0309 Quand on se noie, on ne refuse pas une main tendue 2/2
Récit érotique écrit par Fab75du31 [→ Accès à sa fiche auteur]
Auteur homme.
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Histoire érotique Publiée sur HDS le 26-11-2021 dans la catégorie Entre-nous, les hommes
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0309 Quand on se noie, on ne refuse pas une main tendue 2/2
Malgré ce que nous avons dit au sujet du fait d’être sages jusqu’au dépistage des trois mois, dès le lendemain, le petit coquin me fait jouir dans sa bouche et avale mon jus.
« On avait dit qu’on attendrait le test pour ça, je m’émeus, lorsque je réalise ce qui vient de se passer.
— J’en avais trop envie. J’avais envie de te faire plaisir… »Je connais cette envie irrépressible, ce désir brûlant de goûter au jus d’un garçon qui nous fait de l’effet. J’ai bien connu ça avec Jérém. Je ne peux pas l’empêcher de prendre son pied en me faisant plaisir. Pour l’en empêcher, il faudrait que je renonce à jouir dans sa bouche. Car, à partir de ce moment-là, je n’ai plus aucune maîtrise de la suite. Mais arrêter de jouir dans sa bouche, je n’ai vraiment pas envie. D’autant plus que plus ça va, plus il fait ça carrément trop bien.
Ruben a vraiment l’air de kiffer ça. Les fois suivantes, il m’avale presqu’à chaque fois. Depuis qu’il a pris goût à s’occuper de ma queue, il ne semble même plus intéressé à ce que je m’occupe de la sienne. Il se branle pendant qu’il me suce, et la plupart du temps il jouit en même temps que je jouis dans sa bouche. D’autres fois, il se branle à côté de moi, alors que je le caresse. De toute façon, je réalise qu’après avoir joui, je n’ai plus vraiment envie de le sucer, pas tout de suite en tout cas. Et quand mes batteries de libido sont rechargées, les siennes le sont aussi, et son envie de me sucer est plus forte que la mienne de le sucer.
Alors, plus ça va, plus je me retrouve à être « le mec », et à me sentir « le mec ». Plus ça va, plus ça me plaît de voir Ruben accroc à ma queue, à mon jus. Ça m’excite furieusement.
« Tu aimes ça hein ? » je m’entends lui balancer un jour alors qu’il est à genoux devant moi et que sa bouche est en train de m’envoyer tout droit vers le point de non-retour.
Pour toute réponse, et sans jamais quitter ma queue de ses lèvres ou interrompre ses va-et-vient bien cadencés, le petit poitevin lâche un petit grognement d’approbation. Je prends cela comme un encouragement, et j’oublie aussitôt à quel point ma première « réplique de macho » m’a semblé peu crédible au moment même où elle est sortie de ma bouche et à quel point j’ai aussitôt regretté de l’avoir balancée.
« Tu l’aimes ma queue, hein ? » j’insiste alors.
Mon excitation est plus forte que ma peur de me ridiculiser.
Et là, à ma grande surprise, et alors que sa bouche quitte ma queue aussitôt remplacée par sa main, je vois Ruben lever son visage, chercher mon regard et je l’entends me répondre :« Ah, oui, grave ! J’adore te pomper… t’es viril comme mec… »Moi, un mec viril ? Je peux être viril, moi ? Je ne savais vraiment pas… Ça se voit qu’il n’a jamais couché avec des gars comme Jérém ou Thibault…Cela me donne la mesure d’à quel point tout est relatif dans la vie, car notre jugement à l’instant T ne peut se fonder que sur nos repères cumulés jusqu’à l’instant T.
Je kiffe voir Ruben devenir accroc à ma supposée virilité. En me renvoyant cette image qu’il se fait de moi, que ce soit pendant l’excitation qui pousse à une exaltation des propos, mais aussi après le plaisir, en me faisant sentir combien il a pris son pied en me faisant jouir, Ruben titille et flatte mon égo de mec, et bâtit peu à peu cette virilité. Au fond de moi, je suis toujours un garçon sexuellement malléable. Jérém a fait de moi un passif, puis un versa. Ruben est en train de faire de moi un actif. Et il faut dire que j’y prends goût. J’ai de moins en moins envie de le sucer et de plus en plus envie qu’il me suce et qu’il avale mon jus.
« Elle est bonne ma queue, hein ? » je lui lance une autre fois, alors que je sens mon orgasme monter au grand galop.
Son grognement prolongé flatte une nouvelle fois mon égo.
« Tu veux mon jus ? j’enchaîne dans mon délire.
— Oh oui… » il laisse échapper sans cesser de me pomper.
Mes mains, en appui sur ses épaules jusque-là, obéissent alors à une force, à un instinct que j’avais su maîtriser jusque-là. Mais là, à l’approche de l’orgasme, elles échappent soudainement au contrôle de ma conscience sur le point de s’évaporer sous l’intense rayonnement du plaisir montant. Mes mains se posent sur sa nuque et secondent ses va-et-vient. Le petit gars ne réagit pas. Mon bassin se laisse aller à de lentes ondulations. Pas de réaction non plus. Je prends cela comme un encouragement implicite et silencieux. Mes mains amplifient les va-et-vient de sa bouche. Ruben pousse un petit grognement de plaisir. Les ondulations de mon bassin deviennent des petits coups de reins. Un râle de plaisir monte de la bouche de Ruben. Je me sens alors autorisé à utiliser mes deux mains pour retenir sa tête alors que mes coups de reins s’accélèrent. Soudain, je réalise que Ruben ne me pompe plus, c’est moi qui lui baise la bouche. Et mon plaisir physique se double d’un plaisir mental qui précipite la venue de mon orgasme.
« Je vais jouir et tu vas tout avaler ! » je lui balance, excité comme rarement je l’ai été, en retenant fermement sa tête, la queue bien enfoncée dans sa bouche, alors que je sens mes giclées quitter ma queue l’une après l’autre dans une débauche de plaisir qui envahit mon corps et mon esprit.
Je sais qu’il va le faire de toute façon, je sais qu’il est avide d’avoir mon jus en lui. Mais je trouve excitant de le lui commander. Je trouve excitant cette sensation de… domination.
L’orgasme a été tellement intense que je n’ai plus de jambes. Dès l’excitation retombée, je me rends compte de ce que je viens de faire. Je réalise que je viens de rejouer le scénario que m’avait imposé Jérém lors de notre toute première révision. Avec les mêmes attitudes, et les même mots, à la virgule près. Je n’étais pas prêt pour cela, mais le fait que Jérém me l’impose m’avait rendu prêt sur le champ. J’avais kiffé, certes, mais j’avais aussi souffert d’être traité comme un vide couilles. Excité pendant, humilié après. Pourquoi j’ai fait ça ? Ruben ne mérite pas que je le traite comme ça, je n’avais pas à lui imposer ça. Pourvu qu’il ne se sente pas humilié, pourvu que je ne lui aie pas fait mal, pourvu qu’il ne me déteste pas pour ça ! Je me retire aussitôt de sa bouche, et je cherche son regard. Le petit mec se remet debout aussitôt, il me regarde droit dans les yeux et il me lance :« Qu’est ce qui t’a pris ? »Son regard interloqué me fait peur. Je suis vraiment con ! Pourquoi il a fallu que je fasse ça ?
« Désolé, je suis confus… j’étais très excité et… excuse-moi… excuse-moi, s’il te plaît… je bafouille, l’esprit brouillé.
— Hé, Nico… ne t’excuse pas… j’ai été un peu surpris parce que je ne m’y attendais pas… mais j’ai kiffé…— C’est vrai ?
— Oui… bon, t’y a été un peu fort vers la fin…— Désolé…— Mais j’ai kiffé te sentir prendre ton pied… il continue sans prêter attention à ma désolation. Et quand tu m’as dit d’avaler…— Ça t’a pas plu ?
— Ah, si ! Je suis venu avec toi » il me lance, tout en me montrant ses doigts luisants de son jus.
Ah, me voilà rassuré. Et là, je commence à lécher ses doigts lentement, sans le quitter du regard.
« C’est excitant, soupire le petit coquin. Tu me rends fou, Nico ! »Je termine ma petite affaire, puis je l’embrasse. Je bande à nouveau.
Les jours suivants, notre petit jeu s’invite assez régulièrement dans nos moments coquins. Et ça devient un piment très excitant entre nous. Plus je joue au petit macho, plus ça le rend fou. Au début, je ne me trouvais vraiment pas crédible dans ce nouveau rôle qui n’avait jamais été le mien. Mais à force de répéter sous le regard d’un « public » qui veut y croire, peu à peu les gestes, les mots et les attitudes sont devenus naturels. J’ai fini par devenir celui qu’il attend que je sois.
Ruben a vu en moi « un gars avec de l’expérience ». Tu parles d’expérience ! Avec une relation foirée et une poignée d’aventures au compteur, je suis loin d’être une référence. Il a vu en moi un gars « qui sait ce qu’il veut ». Je me suis employé à combler ses attentes et j’ai appris à être ce gars. Ou alors, comme je lui fais de l’effet, il a vu tout simplement en moi ce qu’il avait envie de voir.
Dans une certaine mesure, Ruben me fait penser à moi, au début des « révisions » dans l’appart de la rue de la Colombette. Un gars à la recherche de repères, à la recherche de la virilité qu’il ne trouve pas chez lui. Et bien qu’au début cela ait pu me paraître un brin surréaliste, cette virilité il a cru la trouver chez moi.
Mais il a suffi de me laisser faire, le laisser aller chercher mon égo masculin, le déballer, et le galvaniser. Et peu à peu mon plaisir a basculé. Je me suis laissé entraîner à jouer « le mec ».
Oui, Ruben me fait parfois penser au Nico que j’étais il y a un an et demi, lors des révisions avant le bac. A quelques nuances près, quand-même. Je ne lui ai rien imposé, je n’ai pas voulu le dominer, et surtout pas en dehors de nos jeux sexuels. Je n’ai pas non plus exigé des trucs fous de lui dès le premier jour, je ne l’ai pas brusqué. Ça s’est fait tout en douceur, je lui ai montré des choses et je l’ai laissé trouver ses repères, à son rythme.
Aussi, après le sexe, après parfois les mots crus, Ruben cherche toujours mes bisous, mes caresses, mes bras pour s’y blottir, comme pour se sentir en sécurité, enveloppé par mon corps. Et je ne lui ai jamais refusé cette tendresse.
Un soir, pendant que Ruben me pompe, je ressens une envie irrépressible monter en moi. Je me retire de sa bouche, et je le prends dans la mienne. Je sens le petit mec frissonner, je glisse mes doigts autour de ses tétons pour décupler son plaisir.
« Arrête ça, Nico, s’il te plaît… » fait le petit gars, en éloignant mes mains de son torse.
Ah zut, j’ai encore oublié que chez Ruben les tétons ne sont pas une zone érogène majeure. Non, je ne m’y ferai jamais. Je crois bien que c’est le premier gars que je rencontre qui est câblé de la sorte. Quand je pense à comme ce simple contact me fait délirer de plaisir, et comme ça faisait délirer de plaisir Jérém, j’ai du mal à le croire et à m’y faire !
Mais je ne m’avoue pas vaincu. Pour le faire frissonner encore plus, j’ai envie de tenter un autre truc. Je quitte sa queue pour aller lécher délicatement ses couilles, tout en le branlant. Le petit mec savoure ce nouveau plaisir. Je descends un peu plus, j’écarte ses fesses lentement, délicatement, et je laisse ma langue s’insinuer entre. Je le sens frissonner là aussi.
« Tu aimes ? je me renseigne.
— Oui… » il fait timidement.
Je reprends à titiller son intimité, mais je le sens tendu.
« Tu me dis si tu veux que j’arrête…— Non, tu peux continuer, c’est bon…— T’es sûr ?
— Oui, mais vas-y doucement… il faut que je me détende. »Je recommence alors à le pomper. Mais très vite je sens ses mains se poser sur mes épaules et me pousser « plus bas ». Je recommence à lécher ses couilles, avant de glisser à nouveau ma langue entre ses fesses. Et là, je sens Ruben prendre son pied. Ainsi encouragé, je l’invite à se retourner sur le ventre. J’empoigne fermement ses fesses, je les écarte, et j’envoie ma langue donner l’assaut à sa rondelle. Le petit gars tremble, ahane, souffle de plaisir. Ça m’excite de le voir prendre autant son pied sous mes caresses buccales.
« Tu aimes ? je le cherche, coquin.
— C’est trop bon, vas-y comme ça ! »Mon envie de le lécher et la sienne de se faire lécher sont tout aussi insatiables l’une que l’autre. Ce petit jeu continue pendant un bon petit moment, jusqu’à ce que Ruben se dérobe à ma langue, jusqu’à ce qu’il se retourne dans un geste précipité. Jusqu’à ce que, animé d’une excitation violente, il se jette sur ma queue et me fasse jouir avec une intensité que j’ai rarement connue. Bien évidemment, il avale mon jus jusqu’à la dernière goutte.
Je ne l’ai jamais vu aussi excité, et l’orgasme qu’il m’a offert juste après était tellement chaud !
Le lendemain, j’ai envie de l’exciter de la même façon, je veux l’embraser de plaisir, et je veux qu’il se jette sur ma queue comme hier soir et qu’il m’offre un orgasme encore plus épique.
Dès que je recommence à astiquer son trou, ma queue devient dure comme l’acier et commence à suinter d’excitation. Je m’allonge sur lui, je pose un long chapelet de bisous dans son dos et son cou. Je passe ma langue le long de sa colonne, je lui offre de nouveaux intenses frissons. Puis, lorsque je le sens fou d’excitation, je cale ma queue raide entre ses fesses et je commence à frotter doucement mon gland autour de son trou.
C’est divinement bon. Mais ce bonheur ne dure pas. Ruben se dégage soudainement, puis vient me pomper et me fait jouir. Après l’orgasme, la tendresse habituelle laisse la place à une distance inattendue et à un silence pesant. Un silence qui se prolonge et qui devient vite gênant.
« Ça va ? je le questionne, pendant que je tente de le caresser. Je tente, car je ne le sens pas vraiment réceptif.
— Oui…— Ça n’a pas l’air…— Oui, ça va, c’est juste que…— J’ai fait quelque chose qui n’allait pas ?
— Tu étais comment avec les autres gars ? je l’entends me questionner après un petit moment de silence plein d’interrogations.
— Comment ça ?
— Tu as deja fait l’amour, j’imagine…— Euh… oui…— Tu étais plutôt actif ou passif ?
– Ça dépend…— Avec ton ex, tu étais plutôt actif, non ?
— Pas vraiment, non… au début, pas du tout même. Puis, au fil du temps, on va dire que nos rôles se sont un peu rééquilibrés…— Tu dois t’ennuyer avec moi !
— Mais pas du tout. J’ai envie de ce dont tu as envie…— Arrête de dire ça. J’ai mes envies et toi tu as les tiennes. Dis-moi, sincèrement : tu as envie de venir en moi, non ?
— Ruben, je t’ai deja dit que tout viendra en son temps, et que rien ne presse. Ce qu’on fait ensemble, c’est génial, et je ne veux rien de plus. Parfois je te propose des choses, et si tu n’es pas prêt, tu me le fais savoir, et on attendra.
— Je ne suis pas prêt pour ça, Nico…— Mais c’est très bien comme ça !
— Tu n’iras pas voir un autre gars pour faire ce que tu ne peux pas faire avec moi ? il me lance, après un instant de réflexion.
— Mais non, mais non. Je suis bien avec toi, et tu me donnes déjà beaucoup de plaisir. Et ça me suffit largement. »
Mais, là encore, je lui mens. Et non pas une, mais quatre fois.
Une première, parce qu’en réalité, non, ça ne me satisfait pas complètement. Jouer au mec actif, n’est au final qu’un « rôle » pour moi. Pour que je puisse vraiment rentrer dedans, je pense que j’aurais besoin de jouer toute la partition. J’ai besoin de sentir ma queue bien enserrée et au chaud dans son petit cul.
Je mens une deuxième fois parce que, au fond de moi, je sais que même cela ne me suffirait pas à me faire me sentir comblé. Il y a chez moi des envies qui demeurent inassouvies et qui deviennent de plus en plus obsessionnelles au fur et à mesure que je continue d’essayer de les ignorer.
Loin du regard de Ruben, lorsque je me branle chez moi, j’ai envie de baiser, oui. Mais pas comme l’imagine Ruben. Au dernier instant avant que mon plaisir explose, lorsque je sens ma rondelle se contracter, je ressens une sauvage envie de me sentir possédé, rempli, baisé par une virilité puissante.
Je mens une troisième fois parce que, parfois, l’envie est tellement forte que j’en viens à envisager d’aller voir ailleurs pour retrouver cette sensation. Mais après l’orgasme, je suis très mal à l’aise à l’idée de faire ça à Ruben, même s’il n’en saurait jamais rien. Et il y a la peur, il y a surtout la peur. La peur d’un accident capote, une éventualité qui m’exposerait à de nouveaux risques, à des nouvelles angoisses. Sans compter que cela me mettrait en porte-à-faux vis-à-vis de Ruben. Si jamais je prends un risque, je devrais le protéger. Pour le protéger, je devrais lui expliquer. Et je risquerais de le perdre.
Et je mens une dernière fois parce c’est toi, Jérém que j’ai envie de sentir en moi. J’ai envie de sentir tes coups de reins, de sentir ta queue coulisser entre mes fesses, j’ai envie de voir l’orgasme secouer ton corps et ta belle petite gueule de jeune mâle. J’ai envie d’avoir ton jus en moi.
En te perdant, Jérém, j’ai perdu le gars que j’aimais, celui qui savait me rendre heureux. Parfois malheureux, très malheureux même. Mais tu avais le pouvoir de me rendre heureux comme personne d’autre n’a su jusqu’ici.
En te perdant, Jérém, j’ai aussi perdu mon meilleur amant. Tu l’étais lorsque tu ne faisais encore que me baiser. Tu l’as été dix, cent, mille fois plus lorsque tu as commencé à me faire l’amour. Même Thibault ou Stéphane, qui ont pourtant été des amants merveilleux, n’ont jamais pu me faire ressentir ce que j’ai ressenti avec toi, Jérém. Personne n’a su m’apporter le bonheur sensuel que tu as su m’apporter, Jérém.
Avec qui couches-tu mon Jérém aujourd’hui ? Qui a la chance de goûter à ta virilité puissante, à ta queue de fou, à tes coups de reins, à ton jus délicieux ?
Es-tu amoureux, ou le seras tu un jour ? Qui es, oui qui sera-t-il, l’heureux élu ? Est-ce que cette personne, que ce soit une nana ou un mec, se rend seulement compte de la chance d’avoir un amoureux et un amant comme toi ?
Pendant que Ruben me suce, je pense souvent à toi. Je repense à notre première révision, à la première fois où tu as voulu que je te suce dans ton appart, je revis le bonheur inattendu de voir ta queue tendue pour la première fois, le bonheur de la sentir entre mes lèvres, celui de te sentir frissonner de plaisir grâce à mes va-et-vient. Je t’entends me balancer : « Je vais jouir et tu vas tout avaler ».
Je repense à la fois où je t’ai pompé dans les chiottes du lycée, ou dans une cabine des vestiaires de la piscine Nakache, ou la pipe dans les chiottes de la Bodega, alors que nos potes faisaient la fête juste à côté. Je repense au nombre incalculable de fois où je t’ai sucé et avalé chez toi, chez mes parents, à Campan, à Paris, à l’hôtel. Je me souviens de ton torse de fou, de tes pecs, de tes abdos, de tes poils sur le torse, de ta peau mate. Je me souviens du gabarit et de la chaleur de ta queue dans ma bouche ou dans ma main ou entre mes fesses.
Oui, pendant que Ruben me suce, je me revois à sa place, à genoux devant toi que j’ai envie de faire exulter de plaisir, de te faire jouir plus que tout au monde, parce que mon plaisir dépend du tien. De la même façon que le plaisir ultime de Ruben semble être celui de me faire jouir, te faire jouir, Jérém, était mon plaisir ultime.
Et lorsque je jouis dans sa bouche, lorsque je me répands en lui, à l’idée même qu’il m’avale, c’est encore à toi que je pense, Jérém. A tes giclées puissantes et brûlantes qui percutent mon palais, qui s’étalent sur ma langue, avant de glisser lentement au plus profond de moi. Je me souviens de ton goût de mec. Putain, qu’est-ce qu’il me manque, ton goût de jeune mâle !
D’autres fois, en regardant Ruben à genoux devant moi, je repense à mon immense surprise la première fois où je t’ai vu te mettre à genoux devant moi, défaire ma braguette. La première fois où j’ai senti tes lèvres enserrer ma queue, ta langue s’enrouler autour de mon gland. La première fois où j’ai vu tes beaux cheveux noirs onduler au rythme de ta toute première fellation.
Je ferme les yeux et l’illusion est encore plus parfaite. A une différence près. Tu me suçais pour m’offrir un peu de ce plaisir que je t’offrais depuis longtemps, peut-être pour me faire me sentir « ton égal ». Alors que Ruben me suce comme un gars qui veut me faire sentir « le mec ».
Pendant cette « petite mort » qui suit l’orgasme, tu me manques plus que jamais. Et le constat que ce n’est pas toi, Jérém, que je tiens dans mes bras, me fait me sentir triste à mourir. Je pars ailleurs, sans même m’en rendre compte.
« Tu l’as depuis longtemps ? j’entends Ruben me questionner un jour, en me tirant de cette dimension lointaine de souvenirs, de nostalgie, de tristesse où je m’étais égaré.
— Quoi ?
— Ta chaînette… j’ai remarqué que tu joues souvent avec…— Ah bon ? » je m’étonne, en réalisant qu’il a raison, que mes doigts sont enserrés autour des mailles.
Soudain, le souvenir de notre au revoir à Campan avant ton départ pour Paris, le souvenir de ton bonheur mélangé à la peur de l’avenir, le souvenir de l’instant où tu as enlevé cette chaînette de ton cou pour la passer autour du mien, cette chaînette qui représentait tant de choses pour toi, ce souvenir remonte à ma conscience et me donne envie de pleurer. Malgré tout ce qui s’est passé, je n’ai jamais pu me séparer de cette chaînette.
« Je n’ai pas fait attention, je tente de faire diversion auprès de Ruben.
— Tu ne m’as pas répondu. Tu l’as depuis longtemps ? »Est-ce une question « piège » ? La véritable question du petit mec n’est pas plutôt de savoir comment je l’ai eue, si c’est toi qui me l’as offerte ?
— Je l’ai depuis des années… c’est un cadeau de… ma grand-mère, je mens. »Je mens encore. Je m’en veux de lui mentir, mais je ne veux pas prendre le risque qu’il prenne mal le fait que je garde sur moi un cadeau si intime venant de celui qui est censé être mon « ex ».
« En tout cas, elle te va super bien. »
Malgré les semaines qui passent et l’absence de tes nouvelles, je n’arrive pas à cesser de penser à toi, Jérém, et à me demander s’il t’arrive de penser à moi, si je te manque. Si tu as des aventures. Si tu as rencontré quelqu’un d’autre. J’ai du mal à supporter l’idée que tu puisses avoir des aventures, mais je sais que je trouverais vraiment insupportable l’idée que tu sois avec quelqu’un, alors que je n’ai pas réussi à te donner envie d’être avec moi.
Je me surprends parfois à compter les mois, les semaines les jours depuis la dernière fois où j’ai fait l’amour avec toi. Ça fait déjà plus de quatre mois. Quatre mois qui me paraissent une éternité.
Il y a des jours où je me dis que c’est fini, que ton baratin de me dire que tu étais trop mal pour être avec moi n’était qu’une façon « déguisée » de me quitter. Je me dis tu as fait ton choix, que tu ne reviendras pas vers moi, que tu es passé à autre chose, que tu m’as oublié. Je me dis que je ne te reverrais plus jamais et que plus jamais je ne te serrerai dans mes bras. Plus jamais je ne coucherai avec toi. Plus jamais je ne baiserai avec toi. Plus jamais je ne ferai l’amour avec toi. Je me dis que j’ai tout perdu, sans vraiment savoir comment et pourquoi nous en sommes arrivés là, sans savoir où ça a foiré.
Peut-être que notre relation était excessivement physique, trop physique. Je réalise qu’en quelques semaines avec Ruben, j’ai partagé bien plus de choses – le vélo, la littérature, la philosophie, la musique, mais aussi notre vision de la vie, du bonheur, et nos blessures respectives – que je n’en ai jamais partagées avec toi, Jérém.
Les seuls moments où nous avons partagés des choses, ça a été à Campan, et la première fois où je suis monté te voir à Paris. Le reste du temps, le sexe était trop souvent le seul et dernier langage qui marchait entre nous.
Mais être un couple ne peut pas se résumer au sexe.
Peut-être que toi et moi sommes finalement trop différents pour être heureux ensemble.
Je suis plutôt du genre "intello", tu es plutôt du genre "sportif". Je suis du genre à partager mes ressentis, toi du genre à les garder pour toi. Je suis du genre à chercher de l'aide quand ça ne va pas, toi du genre à te refermer sur toi-même. Je voudrais ne pas à avoir à cacher qui je suis, alors que toi tu n'envisages pas une seule seconde de sortir du placard. Je comprends ta position. Je comprends tes besoins, bien entendu. Mais au final, ils sont à l'opposé des miens.
Peut-être que nos différences sont telles qu'elles rendent impossible un bonheur commun. Et je me dis que tu as vu avant moi cette "impossibilité", et que tu as voulu mettre un terme à cette relation qui nous rendait finalement malheureux.
Alors, en pensant que tout est terminé entre toi et moi, je ressens une tristesse sans fin, un vertige immense devant ce terrible gâchis.
Et puis, il y a d’autres jours où je me dis que tu ne me ferais jamais ça. Pas le même gars qui m’a dit qu’il m’aimait quelques mois plus tôt. Comment pourrais-tu avoir oublié nos moments ensemble, notre bonheur, notre amour ?
Au fond de moi, j’espère toujours que je vais te manquer et que tu réalises un jour à quel point nous pourrions être bien ensemble. J’ai toujours envie de croire que tous les chemins que nous empruntons dans nos vies et qui nous éloignent l’un de l’autre ne sont au fond que des détours pour mieux nous rejoindre plus tard. Oui, j’ai toujours envie de croire que nous sommes destinés à être heureux ensemble. Et que notre amour sera plus fort que toutes les différences qui nous séparent.
Mais l’attente est de plus en plus dure, et j’ai l’impression de me noyer. Et Ruben est là pour me sauver de la noyade.
Parfois je me demande : « et si j’étais avec Ruben, si j’acceptais de m’engager à fond dans cette relation ? », « Et si j’arrêtais de t’attendre, et j’essayais de t’oublier, Jérém ? » Je me dis que ma vie serait plus simple, et peut-être plus heureuse. Mais je ne peux pas commander mes sentiments. J’aime bien Ruben, je suis bien avec lui, ce garçon me touche profondément. Aussi, j’ai l’impression que nous nous ressemblons bien plus que nous nous ressemblons toi et moi. Et trouver quelqu’un qui semble nous comprendre, ça fait un bien fou.
Hélas, je n’ai pas eu le coup de foudre qui m’aurait fait tout oublier de ma vie sentimentale d’avant. Qui m’aurait fait t’oublier. C’est un paradoxe, mais c’est précisément parce que je n’arrive pas à t’oublier, Jérém, que la compagnie de Ruben me fait autant de bien.
Mais est-ce bien honnête de ma part de prendre le bonheur que Ruben m’apporte, alors que mon cœur est toujours ailleurs ? Est-ce que je vais pouvoir être à la hauteur de la relation qu’il envisage pour nous ? Est-ce que je vais pouvoir le rendre heureux ?
Je ne veux pas jouer avec lui, je ne veux pas lui faire du mal.
Alors, est-ce que je devrais le quitter et lui laisser la possibilité de trouver un gars qui n’a pas de « Jérém » en arrière-plan de sa vie, un gars saurait l’aimer comme il mérite ? Peut-être que je devrais, et que ce serait mieux pour tout le monde.
Mais je n’en ai pas le courage.
Et qu’en est-il pour Ruben ? Que cherche-t-il dans notre relation ? Quelles sont ses attentes ?
Plus les jours passent, plus j’observe qu’il s’attache à moi. Et il se projette avec moi, de plus en plus loin, dans le temps et dans l’intimité. D’abord, il n’arrête pas de me proposer des idées de balades à vélo et de vacances. Puis, dès leur arrivée à Bordeaux pour la rentrée, il me présente à ses potes de fac, et à sa meilleure amie. Même à Sophie. Et même à sa sœur Nathalie qui, à la faveur d’un déplacement professionnel à Bordeaux (elle est commerciale pour un gros fabricant italien d’emballages avec un peu de chocolat au lait dedans) un soir s’est retrouvé « malicieusement » mélangée avec ses potes.
Un soir, il me parle de ses parents, et de son coming out quelques mois plus tôt.
« J’ai eu peur que ça nous éloigne. Nous n’avions pas vraiment pris le temps d’en reparler depuis. Mais les vacances d’été ont été l’occasion de revenir sur le sujet, surtout avec Maman, et j’ai pu la rassurer, lui dire comment j’envisage ma vie. Je lui ai dit que je ne cherche pas d’aventures, que je veux rencontrer un garçon avec qui faire ma vie ».
« Je suis content de t’avoir retrouvé, je l’entends me glisser, le même soir, après le plaisir.
— Moi aussi…— Je n’ai pas arrêté de penser à toi depuis notre première rencontre.
— Moi aussi j’ai bien aimé te parler ce soir-là.
— Tu sais, je t’ai cherché après notre première rencontre…— C’est vrai ?
— J’ai demandé autour de moi si quelqu’un connaissait un Nico de Toulouse à la fac de Sciences, mais personne n’a su me renseigner.
— Tu sais, je ne suis pas un gars très populaire.
— Un jour, je me suis même pointé à ta fac, mais je ne t’ai pas vu. J’ai demandé à deux ou trois personnes, mais là non plus personne ne te connaissait. Je me suis dit que j’avais peut-être mal compris, et j’ai arrêté… je devais avoir l’air d’un psychopathe… »
Ruben me semble vraiment pressé de m’intégrer dans sa vie. Un soir il me parle de son souhait d’amener un garçon chez ses parents pour les rassurer, mais uniquement « quand il sera bien avec un garçon ». Je sais qu’il voudrait que ce garçon ce soit moi.
Et c’est à cet instant précis que je réalise que ça va trop vite pour moi.
Est-ce que Ruben est en train de tomber amoureux de moi ? Est-ce qu’il est déjà amoureux de moi ? Et si c’est le cas, comment je vais accueillir son amour ?
Je réalise que nous jouons depuis le début à un jeu dangereux sans nous protéger. Nous sommes bien l’un avec l’autre. Mais le bien-être avec l’autre peut entraîner le besoin de l’autre, et ce dernier peut facilement entraîner les sentiments. Je sais que mon cœur n’est pas prêt aujourd’hui de s’ouvrir à l’amour. Pour aimer à nouveau, il faut avoir cessé d’aimer auparavant. Et je n’ai pas cessé d’aimer Jérém. J’essaie de m’en convaincre parfois, mais au fond de moi je sais que ce n’est pas vrai.
Je sens que Ruben s’attache à moi beaucoup plus que moi à lui, et j’ai peur de le faire souffrir. Je ne veux pas le faire souffrir, je ne veux pas lui promettre des choses que je ne suis pas sûr de pouvoir tenir. Je ne peux pas me laisser aller à fond dans notre relation comme il fait, mes peurs me retiennent.
Soudain, j’ai envie de mettre un frein à tout cela.
Et pourtant, je n’ai pas le cœur à contrarier son élan vers moi, car ça me fait un bien fou. Je ne veux pas le décevoir, je ne veux pas le perdre.
Car Ruben me fait me sentir « normal », bien avec lui, bien avec moi-même. Alors, même si tout ça me fait un peu peur, je me laisse bercer par son élan, je me laisse happer par cette vie qu’il m’offre où je peux être moi-même et vivre une relation au grand jour. Au fond, c’est tout dont j’ai toujours eu besoin, tout ce dont j’ai toujours rêvé, tout ce que Jérém n’a jamais su m’offrir. Je me laisse réconforter, je me laisse porter, soigner par Ruben.
Je suis touché par ses attentions, pas sa spontanéité, par l’enthousiasme avec lequel il envisage l’avenir de notre relation.
C’est pour cela que je ne veux pas le perdre. A moins que la véritable raison ne soit tout autre. Comme la peur de me retrouver seul. Seul avec mes démons, seul avec moi-même.
Parfois, je me demande si lui aussi pense toujours à Andréas. Au fond, je préfère ne pas savoir. Tout ce dont j’ai envie c’est d’être bien avec lui, de profiter de l’instant présent. Je ne veux pas être jaloux, je ne veux pas demander à cette histoire plus que ce dont j’ai besoin.
Est-ce que Ruben est amoureux de moi ? Ou bien est-ce que lui comme moi sommes amoureux de ce qu’on s’apporte l’un à l’autre à savoir une main tendue pour s’empêcher de nous noyer dans le chagrin ? Je ne sais pas répondre à ces questions, et au fond de moi je ne sais pas si j’en ai envie.
Nous sommes tous les deux des meurtris de la vie et nous avons besoin de trouver du réconfort et de la douceur dans les bras de l’autre.
Ruben a été ma bouée de sauvetage, et j’ai probablement été la sienne. Il m’a sauvé d’un naufrage, je l’ai peut-être sauvé du sien.
Non, quand on se noie, on ne refuse pas une main tendue.
Un soir, cette chanson retentit à nouveau dans la petite enceinte de la radio que Ruben tient toujours allumée en fond sonore.
https://www.youtube.com/watch?v=0qeV8PDBH8E
Dans le silence planant après nos orgasmes où nos souffles sont les seules manifestations de notre présence, je l’écoute d’un bout à l’autre, et je me laisse embarquer comme jamais. Et peut-être parce que mon esprit est à fleur de peau après l’amour, peut-être parce que je tiens dans mes bras ce petit mec avec qui je me sens si bien, peut-être parce que je me sens… oui, je crois que je me sens heureux à cet instant précis, cette chanson me bouleverse plus encore que les autres fois.
« Putain, ce texte… j’entends Ruben commenter. Il est on ne peut plus clair. Ce sont au final toujours les innocents qui sont les victimes des grands enjeux qui les dépassent. »
A cet instant précis, cette chanson devient la bande son de ma romance avec Ruben.
Je me souviens très bien de cet instant, de cette soirée. Je m’en souviens car c’était la veille du jour où « un coup de tonnerre » va venir faire dangereusement vaciller mon fragile équilibre sentimental.
« On avait dit qu’on attendrait le test pour ça, je m’émeus, lorsque je réalise ce qui vient de se passer.
— J’en avais trop envie. J’avais envie de te faire plaisir… »Je connais cette envie irrépressible, ce désir brûlant de goûter au jus d’un garçon qui nous fait de l’effet. J’ai bien connu ça avec Jérém. Je ne peux pas l’empêcher de prendre son pied en me faisant plaisir. Pour l’en empêcher, il faudrait que je renonce à jouir dans sa bouche. Car, à partir de ce moment-là, je n’ai plus aucune maîtrise de la suite. Mais arrêter de jouir dans sa bouche, je n’ai vraiment pas envie. D’autant plus que plus ça va, plus il fait ça carrément trop bien.
Ruben a vraiment l’air de kiffer ça. Les fois suivantes, il m’avale presqu’à chaque fois. Depuis qu’il a pris goût à s’occuper de ma queue, il ne semble même plus intéressé à ce que je m’occupe de la sienne. Il se branle pendant qu’il me suce, et la plupart du temps il jouit en même temps que je jouis dans sa bouche. D’autres fois, il se branle à côté de moi, alors que je le caresse. De toute façon, je réalise qu’après avoir joui, je n’ai plus vraiment envie de le sucer, pas tout de suite en tout cas. Et quand mes batteries de libido sont rechargées, les siennes le sont aussi, et son envie de me sucer est plus forte que la mienne de le sucer.
Alors, plus ça va, plus je me retrouve à être « le mec », et à me sentir « le mec ». Plus ça va, plus ça me plaît de voir Ruben accroc à ma queue, à mon jus. Ça m’excite furieusement.
« Tu aimes ça hein ? » je m’entends lui balancer un jour alors qu’il est à genoux devant moi et que sa bouche est en train de m’envoyer tout droit vers le point de non-retour.
Pour toute réponse, et sans jamais quitter ma queue de ses lèvres ou interrompre ses va-et-vient bien cadencés, le petit poitevin lâche un petit grognement d’approbation. Je prends cela comme un encouragement, et j’oublie aussitôt à quel point ma première « réplique de macho » m’a semblé peu crédible au moment même où elle est sortie de ma bouche et à quel point j’ai aussitôt regretté de l’avoir balancée.
« Tu l’aimes ma queue, hein ? » j’insiste alors.
Mon excitation est plus forte que ma peur de me ridiculiser.
Et là, à ma grande surprise, et alors que sa bouche quitte ma queue aussitôt remplacée par sa main, je vois Ruben lever son visage, chercher mon regard et je l’entends me répondre :« Ah, oui, grave ! J’adore te pomper… t’es viril comme mec… »Moi, un mec viril ? Je peux être viril, moi ? Je ne savais vraiment pas… Ça se voit qu’il n’a jamais couché avec des gars comme Jérém ou Thibault…Cela me donne la mesure d’à quel point tout est relatif dans la vie, car notre jugement à l’instant T ne peut se fonder que sur nos repères cumulés jusqu’à l’instant T.
Je kiffe voir Ruben devenir accroc à ma supposée virilité. En me renvoyant cette image qu’il se fait de moi, que ce soit pendant l’excitation qui pousse à une exaltation des propos, mais aussi après le plaisir, en me faisant sentir combien il a pris son pied en me faisant jouir, Ruben titille et flatte mon égo de mec, et bâtit peu à peu cette virilité. Au fond de moi, je suis toujours un garçon sexuellement malléable. Jérém a fait de moi un passif, puis un versa. Ruben est en train de faire de moi un actif. Et il faut dire que j’y prends goût. J’ai de moins en moins envie de le sucer et de plus en plus envie qu’il me suce et qu’il avale mon jus.
« Elle est bonne ma queue, hein ? » je lui lance une autre fois, alors que je sens mon orgasme monter au grand galop.
Son grognement prolongé flatte une nouvelle fois mon égo.
« Tu veux mon jus ? j’enchaîne dans mon délire.
— Oh oui… » il laisse échapper sans cesser de me pomper.
Mes mains, en appui sur ses épaules jusque-là, obéissent alors à une force, à un instinct que j’avais su maîtriser jusque-là. Mais là, à l’approche de l’orgasme, elles échappent soudainement au contrôle de ma conscience sur le point de s’évaporer sous l’intense rayonnement du plaisir montant. Mes mains se posent sur sa nuque et secondent ses va-et-vient. Le petit gars ne réagit pas. Mon bassin se laisse aller à de lentes ondulations. Pas de réaction non plus. Je prends cela comme un encouragement implicite et silencieux. Mes mains amplifient les va-et-vient de sa bouche. Ruben pousse un petit grognement de plaisir. Les ondulations de mon bassin deviennent des petits coups de reins. Un râle de plaisir monte de la bouche de Ruben. Je me sens alors autorisé à utiliser mes deux mains pour retenir sa tête alors que mes coups de reins s’accélèrent. Soudain, je réalise que Ruben ne me pompe plus, c’est moi qui lui baise la bouche. Et mon plaisir physique se double d’un plaisir mental qui précipite la venue de mon orgasme.
« Je vais jouir et tu vas tout avaler ! » je lui balance, excité comme rarement je l’ai été, en retenant fermement sa tête, la queue bien enfoncée dans sa bouche, alors que je sens mes giclées quitter ma queue l’une après l’autre dans une débauche de plaisir qui envahit mon corps et mon esprit.
Je sais qu’il va le faire de toute façon, je sais qu’il est avide d’avoir mon jus en lui. Mais je trouve excitant de le lui commander. Je trouve excitant cette sensation de… domination.
L’orgasme a été tellement intense que je n’ai plus de jambes. Dès l’excitation retombée, je me rends compte de ce que je viens de faire. Je réalise que je viens de rejouer le scénario que m’avait imposé Jérém lors de notre toute première révision. Avec les mêmes attitudes, et les même mots, à la virgule près. Je n’étais pas prêt pour cela, mais le fait que Jérém me l’impose m’avait rendu prêt sur le champ. J’avais kiffé, certes, mais j’avais aussi souffert d’être traité comme un vide couilles. Excité pendant, humilié après. Pourquoi j’ai fait ça ? Ruben ne mérite pas que je le traite comme ça, je n’avais pas à lui imposer ça. Pourvu qu’il ne se sente pas humilié, pourvu que je ne lui aie pas fait mal, pourvu qu’il ne me déteste pas pour ça ! Je me retire aussitôt de sa bouche, et je cherche son regard. Le petit mec se remet debout aussitôt, il me regarde droit dans les yeux et il me lance :« Qu’est ce qui t’a pris ? »Son regard interloqué me fait peur. Je suis vraiment con ! Pourquoi il a fallu que je fasse ça ?
« Désolé, je suis confus… j’étais très excité et… excuse-moi… excuse-moi, s’il te plaît… je bafouille, l’esprit brouillé.
— Hé, Nico… ne t’excuse pas… j’ai été un peu surpris parce que je ne m’y attendais pas… mais j’ai kiffé…— C’est vrai ?
— Oui… bon, t’y a été un peu fort vers la fin…— Désolé…— Mais j’ai kiffé te sentir prendre ton pied… il continue sans prêter attention à ma désolation. Et quand tu m’as dit d’avaler…— Ça t’a pas plu ?
— Ah, si ! Je suis venu avec toi » il me lance, tout en me montrant ses doigts luisants de son jus.
Ah, me voilà rassuré. Et là, je commence à lécher ses doigts lentement, sans le quitter du regard.
« C’est excitant, soupire le petit coquin. Tu me rends fou, Nico ! »Je termine ma petite affaire, puis je l’embrasse. Je bande à nouveau.
Les jours suivants, notre petit jeu s’invite assez régulièrement dans nos moments coquins. Et ça devient un piment très excitant entre nous. Plus je joue au petit macho, plus ça le rend fou. Au début, je ne me trouvais vraiment pas crédible dans ce nouveau rôle qui n’avait jamais été le mien. Mais à force de répéter sous le regard d’un « public » qui veut y croire, peu à peu les gestes, les mots et les attitudes sont devenus naturels. J’ai fini par devenir celui qu’il attend que je sois.
Ruben a vu en moi « un gars avec de l’expérience ». Tu parles d’expérience ! Avec une relation foirée et une poignée d’aventures au compteur, je suis loin d’être une référence. Il a vu en moi un gars « qui sait ce qu’il veut ». Je me suis employé à combler ses attentes et j’ai appris à être ce gars. Ou alors, comme je lui fais de l’effet, il a vu tout simplement en moi ce qu’il avait envie de voir.
Dans une certaine mesure, Ruben me fait penser à moi, au début des « révisions » dans l’appart de la rue de la Colombette. Un gars à la recherche de repères, à la recherche de la virilité qu’il ne trouve pas chez lui. Et bien qu’au début cela ait pu me paraître un brin surréaliste, cette virilité il a cru la trouver chez moi.
Mais il a suffi de me laisser faire, le laisser aller chercher mon égo masculin, le déballer, et le galvaniser. Et peu à peu mon plaisir a basculé. Je me suis laissé entraîner à jouer « le mec ».
Oui, Ruben me fait parfois penser au Nico que j’étais il y a un an et demi, lors des révisions avant le bac. A quelques nuances près, quand-même. Je ne lui ai rien imposé, je n’ai pas voulu le dominer, et surtout pas en dehors de nos jeux sexuels. Je n’ai pas non plus exigé des trucs fous de lui dès le premier jour, je ne l’ai pas brusqué. Ça s’est fait tout en douceur, je lui ai montré des choses et je l’ai laissé trouver ses repères, à son rythme.
Aussi, après le sexe, après parfois les mots crus, Ruben cherche toujours mes bisous, mes caresses, mes bras pour s’y blottir, comme pour se sentir en sécurité, enveloppé par mon corps. Et je ne lui ai jamais refusé cette tendresse.
Un soir, pendant que Ruben me pompe, je ressens une envie irrépressible monter en moi. Je me retire de sa bouche, et je le prends dans la mienne. Je sens le petit mec frissonner, je glisse mes doigts autour de ses tétons pour décupler son plaisir.
« Arrête ça, Nico, s’il te plaît… » fait le petit gars, en éloignant mes mains de son torse.
Ah zut, j’ai encore oublié que chez Ruben les tétons ne sont pas une zone érogène majeure. Non, je ne m’y ferai jamais. Je crois bien que c’est le premier gars que je rencontre qui est câblé de la sorte. Quand je pense à comme ce simple contact me fait délirer de plaisir, et comme ça faisait délirer de plaisir Jérém, j’ai du mal à le croire et à m’y faire !
Mais je ne m’avoue pas vaincu. Pour le faire frissonner encore plus, j’ai envie de tenter un autre truc. Je quitte sa queue pour aller lécher délicatement ses couilles, tout en le branlant. Le petit mec savoure ce nouveau plaisir. Je descends un peu plus, j’écarte ses fesses lentement, délicatement, et je laisse ma langue s’insinuer entre. Je le sens frissonner là aussi.
« Tu aimes ? je me renseigne.
— Oui… » il fait timidement.
Je reprends à titiller son intimité, mais je le sens tendu.
« Tu me dis si tu veux que j’arrête…— Non, tu peux continuer, c’est bon…— T’es sûr ?
— Oui, mais vas-y doucement… il faut que je me détende. »Je recommence alors à le pomper. Mais très vite je sens ses mains se poser sur mes épaules et me pousser « plus bas ». Je recommence à lécher ses couilles, avant de glisser à nouveau ma langue entre ses fesses. Et là, je sens Ruben prendre son pied. Ainsi encouragé, je l’invite à se retourner sur le ventre. J’empoigne fermement ses fesses, je les écarte, et j’envoie ma langue donner l’assaut à sa rondelle. Le petit gars tremble, ahane, souffle de plaisir. Ça m’excite de le voir prendre autant son pied sous mes caresses buccales.
« Tu aimes ? je le cherche, coquin.
— C’est trop bon, vas-y comme ça ! »Mon envie de le lécher et la sienne de se faire lécher sont tout aussi insatiables l’une que l’autre. Ce petit jeu continue pendant un bon petit moment, jusqu’à ce que Ruben se dérobe à ma langue, jusqu’à ce qu’il se retourne dans un geste précipité. Jusqu’à ce que, animé d’une excitation violente, il se jette sur ma queue et me fasse jouir avec une intensité que j’ai rarement connue. Bien évidemment, il avale mon jus jusqu’à la dernière goutte.
Je ne l’ai jamais vu aussi excité, et l’orgasme qu’il m’a offert juste après était tellement chaud !
Le lendemain, j’ai envie de l’exciter de la même façon, je veux l’embraser de plaisir, et je veux qu’il se jette sur ma queue comme hier soir et qu’il m’offre un orgasme encore plus épique.
Dès que je recommence à astiquer son trou, ma queue devient dure comme l’acier et commence à suinter d’excitation. Je m’allonge sur lui, je pose un long chapelet de bisous dans son dos et son cou. Je passe ma langue le long de sa colonne, je lui offre de nouveaux intenses frissons. Puis, lorsque je le sens fou d’excitation, je cale ma queue raide entre ses fesses et je commence à frotter doucement mon gland autour de son trou.
C’est divinement bon. Mais ce bonheur ne dure pas. Ruben se dégage soudainement, puis vient me pomper et me fait jouir. Après l’orgasme, la tendresse habituelle laisse la place à une distance inattendue et à un silence pesant. Un silence qui se prolonge et qui devient vite gênant.
« Ça va ? je le questionne, pendant que je tente de le caresser. Je tente, car je ne le sens pas vraiment réceptif.
— Oui…— Ça n’a pas l’air…— Oui, ça va, c’est juste que…— J’ai fait quelque chose qui n’allait pas ?
— Tu étais comment avec les autres gars ? je l’entends me questionner après un petit moment de silence plein d’interrogations.
— Comment ça ?
— Tu as deja fait l’amour, j’imagine…— Euh… oui…— Tu étais plutôt actif ou passif ?
– Ça dépend…— Avec ton ex, tu étais plutôt actif, non ?
— Pas vraiment, non… au début, pas du tout même. Puis, au fil du temps, on va dire que nos rôles se sont un peu rééquilibrés…— Tu dois t’ennuyer avec moi !
— Mais pas du tout. J’ai envie de ce dont tu as envie…— Arrête de dire ça. J’ai mes envies et toi tu as les tiennes. Dis-moi, sincèrement : tu as envie de venir en moi, non ?
— Ruben, je t’ai deja dit que tout viendra en son temps, et que rien ne presse. Ce qu’on fait ensemble, c’est génial, et je ne veux rien de plus. Parfois je te propose des choses, et si tu n’es pas prêt, tu me le fais savoir, et on attendra.
— Je ne suis pas prêt pour ça, Nico…— Mais c’est très bien comme ça !
— Tu n’iras pas voir un autre gars pour faire ce que tu ne peux pas faire avec moi ? il me lance, après un instant de réflexion.
— Mais non, mais non. Je suis bien avec toi, et tu me donnes déjà beaucoup de plaisir. Et ça me suffit largement. »
Mais, là encore, je lui mens. Et non pas une, mais quatre fois.
Une première, parce qu’en réalité, non, ça ne me satisfait pas complètement. Jouer au mec actif, n’est au final qu’un « rôle » pour moi. Pour que je puisse vraiment rentrer dedans, je pense que j’aurais besoin de jouer toute la partition. J’ai besoin de sentir ma queue bien enserrée et au chaud dans son petit cul.
Je mens une deuxième fois parce que, au fond de moi, je sais que même cela ne me suffirait pas à me faire me sentir comblé. Il y a chez moi des envies qui demeurent inassouvies et qui deviennent de plus en plus obsessionnelles au fur et à mesure que je continue d’essayer de les ignorer.
Loin du regard de Ruben, lorsque je me branle chez moi, j’ai envie de baiser, oui. Mais pas comme l’imagine Ruben. Au dernier instant avant que mon plaisir explose, lorsque je sens ma rondelle se contracter, je ressens une sauvage envie de me sentir possédé, rempli, baisé par une virilité puissante.
Je mens une troisième fois parce que, parfois, l’envie est tellement forte que j’en viens à envisager d’aller voir ailleurs pour retrouver cette sensation. Mais après l’orgasme, je suis très mal à l’aise à l’idée de faire ça à Ruben, même s’il n’en saurait jamais rien. Et il y a la peur, il y a surtout la peur. La peur d’un accident capote, une éventualité qui m’exposerait à de nouveaux risques, à des nouvelles angoisses. Sans compter que cela me mettrait en porte-à-faux vis-à-vis de Ruben. Si jamais je prends un risque, je devrais le protéger. Pour le protéger, je devrais lui expliquer. Et je risquerais de le perdre.
Et je mens une dernière fois parce c’est toi, Jérém que j’ai envie de sentir en moi. J’ai envie de sentir tes coups de reins, de sentir ta queue coulisser entre mes fesses, j’ai envie de voir l’orgasme secouer ton corps et ta belle petite gueule de jeune mâle. J’ai envie d’avoir ton jus en moi.
En te perdant, Jérém, j’ai perdu le gars que j’aimais, celui qui savait me rendre heureux. Parfois malheureux, très malheureux même. Mais tu avais le pouvoir de me rendre heureux comme personne d’autre n’a su jusqu’ici.
En te perdant, Jérém, j’ai aussi perdu mon meilleur amant. Tu l’étais lorsque tu ne faisais encore que me baiser. Tu l’as été dix, cent, mille fois plus lorsque tu as commencé à me faire l’amour. Même Thibault ou Stéphane, qui ont pourtant été des amants merveilleux, n’ont jamais pu me faire ressentir ce que j’ai ressenti avec toi, Jérém. Personne n’a su m’apporter le bonheur sensuel que tu as su m’apporter, Jérém.
Avec qui couches-tu mon Jérém aujourd’hui ? Qui a la chance de goûter à ta virilité puissante, à ta queue de fou, à tes coups de reins, à ton jus délicieux ?
Es-tu amoureux, ou le seras tu un jour ? Qui es, oui qui sera-t-il, l’heureux élu ? Est-ce que cette personne, que ce soit une nana ou un mec, se rend seulement compte de la chance d’avoir un amoureux et un amant comme toi ?
Pendant que Ruben me suce, je pense souvent à toi. Je repense à notre première révision, à la première fois où tu as voulu que je te suce dans ton appart, je revis le bonheur inattendu de voir ta queue tendue pour la première fois, le bonheur de la sentir entre mes lèvres, celui de te sentir frissonner de plaisir grâce à mes va-et-vient. Je t’entends me balancer : « Je vais jouir et tu vas tout avaler ».
Je repense à la fois où je t’ai pompé dans les chiottes du lycée, ou dans une cabine des vestiaires de la piscine Nakache, ou la pipe dans les chiottes de la Bodega, alors que nos potes faisaient la fête juste à côté. Je repense au nombre incalculable de fois où je t’ai sucé et avalé chez toi, chez mes parents, à Campan, à Paris, à l’hôtel. Je me souviens de ton torse de fou, de tes pecs, de tes abdos, de tes poils sur le torse, de ta peau mate. Je me souviens du gabarit et de la chaleur de ta queue dans ma bouche ou dans ma main ou entre mes fesses.
Oui, pendant que Ruben me suce, je me revois à sa place, à genoux devant toi que j’ai envie de faire exulter de plaisir, de te faire jouir plus que tout au monde, parce que mon plaisir dépend du tien. De la même façon que le plaisir ultime de Ruben semble être celui de me faire jouir, te faire jouir, Jérém, était mon plaisir ultime.
Et lorsque je jouis dans sa bouche, lorsque je me répands en lui, à l’idée même qu’il m’avale, c’est encore à toi que je pense, Jérém. A tes giclées puissantes et brûlantes qui percutent mon palais, qui s’étalent sur ma langue, avant de glisser lentement au plus profond de moi. Je me souviens de ton goût de mec. Putain, qu’est-ce qu’il me manque, ton goût de jeune mâle !
D’autres fois, en regardant Ruben à genoux devant moi, je repense à mon immense surprise la première fois où je t’ai vu te mettre à genoux devant moi, défaire ma braguette. La première fois où j’ai senti tes lèvres enserrer ma queue, ta langue s’enrouler autour de mon gland. La première fois où j’ai vu tes beaux cheveux noirs onduler au rythme de ta toute première fellation.
Je ferme les yeux et l’illusion est encore plus parfaite. A une différence près. Tu me suçais pour m’offrir un peu de ce plaisir que je t’offrais depuis longtemps, peut-être pour me faire me sentir « ton égal ». Alors que Ruben me suce comme un gars qui veut me faire sentir « le mec ».
Pendant cette « petite mort » qui suit l’orgasme, tu me manques plus que jamais. Et le constat que ce n’est pas toi, Jérém, que je tiens dans mes bras, me fait me sentir triste à mourir. Je pars ailleurs, sans même m’en rendre compte.
« Tu l’as depuis longtemps ? j’entends Ruben me questionner un jour, en me tirant de cette dimension lointaine de souvenirs, de nostalgie, de tristesse où je m’étais égaré.
— Quoi ?
— Ta chaînette… j’ai remarqué que tu joues souvent avec…— Ah bon ? » je m’étonne, en réalisant qu’il a raison, que mes doigts sont enserrés autour des mailles.
Soudain, le souvenir de notre au revoir à Campan avant ton départ pour Paris, le souvenir de ton bonheur mélangé à la peur de l’avenir, le souvenir de l’instant où tu as enlevé cette chaînette de ton cou pour la passer autour du mien, cette chaînette qui représentait tant de choses pour toi, ce souvenir remonte à ma conscience et me donne envie de pleurer. Malgré tout ce qui s’est passé, je n’ai jamais pu me séparer de cette chaînette.
« Je n’ai pas fait attention, je tente de faire diversion auprès de Ruben.
— Tu ne m’as pas répondu. Tu l’as depuis longtemps ? »Est-ce une question « piège » ? La véritable question du petit mec n’est pas plutôt de savoir comment je l’ai eue, si c’est toi qui me l’as offerte ?
— Je l’ai depuis des années… c’est un cadeau de… ma grand-mère, je mens. »Je mens encore. Je m’en veux de lui mentir, mais je ne veux pas prendre le risque qu’il prenne mal le fait que je garde sur moi un cadeau si intime venant de celui qui est censé être mon « ex ».
« En tout cas, elle te va super bien. »
Malgré les semaines qui passent et l’absence de tes nouvelles, je n’arrive pas à cesser de penser à toi, Jérém, et à me demander s’il t’arrive de penser à moi, si je te manque. Si tu as des aventures. Si tu as rencontré quelqu’un d’autre. J’ai du mal à supporter l’idée que tu puisses avoir des aventures, mais je sais que je trouverais vraiment insupportable l’idée que tu sois avec quelqu’un, alors que je n’ai pas réussi à te donner envie d’être avec moi.
Je me surprends parfois à compter les mois, les semaines les jours depuis la dernière fois où j’ai fait l’amour avec toi. Ça fait déjà plus de quatre mois. Quatre mois qui me paraissent une éternité.
Il y a des jours où je me dis que c’est fini, que ton baratin de me dire que tu étais trop mal pour être avec moi n’était qu’une façon « déguisée » de me quitter. Je me dis tu as fait ton choix, que tu ne reviendras pas vers moi, que tu es passé à autre chose, que tu m’as oublié. Je me dis que je ne te reverrais plus jamais et que plus jamais je ne te serrerai dans mes bras. Plus jamais je ne coucherai avec toi. Plus jamais je ne baiserai avec toi. Plus jamais je ne ferai l’amour avec toi. Je me dis que j’ai tout perdu, sans vraiment savoir comment et pourquoi nous en sommes arrivés là, sans savoir où ça a foiré.
Peut-être que notre relation était excessivement physique, trop physique. Je réalise qu’en quelques semaines avec Ruben, j’ai partagé bien plus de choses – le vélo, la littérature, la philosophie, la musique, mais aussi notre vision de la vie, du bonheur, et nos blessures respectives – que je n’en ai jamais partagées avec toi, Jérém.
Les seuls moments où nous avons partagés des choses, ça a été à Campan, et la première fois où je suis monté te voir à Paris. Le reste du temps, le sexe était trop souvent le seul et dernier langage qui marchait entre nous.
Mais être un couple ne peut pas se résumer au sexe.
Peut-être que toi et moi sommes finalement trop différents pour être heureux ensemble.
Je suis plutôt du genre "intello", tu es plutôt du genre "sportif". Je suis du genre à partager mes ressentis, toi du genre à les garder pour toi. Je suis du genre à chercher de l'aide quand ça ne va pas, toi du genre à te refermer sur toi-même. Je voudrais ne pas à avoir à cacher qui je suis, alors que toi tu n'envisages pas une seule seconde de sortir du placard. Je comprends ta position. Je comprends tes besoins, bien entendu. Mais au final, ils sont à l'opposé des miens.
Peut-être que nos différences sont telles qu'elles rendent impossible un bonheur commun. Et je me dis que tu as vu avant moi cette "impossibilité", et que tu as voulu mettre un terme à cette relation qui nous rendait finalement malheureux.
Alors, en pensant que tout est terminé entre toi et moi, je ressens une tristesse sans fin, un vertige immense devant ce terrible gâchis.
Et puis, il y a d’autres jours où je me dis que tu ne me ferais jamais ça. Pas le même gars qui m’a dit qu’il m’aimait quelques mois plus tôt. Comment pourrais-tu avoir oublié nos moments ensemble, notre bonheur, notre amour ?
Au fond de moi, j’espère toujours que je vais te manquer et que tu réalises un jour à quel point nous pourrions être bien ensemble. J’ai toujours envie de croire que tous les chemins que nous empruntons dans nos vies et qui nous éloignent l’un de l’autre ne sont au fond que des détours pour mieux nous rejoindre plus tard. Oui, j’ai toujours envie de croire que nous sommes destinés à être heureux ensemble. Et que notre amour sera plus fort que toutes les différences qui nous séparent.
Mais l’attente est de plus en plus dure, et j’ai l’impression de me noyer. Et Ruben est là pour me sauver de la noyade.
Parfois je me demande : « et si j’étais avec Ruben, si j’acceptais de m’engager à fond dans cette relation ? », « Et si j’arrêtais de t’attendre, et j’essayais de t’oublier, Jérém ? » Je me dis que ma vie serait plus simple, et peut-être plus heureuse. Mais je ne peux pas commander mes sentiments. J’aime bien Ruben, je suis bien avec lui, ce garçon me touche profondément. Aussi, j’ai l’impression que nous nous ressemblons bien plus que nous nous ressemblons toi et moi. Et trouver quelqu’un qui semble nous comprendre, ça fait un bien fou.
Hélas, je n’ai pas eu le coup de foudre qui m’aurait fait tout oublier de ma vie sentimentale d’avant. Qui m’aurait fait t’oublier. C’est un paradoxe, mais c’est précisément parce que je n’arrive pas à t’oublier, Jérém, que la compagnie de Ruben me fait autant de bien.
Mais est-ce bien honnête de ma part de prendre le bonheur que Ruben m’apporte, alors que mon cœur est toujours ailleurs ? Est-ce que je vais pouvoir être à la hauteur de la relation qu’il envisage pour nous ? Est-ce que je vais pouvoir le rendre heureux ?
Je ne veux pas jouer avec lui, je ne veux pas lui faire du mal.
Alors, est-ce que je devrais le quitter et lui laisser la possibilité de trouver un gars qui n’a pas de « Jérém » en arrière-plan de sa vie, un gars saurait l’aimer comme il mérite ? Peut-être que je devrais, et que ce serait mieux pour tout le monde.
Mais je n’en ai pas le courage.
Et qu’en est-il pour Ruben ? Que cherche-t-il dans notre relation ? Quelles sont ses attentes ?
Plus les jours passent, plus j’observe qu’il s’attache à moi. Et il se projette avec moi, de plus en plus loin, dans le temps et dans l’intimité. D’abord, il n’arrête pas de me proposer des idées de balades à vélo et de vacances. Puis, dès leur arrivée à Bordeaux pour la rentrée, il me présente à ses potes de fac, et à sa meilleure amie. Même à Sophie. Et même à sa sœur Nathalie qui, à la faveur d’un déplacement professionnel à Bordeaux (elle est commerciale pour un gros fabricant italien d’emballages avec un peu de chocolat au lait dedans) un soir s’est retrouvé « malicieusement » mélangée avec ses potes.
Un soir, il me parle de ses parents, et de son coming out quelques mois plus tôt.
« J’ai eu peur que ça nous éloigne. Nous n’avions pas vraiment pris le temps d’en reparler depuis. Mais les vacances d’été ont été l’occasion de revenir sur le sujet, surtout avec Maman, et j’ai pu la rassurer, lui dire comment j’envisage ma vie. Je lui ai dit que je ne cherche pas d’aventures, que je veux rencontrer un garçon avec qui faire ma vie ».
« Je suis content de t’avoir retrouvé, je l’entends me glisser, le même soir, après le plaisir.
— Moi aussi…— Je n’ai pas arrêté de penser à toi depuis notre première rencontre.
— Moi aussi j’ai bien aimé te parler ce soir-là.
— Tu sais, je t’ai cherché après notre première rencontre…— C’est vrai ?
— J’ai demandé autour de moi si quelqu’un connaissait un Nico de Toulouse à la fac de Sciences, mais personne n’a su me renseigner.
— Tu sais, je ne suis pas un gars très populaire.
— Un jour, je me suis même pointé à ta fac, mais je ne t’ai pas vu. J’ai demandé à deux ou trois personnes, mais là non plus personne ne te connaissait. Je me suis dit que j’avais peut-être mal compris, et j’ai arrêté… je devais avoir l’air d’un psychopathe… »
Ruben me semble vraiment pressé de m’intégrer dans sa vie. Un soir il me parle de son souhait d’amener un garçon chez ses parents pour les rassurer, mais uniquement « quand il sera bien avec un garçon ». Je sais qu’il voudrait que ce garçon ce soit moi.
Et c’est à cet instant précis que je réalise que ça va trop vite pour moi.
Est-ce que Ruben est en train de tomber amoureux de moi ? Est-ce qu’il est déjà amoureux de moi ? Et si c’est le cas, comment je vais accueillir son amour ?
Je réalise que nous jouons depuis le début à un jeu dangereux sans nous protéger. Nous sommes bien l’un avec l’autre. Mais le bien-être avec l’autre peut entraîner le besoin de l’autre, et ce dernier peut facilement entraîner les sentiments. Je sais que mon cœur n’est pas prêt aujourd’hui de s’ouvrir à l’amour. Pour aimer à nouveau, il faut avoir cessé d’aimer auparavant. Et je n’ai pas cessé d’aimer Jérém. J’essaie de m’en convaincre parfois, mais au fond de moi je sais que ce n’est pas vrai.
Je sens que Ruben s’attache à moi beaucoup plus que moi à lui, et j’ai peur de le faire souffrir. Je ne veux pas le faire souffrir, je ne veux pas lui promettre des choses que je ne suis pas sûr de pouvoir tenir. Je ne peux pas me laisser aller à fond dans notre relation comme il fait, mes peurs me retiennent.
Soudain, j’ai envie de mettre un frein à tout cela.
Et pourtant, je n’ai pas le cœur à contrarier son élan vers moi, car ça me fait un bien fou. Je ne veux pas le décevoir, je ne veux pas le perdre.
Car Ruben me fait me sentir « normal », bien avec lui, bien avec moi-même. Alors, même si tout ça me fait un peu peur, je me laisse bercer par son élan, je me laisse happer par cette vie qu’il m’offre où je peux être moi-même et vivre une relation au grand jour. Au fond, c’est tout dont j’ai toujours eu besoin, tout ce dont j’ai toujours rêvé, tout ce que Jérém n’a jamais su m’offrir. Je me laisse réconforter, je me laisse porter, soigner par Ruben.
Je suis touché par ses attentions, pas sa spontanéité, par l’enthousiasme avec lequel il envisage l’avenir de notre relation.
C’est pour cela que je ne veux pas le perdre. A moins que la véritable raison ne soit tout autre. Comme la peur de me retrouver seul. Seul avec mes démons, seul avec moi-même.
Parfois, je me demande si lui aussi pense toujours à Andréas. Au fond, je préfère ne pas savoir. Tout ce dont j’ai envie c’est d’être bien avec lui, de profiter de l’instant présent. Je ne veux pas être jaloux, je ne veux pas demander à cette histoire plus que ce dont j’ai besoin.
Est-ce que Ruben est amoureux de moi ? Ou bien est-ce que lui comme moi sommes amoureux de ce qu’on s’apporte l’un à l’autre à savoir une main tendue pour s’empêcher de nous noyer dans le chagrin ? Je ne sais pas répondre à ces questions, et au fond de moi je ne sais pas si j’en ai envie.
Nous sommes tous les deux des meurtris de la vie et nous avons besoin de trouver du réconfort et de la douceur dans les bras de l’autre.
Ruben a été ma bouée de sauvetage, et j’ai probablement été la sienne. Il m’a sauvé d’un naufrage, je l’ai peut-être sauvé du sien.
Non, quand on se noie, on ne refuse pas une main tendue.
Un soir, cette chanson retentit à nouveau dans la petite enceinte de la radio que Ruben tient toujours allumée en fond sonore.
https://www.youtube.com/watch?v=0qeV8PDBH8E
Dans le silence planant après nos orgasmes où nos souffles sont les seules manifestations de notre présence, je l’écoute d’un bout à l’autre, et je me laisse embarquer comme jamais. Et peut-être parce que mon esprit est à fleur de peau après l’amour, peut-être parce que je tiens dans mes bras ce petit mec avec qui je me sens si bien, peut-être parce que je me sens… oui, je crois que je me sens heureux à cet instant précis, cette chanson me bouleverse plus encore que les autres fois.
« Putain, ce texte… j’entends Ruben commenter. Il est on ne peut plus clair. Ce sont au final toujours les innocents qui sont les victimes des grands enjeux qui les dépassent. »
A cet instant précis, cette chanson devient la bande son de ma romance avec Ruben.
Je me souviens très bien de cet instant, de cette soirée. Je m’en souviens car c’était la veille du jour où « un coup de tonnerre » va venir faire dangereusement vaciller mon fragile équilibre sentimental.
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