Mister Hyde - 7
Récit érotique écrit par LVolante [→ Accès à sa fiche auteur]
Auteur homme.
- • 41 récits publiés.
- • Cote moyenne attribuée par les lecteurs : 9.2 • Cote moyenne attribuée par HDS : 10.0
- • L'ensemble des récits érotiques de LVolante ont reçu un total de 152 264 visites.
Histoire érotique Publiée sur HDS le 04-01-2017 dans la catégorie Entre-nous, hommes et femmes
Cette histoire de sexe a été affichée 5 366 fois depuis sa publication.
Couleur du fond :
Mister Hyde - 7
7-
Frédérique passa l’intégralité de ses journées à s’occuper de Franck. Le bout-de-chou accaparait son temps et ses pensées et c’était parfait comme ça. Quand il dormait, elle s’affairait dans la maison, dès qu’il se réveillait, elle le nourrissait et sortait pour le promener. L’absence de son père ne semblait pas trop le marquer bien que, de temps en temps, des pleurs inextinguibles lui signifiaient qu’elle n’était pas celui qu’il espérait. Elle réussissait cependant à calmer sa tristesse par ses mamours et ses câlins. Les gazouillis de son enfant calmaient alors le pincement au cœur qu’elle ressentait.
Le lundi soir, seule dans son loft, elle en vint à regretter de n’avoir pas la télé. Au moins, il y aurait eu du bruit, un substitut de présence. Mais, Frédéric, par webcam interposée lui fit oublier cette idée. Il exigea qu’elle se mette nue et qu’elle se caressât pour lui. Il dirigeait et elle exécutait. Elle découvrit un plaisir nouveau.
Le lendemain, un peu après dix heures, il lui envoya un texto : « Allume skype sur ton tèl. » Aussitôt demandé, aussitôt fait. Elle répondit à son appel.
- Montre-moi le plug ! lui commanda-t-il.
Elle se plia à son exigence en glissant le portable sous sa jupe. Il raccrocha. Le soir, il l’appela vers vingt-deux heures sans s’excuser de sa goujaterie du matin. Il voulut tout savoir de son fils : ce qu’il avait mangé, combien d’heures il avait dormi dans la journée, s’il n’avait pas trop pleuré… Mais il n’eut pas un mot pour elle. Il en fut de même les deux jours suivant mais le jeudi, après les questions rituelles sur la santé de Franck, le ton changea.
- Demain, à quinze heures, tu mettras le plug. Je veux que ton cul soit ouvert pour mon arrivée. Une jupe, un T-shirt. Aucun dessous. Si je change d’avis, tu recevras un texto. Je pense arriver vers vingt heures. J’aurai une faim de loup. Maintenant, tourne-toi ! Montre-moi ton cul et ta chatte je veux voir si tu mouilles et si tu es ouverte.
Il ne fut pas déçu. Le ton de sa voix, les ordres qu’il donnait excitèrent Frédérique autant que s’ils avaient été dans la même pièce.
- C’est bien ! dit la voix dans le haut-parleur. Tu mouilles comme une petite salope. Ce soir, tu pourras te toucher tant que tu veux. Mais attention, je te veux en forme demain…
Et la voix disparut sans un mot d’au revoir.
***
Enfin arriva vendredi. Mais les heures ne passaient pas, elles s’étiraient comme de la guimauve. Frédérique n’en pouvait plus d’attendre. Pour comble de bonheur, Franck dormit comme un sonneur jusqu’à onze heures passées et refusa obstinément de faire sa sieste. A quinze heures, il pleurait toujours. Que devait-elle faire ? S’occuper de son bout-de-chou ou l’abandonner trois minutes le temps d’obéir à son Maître ?
Bonne mère ? Bonne soumise ? Elle opta pour la maternité. Dix minutes de plus ou de moins, qui saurait qu’elle n’avait pas obéi à l’heure dite si elle ne le révélait pas. Pour son malheur, Franck ne cessa de pleurer que vers cinq heures. Pffut ! Oublié le plug…
A l’arrivée de Frédéric, rien n’était prêt. Ni le dîner, ni elle. Cerise sur le gâteau, Franck gazouillait dans son lit. Le jeune homme se précipita à son chevet sans la moindre attention pour sa femelle. Dépitée, elle s’enferma dans la cuisine dans l’espoir de rattraper son retard. Sur le plan culinaire, au moins, elle réussit.
***
Le petit Franck s’endormit dans les bras de son père. Avec délicatesse, Frédéric le posa dans son lit. Il resta quelques minutes à veiller sur le sommeil de l’enfant puis, certain qu’il ne se réveillerait pas, le père quitta son fils. Frédérique était dans la cuisine et Frédéric devait la voir, lui parler. Il descendit les quelques marches en étouffant ses pas. Il se devait d’être discret pour le bien-être de son fils, pas pour surprendre Frédérique. Le résultat fut égal, elle sursauta quand il entra dans la cuisine.
- Il dort ? demanda-t-elle.
Elle était mère. Et c’était justement à cette facette de Frédérique qu’il voulait s’adresser.
- Il dort. Mais il était nerveux. Que s’est-il passé aujourd’hui ?
- Il t’attendait…
Elle lui avait répondu comme d’une mère à un père. Nul autre lien n’existait entre eux à cet instant. Ils étaient tous les deux inquiets pour leur enfant ; deux parents, angoissés pour leur progéniture.
Frédéric enlaça Frédérique. Il voulait juste la rassurer.
- Tout va bien maintenant, il dort. Je t’ai apporté un de ces kits à la con pour que tu puisses le surveiller sans avoir le nez dessus. Ce n’est pas bon qu’il dorme trop près de toi. Tu as aussi le droit de vivre…
« Docteur Jeckill est de retour » pensa-t-elle. « C’est certain, j’ai le droit de vivre. Mais ma vie est avec Mr Hyde… » Et celui qu’elle appelait de ses vœux survint sans attendre.
- On ne pourra jamais baiser avec Franck à moins de trois mètres. Il faut pouvoir l’éloigner et le surveiller en même temps.
Il glissa sa main sous la jupe et découvrit l’absence du plug.
- Je comprends, dit-il en enfonçant un doigt dans l’anus de la fille. Tu étais inquiète, c’est normal. Pas de punition. Mais je vais quand même t’enculer.
Il l’obligea à se pencher sur le plan de travail et d’un mouvement brusque, il la prit. En un instant, elle eut le cul en feu. Oooh ! Bon Dieu ! elle n’était pas prête à un tel assaut. Il la lima sans ménagement. Son cul ne se détendait pas, elle avait mal. Mais il s’en moquait et continua à la bourrer. Puis il s’arracha d’elle. Elle cria ! De douleur. D’un geste tournant du poignet, il la pivota et la jeta à terre. Les jets de sperme atteignirent sa gorge, son menton, ses yeux, son front. Le foutre inondait son visage. Il l’avait possédée et, pour la première fois elle n’avait pas joui.
***
Franck pleurait dans les bras de son père. Il était impuissant à le calmer et Frédérique ne se réveillait pas. Avec le marmot, il descendit à la cuisine et finit par découvrir un biberon dans le frigo. Un petit tour au four micro-ondes et le tour fut joué, il put nourrir son fils. Les images affluèrent dans l’esprit du jeune père. Il se revit, recevant le gamin des mains de la sage-femme. « Un petit bout de chair » s’était-il dit. Et puis il l’avait tenu contre lui. Toute sa vie, il se souviendrait du sentiment qui l’avait envahi. Le « petit bout de chair » s’était insufflé dans ses veines, dans sa peau et, pendant un court instant, ils n’avaient été qu’un. Jamais plus, loin de ce petit être, Frédéric ne serait entier…
Il embrassa son fils qui cessa de pleurer.
***
Frédérique ouvrit les yeux dans le silence. Quelle heure pouvait-il être ? Tôt, sans doute. Et puis elle remarqua le berceau vide. D’un bond elle fut debout. Elle chercha Franck dans tous les recoins de la pièce et finit par se souvenir de la présence de son père. Instantanément, elle pensa qu’ils étaient partis, que Frédéric n’était venu que pour lui voler son enfant. Elle cria, angoissée à l’idée qu’il l’eût enlevé. Mais Frédéric répondit.
- Tout va bien ! Il est avec moi. Descends !
Elle les trouva à la cuisine. Lui, assis devant un bol de café, tenant le petit sur son bras. Elle sourit, soulagée. Elle chancela sous la brutalité du calme qui revenait.
- Pas de croissant. Il était un peu tôt pour sortir et de toute façon, je ne sais pas où tu as foutu la poussette.
Son ton était serein et il feint d’ignorer son malaise. Mais une trace dans ses yeux exprimait la contrariété. Il lui tendit l’enfant.
- Il a mangé et ça fait deux heures qu’il ronronne. Occupe-toi de lui, je vais chercher le petit dèj’.
***
Elle resta seule un bon quart d’heure. Franck s’était endormi aussitôt allongé et elle était redescendue dans la cuisine munie du précieux appareil qui lui permettait de surveiller son fils à distance. Le thé était prêt quand Frédéric revint. Il jeta le sac de brioches sur la table.
- Je suis déçu, dit-il, que tu sois incapable d’être à la fois mère et femelle.
Elle était prise au dépourvu et ne sut comment réagir. D’un regard il l’aida, et elle s’agenouilla.
- Que tu omettes de m’obéir parce que tu es inquiète, je le comprends et je l’excuse. Que tu manques de confiance en moi au point de croire que je vais enlever notre enfant, ça, c’est impardonnable. Je suis le père de ton fils et, à ce titre, je ne peux pas vous faire de mal. Je suis aussi ton maître et, à ce titre, je dois te protéger. Dans un cas comme dans l’autre, il est impensable que je soustraie Franck à l’amour de sa mère. Mais, comme c’est ce que tu sembles souhaiter, je ferais dès lundi une demande officielle de droit de visite. Tu peux vaquer. A partir de cet instant, tu ne me dois plus rien et tu n’es plus à moi.
Se retournant, il attrapa la cafetière et s’en servit un bol dans lequel il trempa une brioche décapitée. Frédérique, elle, ne bougea pas. La femelle était anéantie et la mère aux abois. La femelle prit le dessus et implora :
- Maître, s’il vous plaît…
Il continua de petit-déjeuner.
- Maître, je vous en prie…
Il fit la sourde oreille.
Il était en colère et, comme à chaque fois qu’il laissait sa colère s’exprimer, il avait prononcé des phrases définitives. Les mots avaient dépassé sa pensée et l’avaient entraîné dans une diatribe d’une mauvaise foi dégueulasse. Il avait prêté à Frédérique des intentions qu’elle n’avait jamais eu. Il l’avait répudiée à l’aide de mensonges assenés comme des vérités et pour couronner le tout, il avait brûlé ses vaisseaux, rendant impossible tout retour en arrière. Pourtant, il avait la certitude que rien n’était terminé. Frédérique était toujours là à attendre un geste de sa part. Un geste. Mais lequel ? Elle n’avait pas réitéré sa prière, elle s’était contenté de rester silencieuse à le regarder. Fière, bien qu’agenouillée elle lui lançait un regard bleu étrangement serein. Passé le premier choc, elle avait estimé qu’il fallait faire preuve de patience en attendant que retombe la colère. Elle connaissait son homme et, bien qu’elle ne l’eût jamais vu dans des dispositions aussi extrêmes, elle savait que sa raison reprendrait le dessus, bientôt, très vite. Leurs regards se croisèrent, c’est lui qui détourna les yeux.
- Je suis un sale con !
Ce n’était pas une excuse, juste une constatation qui n’appelait aucun pardon. Elle eut un sourire.
- Je sais, Maître ! fut sa réponse.
Un silence s’installa. Pas un silence gêné ou glacial. Un silence de circonstance permettant à chacun de retrouver son rôle. C’est elle qui le brisa en se levant et en venant se lover dans les bras de son homme. Elle l’avait quitté puis découvert, elle était tombée amoureuse de ce nouveau lui, il n’était pas question de le perdre.
- Je suis toujours votre salope !
Les bras de Frédéric se refermèrent sur elle. La tempête s’était éloignée.
***
Pour quelle obscure raison Frédéric se lança-t-il dans la lecture du bail ? Sans doute parce que le dossier traînait sur l’appui de la fenêtre où il s’était assis et que c’était une occupation comme une autre.
Ils s’étaient engueulés, ils avaient fait l’amour, ils avaient pouponné en chœur autour de Franck, ils étaient allés au square comme une famille modèle… Et maintenant que Franck dormait, ils étaient séparés. Elle faisait le dîner et lui ne faisait rien. Il se plongea donc dans la lecture du bail pour tromper son ennui… ou éviter de ressasser tous ses désirs.
Il découvrit que le garage attenant au loft faisait partie du lot loué par Frédérique. Sans doute l’ignorait-elle puisque la voiture dormait dehors. Il conserva l’information par devers lui en attendant de visiter les lieux. Peut-être que ce garage pourrait avoir une toute autre utilité que d’y parquer une automobile…
Frédérique apparut, il rangea le bail. Elle était porteuse d’une méga salade contenant tous les ingrédients d’un repas complet. Il lui sut gré d’avoir cuisiné froid, la chaleur de la journée en serait tempérée. Il désigna la table basse déjà dressée. Elle posa le saladier, il lui montra son sac. Elle le lui apporta, il en tira un boîte plate et rectangulaire qu’il lui tendit. En l’ouvrant, la jeune-femme sut tout de suite ce qu’elle avait à faire.
La boîte contenait une nuisette arachnéenne d’un bleu qui rappelait ses yeux, accompagnée d’un string coordonné tout aussi transparent. Frédérique s’éloigna, se cacha, pour les enfiler. Elle voulait apparaître dans toute la splendeur de cette parure sans qu’il la vît auparavant s’en revêtir. L’effet qu’elle provoqua fut au-delà de toute espérance : elle se sentit émue, désirable, excitée ; lui, était incontestablement fasciné et conquis.
Elle s’agenouilla face à lui, selon le plan de table qu’il avait réglé. Elle était quasiment nue, vulnérable et pourtant, elle était forte. Sa tenue lui donnait un pouvoir qui le tétanisait, le subjuguait à un tel point qu’elle se sentit, un court instant, maîtresse du jeu.
C’était sans compter sur la formidable capacité d’abstraction de Frédéric.
- Il y a deux ou trois choses que je dois te dire…
La voix de Frédéric était tendue, comme si elle lui servait à autre chose qu’à prononcer des mots. Et, de fait, c’était bien le cas. Il en usait comme d’une corde de rappel pour sortir du gouffre de la contemplation où la tenue de Frédérique l’avait plongé. Il avait besoin de parler, d’être dur pour rester dans son rôle.
- Tout d’abord, il faut que tu saches que je n’interférerai jamais dans ton rôle de mère. Ce sera sans doute le seul domaine de ta vie que je ne contrôlerai pas. Il pourra nous arriver d’en discuter mais nous le ferons en tant que parents. Envisager toute autre possibilité serait contraire à mon éthique.
Dans le même ordre d’idée, saches que je ne ferai jamais rien pour te prendre Franck. Ce serait lui faire du mal et j’en suis incapable. Tu m’as blessé, ce matin en pensant que je pouvais agir ainsi et c’est insupportable. Maintenant, je considère ce débat comme clos. Fais-en de même.
Pour le reste, je suis ton Maître ! Tu es à moi comme le serait une chienne, une chèvre ou tout animal domestique. A ce titre, je ne tolérerai aucune désobéissance et je serai seul juge de tes excuses ou de tes explications. Si je décide de te punir, ce sera sans appel. Tu devras te soumettre à mon verdict. La fellation que j’ai exigée de toi la semaine dernière, ce n’était pas seulement une pipe, c’était un acte d’obédience. Te commander d’avaler mon sperme, c’était te faire comprendre que pas une parcelle de ton corps n’échappe à ma possession. Cela scellait entre nous un contrat tacite qui ne te laisse qu’un seul droit : celui de tout arrêter !
Le choix de ce que tu manges, de ce que tu portes, le fait que tu aies du plaisir ou non, j’en suis seul juge. Cette liste n’est pas exhaustive, tu n’as plus aucune liberté sans accord explicite de ma part. Il va sans dire que sorties ou visites chez ta mère sont à mettre dans le même sac…
Il pourra arriver que je te laisse une certaine latitude pour un temps limité et sur tel ou tel point… Ne considère jamais que c’est un acquis définitif. Ce ne sera pas le cas !
As-tu bien tout compris ?
La réponse de Frédérique ne se fit pas attendre. Il exigea qu’elle résume ses paroles pour en avoir la certitude. Satisfait, il reprit :
- Je vais conserver un double des clés, ainsi, je pourrais venir si l’envie m’en prend. Après tout, Paris n’est qu’à trois heures de route. Quand cela se produira, je t’enverrai mes consignes par texto en t’indiquant mon heure d’arrivée. J’attends de toi que tu sois toujours disponible pour moi. Cela signifie que tu devras me faire connaître ton emploi du temps journalier par courriel ou texto selon le cas.
- Oui Maître ! répondit-elle à la question qu’il n’avait pas posée.
Elle était tellement bouleversée qu’elle ne prit pas garde et parla sans y penser. Un excès de zèle que Frédéric rangea dans un petit coin de sa mémoire.
- Tu peux dîner maintenant mais, comme ça ne serait pas drôle sans un petit challenge, tu vas le faire sans les mains, en prenant soin de ne pas tâcher ta nuisette…
***
Frédérique n’arrivait pas à réfléchir. Manger comme il le lui avait ordonné et sans tâcher ses affaires s’avérant bien plus compliqué que prévu. La concentration dont elle devait faire preuve occupait la quasi-totalité de ses capacités méningées. Le peu qui restait disponible s’attachait à calmer sa colère et son indignation. Rapidement, son visage fut barbouillé de cette saleté de sauce vinaigrette vendue toute faite. Elle se trouva bien punie de sa fainéantise : faire une vinaigrette, ce n’est pourtant pas sorcier…
Parfois elle levait les yeux vers son Maître. Il avait l’air d’apprécier le dîner et cala lui donnait du courage pour arriver victorieuse au bout de ce challenge idiot. Elle mit un certain temps, mais elle finit par gagner le pari. Autant son visage était sale, autant sa nuisette était immaculée. Elle regarda Frédéric, fière d’elle-même. Il lui sourit.
- Vas te débarbouiller dit-il.
Dans son empressement à obéir, elle se leva, une goutte tomba…
- Ah ! Je crois que tu as perdu…
Elle s’enfuit vers la salle de bains persuadée qu’à son retour, la sanction tomberait.
Elle tomba effectivement, sous une forme inattendue. Une leçon de morale.
- Tu dois être concentrée et le rester à chaque instant. Il ne suffit pas de penser que tu as achevé une tâche pour qu’elle le soit vraiment. C’est moi et moi seul qui décide du début et de la fin des…
Il hésitata quelques instants et finit par lâcher le mot.
- … Compétitions que je t’impose. Compétition. C’est le bon terme parce qu’à chaque fois, tu devras te battre pour la remporter. Te battre contre toi-même, d’abord et contre les éléments adverses ensuite. Ce que je t’ai fait faire ce soir en est l’exacte démonstration. Tu as d’abord dû lutter contre ton refus viscéral d’être traitée et de te comporter comme un animal. Ensuite il t’a fallu te confronter à la vinaigrette qui, comme tu as pu le constater est un ennemi tenace et pervers. Heureusement pour toi, tu connais tous les trucs de grand-mère pour détacher les vêtements. Au bout du compte, je suis assez fier de ton parcours. Tu as su te maîtriser, obéir docilement et réparer ta bévue. Ce n’est pas si mal comme résultat.
Maintenant, passe un peignoir et vient t’asseoir à côté de moi, j’aimerai que nous parlions de Franck.
***
La discussion dura à peine plus d’une demi-heure, durant laquelle Frédérique défendit becs et ongles sa position, pour finir par se ranger à l’avis paternel. Franck dormirait dans la chambre du bas, quel que soit le jour de la semaine. Ne l’exiler en-bas que pour la venue de son père serait bien plus perturbant pour lui que de s’y retrouver chaque soir. L’utilité des interphones n’en serait que plus entière.
Quand ils furent enfin d’accord, chacun réintégra son rôle.
***
En agissant comme il le fit, Frédéric ne laissa pas à Frédérique le loisir de comprendre que, tous les discours qu’il lui avait servis, n’étaient en fait destinés qu’à lui-même. En parlant comme il l’avait fait, il réussit à se convaincre du bien-fondé de ses actions. La jeune femme ne fut qu’un prétexte, une femme de paille, pour atteindre son véritable public, lui. Ainsi, il put continuer à agir. Pas un instant Frédérique ne soupçonna le manque d’assurance de son maître. Il suffisait pourtant d’additionner un et un pour découvrir que cela faisait deux. Par chance, pour Frédéric, elle se concentra sur ce qu’elle avait personnellement vécu : on ne se méfie jamais assez de son égocentrisme…
***
« Je suis une bête » se disait-elle. « Une bête et une idiote ! Jamais je n’aurais dû accepter de me conduire comme un animal ! Comme une chèvre… c’est de chèvre qu’il m’a traitée ! C’est comme une chèvre que j’ai broutée ma salade… » Déjà, elle ne supportait plus ce cercle vicieux qui la baladait entre la honte et le désir. Pourtant, elle en avait besoin, son corps le lui criait et, à chaque fois, son esprit abdiquait. C’était insupportable et délicieux. Chaque humiliation lui apportait tant de promesses, tant de satisfaction. Tout à l’heure, il lui avait dit être fier d’elle. Quelle plus grande récompense pouvait-elle espérer ? Tout cela tournait dans sa tête et l’enivrait. C’était… comme le martinet martelant sa chatte jusqu’à la faire jouir : une petite douleur pour un immense plaisir.
Elle allait exprimer son désir quand elle prit conscience de son regard sur elle. Ses yeux riboulaient de tendresse mais ses lèvres étaient habillées de ce sourire narquois qui la giflait si fort. Elle se tut. Elle se fit docile. Implorant mentalement son Dieu de lui ordonner quelque chose, n’importe quoi.
Mais il resta muet. « Le silence, lui avait-il expliqué il y a fort longtemps, est l’arme la plus imparable qui soit. Le silence, c’est une bête féroce qui vous laisse impuissant. Il est le soleil d’Icare. Il vous fait fondre à tout jamais. Une seule solution, fuir. Partir ! Vite ! Loin ! Et revenir tard ! Si jamais on revient… Il tue l’espoir. Sans rémission possible. »
Frédérique ne partit pas. Elle attendit. Patiente. Elle retourna contre son maître l’arme qu’il s’était choisi. De guerre lasse il aboya :
- Au lit !
Ils ne se touchèrent pas de toute la nuit.
***
La journée du dimanche passa comme celle du samedi, les engueulades en moins. Frédéric attendit impatiemment le soir, Frédéric se montra moins nerveux. Quand Franck fut couché, ils se firent livrer une pizza. En attendant, il se servit un whisky, Frédérique se dénuda. C’est dans la tenue d’Eve qu’elle alla ouvrir au livreur.
Ensuite ? Ils dînèrent. Frédéric interrogea la femme sur le ressenti de sa nudité face à un inconnu. Elle lui livra toutes ses sensations.
- Ce que j’ai éprouvé ? De l’amusement, pour sa gêne. Il était rouge comme une pivoine et c’était vraiment drôle. Ensuite, j’ai eu du désir. Pas pour lui spécialement, juste pour l’inconnu, pour un inconnu. J’ai payé, pris la pizza, fermé la porte… Et je me suis rendu compte que ce n’était pas ça. J’avais du désir, oui. Mais pas pour l’inconnu. J’avais du désir pour deux hommes. Vous en haut, lui en bas. Vous qui avez droit de me prendre quand et comme bon vous semble, lui qui aurait pu profiter de l’occasion qui lui était offerte. Et moi ! Entre vous deux. Prise devant et derrière en même temps. Voilà exactement ce que j’ai ressenti.
Frédéric vint s’asseoir sur la table basse, juste à côté d’elle. Tendrement, il prit son menton entre son pouce et son index replié et leva le visage de la jeune femme jusqu’à ce que leurs yeux se croisent.
- Ainsi, tu as envie d’être prise par deux hommes…
Formulé de la sorte, Frédérique se rendit compte du cynisme de son fantasme, c’était comme dire à son Maître qu’il était impuissant à la combler. Or, pas une seconde elle n’avait songé à cet aspect des choses. « L’attention toujours en éveil », elle avait manqué à cette règle. Frédéric allait la punir, c’était certain…
- Je sais que ce n’est pas très confortable mais vas t’allonger sur la table. Il y a un bandeau et un bâillon, passe les avant de t’installer. J’ai deux petites choses à préparer que je veux que tu ignores.
Frédérique s’interrogea sur la sauce à laquelle elle allait être mangée mais elle obéit sans attendre. Le mystère l’excitait. Pendant ce temps, son maître s’affairait, il fouillait dans son sac. Puis elle l’entendit marcher, descendre les marches, remonter quelques instants plus tard… Que manigançait-il ? Elle n’en avait pas la moindre idée. Elle perçut un bruit de roulement, celui d’objets qu’on pose. La crainte qui montait en elle allait de pair avec l’excitation qui la taraudait. Elle trouva cela délicieux.
- Retourne-toi ! dit-il
Elle s’installa sur le dos. Ses seins, qu’elle avait comprimés en s’allongeant sur le ventre, pointèrent jusqu’à lui faire mal. Ils en rajoutèrent quand Frédéric lia sa cheville au pied de la table.
Elle fut bientôt écartelée. La main de Frédéric se promena sur elle, apaisant ses craintes, augmentant son désir. Et puis ce fut la voix de son Maître qui vînt couler dans son oreille des mots suaves et prometteurs. Elle se laissa bercer par la musique de ses paroles. Enfin, elle perçut un chuintement puis le silence. Une odeur qu’elle ne définit pas chatouilla ses narines. C’était chaud et ça sentait bon. Elle n’en savait pas plus. De plus belle, elle huma. Une saveur d’agrume… de l’orange se dit-elle. Un dessert, sans doute : un quartier d’orange flambé au Cointreau…
Elle n’eut pas le temps de s’interroger sur la présence du bâillon. Un liquide chaud, presque brûlant coula sur son sein pour s’y figer dans la seconde. De la cire ! Il faisait fondre une bougie et répandait la paraffine bouillante sur sa poitrine. Elle aurait bien poussé un cri mais le bâillon l’en empêcha. Prisonnière, aveugle et muette, elle n’eut d’autre choix que de se laisser envahir par les sensations de cette nouvelle torture. C’était ardent mais doux aussi. Elle ne s’expliquait pas que ces deux opposés se rejoignent pour s’imbriquer en elle comme sources de plaisir. C’était pourtant le cas. Les rigoles qui suivaient les courbes de son corps déclenchaient ses frissons. Les frissons accéléraient les battements de son cœur. Et son cœur s’emballait en des désirs torrides. Ses yeux ouverts sous le bandeau dévoraient les étoiles. Elle était chaude, son sexe s’irriguait à un puits inconnu. Elle devint fontaine.
Mais un point, puis un autre, comme des gouttes de pluie, rafraîchirent son ventre. Du canyon séparant sa poitrine se déversa un torrent de montagne rapide et glacial pour former un lac dans son nombril. Un lac qui, vite, déborda, pour glisser sur ses hanches et bientôt sous ses fesses. Ses fesses, où moururent, à l’instant, les ultimes vestiges des micros icebergs.
Frissons chauds. Frissons froids. Tout était mélangé mais rien n’avait tiédi. L’esprit de Frédérique était tourneboulé, son corps écartelé était comme possédé. La symbiose parfaite de tous les opposés.
Quand elle sentit les mains craqueler les collines, quand elle sentit la bouche avaler l’eau du lac, elle explosa. Comme ces vieux volcans dont la pluie a figé la lave mais qui bouillent en dedans, de leur feu millénaire.
La bouche, fraîche encore, grimpa le col et puis, alla se perdre dans une autre vallée, plus basse, plus secrète…
Frédérique passa l’intégralité de ses journées à s’occuper de Franck. Le bout-de-chou accaparait son temps et ses pensées et c’était parfait comme ça. Quand il dormait, elle s’affairait dans la maison, dès qu’il se réveillait, elle le nourrissait et sortait pour le promener. L’absence de son père ne semblait pas trop le marquer bien que, de temps en temps, des pleurs inextinguibles lui signifiaient qu’elle n’était pas celui qu’il espérait. Elle réussissait cependant à calmer sa tristesse par ses mamours et ses câlins. Les gazouillis de son enfant calmaient alors le pincement au cœur qu’elle ressentait.
Le lundi soir, seule dans son loft, elle en vint à regretter de n’avoir pas la télé. Au moins, il y aurait eu du bruit, un substitut de présence. Mais, Frédéric, par webcam interposée lui fit oublier cette idée. Il exigea qu’elle se mette nue et qu’elle se caressât pour lui. Il dirigeait et elle exécutait. Elle découvrit un plaisir nouveau.
Le lendemain, un peu après dix heures, il lui envoya un texto : « Allume skype sur ton tèl. » Aussitôt demandé, aussitôt fait. Elle répondit à son appel.
- Montre-moi le plug ! lui commanda-t-il.
Elle se plia à son exigence en glissant le portable sous sa jupe. Il raccrocha. Le soir, il l’appela vers vingt-deux heures sans s’excuser de sa goujaterie du matin. Il voulut tout savoir de son fils : ce qu’il avait mangé, combien d’heures il avait dormi dans la journée, s’il n’avait pas trop pleuré… Mais il n’eut pas un mot pour elle. Il en fut de même les deux jours suivant mais le jeudi, après les questions rituelles sur la santé de Franck, le ton changea.
- Demain, à quinze heures, tu mettras le plug. Je veux que ton cul soit ouvert pour mon arrivée. Une jupe, un T-shirt. Aucun dessous. Si je change d’avis, tu recevras un texto. Je pense arriver vers vingt heures. J’aurai une faim de loup. Maintenant, tourne-toi ! Montre-moi ton cul et ta chatte je veux voir si tu mouilles et si tu es ouverte.
Il ne fut pas déçu. Le ton de sa voix, les ordres qu’il donnait excitèrent Frédérique autant que s’ils avaient été dans la même pièce.
- C’est bien ! dit la voix dans le haut-parleur. Tu mouilles comme une petite salope. Ce soir, tu pourras te toucher tant que tu veux. Mais attention, je te veux en forme demain…
Et la voix disparut sans un mot d’au revoir.
***
Enfin arriva vendredi. Mais les heures ne passaient pas, elles s’étiraient comme de la guimauve. Frédérique n’en pouvait plus d’attendre. Pour comble de bonheur, Franck dormit comme un sonneur jusqu’à onze heures passées et refusa obstinément de faire sa sieste. A quinze heures, il pleurait toujours. Que devait-elle faire ? S’occuper de son bout-de-chou ou l’abandonner trois minutes le temps d’obéir à son Maître ?
Bonne mère ? Bonne soumise ? Elle opta pour la maternité. Dix minutes de plus ou de moins, qui saurait qu’elle n’avait pas obéi à l’heure dite si elle ne le révélait pas. Pour son malheur, Franck ne cessa de pleurer que vers cinq heures. Pffut ! Oublié le plug…
A l’arrivée de Frédéric, rien n’était prêt. Ni le dîner, ni elle. Cerise sur le gâteau, Franck gazouillait dans son lit. Le jeune homme se précipita à son chevet sans la moindre attention pour sa femelle. Dépitée, elle s’enferma dans la cuisine dans l’espoir de rattraper son retard. Sur le plan culinaire, au moins, elle réussit.
***
Le petit Franck s’endormit dans les bras de son père. Avec délicatesse, Frédéric le posa dans son lit. Il resta quelques minutes à veiller sur le sommeil de l’enfant puis, certain qu’il ne se réveillerait pas, le père quitta son fils. Frédérique était dans la cuisine et Frédéric devait la voir, lui parler. Il descendit les quelques marches en étouffant ses pas. Il se devait d’être discret pour le bien-être de son fils, pas pour surprendre Frédérique. Le résultat fut égal, elle sursauta quand il entra dans la cuisine.
- Il dort ? demanda-t-elle.
Elle était mère. Et c’était justement à cette facette de Frédérique qu’il voulait s’adresser.
- Il dort. Mais il était nerveux. Que s’est-il passé aujourd’hui ?
- Il t’attendait…
Elle lui avait répondu comme d’une mère à un père. Nul autre lien n’existait entre eux à cet instant. Ils étaient tous les deux inquiets pour leur enfant ; deux parents, angoissés pour leur progéniture.
Frédéric enlaça Frédérique. Il voulait juste la rassurer.
- Tout va bien maintenant, il dort. Je t’ai apporté un de ces kits à la con pour que tu puisses le surveiller sans avoir le nez dessus. Ce n’est pas bon qu’il dorme trop près de toi. Tu as aussi le droit de vivre…
« Docteur Jeckill est de retour » pensa-t-elle. « C’est certain, j’ai le droit de vivre. Mais ma vie est avec Mr Hyde… » Et celui qu’elle appelait de ses vœux survint sans attendre.
- On ne pourra jamais baiser avec Franck à moins de trois mètres. Il faut pouvoir l’éloigner et le surveiller en même temps.
Il glissa sa main sous la jupe et découvrit l’absence du plug.
- Je comprends, dit-il en enfonçant un doigt dans l’anus de la fille. Tu étais inquiète, c’est normal. Pas de punition. Mais je vais quand même t’enculer.
Il l’obligea à se pencher sur le plan de travail et d’un mouvement brusque, il la prit. En un instant, elle eut le cul en feu. Oooh ! Bon Dieu ! elle n’était pas prête à un tel assaut. Il la lima sans ménagement. Son cul ne se détendait pas, elle avait mal. Mais il s’en moquait et continua à la bourrer. Puis il s’arracha d’elle. Elle cria ! De douleur. D’un geste tournant du poignet, il la pivota et la jeta à terre. Les jets de sperme atteignirent sa gorge, son menton, ses yeux, son front. Le foutre inondait son visage. Il l’avait possédée et, pour la première fois elle n’avait pas joui.
***
Franck pleurait dans les bras de son père. Il était impuissant à le calmer et Frédérique ne se réveillait pas. Avec le marmot, il descendit à la cuisine et finit par découvrir un biberon dans le frigo. Un petit tour au four micro-ondes et le tour fut joué, il put nourrir son fils. Les images affluèrent dans l’esprit du jeune père. Il se revit, recevant le gamin des mains de la sage-femme. « Un petit bout de chair » s’était-il dit. Et puis il l’avait tenu contre lui. Toute sa vie, il se souviendrait du sentiment qui l’avait envahi. Le « petit bout de chair » s’était insufflé dans ses veines, dans sa peau et, pendant un court instant, ils n’avaient été qu’un. Jamais plus, loin de ce petit être, Frédéric ne serait entier…
Il embrassa son fils qui cessa de pleurer.
***
Frédérique ouvrit les yeux dans le silence. Quelle heure pouvait-il être ? Tôt, sans doute. Et puis elle remarqua le berceau vide. D’un bond elle fut debout. Elle chercha Franck dans tous les recoins de la pièce et finit par se souvenir de la présence de son père. Instantanément, elle pensa qu’ils étaient partis, que Frédéric n’était venu que pour lui voler son enfant. Elle cria, angoissée à l’idée qu’il l’eût enlevé. Mais Frédéric répondit.
- Tout va bien ! Il est avec moi. Descends !
Elle les trouva à la cuisine. Lui, assis devant un bol de café, tenant le petit sur son bras. Elle sourit, soulagée. Elle chancela sous la brutalité du calme qui revenait.
- Pas de croissant. Il était un peu tôt pour sortir et de toute façon, je ne sais pas où tu as foutu la poussette.
Son ton était serein et il feint d’ignorer son malaise. Mais une trace dans ses yeux exprimait la contrariété. Il lui tendit l’enfant.
- Il a mangé et ça fait deux heures qu’il ronronne. Occupe-toi de lui, je vais chercher le petit dèj’.
***
Elle resta seule un bon quart d’heure. Franck s’était endormi aussitôt allongé et elle était redescendue dans la cuisine munie du précieux appareil qui lui permettait de surveiller son fils à distance. Le thé était prêt quand Frédéric revint. Il jeta le sac de brioches sur la table.
- Je suis déçu, dit-il, que tu sois incapable d’être à la fois mère et femelle.
Elle était prise au dépourvu et ne sut comment réagir. D’un regard il l’aida, et elle s’agenouilla.
- Que tu omettes de m’obéir parce que tu es inquiète, je le comprends et je l’excuse. Que tu manques de confiance en moi au point de croire que je vais enlever notre enfant, ça, c’est impardonnable. Je suis le père de ton fils et, à ce titre, je ne peux pas vous faire de mal. Je suis aussi ton maître et, à ce titre, je dois te protéger. Dans un cas comme dans l’autre, il est impensable que je soustraie Franck à l’amour de sa mère. Mais, comme c’est ce que tu sembles souhaiter, je ferais dès lundi une demande officielle de droit de visite. Tu peux vaquer. A partir de cet instant, tu ne me dois plus rien et tu n’es plus à moi.
Se retournant, il attrapa la cafetière et s’en servit un bol dans lequel il trempa une brioche décapitée. Frédérique, elle, ne bougea pas. La femelle était anéantie et la mère aux abois. La femelle prit le dessus et implora :
- Maître, s’il vous plaît…
Il continua de petit-déjeuner.
- Maître, je vous en prie…
Il fit la sourde oreille.
Il était en colère et, comme à chaque fois qu’il laissait sa colère s’exprimer, il avait prononcé des phrases définitives. Les mots avaient dépassé sa pensée et l’avaient entraîné dans une diatribe d’une mauvaise foi dégueulasse. Il avait prêté à Frédérique des intentions qu’elle n’avait jamais eu. Il l’avait répudiée à l’aide de mensonges assenés comme des vérités et pour couronner le tout, il avait brûlé ses vaisseaux, rendant impossible tout retour en arrière. Pourtant, il avait la certitude que rien n’était terminé. Frédérique était toujours là à attendre un geste de sa part. Un geste. Mais lequel ? Elle n’avait pas réitéré sa prière, elle s’était contenté de rester silencieuse à le regarder. Fière, bien qu’agenouillée elle lui lançait un regard bleu étrangement serein. Passé le premier choc, elle avait estimé qu’il fallait faire preuve de patience en attendant que retombe la colère. Elle connaissait son homme et, bien qu’elle ne l’eût jamais vu dans des dispositions aussi extrêmes, elle savait que sa raison reprendrait le dessus, bientôt, très vite. Leurs regards se croisèrent, c’est lui qui détourna les yeux.
- Je suis un sale con !
Ce n’était pas une excuse, juste une constatation qui n’appelait aucun pardon. Elle eut un sourire.
- Je sais, Maître ! fut sa réponse.
Un silence s’installa. Pas un silence gêné ou glacial. Un silence de circonstance permettant à chacun de retrouver son rôle. C’est elle qui le brisa en se levant et en venant se lover dans les bras de son homme. Elle l’avait quitté puis découvert, elle était tombée amoureuse de ce nouveau lui, il n’était pas question de le perdre.
- Je suis toujours votre salope !
Les bras de Frédéric se refermèrent sur elle. La tempête s’était éloignée.
***
Pour quelle obscure raison Frédéric se lança-t-il dans la lecture du bail ? Sans doute parce que le dossier traînait sur l’appui de la fenêtre où il s’était assis et que c’était une occupation comme une autre.
Ils s’étaient engueulés, ils avaient fait l’amour, ils avaient pouponné en chœur autour de Franck, ils étaient allés au square comme une famille modèle… Et maintenant que Franck dormait, ils étaient séparés. Elle faisait le dîner et lui ne faisait rien. Il se plongea donc dans la lecture du bail pour tromper son ennui… ou éviter de ressasser tous ses désirs.
Il découvrit que le garage attenant au loft faisait partie du lot loué par Frédérique. Sans doute l’ignorait-elle puisque la voiture dormait dehors. Il conserva l’information par devers lui en attendant de visiter les lieux. Peut-être que ce garage pourrait avoir une toute autre utilité que d’y parquer une automobile…
Frédérique apparut, il rangea le bail. Elle était porteuse d’une méga salade contenant tous les ingrédients d’un repas complet. Il lui sut gré d’avoir cuisiné froid, la chaleur de la journée en serait tempérée. Il désigna la table basse déjà dressée. Elle posa le saladier, il lui montra son sac. Elle le lui apporta, il en tira un boîte plate et rectangulaire qu’il lui tendit. En l’ouvrant, la jeune-femme sut tout de suite ce qu’elle avait à faire.
La boîte contenait une nuisette arachnéenne d’un bleu qui rappelait ses yeux, accompagnée d’un string coordonné tout aussi transparent. Frédérique s’éloigna, se cacha, pour les enfiler. Elle voulait apparaître dans toute la splendeur de cette parure sans qu’il la vît auparavant s’en revêtir. L’effet qu’elle provoqua fut au-delà de toute espérance : elle se sentit émue, désirable, excitée ; lui, était incontestablement fasciné et conquis.
Elle s’agenouilla face à lui, selon le plan de table qu’il avait réglé. Elle était quasiment nue, vulnérable et pourtant, elle était forte. Sa tenue lui donnait un pouvoir qui le tétanisait, le subjuguait à un tel point qu’elle se sentit, un court instant, maîtresse du jeu.
C’était sans compter sur la formidable capacité d’abstraction de Frédéric.
- Il y a deux ou trois choses que je dois te dire…
La voix de Frédéric était tendue, comme si elle lui servait à autre chose qu’à prononcer des mots. Et, de fait, c’était bien le cas. Il en usait comme d’une corde de rappel pour sortir du gouffre de la contemplation où la tenue de Frédérique l’avait plongé. Il avait besoin de parler, d’être dur pour rester dans son rôle.
- Tout d’abord, il faut que tu saches que je n’interférerai jamais dans ton rôle de mère. Ce sera sans doute le seul domaine de ta vie que je ne contrôlerai pas. Il pourra nous arriver d’en discuter mais nous le ferons en tant que parents. Envisager toute autre possibilité serait contraire à mon éthique.
Dans le même ordre d’idée, saches que je ne ferai jamais rien pour te prendre Franck. Ce serait lui faire du mal et j’en suis incapable. Tu m’as blessé, ce matin en pensant que je pouvais agir ainsi et c’est insupportable. Maintenant, je considère ce débat comme clos. Fais-en de même.
Pour le reste, je suis ton Maître ! Tu es à moi comme le serait une chienne, une chèvre ou tout animal domestique. A ce titre, je ne tolérerai aucune désobéissance et je serai seul juge de tes excuses ou de tes explications. Si je décide de te punir, ce sera sans appel. Tu devras te soumettre à mon verdict. La fellation que j’ai exigée de toi la semaine dernière, ce n’était pas seulement une pipe, c’était un acte d’obédience. Te commander d’avaler mon sperme, c’était te faire comprendre que pas une parcelle de ton corps n’échappe à ma possession. Cela scellait entre nous un contrat tacite qui ne te laisse qu’un seul droit : celui de tout arrêter !
Le choix de ce que tu manges, de ce que tu portes, le fait que tu aies du plaisir ou non, j’en suis seul juge. Cette liste n’est pas exhaustive, tu n’as plus aucune liberté sans accord explicite de ma part. Il va sans dire que sorties ou visites chez ta mère sont à mettre dans le même sac…
Il pourra arriver que je te laisse une certaine latitude pour un temps limité et sur tel ou tel point… Ne considère jamais que c’est un acquis définitif. Ce ne sera pas le cas !
As-tu bien tout compris ?
La réponse de Frédérique ne se fit pas attendre. Il exigea qu’elle résume ses paroles pour en avoir la certitude. Satisfait, il reprit :
- Je vais conserver un double des clés, ainsi, je pourrais venir si l’envie m’en prend. Après tout, Paris n’est qu’à trois heures de route. Quand cela se produira, je t’enverrai mes consignes par texto en t’indiquant mon heure d’arrivée. J’attends de toi que tu sois toujours disponible pour moi. Cela signifie que tu devras me faire connaître ton emploi du temps journalier par courriel ou texto selon le cas.
- Oui Maître ! répondit-elle à la question qu’il n’avait pas posée.
Elle était tellement bouleversée qu’elle ne prit pas garde et parla sans y penser. Un excès de zèle que Frédéric rangea dans un petit coin de sa mémoire.
- Tu peux dîner maintenant mais, comme ça ne serait pas drôle sans un petit challenge, tu vas le faire sans les mains, en prenant soin de ne pas tâcher ta nuisette…
***
Frédérique n’arrivait pas à réfléchir. Manger comme il le lui avait ordonné et sans tâcher ses affaires s’avérant bien plus compliqué que prévu. La concentration dont elle devait faire preuve occupait la quasi-totalité de ses capacités méningées. Le peu qui restait disponible s’attachait à calmer sa colère et son indignation. Rapidement, son visage fut barbouillé de cette saleté de sauce vinaigrette vendue toute faite. Elle se trouva bien punie de sa fainéantise : faire une vinaigrette, ce n’est pourtant pas sorcier…
Parfois elle levait les yeux vers son Maître. Il avait l’air d’apprécier le dîner et cala lui donnait du courage pour arriver victorieuse au bout de ce challenge idiot. Elle mit un certain temps, mais elle finit par gagner le pari. Autant son visage était sale, autant sa nuisette était immaculée. Elle regarda Frédéric, fière d’elle-même. Il lui sourit.
- Vas te débarbouiller dit-il.
Dans son empressement à obéir, elle se leva, une goutte tomba…
- Ah ! Je crois que tu as perdu…
Elle s’enfuit vers la salle de bains persuadée qu’à son retour, la sanction tomberait.
Elle tomba effectivement, sous une forme inattendue. Une leçon de morale.
- Tu dois être concentrée et le rester à chaque instant. Il ne suffit pas de penser que tu as achevé une tâche pour qu’elle le soit vraiment. C’est moi et moi seul qui décide du début et de la fin des…
Il hésitata quelques instants et finit par lâcher le mot.
- … Compétitions que je t’impose. Compétition. C’est le bon terme parce qu’à chaque fois, tu devras te battre pour la remporter. Te battre contre toi-même, d’abord et contre les éléments adverses ensuite. Ce que je t’ai fait faire ce soir en est l’exacte démonstration. Tu as d’abord dû lutter contre ton refus viscéral d’être traitée et de te comporter comme un animal. Ensuite il t’a fallu te confronter à la vinaigrette qui, comme tu as pu le constater est un ennemi tenace et pervers. Heureusement pour toi, tu connais tous les trucs de grand-mère pour détacher les vêtements. Au bout du compte, je suis assez fier de ton parcours. Tu as su te maîtriser, obéir docilement et réparer ta bévue. Ce n’est pas si mal comme résultat.
Maintenant, passe un peignoir et vient t’asseoir à côté de moi, j’aimerai que nous parlions de Franck.
***
La discussion dura à peine plus d’une demi-heure, durant laquelle Frédérique défendit becs et ongles sa position, pour finir par se ranger à l’avis paternel. Franck dormirait dans la chambre du bas, quel que soit le jour de la semaine. Ne l’exiler en-bas que pour la venue de son père serait bien plus perturbant pour lui que de s’y retrouver chaque soir. L’utilité des interphones n’en serait que plus entière.
Quand ils furent enfin d’accord, chacun réintégra son rôle.
***
En agissant comme il le fit, Frédéric ne laissa pas à Frédérique le loisir de comprendre que, tous les discours qu’il lui avait servis, n’étaient en fait destinés qu’à lui-même. En parlant comme il l’avait fait, il réussit à se convaincre du bien-fondé de ses actions. La jeune femme ne fut qu’un prétexte, une femme de paille, pour atteindre son véritable public, lui. Ainsi, il put continuer à agir. Pas un instant Frédérique ne soupçonna le manque d’assurance de son maître. Il suffisait pourtant d’additionner un et un pour découvrir que cela faisait deux. Par chance, pour Frédéric, elle se concentra sur ce qu’elle avait personnellement vécu : on ne se méfie jamais assez de son égocentrisme…
***
« Je suis une bête » se disait-elle. « Une bête et une idiote ! Jamais je n’aurais dû accepter de me conduire comme un animal ! Comme une chèvre… c’est de chèvre qu’il m’a traitée ! C’est comme une chèvre que j’ai broutée ma salade… » Déjà, elle ne supportait plus ce cercle vicieux qui la baladait entre la honte et le désir. Pourtant, elle en avait besoin, son corps le lui criait et, à chaque fois, son esprit abdiquait. C’était insupportable et délicieux. Chaque humiliation lui apportait tant de promesses, tant de satisfaction. Tout à l’heure, il lui avait dit être fier d’elle. Quelle plus grande récompense pouvait-elle espérer ? Tout cela tournait dans sa tête et l’enivrait. C’était… comme le martinet martelant sa chatte jusqu’à la faire jouir : une petite douleur pour un immense plaisir.
Elle allait exprimer son désir quand elle prit conscience de son regard sur elle. Ses yeux riboulaient de tendresse mais ses lèvres étaient habillées de ce sourire narquois qui la giflait si fort. Elle se tut. Elle se fit docile. Implorant mentalement son Dieu de lui ordonner quelque chose, n’importe quoi.
Mais il resta muet. « Le silence, lui avait-il expliqué il y a fort longtemps, est l’arme la plus imparable qui soit. Le silence, c’est une bête féroce qui vous laisse impuissant. Il est le soleil d’Icare. Il vous fait fondre à tout jamais. Une seule solution, fuir. Partir ! Vite ! Loin ! Et revenir tard ! Si jamais on revient… Il tue l’espoir. Sans rémission possible. »
Frédérique ne partit pas. Elle attendit. Patiente. Elle retourna contre son maître l’arme qu’il s’était choisi. De guerre lasse il aboya :
- Au lit !
Ils ne se touchèrent pas de toute la nuit.
***
La journée du dimanche passa comme celle du samedi, les engueulades en moins. Frédéric attendit impatiemment le soir, Frédéric se montra moins nerveux. Quand Franck fut couché, ils se firent livrer une pizza. En attendant, il se servit un whisky, Frédérique se dénuda. C’est dans la tenue d’Eve qu’elle alla ouvrir au livreur.
Ensuite ? Ils dînèrent. Frédéric interrogea la femme sur le ressenti de sa nudité face à un inconnu. Elle lui livra toutes ses sensations.
- Ce que j’ai éprouvé ? De l’amusement, pour sa gêne. Il était rouge comme une pivoine et c’était vraiment drôle. Ensuite, j’ai eu du désir. Pas pour lui spécialement, juste pour l’inconnu, pour un inconnu. J’ai payé, pris la pizza, fermé la porte… Et je me suis rendu compte que ce n’était pas ça. J’avais du désir, oui. Mais pas pour l’inconnu. J’avais du désir pour deux hommes. Vous en haut, lui en bas. Vous qui avez droit de me prendre quand et comme bon vous semble, lui qui aurait pu profiter de l’occasion qui lui était offerte. Et moi ! Entre vous deux. Prise devant et derrière en même temps. Voilà exactement ce que j’ai ressenti.
Frédéric vint s’asseoir sur la table basse, juste à côté d’elle. Tendrement, il prit son menton entre son pouce et son index replié et leva le visage de la jeune femme jusqu’à ce que leurs yeux se croisent.
- Ainsi, tu as envie d’être prise par deux hommes…
Formulé de la sorte, Frédérique se rendit compte du cynisme de son fantasme, c’était comme dire à son Maître qu’il était impuissant à la combler. Or, pas une seconde elle n’avait songé à cet aspect des choses. « L’attention toujours en éveil », elle avait manqué à cette règle. Frédéric allait la punir, c’était certain…
- Je sais que ce n’est pas très confortable mais vas t’allonger sur la table. Il y a un bandeau et un bâillon, passe les avant de t’installer. J’ai deux petites choses à préparer que je veux que tu ignores.
Frédérique s’interrogea sur la sauce à laquelle elle allait être mangée mais elle obéit sans attendre. Le mystère l’excitait. Pendant ce temps, son maître s’affairait, il fouillait dans son sac. Puis elle l’entendit marcher, descendre les marches, remonter quelques instants plus tard… Que manigançait-il ? Elle n’en avait pas la moindre idée. Elle perçut un bruit de roulement, celui d’objets qu’on pose. La crainte qui montait en elle allait de pair avec l’excitation qui la taraudait. Elle trouva cela délicieux.
- Retourne-toi ! dit-il
Elle s’installa sur le dos. Ses seins, qu’elle avait comprimés en s’allongeant sur le ventre, pointèrent jusqu’à lui faire mal. Ils en rajoutèrent quand Frédéric lia sa cheville au pied de la table.
Elle fut bientôt écartelée. La main de Frédéric se promena sur elle, apaisant ses craintes, augmentant son désir. Et puis ce fut la voix de son Maître qui vînt couler dans son oreille des mots suaves et prometteurs. Elle se laissa bercer par la musique de ses paroles. Enfin, elle perçut un chuintement puis le silence. Une odeur qu’elle ne définit pas chatouilla ses narines. C’était chaud et ça sentait bon. Elle n’en savait pas plus. De plus belle, elle huma. Une saveur d’agrume… de l’orange se dit-elle. Un dessert, sans doute : un quartier d’orange flambé au Cointreau…
Elle n’eut pas le temps de s’interroger sur la présence du bâillon. Un liquide chaud, presque brûlant coula sur son sein pour s’y figer dans la seconde. De la cire ! Il faisait fondre une bougie et répandait la paraffine bouillante sur sa poitrine. Elle aurait bien poussé un cri mais le bâillon l’en empêcha. Prisonnière, aveugle et muette, elle n’eut d’autre choix que de se laisser envahir par les sensations de cette nouvelle torture. C’était ardent mais doux aussi. Elle ne s’expliquait pas que ces deux opposés se rejoignent pour s’imbriquer en elle comme sources de plaisir. C’était pourtant le cas. Les rigoles qui suivaient les courbes de son corps déclenchaient ses frissons. Les frissons accéléraient les battements de son cœur. Et son cœur s’emballait en des désirs torrides. Ses yeux ouverts sous le bandeau dévoraient les étoiles. Elle était chaude, son sexe s’irriguait à un puits inconnu. Elle devint fontaine.
Mais un point, puis un autre, comme des gouttes de pluie, rafraîchirent son ventre. Du canyon séparant sa poitrine se déversa un torrent de montagne rapide et glacial pour former un lac dans son nombril. Un lac qui, vite, déborda, pour glisser sur ses hanches et bientôt sous ses fesses. Ses fesses, où moururent, à l’instant, les ultimes vestiges des micros icebergs.
Frissons chauds. Frissons froids. Tout était mélangé mais rien n’avait tiédi. L’esprit de Frédérique était tourneboulé, son corps écartelé était comme possédé. La symbiose parfaite de tous les opposés.
Quand elle sentit les mains craqueler les collines, quand elle sentit la bouche avaler l’eau du lac, elle explosa. Comme ces vieux volcans dont la pluie a figé la lave mais qui bouillent en dedans, de leur feu millénaire.
La bouche, fraîche encore, grimpa le col et puis, alla se perdre dans une autre vallée, plus basse, plus secrète…
→ Qu'avez-vous pensé de cette histoire ??? Donnez votre avis...
→ Autres histoires érotiques publiées par LVolante
1 avis des lecteurs et lectrices après lecture : Les auteurs apprécient les commentaires de leurs lecteurs
Les avis des lecteurs
Merveilleux...je ne men lasse pas...