La Hase et le Rapace - 3
Récit érotique écrit par LVolante [→ Accès à sa fiche auteur]
Auteur homme.
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Histoire érotique Publiée sur HDS le 01-03-2016 dans la catégorie Dominants et dominés
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La Hase et le Rapace - 3
Il n’a pas dû beaucoup dormir, l’homme, vu la façon dont il traîne sa carcasse jusqu’à son domicile. De fait, à peine arrivé, il s’écroule sur son lit.
Que fait Evelyne pendant ce temps ? Elle dort aussi. Mais son sommeil est agité, rempli de rêves érotiques, de désirs, de fantasmes. Elle s’éveille, épuisée de plaisirs oniriques. Se rendort, la main entre les cuisses. Se réveille à nouveau… Elle en veut encore et encore alors que lui dort d’un sommeil de brute. Pourtant, elle refuse de l’appeler malgré la petite voix, dans sa tête qui lui susurre de le faire. Elle voudrait qu’il vienne de lui-même ou qu’il l’invite à le rejoindre. Elle n’est pas amoureuse, non. Mais ce mec l’a baisée comme elle ne l’a pas été depuis longtemps, en faisant attention à elle, à son plaisir, à ses désirs, à ses orgasmes. Elle se souvient du moment où il lui a demandé de ne pas bouger, de fermer les yeux et de se concentrer sur ce qu’elle allait ressentir. Elle se souvient de ces instants où rien ne s’est passé, où elle a fait le vide. Et puis les mains. Les doigts de l’homme qui la parcourent, qui la cajolent et qui, enfin, la fouillent. Elle se souvient du pouce de l’homme sur son clitoris. Ecrasé, malaxé par ce pouce, son petit bouton l’a fait gémir. Des doigts l’ont pénétrée et elle a crié. Elle s’est tordue, tétanisée, sous l’effet de ces caresses violentes. Quand elle a joui, la cyprine a jaillie entre les doigts de l’homme. Alors oui, elle en veut encore mais elle ne veut pas quémander.
A son réveil l’homme et frais et dispo. Il est seize heures, il a encore le temps de faire les courses et de l’inviter à dîner. Le repas sera plus frustre que celui de la veille, sa cuisine est basique et ses connaissances en matière de décoration culinaire inexistantes. Mais il ne cherche pas à rivaliser. Il a juste envie de la revoir et de baiser avec elle jusqu’à ce que petites morts s’ensuivent. Le dîner, ce n’est qu’un prétexte. D’ailleurs, quand il l’appelle, il prend bien soin de préciser : « viens nue sous ton manteau. »
Elle n’obéira pas. Non mais pour qui il se prend ? Nue sous mon manteau, pas question. Mais elle ne s’habille pas beaucoup : un body string bleu marine, des bas de la même couleur, celle de ses yeux. Et le tour est joué. Elle est d’ailleurs certaine que sa tenue émoustillera l’homme, bien plus que la nudité. Elle est prête à le parier et se promet de lui offrir un gage si, par extraordinaire, elle se trompe.
A l’évidence il est déçu. Mais il se tait. Il lui montre un fauteuil et l’invite à s’asseoir tandis qu’il sert une généreuse rasade de whisky irlandais à la jeune-femme. Elle s’en saisit et y trempe les lèvres. Elle a honte. Elle ressemble à une pute au salon d’un bordel. Voilà ce qu’elle se dit. Nue, au moins, il l’aurait prise : à la spontanéité dont elle avait fait preuve la veille aurait répondu celle de l’homme aujourd’hui. Pourquoi fallait-il donc qu’elle n’en fasse qu’à sa tête ? Ce qu’il lui demandait n’était pas si difficile. Le sentiment d’obéir, de se soumettre ? Pauvre crétine qu’elle est. Que croit-elle ? Que ce genre de chose se demande avec des fioritures, des « s’il vous plaît » et des « mercis » ? S’est-elle sentie humiliée par la demande de l’homme ? Pas vraiment… Et si elle y réfléchit bien, pas du tout. D’une certaine façon, c’était même plutôt flatteur. Cela voulait dire qu’il aime son corps, qu’il le désire pour ce qu’il est, qu’il voulait qu’elle comprenne la sauvagerie, la pureté de leur relation. Même s’il ne s’agit que de sexe. C’est maintenant qu’elle se sent humiliée. Mais pas par lui. Par elle-même. Parce que son refus a rendu l’homme distant, poli, presque courtois et que c’est de sa faute à elle. Alors elle se lève, elle va vers lui pour faire amende honorable, elle se love dans ses bras, pose la tête sur son épaule. Lui ne parle pas. D’une main légère il lui caresse les cheveux. Ainsi, il la console, lui dit qu’il ne lui en veut pas. Elle se libère, recule d’un pas et commence à retirer ses frusques qu’elle ne veut plus porter, qu’elle ne veut plus voir. Elle s’offre à lui en le regardant dans les yeux. C’est à ce moment qu’elle remarque qu’il est en peignoir et qu’il est nu dessous. Elle roule ses bas, lentement, jusqu’à ses chevilles. Puis elle fait glisser le body jusqu’au sol. La voilà nue. Elle retourne se perdre entre les bras de l’homme. Elle lui demande pardon de n’avoir pas compris qu’il voulait qu’elle partage avec lui et qu’il ne lui imposait rien. Il reste froid malgré la tendresse dont il entoure la femme. Un instant, elle a le sentiment d’être une petite fille prise en faute face à un adulte dont elle a perdu la confiance. Et c’est exactement cela. Elle a brisé quelque chose dans leur relation et il est devenu froid et distant. Comment va-t-elle pouvoir réparer ? Elle n’en sait rien. Elle est désemparée, triste. Parce qu’elle sait que sa bêtise va la priver des magnifiques orgasmes qu’elle a ressentis sous ses doigts, sous sa queue… elle se laisse glisser le long du corps de l’homme. Elle s’agenouille et écarte les pans du peignoir. Il bande mais elle le savait déjà. Elle a faim de lui. Elle ouvre la bouche. Mais il se détourne.
- Le dîner… dit-il en s’éloignant.
Elle reste là, agenouillée, idiote, humiliée par son refus. Alors elle se lève, saisit son trench-coat et s’en va.
Il faisait froid dehors en ce premier jour de novembre. Elle se glisse sous la couette avec délice. Mais rien ne la réchauffe. Elle tente, en vain, de s’endormir mais après avoir fait la crêpe au moins cent fois, elle se résigne. Elle allume la télé. Elle regarde défiler les images sans les comprendre. Elle est frustrée et elle déteste ça. Jamais un homme ne lui a résisté. Jamais un homme ne l’a traitée comme ça. Il faut dire que c’est une croqueuse qui drague, se fait baiser et, jette. Même avec Frédéric qui vient passer chez elle ses jours de permission, elle a été très claire : « je baise quand je veux et avec qui je veux, même si tu es là ! ». Et le jeune-homme a accepté le deal.
Parce qu’il est jeune, Frédéric. Il a douze ans de moins qu’elle. Elle aime sa jeunesse et sa fougue. Elle aime sa façon sage de la baiser quand ils sont tous les deux. Elle aime sa violence quand elle ramène un mec pour se faire besogner par deux queues.
Insidieusement, elle porte la main à son sexe. Elle se caresse. Sous ses doigts, les petites lèvres de sa chatte s’ouvrent. Elle y glisse un ongle. La dureté de la kératine laboure ses chairs frêles. Elle pense à la bite longue et raide de Frédéric quand elle s’enfonce dans son vagin. Son doigt tente de la simuler. Elle agite son doigt, l’enfonce au plus profond, le renforce d’un autre mais rien n’y fait. Son pouce écrase son clito. Sans ménagement. Elle fait rouler la panse charnu du doigt sur son bouton comme l’a fait… elle prend conscience que c’est l’homme qui lui a appris ça. Sa chatte s’assèche aussitôt. Elle ne veut pas penser à l’homme. Elle veut penser à Frédéric, à son gros vit qu’elle tente d’enfourner dans sa bouche sans y parvenir totalement. Mais c’est peine perdue. Le charme est rompu. Elle se concentre sur la télé et puis finit par s’endormir, épuisée d’images ineptes.
L’homme non plus ne dort pas. Il rumine. Il voudrait bien ne pas penser à cette soirée ratée mais c’est plus fort que lui. Autour de son fauteuil, c’est le quatrième livre qu’il jette sans avoir pu rentrer dans l’histoire. Il est trop occupé de sa propre bêtise pour pouvoir s’en extraire. Pourquoi réagit-il toujours ainsi ? Pourquoi se retranche-t-il du monde à la moindre contrariété ? Elle n’est pas venue comme il le désirait… Et après ? Il lui suffisait de la déshabiller ou de lui dire de le faire et tout ce serait bien passé. Au lieu de ça, il s’est renfermé et l’a laissé partir. Ce ne sont pourtant pas les occasions qui ont manquées, de rattraper le coup : quand elle est venue dans ses bras avant et après s’être dévêtue, quand elle s’est agenouillée… A chaque fois, il pouvait faire ce qu’il fallait pour la garder. Mais il n’a pas bougé. S’il voulait la punir, Mordious, il n’avait qu’à la fesser. Qu’il ne dise pas le contraire, il en mourrait d’envie. Pourtant, il le sait, une fessée eût été moins humiliante que son indifférence. Il s’en veut d’avoir été si con.
Sur ce constat, il verse dans la bouteille le contenu du verre qu’il ne boira pas et s’en va se coucher. Heureusement pour moi, se dit-il, rien, jamais, ne m’empêche de dormir. Et demain est un autre jour.
Elle a mal (mâle ?) dormi. Mais elle s’en fiche. Une pointe d’anti cerne, un coup de blush et personne n’y verra que du feu. Elle s’est vêtue d’une robe courte à la jupe évasée. Elle l’a choisie jaune soleil, afin qu’on ne voit qu’elle. Elle veut rendre les femmes jalouses et les hommes libidineux. Des bas ? Elle réfléchit : « vais-je mettre des bas ? Si oui, de quelle couleur ? En tout cas, pas de dessous, ni culotte ni soutien-gorge… » Elle opte pour des noirs. Elle sait qu’elle en fait trop, que la différence de teinte entre la robe et les bas va la désigner comme allumeuse, comme salope. Elle s’en fiche, c’est exactement ce qu’elle veut. Certains, peut-être, la prendront pour une pute. Elle s’évaluera à l’aune de leurs propositions puis leur rira au nez. Cette idée qui hier l’humiliait aujourd’hui, l’excite. Elle ne sait pas pourquoi… Ou plutôt, ne le sait que trop bien mais elle refuse d’y penser.
Elle teinte ses lèvres, juste avant de sortir, d’un gloss cramoisi. Elle ouvre sa porte…
- Déshabille-toi !
L’homme entre. Il ne la bouscule pas, il se faufile. Un instant interdite, elle fait demi-tour. Il se retourne et se répète :
- Déshabille-toi !
Elle ne résiste pas. Sa robe tombe, ses bas suivent. Elle est nue.
- Ta chambre…
Elle lui montre le chemin. Il a commencé à quitter ses fringues et continue en la suivant. Arrivés dans la chambre, il la bascule sur le lit, la retourne et la prend en levrette. Il s’enfonce en elle, violemment et commence à la pistonner. Elle, entend à travers les coups de boutoir, les mots qu’il ne dit pas. « Chienne ! Salope ! Tu étais déjà prête à te faire mettre par un autre… par des autres… Combien ? Deux, trois ?... »
C’est bien ce qu’elle voulait. Trois queues pour remplacer la sienne, pour oublier la sienne. Et ses mains, et ses doigts, et sa langue, et sa bouche…
La cadence de l’homme ralentit. Ce n’est pas par fatigue. Elle le sait.
Elle ferme les yeux. Elle fait le vide. Elle sent son corps. Son esprit se concentre sur sa chatte, sur la bite qui la pistonne à l’allure d’un escargot. Elle sent les parois de son sexe s’ouvrir devant le gland de l’homme et se refermer sur sa hampe. Elle sent le désarroi de son vagin quand il recule et sa plénitude quand il entre. Elle sent les petites étincelles que déclenche, au fond de son ventre, chacun des passages de la queue.
Elle sent, aussi, les bouffées de plaisir qui montent de ses fesses malmenées par les claques qu’assène l’homme. Elle sent, toujours, les décharges électriques qu’il provoque quand il pince ses seins. Elle sent, surtout, son souffle qui se coupe quand il écrase entre ses doigts, son clitoris. Elle sent, enfin, tous ses poils qui se dressent quand, d’un ongle rageur, il descend la ligne de sa colonne vertébrale pour atterrir dans sa raie.
Elle attend, désespérément qu’un pouce épouse son anus. Elle s’agite. Elle le quémande. Écartant ses fesses à deux mains. Mais, bien qu’il ballade sur les parois de son derrière, quelques phalanges caressantes, il évite soigneusement da s’aventurer vers la minuscule ouverture.
Elle geint qu’il est un salaud, qu’elle veut qu’il envahisse son cul ! Mais la frustration est si forte, elle fût si longtemps contenue, qu’elle se transforme en plaisir emportant la femme dans l’orgasme.
Il la laisse se retrouver sans cesser de la ramoner. Et, quand il estime qu’elle est prête, il la redresse. Le dos collé contre son torse, il la maintient en pinçant ses tétons.
- J’en ai pas fini avec toi, murmure-t-il. Maintenant, je vais t’enculer…
La jeune-femme ressent un manque désagréable quand le sexe de l’homme l’abandonne. Mais elle a hâte, tellement hâte de le sentir plus haut dans son anatomie, quelle balaie ce manque comme une poussière malvenue.
L’homme transperce les défenses d’Evelyne. La jeune-femme voudrait aspirer ce vit jusqu’aux tréfonds d’elle-même. L’homme bien sûr, l’en empêche. Il plante son gland dans l’anneau sans en passer la porte et s’immobilise. Il serait plus juste de dire que, sans s’investir plus avant, il imprime à son fer de lance, un léger mouvement tournant, une sorte d’oscillation.
Bien qu’il la sodomise pour la troisième fois, jamais il ne l’avais prise ainsi. Il s’était, jusqu’alors, contenté de la ramoner comme tous les hommes savent le faire. Il surprend la jeune-femme par son comportement. Mais il l’enchante aussi. Jamais au grand jamais, personne n’avait pris soin de son anus de cette façon à la fois délicate et perverse. Le gland, qui distend son anneau lui fait un mal que la lente rotation amenuise, transforme peu à peu en ondes bienfaisantes. Sa respiration, bloquée par la douloureuse surprise, s’échappe désormais en soupirs généreux. Elle sait qu’elle va jouir, le cul bercé par l’imperceptible mouvement de l’homme. Elle voudrait qu’il en fasse autant. Juste là, à l’entrée de son cul. Cette simple pensée libère son orgasme… Elle jouit d’autant plus fort qu’elle freine, se retient. Ses bras cèdent. Sa tête désormais repose sur l’oreiller. Elle y étouffe son cri. Un cri long, bon, rond comme son anus comblé. Un cri qui vide ses poumons et la met au bord de l’asphyxie. Un cri de bonheur dont elle veut garder un souvenir égoïste. Un cri dont elle ne parlera qu’à elle-même, la nuit, très tard, une main glissée entre ses cuisses…
Une caresse sur sa joue la ramène au présent. L’homme présente son chibre. Il est gonflé, son gland est violacé. Il est plus large aussi et plus long que dans le souvenir d’Evelyne. Elle gobe l’engin, se met à le sucer avec application.
Une question la surprend tandis qu’elle fait danser sa langue tout autour de la queue : « s’il me baise la bouche, saura-t-il me faire jouir ? »
Elle sait bien que personne ne peut jouir ainsi. Prendre du plaisir, oui. Mais, pas jouir ainsi. A moins que d’une main, légère, on ne travaille le petit bouton rose, à l’entrée de sa faille.
La main légère, elle se pose sur ses cheveux. Elles sont même deux, qui la pousse à engloutir le membre. Comme si il avait entendu ses pensées, l’homme lui ramone la bouche. Il la baise et elle le laisse faire. Elle creuse sa langue pour épouser la tige qui coulisse dessus, elle prépare sa gorge à le recevoir. Elle se sent poupée entre les mains qui emprisonnent son crâne. Elle s’imagine nue, prisonnière, enchaînée, à la mercie de l’homme. Et ça la fait mouiller. Le petit bourgeon qu’elle a entre les cuisses l’agace et la picote.
Il a interrompu ses va et vient. Elle lève les yeux, il la regarde. Ses lèvres forment une phrase qu’il ne prononce pas :
- Tu es belle !
Trois mots, trois coups de fouet qui l’aiguillonne et lui donne envie de le faire jouir là, maintenant, dans sa bouche. Mais lui n’a qu’une envie, c’est la contrarier. L’air de rien, c’est bien une punition qu’il lui inflige : elle aura du plaisir sans pouvoir en donner… Quel meilleur moyen pour gâcher une fête…
L’homme plonge entre les cuisses de la jeune-femme. Elle ne proteste pas. De la langue il savoure les chairs fragiles et tendres des grandes et des petites lèvres. Elles sont gorgées de désir, il s’en régale. A petits coups précis, il lape le nectar.
Il n’a pas encore goûté la jeune-femme. Pas de cette façon en tout cas. Il attendait une occasion, celle-ci lui semble opportune. Il la lèche avec application et beaucoup de plaisir, tentant de la surprendre par des caresses reptiliennes. Le parfum de la femme a un goût de framboise et cela le rend langoureux. Sa langue effleure, caresse, survole sans jamais s’attarder. Il se sert de ses lèvres mais jamais de ses dents, donnant à ses bisous une douceur horripilante. Puis quand vient le temps du baiser, il s’y livre avec toute la fougue dont il est capable et embrasse le sexe comme on embrasse une bouche. Sa langue pénètre fouille et danse au rythme que le plaisir donne au bassin d’Evelyne. Des mains, il bloque comme il peut les cuisses de la femme qui se referment en spasmes sur sa tête. C’est alors, seulement, qu’il s’attaque au bourgeon. Le corps d’Evelyne tente d’échapper à cette nouvelle caresse, elle n’en peut plus. Mais lui, la force à supporter. Il emprisonne la taille d’Evelyne entre ses bras, attire les fesses de la femme contre son cou et son sexe contre sa bouche. Il la dévore. Des dents, il pince et mord le clitoris, des lèvres, il l’aspire vers sa langue qui le titille et l’escagasse.
Dans le corps de la femme, les orgasmes s’enchaînent à une cadence telle qu’elle ne sait plus où elle est. Elle sait juste qu’il faut que ça cesse, que le plaisir devient torture et la jouissance devient douleur. En vain, elle essaye d’arrêter l’homme, car dans la position qu’il lui impose, elle ne dispose que de peu de moyens. Et puis, il est parti dans un monde où rien ne l’atteint. Sauf, peut-être, les coups de talons qu’elle assène à son dos.
Il a fallu beaucoup d’efforts à Evelyne pour qu’elle parvienne à ses fins. Mais l’homme s’est enfin arrêté. Il est hébété, à peine conscient de l’endroit où il est, de ce qu’il a fait. La jeune-femme se libère de son emprise. Doucement, elle le prend dans ses bras et lui parle :
- Tu allais me rendre folle, tu sais. Je n’en pouvais plus… trop de plaisir, trop de jouissance… C’était devenu une torture. C’était bon et terrible à la fois mais… Il fallait que ça s’arrête.
L’homme la regarde et lui sourit. Il n’est ni fier ni gêné, juste lui-même.
- Ouais, ça m’arrive de temps en temps… Je deviens fou. D’habitude, c’est quand j’ai trop bu. Là ? Je sais pas ce qui m’a pris… Il vaut mieux que je parte, je crois.
Désolé de t’avoir foutu la trouille…
Elle regarde l’homme se rhabiller sans réagir. Elle n’a pas vraiment envie qu’il s’en aille mais elle est bien trop fatiguée pour le retenir. Après la séance qu’elle vient de subir, elle n’a qu’une envie : dormir.
L’homme marche à grands pas rageurs. Il s’insulte copieusement de s’être laissé emporter. Il se fait des promesses, suspendues à l’unique condition qu’il la revoit. Mais à quoi bon ? Jamais elle ne sera assez dingue pour avoir envie d’une nouvelle rencontre. Il s’en veut d’avoir tout gâché. Il avait trouvé la partenaire rêvée, aussi passionnée de cul qu’il l’est lui-même. Pourquoi a-t-il fallu qu’il aille trop loin ? Une fois de plus…
Au moins, cette fois, il a évité le sempiternel discours :
- Tu vas trop loin, je ne suis pas prête (ou pas faite, ou pas capable…, c’est selon) pour t’accompagner dans ton délire. J’ai… Je suis… Et bla-bla et bla-bla…
Toutes les femmes qui ont croisées sa route l’on quitté pour la même raison. Il leur fait peur. Non pas qu’il les contraigne ou qu’il les violente. Il s’est toujours arrêté quand elles l’ont exigé. Mais il les entraîne sur une pente qu’elles craignent de ne pouvoir remonter, vers le côté sombre d’elles-mêmes qu’elles préfèrent ignorer, nier. Il les comprend et il s’en veut d’être aussi égoïste. Pour Evelyne, il s’en veut d’autant plus que, pour une fois, il avait affaire à une femme libérée du carcan moral. Il n’a pas su voir ses limites physiques et cela, pour lui, c’est impardonnable. « Ça devenait une torture… » La petite phrase tourne dans sa tête comme un reproche mais également comme un remord. Il voulait la frustrer du droit de donner du plaisir. Il voulait se frustrer du droit d’en prendre. C’était une punition à double tranchant, équitable et méritée. Mais encore une fois, il n’a pas su s’arrêter avant que tombe le couperet de la nécessité.
Il se souvient de cette jeune-fille, dix ans auparavant, qui lui était soumise. Ils venaient de baiser, dans la rue, sous les yeux d’un spectateur dont qu’il ne perçut la présence que trop tard. Il donna l’ordre à Bénédicte d’aller soulager le bonhomme. Elle le regarda à la fois surprise et blessée, dit le mot et partit. Ils ne se revirent jamais plus. Elle le quitta au téléphone, très tôt, le lendemain. Toutes n’eurent pas son courage. La plupart fuit sans se retourner. Mais il savait ce qu’elles pensaient. La belle Evelyne ne ferait pas exception à la règle…
La nuit est encore noire, elle se réveille. Qu’importe ! La cafetière est à sa place et sa tête toujours sur ses épaules. Donc, tout va bien. Elle regarde couler le café, perdue dans ses pensées. Son corps recèle encore les stigmates du plaisir que lui a donné l’homme : ses cuisses lui font mal, son ventre aussi. Tant de contractions, tant de spasmes, ne peuvent que laisser des traces. Elle est percluse mais heureuse : elle a trouvé son alter ego, un homme capable de l’affranchir des limites et de les lui faire dépasser. Elle a hâte de le revoir mais elle pense qu’il lui faudra attendre que son corps retrouve ses capacités. A cette idée, elle sourit. C’est affaire de deux ou trois jours et, elle retrouvera sa bouche, sa langue qui sait si bien lui donner du plaisir. D’un geste, elle balaye ces pensées. Pas d’excès surtout pas d’excès. Ce genre d’idée la mène toujours à se caresser et elle ne le veut surtout pas. Son clitoris aura bien des compensations s’il sait patienter.
Elle se verse une tasse de café et y trempe les lèvres. L’image d’elle-même avalant la semence de l’homme lui revient en mémoire. Elle secoue la tête. Chacun de mes gestes va-t-il me rappeler ce type se demande-t-elle agacée. Si c’est le cas, l’attente va être plus dure que je croyais. Il va falloir que je fasse quelque chose…
Mais quoi ? Elle se refuse à « se refaire une bouche », expression qu’elle emploie quand elle se fait un mec pour oublier le précédent. D’ailleurs, elle en serait bien incapable, son corps est démantibulé.
Elle décide qu’elle appellera sa copine Florence. Florence, c’est une solution bien pratique quand elle a besoin de ne pas penser. Florence est une pie qui jacasse sans arrêt sur les sujets les moins passionnants qui soient et qui a le gros avantage de ne jamais l’interroger sur ce qu’elle nomme, en riant, ses « turpitudes ». Florence, c’est son amie d’enfance, elles ont le même âge, à une semaine près et se connaissent depuis la maternelle. Florence est sans doute la seule à ne l’avoir jamais jugée tout en lui disant à quel point elle désapprouve parfois (souvent) sa conduite. Décidément, oui. Florence est le médicament idéal pour soigner sa maladie toute neuve. Elle va lui proposer un petit week-end entre fille…
Elle l’appela le lundi matin mais il ne répondit pas. Elle recommença vers midi puis vers treize heures. Enfin, il décrocha.
- Tu aurais pu me rappeler lui dit-elle tout à trac.
- Je suis au boulot, je ne réponds qu’aux urgences.
Prends ça dans le nez ma vieille, pour lui, tu n’es pas une urgence. Il est toujours aussi goujat, c’est rassurant…
Telles furent les pensées de la belle tandis qu’elle disait :
- Je voudrais qu’on se voie…
- Si c’est pour parler de l’autre jour, pas la peine, je sais déjà ce que tu veux me dire.
- Je ne veux pas qu’on parle… j’ai adoré ce que tu m’as fait l’autre jour…
Au bout du fil, c’est le silence. L’homme n’est pas sûr d’avoir bien entendu. Il est à deux doigts de se faire répéter quand il entend :
- Viens quand tu veux ! mais viens vite, j’ai envie…
Et puis il y a un clic. La belle a raccroché.
Que fait Evelyne pendant ce temps ? Elle dort aussi. Mais son sommeil est agité, rempli de rêves érotiques, de désirs, de fantasmes. Elle s’éveille, épuisée de plaisirs oniriques. Se rendort, la main entre les cuisses. Se réveille à nouveau… Elle en veut encore et encore alors que lui dort d’un sommeil de brute. Pourtant, elle refuse de l’appeler malgré la petite voix, dans sa tête qui lui susurre de le faire. Elle voudrait qu’il vienne de lui-même ou qu’il l’invite à le rejoindre. Elle n’est pas amoureuse, non. Mais ce mec l’a baisée comme elle ne l’a pas été depuis longtemps, en faisant attention à elle, à son plaisir, à ses désirs, à ses orgasmes. Elle se souvient du moment où il lui a demandé de ne pas bouger, de fermer les yeux et de se concentrer sur ce qu’elle allait ressentir. Elle se souvient de ces instants où rien ne s’est passé, où elle a fait le vide. Et puis les mains. Les doigts de l’homme qui la parcourent, qui la cajolent et qui, enfin, la fouillent. Elle se souvient du pouce de l’homme sur son clitoris. Ecrasé, malaxé par ce pouce, son petit bouton l’a fait gémir. Des doigts l’ont pénétrée et elle a crié. Elle s’est tordue, tétanisée, sous l’effet de ces caresses violentes. Quand elle a joui, la cyprine a jaillie entre les doigts de l’homme. Alors oui, elle en veut encore mais elle ne veut pas quémander.
A son réveil l’homme et frais et dispo. Il est seize heures, il a encore le temps de faire les courses et de l’inviter à dîner. Le repas sera plus frustre que celui de la veille, sa cuisine est basique et ses connaissances en matière de décoration culinaire inexistantes. Mais il ne cherche pas à rivaliser. Il a juste envie de la revoir et de baiser avec elle jusqu’à ce que petites morts s’ensuivent. Le dîner, ce n’est qu’un prétexte. D’ailleurs, quand il l’appelle, il prend bien soin de préciser : « viens nue sous ton manteau. »
Elle n’obéira pas. Non mais pour qui il se prend ? Nue sous mon manteau, pas question. Mais elle ne s’habille pas beaucoup : un body string bleu marine, des bas de la même couleur, celle de ses yeux. Et le tour est joué. Elle est d’ailleurs certaine que sa tenue émoustillera l’homme, bien plus que la nudité. Elle est prête à le parier et se promet de lui offrir un gage si, par extraordinaire, elle se trompe.
A l’évidence il est déçu. Mais il se tait. Il lui montre un fauteuil et l’invite à s’asseoir tandis qu’il sert une généreuse rasade de whisky irlandais à la jeune-femme. Elle s’en saisit et y trempe les lèvres. Elle a honte. Elle ressemble à une pute au salon d’un bordel. Voilà ce qu’elle se dit. Nue, au moins, il l’aurait prise : à la spontanéité dont elle avait fait preuve la veille aurait répondu celle de l’homme aujourd’hui. Pourquoi fallait-il donc qu’elle n’en fasse qu’à sa tête ? Ce qu’il lui demandait n’était pas si difficile. Le sentiment d’obéir, de se soumettre ? Pauvre crétine qu’elle est. Que croit-elle ? Que ce genre de chose se demande avec des fioritures, des « s’il vous plaît » et des « mercis » ? S’est-elle sentie humiliée par la demande de l’homme ? Pas vraiment… Et si elle y réfléchit bien, pas du tout. D’une certaine façon, c’était même plutôt flatteur. Cela voulait dire qu’il aime son corps, qu’il le désire pour ce qu’il est, qu’il voulait qu’elle comprenne la sauvagerie, la pureté de leur relation. Même s’il ne s’agit que de sexe. C’est maintenant qu’elle se sent humiliée. Mais pas par lui. Par elle-même. Parce que son refus a rendu l’homme distant, poli, presque courtois et que c’est de sa faute à elle. Alors elle se lève, elle va vers lui pour faire amende honorable, elle se love dans ses bras, pose la tête sur son épaule. Lui ne parle pas. D’une main légère il lui caresse les cheveux. Ainsi, il la console, lui dit qu’il ne lui en veut pas. Elle se libère, recule d’un pas et commence à retirer ses frusques qu’elle ne veut plus porter, qu’elle ne veut plus voir. Elle s’offre à lui en le regardant dans les yeux. C’est à ce moment qu’elle remarque qu’il est en peignoir et qu’il est nu dessous. Elle roule ses bas, lentement, jusqu’à ses chevilles. Puis elle fait glisser le body jusqu’au sol. La voilà nue. Elle retourne se perdre entre les bras de l’homme. Elle lui demande pardon de n’avoir pas compris qu’il voulait qu’elle partage avec lui et qu’il ne lui imposait rien. Il reste froid malgré la tendresse dont il entoure la femme. Un instant, elle a le sentiment d’être une petite fille prise en faute face à un adulte dont elle a perdu la confiance. Et c’est exactement cela. Elle a brisé quelque chose dans leur relation et il est devenu froid et distant. Comment va-t-elle pouvoir réparer ? Elle n’en sait rien. Elle est désemparée, triste. Parce qu’elle sait que sa bêtise va la priver des magnifiques orgasmes qu’elle a ressentis sous ses doigts, sous sa queue… elle se laisse glisser le long du corps de l’homme. Elle s’agenouille et écarte les pans du peignoir. Il bande mais elle le savait déjà. Elle a faim de lui. Elle ouvre la bouche. Mais il se détourne.
- Le dîner… dit-il en s’éloignant.
Elle reste là, agenouillée, idiote, humiliée par son refus. Alors elle se lève, saisit son trench-coat et s’en va.
Il faisait froid dehors en ce premier jour de novembre. Elle se glisse sous la couette avec délice. Mais rien ne la réchauffe. Elle tente, en vain, de s’endormir mais après avoir fait la crêpe au moins cent fois, elle se résigne. Elle allume la télé. Elle regarde défiler les images sans les comprendre. Elle est frustrée et elle déteste ça. Jamais un homme ne lui a résisté. Jamais un homme ne l’a traitée comme ça. Il faut dire que c’est une croqueuse qui drague, se fait baiser et, jette. Même avec Frédéric qui vient passer chez elle ses jours de permission, elle a été très claire : « je baise quand je veux et avec qui je veux, même si tu es là ! ». Et le jeune-homme a accepté le deal.
Parce qu’il est jeune, Frédéric. Il a douze ans de moins qu’elle. Elle aime sa jeunesse et sa fougue. Elle aime sa façon sage de la baiser quand ils sont tous les deux. Elle aime sa violence quand elle ramène un mec pour se faire besogner par deux queues.
Insidieusement, elle porte la main à son sexe. Elle se caresse. Sous ses doigts, les petites lèvres de sa chatte s’ouvrent. Elle y glisse un ongle. La dureté de la kératine laboure ses chairs frêles. Elle pense à la bite longue et raide de Frédéric quand elle s’enfonce dans son vagin. Son doigt tente de la simuler. Elle agite son doigt, l’enfonce au plus profond, le renforce d’un autre mais rien n’y fait. Son pouce écrase son clito. Sans ménagement. Elle fait rouler la panse charnu du doigt sur son bouton comme l’a fait… elle prend conscience que c’est l’homme qui lui a appris ça. Sa chatte s’assèche aussitôt. Elle ne veut pas penser à l’homme. Elle veut penser à Frédéric, à son gros vit qu’elle tente d’enfourner dans sa bouche sans y parvenir totalement. Mais c’est peine perdue. Le charme est rompu. Elle se concentre sur la télé et puis finit par s’endormir, épuisée d’images ineptes.
L’homme non plus ne dort pas. Il rumine. Il voudrait bien ne pas penser à cette soirée ratée mais c’est plus fort que lui. Autour de son fauteuil, c’est le quatrième livre qu’il jette sans avoir pu rentrer dans l’histoire. Il est trop occupé de sa propre bêtise pour pouvoir s’en extraire. Pourquoi réagit-il toujours ainsi ? Pourquoi se retranche-t-il du monde à la moindre contrariété ? Elle n’est pas venue comme il le désirait… Et après ? Il lui suffisait de la déshabiller ou de lui dire de le faire et tout ce serait bien passé. Au lieu de ça, il s’est renfermé et l’a laissé partir. Ce ne sont pourtant pas les occasions qui ont manquées, de rattraper le coup : quand elle est venue dans ses bras avant et après s’être dévêtue, quand elle s’est agenouillée… A chaque fois, il pouvait faire ce qu’il fallait pour la garder. Mais il n’a pas bougé. S’il voulait la punir, Mordious, il n’avait qu’à la fesser. Qu’il ne dise pas le contraire, il en mourrait d’envie. Pourtant, il le sait, une fessée eût été moins humiliante que son indifférence. Il s’en veut d’avoir été si con.
Sur ce constat, il verse dans la bouteille le contenu du verre qu’il ne boira pas et s’en va se coucher. Heureusement pour moi, se dit-il, rien, jamais, ne m’empêche de dormir. Et demain est un autre jour.
Elle a mal (mâle ?) dormi. Mais elle s’en fiche. Une pointe d’anti cerne, un coup de blush et personne n’y verra que du feu. Elle s’est vêtue d’une robe courte à la jupe évasée. Elle l’a choisie jaune soleil, afin qu’on ne voit qu’elle. Elle veut rendre les femmes jalouses et les hommes libidineux. Des bas ? Elle réfléchit : « vais-je mettre des bas ? Si oui, de quelle couleur ? En tout cas, pas de dessous, ni culotte ni soutien-gorge… » Elle opte pour des noirs. Elle sait qu’elle en fait trop, que la différence de teinte entre la robe et les bas va la désigner comme allumeuse, comme salope. Elle s’en fiche, c’est exactement ce qu’elle veut. Certains, peut-être, la prendront pour une pute. Elle s’évaluera à l’aune de leurs propositions puis leur rira au nez. Cette idée qui hier l’humiliait aujourd’hui, l’excite. Elle ne sait pas pourquoi… Ou plutôt, ne le sait que trop bien mais elle refuse d’y penser.
Elle teinte ses lèvres, juste avant de sortir, d’un gloss cramoisi. Elle ouvre sa porte…
- Déshabille-toi !
L’homme entre. Il ne la bouscule pas, il se faufile. Un instant interdite, elle fait demi-tour. Il se retourne et se répète :
- Déshabille-toi !
Elle ne résiste pas. Sa robe tombe, ses bas suivent. Elle est nue.
- Ta chambre…
Elle lui montre le chemin. Il a commencé à quitter ses fringues et continue en la suivant. Arrivés dans la chambre, il la bascule sur le lit, la retourne et la prend en levrette. Il s’enfonce en elle, violemment et commence à la pistonner. Elle, entend à travers les coups de boutoir, les mots qu’il ne dit pas. « Chienne ! Salope ! Tu étais déjà prête à te faire mettre par un autre… par des autres… Combien ? Deux, trois ?... »
C’est bien ce qu’elle voulait. Trois queues pour remplacer la sienne, pour oublier la sienne. Et ses mains, et ses doigts, et sa langue, et sa bouche…
La cadence de l’homme ralentit. Ce n’est pas par fatigue. Elle le sait.
Elle ferme les yeux. Elle fait le vide. Elle sent son corps. Son esprit se concentre sur sa chatte, sur la bite qui la pistonne à l’allure d’un escargot. Elle sent les parois de son sexe s’ouvrir devant le gland de l’homme et se refermer sur sa hampe. Elle sent le désarroi de son vagin quand il recule et sa plénitude quand il entre. Elle sent les petites étincelles que déclenche, au fond de son ventre, chacun des passages de la queue.
Elle sent, aussi, les bouffées de plaisir qui montent de ses fesses malmenées par les claques qu’assène l’homme. Elle sent, toujours, les décharges électriques qu’il provoque quand il pince ses seins. Elle sent, surtout, son souffle qui se coupe quand il écrase entre ses doigts, son clitoris. Elle sent, enfin, tous ses poils qui se dressent quand, d’un ongle rageur, il descend la ligne de sa colonne vertébrale pour atterrir dans sa raie.
Elle attend, désespérément qu’un pouce épouse son anus. Elle s’agite. Elle le quémande. Écartant ses fesses à deux mains. Mais, bien qu’il ballade sur les parois de son derrière, quelques phalanges caressantes, il évite soigneusement da s’aventurer vers la minuscule ouverture.
Elle geint qu’il est un salaud, qu’elle veut qu’il envahisse son cul ! Mais la frustration est si forte, elle fût si longtemps contenue, qu’elle se transforme en plaisir emportant la femme dans l’orgasme.
Il la laisse se retrouver sans cesser de la ramoner. Et, quand il estime qu’elle est prête, il la redresse. Le dos collé contre son torse, il la maintient en pinçant ses tétons.
- J’en ai pas fini avec toi, murmure-t-il. Maintenant, je vais t’enculer…
La jeune-femme ressent un manque désagréable quand le sexe de l’homme l’abandonne. Mais elle a hâte, tellement hâte de le sentir plus haut dans son anatomie, quelle balaie ce manque comme une poussière malvenue.
L’homme transperce les défenses d’Evelyne. La jeune-femme voudrait aspirer ce vit jusqu’aux tréfonds d’elle-même. L’homme bien sûr, l’en empêche. Il plante son gland dans l’anneau sans en passer la porte et s’immobilise. Il serait plus juste de dire que, sans s’investir plus avant, il imprime à son fer de lance, un léger mouvement tournant, une sorte d’oscillation.
Bien qu’il la sodomise pour la troisième fois, jamais il ne l’avais prise ainsi. Il s’était, jusqu’alors, contenté de la ramoner comme tous les hommes savent le faire. Il surprend la jeune-femme par son comportement. Mais il l’enchante aussi. Jamais au grand jamais, personne n’avait pris soin de son anus de cette façon à la fois délicate et perverse. Le gland, qui distend son anneau lui fait un mal que la lente rotation amenuise, transforme peu à peu en ondes bienfaisantes. Sa respiration, bloquée par la douloureuse surprise, s’échappe désormais en soupirs généreux. Elle sait qu’elle va jouir, le cul bercé par l’imperceptible mouvement de l’homme. Elle voudrait qu’il en fasse autant. Juste là, à l’entrée de son cul. Cette simple pensée libère son orgasme… Elle jouit d’autant plus fort qu’elle freine, se retient. Ses bras cèdent. Sa tête désormais repose sur l’oreiller. Elle y étouffe son cri. Un cri long, bon, rond comme son anus comblé. Un cri qui vide ses poumons et la met au bord de l’asphyxie. Un cri de bonheur dont elle veut garder un souvenir égoïste. Un cri dont elle ne parlera qu’à elle-même, la nuit, très tard, une main glissée entre ses cuisses…
Une caresse sur sa joue la ramène au présent. L’homme présente son chibre. Il est gonflé, son gland est violacé. Il est plus large aussi et plus long que dans le souvenir d’Evelyne. Elle gobe l’engin, se met à le sucer avec application.
Une question la surprend tandis qu’elle fait danser sa langue tout autour de la queue : « s’il me baise la bouche, saura-t-il me faire jouir ? »
Elle sait bien que personne ne peut jouir ainsi. Prendre du plaisir, oui. Mais, pas jouir ainsi. A moins que d’une main, légère, on ne travaille le petit bouton rose, à l’entrée de sa faille.
La main légère, elle se pose sur ses cheveux. Elles sont même deux, qui la pousse à engloutir le membre. Comme si il avait entendu ses pensées, l’homme lui ramone la bouche. Il la baise et elle le laisse faire. Elle creuse sa langue pour épouser la tige qui coulisse dessus, elle prépare sa gorge à le recevoir. Elle se sent poupée entre les mains qui emprisonnent son crâne. Elle s’imagine nue, prisonnière, enchaînée, à la mercie de l’homme. Et ça la fait mouiller. Le petit bourgeon qu’elle a entre les cuisses l’agace et la picote.
Il a interrompu ses va et vient. Elle lève les yeux, il la regarde. Ses lèvres forment une phrase qu’il ne prononce pas :
- Tu es belle !
Trois mots, trois coups de fouet qui l’aiguillonne et lui donne envie de le faire jouir là, maintenant, dans sa bouche. Mais lui n’a qu’une envie, c’est la contrarier. L’air de rien, c’est bien une punition qu’il lui inflige : elle aura du plaisir sans pouvoir en donner… Quel meilleur moyen pour gâcher une fête…
L’homme plonge entre les cuisses de la jeune-femme. Elle ne proteste pas. De la langue il savoure les chairs fragiles et tendres des grandes et des petites lèvres. Elles sont gorgées de désir, il s’en régale. A petits coups précis, il lape le nectar.
Il n’a pas encore goûté la jeune-femme. Pas de cette façon en tout cas. Il attendait une occasion, celle-ci lui semble opportune. Il la lèche avec application et beaucoup de plaisir, tentant de la surprendre par des caresses reptiliennes. Le parfum de la femme a un goût de framboise et cela le rend langoureux. Sa langue effleure, caresse, survole sans jamais s’attarder. Il se sert de ses lèvres mais jamais de ses dents, donnant à ses bisous une douceur horripilante. Puis quand vient le temps du baiser, il s’y livre avec toute la fougue dont il est capable et embrasse le sexe comme on embrasse une bouche. Sa langue pénètre fouille et danse au rythme que le plaisir donne au bassin d’Evelyne. Des mains, il bloque comme il peut les cuisses de la femme qui se referment en spasmes sur sa tête. C’est alors, seulement, qu’il s’attaque au bourgeon. Le corps d’Evelyne tente d’échapper à cette nouvelle caresse, elle n’en peut plus. Mais lui, la force à supporter. Il emprisonne la taille d’Evelyne entre ses bras, attire les fesses de la femme contre son cou et son sexe contre sa bouche. Il la dévore. Des dents, il pince et mord le clitoris, des lèvres, il l’aspire vers sa langue qui le titille et l’escagasse.
Dans le corps de la femme, les orgasmes s’enchaînent à une cadence telle qu’elle ne sait plus où elle est. Elle sait juste qu’il faut que ça cesse, que le plaisir devient torture et la jouissance devient douleur. En vain, elle essaye d’arrêter l’homme, car dans la position qu’il lui impose, elle ne dispose que de peu de moyens. Et puis, il est parti dans un monde où rien ne l’atteint. Sauf, peut-être, les coups de talons qu’elle assène à son dos.
Il a fallu beaucoup d’efforts à Evelyne pour qu’elle parvienne à ses fins. Mais l’homme s’est enfin arrêté. Il est hébété, à peine conscient de l’endroit où il est, de ce qu’il a fait. La jeune-femme se libère de son emprise. Doucement, elle le prend dans ses bras et lui parle :
- Tu allais me rendre folle, tu sais. Je n’en pouvais plus… trop de plaisir, trop de jouissance… C’était devenu une torture. C’était bon et terrible à la fois mais… Il fallait que ça s’arrête.
L’homme la regarde et lui sourit. Il n’est ni fier ni gêné, juste lui-même.
- Ouais, ça m’arrive de temps en temps… Je deviens fou. D’habitude, c’est quand j’ai trop bu. Là ? Je sais pas ce qui m’a pris… Il vaut mieux que je parte, je crois.
Désolé de t’avoir foutu la trouille…
Elle regarde l’homme se rhabiller sans réagir. Elle n’a pas vraiment envie qu’il s’en aille mais elle est bien trop fatiguée pour le retenir. Après la séance qu’elle vient de subir, elle n’a qu’une envie : dormir.
L’homme marche à grands pas rageurs. Il s’insulte copieusement de s’être laissé emporter. Il se fait des promesses, suspendues à l’unique condition qu’il la revoit. Mais à quoi bon ? Jamais elle ne sera assez dingue pour avoir envie d’une nouvelle rencontre. Il s’en veut d’avoir tout gâché. Il avait trouvé la partenaire rêvée, aussi passionnée de cul qu’il l’est lui-même. Pourquoi a-t-il fallu qu’il aille trop loin ? Une fois de plus…
Au moins, cette fois, il a évité le sempiternel discours :
- Tu vas trop loin, je ne suis pas prête (ou pas faite, ou pas capable…, c’est selon) pour t’accompagner dans ton délire. J’ai… Je suis… Et bla-bla et bla-bla…
Toutes les femmes qui ont croisées sa route l’on quitté pour la même raison. Il leur fait peur. Non pas qu’il les contraigne ou qu’il les violente. Il s’est toujours arrêté quand elles l’ont exigé. Mais il les entraîne sur une pente qu’elles craignent de ne pouvoir remonter, vers le côté sombre d’elles-mêmes qu’elles préfèrent ignorer, nier. Il les comprend et il s’en veut d’être aussi égoïste. Pour Evelyne, il s’en veut d’autant plus que, pour une fois, il avait affaire à une femme libérée du carcan moral. Il n’a pas su voir ses limites physiques et cela, pour lui, c’est impardonnable. « Ça devenait une torture… » La petite phrase tourne dans sa tête comme un reproche mais également comme un remord. Il voulait la frustrer du droit de donner du plaisir. Il voulait se frustrer du droit d’en prendre. C’était une punition à double tranchant, équitable et méritée. Mais encore une fois, il n’a pas su s’arrêter avant que tombe le couperet de la nécessité.
Il se souvient de cette jeune-fille, dix ans auparavant, qui lui était soumise. Ils venaient de baiser, dans la rue, sous les yeux d’un spectateur dont qu’il ne perçut la présence que trop tard. Il donna l’ordre à Bénédicte d’aller soulager le bonhomme. Elle le regarda à la fois surprise et blessée, dit le mot et partit. Ils ne se revirent jamais plus. Elle le quitta au téléphone, très tôt, le lendemain. Toutes n’eurent pas son courage. La plupart fuit sans se retourner. Mais il savait ce qu’elles pensaient. La belle Evelyne ne ferait pas exception à la règle…
La nuit est encore noire, elle se réveille. Qu’importe ! La cafetière est à sa place et sa tête toujours sur ses épaules. Donc, tout va bien. Elle regarde couler le café, perdue dans ses pensées. Son corps recèle encore les stigmates du plaisir que lui a donné l’homme : ses cuisses lui font mal, son ventre aussi. Tant de contractions, tant de spasmes, ne peuvent que laisser des traces. Elle est percluse mais heureuse : elle a trouvé son alter ego, un homme capable de l’affranchir des limites et de les lui faire dépasser. Elle a hâte de le revoir mais elle pense qu’il lui faudra attendre que son corps retrouve ses capacités. A cette idée, elle sourit. C’est affaire de deux ou trois jours et, elle retrouvera sa bouche, sa langue qui sait si bien lui donner du plaisir. D’un geste, elle balaye ces pensées. Pas d’excès surtout pas d’excès. Ce genre d’idée la mène toujours à se caresser et elle ne le veut surtout pas. Son clitoris aura bien des compensations s’il sait patienter.
Elle se verse une tasse de café et y trempe les lèvres. L’image d’elle-même avalant la semence de l’homme lui revient en mémoire. Elle secoue la tête. Chacun de mes gestes va-t-il me rappeler ce type se demande-t-elle agacée. Si c’est le cas, l’attente va être plus dure que je croyais. Il va falloir que je fasse quelque chose…
Mais quoi ? Elle se refuse à « se refaire une bouche », expression qu’elle emploie quand elle se fait un mec pour oublier le précédent. D’ailleurs, elle en serait bien incapable, son corps est démantibulé.
Elle décide qu’elle appellera sa copine Florence. Florence, c’est une solution bien pratique quand elle a besoin de ne pas penser. Florence est une pie qui jacasse sans arrêt sur les sujets les moins passionnants qui soient et qui a le gros avantage de ne jamais l’interroger sur ce qu’elle nomme, en riant, ses « turpitudes ». Florence, c’est son amie d’enfance, elles ont le même âge, à une semaine près et se connaissent depuis la maternelle. Florence est sans doute la seule à ne l’avoir jamais jugée tout en lui disant à quel point elle désapprouve parfois (souvent) sa conduite. Décidément, oui. Florence est le médicament idéal pour soigner sa maladie toute neuve. Elle va lui proposer un petit week-end entre fille…
Elle l’appela le lundi matin mais il ne répondit pas. Elle recommença vers midi puis vers treize heures. Enfin, il décrocha.
- Tu aurais pu me rappeler lui dit-elle tout à trac.
- Je suis au boulot, je ne réponds qu’aux urgences.
Prends ça dans le nez ma vieille, pour lui, tu n’es pas une urgence. Il est toujours aussi goujat, c’est rassurant…
Telles furent les pensées de la belle tandis qu’elle disait :
- Je voudrais qu’on se voie…
- Si c’est pour parler de l’autre jour, pas la peine, je sais déjà ce que tu veux me dire.
- Je ne veux pas qu’on parle… j’ai adoré ce que tu m’as fait l’autre jour…
Au bout du fil, c’est le silence. L’homme n’est pas sûr d’avoir bien entendu. Il est à deux doigts de se faire répéter quand il entend :
- Viens quand tu veux ! mais viens vite, j’ai envie…
Et puis il y a un clic. La belle a raccroché.
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