête en bouillie.
***Le samedi matin, Frédérique était paralysée par l’inquiétude. Ce fut Julie qui appela la police puis les hôpitaux pour s’enquérir d’un éventuel accident. Elle n’obtint aucune nouvelle concluante.
***À l’hôpital de Pontoise, Frédéric n’émergeait au monde que de brèves secondes cotonneuses. Parfois, il captait un mot ou une phrase avant de replonger dans les abysses de l’inconscience. D’après les premières constatations, il avait été rossé à coups de pied, de matraque et de manche de pioche (ou de batte de base-ball), ses reins et son foie avait été sévèrement touchés ainsi que sa boîte crânienne et son œil droit. En revanche, son cœur battait normalement et sa respiration n’était pas empêchée.
Pendant ce temps, Frédérique, lancée durant quelques jours dans une recherche frénétique, se renfermait de plus en plus sur le monde minuscule constitué par Franck et dont Julie, malgré ses incursions de plus en plus fréquentes, de plus en plus inquiètes, était exclue. Chaque jour, Julie interrogeait son oncle sur d’éventuelles nouvelles mais Frédéric avait bel et bien disparu. Au bout de trois jours, sous la conduite de son amie, Frédérique se décida à déclarer la disparition à la police qui leur répondit qu’étant majeur, ce monsieur pouvait disparaître si l’envie lui en prenait… Une semaine plus tard, la boîte engageait à l’encontre de Frédéric, une procédure de licenciement pour absence injustifiée. Une autre semaine et Frédérique reçut un appel.
***La lieutenant de police Nathalie Martin, en poste au S.R.P.J. de Versailles, posa son téléphone et se dirigea vers le bureau de son chef de groupe. Elle n’avait jamais demandé à être personnellement saisie d’une affaire, elle en avait déjà un certain nombre en portefeuille et, bien que celle-ci ressemblât aux autres par son côté « chien écrasé », elle tenait vraiment à s’en charger.
Nathalie Martin n’était pas un flic comme les autres. Agrégée de lettres classiques, elle avait d’abord été prof. Sa vocation l’avait poussée à choisir une Z.E.P. et elle était heureuse d’y enseigner. D’autant plus heureuse qu’elle était tombée amoureuse. Elle avait choisi de quitter l’enseignement pour la police à la mort de son compagnon, poignardé au sortir d’un de ses cours, par un dealer dont il avait perturbé la transaction. Elle avait attrapé la haine avec la même virulence qu’une maladie incurable.
Depuis dix mois qu’elle était flic, elle végétait dans des histoires sordides, ce ne serait qu’une de plus : un avis de disparition portant sur un homme qui ne lui était pas inconnu – sans doute un type qui abandonne sa famille pour partir dieu sait où… – sauf qu’elle ne croyait pas à cet abandon. Le type en question, elle le connaissait… elle l’avait bien connu. Elle avait en mémoire leur dernière rencontre, leur dernier entretien : « Ta vie a un sens que la mienne n’a plus » lui avait-il dit. Elle se souvenait de l’instant, de la froideur avec laquelle il avait prononcé ces mots, de la vieillesse qui se peignait sur son visage en les disant. Or, elle était persuadée que la paternité avait redonné un sens à cette vie et que jamais, pour tout l’or du monde, il ne serait parti sans y être contraint.
Elle exposa tout cela à son chef de groupe qui fit la grimace. Il allait falloir demander à la brigade de Caen de se dessaisir du dossier pour le rapatrier chez eux : de la paperasse en perspective. Néanmoins, il acquiesça à la requête de sa subordonnée tout en lui conseillant de ne pas trop s’investir dans cette enquête.
• Rester pro ! dit-elle en guise de conclusion, je sais… Je resterais pro, commandant.
L’homme lui lança un regard noir, tous les membres de son groupe l’appelaient Karim et le tutoyaient, pas elle. Il se mordit la lèvre pour ne pas l’envoyer bouler et regretta, une fois de plus, d’avoir fait cette demande d’augmentation d’effectif. Il avait besoin d’un grouillot à qui refiler toutes les affaires sans intérêt et il avait eu « ça ». Putain ! Il aurait mieux fait de se casser une jambe.
***De retour à son bureau, Nathalie Martin consulta les P.V. relatifs aux accidents de piétons dans Paris le jour de la disparition de Frédéric. Elle écuma ensuite les comptes-rendus d’incidents dans les gares et le métro. Naturellement, elle fit chou blanc. Elle sortit quelques minutes, le temps de griller une cigarette et se remémora toutes les infos dont elle disposait.
Elle passa deux jours entiers à ce travail fastidieux mais ne trouva rien de concluant. Jusqu’au moment où elle décida de mettre une alerte sur le nom de Frédéric B***. Et là, Bingo ! Un loueur de voiture signalait un véhicule non rendu, loué par lui la veille de sa disparition. Jusque-là, elle était persuadée que Frédéric était piéton et qu’il avait eu un problème sur le chemin de son travail. Le fait qu’il ait loué une voiture ouvrait de toutes autres perspectives…***Il avait mal partout. Il tenta tout de même de se lever mais il prit rapidement conscience qu’il était attaché. La tête lui tourna aussitôt qu’il fit un effort pour se libérer et il se laissa retomber. Ce n’est qu’alors qu’il prit le temps de regarder l’environnement dans lequel il se trouvait. Tout était blanc et il portait une camisole bleue, ses bras étaient lardés de perfusions et sa poitrine bardée d’électrodes. Et puis il voyait mal, son œil droit était obturé par un pansement. Il appela jusqu’à crier malgré la douleur qui vrilla sa mâchoire. La porte s’entrouvrit assez vite mais se referma aussitôt sans lui laisser le temps d’entrevoir le joli minois de l’infirmière. Deux minutes plus tard, une cohorte de blouses blanche envahissait son espace.
« Qui êtes-vous ? » « Que vous est-il arrivé ? » … Il fut assailli par une myriade de questions auxquelles il ne savait pas répondre. Il tenta de s’exprimer, sa mâchoire le fit terriblement souffrir. À défaut de pouvoir parler, il croisa les bras pour signifier son mécontentement. Enfin, le silence se fit.
Son élocution fut lente et pâteuse, comme quand on essaie de parler la bouche pleine d’une bouillie gélifiée.
• Qu’est-ce que je fous ici ? prononça-t-il en entrouvrant à peine les lèvres.
Il ressentit un grand moment de solitude face au pesant silence qui lui répondit. Aucune des cinq ou six blouses blanche présentes n’osa intervenir. La gêne s’installa, teintant la pièce d’une lumière glauque dans laquelle Frédéric s’abandonna à la colère.
• Qu’est-ce que je fous ici ? répéta-t-il.
Un rictus de douleur déforma sa bouche, les syllabes se perdirent dans la bouillie. À cet instant, il paniqua.
• Vous avez eu un accident dit l’une des blouses, vos reins vont mieux mais nous avons dû vous dialyser en continu durant six jours avant de procéder à une ablation partielle de votre foie. Vous avez deux côtes cassées, plusieurs autres fêlées et votre œil droit nécessite une intervention… • Vous êtes en train de me dire que j’ai été percuté par un char… • Plutôt par des pieds et des battes de base-ball mais le résultat est le même.
• Je voudrais me lever conclu Frédéric en levant son bras attaché au prix d’un gros effort.
• Nous allons vous détacher mais je ne conseille pas de vous lever. Ça fait presque trois semaines que vous êtes allongé, il va falloir y aller progressivement. Une infirmière va venir s’occuper de vous.
Et les blouses blanches sortirent comme elles étaient entrées, à la queue-leu-leu.
***Détaché, libéré des électrodes et d’une des perfusions, Frédéric tenta de se lever. Il constata rapidement que le médecin avait raison : ses jambes le portaient à peine et la tête lui tournait. Il se servit de la perche de perfusion comme d’un bâton de pèlerin et glissa, à la vitesse d’un limaçon, jusqu’au fauteuil installé devant la fenêtre. Au moins, regarder dehors l’aiderait à passer le temps.
Lorsque l’infirmière entra, elle eut la surprise de le voir installé dans le fauteuil en train de siffloter des cris d’oiseaux. La pie qui lui faisait face semblait subjuguée.
La femme l’aida à se lever pour gagner le fauteuil roulant qui allait l’emmener vers la dialyse. Au cours de la manœuvre, il croisa son reflet dans la vitre, il ne se reconnut pas.
***La lieutenant Martin rongeait son frein en attendant le feu vert des médecins. Elle avait la certitude que l’homme qu’on avait retrouvé, visiblement victime d’une agression sauvage, gisant à l’entrée de Domont n’était autre que Frédéric. De toute façon, c’était sa dernière piste : il fallait que ce soit lui ! Elle avait passé des heures, des jours entiers à éplucher les procès-verbaux et les alertes sur le réseau ; et les affaires d’apparence insoluble ne manquaient pas. Celle qui l’intéressait avait été postée par le commissariat de Domont plus de six semaines après le signalement de la disparition de Frédéric par une femme qui se disait mère de son fils. Nathalie repoussait chaque jour (ou presque) la rencontre avec cette femme à qui elle ne voulait annoncer que de bonnes nouvelles malgré l’antipathie qu’elle lui inspirait. Cela faisait plus d’un mois que la disparition de Frédéric avait été portée à la connaissance des services de police, presque sept semaines qu’il s’était dissout dans la nature…Elle fut enfin autorisée à rencontrer le blessé deux jours plus tard. Le chef du service de médecine générale l’ayant auparavant dûment informée que l’homme était l’amnésique et qu’il y avait fort peu de chance pour qu’il retrouvât rapidement la mémoire. Il précisa que, contrairement à la plupart des personnes atteintes par ce trouble de la mémoire, l’homme était serein, comme si son passé ne l’intéressait pas. En revanche, depuis qu’il avait croisé son visage dans une vitre, il ne supportait pas qu’on le fixe, elle devrait y prendre garde si elle ne voulait pas qu’il se refermât comme une huître.
Elle entra, curieusement impressionnée par ce que venait de lui dire le médecin. L’homme lui tournait le dos, installé dans un imposant fauteuil d’où émergeait le sommet de son crâne. Elle se présenta et, sans se retourner, il l’invita à s’asseoir sur le lit, dans son dos. La voix était calme, posée, profonde. Avec un rien de gravité qui lui rappelait des souvenirs troubles.
• J’ai quelques questions à vous poser dit-elle avec un soupçon de timidité dans le ton.
• Et je ne vous apporterais aucune réponse. La seule chose dont je me souvienne, c’est que j’aime Baudelaire et Férré. Je doute que cela puisse vous aider.
• Peut-être pas, mais cela m’éclaire sur votre degré de culture. Vous n’avez vraiment aucun souvenir, pas la moindre chose qui pourrait m’aider à découvrir qui vous êtes… ?
• Pas la moindre, jeune Dame. Quand je tente d’y penser, ce sont des prénoms de femmes qui me viennent à l’esprit, des prénoms d’Histoire et de sang : Lucrèce et Lucile. Je vois un visage également, celui de Simonetta Vespucci, la muse de Botticelli… Vous voyez, les pistes sont bien maigres et froides depuis des siècles.
• En effet, ce n’est guère encourageant. Pourtant, cela ne semble pas vous déranger plus que ça alors que si cela m’arrivait, je serais aux quatre cents coups.
– C’est que cela serait pour vous une malédiction… Peut-être est-ce le contraire pour moi. Votre vie a sans doute un sens que la mienne n’avait pas… La policière se figea. Désormais, elle savait que c’était lui.
• Le prénom de « Frédéric » n’éveille rien ?
• Si ! Il m’évoque « La Vierge à l’Enfant avec Saint Jean-Baptiste ». Toujours Botticelli…Nathalie ne comprit que trop bien cette association d’idée. Pour elle, la partie de l’histoire de Frédéric le reliant à Botticelli, c’était Lucrèce. Le fait qu’il associât son prénom et le peintre ne fit que renforcer sa certitude. Elle en éprouva une pointe de douleur pour sa compagne et son fils qui, tout comme elle, avaient disparus dans les poubelles de sa mémoire.
• Est-ce que je peux voir ton visage ? demanda-t-elle afin d’obtenir une ultime confirmation.
Elle l’avait tutoyé, certaine que c’était lui : le hasard fait si mal les choses… • Non !
Décision sans appel. Formulée d’une voix claire, calme. Exactement ce à quoi elle s’attendait.
• Je reviendrais te voir. À bientôt… Frédéric.
***Frédéric ne réagit pas, il replongea dans sa lecture. Le monde extérieur ne le souciait pas… *** • Il habitait Asnières, voyez avec Beaujon s’il existe un dossier à son nom, nous y trouverons peut-être une personne à contacter. Voyez aussi avec la sécu si vous pouvez obtenir les coordonnées de son boulot. Moi, j’ai les mains liées de ce côté. Comme il n’est soupçonné d’aucun crime, je ne peux pas orienter mes investigations dans cette direction. Mais si j’obtiens ces informations par une âme charitable, ce sera différent…Le médecin lui lança un regard complice qui signifiait également qu’il n’était pas insensible au charme de la jolie rousse. Il ne posa en revanche aucune question sur la façon dont elle avait découvert l’identité de l’homme : belle comme elle l’était, elle devait être un peu fée…L’homme de l’art dût secouer très fort le cocotier de l’administration mais quatre heures plus tard, la lieutenant Martin avait tous les renseignements concernant Frédéric B**.
***Nathalie Martin déboula au travail de Frédéric afin d’obtenir des témoignages sur la dernière journée où il avait été présent.
Première constatation, ses collègues le connaissaient peu, voire pas du tout, la seconde : il ne faisait pas l’objet de ragots, même si une des standardistes affirma l’avoir vu à plusieurs reprises en compagnie d’une TRES jeune fille dont elle obtint une description détaillée. Troisièmement, il avait bel et bien disparu le jeudi soir alors que l’inconnu avait été trouvé, aux premières heures du vendredi. Il n’était plus question d’intuition ou de coïncidences, l’identité de Frédéric et celle de l’inconnu se juxtaposaient avec un accord parfait. Elle décrocha son téléphone pour informer sa compagne de la nouvelle. Elle tomba sur la messagerie. Qu’à cela ne tienne se dit-elle, je réessaierais plus tard. Puis, prise d’une soudaine inspiration, elle téléphona à sa cousine Lucile.
Comment avait-elle deviné que la Lucile de Frédéric n’était autre que la cousine chez qui elle abritait parfois ses rendez-vous galants à l’époque du lycée ? Une intuition : Lucile et elle s’étaient engueulées à l’époque et Frédéric n’était pas étranger à cette brouille qui, dix années plus tard durait encore.
• Je ne peux pas aller le voir. Je lui ai fait une promesse donc je ne veux pas… ce serait tricher, tu comprends…La lieutenant Martin ne comprit pas et fut fort déçue par cette fin de non-recevoir de la part de sa cousine. Elle était tellement persuadée que le simple fait de la voir ramènerait Frédéric à la vie. Elle lui en voulut, vraiment. Pourtant, elle aurait bien dû se douter que cette petite conne refuserait de faire ce qu’elle lui demandait. Cependant, elle n’insista pas. À quoi bon ? Lucile avait toujours été butée.
***Lucile jeta son téléphone et elle explosa en sanglots. N’importe qui lui aurait annoncé cette nouvelle et elle aurait couru au chevet de Frédéric mais, que ce soit Nathalie la messagère l’avait tétanisée. Ce n’était pas lui qu’elle ne voulait pas voir, c’était elle qu’elle refusait de croiser. Pourtant, elle hésitait maintenant. Elle alla à la porte, prête à galoper jusqu’à Pontoise. Mais elle s’arrêta net. « Il est amnésique, il a besoin de toi… » Lucile stoppa net son élan. Et s’il ne la reconnaissait pas ?
Vaincue par la peur qui venait de la surprendre, elle retira son manteau.
***De retour chez elle, la lieutenant Martin rappela Frédérique : toujours pas de réponse. Elle fut tentée de téléphoner de nouveau à Lucile mais elle y renonça. Cela faisait presque dix ans que, pour elle ne savait quelle raison, Lucile la battait froid. Autrefois, elles s’entendaient pourtant comme deux larronnes, et ce, malgré leur différence d’âge. Pourtant, du jour au lendemain, Lucile s’était montrée distante, ou agressive, selon le cas. Et, malgré la conviction que Frédéric en était une des raisons, elles ne s’étaient jamais expliquées sur le pourquoi de cette brouille. Nathalie avait fini par lâcher l’affaire, le cœur égratigné.
***La médecine avait sauvé l’œil de Frédéric et son visage reprit peu à peu forme humaine. Les dialyses s’espacèrent puis disparurent. Pour seules visites, il avait celles de la lieutenant Martin qui lui racontait la tranche de sa vie qu’elle connaissait. Elle lui narra leur histoire qui, même s’il l’avait oubliée, avait pour elle l’importance d’un premier amour. Elle lui parla de Lucrèce et de Simonetta Vespucci, de la mort de Lucrèce et de son désespoir… Mais elle ne dit mot de Lucile se contentant de demander à chaque fois si quelqu’un était venu le voir.
• Mes seules visites, c’est vous, et Fanny, l’infirmière, et les autres blouses blanches répondait-il systématiquement.
Elle ne lui parla pas non plus de Frédérique et de Franck. Elle se refusait à le faire tant qu’elle ne les aurait pas retrouvés. Parce qu’eux aussi avaient bel et bien disparus. Elle s’était rendue à Caen pour trouver porte close au domicile de Frédérique. Le propriétaire des lieux affirma qu’elle avait donné son congé, réglé les deux mois de préavis et qu’elle avait déménagé dans la semaine. À son travail, on avait reçu une lettre de démission à effet immédiat expliquée par une grave dépression dont on ignorait la raison. Une seule personne, Julie D** lui confirma qu’elle avait quitté la région le temps de se remettre de l’émotion causée par la disparition de Frédéric. Au moins y avait-il dans la vie de cette femme quelqu’un qui la rattachait à son existence passée. Lorsque Julie disparut à son tour, Nathalie Martin perdit tout espoir de rendre à Frédéric le sens de sa vie, sauf à convaincre Lucile d’agir. Mais les chances étaient maigres.
***Sur le lit s’étalait un manteau et un costume neufs, une chemise, une cravate, un caleçon et des chaussettes. Sur le sol, une paire de chaussures en chevreau. La seule partie de son habillement qui ne serait pas neuve. Frédéric quittait l’hôpital pour la vie d’un homme qu’il ne connaissait pas et qui, très certainement, n’était pas lui.
La lieutenant Martin lui avait narré par le menu la partie visible de l’existence de ce type, elle avait même découvert qu’il vivait rue Molière, dans l’appartement d’un ami. Mais il restait persuadé qu’elle lui mentait par omission et que les zones d’ombre qu’elle n’avait pas encore éclaircies, révéleraient l’homme qu’il sentait en lui et qui, déjà, le fascinait.
Il jeta la serviette qui lui servait de pagne et commença à s’habiller. Il eut l’impression désagréable d’enfiler les trop sages vêtements d’un autre. Il laça les chaussures et sortit de la chambre.
Scrupuleux, il salua d’un sourire et d’un mot gentil chacun des membres de l’équipe soignante et s’attarda un peu plus en compagnie de Fanny, son infirmière préférée. Puis, il s’éloigna, en traînant les pieds, au bras la lieutenant Martin.

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