0236 Les nuages s’amoncellent à l’horizon…
Récit érotique écrit par Fab75du31 [→ Accès à sa fiche auteur]
Auteur homme.
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Histoire érotique Publiée sur HDS le 04-09-2020 dans la catégorie Entre-nous, les hommes
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0236 Les nuages s’amoncellent à l’horizon…
Mercredi 17 novembre 2001 au soir.
« Je vais devoir te laisser maintenant.
« Je te rappellerai bientôt pour prendre des nouvelles ».
« Merci d’avoir appelé, ça m’a fait vraiment plaisir ».
« Et alors, pour Nico, tu vas faire quoi ? ».
« Je ne sais pas encore ».
« Et si tu essayais de lui expliquer ? ».
« Non, il ne comprendrait pas ».
« Tu n’en sais rien, il n’est pas con ! ».
« Je sais que moi non plus je ne comprendrais pas si j’étais à sa place ».
« Mais peut-être que lui il pourrait ».
« Non, je ne crois pas ».
« Et tu ne vas jamais le laisser venir te voir ? ».
« Pas avant quelques temps. Noël c’est dans quelques semaines, et tout ça ce sera derrière moi, et je pourrais peut-être faire comme s’il ne s’était rien passé ».
« Tu crois que tu vas arrêter de culpabiliser ? Que quelques semaines vont changer quoi que ce soit ? ».
« Je ne sais pas ».
« Et tu crois que Nico va t’attendre jusqu’à Noël ? ».
« J’espère… j’espère… ».
« Et tu crois que tu vas pouvoir garder tout ça pour toi ? ».
« Il le faut ».
« Je te connais, Jérém, si tu gardes ça pour toi, ça va te miner et tu vas devenir insupportable. Nico va le sentir et ça va être la cata ».
« Si je lui parle de ça, je vais le perdre ».
« Moi je pense que tu vas le perdre si tu ne lui parles pas. Si tu lui caches des choses, il va le sentir. Et ça va le miner lui aussi ».
« Peut-être que je devrais tout arrêter et le laisser libre de rencontrer un gars qui le rendrait heureux ».
« Mais tu ne peux pas faire ça, tu le sais bien, Nico est trop important pour toi. Et tu ne peux pas risquer de le perdre à cause d’un truc qui n’a aucune importance au fond. Ne gâche pas tout à nouveau, Jérém, tu serais trop malheureux ».
« Je dois y aller, frérot. Encore merci d’avoir appelé ».
« Ne déconne pas ! ».
« Bisous ! ».
« Bisous et bon week-end. Et bon courage pour tout. Tu verras, tout va s’arranger ».
« Parfois je me dis que c’est toi le grand frère, Maxou ».
Vendredi 16 novembre 2001, 14 heures.
Six mois jour pour jour après notre première révision de maths dans l’appart de la rue de la Colombette, je suis dans le TGV qui m’amène à Paris pour retrouver Jérém. Mais à son insu. Je vais lui faire une surprise, même si elle est un peu « contre son gré ». Car dans son discours, Jérém ne tient pas vraiment à que je le rejoigne à Paris.
Mais au fond de moi, je pense que ça pourrait quand-même lui faire plaisir et nous aider à nous retrouver. Du moins c’était ma conviction au départ de Bordeaux, celle qui m’a poussé à envisager ce voyage. Une conviction qui semble perdre de son évidence depuis que le train a quitté la gare Saint Jean.
De toute façon, je ne peux pas passer un jour de plus sans le voir. Cinq semaines se sont écoulées depuis mon premier week-end parisien. Et je sens que Jérém est en train de s’éloigner à nouveau. Je ne peux rester sans rien faire, je dois tenter quelque chose.
Oui, dans ce TGV, je devrais me sentir comme le gars le plus heureux de la Terre, je devrais me réjouir du fait que dans quelques heures je serai dans les bras du gars que j’aime. Mais ma joie est parasitée par la peur de sa réaction en me voyant débarquer à l’improviste.
Les dés sont jetés, j’espère vraiment ne pas me faire jeter. En fait, depuis un certain temps, et sans que je le sache, pas mal de dés ont été jetés dans ma vie. L’avenir me dira quelles facettes le destin aura choisi de faire ressortir.
Pendant les trois heures de trajet en train entre Bordeaux et Paris, j’ai le temps de cogiter et de me prendre la tête à souhait. J’essaie de me dire que nos retrouvailles seront géniales, que, malgré tout, Jérém va me sauter au cou, que nous allons faire l’amour comme des lapins. Mais plus encore que l’envie de faire l’amour avec Jérém, c’est l’envie de me blottir dans ses bras, contre son torse musclé, contre ses poils bruns et doux, contre sa peau chaude et délicate qui est la plus pressante. L’envie de le caresser, de le couvrir de bisous. L’envie d’entendre sa présence, sa voix, de retrouver notre complicité. J’espère retrouver notre complicité. Cinq semaines, c’est la plus longue période sans le voir depuis le début de nos « révisions ». J’ai tellement envie de passer du temps avec lui, juste être avec lui. J’ai envie de parler avec lui, de savoir comment il va, de voir comment il va.
Je veux lui faire sentir que je suis là pour lui. Que je ne lui demande rien de plus que ce qu’il peut m’offrir. Comment montrer mon amour à Jérém ? Comment trouver les bons mots pour lui montrer ma présence sans l’étouffer ?
J’ai juste besoin de savoir que les promesses de Campan n’ont pas fané. J’ai peur de quel Jérém je vais retrouver. Au fur et à mesure que le voyage avance, je me sens de plus en plus aspiré dans un puissant vortex où se mélangent une joie intense, comme une ivresse, et une peur panique qui enserre mon ventre dans une prise de plus en plus douloureuse.
Deux sentiments qui me tiraillent dans tous les sens, sans cesse, qui m’épuisent littéralement.
Le train vient de quitter la gare d’Orléans et je me sens ko, j’ai juste envie de dormir. Je sens mon courage et ma détermination s’évaporer. J’ai envie de rentrer chez moi.
Aussi, je repense à ce qui a failli se passer avec Justin, et je m’en veux de m’être trouvé dans cette situation. Je m’en veux de lui avoir donné de faux espoirs, je m’en veux d’avoir fait n’importe quoi. Mais par-dessous tout je m’en veux vis-à-vis de Jérém. Je passe mon temps à prier pour qu’il ne me trompe pas, et au final c’est moi qui ai failli le tromper. Sale bête la tentation.
Est-ce que le fait que la tentation arrive à m’atteindre est le signe que mon amour n’est au fond pas si solide ? Ou bien est-il juste humain de chercher du réconfort ailleurs quand la personne qu’on aime nous tient à l’écart de sa vie ?
Dans le train, je repense évidemment aussi à Benjamin, le gars avec le chiot labrador qui m’avait laissé un mot avant de descendre du train à Bordeaux. Un mot disant que je lui plaisais bien, accompagné de son numéro de téléphone. Je suis heureux d’avoir jeté ce mot, et de ne pas m’être exposé à une autre tentation dangereuse.
A plusieurs reprises j’essaie d’avancer dans mon bouquin, mais je n’y arrive pas, je suis trop stressé et inquiet vis-à-vis de ce qui m’attend à Paris. J’ai peur que Jérém croie que je monte pour le surveiller, j’ai peur qu’il me quitte à nouveau, et pour de bon cette fois-ci. Mais j’ai surtout peur de ce que je vais découvrir de sa nouvelle vie.
Je repense aux mots de Léo qui insinuait que Jérém s’était tapé une nana, je repense aux explications de Jérém, explications auxquelles j’ai cru. Est-ce que j’ai bien fait d’y croire ? Est-ce qu’il a craqué depuis ?
Et je repense également au regard d’Ulysse posé sur moi et sur Jérém à ce moment-là, ce regard lourd et intense, et à mon impression que le boblond avait capté quelque chose. Je repense à sa façon insistante de m’appeler « le cousin », comme s’il mettait en doute cette version des faits. Est-ce qu’il avait vraiment compris pour Jérém et moi ou est-que ce n’était que mon imagination ? Est-ce que depuis il a parlé de tout ça avec Jérém ?
Le train arrive enfin en banlieue de la capitale. La grisaille des barres d’immeubles et des friches industrielles laissées à l’abandon et taguées est amplifiée par la grisaille du ciel, un ciel maussade et triste qui fait écho à ma tristesse et à mes inquiétudes intérieures.
Comme elle est différente la météo de ce soir, celle du ciel, tout comme celle de mon cœur, par rapport à celle bien ensoleillée avec laquelle Paris m’accueillait cinq semaines plus tôt !
A ce moment-là, j’étais heureux de venir voir Jérém, parce que je savais qu’il m’attendait les bras ouverts. Alors que ce soir, je ne sais vraiment pas à quoi m’attendre. Plus le train approche de la gare, plus je me dis que cette venue surprise n’était pas une si bonne idée que ça. J’ai peur de me heurter à son hostilité. J’ai peur de le mettre en pétard. J’ai peur d’un clash. Un nouveau clash du genre de celui qui s’est produit la dernière fois qu’il est venu chez moi après la semaine magique.
Le train arrive en gare Montparnasse et j’ai l’impression d’avoir les tripes nouées et les jambes paralysées. Je n’ai pas envie de descendre. J’ai l’impression que je n’en ai pas la force. Je dois me faire violence pour quitter mon siège et descendre sur le quai. C’est comme si j’y allais à reculons. C’est drôle cet état d’esprit lorsqu’on s’apprête à rejoindre le gars qu’on aime.
Dans la gare, dans le métro, la bogossitude de la capitale défile devant mes yeux avec une fréquence et une intensité qui ne connaissent pas de répit. D’habitude, chaque immersion dans la mâlitude d’une grande ville me donne le vertige, me remplit de frissons, d’émotions, de nœuds et de papillons dans le ventre, me donnant l’impression d’être une balle dans un flipper géant où chacun des rebonds infligés serait une nouvelle sexytude qui me percute, me bouscule, avant de me renvoyer vers un autre.
Et pourtant, ce soir je n’ai pas le cœur à ça. La bogossitude défile devant mes yeux, mais l’émotion qu’elle me procure d’habitude n’est pas au rendez-vous. Mes inquiétudes m’accaparent totalement. La peur de perdre Jérém une nouvelle fois me tétanise. J’ai envie de pleurer.
Dans le métro je sens mon stress monter jusqu’à presque m’étouffer.
A l’approche de la dernière gare avant les Buttes Chaumont, j’ai le tournis.
En marchant vers son immeuble, je sens mon audace, celle qui m’a poussé à prendre le train sans le lui annoncer, se faire la malle. Chaque pas est accompli au prix d’un effort épuisant. Mon cœur tape si fort que ses battements résonnent presque douloureusement dans mes oreilles. Je me sens vaciller, et je sais que je suis en train de perdre tous mes moyens. Je pressens que quand je serai en sa présence je serai complètement abasourdi, abruti. Pas après pas, le sens de l’expression « avoir les jambes en coton » m’apparaît dans toute sa lumière.
A la vue de son immeuble, je tremble.
Et s’il n’était pas là ? La dernière fois il était rentré à 18h00, mais est ce que ce sera le cas aujourd’hui ?
Et s’il était là mais qu’il n’était pas seul ? Et s’il était avec une nana ? Je ne veux pas vivre ça ! Et pourtant, je veux savoir.
C’est cette envie de savoir qui me pousse à accomplir les derniers pas.
Me voilà devant l’interphone de l’immeuble. Je suis tétanisé, je ne sais pas comment m’annoncer. J’ai peur de sonner. Cette idée d’y aller au culot était vraiment une idée à la con. Je n’aurais pas dû écouter le conseil de Monica et faire tant d’heures de train pour me retrouver dans cette situation inconfortable au possible. Définitivement, il faut que je me rappelle à l’avenir que les conseilleurs ne sont pas les payeurs, notamment en matière de questions sentimentales.
J’hésite face à l’interphone, mon doigt tremble sans trouver le courage de se poser sur le bouton à côté de l’étiquette Tommasi.
Finalement quelqu’un sort et j’en profite pour rentrer avant que la porte ne se referme. Premier niveau validé. Mais cela ne m’aide en rien pour la suite de l’« aventure ». Je ne sais toujours pas comment m’annoncer. Et surtout quelle va être sa réaction.
Je prends l’ascenseur, cet ascenseur dans lequel nous nous sommes échangé des bisous la dernière fois. Je repense à notre resto à Montmartre, à notre balade dans la nuit parisienne, à nos câlins, je repense à quand nous avons fait l’amour, à notre complicité, au bonheur d’être avec lui.
Etage 3… pourvu qu’il soit là…Etage 4… pourvu qu’il soit seul…Etage 5… pourvu qu’il ne me jette pas…Son étage. La porte de l’ascenseur s’ouvre. Voilà le couloir qui amène a son appart. J’ai la trouille.
Sa porte. J’ai vraiment envie de faire demi-tour. Et si je redescendais et je l’appelais pour le prévenir ?
Je suis à deux doigts de reprendre l’ascenseur, mais quelque chose me retient. Les murs sont fins, j’ai l’impression d’entendre la voix de mon Jérém. Mais avec qui il parle ? Il est peut-être au téléphone…Une hypothèse qui se dément très rapidement lorsque j’entends une autre voix masculine entrecouper celle de mon bobrun.
Ma jalousie chatouille ma curiosité. Et je me décide enfin à sonner.
« Ça doit être les pizzas » j’entends Jérém lancer.
Lorsque la porte s’ouvre, je frôle le malaise de très près. La raison ? La vision de mon Jérém beau comme un Dieu dans l’une des tenues les plus inattendues et les plus furieusement sexy qui soient.
Chemise blanche parfaitement coupée autour de son torse en V, de ses épaules et de ses biceps, cravate noire descendant presque jusqu’à sa braguette, pantalon noir et ceinture noire aussi, chaussures de ville en cuir. Brushing au gel impeccable, barbe de quelques jours mais très soignée, les bords coupés bien nets.
Oui, la vision de Jérém en ténue élégante me percute comme un 33 tonnes lancé à pleine vitesse. Car il est carrément sexy à mort. Et ça me met KO.
Ainsi, il me faut quelques secondes pour voir que mon bobrun a un cocard à l’arcade sourcilière gauche. Et pour capter son regard, un regard surpris et sonné.
« Qu’est-ce que tu fous là ? » il finit par me demander en chuchotant.
« Je suis venu te voir ».
« Je t’avais dit de ne pas venir ».
Les bruits venant de la télé de son appart résonnent dans le couloir.
« Je sais, mais j’avais trop envie de te voir ».
« Shut ! Ferme-là ! » fait-il, en criant et en chuchotant à la fois.
« Ça ne te fait pas plaisir ? ».
« Ecoute Nico » fait-il en approchant la porte du battant derrière lui.
Putain qu’est-ce qu’il est sexy dans cette tenue ! Pourquoi il est habillé ainsi ? J’ai envie de lui sauter dessus direct.
J’attends la suite des mots de Jérém lorsque j’entends une voix venant du séjour :« Alors, ces pizzas, ça vient ou quoi ? ».
« C’est qui ? » je ne peux m’empêcher de le questionner.
« C’est un pote… ».
« Alors, tu me laisses rentrer ou tu me laisses dans le couloir ? » je trouve la force de lui lancer, après avoir mis de côté ma surprise.
« Pourquoi t’es venu, putain ! » il m’engueule, mais toujours en chuchotant.
« Parce que tu ne m’as pas laissé le choix ».
Le silence qui suit semble indiquer que Jérém n’a rien à opposer à ce que je viens de dire. Non, il ne m’a pas laissé le choix. Mais Jérém a l’air mal à l’aise, et j’ai l’impression qu’il ne sait pas du tout comment réagir.
Je croise son regard, je ne le lâche plus. Je tente d’amadouer ce mètre quatre-vingt de muscles qui semble barrer mon chemin pour ne pas que je rentre dans son appart. Je donnerais cher pour savoir ce qui se passe dans sa tête à cet instant précis…
[« Ah putain, il fallait qu’il débarque maintenant ! » ne cesse de se répéter Jérémie.
Il fallait que Nico débarque ce soir, alors qu’il n’est pas seul. Et pourtant, quelque part il s’y attendait un peu. A force de le repousser, il ne lui a pas laissé le choix, c’est vrai.
Et puis, il a quand même eu les couilles de traverser la moitié de la France pour venir le voir, et en plus au risque de se faire jeter. Quand même, quand même !
Il ne peut le quitter des yeux, il est aimanté par son style « à l’arrache », par ses beaux cheveux châtains en bataille, ces vêtements trop grands qui cachent son physique élancé.
Car, comme d’habitude, Nico porte un blouson et un pull trop grands. Décidemment il ne sait pas mettre en valeur son beau petit corps. Jérém se dit depuis longtemps que ce choix de cacher son corps sous des vêtement trop larges semble témoigner d’un manque cruel d’assurance. C’est dommage, parce qu’il a quand même du goût dans le choix de ses fringues.
Et puis il y a ses grands yeux. Qu’est-ce qu’il aime ses grands yeux doux et pleins d’amour ! Nico a vraiment une bonne bouille à bisous. Son regard dégage un côté rêveur et timide qui le rend vraiment craquant. Son si beau sourire, un peu naïf, mais tellement lumineux, lui fait tellement de bien.
Oui, Nico lui fait de l’effet, beaucoup d’effet. Il le trouve tellement touchant. Et séduisant. Jérémie a terriblement envie de lui.
Mais en même temps, il est contrarié par le fait que Nico n’en a fait qu’à sa tête, qu’il est venu sans prévenir… mais qu’est-ce que ça lui fait plaisir de le voir, quand-même !
Jérémie a envie de lui faire des bisous, de le prendre dans ses bras. Sa peau douce lui fait envie. Il a aussi envie de sentir ses lèvres sur sa queue. Il a envie de sentir son regard qui le vise comme un Dieu pendant qu’il lui fait l’amour, ce regard qui le fait sentir important, unique.
Sa queue lui fait envie. Et il sent ressurgir en lui l’envie brûlante de le sentir en lui.
Jérémie a très envie de le faire rentrer. Mais en même temps il se demande ce que va penser son pote en le voyant débarquer. Il ne veut pas qu’il sache ce qu’il y a entre Nico et lui. Et aussi, qu’est-ce que va penser Nico ? Ne va-t-il pas se faire des idées au sujet de ce gars ?
De toute façon, Jérémie sait qu’il n’a pas le choix, qu’il ne peut pas lui claquer la porte au nez].
Le silence s’éternise, Jérém ne sait vraiment pas sur quel pied danser.
« Ecoute Jérém » je trouve la force de lui lancer, tout en me forçant à chuchoter pour rester discret « j’ai traversé la moitié de la France pour venir te voir. Si tu ne me laisses pas rentrer, je me casse et tu ne me revois plus jamais ».
Et là, en joignant le geste à la parole, je fais demi-tour et je me prépare à rejoindre l’ascenseur.
C’est évidemment un incroyable bluff. Incroyable dans le sens de peu crédible. Et pourtant ça fait son effet.
Je sens sa main attraper mon avant-bras. Comme sous la halle à Campan, mon Jérém me retient.
« Tais-toi et rentre ».
Niveau 2 plié. J’ai marqué assez de points pour changer de niveau et de décor. Je peux rentrer dans son appart.
Bien évidemment, la première « chose » qui attire mon attention en pénétrant dans le terrier de Jérém est la présence du pote en question. Le gars est installé sur le clic clac, devant la télé, avec une bière à la main. Evidemment, il est blond, barbu et baraqué comme un petit taureau.
Et il est habillé dans la même tenue élégante que Jérém. Chemise blanche lui aussi, mais avec les deux premiers boutons du haut ouverts, laissant entrevoir les lignes convergentes, à la fois douces et saillantes, de la naissance de ses pecs imberbes. Cravate noire, mais défaite, les bouts pendouillant des deux côtés du collet entourant son cou puissant. Lui aussi, dans cette tenue habillée, est sexy à un point que les mots me font défaut.
« Ulysse… j’ai de la visite » j’entends Jérém prévenir son pote tout accaparé par le match.
« Hey, mais toi je te connais… le cousin… » me lance le boblond, en même temps qu’un magnifique sourire illuminant son regard clair et viril.
« J’ai complètement zappé que mon cousin m’avait dit qu’il passerait me voir ce week-end » ment Jérém avec un aplomb qui n’est pas vraiment fait pour me rassurer.
« Alors le cousin, ça va ? » me demande Ulysse.
« Ça va merci et toi ? ».
« Bien, bien… bière et canapé en compagnie d’un pote… c’est le pied ! ».
Jérém a l’air très gêné. Et moi je suis gêné pour lui. Heureusement une diversion se produit. La sonnette retentit à nouveau dans l’appartement.
Jérém ouvre la porte et le livreur se pointe avec deux boîtes en carton entre les mains.
« Si on avait su, on en aurait commandé trois » commente Ulysse.
« On va partager » fait Jérém.
« En fait, non, je crois que je vais y aller » fait le boblond.
« Pourquoi tu veux y aller ? » réagit Jérém, l’air étonné.
« Finalement je sens que je suis pas mal fatigué, alors je vais rentrer pour être en forme pour demain ».
« Mais c’est toi qui as payé les pizzas… »« C’est pas grave, vous les mangerez à ma santé. J’espère que tu aimes la pizza au chorizo, Nico… allez, bonne soirée les gars… ».
« Bonne soirée Ulysse » fait mon bobrun.
« Et pense à ce que je t’ai dit, Jérém » fait le boblond en prenant la porte, mais en s’arrêtant sur le seuil « Ne t’en fais pas trop pour ce qui s’est passé le week-end dernier. Il ne faut pas que ça t’empêche d’avancer. Il faut un temps d’adaptation pour trouver sa place dans une équipe professionnelle ».
« Ce qui me fout les boules c’est qu’à Toulouse j’étais considéré comme l’un des meilleurs joueurs, alors qu’ici je me sens nul ».
« Je suis passé par là aussi. On a 18-20 ans, on sort d’une équipe amateur où on était respectés, et on a pu se croire les maîtres du monde. Mais quand on arrive dans une grande équipe ce n’est plus du tout ça, on doit tout recommencer depuis le début, on a à nouveau tout à prouver. Aussi, la pression que le club nous met sur les épaules ne favorise pas un démarrage en sérénité ».
« Tu dois surement avoir raison, tu as beaucoup plus d’expérience ».
« Ce que je veux que tu comprennes surtout, c’est que c’est à peu près la même chose pour tout le monde. Devoir tout recommencer alors qu’on se croyait bon c’est dur à admettre, mais d’un autre côté c’est une sacrée chance. Ça aide à garder les pieds ancrés au sol. Mais tu progresses bien, en deux mois tu as fait des pas de géant dans la technique, l’analyse de jeu, la coordination avec les autres joueurs. Tu es un très bon rugbyman et tu t’améliores chaque jour un peu plus. Il ne faut rien lâcher ».
« Merci Ulysse pour tout ce que tu fais pour moi ».
« C’est rien, tu es un bon gars. Tu es un bosseur. Et j’aime les gars bosseurs ».
Au travers de ce petit échange je viens de réaliser que je n’avais pas vraiment pris la mesure d’à quel point les difficultés d’intégration de Jérém dans l’équipe étaient grandes. C’est vrai que Jérém ne m’en a jamais vraiment parlé, se cantonnant à me parler de sa « fatigue ».
J’ai de la peine pour lui, mais d’un autre côté, et dans une certaine mesure, ça me « rassure » d’apprendre cela. Car quelque chose me dit que ses problèmes au rugby expliquent du moins en partie la distance que Jérém a mis entre nous depuis quelques semaines. Jérém ne va pas bien, et quand Jérém ne va pas bien, il se ferme en hérisson et il a tendance à se terrer dans son coin en attendant que ça passe. Oui, maintenant que je connais la raison, je retrouve là un comportement typiquement « à la Jérém ».
Mais en même temps, je suis déçu qu’il ne me fasse pas assez confiance pour me parler de ses problèmes. Ça sert à quoi d’être en couple si on ne se parle pas, si on ne va pas chercher du soutien chez l’autre dans les moments difficiles ?
Mais il fait confiance à Ulysse. Certes, Ulysse est aux premières loges pour voir les difficultés de Jérém. Et grâce à son expérience, il peut voir et affronter les choses d’une façon que je ne saurais appréhender, trouver des mots que je ne saurais trouver, et avoir auprès de Jérém une crédibilité et un pouvoir de réconfort que je ne saurais avoir. Et pourtant, je ne peux m’empêcher d’être jaloux de leur complicité, de leur amitié et de l’admiration de Jérém pour son coéquipier.
Une admiration qui ce soir, lors de ce petit échange, me paraît évidente comme jamais. Jérém buvait carrément les mots du boblond, on aurait dit un enfant fasciné par son mentor.
Ulysse vient de partir en laissant derrière lui une délicate traînée de parfum bien mec, quatre bières sur la table qu’il a dû partager avec Jérém, ainsi qu’une pointe de jalousie qui ne se base sur rien mais que je n’arrive pas pour autant à raisonner. Et il vient de partir en me laissant en tête à tête avec Jérém.
J’ai réussi à me faire accepter dans son appart, mais je réalise que le plus difficile est à faire. A savoir, affronter son hostilité, cette hostilité que je ressens dans son attitude et qui me stresse horriblement. J’ai l’impression que le troisième niveau, « Dans les bras de Jérém », je ne suis pas près de l’atteindre. Malheureusement, à ce jeu-là, on ne peut pas acheter des bonus pour avancer plus vite.
« Tu peux m’expliquer ce que tu fais là ? » me lance Jérém, après s’être allumé une cigarette à côté de la fenêtre.
[Jérémie a envie de se jeter sur Nico, de le serrer dans ses bras, de lui faire plein de bisous, de lui faire l’amour. Mais sa colère provoquée par le fait qu’il lui a « désobéi » a besoin de se faire sentir pour s’évacuer].
« Je te l’ai dit, j’avais trop envie de te voir ».
« Je m’en fiche de ça, je t’avais bien dit de ne pas venir ! ».
« Maintenant je suis là. Si vraiment ça ne te fait pas plaisir de me voir, je te l’ai dit, je me casse ».
Jérém ne réagit pas, il continue de fumer sa cigarette.
Il a l’air tendu, fatigué. Il a l’air d’un hérisson fermé en boule, tous piquants déployés. Pourquoi il ne se lâche pas avec moi comme il se lâche avec Ulysse ? Suis-je vraiment nul au point de ne pas mériter sa confiance ?
Mon regard est une fois de plus attiré par son cocard à l’arcade sourcilière. Ce qui me donne l’occasion de tenter d’amorcer une conversation.
« Qu’est ce qui t’es arrivé à l’arcade ? ».
« C’est rien ».
« Non, ce n’est pas rien ».
« Fiche-moi la paix ! ».
« Putain, Jérém, parle-moi ! Je ne suis pas débile, tu sais ?! Si tu me parles, je vais t’écouter, et je peux même comprendre ce que tu me racontes ! Tu comptes énormément pour moi et je m’inquiète pour toi ».
« J’ai pris un coup de coude pendant le match de samedi dernier » il finit par admettre.
« Comment s’est passé ce match ? ».
« J’ai pas envie d’en parler ».
« Alors on fait quoi si on ne parle pas, on se regarde en chien de faïence ? ».
« T’es chiant ! ».
« C’est pas nouveau, ça. Allez, accouche ! ».
« Ça a été une cata, ça te va ? ».
« Vous avez perdu ? ».
« 58 à 22 ».
« Ah, quand même ».
« Oui, comme tu le dis, quand même ! ».
« Et qu’est-ce qui s’est passé ? ».
« Il s’est passé que j’ai été nul et archinul, j’ai tout raté, et j’ai fait perdre des tas de points à l’équipe ».
« Mais ce n’est quand-même pas toi qui as fait perdre ton équipe tout seul ! ».
« Quand ça commence à foirer dès les premières minutes de jeu, ça ne peut qu’aller de pire en pire ».
« Je suis sûr que tu n’as pas été si nul que tu le prétends. Ulysse a dit que tu progresses bien ».
« J’ai été pire que ça même, je t’assure ».
« Mais tu as entendu Ulysse, il faut du temps, ça va venir ».
« Ulysse est un très bon joueur. Moi peut-être pas. Je sens que les gars ne me font pas confiance, et encore moins depuis samedi dernier. Je ne me sens pas à ma place, je me sens scruté, moqué, je me mets la pression tout seul et je joue de plus en plus mal ».
« Et moi je suis sûr que tu vas y arriver ».
« Tu ne connais rien au rugby ».
J’ai déjà entendu ça et même si c’est vrai, je prends sa remarque comme une baffe en pleine gueule. En gros, dans son « tu ne connais rien au rugby », j’entends « tu ne m’es d’aucun secours » qui fait un mal de chien. Mais je ne me laisse pas décourager.
« C’est vrai. Mais je sais que tu as les capacités et que tu sais te donner à fond pour arriver là où tu veux arriver. Alors, il faut juste ne pas te laisser décourager et être patient. Et ça viendra ».
« Ouais, ouais… » fait le bobrun sur un ton sceptique, avant de changer de sujet « N’empêche que t’as eu un sacré culot de te pointer sans prévenir… mon pote était là… j’ai besoin d’être discret, je te l’ai dit ».
« Mais tu as très bien fait semblant » je lui lance.
Jérém ne répond pas, il se réfugie derrière sa cigarette.
« Au fait, comment ça se fait que vous êtes si bien sapés ? » je ne peux me retenir de lui demander, toujours autant subjugué par sa tenue.
« Cet aprèm on a fait un shooting pour les photo officielles du club ».
« Putain, qu’est-ce que ça te va bien la tenue chemise cravate ! ».
« Alors, on les mange ces pizzas ? ».
« J’ai envie de toi » je lui lance cash, tout en le regardant droit dans les yeux.
Et là, je vois sa pomme d’Adam s’agiter. Je sais ce que cela veut dire. Ça veut dire que j’ai touché un point sensible chez mon bobrun. Je sais que je viens de déclencher chez lui une envie, un début d’excitation. Dans son regard, dans sa colère, je vois une étincelle lubrique faire surface et m’encourager à lui sauter dessus.
Je m’approche de lui, je pose ma main sur sa chemise immaculée, sur ses pecs saillants et fermes : rien que ce premier contact avec son corps m’apporte une intense sensation de bonheur.
Je le colle contre le mur, je le couvre de bisous, je l’embrasse sur la bouche, fou de lui. Le bogoss se laisse faire. Mais pas que. Très vite, ses lèvres cherchent les miennes, fébrilement, fougueusement. Ça me fait tellement plaisir, ça me rassure.
Je prends de l’audace. Je lui fais des bisous dans le cou, je remonte vers son oreille et je lui chuchote :« Alors ça te fait quand même un peu plaisir de me voir ».
« Tais-toi et… su… » je l’entends me lancer, mais s’arrêter juste avant de prononcer un ordre qui aurait été terriblement excitant.
« Et continue ce que tu étais en train de faire » il se corrige.
« Ne fais pas ton timide » je m’enhardis « je sais que tu crèves d’envie que je te suce ».
« Tu crois ça ».
A cet instant précis, j’ai l’impression de retrouver notre complicité et je suis heureux, vraiment heureux.
« Il n’y a qu’une façon de le savoir » je le cherche.
Un petit sourire malicieux traverse son visage. Et alors que je continue de lui faire des bisous dans le cou, et qu’avec la paume de mes mains je caresse ses pecs et j’agace ses tétons, j’entends son excitation monter à travers les variations de ses respirations, qui se font peu à peu de plus en plus profondes.
Bientôt, mes doigts travaillent avec délicatesse pour desserrer sa cravate. La desserrer, sans pour autant la défaire. Je la relâche suffisamment pour pouvoir la passer par-dessus le collet, pour la poser sur la peau mate de son cou.
Ensuite, je m’attaque aux boutons de sa belle chemise blanche. Je les déboutonne un à un, lentement, laborieusement, tant mes doigts tremblent dans cette action destinée à dévoiler la beauté aveuglante de sa plastique. Car à chaque bouton ouvert c’est un bout de sa peau mate qui se dévoile, c’est un détail de son corps de mâle que je redécouvre, c’est une bouffée de bonheur olfactif qui happe mon esprit et l’envahit d’un désir de plus en plus ravageur.
Bouton après bouton, je retrouve sa chaînette posée sur ses pecs, un bout de tatouage remontant depuis son épaule, son grain de beauté dans le creux du cou. Mais tout ce que je découvre n’est pas pour autant à mon goût. Car quelque chose manque à l’appel dans le puzzle intensément masculin qui compose la bogossitude de mon Jérém.
Les poils ! Où sont passés les poils ? Je les cherche, mais je ne les trouve pas. Je défais les derniers boutons de plus en plus fébrilement et je n’en trouve aucune trace. Et une fois les deux pans entièrement séparés, à la place de sa douce toison brune, une peau mate et rasée de près se dévoile à mes yeux.
Non pas que sa peau rasée ne soit pas furieusement sexy, d’autant plus que l’absence de poils présente l’avantage d’orienter le regard vers cette ligne finement velue marquant la symétrie de ses abdos et indiquant le chemin de sa virilité. Ligne qui, Dieu merci, a été épargnée.
En réalité, ce qui me perturbe, ce n’est pas tant l’absence de poils, mais plutôt le fait que, dans ma tête, les poils de son torse allaient avec le Jérém de Campan, avec le bonheur de Campan, avec les promesses de Campan, avec un Jérém qui s’assume, qui est à l’aise avec son corps et avec sa sexualité. Et avec notre histoire. Je lui ai dit et redit que je kiffais ça et j’avais l’impression qu’il les gardait pour me faire plaisir. Et maintenant il les a coupés. C’est con, mais j’ai l’impression que ce changement va de pair avec la distance que Jérém a mis entre nous depuis quelques semaines.
« Tu as coupé les poils ! » je ne peux m’empêcher de lui lancer avec une note de déception dans la voix.
« Je fais ce que je veux de mes poils ! ».
L’argument est imparable. C’est évident qu’il fait ce qu’il veut de ses poils. Mais l’acceptation de soi ne commence-t-elle pas de l’acceptation de son physique ? J’ai l’impression que par ce geste, et certainement par d’autres que j’ai peur de découvrir, Jérém essaie à nouveau d’être quelqu’un d’autre que lui-même, d’être celui que d’autres attendent qu’il soit, comme au lycée.
Mais il est évident que je n’ai pas le droit de le gonfler avec ça.
« C’est juste que je les aimais bien ».
« Je sais, tu me l’as dit » fait-il en défaisant sa ceinture.
Finalement, le bogoss a bien envie de se faire sucer. Quant à moi, cet élastique blanc qui dépasse de façon insolente de son beau pantalon noir, de sa ceinture, me fait voir rouge, me rend dingue.
Alors, sans plus tarder, je plonge mon nez et mon visage dans la peau tiède du creux de ses pecs, je pose des bisous légers, tout en agaçant ses tétons du bout de mes doigts, lui arrachant de bons frissons. Je descends encore, je m’attarde à humer la ligne de poils au milieu de ses abdos, j’apprécie comme il se doit ce dernier reliquat de sa pilosité mâle. Un petit bruit percute mon excitation et la décuple en une fraction de seconde. Mon bobrun vient d’ouvrir le zip de son pantalon.
Et là, comme par magie, sans déboutonner le bouton du haut de son pantalon, sa queue bien raide jaillit de sa braguette. Son gland est devant mon nez, gonflé à bloc, bien invitant.
Ça fait 5 semaines que je ne l’ai pas vu et je suis très ému de le retrouver. Alors, sans plus hésiter, je l’astique avec le bout de ma langue, arrachant au passage quelques bons frissons sensuels à mon Jérém.
Mes deux genoux posés sur le carrelage, je le pompe avec entrain. Mes mains prenant appui sur ses cuisses musclées, je m’évertue à lui offrir un bonheur sensuel aussi intense que possible. Il faut dire que je me trouve dans un état d’excitation délirant. Cette queue raide et chaude qui dépasse de la braguette ouverte, la ligne du boxer blanc qui coince ses couilles, mais aussi les pans ouverts de la chemise sur ses pecs et ses abdos, cette cravate négligemment posée sur la ligne médiane de son anatomie, les uns et l’autre ondulant au gré de mes va et vient, tout cela est terriblement excitant, c’est carrément de l’ordre du fantasme qui devient réalité.
Qu’est-ce que j’aime donner du plaisir à mon bobrun, et notamment ce plaisir si intime, la fellation, un plaisir que plus que tant d’autres est à sens unique, rendant hommage à la virilité du mâle. Un bonheur qui, pour celui qui suce, est en très grande partie psychologique, dans le bonheur de donner du plaisir au mâle, dans la soumission au mâle.
Un bonheur qui pourrait encore être décuplé si le bogoss s’employait à agacer mes tétons avec ses doigts comme il sait si bien faire. Chose qu’il n’est pas en mesure de faire, car il vient d’allumer une nouvelle cigarette. Ce qui me rappelle une nuit peu avant le bac, de retour de boîte, dans sa voiture, garée non loin de chez mes parents, une nuit où je l’ai pompé jusqu’au jus pendant qu’il fumait.
Mais son attitude de bad boy macho ne dure pas très longtemps, car assez vite, et probablement dépassé par le plaisir que je lui offre, tout comme en cette fameuse nuit, Jérém échappe la cigarette qui s’écrase sur le sol.
« Merde ! » je l’entends pester.
Je le pompe de plus en plus vite et profondément, avec de plus en plus d’entrain, je m’emploie à lui faire oublier ce petit accident. Jérém se laisse faire, écrase la cigarette avec sa belle chaussure en cuir et prend son pied à fond.
Et très vite, son attention ainsi libérée est enfin utilisée pour autre chose. D’abord, pour défaire entièrement sa cravate, laissant les deux bouts se poser sur la peau mate de son torse. Pendant quelques instants, le bogoss bombe son torse, plie ses bras et croise ses mains derrière sa tête. C’est beau au point d’en perdre la raison.
Mais assez vite, ses mains s’emploient à s’occuper de mon plaisir. Elles se glissent dans le V assez échancré de mon t-shirt, les bouts de ses doigts s’en vont chercher mes tétons, déploient ce toucher sans pareil qui est le leur, à la fois ferme et terriblement doux, excitant et frustrant, un toucher parfaitement dosé qui me rend dingue.
Et quand ses mains quittent mes tétons, c’est pour saisir et prendre appui sur mes épaules, pour me limer la bouche, lentement, profondément, avec des petites oscillations du bassin très viriles, mais pas brutales. Une attitude de mâle qui est juste une évidence.
Souvent, je me demande comment Jérém vit une pipe…
[« Quand Nico me suce, c’est un bonheur inouï ».
Jérémie est conscient que personne ne l’a jamais sucé de cette façon, avec cette furieuse envie de lui faire plaisir, de le faire jouir. Pendant que Nico le suce, tout son être est tendu vers un seul et unique but, lui offrir du plaisir. Se faire sucer de cette façon, se sentir désiré de cette façon, ça fait sacrément du bien. Il adore le regarder faire, car ça décuple ses sensations de plaisir.
C’est tellement bon que parfois il doit se retenir pour ne pas venir trop vite. Car ce qui est bon – et ceci Jérémie l’a découvert avec Nico – c’est le chemin qui mène à l’orgasme, plus que l’orgasme lui-même. D’ailleurs, là, si Nico continue à le pomper avec cet entrain, il sait qu’il ne va pas durer longtemps. Il a envie de l’arrêter pour le prendre et jouir dans son cul. Il a aussi envie de le sucer. Il a aussi envie de se faire prendre. Quand Nico est là, cette envie revient et ça lui paraît si naturel. Jérémie ne sait pas de quoi il a envie de premier. En réalité, il a envie de tout en même temps.
Il a envie que ça dure, mais il a envie de jouir, de jouir dans sa bouche, de le voir avaler. Il en a envie même si, après ce qu’il a fait, il sait qu’il ne le mérite pas vraiment.
Mais Nico fait ça trop bien, l’orgasme approche, il perd déjà pied, sa volonté s’évapore. Et alors il se laisse faire, il laisse Nico aller au bout de cette pipe fantastique].
Je sens son orgasme monter au travers de la prise de plus en plus forte et fébrile de ses mains sur mes épaules, au travers de sa respiration de plus en plus rapide, excitée, profonde et bruyante.
[Lorsque l’orgasme explose dans sa tête et balaie sa conscience, Jérémie est toujours assez lucide pour se dire qu’il n’y a que Nico qui sait lui offrir un orgasme pareil, un orgasme à le rendre fou ! Pourvu qu’il avale…].
J’entends le bogoss lâcher un grand soupir, avant de lâcher une bonne série de giclées lourdes et épaisses dans ma bouche. Une bonne dose de sa semence chaude que j’avale petit à petit, en la savourant comme la plus délicieuse des boissons.
Ah, qu’est-ce que c’est bon de retrouver son goût de jeune mâle et de sentir la vibration enivrante de son plaisir !
Je regarde mon bobrun, les épaules appuyées contre le mur, le bassin en avant, la queue toujours raide, luisante de sperme. Je regarde ses pecs et des abdos osciller sous l’effet de sa respiration bousculée par l’orgasme. Et je regarde son visage encore crispé, sa bouche entrouverte à la recherche d’air.
La aussi je donnerais cher pour savoir ce qu’il ressent à cet instant précis…
[Il n’y a qu’après l’amour avec Nico que je ressens cette sensation de chaleur dans le bas ventre, cet apaisement, cette petite ivresse, rien de moins que les signes d’un bel orgasme !]
Un instant plus tard, je sens ses mains passer sous mes aisselles et m’obliger à me relever. Pendant un instant, nous nous retrouvons face à face, un court instant pendant lequel j’ai le temps de me dire que mon bobrun, la chemise ouverte sur son torse de malade, la cravate défaite pendouillant des deux côtés de son cou, l’air repu, assommé de plaisir, est vraiment beau comme un Dieu.
Mais le bogoss a encore de la ressource. Il défait ma braguette, il baisse mon pantalon et mon boxer, me fait me mettre face contre le mur, il étale de la salive sur mon trou. Et il vient doucement en moi, il enfonce sa queue toujours raide jusqu’à la garde. Le bonheur de me sentir envahi par le pieu viril de mon mâle est un plaisir que je redécouvre à chaque fois avec enchantement.
Le bogoss commence à me limer lentement, tout en me branlant avec vigueur et en glissant son autre main sous mon t-shirt pour aller caresser délicatement mes pecs. Bref, mon bobrun met tout en œuvre pour me faire jouir très fort et très vite. Et lorsque mon orgasme explose, décuplé par les contractions de ma rondelle autour de son manche raide, j’ai l’impression de partir si loin dans le plaisir au point de douter de pouvoir en revenir.
Hélas, l’orgasme masculin est à la fois d’une intensité inouïe et d’une brièveté frustrante. Et lorsque je reviens à moi, Jérém se déboite aussitôt.
Mais alors que je m’attends à qu’il allume la cigarette « obligée » après l’orgasme, je l’entends me lancer :« J’ai faim ».
Nous voilà attablés en train de manger les pizzas, mes yeux incapables de quitter mon bobrun dangereusement sexy dans sa chemise ouverte sur ses pecs et ses abdos de fou. Quant à mon odorat, il est complètement assommé par les petites traînées de déo qui se dégagent de sa peau mate.
Nous mangeons en silence.
« Tu as de la chance d’avoir un pote comme Ulysse qui veut t’aider et qui te soutient » je lance pour amorcer une conversation.
« Oui, jusqu’au jour où il se rendra compte qu’il n’a pas misé sur le bon cheval ».
« Tu dis n’importe quoi ! ».
« On verra bien ».
« En tout cas Ulysse a l’air d’un bon gars ».
« C’est vraiment un bon gars. S’il n’était pas là, je crois que je ne tiendrai pas ».
[Jérém se dit qu’Ulysse est le seul qui le comprend et le soutient depuis le début. Qu’il est vraiment un chouette gars. Un véritable pote. Qu’il est toujours là pour lui. Qu’il a le cœur sur la main.
Mais aussi qu’il trouve sa présence rassurante. Et plaisante.
Qu’il ne peut s’empêcher de chercher sa présence dans les vestiaires.
Que ce gars l’impressionne. Car il a une classe, un charme qu’il lui envie.
Que sa voix le fait vibrer. Que ses mots le charment. Que son parfum lui fait de l’effet.
Que ce gars le fait se sentir bien comme le faisait Thibault, avant.
Que ce gars a peut-être compris qui il est vraiment. Et que pourtant il n’a jamais posé de questions, car c’est quelqu’un de discret et respectueux.
Qu’il aurait presque envie de tout lui déballer. Car il pressent que ça lui ferait du bien d’être lui-même au moins avec un pote.
Mais qu’il ne peut pas. Car même s’il sait qu’Ulysse n’irait pas crier tout ça sur tous les toits, il a peur que ça change quelque chose dans leur amitié. Il a peur que ça crée un malaise. Car il suffirait d’une imprudence pour que les ragots recommencent. Et Jérém ne veut surtout pas ça].
Nous sommes en train de dévorer nos pizzas lorsque le portable de Jérém se met à sonner. Jérém l’attrape, regarde le numéro qui s’affiche, et le jette sur la table avec un geste agacé.
« Tu réponds pas ? » je lui lance. En réalité, mes mots en cachent d’autres, du genre : « c’est qui ? » que je n’ose pas poser.
« Non, ça attendra ».
Soudain, j’ai l’impression que Jérém me cache quelque chose.
J’ai du mal à continuer à manger ma pizza l’estomac désormais noué par les questionnements. J’essaie de prendre sur moi, de me convaincre que ce n’est rien, que je me fais des films, lorsque son portable se met à sonner à nouveau.
« C’est l’un des gars » m’annonce Jérém, en répondant à l’interrogation silencieuse de mon regard.
« Pourquoi tu réponds pas ? ».
« Si je réponds je vais être obligé de sortir » fait il en mettant le portable en mode vibreur.
Je me pose de plus en plus de questions, car l’excuse des potes qui appellent me paraît un tantinet bancale. D’habitude c’est Ulysse qui l’appelle pour sortir. Mais ce soir Jérém lui a bien dit qu’il ne sortirait pas pour être en forme pour le match du lendemain et Ulysse a bien semblé intégrer cela. Il a même dit qu’il n’insisterait pas. Ça me paraît improbable que ce soit lui qui l’appelle. C’est peut-être un autre pote, mais ça me semble tout aussi improbable.
Alors, qui l’appelle avec cette insistance ? Mes inquiétudes sont amplifiées par le fait que je trouve Jérém distant, et un brin mal à l’aise après ces deux sonneries.
Le silence se prolonge et devient vite gênant.
« Comment se passe à la fac ? » je tente une nouvelle fois de faire la conversation, mais ce coup-ci pour essayer d’échapper à mes inquiétudes.
« Comme au rugby. Je merde. Chaque matin je suis cassé par les entraînements, et l’après-midi je n’arrive pas à me concentrer. Je vais abandonner. Ça me demande trop d’énergie. De toute façon, je n’y arrive pas. Il faut que je me concentre à 100% sur les entraînements ».
« Non, tu ne dois pas lâcher ».
« De toute façon, je n’ai rien à faire à la fac. Je n’ai pas la tête à faire des études. Et puis, nous les sportifs, avec nos cursus aménagés, les autres étudiants ne peuvent pas nous encadrer ».
« C’est à cause de ton problème que tu as du mal à suivre les cours ? ».
« Quel problème ? ».
« La dyslexie ».
« Comment tu sais ça ? ».
« Thibault m’en a touché deux mots, un jour, vite fait… ».
« Ah Thib… ».
« Mener une carrière de rugbyman pro en parallèle des études est un sacré challenge » j’essaie de le remonter « mais je suis sûr que tu as les capacités d’y arriver. Si tu as quelques difficultés, ce n’est pas parce que tu es nul, c’est juste parce que tu es fatigué et parce que ton problème te ralentit. Tu n’y peux rien. Mais je suis sûr que le travail finira par payer ».
« J’ai la trouille pour le match de demain » je l’entends Jérém me lancer de but en blanc. Mon Jérém a l’air tellement désemparé que je le trouve très émouvant. Je me lève, je fais le tour de la table et je le prends dans mes bras. Enfin mon Jérém s’ouvre à moi et ça me touche beaucoup.
« Il faut que tu sois confiant » je lui chuchote, tout en posant des bisous légers dans son cou.
« C’est pas facile quand tout part en couille ».
« Tout va finir par rentrer dans l’ordre, j’en suis certain ».
Dehors ça tombe toujours, j’entends la pluie drue taper sur le velux du plafond.
Nous passons la soirée devant la télé, devant un film sans intérêt. A plusieurs reprises, j’essaie de lui faire des câlins, mais je ne le sens pas vraiment réceptif. Au contraire, je le sens toujours distant, préoccupé, stressé. Je veux bien que le match du lendemain le préoccupe. Mais elle est passée où notre belle complicité ? Par moments, j’ai envie de pleurer.
A 22 heures, Jérém passe dans la salle de bain, il revient habillé d’un simple boxer blanc ainsi que de la nudité de son torse, tous pecs et abdos et tatouages sexy dehors, les deux lignes convergentes du pli de l’aine disparaissant dans l’élastique du boxer. Soudain, je sens mon trou frémir, réclamer sa présence virile, ses coups de reins, ses giclées bien chaudes.
Et alors que j’espère de toutes mes forces que celle qui a depuis toujours été la dernière frontière de notre complicité, le sexe, va sauver cette soirée morose, le bogoss m’annonce qu’il a besoin de dormir.
« Si tôt ? » je m’étonne.
« Demain je dois être au centre à 7 heures ».
« Pourquoi de si bonne heure ? » je le questionne.
« Demain nous jouons à Périgueux ».
Ah mince… je n’avais pas anticipé cette éventualité. C’est vrai que les équipes ne jouent pas toujours à domicile. Fait chier ! Je n’ai pas choisi le bon week-end car son emploi du temps va faire que nous allons avoir peu de moments pour nous voir.
« Je ne savais pas » je finis par lancer, comme hébété.
« Tu es venu sans prévenir ».
« On ne revient pas sur ça, s’il te plaît ! ».
« Je dois me lever à 5h00 et je suis claqué » il me lance froidement.
« D’accord, d’accord ».
Je passe à mon tour à la salle de bain. Je suis tellement déçu de ne pas faire l’amour avec Jérém ce soir !
Je suis tellement déboussolé que je n’ai même pas le courage de faire un petit détour olfactif dans son sac de sport qui semble pourtant me narguer dans un coin de la petite pièce.
Lorsque je reviens au lit, Jérém éteint la lumière, sans un mot. Je voudrais lui poser tant de questions mais je sais que ce n’est pas le moment. Dans l’état de stress où il est, il serait capable de m’envoyer chier direct. Alors je décide de prendre sur moi, et de faire comme si de rien n’était. On verra demain, suivant comment le match se passe, s’il revient de bonne humeur, peut-être j’aurai un créneau pour lui parler, pour essayer de retrouver mon Jérém, celui de ma première venue à Paris.
J’essaie de me calmer, de relativiser, de prendre sur moi une fois de plus, de me dire que ces coups de fil ce n’est rien et que si Jérém a dit que c’est l’un de ses potes, ça doit être vrai. Mais il ne s’est pas passé cinq minutes depuis l’extinction des feux lorsque son portable se met à vibrer à nouveau. Mon cœur se tape un sprint digne d’un départ de Formule Un. Un malaise très désagréable s’empare de moi. Jérém attrape l’appareil sur la table de nuit et l’éteint carrément.
« C’est qui, encore ? » j’aurais envie de lui demander. Mais je n’ose pas. Alors, je ne dis rien. Au fond de moi, j’espère que Jérém dise quelque chose, lui, qu’il me rassure, qu’il dissipe mes peurs. Mais au lieu de quoi, le silence s’installe, un silence qui devient de plus en plus blessant à chaque seconde« Toujours les potes ? » je ne peux m’empêcher de lui demande, tristement, comme une perche tendue pour lui signaler ma présence, mon inquiétude et mon besoin d’être rassuré.
« Oui, ils ne me lâchent pas ».
Une réponse qui, évidemment, ne suffit pas à m’apaiser. Je suis triste. Je trouve Jérém tellement distant. Je le prends dans mes bras, mais je n’ai aucune réaction de sa part. Sa main ne cherche pas ma main comme c’était le cas à Campan ou la première fois à Paris. Aucun bisou ne semble non plus à l’ordre du jour. Mais je ne peux pas renoncer à un petit bisou de bonne nuit.
Après un long moment de silence, je finis par le questionner :« Tu dors ? ».
« J’essaie ».
« Je peux avoir un bisou ? ».
« Rhooooo » je l’entends lâcher, sur un ton agacé.
Jérém se retourne avec un geste brusque, me claque un bisou rapide et se retourne à nouveau.
« Bonne nuit » je lui lance.
« Ouais, bonne nuit ».
Jérém doit être vraiment fatigué parce qu’il ne tarde pas à s’endormir. J’écoute sa respiration de sommeil que je connais bien, et cela m’apaise un peu.
Mais pas au point de faire taire mes questions au sujet de son attitude distante et de ce téléphone qui n’arrête de sonner et qui m’empêchent de trouver le sommeil. Et si les deux étaient liés ?
Pendant un court instant, l’idée de fouiller dans son tel me traverse l’esprit. Mais elle s’éloigne aussitôt, car je ne peux pas faire ça. De tout façon, je n’aurais pas le cran de le faire, le risque est trop grand. Et puis je ne veux pas aller dans ces travers. Si j’en suis au point de fouiller dans son portable, c’est que vraiment rien ne va plus entre nous.
Il me faut longtemps, et j’ai le temps de compter pas mal de moutons, avant de trouver enfin le sommeil.
[Il est 2h45 du matin lorsque Jérémie se réveille en sursaut. Il réalise que Nico est dans son lit, et ça lui fait plaisir. Le voir arriver à l’improviste l’a contrarié, mais la présence de Nico lui fait du bien. Tout lui parait plus simple lorsque ce petit gars est à ses côtés.
Il le regarde dormir et se souvient d’une autre occasion ou il l’avait regardé dormir. C’était un après-midi d’été, après l’amour, dans sa chambre à St Michel à Toulouse.
Aujourd’hui comme hier, il le trouve très mignon, beau petit mec doux comme un enfant. Aujourd’hui comme hier, il sait qu’il ne sera pas à la hauteur de ses attentes. Il sait qu’il va le décevoir, et qu’il va le faire souffrir. D’ailleurs, il est déjà en train de le faire souffrir. Déjà, toutes ces semaines sans se voir. Et puis, cette distance qu’il ne peut s’empêcher d’entretenir, à cause de ce qu’il a fait, et du sentiment de culpabilité dont il n’arrive pas à se débarrasser. Et puis il y a aussi ce téléphone qui n’arrête pas de sonner. Il sait que Nico se pose plein de questions au sujet de ces coups de fil à qui il n’a pas pu répondre.
Aujourd’hui comme hier, il se demande s’il ne vaudrait pas mieux tout arrêter.
Mais Jérémie ne veut pas perdre « MonNico » qu’il regarde dormir, avec un regard attendri.
Il se demande comment ce petit gars s’y est pris pour ravir à ce point son cœur, pour le toucher là où personne n’avait réussi à le toucher auparavant.
Pourquoi Nico lui fait tant d’effet et le fait sentir si bien ?
Le fait est que Jérémie n’aime pas seulement ce que Nico est, mais aussi et surtout ce qu’il est, lui, quand il est avec Nico. Car Nico supporte ses mauvais côtés, son mauvais caractère et il croit fermement en ce qui est bon en lui. Car Nico fait ressortir le meilleur de lui-même.
Nico le touche beaucoup. Et ça remue des choses en lui. Parce qu’il ressent pour lui des trucs qu’il n’a jamais ressentis pour personne. Il se dit que qu’après tout, ce que Nico lui apporte est de l’amour, du vrai. Et que cela est trop précieux pour le laisser filer.
Aujourd’hui comme hier, il a peur de le perdre. Il avait eu tellement peur de le perdre Nico après le clash chez lui !
Mais comment le garder dans sa vie alors qu’il n’a rien à lui offrir ?
Jérémie regarde Nico dormir dans la pénombre. Il se dit que oui, quand il est avec lui, tout lui paraît tellement plus simple, y compris s’assumer, y compris même être heureux. Mais il sait tout aussi bien que quand Nico est loin, ses peurs et ses démons le rattrapent aussitôt.
Et puis, qu’est-ce qu’il a à lui offrir, à part de la distance et le faire souffrir ?
Jérémie ne peut se résoudre à quitter Nico des yeux. Car au fond de lui, il est vraiment heureux que ce petit gars soit là. Au fond de lui, il voudrait qu’il soit là plus souvent.
Avant de s’allonger pour essayer de retrouver le sommeil, Jérémie pose un bisou léger sur le front de Nico].
[Cher lecteur/lectrice,
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Merci d'avance.
Fabien]
« Je vais devoir te laisser maintenant.
« Je te rappellerai bientôt pour prendre des nouvelles ».
« Merci d’avoir appelé, ça m’a fait vraiment plaisir ».
« Et alors, pour Nico, tu vas faire quoi ? ».
« Je ne sais pas encore ».
« Et si tu essayais de lui expliquer ? ».
« Non, il ne comprendrait pas ».
« Tu n’en sais rien, il n’est pas con ! ».
« Je sais que moi non plus je ne comprendrais pas si j’étais à sa place ».
« Mais peut-être que lui il pourrait ».
« Non, je ne crois pas ».
« Et tu ne vas jamais le laisser venir te voir ? ».
« Pas avant quelques temps. Noël c’est dans quelques semaines, et tout ça ce sera derrière moi, et je pourrais peut-être faire comme s’il ne s’était rien passé ».
« Tu crois que tu vas arrêter de culpabiliser ? Que quelques semaines vont changer quoi que ce soit ? ».
« Je ne sais pas ».
« Et tu crois que Nico va t’attendre jusqu’à Noël ? ».
« J’espère… j’espère… ».
« Et tu crois que tu vas pouvoir garder tout ça pour toi ? ».
« Il le faut ».
« Je te connais, Jérém, si tu gardes ça pour toi, ça va te miner et tu vas devenir insupportable. Nico va le sentir et ça va être la cata ».
« Si je lui parle de ça, je vais le perdre ».
« Moi je pense que tu vas le perdre si tu ne lui parles pas. Si tu lui caches des choses, il va le sentir. Et ça va le miner lui aussi ».
« Peut-être que je devrais tout arrêter et le laisser libre de rencontrer un gars qui le rendrait heureux ».
« Mais tu ne peux pas faire ça, tu le sais bien, Nico est trop important pour toi. Et tu ne peux pas risquer de le perdre à cause d’un truc qui n’a aucune importance au fond. Ne gâche pas tout à nouveau, Jérém, tu serais trop malheureux ».
« Je dois y aller, frérot. Encore merci d’avoir appelé ».
« Ne déconne pas ! ».
« Bisous ! ».
« Bisous et bon week-end. Et bon courage pour tout. Tu verras, tout va s’arranger ».
« Parfois je me dis que c’est toi le grand frère, Maxou ».
Vendredi 16 novembre 2001, 14 heures.
Six mois jour pour jour après notre première révision de maths dans l’appart de la rue de la Colombette, je suis dans le TGV qui m’amène à Paris pour retrouver Jérém. Mais à son insu. Je vais lui faire une surprise, même si elle est un peu « contre son gré ». Car dans son discours, Jérém ne tient pas vraiment à que je le rejoigne à Paris.
Mais au fond de moi, je pense que ça pourrait quand-même lui faire plaisir et nous aider à nous retrouver. Du moins c’était ma conviction au départ de Bordeaux, celle qui m’a poussé à envisager ce voyage. Une conviction qui semble perdre de son évidence depuis que le train a quitté la gare Saint Jean.
De toute façon, je ne peux pas passer un jour de plus sans le voir. Cinq semaines se sont écoulées depuis mon premier week-end parisien. Et je sens que Jérém est en train de s’éloigner à nouveau. Je ne peux rester sans rien faire, je dois tenter quelque chose.
Oui, dans ce TGV, je devrais me sentir comme le gars le plus heureux de la Terre, je devrais me réjouir du fait que dans quelques heures je serai dans les bras du gars que j’aime. Mais ma joie est parasitée par la peur de sa réaction en me voyant débarquer à l’improviste.
Les dés sont jetés, j’espère vraiment ne pas me faire jeter. En fait, depuis un certain temps, et sans que je le sache, pas mal de dés ont été jetés dans ma vie. L’avenir me dira quelles facettes le destin aura choisi de faire ressortir.
Pendant les trois heures de trajet en train entre Bordeaux et Paris, j’ai le temps de cogiter et de me prendre la tête à souhait. J’essaie de me dire que nos retrouvailles seront géniales, que, malgré tout, Jérém va me sauter au cou, que nous allons faire l’amour comme des lapins. Mais plus encore que l’envie de faire l’amour avec Jérém, c’est l’envie de me blottir dans ses bras, contre son torse musclé, contre ses poils bruns et doux, contre sa peau chaude et délicate qui est la plus pressante. L’envie de le caresser, de le couvrir de bisous. L’envie d’entendre sa présence, sa voix, de retrouver notre complicité. J’espère retrouver notre complicité. Cinq semaines, c’est la plus longue période sans le voir depuis le début de nos « révisions ». J’ai tellement envie de passer du temps avec lui, juste être avec lui. J’ai envie de parler avec lui, de savoir comment il va, de voir comment il va.
Je veux lui faire sentir que je suis là pour lui. Que je ne lui demande rien de plus que ce qu’il peut m’offrir. Comment montrer mon amour à Jérém ? Comment trouver les bons mots pour lui montrer ma présence sans l’étouffer ?
J’ai juste besoin de savoir que les promesses de Campan n’ont pas fané. J’ai peur de quel Jérém je vais retrouver. Au fur et à mesure que le voyage avance, je me sens de plus en plus aspiré dans un puissant vortex où se mélangent une joie intense, comme une ivresse, et une peur panique qui enserre mon ventre dans une prise de plus en plus douloureuse.
Deux sentiments qui me tiraillent dans tous les sens, sans cesse, qui m’épuisent littéralement.
Le train vient de quitter la gare d’Orléans et je me sens ko, j’ai juste envie de dormir. Je sens mon courage et ma détermination s’évaporer. J’ai envie de rentrer chez moi.
Aussi, je repense à ce qui a failli se passer avec Justin, et je m’en veux de m’être trouvé dans cette situation. Je m’en veux de lui avoir donné de faux espoirs, je m’en veux d’avoir fait n’importe quoi. Mais par-dessous tout je m’en veux vis-à-vis de Jérém. Je passe mon temps à prier pour qu’il ne me trompe pas, et au final c’est moi qui ai failli le tromper. Sale bête la tentation.
Est-ce que le fait que la tentation arrive à m’atteindre est le signe que mon amour n’est au fond pas si solide ? Ou bien est-il juste humain de chercher du réconfort ailleurs quand la personne qu’on aime nous tient à l’écart de sa vie ?
Dans le train, je repense évidemment aussi à Benjamin, le gars avec le chiot labrador qui m’avait laissé un mot avant de descendre du train à Bordeaux. Un mot disant que je lui plaisais bien, accompagné de son numéro de téléphone. Je suis heureux d’avoir jeté ce mot, et de ne pas m’être exposé à une autre tentation dangereuse.
A plusieurs reprises j’essaie d’avancer dans mon bouquin, mais je n’y arrive pas, je suis trop stressé et inquiet vis-à-vis de ce qui m’attend à Paris. J’ai peur que Jérém croie que je monte pour le surveiller, j’ai peur qu’il me quitte à nouveau, et pour de bon cette fois-ci. Mais j’ai surtout peur de ce que je vais découvrir de sa nouvelle vie.
Je repense aux mots de Léo qui insinuait que Jérém s’était tapé une nana, je repense aux explications de Jérém, explications auxquelles j’ai cru. Est-ce que j’ai bien fait d’y croire ? Est-ce qu’il a craqué depuis ?
Et je repense également au regard d’Ulysse posé sur moi et sur Jérém à ce moment-là, ce regard lourd et intense, et à mon impression que le boblond avait capté quelque chose. Je repense à sa façon insistante de m’appeler « le cousin », comme s’il mettait en doute cette version des faits. Est-ce qu’il avait vraiment compris pour Jérém et moi ou est-que ce n’était que mon imagination ? Est-ce que depuis il a parlé de tout ça avec Jérém ?
Le train arrive enfin en banlieue de la capitale. La grisaille des barres d’immeubles et des friches industrielles laissées à l’abandon et taguées est amplifiée par la grisaille du ciel, un ciel maussade et triste qui fait écho à ma tristesse et à mes inquiétudes intérieures.
Comme elle est différente la météo de ce soir, celle du ciel, tout comme celle de mon cœur, par rapport à celle bien ensoleillée avec laquelle Paris m’accueillait cinq semaines plus tôt !
A ce moment-là, j’étais heureux de venir voir Jérém, parce que je savais qu’il m’attendait les bras ouverts. Alors que ce soir, je ne sais vraiment pas à quoi m’attendre. Plus le train approche de la gare, plus je me dis que cette venue surprise n’était pas une si bonne idée que ça. J’ai peur de me heurter à son hostilité. J’ai peur de le mettre en pétard. J’ai peur d’un clash. Un nouveau clash du genre de celui qui s’est produit la dernière fois qu’il est venu chez moi après la semaine magique.
Le train arrive en gare Montparnasse et j’ai l’impression d’avoir les tripes nouées et les jambes paralysées. Je n’ai pas envie de descendre. J’ai l’impression que je n’en ai pas la force. Je dois me faire violence pour quitter mon siège et descendre sur le quai. C’est comme si j’y allais à reculons. C’est drôle cet état d’esprit lorsqu’on s’apprête à rejoindre le gars qu’on aime.
Dans la gare, dans le métro, la bogossitude de la capitale défile devant mes yeux avec une fréquence et une intensité qui ne connaissent pas de répit. D’habitude, chaque immersion dans la mâlitude d’une grande ville me donne le vertige, me remplit de frissons, d’émotions, de nœuds et de papillons dans le ventre, me donnant l’impression d’être une balle dans un flipper géant où chacun des rebonds infligés serait une nouvelle sexytude qui me percute, me bouscule, avant de me renvoyer vers un autre.
Et pourtant, ce soir je n’ai pas le cœur à ça. La bogossitude défile devant mes yeux, mais l’émotion qu’elle me procure d’habitude n’est pas au rendez-vous. Mes inquiétudes m’accaparent totalement. La peur de perdre Jérém une nouvelle fois me tétanise. J’ai envie de pleurer.
Dans le métro je sens mon stress monter jusqu’à presque m’étouffer.
A l’approche de la dernière gare avant les Buttes Chaumont, j’ai le tournis.
En marchant vers son immeuble, je sens mon audace, celle qui m’a poussé à prendre le train sans le lui annoncer, se faire la malle. Chaque pas est accompli au prix d’un effort épuisant. Mon cœur tape si fort que ses battements résonnent presque douloureusement dans mes oreilles. Je me sens vaciller, et je sais que je suis en train de perdre tous mes moyens. Je pressens que quand je serai en sa présence je serai complètement abasourdi, abruti. Pas après pas, le sens de l’expression « avoir les jambes en coton » m’apparaît dans toute sa lumière.
A la vue de son immeuble, je tremble.
Et s’il n’était pas là ? La dernière fois il était rentré à 18h00, mais est ce que ce sera le cas aujourd’hui ?
Et s’il était là mais qu’il n’était pas seul ? Et s’il était avec une nana ? Je ne veux pas vivre ça ! Et pourtant, je veux savoir.
C’est cette envie de savoir qui me pousse à accomplir les derniers pas.
Me voilà devant l’interphone de l’immeuble. Je suis tétanisé, je ne sais pas comment m’annoncer. J’ai peur de sonner. Cette idée d’y aller au culot était vraiment une idée à la con. Je n’aurais pas dû écouter le conseil de Monica et faire tant d’heures de train pour me retrouver dans cette situation inconfortable au possible. Définitivement, il faut que je me rappelle à l’avenir que les conseilleurs ne sont pas les payeurs, notamment en matière de questions sentimentales.
J’hésite face à l’interphone, mon doigt tremble sans trouver le courage de se poser sur le bouton à côté de l’étiquette Tommasi.
Finalement quelqu’un sort et j’en profite pour rentrer avant que la porte ne se referme. Premier niveau validé. Mais cela ne m’aide en rien pour la suite de l’« aventure ». Je ne sais toujours pas comment m’annoncer. Et surtout quelle va être sa réaction.
Je prends l’ascenseur, cet ascenseur dans lequel nous nous sommes échangé des bisous la dernière fois. Je repense à notre resto à Montmartre, à notre balade dans la nuit parisienne, à nos câlins, je repense à quand nous avons fait l’amour, à notre complicité, au bonheur d’être avec lui.
Etage 3… pourvu qu’il soit là…Etage 4… pourvu qu’il soit seul…Etage 5… pourvu qu’il ne me jette pas…Son étage. La porte de l’ascenseur s’ouvre. Voilà le couloir qui amène a son appart. J’ai la trouille.
Sa porte. J’ai vraiment envie de faire demi-tour. Et si je redescendais et je l’appelais pour le prévenir ?
Je suis à deux doigts de reprendre l’ascenseur, mais quelque chose me retient. Les murs sont fins, j’ai l’impression d’entendre la voix de mon Jérém. Mais avec qui il parle ? Il est peut-être au téléphone…Une hypothèse qui se dément très rapidement lorsque j’entends une autre voix masculine entrecouper celle de mon bobrun.
Ma jalousie chatouille ma curiosité. Et je me décide enfin à sonner.
« Ça doit être les pizzas » j’entends Jérém lancer.
Lorsque la porte s’ouvre, je frôle le malaise de très près. La raison ? La vision de mon Jérém beau comme un Dieu dans l’une des tenues les plus inattendues et les plus furieusement sexy qui soient.
Chemise blanche parfaitement coupée autour de son torse en V, de ses épaules et de ses biceps, cravate noire descendant presque jusqu’à sa braguette, pantalon noir et ceinture noire aussi, chaussures de ville en cuir. Brushing au gel impeccable, barbe de quelques jours mais très soignée, les bords coupés bien nets.
Oui, la vision de Jérém en ténue élégante me percute comme un 33 tonnes lancé à pleine vitesse. Car il est carrément sexy à mort. Et ça me met KO.
Ainsi, il me faut quelques secondes pour voir que mon bobrun a un cocard à l’arcade sourcilière gauche. Et pour capter son regard, un regard surpris et sonné.
« Qu’est-ce que tu fous là ? » il finit par me demander en chuchotant.
« Je suis venu te voir ».
« Je t’avais dit de ne pas venir ».
Les bruits venant de la télé de son appart résonnent dans le couloir.
« Je sais, mais j’avais trop envie de te voir ».
« Shut ! Ferme-là ! » fait-il, en criant et en chuchotant à la fois.
« Ça ne te fait pas plaisir ? ».
« Ecoute Nico » fait-il en approchant la porte du battant derrière lui.
Putain qu’est-ce qu’il est sexy dans cette tenue ! Pourquoi il est habillé ainsi ? J’ai envie de lui sauter dessus direct.
J’attends la suite des mots de Jérém lorsque j’entends une voix venant du séjour :« Alors, ces pizzas, ça vient ou quoi ? ».
« C’est qui ? » je ne peux m’empêcher de le questionner.
« C’est un pote… ».
« Alors, tu me laisses rentrer ou tu me laisses dans le couloir ? » je trouve la force de lui lancer, après avoir mis de côté ma surprise.
« Pourquoi t’es venu, putain ! » il m’engueule, mais toujours en chuchotant.
« Parce que tu ne m’as pas laissé le choix ».
Le silence qui suit semble indiquer que Jérém n’a rien à opposer à ce que je viens de dire. Non, il ne m’a pas laissé le choix. Mais Jérém a l’air mal à l’aise, et j’ai l’impression qu’il ne sait pas du tout comment réagir.
Je croise son regard, je ne le lâche plus. Je tente d’amadouer ce mètre quatre-vingt de muscles qui semble barrer mon chemin pour ne pas que je rentre dans son appart. Je donnerais cher pour savoir ce qui se passe dans sa tête à cet instant précis…
[« Ah putain, il fallait qu’il débarque maintenant ! » ne cesse de se répéter Jérémie.
Il fallait que Nico débarque ce soir, alors qu’il n’est pas seul. Et pourtant, quelque part il s’y attendait un peu. A force de le repousser, il ne lui a pas laissé le choix, c’est vrai.
Et puis, il a quand même eu les couilles de traverser la moitié de la France pour venir le voir, et en plus au risque de se faire jeter. Quand même, quand même !
Il ne peut le quitter des yeux, il est aimanté par son style « à l’arrache », par ses beaux cheveux châtains en bataille, ces vêtements trop grands qui cachent son physique élancé.
Car, comme d’habitude, Nico porte un blouson et un pull trop grands. Décidemment il ne sait pas mettre en valeur son beau petit corps. Jérém se dit depuis longtemps que ce choix de cacher son corps sous des vêtement trop larges semble témoigner d’un manque cruel d’assurance. C’est dommage, parce qu’il a quand même du goût dans le choix de ses fringues.
Et puis il y a ses grands yeux. Qu’est-ce qu’il aime ses grands yeux doux et pleins d’amour ! Nico a vraiment une bonne bouille à bisous. Son regard dégage un côté rêveur et timide qui le rend vraiment craquant. Son si beau sourire, un peu naïf, mais tellement lumineux, lui fait tellement de bien.
Oui, Nico lui fait de l’effet, beaucoup d’effet. Il le trouve tellement touchant. Et séduisant. Jérémie a terriblement envie de lui.
Mais en même temps, il est contrarié par le fait que Nico n’en a fait qu’à sa tête, qu’il est venu sans prévenir… mais qu’est-ce que ça lui fait plaisir de le voir, quand-même !
Jérémie a envie de lui faire des bisous, de le prendre dans ses bras. Sa peau douce lui fait envie. Il a aussi envie de sentir ses lèvres sur sa queue. Il a envie de sentir son regard qui le vise comme un Dieu pendant qu’il lui fait l’amour, ce regard qui le fait sentir important, unique.
Sa queue lui fait envie. Et il sent ressurgir en lui l’envie brûlante de le sentir en lui.
Jérémie a très envie de le faire rentrer. Mais en même temps il se demande ce que va penser son pote en le voyant débarquer. Il ne veut pas qu’il sache ce qu’il y a entre Nico et lui. Et aussi, qu’est-ce que va penser Nico ? Ne va-t-il pas se faire des idées au sujet de ce gars ?
De toute façon, Jérémie sait qu’il n’a pas le choix, qu’il ne peut pas lui claquer la porte au nez].
Le silence s’éternise, Jérém ne sait vraiment pas sur quel pied danser.
« Ecoute Jérém » je trouve la force de lui lancer, tout en me forçant à chuchoter pour rester discret « j’ai traversé la moitié de la France pour venir te voir. Si tu ne me laisses pas rentrer, je me casse et tu ne me revois plus jamais ».
Et là, en joignant le geste à la parole, je fais demi-tour et je me prépare à rejoindre l’ascenseur.
C’est évidemment un incroyable bluff. Incroyable dans le sens de peu crédible. Et pourtant ça fait son effet.
Je sens sa main attraper mon avant-bras. Comme sous la halle à Campan, mon Jérém me retient.
« Tais-toi et rentre ».
Niveau 2 plié. J’ai marqué assez de points pour changer de niveau et de décor. Je peux rentrer dans son appart.
Bien évidemment, la première « chose » qui attire mon attention en pénétrant dans le terrier de Jérém est la présence du pote en question. Le gars est installé sur le clic clac, devant la télé, avec une bière à la main. Evidemment, il est blond, barbu et baraqué comme un petit taureau.
Et il est habillé dans la même tenue élégante que Jérém. Chemise blanche lui aussi, mais avec les deux premiers boutons du haut ouverts, laissant entrevoir les lignes convergentes, à la fois douces et saillantes, de la naissance de ses pecs imberbes. Cravate noire, mais défaite, les bouts pendouillant des deux côtés du collet entourant son cou puissant. Lui aussi, dans cette tenue habillée, est sexy à un point que les mots me font défaut.
« Ulysse… j’ai de la visite » j’entends Jérém prévenir son pote tout accaparé par le match.
« Hey, mais toi je te connais… le cousin… » me lance le boblond, en même temps qu’un magnifique sourire illuminant son regard clair et viril.
« J’ai complètement zappé que mon cousin m’avait dit qu’il passerait me voir ce week-end » ment Jérém avec un aplomb qui n’est pas vraiment fait pour me rassurer.
« Alors le cousin, ça va ? » me demande Ulysse.
« Ça va merci et toi ? ».
« Bien, bien… bière et canapé en compagnie d’un pote… c’est le pied ! ».
Jérém a l’air très gêné. Et moi je suis gêné pour lui. Heureusement une diversion se produit. La sonnette retentit à nouveau dans l’appartement.
Jérém ouvre la porte et le livreur se pointe avec deux boîtes en carton entre les mains.
« Si on avait su, on en aurait commandé trois » commente Ulysse.
« On va partager » fait Jérém.
« En fait, non, je crois que je vais y aller » fait le boblond.
« Pourquoi tu veux y aller ? » réagit Jérém, l’air étonné.
« Finalement je sens que je suis pas mal fatigué, alors je vais rentrer pour être en forme pour demain ».
« Mais c’est toi qui as payé les pizzas… »« C’est pas grave, vous les mangerez à ma santé. J’espère que tu aimes la pizza au chorizo, Nico… allez, bonne soirée les gars… ».
« Bonne soirée Ulysse » fait mon bobrun.
« Et pense à ce que je t’ai dit, Jérém » fait le boblond en prenant la porte, mais en s’arrêtant sur le seuil « Ne t’en fais pas trop pour ce qui s’est passé le week-end dernier. Il ne faut pas que ça t’empêche d’avancer. Il faut un temps d’adaptation pour trouver sa place dans une équipe professionnelle ».
« Ce qui me fout les boules c’est qu’à Toulouse j’étais considéré comme l’un des meilleurs joueurs, alors qu’ici je me sens nul ».
« Je suis passé par là aussi. On a 18-20 ans, on sort d’une équipe amateur où on était respectés, et on a pu se croire les maîtres du monde. Mais quand on arrive dans une grande équipe ce n’est plus du tout ça, on doit tout recommencer depuis le début, on a à nouveau tout à prouver. Aussi, la pression que le club nous met sur les épaules ne favorise pas un démarrage en sérénité ».
« Tu dois surement avoir raison, tu as beaucoup plus d’expérience ».
« Ce que je veux que tu comprennes surtout, c’est que c’est à peu près la même chose pour tout le monde. Devoir tout recommencer alors qu’on se croyait bon c’est dur à admettre, mais d’un autre côté c’est une sacrée chance. Ça aide à garder les pieds ancrés au sol. Mais tu progresses bien, en deux mois tu as fait des pas de géant dans la technique, l’analyse de jeu, la coordination avec les autres joueurs. Tu es un très bon rugbyman et tu t’améliores chaque jour un peu plus. Il ne faut rien lâcher ».
« Merci Ulysse pour tout ce que tu fais pour moi ».
« C’est rien, tu es un bon gars. Tu es un bosseur. Et j’aime les gars bosseurs ».
Au travers de ce petit échange je viens de réaliser que je n’avais pas vraiment pris la mesure d’à quel point les difficultés d’intégration de Jérém dans l’équipe étaient grandes. C’est vrai que Jérém ne m’en a jamais vraiment parlé, se cantonnant à me parler de sa « fatigue ».
J’ai de la peine pour lui, mais d’un autre côté, et dans une certaine mesure, ça me « rassure » d’apprendre cela. Car quelque chose me dit que ses problèmes au rugby expliquent du moins en partie la distance que Jérém a mis entre nous depuis quelques semaines. Jérém ne va pas bien, et quand Jérém ne va pas bien, il se ferme en hérisson et il a tendance à se terrer dans son coin en attendant que ça passe. Oui, maintenant que je connais la raison, je retrouve là un comportement typiquement « à la Jérém ».
Mais en même temps, je suis déçu qu’il ne me fasse pas assez confiance pour me parler de ses problèmes. Ça sert à quoi d’être en couple si on ne se parle pas, si on ne va pas chercher du soutien chez l’autre dans les moments difficiles ?
Mais il fait confiance à Ulysse. Certes, Ulysse est aux premières loges pour voir les difficultés de Jérém. Et grâce à son expérience, il peut voir et affronter les choses d’une façon que je ne saurais appréhender, trouver des mots que je ne saurais trouver, et avoir auprès de Jérém une crédibilité et un pouvoir de réconfort que je ne saurais avoir. Et pourtant, je ne peux m’empêcher d’être jaloux de leur complicité, de leur amitié et de l’admiration de Jérém pour son coéquipier.
Une admiration qui ce soir, lors de ce petit échange, me paraît évidente comme jamais. Jérém buvait carrément les mots du boblond, on aurait dit un enfant fasciné par son mentor.
Ulysse vient de partir en laissant derrière lui une délicate traînée de parfum bien mec, quatre bières sur la table qu’il a dû partager avec Jérém, ainsi qu’une pointe de jalousie qui ne se base sur rien mais que je n’arrive pas pour autant à raisonner. Et il vient de partir en me laissant en tête à tête avec Jérém.
J’ai réussi à me faire accepter dans son appart, mais je réalise que le plus difficile est à faire. A savoir, affronter son hostilité, cette hostilité que je ressens dans son attitude et qui me stresse horriblement. J’ai l’impression que le troisième niveau, « Dans les bras de Jérém », je ne suis pas près de l’atteindre. Malheureusement, à ce jeu-là, on ne peut pas acheter des bonus pour avancer plus vite.
« Tu peux m’expliquer ce que tu fais là ? » me lance Jérém, après s’être allumé une cigarette à côté de la fenêtre.
[Jérémie a envie de se jeter sur Nico, de le serrer dans ses bras, de lui faire plein de bisous, de lui faire l’amour. Mais sa colère provoquée par le fait qu’il lui a « désobéi » a besoin de se faire sentir pour s’évacuer].
« Je te l’ai dit, j’avais trop envie de te voir ».
« Je m’en fiche de ça, je t’avais bien dit de ne pas venir ! ».
« Maintenant je suis là. Si vraiment ça ne te fait pas plaisir de me voir, je te l’ai dit, je me casse ».
Jérém ne réagit pas, il continue de fumer sa cigarette.
Il a l’air tendu, fatigué. Il a l’air d’un hérisson fermé en boule, tous piquants déployés. Pourquoi il ne se lâche pas avec moi comme il se lâche avec Ulysse ? Suis-je vraiment nul au point de ne pas mériter sa confiance ?
Mon regard est une fois de plus attiré par son cocard à l’arcade sourcilière. Ce qui me donne l’occasion de tenter d’amorcer une conversation.
« Qu’est ce qui t’es arrivé à l’arcade ? ».
« C’est rien ».
« Non, ce n’est pas rien ».
« Fiche-moi la paix ! ».
« Putain, Jérém, parle-moi ! Je ne suis pas débile, tu sais ?! Si tu me parles, je vais t’écouter, et je peux même comprendre ce que tu me racontes ! Tu comptes énormément pour moi et je m’inquiète pour toi ».
« J’ai pris un coup de coude pendant le match de samedi dernier » il finit par admettre.
« Comment s’est passé ce match ? ».
« J’ai pas envie d’en parler ».
« Alors on fait quoi si on ne parle pas, on se regarde en chien de faïence ? ».
« T’es chiant ! ».
« C’est pas nouveau, ça. Allez, accouche ! ».
« Ça a été une cata, ça te va ? ».
« Vous avez perdu ? ».
« 58 à 22 ».
« Ah, quand même ».
« Oui, comme tu le dis, quand même ! ».
« Et qu’est-ce qui s’est passé ? ».
« Il s’est passé que j’ai été nul et archinul, j’ai tout raté, et j’ai fait perdre des tas de points à l’équipe ».
« Mais ce n’est quand-même pas toi qui as fait perdre ton équipe tout seul ! ».
« Quand ça commence à foirer dès les premières minutes de jeu, ça ne peut qu’aller de pire en pire ».
« Je suis sûr que tu n’as pas été si nul que tu le prétends. Ulysse a dit que tu progresses bien ».
« J’ai été pire que ça même, je t’assure ».
« Mais tu as entendu Ulysse, il faut du temps, ça va venir ».
« Ulysse est un très bon joueur. Moi peut-être pas. Je sens que les gars ne me font pas confiance, et encore moins depuis samedi dernier. Je ne me sens pas à ma place, je me sens scruté, moqué, je me mets la pression tout seul et je joue de plus en plus mal ».
« Et moi je suis sûr que tu vas y arriver ».
« Tu ne connais rien au rugby ».
J’ai déjà entendu ça et même si c’est vrai, je prends sa remarque comme une baffe en pleine gueule. En gros, dans son « tu ne connais rien au rugby », j’entends « tu ne m’es d’aucun secours » qui fait un mal de chien. Mais je ne me laisse pas décourager.
« C’est vrai. Mais je sais que tu as les capacités et que tu sais te donner à fond pour arriver là où tu veux arriver. Alors, il faut juste ne pas te laisser décourager et être patient. Et ça viendra ».
« Ouais, ouais… » fait le bobrun sur un ton sceptique, avant de changer de sujet « N’empêche que t’as eu un sacré culot de te pointer sans prévenir… mon pote était là… j’ai besoin d’être discret, je te l’ai dit ».
« Mais tu as très bien fait semblant » je lui lance.
Jérém ne répond pas, il se réfugie derrière sa cigarette.
« Au fait, comment ça se fait que vous êtes si bien sapés ? » je ne peux me retenir de lui demander, toujours autant subjugué par sa tenue.
« Cet aprèm on a fait un shooting pour les photo officielles du club ».
« Putain, qu’est-ce que ça te va bien la tenue chemise cravate ! ».
« Alors, on les mange ces pizzas ? ».
« J’ai envie de toi » je lui lance cash, tout en le regardant droit dans les yeux.
Et là, je vois sa pomme d’Adam s’agiter. Je sais ce que cela veut dire. Ça veut dire que j’ai touché un point sensible chez mon bobrun. Je sais que je viens de déclencher chez lui une envie, un début d’excitation. Dans son regard, dans sa colère, je vois une étincelle lubrique faire surface et m’encourager à lui sauter dessus.
Je m’approche de lui, je pose ma main sur sa chemise immaculée, sur ses pecs saillants et fermes : rien que ce premier contact avec son corps m’apporte une intense sensation de bonheur.
Je le colle contre le mur, je le couvre de bisous, je l’embrasse sur la bouche, fou de lui. Le bogoss se laisse faire. Mais pas que. Très vite, ses lèvres cherchent les miennes, fébrilement, fougueusement. Ça me fait tellement plaisir, ça me rassure.
Je prends de l’audace. Je lui fais des bisous dans le cou, je remonte vers son oreille et je lui chuchote :« Alors ça te fait quand même un peu plaisir de me voir ».
« Tais-toi et… su… » je l’entends me lancer, mais s’arrêter juste avant de prononcer un ordre qui aurait été terriblement excitant.
« Et continue ce que tu étais en train de faire » il se corrige.
« Ne fais pas ton timide » je m’enhardis « je sais que tu crèves d’envie que je te suce ».
« Tu crois ça ».
A cet instant précis, j’ai l’impression de retrouver notre complicité et je suis heureux, vraiment heureux.
« Il n’y a qu’une façon de le savoir » je le cherche.
Un petit sourire malicieux traverse son visage. Et alors que je continue de lui faire des bisous dans le cou, et qu’avec la paume de mes mains je caresse ses pecs et j’agace ses tétons, j’entends son excitation monter à travers les variations de ses respirations, qui se font peu à peu de plus en plus profondes.
Bientôt, mes doigts travaillent avec délicatesse pour desserrer sa cravate. La desserrer, sans pour autant la défaire. Je la relâche suffisamment pour pouvoir la passer par-dessus le collet, pour la poser sur la peau mate de son cou.
Ensuite, je m’attaque aux boutons de sa belle chemise blanche. Je les déboutonne un à un, lentement, laborieusement, tant mes doigts tremblent dans cette action destinée à dévoiler la beauté aveuglante de sa plastique. Car à chaque bouton ouvert c’est un bout de sa peau mate qui se dévoile, c’est un détail de son corps de mâle que je redécouvre, c’est une bouffée de bonheur olfactif qui happe mon esprit et l’envahit d’un désir de plus en plus ravageur.
Bouton après bouton, je retrouve sa chaînette posée sur ses pecs, un bout de tatouage remontant depuis son épaule, son grain de beauté dans le creux du cou. Mais tout ce que je découvre n’est pas pour autant à mon goût. Car quelque chose manque à l’appel dans le puzzle intensément masculin qui compose la bogossitude de mon Jérém.
Les poils ! Où sont passés les poils ? Je les cherche, mais je ne les trouve pas. Je défais les derniers boutons de plus en plus fébrilement et je n’en trouve aucune trace. Et une fois les deux pans entièrement séparés, à la place de sa douce toison brune, une peau mate et rasée de près se dévoile à mes yeux.
Non pas que sa peau rasée ne soit pas furieusement sexy, d’autant plus que l’absence de poils présente l’avantage d’orienter le regard vers cette ligne finement velue marquant la symétrie de ses abdos et indiquant le chemin de sa virilité. Ligne qui, Dieu merci, a été épargnée.
En réalité, ce qui me perturbe, ce n’est pas tant l’absence de poils, mais plutôt le fait que, dans ma tête, les poils de son torse allaient avec le Jérém de Campan, avec le bonheur de Campan, avec les promesses de Campan, avec un Jérém qui s’assume, qui est à l’aise avec son corps et avec sa sexualité. Et avec notre histoire. Je lui ai dit et redit que je kiffais ça et j’avais l’impression qu’il les gardait pour me faire plaisir. Et maintenant il les a coupés. C’est con, mais j’ai l’impression que ce changement va de pair avec la distance que Jérém a mis entre nous depuis quelques semaines.
« Tu as coupé les poils ! » je ne peux m’empêcher de lui lancer avec une note de déception dans la voix.
« Je fais ce que je veux de mes poils ! ».
L’argument est imparable. C’est évident qu’il fait ce qu’il veut de ses poils. Mais l’acceptation de soi ne commence-t-elle pas de l’acceptation de son physique ? J’ai l’impression que par ce geste, et certainement par d’autres que j’ai peur de découvrir, Jérém essaie à nouveau d’être quelqu’un d’autre que lui-même, d’être celui que d’autres attendent qu’il soit, comme au lycée.
Mais il est évident que je n’ai pas le droit de le gonfler avec ça.
« C’est juste que je les aimais bien ».
« Je sais, tu me l’as dit » fait-il en défaisant sa ceinture.
Finalement, le bogoss a bien envie de se faire sucer. Quant à moi, cet élastique blanc qui dépasse de façon insolente de son beau pantalon noir, de sa ceinture, me fait voir rouge, me rend dingue.
Alors, sans plus tarder, je plonge mon nez et mon visage dans la peau tiède du creux de ses pecs, je pose des bisous légers, tout en agaçant ses tétons du bout de mes doigts, lui arrachant de bons frissons. Je descends encore, je m’attarde à humer la ligne de poils au milieu de ses abdos, j’apprécie comme il se doit ce dernier reliquat de sa pilosité mâle. Un petit bruit percute mon excitation et la décuple en une fraction de seconde. Mon bobrun vient d’ouvrir le zip de son pantalon.
Et là, comme par magie, sans déboutonner le bouton du haut de son pantalon, sa queue bien raide jaillit de sa braguette. Son gland est devant mon nez, gonflé à bloc, bien invitant.
Ça fait 5 semaines que je ne l’ai pas vu et je suis très ému de le retrouver. Alors, sans plus hésiter, je l’astique avec le bout de ma langue, arrachant au passage quelques bons frissons sensuels à mon Jérém.
Mes deux genoux posés sur le carrelage, je le pompe avec entrain. Mes mains prenant appui sur ses cuisses musclées, je m’évertue à lui offrir un bonheur sensuel aussi intense que possible. Il faut dire que je me trouve dans un état d’excitation délirant. Cette queue raide et chaude qui dépasse de la braguette ouverte, la ligne du boxer blanc qui coince ses couilles, mais aussi les pans ouverts de la chemise sur ses pecs et ses abdos, cette cravate négligemment posée sur la ligne médiane de son anatomie, les uns et l’autre ondulant au gré de mes va et vient, tout cela est terriblement excitant, c’est carrément de l’ordre du fantasme qui devient réalité.
Qu’est-ce que j’aime donner du plaisir à mon bobrun, et notamment ce plaisir si intime, la fellation, un plaisir que plus que tant d’autres est à sens unique, rendant hommage à la virilité du mâle. Un bonheur qui, pour celui qui suce, est en très grande partie psychologique, dans le bonheur de donner du plaisir au mâle, dans la soumission au mâle.
Un bonheur qui pourrait encore être décuplé si le bogoss s’employait à agacer mes tétons avec ses doigts comme il sait si bien faire. Chose qu’il n’est pas en mesure de faire, car il vient d’allumer une nouvelle cigarette. Ce qui me rappelle une nuit peu avant le bac, de retour de boîte, dans sa voiture, garée non loin de chez mes parents, une nuit où je l’ai pompé jusqu’au jus pendant qu’il fumait.
Mais son attitude de bad boy macho ne dure pas très longtemps, car assez vite, et probablement dépassé par le plaisir que je lui offre, tout comme en cette fameuse nuit, Jérém échappe la cigarette qui s’écrase sur le sol.
« Merde ! » je l’entends pester.
Je le pompe de plus en plus vite et profondément, avec de plus en plus d’entrain, je m’emploie à lui faire oublier ce petit accident. Jérém se laisse faire, écrase la cigarette avec sa belle chaussure en cuir et prend son pied à fond.
Et très vite, son attention ainsi libérée est enfin utilisée pour autre chose. D’abord, pour défaire entièrement sa cravate, laissant les deux bouts se poser sur la peau mate de son torse. Pendant quelques instants, le bogoss bombe son torse, plie ses bras et croise ses mains derrière sa tête. C’est beau au point d’en perdre la raison.
Mais assez vite, ses mains s’emploient à s’occuper de mon plaisir. Elles se glissent dans le V assez échancré de mon t-shirt, les bouts de ses doigts s’en vont chercher mes tétons, déploient ce toucher sans pareil qui est le leur, à la fois ferme et terriblement doux, excitant et frustrant, un toucher parfaitement dosé qui me rend dingue.
Et quand ses mains quittent mes tétons, c’est pour saisir et prendre appui sur mes épaules, pour me limer la bouche, lentement, profondément, avec des petites oscillations du bassin très viriles, mais pas brutales. Une attitude de mâle qui est juste une évidence.
Souvent, je me demande comment Jérém vit une pipe…
[« Quand Nico me suce, c’est un bonheur inouï ».
Jérémie est conscient que personne ne l’a jamais sucé de cette façon, avec cette furieuse envie de lui faire plaisir, de le faire jouir. Pendant que Nico le suce, tout son être est tendu vers un seul et unique but, lui offrir du plaisir. Se faire sucer de cette façon, se sentir désiré de cette façon, ça fait sacrément du bien. Il adore le regarder faire, car ça décuple ses sensations de plaisir.
C’est tellement bon que parfois il doit se retenir pour ne pas venir trop vite. Car ce qui est bon – et ceci Jérémie l’a découvert avec Nico – c’est le chemin qui mène à l’orgasme, plus que l’orgasme lui-même. D’ailleurs, là, si Nico continue à le pomper avec cet entrain, il sait qu’il ne va pas durer longtemps. Il a envie de l’arrêter pour le prendre et jouir dans son cul. Il a aussi envie de le sucer. Il a aussi envie de se faire prendre. Quand Nico est là, cette envie revient et ça lui paraît si naturel. Jérémie ne sait pas de quoi il a envie de premier. En réalité, il a envie de tout en même temps.
Il a envie que ça dure, mais il a envie de jouir, de jouir dans sa bouche, de le voir avaler. Il en a envie même si, après ce qu’il a fait, il sait qu’il ne le mérite pas vraiment.
Mais Nico fait ça trop bien, l’orgasme approche, il perd déjà pied, sa volonté s’évapore. Et alors il se laisse faire, il laisse Nico aller au bout de cette pipe fantastique].
Je sens son orgasme monter au travers de la prise de plus en plus forte et fébrile de ses mains sur mes épaules, au travers de sa respiration de plus en plus rapide, excitée, profonde et bruyante.
[Lorsque l’orgasme explose dans sa tête et balaie sa conscience, Jérémie est toujours assez lucide pour se dire qu’il n’y a que Nico qui sait lui offrir un orgasme pareil, un orgasme à le rendre fou ! Pourvu qu’il avale…].
J’entends le bogoss lâcher un grand soupir, avant de lâcher une bonne série de giclées lourdes et épaisses dans ma bouche. Une bonne dose de sa semence chaude que j’avale petit à petit, en la savourant comme la plus délicieuse des boissons.
Ah, qu’est-ce que c’est bon de retrouver son goût de jeune mâle et de sentir la vibration enivrante de son plaisir !
Je regarde mon bobrun, les épaules appuyées contre le mur, le bassin en avant, la queue toujours raide, luisante de sperme. Je regarde ses pecs et des abdos osciller sous l’effet de sa respiration bousculée par l’orgasme. Et je regarde son visage encore crispé, sa bouche entrouverte à la recherche d’air.
La aussi je donnerais cher pour savoir ce qu’il ressent à cet instant précis…
[Il n’y a qu’après l’amour avec Nico que je ressens cette sensation de chaleur dans le bas ventre, cet apaisement, cette petite ivresse, rien de moins que les signes d’un bel orgasme !]
Un instant plus tard, je sens ses mains passer sous mes aisselles et m’obliger à me relever. Pendant un instant, nous nous retrouvons face à face, un court instant pendant lequel j’ai le temps de me dire que mon bobrun, la chemise ouverte sur son torse de malade, la cravate défaite pendouillant des deux côtés de son cou, l’air repu, assommé de plaisir, est vraiment beau comme un Dieu.
Mais le bogoss a encore de la ressource. Il défait ma braguette, il baisse mon pantalon et mon boxer, me fait me mettre face contre le mur, il étale de la salive sur mon trou. Et il vient doucement en moi, il enfonce sa queue toujours raide jusqu’à la garde. Le bonheur de me sentir envahi par le pieu viril de mon mâle est un plaisir que je redécouvre à chaque fois avec enchantement.
Le bogoss commence à me limer lentement, tout en me branlant avec vigueur et en glissant son autre main sous mon t-shirt pour aller caresser délicatement mes pecs. Bref, mon bobrun met tout en œuvre pour me faire jouir très fort et très vite. Et lorsque mon orgasme explose, décuplé par les contractions de ma rondelle autour de son manche raide, j’ai l’impression de partir si loin dans le plaisir au point de douter de pouvoir en revenir.
Hélas, l’orgasme masculin est à la fois d’une intensité inouïe et d’une brièveté frustrante. Et lorsque je reviens à moi, Jérém se déboite aussitôt.
Mais alors que je m’attends à qu’il allume la cigarette « obligée » après l’orgasme, je l’entends me lancer :« J’ai faim ».
Nous voilà attablés en train de manger les pizzas, mes yeux incapables de quitter mon bobrun dangereusement sexy dans sa chemise ouverte sur ses pecs et ses abdos de fou. Quant à mon odorat, il est complètement assommé par les petites traînées de déo qui se dégagent de sa peau mate.
Nous mangeons en silence.
« Tu as de la chance d’avoir un pote comme Ulysse qui veut t’aider et qui te soutient » je lance pour amorcer une conversation.
« Oui, jusqu’au jour où il se rendra compte qu’il n’a pas misé sur le bon cheval ».
« Tu dis n’importe quoi ! ».
« On verra bien ».
« En tout cas Ulysse a l’air d’un bon gars ».
« C’est vraiment un bon gars. S’il n’était pas là, je crois que je ne tiendrai pas ».
[Jérém se dit qu’Ulysse est le seul qui le comprend et le soutient depuis le début. Qu’il est vraiment un chouette gars. Un véritable pote. Qu’il est toujours là pour lui. Qu’il a le cœur sur la main.
Mais aussi qu’il trouve sa présence rassurante. Et plaisante.
Qu’il ne peut s’empêcher de chercher sa présence dans les vestiaires.
Que ce gars l’impressionne. Car il a une classe, un charme qu’il lui envie.
Que sa voix le fait vibrer. Que ses mots le charment. Que son parfum lui fait de l’effet.
Que ce gars le fait se sentir bien comme le faisait Thibault, avant.
Que ce gars a peut-être compris qui il est vraiment. Et que pourtant il n’a jamais posé de questions, car c’est quelqu’un de discret et respectueux.
Qu’il aurait presque envie de tout lui déballer. Car il pressent que ça lui ferait du bien d’être lui-même au moins avec un pote.
Mais qu’il ne peut pas. Car même s’il sait qu’Ulysse n’irait pas crier tout ça sur tous les toits, il a peur que ça change quelque chose dans leur amitié. Il a peur que ça crée un malaise. Car il suffirait d’une imprudence pour que les ragots recommencent. Et Jérém ne veut surtout pas ça].
Nous sommes en train de dévorer nos pizzas lorsque le portable de Jérém se met à sonner. Jérém l’attrape, regarde le numéro qui s’affiche, et le jette sur la table avec un geste agacé.
« Tu réponds pas ? » je lui lance. En réalité, mes mots en cachent d’autres, du genre : « c’est qui ? » que je n’ose pas poser.
« Non, ça attendra ».
Soudain, j’ai l’impression que Jérém me cache quelque chose.
J’ai du mal à continuer à manger ma pizza l’estomac désormais noué par les questionnements. J’essaie de prendre sur moi, de me convaincre que ce n’est rien, que je me fais des films, lorsque son portable se met à sonner à nouveau.
« C’est l’un des gars » m’annonce Jérém, en répondant à l’interrogation silencieuse de mon regard.
« Pourquoi tu réponds pas ? ».
« Si je réponds je vais être obligé de sortir » fait il en mettant le portable en mode vibreur.
Je me pose de plus en plus de questions, car l’excuse des potes qui appellent me paraît un tantinet bancale. D’habitude c’est Ulysse qui l’appelle pour sortir. Mais ce soir Jérém lui a bien dit qu’il ne sortirait pas pour être en forme pour le match du lendemain et Ulysse a bien semblé intégrer cela. Il a même dit qu’il n’insisterait pas. Ça me paraît improbable que ce soit lui qui l’appelle. C’est peut-être un autre pote, mais ça me semble tout aussi improbable.
Alors, qui l’appelle avec cette insistance ? Mes inquiétudes sont amplifiées par le fait que je trouve Jérém distant, et un brin mal à l’aise après ces deux sonneries.
Le silence se prolonge et devient vite gênant.
« Comment se passe à la fac ? » je tente une nouvelle fois de faire la conversation, mais ce coup-ci pour essayer d’échapper à mes inquiétudes.
« Comme au rugby. Je merde. Chaque matin je suis cassé par les entraînements, et l’après-midi je n’arrive pas à me concentrer. Je vais abandonner. Ça me demande trop d’énergie. De toute façon, je n’y arrive pas. Il faut que je me concentre à 100% sur les entraînements ».
« Non, tu ne dois pas lâcher ».
« De toute façon, je n’ai rien à faire à la fac. Je n’ai pas la tête à faire des études. Et puis, nous les sportifs, avec nos cursus aménagés, les autres étudiants ne peuvent pas nous encadrer ».
« C’est à cause de ton problème que tu as du mal à suivre les cours ? ».
« Quel problème ? ».
« La dyslexie ».
« Comment tu sais ça ? ».
« Thibault m’en a touché deux mots, un jour, vite fait… ».
« Ah Thib… ».
« Mener une carrière de rugbyman pro en parallèle des études est un sacré challenge » j’essaie de le remonter « mais je suis sûr que tu as les capacités d’y arriver. Si tu as quelques difficultés, ce n’est pas parce que tu es nul, c’est juste parce que tu es fatigué et parce que ton problème te ralentit. Tu n’y peux rien. Mais je suis sûr que le travail finira par payer ».
« J’ai la trouille pour le match de demain » je l’entends Jérém me lancer de but en blanc. Mon Jérém a l’air tellement désemparé que je le trouve très émouvant. Je me lève, je fais le tour de la table et je le prends dans mes bras. Enfin mon Jérém s’ouvre à moi et ça me touche beaucoup.
« Il faut que tu sois confiant » je lui chuchote, tout en posant des bisous légers dans son cou.
« C’est pas facile quand tout part en couille ».
« Tout va finir par rentrer dans l’ordre, j’en suis certain ».
Dehors ça tombe toujours, j’entends la pluie drue taper sur le velux du plafond.
Nous passons la soirée devant la télé, devant un film sans intérêt. A plusieurs reprises, j’essaie de lui faire des câlins, mais je ne le sens pas vraiment réceptif. Au contraire, je le sens toujours distant, préoccupé, stressé. Je veux bien que le match du lendemain le préoccupe. Mais elle est passée où notre belle complicité ? Par moments, j’ai envie de pleurer.
A 22 heures, Jérém passe dans la salle de bain, il revient habillé d’un simple boxer blanc ainsi que de la nudité de son torse, tous pecs et abdos et tatouages sexy dehors, les deux lignes convergentes du pli de l’aine disparaissant dans l’élastique du boxer. Soudain, je sens mon trou frémir, réclamer sa présence virile, ses coups de reins, ses giclées bien chaudes.
Et alors que j’espère de toutes mes forces que celle qui a depuis toujours été la dernière frontière de notre complicité, le sexe, va sauver cette soirée morose, le bogoss m’annonce qu’il a besoin de dormir.
« Si tôt ? » je m’étonne.
« Demain je dois être au centre à 7 heures ».
« Pourquoi de si bonne heure ? » je le questionne.
« Demain nous jouons à Périgueux ».
Ah mince… je n’avais pas anticipé cette éventualité. C’est vrai que les équipes ne jouent pas toujours à domicile. Fait chier ! Je n’ai pas choisi le bon week-end car son emploi du temps va faire que nous allons avoir peu de moments pour nous voir.
« Je ne savais pas » je finis par lancer, comme hébété.
« Tu es venu sans prévenir ».
« On ne revient pas sur ça, s’il te plaît ! ».
« Je dois me lever à 5h00 et je suis claqué » il me lance froidement.
« D’accord, d’accord ».
Je passe à mon tour à la salle de bain. Je suis tellement déçu de ne pas faire l’amour avec Jérém ce soir !
Je suis tellement déboussolé que je n’ai même pas le courage de faire un petit détour olfactif dans son sac de sport qui semble pourtant me narguer dans un coin de la petite pièce.
Lorsque je reviens au lit, Jérém éteint la lumière, sans un mot. Je voudrais lui poser tant de questions mais je sais que ce n’est pas le moment. Dans l’état de stress où il est, il serait capable de m’envoyer chier direct. Alors je décide de prendre sur moi, et de faire comme si de rien n’était. On verra demain, suivant comment le match se passe, s’il revient de bonne humeur, peut-être j’aurai un créneau pour lui parler, pour essayer de retrouver mon Jérém, celui de ma première venue à Paris.
J’essaie de me calmer, de relativiser, de prendre sur moi une fois de plus, de me dire que ces coups de fil ce n’est rien et que si Jérém a dit que c’est l’un de ses potes, ça doit être vrai. Mais il ne s’est pas passé cinq minutes depuis l’extinction des feux lorsque son portable se met à vibrer à nouveau. Mon cœur se tape un sprint digne d’un départ de Formule Un. Un malaise très désagréable s’empare de moi. Jérém attrape l’appareil sur la table de nuit et l’éteint carrément.
« C’est qui, encore ? » j’aurais envie de lui demander. Mais je n’ose pas. Alors, je ne dis rien. Au fond de moi, j’espère que Jérém dise quelque chose, lui, qu’il me rassure, qu’il dissipe mes peurs. Mais au lieu de quoi, le silence s’installe, un silence qui devient de plus en plus blessant à chaque seconde« Toujours les potes ? » je ne peux m’empêcher de lui demande, tristement, comme une perche tendue pour lui signaler ma présence, mon inquiétude et mon besoin d’être rassuré.
« Oui, ils ne me lâchent pas ».
Une réponse qui, évidemment, ne suffit pas à m’apaiser. Je suis triste. Je trouve Jérém tellement distant. Je le prends dans mes bras, mais je n’ai aucune réaction de sa part. Sa main ne cherche pas ma main comme c’était le cas à Campan ou la première fois à Paris. Aucun bisou ne semble non plus à l’ordre du jour. Mais je ne peux pas renoncer à un petit bisou de bonne nuit.
Après un long moment de silence, je finis par le questionner :« Tu dors ? ».
« J’essaie ».
« Je peux avoir un bisou ? ».
« Rhooooo » je l’entends lâcher, sur un ton agacé.
Jérém se retourne avec un geste brusque, me claque un bisou rapide et se retourne à nouveau.
« Bonne nuit » je lui lance.
« Ouais, bonne nuit ».
Jérém doit être vraiment fatigué parce qu’il ne tarde pas à s’endormir. J’écoute sa respiration de sommeil que je connais bien, et cela m’apaise un peu.
Mais pas au point de faire taire mes questions au sujet de son attitude distante et de ce téléphone qui n’arrête de sonner et qui m’empêchent de trouver le sommeil. Et si les deux étaient liés ?
Pendant un court instant, l’idée de fouiller dans son tel me traverse l’esprit. Mais elle s’éloigne aussitôt, car je ne peux pas faire ça. De tout façon, je n’aurais pas le cran de le faire, le risque est trop grand. Et puis je ne veux pas aller dans ces travers. Si j’en suis au point de fouiller dans son portable, c’est que vraiment rien ne va plus entre nous.
Il me faut longtemps, et j’ai le temps de compter pas mal de moutons, avant de trouver enfin le sommeil.
[Il est 2h45 du matin lorsque Jérémie se réveille en sursaut. Il réalise que Nico est dans son lit, et ça lui fait plaisir. Le voir arriver à l’improviste l’a contrarié, mais la présence de Nico lui fait du bien. Tout lui parait plus simple lorsque ce petit gars est à ses côtés.
Il le regarde dormir et se souvient d’une autre occasion ou il l’avait regardé dormir. C’était un après-midi d’été, après l’amour, dans sa chambre à St Michel à Toulouse.
Aujourd’hui comme hier, il le trouve très mignon, beau petit mec doux comme un enfant. Aujourd’hui comme hier, il sait qu’il ne sera pas à la hauteur de ses attentes. Il sait qu’il va le décevoir, et qu’il va le faire souffrir. D’ailleurs, il est déjà en train de le faire souffrir. Déjà, toutes ces semaines sans se voir. Et puis, cette distance qu’il ne peut s’empêcher d’entretenir, à cause de ce qu’il a fait, et du sentiment de culpabilité dont il n’arrive pas à se débarrasser. Et puis il y a aussi ce téléphone qui n’arrête pas de sonner. Il sait que Nico se pose plein de questions au sujet de ces coups de fil à qui il n’a pas pu répondre.
Aujourd’hui comme hier, il se demande s’il ne vaudrait pas mieux tout arrêter.
Mais Jérémie ne veut pas perdre « MonNico » qu’il regarde dormir, avec un regard attendri.
Il se demande comment ce petit gars s’y est pris pour ravir à ce point son cœur, pour le toucher là où personne n’avait réussi à le toucher auparavant.
Pourquoi Nico lui fait tant d’effet et le fait sentir si bien ?
Le fait est que Jérémie n’aime pas seulement ce que Nico est, mais aussi et surtout ce qu’il est, lui, quand il est avec Nico. Car Nico supporte ses mauvais côtés, son mauvais caractère et il croit fermement en ce qui est bon en lui. Car Nico fait ressortir le meilleur de lui-même.
Nico le touche beaucoup. Et ça remue des choses en lui. Parce qu’il ressent pour lui des trucs qu’il n’a jamais ressentis pour personne. Il se dit que qu’après tout, ce que Nico lui apporte est de l’amour, du vrai. Et que cela est trop précieux pour le laisser filer.
Aujourd’hui comme hier, il a peur de le perdre. Il avait eu tellement peur de le perdre Nico après le clash chez lui !
Mais comment le garder dans sa vie alors qu’il n’a rien à lui offrir ?
Jérémie regarde Nico dormir dans la pénombre. Il se dit que oui, quand il est avec lui, tout lui paraît tellement plus simple, y compris s’assumer, y compris même être heureux. Mais il sait tout aussi bien que quand Nico est loin, ses peurs et ses démons le rattrapent aussitôt.
Et puis, qu’est-ce qu’il a à lui offrir, à part de la distance et le faire souffrir ?
Jérémie ne peut se résoudre à quitter Nico des yeux. Car au fond de lui, il est vraiment heureux que ce petit gars soit là. Au fond de lui, il voudrait qu’il soit là plus souvent.
Avant de s’allonger pour essayer de retrouver le sommeil, Jérémie pose un bisou léger sur le front de Nico].
[Cher lecteur/lectrice,
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Merci d'avance.
Fabien]
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