Le livre de Thibault Ep. 0101 Deux potes.

- Par l'auteur HDS Fab75du31 -
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Récit libertin : Le livre de Thibault Ep. 0101 Deux potes. Histoire érotique Publiée sur HDS le 28-05-2025 dans la catégorie Entre-nous, les hommes
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Le livre de Thibault Ep. 0101 Deux potes.
Avertissement.

Ce récit, bien qu’il se veuille réaliste, n’en demeure pas moins une fiction. En aucun cas les agissements des personnages ne doivent constituer un exemple de conduite. Tout rapport sexuel entre garçons doit être protégé, à moins d’avoir pleine confiance en l’autre. En aucun cas, on ne peut se contenter de déclarations de l’autre pour s’exposer à des risques. Y compris lorsqu’il s’agit de quelqu’un qu’on connaît, qu’on apprécie, qu’on kiffe, qu’on aime.


Fête foraine à Fenouillet.
Juin 2000.

Ce soir-là, après le repas au resto, quelqu’un avait lancé l’idée d’aller faire un tour à la fête à Fenouillet.
Avec ton pote Jé et d’autres gars, vous aviez fait étape au punching-ball, puis au stand de tir, pour échouer enfin à la buvette.
A un moment de la soirée, ton pote s’était éclipsé avec une nana qui avait flashé sur lui lors de l’étape au punching-ball. Et ça t’avait fait quelque chose.
Ton pote était revenu une demi-heure plus tard, la cigarette au bec, un petit sourire bien coquin sur son visage.
Il avait été accueilli de la même façon qu’il avait été salué tout à l’heure, lorsqu’il est parti s’éclipser avec cette nana, affectueusement raillé par vos camarades. Des mots comme « serial baiseur » lui avaient été lancés.
Sans ciller, il avait repris sa place sur la chaise haute qu’il avait quitté une demi-heure plus tôt et qu’on lui avait gardée.
Le regard fier et taquin, il avait redemandé une bière, l’air plutôt fier d’entendre ses potes « célébrer » son exploit avec des moqueries transpirant un subtil mélange de jalousie et d’admiration.
Et là, l’air du mec plutôt fier de lui, il avait commencé à raconter son exploit. Tu n’avais pas vraiment envie d’entendre ça. Vraiment pas. Et pourtant, tu y étais en quelque sorte « obligé », en tant que meilleur pote.
Tu avais du mal à endurer ce récit d’une pipe mal faite, récit qui faisait se marrer tout le monde, mais pas toi.
Tu avais remarqué une trace de rouge à lèvres dans le cou de ton pote. Tu le lui avais fait remarquer, tu avais fait semblant de trouver ça drôle, alors que ça t’avait fait mal.
Malgré tout, tu étais conscient que ton pote était un très beau garçon, et que c’était normal qu’il ait du succès auprès des nanas.

Mais le jour ne tarderait pas à venir où tu réaliserais qu’il n’y avait pas que les nanas qui s’intéressaient à ton pote.


Songe étrange d’une nuit d’été.
Août 2000.

En ce début du mois d’août, Jérémie vient d’avoir son permis. Et sa voiture. Une vieille 205 rouge de quatrième main, mais qu’importe. C’est sa toute première voiture, celle pour laquelle il a bossé depuis un an, pendant toutes ses vacances.
Le permis, la voiture, l’été, il faut fêter tout ça avec les potes du rugby. Alors, c’est parti pour une semaine au bord de la mer, avec toi Thibault, son meilleur pote, et deux autres coéquipiers, Julien et Thierry.
Il est deux heures de l’après-midi lorsque vous débarquez au camping de Gruissan. Le soleil cogne fort. Le temps de planter les tentes, d’avaler un sandwich, de passer un short de bain et la joyeuse bande quitte le camping direction la plage.
Les enceintes de la réception diffusent le tube viral de l’été :

https://www.youtube.com/watch?v=uGFU0kizUE0

Comme une vague, une déferlante de jeunesse et de camaraderie, la meute de jeunes mecs avance en rigolant, en parlant fort, en dégageant cette insouciance des esprits qui laissent de si belles couleurs sur leur passage.
Dès que les pieds touchent le sable chaud, une impression de bien-être se propage dans tout le corps. Délicieuse, première sensation de vacances qui semble crier en nous : Liberté ! Bonheur !
La plage, le sable, la mer, le soleil, les serviettes, les parasols, l’odeur de la crème solaire, voilà le parfum des vacances.
Les potes plongent lourdement dans l’eau, éclaboussent, font des vagues à tout va. Et lorsqu’ils réémergent de l’eau, la peau ruisselante, les brushings défaits, sur les visages se dessinent des sourires de gosses. Tu aimes tellement voir tes potes heureux. Et ton Jé, plus que tous les autres.
Il y a dans ces instants quelque chose qui s’approche de la contemplation de l’œuvre d’art. L’émotion profonde que ces garçons savent inspirer tout en étant simplement « eux-mêmes », en vivant leur vie avec cette fougue, avec cette insouciance, avec cette plénitude.
Tu pourrais passer des heures à les regarder faire les cons entre eux, à te mélanger à leurs jeux, touché et ému par toute cette énergie débordante, par leur côté « jeunes chiens fous ». Et là encore, c’est avec ton Jé que tu cherches le contact physique, à qui tu passes la balle que vous avez amenée dans l’eau. C’est avec lui que tu veux être en équipe quand vous improvisez un petit match de foot sur la place. C’est avec lui que tu veux partager ta tente. Comme depuis l’été de vos 13 ans.

Le lendemain soir, la petite bande est de sortie. Ton pote Jé débarque dans la boîte de nuit avec un t-shirt blanc bien près de son torse et de ses biceps, contraste parfait avec sa peau bronzée, il avance avec un sourire ravageur aux lèvres, fer de lance d’une attitude conquérante qui semble annoncer « personne ne peut me résister ».
Et effet les nanas le dévorent du regard. Et elles attaquent sur tous les fronts. Il y a celles qui chargent frontalement, qui viennent se mélanger à la meute, qui viennent lui parler. Et puis il y a des regards plus subtils, qui jouent un match de séduction tout en finesse.
Mais il y a un regard en particulier, un regard que Jérémie trouve particulièrement culotté. La nana sait bien mener son jeu, elle fait du charme à ton pote tout au long de la soirée. Elle y va par petites touches, elle cherche son regard, puis l’ignore, elle se montre intéressée, puis distante.
Un jeu de séduction qui se solde par une bonne partie de jambes en l’air dans un chalet sur la plage.
Au petit matin, Jérémie marche sur le sable fin en fumant une clope, alors que la brise marine ramène le son étouffé d’une radio :

Et tu chantes, chantes, chantes ce refrain qui te plaît
Et tu tapes, tapes, tapes, c’est ta façon d’aimer
Ce rythme qui t’entraîne jusqu’au bout de la nuit
Réveille en toi le tourbillon d’un vent de folie

https://www.youtube.com/watch?v=yTzyJ7kDLL4

Il est deux heures de l’après-midi lorsque ton pote émerge de son sommeil décalé.
Le soleil, la mer, les vacances. Quatre potes avec un ballon sur la plage, ça attire du monde. Un ballon, c’est le volley, le foot, le rugby. Chaque jour, il y a davantage de monde que la veille.
Tout ce raffut de jeunes mecs sur la plage finit par attirer des nanas. Dès lors, la petite bande de rugbymen toulousains n’aura pas de mal à conclure. Même toi, Thibault, le plus pudique et réservé des quatre, tu finiras par craquer un soir sur une petite brune.
Jérémie, quant à lui, après un premier but marqué au chalet de Mélanie, avait transformé des essais presque chaque soir. Et presque chaque fois avec une nouvelle nana.

Les jours filent. Ton pote trouve le temps de se faire tatouer un brassard aux motifs tribaux qui lui va sacrement bien.
Et le dernier soir arrive. Ton pote s’est éclipsé avec Stéphanie, une petite rousse.
Tu as désormais l’habitude de t’endormir seul dans la tente, car ton pote découche presque chaque soir. Mais ce soir, tu n’arrives pas à dormir. Ton pote te manque. Au fond de toi, tu as chaque fois pensé à cette nuit sous la tente l’été de vos treize ans. Chaque soir, au fond de toi, tu t’es dit que, peut-être… Mais ça n’a jamais été le cas. Ton pote n’a plus besoin de se taper des queues, il a bien assez de nanas pour se faire plaisir !
Mais quand le dernier soir est arrivé, tu t’es à nouveau dit que, peut-être, comme cet été-là, le dernier soir… En fait, tu avais surtout espéré pouvoir partager quelques heures avec ton Jé, même sans aucun contact physique. Tu avais espéré passer un peu de temps avec lui.
Et quand ton pote t’avait annoncé que ce dernier soir aussi il partirait « farcir de la moule », tu avais ressenti une immense frustration que tu avais eu le plus grand mal à cacher.

Non, ce dernier soir avant votre retour à Toulouse, tu n’arrives pas à dormir. Il est deux heures passées lorsque tu décides d’aller faire un tour. Tu marches déjà depuis quelques minutes lorsque tu reconnais à quelques mètres de toi, dans la pénombre, l’allure familière de ton pote, sortant d’un mobil-home. Ce dernier est torse nu, son débardeur posé sur l’épaule, la cigarette entre les lèvres, et il semble fouiller dans les poches de son short, certainement à la recherche de son briquet.
Tu te dis que ton pote est vraiment incroyable, il s’est tapé une nana chaque soir, et le dernier soir ne se prive pas d’emballer cette jolie rousse qui fait de l’effet à tout le monde.
Tu attends patiemment qu’il s’éloigne de quelques pas pour aller le rejoindre, lui passer l’avant-bras autour du cou et te moquer gentiment de ses exploits.
Mais une deuxième silhouette apparaît aussitôt sur le seuil du mobil-home, dans le noir.
« Pssssssst ! ».
Ton pote s’arrête net, se retourne, alors qu’il se trouve désormais dans une zone un peu plus éclairée. La deuxième silhouette avance jusqu’à le rejoindre.
Et là, tu as du mal à réaliser ce qui se présente à tes yeux. Car cette deuxième silhouette n’est pas celle de la jolie rousse. Pas du tout.

Tu as besoin de marcher un peu, tu as besoin de prendre l’air. Tu as besoin de remettre de l’ordre dans ta tête.
Lorsque tu rentres enfin à la tente, ton pote est déjà dans son sac de couchage. Mais il ne dort pas pour autant.
— T’étais parti où ? il te questionne.
— J’ai fait un tour à la plage… tu lui glisses.
— C’était bien ta soirée ? tu veux savoir.
— Pas mal…

La 205 rouge roule à vive allure sur l’autoroute des Deux Mers. Au bout d’une longue montée, la citadelle de Carcassonne apparaît sur la droite, majestueuse.
Tout en conduisant, Jérémie porte une cigarette entre les lèvres, et l’allume.
Ton regard se fixe sur ce briquet que tu lui as offert pour ses 18 ans.
— Tu regardes quoi ? fait ton pote, surpris par ton regard figé.
— Rien, tu lui souris, tout en posant la main sur son épaule, rien du tout.
Soudain, tu repenses à ce que tu as vu la nuit d’avant.
Lorsque la deuxième silhouette était sortie du mobil-home, et alors que tu t’attendais à voir une jolie rousse se dévoiler, c’était quelqu’un d’autre qui s’était présenté à tes yeux.
Tu avais parfois surpris d’autres regards se poser sur ton pote, autres que ceux des nanas. Et tu t’étais parfois demandé s’il faisait cas de ces regards. Désormais, tu as ta réponse.
La 205 rouge roule à vive allure sur l’autoroute à hauteur de Villefranche de Lauragais. Une toute nouvelle chanson vient de résonner sur les ondes radio :

Music… makes the people come together/La musique… rapproche les gens…

https://www.youtube.com/watch?v=Sdz2oW0NMFk

En arrivant au péage de Toulouse, tu n’arrives toujours pas à effacer de ta mémoire l’image de ce garçon musclé, l’image de ce petit gabarit très bien proportionné, de ce petit footeux qui n’avait pas arrêté de mater ton pote depuis qu’ils avaient débarqué au camping. Et qui avait finalement réussi à l’attirer dans son mobil-home, te privant ainsi de sa compagnie, le dernier soir avant votre départ.
Le mec s’était approche de Jérém pour lui rendre son briquet. Et pendant que ce dernier allumait sa clope, le mec en avait profité pour poser un baiser furtif dans son cou. La réaction de ton pote t’avait surpris. Il l’avait repoussé, sans ménagement.

Tu avais parfois entendu ton pote Jé avoir des propos très mauvais au sujet des « pédés ». Et tu t’étais parfois dit que si l’un d’entre eux lui avait montré trop d’attention, il aurait réagi de façon violente, verbalement et même physiquement, de façon à décourager ces attentions. Mais aussi, et surtout, à montrer « qu’il n’était pas une tafiole ».
Et là, toutes tes certitudes avaient basculé en un instant. Visiblement, il s’était passé un truc entre ton pote et ce garçon. Mais s’il avait bien voulu partager le plaisir, ton pote refusait la tendresse.

Cette nuit-là, ton cœur en avait pris un gros coup. Car tu venais de réaliser que ton pote avait les mêmes envies que toi, des envies que tu n’avais pas su voir, malgré tout le temps passé ensemble. Ou bien, justement « à cause » de tout le temps passé ensemble, « à cause » de votre amitié, cette amitié qui avait empêché vos désirs similaires de se reconnaître et de se rencontrer.
Tu as pris cette découverte comme une claque en pleine figure, une claque qui t’a mis KO.
Et ça t’a fait un mal de chien.


Novembre 2000.

Le match vient de se terminer. Il faisait froid dehors, et la deuxième mi-temps s’est déroulée sous une pluie battante et sur un terrain bien gadouilleux. Ça a été dur, éprouvant. Pour gagner, il a vraiment fallu mouiller le maillot. Et même souiller le maillot. Les gars sont heureux de leur victoire, mais aussi de se retrouver dans les vestiaires, bien au chaud, entre potes, heureux de quitter leurs maillots boueux et de passer sous les douches.
C’est bon cette odeur de vestiaire, de potes. Même l’odeur de la gadoue a son charme, celui de l’effort commun, de la camaraderie.
Jéjé se déshabille très vite. Il est très à l’aise avec sa nudité. Te le regardes se diriger vers les douches de son pas assuré. Tu le trouves vraiment très beau.
Un épais brouillard chaud sature l’air et diffuse une intense odeur d’humidité chargée de fragrances de gel douche. Jéjé s’installe à la seule place vide, à côté de deux autres joueurs, Thomas et Thierry, eux aussi plutôt bien foutus. Mais tu te dis que Jéjé est le plus beau d’entre eux. Tu te dis que ton pote est vraiment le plus beau mec de l’équipe.
Jéjé ouvre le robinet et le jet d’eau chaude commence de tomber sur ses cheveux bruns. Sublime image.

Une douche vient de se libérer et tu te retrouves juste à côté de ton Jéjé en train de se savonner. Tu es troublé par cette proximité, par cette promiscuité. Tu ouvres le robinet. Tu essaies de te concentrer sur les bienfaits de l’eau chaude, tu prends garde de ne pas trop laisser traîner son regard de son côté.
Mais les épaules mouillées finissent par se frôler, et les regards par se croiser aussitôt. Ton pote te regarde, il semble fixer ton torse.
— Attend, il te lance, tout en enserrant ton biceps dans sa main.
— C’est pas vrai, ça ! ! ! tu l’entends pester.
Tu sais où il veut en venir. Et ça te fait marrer. Tu aimes beaucoup l’impressionner.
— Je me casse le cul à la muscu, deux fois plus que toi, et je n’aurais jamais des biceps comme les tiens, fait chier !
— Arrête un peu de te plaindre. T’es super bien foutu !
— Pas comme toi ! Je veux être plus baraqué !
— Mais pour quoi faire ? tu veux savoir.
— Les nanas aiment les gars bien foutus !
— Mais qu’est-ce que tu veux de plus ? Tu ne sais même plus où donner de la queue ! plaisante Thierry.
— Il a raison ! tu confirmes.
— C’est vrai, il admet.
— T’es mieux foutu que moi mais moi je me tape plus de gonzesses que toi, il te glisse, taquin.
— Tu n’es qu’un sale petit con ! tu lui lances en rigolant.
Et là, pour toute réponse, il te balance de l’eau à la figure, le regard empli de cette étincelle de chien foufou que tu adores. Tu adores quand ton pote est d’humeur joyeuse et joueuse comme à cet instant.
« Il veut jouer, alors on va jouer ! » tu te dis, ravi de ce petit moment de complicité qui se dessine.
Tu attrapes ton pote par les épaules, tu le plaques contre le mur pour l’empêcher de bouger. Il se démène, en vain. Jéjé fait plusieurs centimètres de plus que toi, mais tu parviens toujours à le maîtriser.
Tu ressens de bien agréables sensations dans ce corps à corps inattendu. Tu sens tous ses muscles se bander dans la tentative d’échapper à ta prise.
Mais très vite, tu dois quitter ce contact, avant que ton corps ne te trahisse. Tu sens que si tu ne désamorces pas ce corps à corps, tu vas bander.
Tu profites d’un sursaut de Jéjé pour relâcher un peu ta prise, lui permettant ainsi de se dégager, tout en lui laissant l’impression qu’il y est parvenu tout seul.
Jéjé se retourne, il rigole. L’eau ruisselle sur tout son corps, ses cheveux bruns retombent en bataille sur son front. Dans son regard se loge un petit air de fripouille. Oui, il est vraiment très beau.


Guillaume.
Automne 2020.

Si en voyant ton pote revenir aux filles dès le retour sur Toulouse tu avais pu te convaincre que l’épisode du mobil home de Gruissan n’était qu’un « accident » dans sa vie sexuelle, un autre épisode était venu te troubler un peu plus tard dans l’année. C’était l’épisode « Guillaume ».
Pendant une période, ton pote avait amené son cousin dans votre bande de potes le week-end. Tu avais ainsi eu l’occasion de remarquer les regards insistants que ce garçon posait sur lui.
Il était arrivé que Guillaume reste dormir à l’appart rue de la Colombette. Et au fond de toi, tu avais toujours pensé qu’il se passait des choses entre eux.
C’était pendant l’épisode « Guillaume », que tu avais commencé à ressentir un sentiment inattendu poindre dans ton esprit. Un sentiment qui s’était d’abord emparé de toi de façon sournoise, avant de t’éclater à la figure d’une façon extrêmement violente en une autre occasion, vers la fin de l’année.
Ce sentiment, c’était de la jalousie.


Patxi
Hiver 2000

C’était un week-end de décembre, lors du dernier match avant la pause du tournoi à l’occasion des fêtes de fin d’année. Votre équipe avait remporté ce match de justesse face à une Section Paloise plutôt aguerrie.
Parmi les joueurs de cette équipe, il y avait ce Patxi, un demi de mêlée originaire de Saint-Jean de Luz. Un demi de mêlée, tout comme toi, Thibault.
Patxi n’était pas très grand, mais bien musclé. Il était brun, les cheveux assez courts et frisés, plutôt typé basque, avec des petits yeux très noirs, très vifs, un regard très brun, profond, pénétrant. Il portait un petit piercing à l’arcade sourcilière qui relevait un peu plus encore sa mignonnerie naturelle.
Son sourire était lumineux, tour à tour doux, fripon, charmant et charmeur. Son rire était sonore, franc, spontanée, généreux, contagieux, avec un je-ne-sais-quoi d’enfantin ci et là. Patxi était le genre de garçon qui dégage une joie de vivre exubérante. Un garçon vraiment craquant.
Malgré la défaite, l’équipe paloise était restée sur Toulouse pour faire la fête.
Au cours de la soirée, numéro de maillot partagé oblige, Patxi avait très vite et très bien sympathisé avec toi, Thibault. Mais aussi avec ton pote Jé. Et vous aviez fini par vous retrouver, tous les trois, tard dans la nuit, à boire une dernière bière dans l’appart de la rue de la Colombette.
C’est à ce moment-là que tu avais ressenti ce sentiment étrange monter en toi, te serrer la gorge et te vriller les tripes. C’était lorsque tu avais été frappé par la nette impression que ce Patxi s’employait à flatter l’égo de ton Jé, qu’il tentait de l’impressionner, presque de le « draguer ». Et que ton pote, porté par la progression de son degré d’alcoolémie, semblait de plus en plus sensible aux flatteries du petit basque.
Plus les minutes passaient, plus tu avais l’impression que ton pote était conquis par les mots et par la présence de ce tchatcheur intarissable. Mais, il fallait bien l’admettre, intéressant, sympathique, fûté et plutôt drôle. Plus ça allait, plus tu avais l’impression que ton pote buvait les mots de ce Patxi, qu’il posait sur lui ce regard attentif et admiratif que tu ne lui avais pas souvent vu. Ce regard qu’il avait assez souvent posé sur toi par le passé.
Comment ça te manquait, ce regard, depuis quelques temps !
Cette nuit-là, tu sentais qu’entre ton pote et ce gars, en l’espace d’à peine quelques heures, s’était créé une complicité aussi forte, voire plus forte encore, que celle que vous aviez eu tous les deux depuis tant d’années. Une complicité dans laquelle tu avais l’impression de déceler une forme de sensualité, et de désir réciproque.
— Là, j’ai du respect, mec ! avait lâché Jé, lorsque le petit basco-béarnais avait sorti un joint de sa poche. Sa voix était chargée de cette allégresse, fille d’ivresse. Son regard dégageait ce sourire un peu « hébété » que tu avais toujours trouvé adorables et touchants chez ton pote lorsqu’il était saoul ou stone.
Après avoir partagé le joint à tous les trois, Jé avait proposé à Patxi de rester dormir chez lui.
— On se voit demain, tu avais alors pris congé, la mort dans l’âme, en regardant ton Jé et ce Patxi en train de se dessaper.
Tu étais rentré chez toi le cœur lourd, très lourd.

Tu n’as jamais su s’il s’était passé quelque chose entre ton pote et le demi de mêlée palois. Pourtant, plus encore que l’épisode « Gruissan », plus encore que l’épisode « Guillaume », l’épisode « Patxi » t’avait fait prendre conscience de l’existence et de l’importance de ta jalousie.
Car, contrairement à l’inconnu de Gruissan ou à Guillaume, que tu ne connaissais pas, Patxi était un gars « comme vous », un rugbyman, un mec dont on n’aurait jamais pu imaginer être de ceux « qui s’intéressent à d’autres gars ». Et pourtant, Patxi, « un gars comme vous », semblait vraiment s’intéresser à ton pote.
Trois « épisodes » de la vie de ton pote, trois claques qui t’avaient mis KO. Et pourtant, tu avais continué à faire comme si tu ne savais rien. Comme si l’amitié te suffisait. C’était de plus de plus dur pour toi.

Et puis, il y avait eu le plan à quatre.

Mars 2001.

Ce soir-là, ton pote et toi étiez de sortie au KL, avec d’autres coéquipiers. Il y avait beaucoup de monde au KL, beaucoup de vos potes du rugby. Tout se passait normalement, jusqu’à ce que ton pote lance cette idée saugrenue.
— On parie combien que je vais lever deux nanas canon ?
— Je ne parie pas, tu avais tenté de calmer ses ardeurs.
— Si j’y arrive, on va les baiser chez moi, ok ?
Tu avais hésité, car l’idée de ce plan avait fait surgir en toi un certain malaise. Et si tu avais fini par accepter, c’était plus pour faire plaisir à ton pote, pour ne pas casser son plan (il t’avait dit avoir envie d’essayer un plan à quatre) que parce que tu en avais réellement envie.
Tu l’avais regardé emballer une nana, puis une autre. Tu t’étais dit que ton pote était un véritable magicien. Son pouvoir magique, c’était cette aura sexuelle qui attirait à lui toutes les nanas, comme des trombones vers un aimant. Et ce soir, il s’était surpassé.
Tu t’étais ainsi retrouvé sur le lit dans l’appart de rue de la Colombette, à côté de ton pote, en train de coucher avec une nana dont tu avais du mal à te rappeler le prénom.
Et alors que tu t’étais senti un tantinet mal à l’aise dans cette situation pour toi inédite, tu avais été fasciné par l’aisance de ton pote. Ce dernier avait l’air de prendre son pied le plus naturellement du monde, sans se laisser impressionner ni par ce plan, nouveau pour lui aussi, ni par les regards des deux nanas, ni par ta présence.
Sur le lit étroit, dans le feu de l’action, tu avais senti son l’épaule frôler la tienne. Vos têtes s’étaient retournées au même moment, les regards s’étaient rencontrés.
Au fil des coups de reins, vos épaules s’étaient frôlées encore, encore et encore, ainsi vos hanches, vos cuisses, vos genoux. Et vos regards. Tous ces contacts répétés avaient grandement participé à l’excitation du moment. Tu avais fini par trouver tes marques et par prendre du plaisir. Peu à peu, la cadence de tes va-et-vient s’était réglée sur celle de ton pote, dessinant avec elle comme un seul et unique mouvement.
Et lorsque l’orgasme de Jéjé arrive, le tien avait suivi de très près. Vous aviez joui au même moment, ensemble.
Et c’est encore ensemble, avec des gestes presque identiques que, peu après, vous vous étiez retirés de vos partenaires d’un soir.
Sans un mot, Jéjé avait ôté sa capote, passé un boxer. Il s’était dirigé vers le frigo, il en avait sorti des bières, les avait décapsulés, il en avait gardé une, il t’avait passé les autres. Tu t’étais chargé de les faire suivre aux nanas.
Sur la terrasse, dans la pénombre, il avait roulé une cigarette magique, l’avait allumée, il en avait tiré une longue taffe et te l’avait passée.
En récupérant le tarpé d’entre les doigts de ton pote, tu n’avais pas pu t’empêcher de laisser traîner ton regard sur le tissu fin et élastique cachant ses attributs, ainsi que sur son torse ondulant sous la vague d’une respiration encore accélérée par l’effort sexuel.
Ça faisait déjà un moment que tu trouvais que ton pote Jéjé était vraiment un beau garçon. Mais à cet instant précis, après l’orgasme, tu avais réalisé à quel point il l’était.
Les filles vous avaient rejoints en terrasse. Dans le silence de la nuit de printemps, le tarpé était passé de main en main, de lèvre en lèvre, jusqu’à ce que les corps et les regards manifestent de nouvelles envies.
Tu te souviens très précisément de la suite de cette soirée.
Les reins appuyés à la rambarde de la terrasse, Jéjé avait posé son joint et sa bière sur le rebord. Il avait porté ses mains sur les hanches, il avait laissé glisser les pouces entre sa peau et le boxer. Le tissu léger était descendu lentement, sa queue presque raide était apparue dans la pénombre.
Un instant plus tard, la nana que tu venais de sauter était à genoux en train de le sucer dans la fraîcheur de la nuit. L’autre en avait fait de même avec toi, Thibault. Jéjé avait repris son joint, il avait tiré dessus. Puis, il te l’avait passé.
Quelques minutes plus tard, vous étiez en train de limer les deux nanas, par derrière. C’est ton pote qui a eu l’idée. Et toi, Thibault, tu n’avais fait que suivre le mouvement, une fois de plus.
Et tu avais assez vite réalisé que cette position possédait un atout considérable. Elle vous permettait, à ton pote et à toi, de vous affranchir du contact visuel avec vos partenaires, et de pouvoir vous sentir plus libres dans vos regards, dans le contact de vos corps.
Ainsi, dès les premiers coups de reins, vos épaules s’étaient frôlées avec plus de facilité, tout comme les hanches, les cuisses, les genoux. Vos regards se cherchaient, se croisaient fébrilement. Très vite, vos va-et-vient s’étaient à nouveau réglés sur un même rythme. Le plaisir montait, la jouissance approchait.
Mais ce qui avait fait précipiter la venue de ton orgasme, avait été autre chose. Sa main qui s’était posée sur son cou, ses doigts qui s’étaient enfoncés doucement dans tes cheveux, son regard qui avait cherché le tien avec insistance. Et lorsque, dans ce regard, tu avais vu ton pote perdre pied, tu n’avais pas pu résister à la tentation de poser à ton tour ta main sur son cou.
Les regards s’étaient comme aspirés l’un l’autre, vos excitations s’étaient embrasées. Une nouvelle fois, vous aviez joui au même moment. Et ton orgasme avait été parmi les plus puissants que tu n’avais jamais connu.
Mais la descente avait été rude. Dès l’orgasme passé, les regards qui se cherchaient un instant avant étaient devenus fuyants, les corps qui se frôlaient cherchaient désormais à s’éloigner.
Une fois de plus, vous vous étiez retiré rapidement, vous vous étiez débarrassés des capotes, vous aviez enfilé vos boxers. Les nanas avaient disparu dans la salle de bain, Jéjé était parti en terrasse. Après un instant d’hésitation, tu l’y avais rejoint. Tu avais repris ta bière entamée, tu t’étais installé non loin de lui, dans la pénombre.
Ton pote t’avait proposé de rester dormir. Tu sentais en effet la fatigue te gagner et l’idée te plaisait bien.

Quelques minutes plus tard, les deux nanas parties, tu t’étais retrouvé au lit avec ton pote, dans le noir. Jéjé s’était tourné sur un flanc, vers l’extérieur du lit.
— Bonne nuit, il t’avait lancé.
— Bonne nuit, tu lui avais répondu, un brin déçu qu’il veuille dormir de suite.
Tu aurais bien partagé une bière de plus, et quelques échanges. Tu aurais voulu parler de ce qui s’était passé avec ces deux nanas. Tu aurais voulu savoir si ça avait été aussi bon pour lui que pour toi. Et si ta présence avait été aussi importante, que la sienne l’avait été pour toi, si elle avait participé à son plaisir de la même façon que la sienne avait participé au tien.

Epuisés par l’heure tardive et par deux baises coup sur coup, Jéjé avait vite trouvé le sommeil.
Ça n’avait pas été ton cas. Car tu avais repensé à ce plan, et au plaisir que tu avais pris.
Tu avais d’abord été surpris, désarçonne par la proposition de ton pote. Mais, très vite, tu y avais vu une occasion inespérée de partager un moment de promiscuité sensuelle avec lui, la présence des nanas n’étant au fond que le prétexte pour y parvenir.
C’était comme un test pour toi, un test pour comprendre et appréhender tes sentiments à son égard.
Tu avais aimé cette nuit avec les deux nanas. Et ce que tu avais aimé par-dessus tout, c’était cette super complicité avec ton pote. Une complicité faite de regards, des contacts de peau trop nombreux pour être toujours involontaires, ressemblant parfois à des caresses qui ne s’avouent pas.
Tu sais que si tu as autant pris ton pied, c’est aussi grâce au fait que ton pote était là, à côté de toi, en train de prendre son pied en même temps que toi.
Et le truc qui t’avait le plus secoué, c’était bien ce geste inattendu de ton Jéjé, cette caresse dans ton cou qui avait précipité ton orgasme.

Tu avais fini par t’endormir, mais ton repos n’avait pas été de longue durée. Tu t’étais réveillé brusquement. L’esprit embrumé, tu t’étais rappelé de la soirée au KL, des deux nanas, du retour avec ton pote, de la double baise coup sur coup.
Mais une seconde plus tard, la panique s’était soudain emparée de ton esprit, lorsque tu avais réalisé que tes bras, ton torse, tes jambes enlaçaient le corps chaud de ton pote, que l’agréable et douce chaleur que tu ressentais dans son ventre venait du contact avec son dos, et que la sensation de douceur que tu ressentais sur ta joue venait du contact avec ses cheveux.
Tu t’étais demandé comment cela avait pu arriver, comment tu t’étais débrouillé, dans le sommeil, pour enlacer ton pote, pour glisser ses bras autour de son torse.
Dans ta tête, c’était l’état d’alerte maximal. Tu ne voulais surtout pas que ton pote se rende compte de ce qui se passait. Il fallait que tu te dégages, vite. Mais la manœuvre que cela impliquait était des plus délicates. Il fallait retirer tes bras et t’éloigner de ton pote sans le réveiller.
La manœuvre s’était révélée encore plus compliquée que prévu. Tu avais beau essayer de tirer pour ramener ton bras gauche, ça ne venait pas. Tu t’y étais pris autrement. Tu avais exercé une légère pression sur l’épaule de ton pote pour le faire pivoter légèrement sur le flanc.
Un instant plus tard, Jéjé s’était retourné complètement, s’était calé à plat ventre sur le matelas, le visage toujours tourné vers le bord du lit. Tu t’étais senti soulagé. Le changement de position de ton pote t’avait offert l’occasion inespérée de retirer ton bras tout en douceur.
Tu avais écouté la respiration de ton pote. Tu avais été rassuré de constater qu’il dormait toujours. Ce n’est qu’à ce moment-là que tu avais enfin repris ton souffle.
Et pourtant, au-delà de la panique que ce petit « accident » avait provoqué en toi, tu avais été obligé de t’avouer que tu avais adoré ressentir la chaleur du corps de ton pote contre le tien.
Aussi, tu t’étais demandé si ton pote s’était rendu compte de ce qui s’était passé cette nuit-là.
Tout comme ça t’arrive, parfois, depuis des années, de te demander s’il arrive à ton Jéjé de repenser à cette fameuse nuit sous la tente, en camping, l’été de vos 13 ans.

Oui, ce plan avec les nanas avait été comme un test pour toi. Et le résultat était sans appel.
Après cette nuit, tu n’avais qu’une envie, celle de remettre ça. Oui, « remettre ça », mais seul à seul avec ton pote.

Et puis, il y avait eu le garçon au sac à dos.

Les avis des lecteurs

Il y a plein de motivations pour écrire, parfois futiles, parfois plus profondes, une échappatoire, au pire une catharsis, le besoin de réinventer ce qu'on referait différemment, mieux... Sinon simplement un perso auquel on s'est attaché :-)

lelivredejeremie, merci pour ton commentaire
Avant de me lancer dans un nouveau projet, j'avais besoin de remettre de l'ordre dans JN, la saison 1 et une partie de la saison 2
Et au fil des relectures, le Livre de Thibault a fait son chemin dans mon esprit
Je crois que j'avais du mal à "abandonner" JN pour me lancer dans quelques chose de nouveau
JN a été ma bouée de sauvetage, mon bol d'air pendant 10 ans
Et Thibault est un très beau personnage qui mérite qu'on s'attarde un peu dessus

Au début, le récit méthodique et presque impersonnel fait par un observateur extérieur est légèrement déstabilisant, mais c'est un procédé intéressant, pcq il donne cette impression de distance, et de l'interdiction qu'il s'impose d'intervenir.
C'est un peu comme les images au ralenti d'une collision qu'on ne peut pas éviter, la chronique d'une suite d'évènements dont je me dis qu'ils peuvent bien mener à une tragédie, mais avec un effet hypnotique qui fait que je ne peux pas m'en détacher ;)



Texte coquin : Le livre de Thibault Ep. 0101 Deux potes.
Histoire sexe : Une rose rouge
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