0317 Une histoire peut en cacher d’autres. (Boucler la boucle avec tous les détails)
Récit érotique écrit par Fab75du31 [→ Accès à sa fiche auteur]
Auteur homme.
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Histoire érotique Publiée sur HDS le 11-06-2022 dans la catégorie Entre-nous, les hommes
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0317 Une histoire peut en cacher d’autres. (Boucler la boucle avec tous les détails)
NICO
Bordeaux, le mardi 31 décembre 2002, 18h56
Sous la douche, je repense à ce rendez-vous manqué avec les cavaliers de Campan il y a un an. La neige nous avait bloqués, Jérém et moi, à la petite maison, sans électricité, et sans beaucoup de provisions. Ce soir-là, il n’y avait que la cheminée, une omelette et notre amour, et ça nous suffisait pour être heureux.
Je me souviens de ses mots, de son regard amoureux :« Je te promets que le prochain réveillon on le fêtera ici à Campan, avec les cavaliers.
Je me souviens de chacun des instants de cette nuit d’il y a an, de chacune de mes sensations, de toutes les nuances de bonheur que m’apportait sa présence. Je me souviens de chacun de ses regards, de chacun de ses sourires, de chacun de ses mots.
L’eau chaude de la douche glisse sur ma peau, elle me fait du bien. Elle revigore mon corps qui, après un après-midi passé à faire l’amour, demanderait plutôt à rester tranquille qu’à faire la fête.
Mais ce soir c’est le réveillon, un autre, et je n’ai pas le temps de me reposer. Dans une heure, je vais être assis à table avec nos invités, et pendant une longue soirée. Car ce soir, l’année 2002 va se terminer, et une nouvelle va commencer. Et il faut fêter ça, le temps qui passe.
J’arrête l’eau, je me sèche, je m’habille. J’arrange mes cheveux et je quitte la salle de bain pour aller rejoindre le gars qui me fait du bien, qui égaie ma vie, et qui sait pardonner mes erreurs.
Je le retrouve dans la cuisine, en train de terminer le repas pour ce soir. Il est vraiment doué aux fourneaux. Ce soir, il cuisine pour nos invités. Mais le plus souvent, c’est pour moi qu’il cuisine. Cuisiner pour quelqu’un est une belle façon de lui montrer notre amour.
Je le regarde préparer une sauce et je ne peux résister à l’envie de m’approcher doucement de lui, de glisser mes bras autour de sa taille, de le serrer contre moi, de lui faire des bisous dans le cou.
Il tourne la tête, et je croise son regard plein d’amour, de l’amour à donner, de l’amour à recevoir. Ce gars est un véritable puits à câlins.
Après avoir éteint les plaques chauffantes, il se tourne vers moi. Nous nous enlaçons, nous nous embrassons. J’adore laisser glisser mes doigts dans ses beaux cheveux châtains, j’adore me noyer dans ses yeux, dans son regard doux et timide.
La vie est faite de surprises. Je n’aurais jamais pensé qu’on se retrouverait tous les deux. Et pourtant, la vie nous a réunis.
« Tu es très beau, Nico » il me lance, adorable.
– Toi aussi, tu es beau, Ruben !
La sœur du petit poitevin, son mec et leur gosse de trois ans vont arriver dans peu de temps, mais nos corps réclament de nouveaux frissons. Le sien, surtout. Ça ressemble à l’urgence du désir. Pour la troisième fois, rien que cet après-midi. Ruben a tout le temps envie de faire l’amour avec moi. Par moments, j’ai l’impression que je ne me suis jamais senti autant désiré de ma vie. Du moins, pas de cette façon, pas en tant que mâle actif.
Ruben me colle contre le mur, m’enlace fougueusement. Ses mains fébriles défont ma ceinture, ouvrent ma braguette, se glissent dans mon boxer, empoignent ma queue, la caressent, la branlent lentement. En un quart de seconde, je suis fou d’excitation.
« Encore, t’as envie ? je le taquine, alors que je sens monter en moi une seule et unique envie, celle de jouir à nouveau.
– J’ai tout le temps envie de toi, beau mec !
Ses genoux touchent le sol, ses mains font glisser mon boxer et mon pantalon le long de mes cuisses, ses lèvres avalent mon gland et coulissent le long de ma queue.
Je me souviens de la dernière fois où j’ai sucé Jérém, deux jours après le réveillon à l’omelette, juste avant de quitter la nouvelle parenthèse inattendue et enchantée de Campan, avant de repartir dans nos vies. Il sortait de la douche et je n’avais pas résisté à la tentation de défaire sa serviette nouée autour de la taille, et de lui faire plaisir une dernière fois.
Je regarde Ruben, à genou devant moi. Je regarde son physique élancé, pas vraiment musclé, mais très sensuel, sa peau claire, ses beaux cheveux châtains un peu bouclés. Je sens sur ma queue la douce fougue de ses lèvres. Et je sens sur mon cou la caresse de cette chaînette qui était celle de Jérém et qu’il m’avait offerte au moment de partir après notre premier séjour à Campan, au moment de nous séparer, au moment où nos vies empruntaient deux chemins divergents. Malgré tout ce qui s’est passé, je n’ai jamais pu me séparer de cette chaînette.
Je revois Jérém debout contre le mur, il y a un an, et je me revois à genou devant son corps de rugbyman. Je revois sa peau mate, ses cheveux bien bruns, coupé très court autour de la nuque, ses abdos, ses pecs, ses biceps saillants, ses tatouages sexy à mort, le petit grain de beauté dans le creux de son cou, lui aussi sexy à mort. Et je revois la chaînette que je lui avais offerte pour son anniversaire, nonchalamment posée sur sa peau mate, entre ses poils bruns délicieux.
Ruben me pompe sans presque reprendre son souffle. Très vite, je sens une chaleur intense, brûlante, presque douloureuse monter dans mon bas ventre. Je sens que je perds pied. Et lorsque l’orgasme me submerge, le bonheur de sentir mon jus partir dans sa bouche me rend dingue.
Je repense au bonheur de sentir Jérém perdre pied, de sentir son corps musclé trembler de plaisir. Je repense à ses giclées chaudes et puissantes qui explosent dans ma bouche et qui me rendent dingue.
« Vas-y, avale ! », je lance à Ruben, pour lui faire plaisir
« Vas-y, avale ! », il m’avait lancé Jérém, pour me faire plaisir.
Ruben vient de se relever. Il m’embrasse comme un fou. Il est ivre de moi, ivre du plaisir de passif, celui qu’il kiffe par-dessus tous, celui de faire jouir un mec actif. Je le sens à la fébrilité de ses gestes, au frémissement de son regard.
Il y a un an, Jérém avait glissé ses mains sous mes aisselles, il m’avait aidé à me relever. Il m’avait serré très fort contre lui, je l’avais serré très fort contre moi. Je l’avais embrassé comme un fou, j’étais ivre de lui.
1er janvier 2003, 1h31
Après le départ de sa sœur et de sa petite famille, Ruben et moi avons refait l’amour. J’ai passé une capote et je me suis glissé doucement en lui. Comme je l’avais fait il y a un an avec Jérém, alors que j’étais sous traitement après l’accident capote avec Benjamin.
Je fais l’amour à Ruben, tout en désirant de toutes mes forces refaire l’amour avec Jérém. Je revois tous les détails de son corps, je revois son visage qui reflétait son plaisir de se donner à moi. Cette nuit-là, nos corps et nos esprits étaient connectés les uns aux autres et vibraient à l’unisson.
– Tu me rends dingue, Nico ! me glisse le petit poitevin après l’amour.
Puis, il approche ses lèvres de mon oreille et me glisse tout bas :« Nico… je t’aime ».
Ça faisait quelques temps que je sentais ces trois petits mots se bousculer au bord de ses lèvres. Et les voilà enfin. Ce sont des mots qui peuvent apporter toute la joie du Monde quand on les attend et toute l’angoisse de l’Univers quand on les redoute. Hélas, avec Ruben j’étais malheureusement dans ce dernier cas.
Pourquoi est-ce que je redoutais de l’entendre prononcer ces mots ? J’imagine, pour la simple et bonne raison que ces mots appellent les mêmes en retour, sous peine de décevoir, de faire de la peine, de tout gâcher.
Des mots que, je le sens, je ne pourrais lui retourner qu’en mentant, qu’en le trompant.
Parce que je sais que mes sentiments pour lui ne sont pas les mêmes que les siens pour moi. Je ne sais vraiment pas pourquoi, alors que tout est réuni pour me rendre heureux.
Ruben est un garçon qui ne demande qu’à partager des choses avec moi. Ruben est un garçon qui assume sa différence. Il a envie d’être en couple avec moi, de s’afficher avec moi. Il m’a présenté à ses amis, et il m’a présenté en tant que « petit ami ». Il m’a fait rentrer dans sa vie. Le petit poitevin est en train de m’offrir tout ce que j’ai toujours espéré d’une relation avec un gars.
Oui, avec Ruben, je devrais être le plus heureux des garçons. Je devrais être tout autant amoureux de lui qu’il l’est de moi. Et pourtant, ce n’est pas le cas.
Il y a un, j’avais cru que mon cœur allait exploser. C’était lorsque j’avais entendu Jérém me glisser tout doucement :« Je t’aime… ».
C’était la toute première fois qu’il me disait ces mots. Trois mots que j’attendais depuis si longtemps.
Trois petits mots sur l’oreiller, trois mots, un monde entier.
Longtemps j’avais rêvé d’entendre ces mots de sa bouche. Et ce cadeau était enfin venu, à l’instant même où une année se terminait et une autre prenait le relais. C’était le plus beau cadeau qu’on ne m’avait jamais fait.
Et, soudain, un Univers nouveau s’était ouvert devant moi. Au fond, j’avais toujours su que ça viendrait un jour. Et ça ne pouvait venir qu’à Campan, ce Campan « qui n’était qu’à nous », Campan magique, Campan notre refuge.
J’avais vraiment eu du mal à réaliser ce qui venait de m’arriver. Ce dont j’étais certain, c’est que je n’avais jamais été aussi heureux de ma vie.
Pendant que nous faisions l’amour, dans les toutes premières minutes de l’année 2002, je n’arrêtais pas de me dire que la nouvelle année s’annonçait si douce, si belle !
Oui, il y a un an, l’année 2002 s’ouvrait sous les meilleurs augures. Jour après jour, semaine après semaine, il y a eu de la joie, du bonheur, mais aussi beaucoup de tristesse et de déception. Des montagnes russes émotionnelles, terminées avec un déraillement inattendu et très douloureux pour moi.
Pendant cette dernière année, j’ai essayé d’éviter les erreurs que j’avais commis par le passé et qui nous avaient conduits, mon beau brun et moi, à nous éloigner à deux reprises.
J’ai essayé d’être davantage à son écoute, j’ai essayé de lui montrer que j’étais là pour lui. J’ai essayé de le soutenir davantage, de l’encourager. J’ai essayé de lui montrer que je l’aimais tel qu’il était, avec ses qualités et ses défauts.
Je pensais avoir tout fait pour mettre mon Jérém à l’aise, en confiance, pour le faire se sentir bien avec moi. Mais visiblement, ça n’a pas suffi. Visiblement, je n’ai pas su lui apporter ce dont il avait besoin. En essayant d'éviter les erreurs du passé, j'en ai fait d'autres. Je n’ai pas su avoir les épaules assez larges et assez solides pour le rassurer, pour l’apaiser. Et c’est sur Ulysse que s’est porté son regard. C’est chez Ulysse qu’il a vu cette force, cet apaisement, cette épaule sur laquelle se reposer.
Non, l’année 2002 n’a pas tenu ses promesses. Je n’ai pas su lui faire tenir ses promesses. Et Jérém non plus. Je l’aimais, il m’aimait. Mais aimer ne suffit pas toujours pour rendre l’autre heureux.
Malgré tout, Jérém me manque tellement. Il ne s’est pas passé un jour depuis le triste matin où il m’a demandé de quitter son appart à Paris, sans que la nostalgie et la tristesse ne me prennent aux tripes. Mais jamais comme cette nuit, pendant cet « anniversaire » si spécial.
Bordeaux, mercredi 1er janvier 2003, 4h54
Après l’amour, mon adorable cuistot est tombé comme une masse. Je le regarde dormir dans la pénombre. J’écoute sa respiration apaisée, je sens la chaleur de son corps irradier sous les draps.
Il est beau, doux comme un ange. Ce gars me touche, m’attendrit. Mais ce qui me manque avec lui, c’est cette étincelle qui faisait frémir mon être tout entier, et que je n’ai ressentie que pour Jérém.
Lorsque Ruben était arrivé comme une bouée de sauvetage alors que je me noyais, j’ai cru pendant un temps qu’avec sa douceur, sa tendresse, son amour, il m’apportait à nouveau cette étincelle. J’ai cru qu’il était mon prince charmant.
C’en est un, un adorable prince charmant. Mais si son baiser m’a fait me relever, il ne m’a pas arraché du sortilège que m’a jeté Jérém. Sa présence apaise mes blessures mais ne les guérit pas. Peut-être que je lui en demande trop, c’est même sûr. Au fond, ma rupture d’avec Jérém est récente. Et elle a été très difficile. Peut-être qu’elle a desséché mon cœur.
JEREM
Paris, le 31 décembre 2002, 23h42.
C’était il y a un an. Déjà un an, putain ! Tu se souviens du silence et de la pénombre de la petite maison sans électricité, de la chaleur, de la flamme, du bruit, de l’odeur du feu dans la cheminée. Tu te souviens de son corps contre le sien, de ses câlins, de ses baisers.
Tu te souviens que tu étais tellement bien avec lui. Tu te souviens à quel point Nico était heureux et à quel point ça te rendait heureux. Tu te souviens lui avoir enfin dit ces mots qui te brûlaient les lèvres depuis que vous étiez montés à Campan, ces mots que Nico t’avait dits à plusieurs reprises et que tu n’avais jamais su lui décocher, malgré l’envie de plus en plus brûlante de le faire. Par peur, par pudicité.
« Je t’aime, ourson ! ».
Tu te souviens de comment tu t’étais senti bien après avoir lâché ces mots, si simples et si lourds à la fois. Tu te souviens du bonheur de Nico quand tu lui avais dit ces trois petits mots.
Tu te souviens qu’après ça vous aviez refait l’amour et que ça avait été incroyable. Tu te souviens que tout était parfait à cet instant.
Tu te souviens lui avoir fait la promesse que le prochain réveillon, celui de ce soir, vous le fêteriez avec les cavaliers. Tu te souviens y avoir cru très fort, comme un vœu, comme pour éloigner la peur que ce ne soit pas le cas, que la vie en décide autrement, que le bonheur qui était le vôtre à cet instant vous file entre les doigts. Tu te souviens avoir eu peur que la vie vous fasse à nouveau emprunter des chemins qui s’éloignent. Tu avais eu peur de le faire souffrir encore, et de tout gâcher une fois de plus.
Tu te connais, Jérémie. Ta peur était fondée. Tu as encore fait des bêtises. Tu as encore fait de la peine à Nico. Et tu as tout gâché une fois de plus.
Dans quelques minutes, il sera minuit, et ça fera pile un an que vous étiez si heureux. Ça sonne si loin, tout ça. Cette année 2002 se termine sans Nico. Car Nico, tu l’as perdu. Cette fois-ci, il n’y aura pas de rattrapage, il n’y aura pas de retrouvailles à Campan.
Le bruit de la fête du Nouvel An au « Pousse au Crime » résonne jusque dans la rue où tu es sorti fumer une cigarette. Pour fumer, mais surtout pour te retrouver seul, pour reprendre ton souffle, pour essayer d’échapper à cette tristesse qui t’enserre le cœur et qui t’étouffe. Mais tu n’y arrives pas. C’est tellement dur de devoir faire la fête quand on a le cœur en miettes.
Tu regardes le briquet avec lequel tu viens d’allumer ta clope, le briquet que Nico t’avait offert à Campan, juste avant ton départ pour Paris pour ta première saison. Plus minuit approche, plus ton cœur devient lourd.
« Eh, Jérém, c’est presque l’heure ! ».
Tu as entendu la porte de la boîte s’ouvrir et la puissance des décibels de la fête foncer sur toi. Des gens rentrent, des gens sortent, alors tu n’as même pas tourné la tête. Mais tu as été étonné d’entendre sa voix. Tu ne t’attendais pas qu’il vienne te voir. Depuis quelques temps, vous vous évitez. Enfin, c’est surtout toi qui l’évites. Depuis quelques temps, il y a un malaise entre vous.
Alors, tu es content d’entendre sa voix. Au fond de toi, tu es content qu’il soit venu te voir. Tu aimerais tellement que les choses redeviennent comme avant.
« J’arrive ».
– Tu fais quoi ?
– Tu vois bien, je fume une clope.
– Ca fait un bon moment que tu fumes !
– Ouais… ouais…– Tu as l’air à côté de tes pompes, mec.
– T’inquiète, tout va bien.
– Non, tout ne va pas bien. Je te connais un peu et je sais quand tu ne vas pas bien.
– Occupe-toi de tes fesses, Ulysse, tu veux ?
– Allez, Jérém, ne fais pas l’idiot. Viens trinquer avec nous.
– Ouais, ouais… – Tu penses à Nico… – Non, pourquoi tu me demandes ça ?
– Je ne te le demande pas, je le sais…Tu as envie de parler à Ulysse, de lui parler de tant de choses, mais ça ne sort pas. Tu as mal et ce soir tu n’as envie de rien. Même pas de faire la fête, même pas de te mettre minable. Tu as juste envie de rentrer chez toi, de dormir et d’être à demain, pour ne plus penser à cette foutue nuit d’il y a un an.
« Écoute, Jérém, tu ne crois pas qu’on devrait arrêter de se faire la gueule ? ».
– Je ne te fais pas la gueule !
– Tu ne vas pas me faire croire qu’il n’y a pas un malaise entre nous depuis l’autre soir, hein ?
– Je voudrais faire comme s’il ne s’était rien passé, mais je n’y arrive pas.
– Mais il ne s’est rien passé !
– Je t’ai quand même montré une partie de moi que tu n’as pas aimé…
C’était quelques jours plus tôt, le week-end après le départ de Nico. Tu avais passé la soirée avec tes potes du rugby et Ulysse t’avait invité chez lui pour prendre un dernier verre. Nath était partie voir sa famille et tu étais seul avec ton pote. Tu avais pas mal bu pendant la soirée, et ton attirance pour ton coéquipier te vrillait les tripes. Sa barbe blonde, son regard clair comme le cristal, son sourire magnifique, sa voix calme et virile. Mais aussi sa façon de porter sa chemise blanche parfaitement ajustée à son torse musclé, sa façon de garder les deux boutons du haut ouverts montrant ainsi la naissance de ses pecs, sa façon de retrousser les manches. Sa façon de bouger ses mains et ses bras pendant qu’il te parlait. Sa façon de te regarder droit dans les yeux. Tout t’attirait chez lui et vers lui avec une violence chaque instant plus insupportable. Tu crevais d’envie de lui. De l’embrasser, de toucher son corps, de saisir sa queue, de le pomper, de le faire jouir. Tu avais envie d’être à lui.
D’abord, tu l’écoutais parler. Puis, happé par ses lèvres, tu ne captais plus ses mots, mais tu entendais juste sa voix. C’était comme une caresse, une caresse terriblement sensuelle. Tes lèvres t’attiraient avec une force à laquelle tu avais de plus en plus de mal à t’opposer. Jusqu’au moment, où tu as cédé.
Tu t’es approché de lui et tu l’as embrassé.
Mais ses lèvres sont restées immobiles. Il ne t’a pas repoussé, mais ses lèvres n’ont pas bougé d’un iota. Tu as eu l’impression de te heurter contre un mur en béton. L’impact a été douloureux. Non, il n’a pas eu besoin de te repousser. Quand tu as senti qu’il n’y avait aucune réaction de sa part, tu as compris.
Tu as compris que ton désir n’était pas réciproque. Tu as compris que tu avais fait n’importe quoi. Tu as compris que tu avais pris tes rêves pour des réalités. Tu as compris et tu t’es retiré. Et tu as ressenti la pire humiliation de ta vie.
« Désolé » tu t’es entendu lâcher, le souffle coupé, pris par un vertige sans fin.
— Il n’y a pas de mal, il t’avait répondu.
— Je vais y aller.
— Attend, Jérém, ne pars pas comme ça !
— Je suis vraiment con !
— Mais non.
— Je vais y aller, j’ai besoin de fumer une cigarette.
— Tu peux la fumer ici.
— Je serai mieux ailleurs…— Il ne faut pas que tu sois mal à l’aise. Ce n’est rien. Tu as bu, et…— Ce n’est pas parce que j’ai bu. Tu me plais, vraiment.
— Je sais…— Tu sais ?
— J’ai senti que tu étais attiré par moi.
— Si seulement ce n’était que ça !
— Jérém…Tu n’as pas osé lui dire ce que tu ressens pour lui. Comment son regard te porte, te fait te sentir bien, te donne espoir et confiance, te réconforte, te rassure, te pousse à avancer chaque jour et à te surpasser. Non, tu n’as pas osé lui dire à quel point tu as envie qu’il te prenne dans ses gros bras.
Tu n’as pas osé lui dire mais tu sais qu’il a compris.
Ce soir-là, pour la première fois de ta vie tu as essuyé un râteau. Tu n’étais pas habitué à ça quand tu « étais hétéro », non. Tu as toujours su que tu étais attirant, et les plus belles nanas se bousculaient à ta braguette.
Depuis que tu regardes du côté des mecs, tu découvres l’un des malheurs d’être gay. Le fait que, malgré tes atouts, toute une foule de garçons qui te font envie te soient inaccessibles. Quand tu es gay, tu as beau être canon, si le gars que tu kiffes n’aime vraiment que les nanas, tu n’as aucune chance avec lui.
Jusque-là tu avais su viser juste avec les mecs. Mais ce soir-là, tu as laissé ton désir, ton attirance, ton admiration, ta fascination t’aveugler.
Avec Ulysse, tu as fait un mauvais pas, et tu t’en veux. Car ça a foutu un sacré coup à ton égo. Ça a aussi mis un malaise entre vous. A vrai dire, Ulysse n’a pas l’air plus perturbé que ça par ce qui s’est passé. D’autant plus qu’il ne s’est rien passé. En fait, c’est surtout toi qui es mal à l’aise avec lui depuis. Car toi tu n’arrives pas à te remettre de cet « accident ». Tu as peur d’avoir déçu la seule personne sur qui tu pouvais compter. Il te tarde qu’Ulysse puisse rejouer. Mais en même temps tu as peur de ne pas pouvoir retrouver votre complicité d’avant].
– Je m’en fous de ce que tu m’as montré, ça ne change rien pour moi.
– Mais ça change pour moi.
– Foutaises !
– Il y a des choses que je ne peux pas contrôler.
– Tu n’as rien fait de mal.
– J’aurais dû me retenir.
– Non, au contraire. T’as bien fait de ne pas garder ça pour toi. Mais pour moi tout va bien. Tu penses que ça va aller pour toi ?
– Oui ça va aller.
– Tout va bien alors. Je n’aimais pas qu’on se fasse la tête. Il n’y a pas de malaise de mon côté, d’accord ? Il n’y en a jamais eu. Et il ne faut plus qu’il y en ait de ton côté non plus. Il faut qu’on retrouve l’entente pour tout casser à la reprise des matches après les fêtes.
— C’est clair !
— Viens-là, mec !
Ulysse te prend dans ses bras et te serre très fort contre lui. Et tu te dis que, vraiment, ce gars a le pouvoir de te transporter loin, très loin.
— Tu es le premier, tu as fini par lui glisser, mi amusé, mi amer.
— Le premier quoi ?
— Jamais on m’avait dit non, ni une nana, ni un mec.
— J’ai pas de mal à le croire, tu es vraiment un beau mec.
— C’est ma première veste. Et ça fait mal !
— Tu sais, je t’aime beaucoup, mec, vraiment beaucoup. Mais pas comme ça.
— Je sais, j’ai compris. Tu es le seul qui soit venu me parler quand j’ai débarqué à Paris. Et ça, je n’oublierai jamais. Encore une fois, je suis désolé pour ce qui s’est passé l’autre soir.
— Ne le sois pas, il n’y a pas de mal. Mais je voudrais que ça ne change rien à notre amitié. Parce que tu comptes beaucoup pour moi, tu sais ?
— Toi aussi tu comptes beaucoup pour moi. Et je ne te remercierais jamais assez pour tout ce que tu as fait et pour ce que tu fais pour moi.
— C’est normal, j’imagine que c’est ce qu’un ami ferait.
— Merci beaucoup Ulysse.
— Et un ami comme je prétends l’être, te demanderait aussi ce que tu fiches ici ce soir…– De quoi ?
– Pourquoi tu n’es pas avec Nico ? Tu crèves d’envie d’être avec lui ! Je le vois !
– C’est fichu entre nous.
– Ne dis pas ça. Quoi qui se soit passé entre vous, je suis sûr que tu peux rattraper le coup, car ce gars t’aime comme un fou. Appelle-le, va le voir dès demain.
– Je lui ai fait trop de mal et je n’arrête pas de lui en faire.
– Tu es bien avec lui ?
– Oui, tellement bien.
– Et pourquoi tu es bien avec lui ?
Pourquoi tu es bien avec Nico ? Il y en a tellement, de raisons…Parce que grâce à Nico, tu sais enfin qui je suis. Grâce à Nico, tu as accepté d’être attiré par les mecs. Et par Nico, en particulier. Aujourd’hui, tu sais que tu es homo. Et ça fait du bien de savoir qui l’on est.
Parce qu’il a su te montrer qu’aimer un garçon peut être quelque chose de très beau, et qu’il ne faut pas en avoir honte. Et même si tu as encore peur du regard des autres, tu n’as plus peur de ton propre regard. Aujourd’hui, tu as fait la paix avec toi-même vis-à-vis de tout ça.
Parce qu’il t’a montré que tu peux être aimé, pour qui tu es, et pas juste pour ton physique.
Parce que tu sais désormais qu’il t’aime pour celui que tu es, avec tes imperfections, tes défauts, tes faiblesses.
Parce qu’il supporte tes mauvais côtés, ton mauvais caractère et qu’il fait ressortir le meilleur de toi.
Parce qu’il t’a donné envie de croire que toi aussi tu as droit au bonheur.
Parce qu’il ose te tenir tête, et te faire avancer.
Parce que quand tu es avec lui tu te sens plus fort.
Parce que le voir heureux te rend heureux.
Parce que tu kiffes le prendre dans tes bras.
Parce que tu kiffes quand il te prend dans les siens.
Oui, il a besoin d’être rassuré, il a plus besoin de tes bras que toi des siens. Mais tu réalises que finalement ceci n’est pas grand-chose face à ce qu’il apporte dans ta vie.
Oui, il y a tant de raisons qui te font dire que tu es bien avec Nico ! Mais si tu dois en retenir une, pour répondre à la question d’Ulysse :« Parce que j’aimais le gars que j’étais quand j’étais avec lui.
– Rien que ça ?
– Quoi, rien que ça ?
– Ce que tu viens de dire…– De quoi ?
– Que tu aimes le gars que tu es quand tu es avec lui. C’est super, c’est beau. Et ça montre à quel point ce gars te fait du bien, et à quel point tu es fou de lui. Alors, fonce, mec. N’aie pas peur de te faire jeter. Si tu l’aimes, ne baisse pas les bras. Si tu lui montres que tu l’aimes, il ne pourra pas résister !
NICO
01 janvier 2003, 9h08
Je viens tout juste de me réveiller. Ruben dort encore. Je rallume mon portable que j’avais éteint à minuit pour échapper aux notifications de vœux, et surtout à l’attente d’un message qui ne viendra pas.
J’ai beaucoup hésité, mais je n’ai rien envoyé à Jérém hier soir. Il n’a pas répondu à mes messages de Noël, à part avec un SMS laconique. Il n’a pas répondu à mes deux coups de fils entre Noël et le jour de l’an. Oui, j’ai craqué, mais ça n’a rien donné. Il n’a pas rappelé. J’ai senti qu’à Noël, si je ne lui avais rien envoyé, il n’aurait rien envoyé non plus. Alors, hier soir, pendant que je trinquais avec Ruben, sa sœur et sa petite famille, je n’ai pas eu envie de lui envoyer un autre message enflammé pour espérer au mieux recevoir en retour un autre SMS laconique.
Le portable finit de se rallumer et le voyant lumineux indique la présence de plusieurs messages. Des vœux par SMS. Mais aussi un appel en absence. A 0h02. Un appel venant de SON numéro.
Soudain, mon cœur s’emballe. Je me refugie dans la salle de bain et je compose le numéro de ma messagerie vocale en quête d’un message. Mais il n’y a rien.
Je n’arrive pas à croire que Jérém m’ait appelé. Est-ce qu’il s’est souvenu qu’il y a un an nous étions en train de faire l’amour à Campan et qu’il venait de me dire « je t’aime » pour la première fois ?
Est-ce qu’il s’est souvenu de sa promesse de fêter tous les deux le jour de l’an à Campan avec les cavaliers ?
Je m’habille en vitesse et je sors discrètement. J’ai le cœur qui bat à mille à la seconde, j’ai la respiration coupée. Je m’éloigne de l’immeuble de Ruben et je compose le numéro de Jérém, les mains tremblantes, plein d’espoirs, comme ivre. Mais mes espoirs et mon ivresse sont vite douchés. Je tombe direct sur répondeur. Le fait d’entendre sa voix enregistrée me fait frémir. Je n’ai pas le courage de lui laisser un message. Mais je ne peux me résoudre à rentrer à l’appart avec tous les questionnements que cet appel manqué a généré dans mon esprit. Je le rappelle. Et je tombe à nouveau direct sur sa messagerie. Mais cette fois-ci, je lui laisse un message.
« Salut Jérém. J’ai vu que tu as essayé de m’appeler cette nuit. J’espère que tu vas bien. En attendant, je te souhaite une très bonne année. Je te souhaite que tout se passe comme tu le veux. On se rappelle quand tu veux. Bisous ».
J’en suis au même point, avec des questionnements plein la tête. Peut-être qu’il est sans batterie, peut-être qu’il dort encore. Ce coup de fil manqué m’intrigue terriblement. Mais au moins, j’ai laissé un message. Je suis content de l’avoir fait. Même si cela me met dans un certain embarras d’ailleurs. J’aimerais que Jérém me rappelle. Mais si jamais il le fait pendant que je suis avec Ruben, ça ne va pas le faire. Je ne veux pas devoir lui donner des explications, je ne veux pas qu’il se pose des questions. Je mets le téléphone en vibreur, puis en silence total. Je risque de ne pas entendre ce coup de fil, mais si jamais tout à l’heure je découvre un autre appel en absence venant de mon beau brun, ce sera déjà une petite victoire. Je le rappellerai plus tard.
Mais rien ne vient. Dans l’après-midi, je trouve une excuse pour aller faire un tour et je le rappelle. Cette fois-ci ça sonne, mais Jérém ne répond pas. Après plusieurs tonalités, je tombe sur répondeur. Ça me rend encore plus triste. Désormais, je sais que son portable est allumé, et que donc il s’est réveillé. Et il a dû voir et écouter mon message. Mais il n’a pas essayé de me rappeler. Il n’a pas eu envie de me rappeler.
JEREM
Mercredi 1er janvier 2003, 0h02
Tu écoutes le conseil d’Ulysse, tu appelles Nico sans tarder. D’autant plus que les messages qu’il t’a envoyé à Noël t’ont touché et t’ont prouvé qu’il pense toujours à toi. Mais tu tombes sur son répondeur. Tu te demandes où il est, et avec qui. Alors, tu te dis qu’en fait ça ne sert à rien d’essayer de le rattraper une fois de plus. Tu te dis qu’il sera plus heureux sans toi. Tu te dis que c’était une erreur de l’appeler ce soir.
Mercredi 1er janvier 2003, 3h12
Tu as trop bu ce soir, Jérémie. Et trop fumé. Quand les gars partent du Pousse pour aller terminer la nuit dans une autre boîte, tu déclares forfait. Mais tu ne rentres pas chez toi. Tu pars faire un tour dans une boîte que tu as repérée quelques semaines plus tôt. Tu t’y rends pour t’étourdir, alors que ni l’alcool ni la fumette ne suffisaient plus pour cela. Pour oublier les regrets qui te tenaillent, la solitude qui te prend à la gorge, la peur de rentrer seul qui t’angoisse.
Tu sais que ce n’est pas de ça dont tu as besoin. Tu t’es déjà réveillé quelque fois le matin avec la gueule de bois, un inconnu à tes côtés, et l’envie de gerber, de chialer, de hurler. Tu sais bien que les excès de la veille ne pardonnent pas au réveil. Tu sais qu’une baise ne fait pas taire tes démons. Et pourtant, tu as besoin de ressentir le frisson de te sentir désiré. Tu ne peux pas y renoncer.
Cette nuit, tu ne retiens même pas son prénom. Tout ce que tu retiens, c’est son sourire, sa belle gueule, ses cheveux bruns, son brushing sexy, son t-shirt blanc, son corps qui danse sensuellement sur la piste, son regard qui te dévore. Tu retiens la promesse du bonheur de la découverte d’un gars inconnu, de quelques instants de plaisir et d’étourdissement.
Tu le suis chez lui. Il te propose à boire. Avant d’avoir fini les verres, le petit brun bien foutu est en train de te pomper.
Ses lèvres coulissent sur ta queue, ses mains empoignent tes fesses et les malaxent, mais trop fort, trop vite. Ça ne t’excite pas vraiment. Tu ôtes ton t-shirt, le gars a l’air impressionné par ta plastique. Ça te plaît, ça. Tu attrapes ses mains, les conduis à tes tétons. Le gars les caresse, mais trop peu, les pince, mais trop fort. La pression, le mouvement, rien n’est comme tu aimes.
Il y a un an, les lèvres de Nico sur ta queue faisaient des étincelles, t’offraient des frissons de fou. Et ses doigts sur tes tétons, putain qu’est-ce que c’était bon !
Très vite, le gars retire ses mains de tes pecs, et revient tripoter tes fesses. Le gars cherche ton regard, tu le fuis.
« Tu as un cul d’enfer ! il te glisse, en reprenant sa respiration, avant d’avaler ta queue à nouveau.
Il y a un an, pendant que Nico te suçait, tu avais croisé son regard. Tu avais vu son excitation, son envie de te rendre dingue de plaisir. Tu savais qu’il voulait te rendre heureux, parce qu’il te kiffait, mais aussi parce qu’il t’aimait.
Le gars te pompe de plus en plus vite, tu sens que tu ne vas pas tarder à jouir. Et tu ne veux pas te retenir. Tu as envie d’en finir au plus vite, et de te tirer de là. Tu sens son orgasme approcher, tu imagines déjà le bonheur de gicler dans sa bouche. Mais le gars arrête de te sucer juste avant. Et il te lance :« Baise moi, beau mec ! »
Il y a un an, tu avais voulu que Nico te fasse l’amour. Nico t’avait donné envie de ça, et il l’avait rendu beau. Tu avais été si heureux de le voir et de le sentir jouir comme un petit mec.
Après l’amour, vous aviez parlé longtemps. Nico t’avait dit à quel point tu comptais pour lui, et ce qu’il attendait de toi. Il t’avait demandé de ne pas l’éloigner de toi quand ça n’allait pas. Il t’avait touché, ému. Tu étais fou de lui, fou de ce petit mec qui te rendait si heureux ! Tu l’avais pris dans tes bras, et tu l’avais couvert de bisous.
Peu après, Nico t’avait demandé de lui faire l’amour à ton tour.
Tu avais passé une capote et tu étais venu en lui, doucement. Tu n’en pouvais plus de cette saleté de capote. Parce qu’elle te privait d’une partie de ton plaisir, certes. Mais aussi et surtout parce qu’elle te rappelait sans cesse ce qui endurait Nico depuis quelques jours. L’accident de capote avec le gars de Bordeaux, le traitement post-exposition et ses désagréments, et le risque d’infection que cela représentait. Tu ne pouvais t’empêcher de se sentir d’une certaine façon responsable de ce qui était arrivé à Nico. Si tu n’avais pas refusé de le laisser te rejoindre à Paris, si tu n’avais pas recommencé à faire le con avec les nanas, si tu ne lui avais pas demandé de faire cette maudite pause dans votre relation, si tu avais tous simplement eu les couilles d’assumer votre relation et votre amour, ça ne serait pas arrivé.
Tu passes une capote, tu l’encules, tu le baises. Le gars gémit de plaisir, il te dit qu’il ne s’est jamais fait baiser par un mec aussi canon que toi, que ta queue le fait jouir comme aucune autre. Il veut que tu le défonces sans ménagement. Tu y vas franco, et il n’est pas déçu. Il est tellement chaud qu’il te demande d’enlever la capote et de lui gicler dans le cul. Tu continues de le tringler. Le gars te chauffe, te dit que vous allez prendre votre pied deux fois plus sans capote. Il te dit que ça ne craint rien, car il s’est fait dépister il n’y a pas longtemps. Il te dit qu’il a envie de prendre ton jus dans le cul parce que tu es sexy à mort. Tu es saoul. L’idée de lâcher ton jus dans son cul t’excite vraiment.
Il y a un an, Nico était tendu, angoissé. Mais tu lui avais fait plein de bisous et il avait fini par se détendre. La tendresse et les sentiments avaient rendu l’amour merveilleux.
Tu te déboîte du gars, tu retires ta capote remplier. Et plus que jamais, tu n’as qu’une envie, te tirer de là, et d’oublier cette nuit.
Il y a un an, après avoir joui, Nico et toi vous étiez embrassés longuement. Tu avais dû te faire violence pour mettre les câlins en pause, le temps de retirer la capote. Car, plus que jamais, tu n’avais qu’une envie, le serrer très fort dans tes bras. Tu aurais donné cher pour que cette nuit ne se termine jamais.
NICO
Mercredi 1er janvier 2003
Le soir, de retour à mon appart, je n’arrête pas de penser à cet appel en absence de Jérém juste après minuit. Je suis tenté de le rappeler encore, mais je me fais violence pour ne pas le faire. Je ne veux pas qu’il se sente harcelé. Et pourtant, vers minuit, je finis par craquer. Je lui envoie un SMS.
« Ça m’a fait plaisir de voir que tu as essayé de m’appeler hier soir. Rappelle-moi ».
Cette fois-ci, mon SMS recevra une réponse, comme une douche froide.
« oublis c était un erreur ».
Bordeaux, le mardi 31 décembre 2002, 18h56
Sous la douche, je repense à ce rendez-vous manqué avec les cavaliers de Campan il y a un an. La neige nous avait bloqués, Jérém et moi, à la petite maison, sans électricité, et sans beaucoup de provisions. Ce soir-là, il n’y avait que la cheminée, une omelette et notre amour, et ça nous suffisait pour être heureux.
Je me souviens de ses mots, de son regard amoureux :« Je te promets que le prochain réveillon on le fêtera ici à Campan, avec les cavaliers.
Je me souviens de chacun des instants de cette nuit d’il y a an, de chacune de mes sensations, de toutes les nuances de bonheur que m’apportait sa présence. Je me souviens de chacun de ses regards, de chacun de ses sourires, de chacun de ses mots.
L’eau chaude de la douche glisse sur ma peau, elle me fait du bien. Elle revigore mon corps qui, après un après-midi passé à faire l’amour, demanderait plutôt à rester tranquille qu’à faire la fête.
Mais ce soir c’est le réveillon, un autre, et je n’ai pas le temps de me reposer. Dans une heure, je vais être assis à table avec nos invités, et pendant une longue soirée. Car ce soir, l’année 2002 va se terminer, et une nouvelle va commencer. Et il faut fêter ça, le temps qui passe.
J’arrête l’eau, je me sèche, je m’habille. J’arrange mes cheveux et je quitte la salle de bain pour aller rejoindre le gars qui me fait du bien, qui égaie ma vie, et qui sait pardonner mes erreurs.
Je le retrouve dans la cuisine, en train de terminer le repas pour ce soir. Il est vraiment doué aux fourneaux. Ce soir, il cuisine pour nos invités. Mais le plus souvent, c’est pour moi qu’il cuisine. Cuisiner pour quelqu’un est une belle façon de lui montrer notre amour.
Je le regarde préparer une sauce et je ne peux résister à l’envie de m’approcher doucement de lui, de glisser mes bras autour de sa taille, de le serrer contre moi, de lui faire des bisous dans le cou.
Il tourne la tête, et je croise son regard plein d’amour, de l’amour à donner, de l’amour à recevoir. Ce gars est un véritable puits à câlins.
Après avoir éteint les plaques chauffantes, il se tourne vers moi. Nous nous enlaçons, nous nous embrassons. J’adore laisser glisser mes doigts dans ses beaux cheveux châtains, j’adore me noyer dans ses yeux, dans son regard doux et timide.
La vie est faite de surprises. Je n’aurais jamais pensé qu’on se retrouverait tous les deux. Et pourtant, la vie nous a réunis.
« Tu es très beau, Nico » il me lance, adorable.
– Toi aussi, tu es beau, Ruben !
La sœur du petit poitevin, son mec et leur gosse de trois ans vont arriver dans peu de temps, mais nos corps réclament de nouveaux frissons. Le sien, surtout. Ça ressemble à l’urgence du désir. Pour la troisième fois, rien que cet après-midi. Ruben a tout le temps envie de faire l’amour avec moi. Par moments, j’ai l’impression que je ne me suis jamais senti autant désiré de ma vie. Du moins, pas de cette façon, pas en tant que mâle actif.
Ruben me colle contre le mur, m’enlace fougueusement. Ses mains fébriles défont ma ceinture, ouvrent ma braguette, se glissent dans mon boxer, empoignent ma queue, la caressent, la branlent lentement. En un quart de seconde, je suis fou d’excitation.
« Encore, t’as envie ? je le taquine, alors que je sens monter en moi une seule et unique envie, celle de jouir à nouveau.
– J’ai tout le temps envie de toi, beau mec !
Ses genoux touchent le sol, ses mains font glisser mon boxer et mon pantalon le long de mes cuisses, ses lèvres avalent mon gland et coulissent le long de ma queue.
Je me souviens de la dernière fois où j’ai sucé Jérém, deux jours après le réveillon à l’omelette, juste avant de quitter la nouvelle parenthèse inattendue et enchantée de Campan, avant de repartir dans nos vies. Il sortait de la douche et je n’avais pas résisté à la tentation de défaire sa serviette nouée autour de la taille, et de lui faire plaisir une dernière fois.
Je regarde Ruben, à genou devant moi. Je regarde son physique élancé, pas vraiment musclé, mais très sensuel, sa peau claire, ses beaux cheveux châtains un peu bouclés. Je sens sur ma queue la douce fougue de ses lèvres. Et je sens sur mon cou la caresse de cette chaînette qui était celle de Jérém et qu’il m’avait offerte au moment de partir après notre premier séjour à Campan, au moment de nous séparer, au moment où nos vies empruntaient deux chemins divergents. Malgré tout ce qui s’est passé, je n’ai jamais pu me séparer de cette chaînette.
Je revois Jérém debout contre le mur, il y a un an, et je me revois à genou devant son corps de rugbyman. Je revois sa peau mate, ses cheveux bien bruns, coupé très court autour de la nuque, ses abdos, ses pecs, ses biceps saillants, ses tatouages sexy à mort, le petit grain de beauté dans le creux de son cou, lui aussi sexy à mort. Et je revois la chaînette que je lui avais offerte pour son anniversaire, nonchalamment posée sur sa peau mate, entre ses poils bruns délicieux.
Ruben me pompe sans presque reprendre son souffle. Très vite, je sens une chaleur intense, brûlante, presque douloureuse monter dans mon bas ventre. Je sens que je perds pied. Et lorsque l’orgasme me submerge, le bonheur de sentir mon jus partir dans sa bouche me rend dingue.
Je repense au bonheur de sentir Jérém perdre pied, de sentir son corps musclé trembler de plaisir. Je repense à ses giclées chaudes et puissantes qui explosent dans ma bouche et qui me rendent dingue.
« Vas-y, avale ! », je lance à Ruben, pour lui faire plaisir
« Vas-y, avale ! », il m’avait lancé Jérém, pour me faire plaisir.
Ruben vient de se relever. Il m’embrasse comme un fou. Il est ivre de moi, ivre du plaisir de passif, celui qu’il kiffe par-dessus tous, celui de faire jouir un mec actif. Je le sens à la fébrilité de ses gestes, au frémissement de son regard.
Il y a un an, Jérém avait glissé ses mains sous mes aisselles, il m’avait aidé à me relever. Il m’avait serré très fort contre lui, je l’avais serré très fort contre moi. Je l’avais embrassé comme un fou, j’étais ivre de lui.
1er janvier 2003, 1h31
Après le départ de sa sœur et de sa petite famille, Ruben et moi avons refait l’amour. J’ai passé une capote et je me suis glissé doucement en lui. Comme je l’avais fait il y a un an avec Jérém, alors que j’étais sous traitement après l’accident capote avec Benjamin.
Je fais l’amour à Ruben, tout en désirant de toutes mes forces refaire l’amour avec Jérém. Je revois tous les détails de son corps, je revois son visage qui reflétait son plaisir de se donner à moi. Cette nuit-là, nos corps et nos esprits étaient connectés les uns aux autres et vibraient à l’unisson.
– Tu me rends dingue, Nico ! me glisse le petit poitevin après l’amour.
Puis, il approche ses lèvres de mon oreille et me glisse tout bas :« Nico… je t’aime ».
Ça faisait quelques temps que je sentais ces trois petits mots se bousculer au bord de ses lèvres. Et les voilà enfin. Ce sont des mots qui peuvent apporter toute la joie du Monde quand on les attend et toute l’angoisse de l’Univers quand on les redoute. Hélas, avec Ruben j’étais malheureusement dans ce dernier cas.
Pourquoi est-ce que je redoutais de l’entendre prononcer ces mots ? J’imagine, pour la simple et bonne raison que ces mots appellent les mêmes en retour, sous peine de décevoir, de faire de la peine, de tout gâcher.
Des mots que, je le sens, je ne pourrais lui retourner qu’en mentant, qu’en le trompant.
Parce que je sais que mes sentiments pour lui ne sont pas les mêmes que les siens pour moi. Je ne sais vraiment pas pourquoi, alors que tout est réuni pour me rendre heureux.
Ruben est un garçon qui ne demande qu’à partager des choses avec moi. Ruben est un garçon qui assume sa différence. Il a envie d’être en couple avec moi, de s’afficher avec moi. Il m’a présenté à ses amis, et il m’a présenté en tant que « petit ami ». Il m’a fait rentrer dans sa vie. Le petit poitevin est en train de m’offrir tout ce que j’ai toujours espéré d’une relation avec un gars.
Oui, avec Ruben, je devrais être le plus heureux des garçons. Je devrais être tout autant amoureux de lui qu’il l’est de moi. Et pourtant, ce n’est pas le cas.
Il y a un, j’avais cru que mon cœur allait exploser. C’était lorsque j’avais entendu Jérém me glisser tout doucement :« Je t’aime… ».
C’était la toute première fois qu’il me disait ces mots. Trois mots que j’attendais depuis si longtemps.
Trois petits mots sur l’oreiller, trois mots, un monde entier.
Longtemps j’avais rêvé d’entendre ces mots de sa bouche. Et ce cadeau était enfin venu, à l’instant même où une année se terminait et une autre prenait le relais. C’était le plus beau cadeau qu’on ne m’avait jamais fait.
Et, soudain, un Univers nouveau s’était ouvert devant moi. Au fond, j’avais toujours su que ça viendrait un jour. Et ça ne pouvait venir qu’à Campan, ce Campan « qui n’était qu’à nous », Campan magique, Campan notre refuge.
J’avais vraiment eu du mal à réaliser ce qui venait de m’arriver. Ce dont j’étais certain, c’est que je n’avais jamais été aussi heureux de ma vie.
Pendant que nous faisions l’amour, dans les toutes premières minutes de l’année 2002, je n’arrêtais pas de me dire que la nouvelle année s’annonçait si douce, si belle !
Oui, il y a un an, l’année 2002 s’ouvrait sous les meilleurs augures. Jour après jour, semaine après semaine, il y a eu de la joie, du bonheur, mais aussi beaucoup de tristesse et de déception. Des montagnes russes émotionnelles, terminées avec un déraillement inattendu et très douloureux pour moi.
Pendant cette dernière année, j’ai essayé d’éviter les erreurs que j’avais commis par le passé et qui nous avaient conduits, mon beau brun et moi, à nous éloigner à deux reprises.
J’ai essayé d’être davantage à son écoute, j’ai essayé de lui montrer que j’étais là pour lui. J’ai essayé de le soutenir davantage, de l’encourager. J’ai essayé de lui montrer que je l’aimais tel qu’il était, avec ses qualités et ses défauts.
Je pensais avoir tout fait pour mettre mon Jérém à l’aise, en confiance, pour le faire se sentir bien avec moi. Mais visiblement, ça n’a pas suffi. Visiblement, je n’ai pas su lui apporter ce dont il avait besoin. En essayant d'éviter les erreurs du passé, j'en ai fait d'autres. Je n’ai pas su avoir les épaules assez larges et assez solides pour le rassurer, pour l’apaiser. Et c’est sur Ulysse que s’est porté son regard. C’est chez Ulysse qu’il a vu cette force, cet apaisement, cette épaule sur laquelle se reposer.
Non, l’année 2002 n’a pas tenu ses promesses. Je n’ai pas su lui faire tenir ses promesses. Et Jérém non plus. Je l’aimais, il m’aimait. Mais aimer ne suffit pas toujours pour rendre l’autre heureux.
Malgré tout, Jérém me manque tellement. Il ne s’est pas passé un jour depuis le triste matin où il m’a demandé de quitter son appart à Paris, sans que la nostalgie et la tristesse ne me prennent aux tripes. Mais jamais comme cette nuit, pendant cet « anniversaire » si spécial.
Bordeaux, mercredi 1er janvier 2003, 4h54
Après l’amour, mon adorable cuistot est tombé comme une masse. Je le regarde dormir dans la pénombre. J’écoute sa respiration apaisée, je sens la chaleur de son corps irradier sous les draps.
Il est beau, doux comme un ange. Ce gars me touche, m’attendrit. Mais ce qui me manque avec lui, c’est cette étincelle qui faisait frémir mon être tout entier, et que je n’ai ressentie que pour Jérém.
Lorsque Ruben était arrivé comme une bouée de sauvetage alors que je me noyais, j’ai cru pendant un temps qu’avec sa douceur, sa tendresse, son amour, il m’apportait à nouveau cette étincelle. J’ai cru qu’il était mon prince charmant.
C’en est un, un adorable prince charmant. Mais si son baiser m’a fait me relever, il ne m’a pas arraché du sortilège que m’a jeté Jérém. Sa présence apaise mes blessures mais ne les guérit pas. Peut-être que je lui en demande trop, c’est même sûr. Au fond, ma rupture d’avec Jérém est récente. Et elle a été très difficile. Peut-être qu’elle a desséché mon cœur.
JEREM
Paris, le 31 décembre 2002, 23h42.
C’était il y a un an. Déjà un an, putain ! Tu se souviens du silence et de la pénombre de la petite maison sans électricité, de la chaleur, de la flamme, du bruit, de l’odeur du feu dans la cheminée. Tu te souviens de son corps contre le sien, de ses câlins, de ses baisers.
Tu te souviens que tu étais tellement bien avec lui. Tu te souviens à quel point Nico était heureux et à quel point ça te rendait heureux. Tu te souviens lui avoir enfin dit ces mots qui te brûlaient les lèvres depuis que vous étiez montés à Campan, ces mots que Nico t’avait dits à plusieurs reprises et que tu n’avais jamais su lui décocher, malgré l’envie de plus en plus brûlante de le faire. Par peur, par pudicité.
« Je t’aime, ourson ! ».
Tu te souviens de comment tu t’étais senti bien après avoir lâché ces mots, si simples et si lourds à la fois. Tu te souviens du bonheur de Nico quand tu lui avais dit ces trois petits mots.
Tu te souviens qu’après ça vous aviez refait l’amour et que ça avait été incroyable. Tu te souviens que tout était parfait à cet instant.
Tu te souviens lui avoir fait la promesse que le prochain réveillon, celui de ce soir, vous le fêteriez avec les cavaliers. Tu te souviens y avoir cru très fort, comme un vœu, comme pour éloigner la peur que ce ne soit pas le cas, que la vie en décide autrement, que le bonheur qui était le vôtre à cet instant vous file entre les doigts. Tu te souviens avoir eu peur que la vie vous fasse à nouveau emprunter des chemins qui s’éloignent. Tu avais eu peur de le faire souffrir encore, et de tout gâcher une fois de plus.
Tu te connais, Jérémie. Ta peur était fondée. Tu as encore fait des bêtises. Tu as encore fait de la peine à Nico. Et tu as tout gâché une fois de plus.
Dans quelques minutes, il sera minuit, et ça fera pile un an que vous étiez si heureux. Ça sonne si loin, tout ça. Cette année 2002 se termine sans Nico. Car Nico, tu l’as perdu. Cette fois-ci, il n’y aura pas de rattrapage, il n’y aura pas de retrouvailles à Campan.
Le bruit de la fête du Nouvel An au « Pousse au Crime » résonne jusque dans la rue où tu es sorti fumer une cigarette. Pour fumer, mais surtout pour te retrouver seul, pour reprendre ton souffle, pour essayer d’échapper à cette tristesse qui t’enserre le cœur et qui t’étouffe. Mais tu n’y arrives pas. C’est tellement dur de devoir faire la fête quand on a le cœur en miettes.
Tu regardes le briquet avec lequel tu viens d’allumer ta clope, le briquet que Nico t’avait offert à Campan, juste avant ton départ pour Paris pour ta première saison. Plus minuit approche, plus ton cœur devient lourd.
« Eh, Jérém, c’est presque l’heure ! ».
Tu as entendu la porte de la boîte s’ouvrir et la puissance des décibels de la fête foncer sur toi. Des gens rentrent, des gens sortent, alors tu n’as même pas tourné la tête. Mais tu as été étonné d’entendre sa voix. Tu ne t’attendais pas qu’il vienne te voir. Depuis quelques temps, vous vous évitez. Enfin, c’est surtout toi qui l’évites. Depuis quelques temps, il y a un malaise entre vous.
Alors, tu es content d’entendre sa voix. Au fond de toi, tu es content qu’il soit venu te voir. Tu aimerais tellement que les choses redeviennent comme avant.
« J’arrive ».
– Tu fais quoi ?
– Tu vois bien, je fume une clope.
– Ca fait un bon moment que tu fumes !
– Ouais… ouais…– Tu as l’air à côté de tes pompes, mec.
– T’inquiète, tout va bien.
– Non, tout ne va pas bien. Je te connais un peu et je sais quand tu ne vas pas bien.
– Occupe-toi de tes fesses, Ulysse, tu veux ?
– Allez, Jérém, ne fais pas l’idiot. Viens trinquer avec nous.
– Ouais, ouais… – Tu penses à Nico… – Non, pourquoi tu me demandes ça ?
– Je ne te le demande pas, je le sais…Tu as envie de parler à Ulysse, de lui parler de tant de choses, mais ça ne sort pas. Tu as mal et ce soir tu n’as envie de rien. Même pas de faire la fête, même pas de te mettre minable. Tu as juste envie de rentrer chez toi, de dormir et d’être à demain, pour ne plus penser à cette foutue nuit d’il y a un an.
« Écoute, Jérém, tu ne crois pas qu’on devrait arrêter de se faire la gueule ? ».
– Je ne te fais pas la gueule !
– Tu ne vas pas me faire croire qu’il n’y a pas un malaise entre nous depuis l’autre soir, hein ?
– Je voudrais faire comme s’il ne s’était rien passé, mais je n’y arrive pas.
– Mais il ne s’est rien passé !
– Je t’ai quand même montré une partie de moi que tu n’as pas aimé…
C’était quelques jours plus tôt, le week-end après le départ de Nico. Tu avais passé la soirée avec tes potes du rugby et Ulysse t’avait invité chez lui pour prendre un dernier verre. Nath était partie voir sa famille et tu étais seul avec ton pote. Tu avais pas mal bu pendant la soirée, et ton attirance pour ton coéquipier te vrillait les tripes. Sa barbe blonde, son regard clair comme le cristal, son sourire magnifique, sa voix calme et virile. Mais aussi sa façon de porter sa chemise blanche parfaitement ajustée à son torse musclé, sa façon de garder les deux boutons du haut ouverts montrant ainsi la naissance de ses pecs, sa façon de retrousser les manches. Sa façon de bouger ses mains et ses bras pendant qu’il te parlait. Sa façon de te regarder droit dans les yeux. Tout t’attirait chez lui et vers lui avec une violence chaque instant plus insupportable. Tu crevais d’envie de lui. De l’embrasser, de toucher son corps, de saisir sa queue, de le pomper, de le faire jouir. Tu avais envie d’être à lui.
D’abord, tu l’écoutais parler. Puis, happé par ses lèvres, tu ne captais plus ses mots, mais tu entendais juste sa voix. C’était comme une caresse, une caresse terriblement sensuelle. Tes lèvres t’attiraient avec une force à laquelle tu avais de plus en plus de mal à t’opposer. Jusqu’au moment, où tu as cédé.
Tu t’es approché de lui et tu l’as embrassé.
Mais ses lèvres sont restées immobiles. Il ne t’a pas repoussé, mais ses lèvres n’ont pas bougé d’un iota. Tu as eu l’impression de te heurter contre un mur en béton. L’impact a été douloureux. Non, il n’a pas eu besoin de te repousser. Quand tu as senti qu’il n’y avait aucune réaction de sa part, tu as compris.
Tu as compris que ton désir n’était pas réciproque. Tu as compris que tu avais fait n’importe quoi. Tu as compris que tu avais pris tes rêves pour des réalités. Tu as compris et tu t’es retiré. Et tu as ressenti la pire humiliation de ta vie.
« Désolé » tu t’es entendu lâcher, le souffle coupé, pris par un vertige sans fin.
— Il n’y a pas de mal, il t’avait répondu.
— Je vais y aller.
— Attend, Jérém, ne pars pas comme ça !
— Je suis vraiment con !
— Mais non.
— Je vais y aller, j’ai besoin de fumer une cigarette.
— Tu peux la fumer ici.
— Je serai mieux ailleurs…— Il ne faut pas que tu sois mal à l’aise. Ce n’est rien. Tu as bu, et…— Ce n’est pas parce que j’ai bu. Tu me plais, vraiment.
— Je sais…— Tu sais ?
— J’ai senti que tu étais attiré par moi.
— Si seulement ce n’était que ça !
— Jérém…Tu n’as pas osé lui dire ce que tu ressens pour lui. Comment son regard te porte, te fait te sentir bien, te donne espoir et confiance, te réconforte, te rassure, te pousse à avancer chaque jour et à te surpasser. Non, tu n’as pas osé lui dire à quel point tu as envie qu’il te prenne dans ses gros bras.
Tu n’as pas osé lui dire mais tu sais qu’il a compris.
Ce soir-là, pour la première fois de ta vie tu as essuyé un râteau. Tu n’étais pas habitué à ça quand tu « étais hétéro », non. Tu as toujours su que tu étais attirant, et les plus belles nanas se bousculaient à ta braguette.
Depuis que tu regardes du côté des mecs, tu découvres l’un des malheurs d’être gay. Le fait que, malgré tes atouts, toute une foule de garçons qui te font envie te soient inaccessibles. Quand tu es gay, tu as beau être canon, si le gars que tu kiffes n’aime vraiment que les nanas, tu n’as aucune chance avec lui.
Jusque-là tu avais su viser juste avec les mecs. Mais ce soir-là, tu as laissé ton désir, ton attirance, ton admiration, ta fascination t’aveugler.
Avec Ulysse, tu as fait un mauvais pas, et tu t’en veux. Car ça a foutu un sacré coup à ton égo. Ça a aussi mis un malaise entre vous. A vrai dire, Ulysse n’a pas l’air plus perturbé que ça par ce qui s’est passé. D’autant plus qu’il ne s’est rien passé. En fait, c’est surtout toi qui es mal à l’aise avec lui depuis. Car toi tu n’arrives pas à te remettre de cet « accident ». Tu as peur d’avoir déçu la seule personne sur qui tu pouvais compter. Il te tarde qu’Ulysse puisse rejouer. Mais en même temps tu as peur de ne pas pouvoir retrouver votre complicité d’avant].
– Je m’en fous de ce que tu m’as montré, ça ne change rien pour moi.
– Mais ça change pour moi.
– Foutaises !
– Il y a des choses que je ne peux pas contrôler.
– Tu n’as rien fait de mal.
– J’aurais dû me retenir.
– Non, au contraire. T’as bien fait de ne pas garder ça pour toi. Mais pour moi tout va bien. Tu penses que ça va aller pour toi ?
– Oui ça va aller.
– Tout va bien alors. Je n’aimais pas qu’on se fasse la tête. Il n’y a pas de malaise de mon côté, d’accord ? Il n’y en a jamais eu. Et il ne faut plus qu’il y en ait de ton côté non plus. Il faut qu’on retrouve l’entente pour tout casser à la reprise des matches après les fêtes.
— C’est clair !
— Viens-là, mec !
Ulysse te prend dans ses bras et te serre très fort contre lui. Et tu te dis que, vraiment, ce gars a le pouvoir de te transporter loin, très loin.
— Tu es le premier, tu as fini par lui glisser, mi amusé, mi amer.
— Le premier quoi ?
— Jamais on m’avait dit non, ni une nana, ni un mec.
— J’ai pas de mal à le croire, tu es vraiment un beau mec.
— C’est ma première veste. Et ça fait mal !
— Tu sais, je t’aime beaucoup, mec, vraiment beaucoup. Mais pas comme ça.
— Je sais, j’ai compris. Tu es le seul qui soit venu me parler quand j’ai débarqué à Paris. Et ça, je n’oublierai jamais. Encore une fois, je suis désolé pour ce qui s’est passé l’autre soir.
— Ne le sois pas, il n’y a pas de mal. Mais je voudrais que ça ne change rien à notre amitié. Parce que tu comptes beaucoup pour moi, tu sais ?
— Toi aussi tu comptes beaucoup pour moi. Et je ne te remercierais jamais assez pour tout ce que tu as fait et pour ce que tu fais pour moi.
— C’est normal, j’imagine que c’est ce qu’un ami ferait.
— Merci beaucoup Ulysse.
— Et un ami comme je prétends l’être, te demanderait aussi ce que tu fiches ici ce soir…– De quoi ?
– Pourquoi tu n’es pas avec Nico ? Tu crèves d’envie d’être avec lui ! Je le vois !
– C’est fichu entre nous.
– Ne dis pas ça. Quoi qui se soit passé entre vous, je suis sûr que tu peux rattraper le coup, car ce gars t’aime comme un fou. Appelle-le, va le voir dès demain.
– Je lui ai fait trop de mal et je n’arrête pas de lui en faire.
– Tu es bien avec lui ?
– Oui, tellement bien.
– Et pourquoi tu es bien avec lui ?
Pourquoi tu es bien avec Nico ? Il y en a tellement, de raisons…Parce que grâce à Nico, tu sais enfin qui je suis. Grâce à Nico, tu as accepté d’être attiré par les mecs. Et par Nico, en particulier. Aujourd’hui, tu sais que tu es homo. Et ça fait du bien de savoir qui l’on est.
Parce qu’il a su te montrer qu’aimer un garçon peut être quelque chose de très beau, et qu’il ne faut pas en avoir honte. Et même si tu as encore peur du regard des autres, tu n’as plus peur de ton propre regard. Aujourd’hui, tu as fait la paix avec toi-même vis-à-vis de tout ça.
Parce qu’il t’a montré que tu peux être aimé, pour qui tu es, et pas juste pour ton physique.
Parce que tu sais désormais qu’il t’aime pour celui que tu es, avec tes imperfections, tes défauts, tes faiblesses.
Parce qu’il supporte tes mauvais côtés, ton mauvais caractère et qu’il fait ressortir le meilleur de toi.
Parce qu’il t’a donné envie de croire que toi aussi tu as droit au bonheur.
Parce qu’il ose te tenir tête, et te faire avancer.
Parce que quand tu es avec lui tu te sens plus fort.
Parce que le voir heureux te rend heureux.
Parce que tu kiffes le prendre dans tes bras.
Parce que tu kiffes quand il te prend dans les siens.
Oui, il a besoin d’être rassuré, il a plus besoin de tes bras que toi des siens. Mais tu réalises que finalement ceci n’est pas grand-chose face à ce qu’il apporte dans ta vie.
Oui, il y a tant de raisons qui te font dire que tu es bien avec Nico ! Mais si tu dois en retenir une, pour répondre à la question d’Ulysse :« Parce que j’aimais le gars que j’étais quand j’étais avec lui.
– Rien que ça ?
– Quoi, rien que ça ?
– Ce que tu viens de dire…– De quoi ?
– Que tu aimes le gars que tu es quand tu es avec lui. C’est super, c’est beau. Et ça montre à quel point ce gars te fait du bien, et à quel point tu es fou de lui. Alors, fonce, mec. N’aie pas peur de te faire jeter. Si tu l’aimes, ne baisse pas les bras. Si tu lui montres que tu l’aimes, il ne pourra pas résister !
NICO
01 janvier 2003, 9h08
Je viens tout juste de me réveiller. Ruben dort encore. Je rallume mon portable que j’avais éteint à minuit pour échapper aux notifications de vœux, et surtout à l’attente d’un message qui ne viendra pas.
J’ai beaucoup hésité, mais je n’ai rien envoyé à Jérém hier soir. Il n’a pas répondu à mes messages de Noël, à part avec un SMS laconique. Il n’a pas répondu à mes deux coups de fils entre Noël et le jour de l’an. Oui, j’ai craqué, mais ça n’a rien donné. Il n’a pas rappelé. J’ai senti qu’à Noël, si je ne lui avais rien envoyé, il n’aurait rien envoyé non plus. Alors, hier soir, pendant que je trinquais avec Ruben, sa sœur et sa petite famille, je n’ai pas eu envie de lui envoyer un autre message enflammé pour espérer au mieux recevoir en retour un autre SMS laconique.
Le portable finit de se rallumer et le voyant lumineux indique la présence de plusieurs messages. Des vœux par SMS. Mais aussi un appel en absence. A 0h02. Un appel venant de SON numéro.
Soudain, mon cœur s’emballe. Je me refugie dans la salle de bain et je compose le numéro de ma messagerie vocale en quête d’un message. Mais il n’y a rien.
Je n’arrive pas à croire que Jérém m’ait appelé. Est-ce qu’il s’est souvenu qu’il y a un an nous étions en train de faire l’amour à Campan et qu’il venait de me dire « je t’aime » pour la première fois ?
Est-ce qu’il s’est souvenu de sa promesse de fêter tous les deux le jour de l’an à Campan avec les cavaliers ?
Je m’habille en vitesse et je sors discrètement. J’ai le cœur qui bat à mille à la seconde, j’ai la respiration coupée. Je m’éloigne de l’immeuble de Ruben et je compose le numéro de Jérém, les mains tremblantes, plein d’espoirs, comme ivre. Mais mes espoirs et mon ivresse sont vite douchés. Je tombe direct sur répondeur. Le fait d’entendre sa voix enregistrée me fait frémir. Je n’ai pas le courage de lui laisser un message. Mais je ne peux me résoudre à rentrer à l’appart avec tous les questionnements que cet appel manqué a généré dans mon esprit. Je le rappelle. Et je tombe à nouveau direct sur sa messagerie. Mais cette fois-ci, je lui laisse un message.
« Salut Jérém. J’ai vu que tu as essayé de m’appeler cette nuit. J’espère que tu vas bien. En attendant, je te souhaite une très bonne année. Je te souhaite que tout se passe comme tu le veux. On se rappelle quand tu veux. Bisous ».
J’en suis au même point, avec des questionnements plein la tête. Peut-être qu’il est sans batterie, peut-être qu’il dort encore. Ce coup de fil manqué m’intrigue terriblement. Mais au moins, j’ai laissé un message. Je suis content de l’avoir fait. Même si cela me met dans un certain embarras d’ailleurs. J’aimerais que Jérém me rappelle. Mais si jamais il le fait pendant que je suis avec Ruben, ça ne va pas le faire. Je ne veux pas devoir lui donner des explications, je ne veux pas qu’il se pose des questions. Je mets le téléphone en vibreur, puis en silence total. Je risque de ne pas entendre ce coup de fil, mais si jamais tout à l’heure je découvre un autre appel en absence venant de mon beau brun, ce sera déjà une petite victoire. Je le rappellerai plus tard.
Mais rien ne vient. Dans l’après-midi, je trouve une excuse pour aller faire un tour et je le rappelle. Cette fois-ci ça sonne, mais Jérém ne répond pas. Après plusieurs tonalités, je tombe sur répondeur. Ça me rend encore plus triste. Désormais, je sais que son portable est allumé, et que donc il s’est réveillé. Et il a dû voir et écouter mon message. Mais il n’a pas essayé de me rappeler. Il n’a pas eu envie de me rappeler.
JEREM
Mercredi 1er janvier 2003, 0h02
Tu écoutes le conseil d’Ulysse, tu appelles Nico sans tarder. D’autant plus que les messages qu’il t’a envoyé à Noël t’ont touché et t’ont prouvé qu’il pense toujours à toi. Mais tu tombes sur son répondeur. Tu te demandes où il est, et avec qui. Alors, tu te dis qu’en fait ça ne sert à rien d’essayer de le rattraper une fois de plus. Tu te dis qu’il sera plus heureux sans toi. Tu te dis que c’était une erreur de l’appeler ce soir.
Mercredi 1er janvier 2003, 3h12
Tu as trop bu ce soir, Jérémie. Et trop fumé. Quand les gars partent du Pousse pour aller terminer la nuit dans une autre boîte, tu déclares forfait. Mais tu ne rentres pas chez toi. Tu pars faire un tour dans une boîte que tu as repérée quelques semaines plus tôt. Tu t’y rends pour t’étourdir, alors que ni l’alcool ni la fumette ne suffisaient plus pour cela. Pour oublier les regrets qui te tenaillent, la solitude qui te prend à la gorge, la peur de rentrer seul qui t’angoisse.
Tu sais que ce n’est pas de ça dont tu as besoin. Tu t’es déjà réveillé quelque fois le matin avec la gueule de bois, un inconnu à tes côtés, et l’envie de gerber, de chialer, de hurler. Tu sais bien que les excès de la veille ne pardonnent pas au réveil. Tu sais qu’une baise ne fait pas taire tes démons. Et pourtant, tu as besoin de ressentir le frisson de te sentir désiré. Tu ne peux pas y renoncer.
Cette nuit, tu ne retiens même pas son prénom. Tout ce que tu retiens, c’est son sourire, sa belle gueule, ses cheveux bruns, son brushing sexy, son t-shirt blanc, son corps qui danse sensuellement sur la piste, son regard qui te dévore. Tu retiens la promesse du bonheur de la découverte d’un gars inconnu, de quelques instants de plaisir et d’étourdissement.
Tu le suis chez lui. Il te propose à boire. Avant d’avoir fini les verres, le petit brun bien foutu est en train de te pomper.
Ses lèvres coulissent sur ta queue, ses mains empoignent tes fesses et les malaxent, mais trop fort, trop vite. Ça ne t’excite pas vraiment. Tu ôtes ton t-shirt, le gars a l’air impressionné par ta plastique. Ça te plaît, ça. Tu attrapes ses mains, les conduis à tes tétons. Le gars les caresse, mais trop peu, les pince, mais trop fort. La pression, le mouvement, rien n’est comme tu aimes.
Il y a un an, les lèvres de Nico sur ta queue faisaient des étincelles, t’offraient des frissons de fou. Et ses doigts sur tes tétons, putain qu’est-ce que c’était bon !
Très vite, le gars retire ses mains de tes pecs, et revient tripoter tes fesses. Le gars cherche ton regard, tu le fuis.
« Tu as un cul d’enfer ! il te glisse, en reprenant sa respiration, avant d’avaler ta queue à nouveau.
Il y a un an, pendant que Nico te suçait, tu avais croisé son regard. Tu avais vu son excitation, son envie de te rendre dingue de plaisir. Tu savais qu’il voulait te rendre heureux, parce qu’il te kiffait, mais aussi parce qu’il t’aimait.
Le gars te pompe de plus en plus vite, tu sens que tu ne vas pas tarder à jouir. Et tu ne veux pas te retenir. Tu as envie d’en finir au plus vite, et de te tirer de là. Tu sens son orgasme approcher, tu imagines déjà le bonheur de gicler dans sa bouche. Mais le gars arrête de te sucer juste avant. Et il te lance :« Baise moi, beau mec ! »
Il y a un an, tu avais voulu que Nico te fasse l’amour. Nico t’avait donné envie de ça, et il l’avait rendu beau. Tu avais été si heureux de le voir et de le sentir jouir comme un petit mec.
Après l’amour, vous aviez parlé longtemps. Nico t’avait dit à quel point tu comptais pour lui, et ce qu’il attendait de toi. Il t’avait demandé de ne pas l’éloigner de toi quand ça n’allait pas. Il t’avait touché, ému. Tu étais fou de lui, fou de ce petit mec qui te rendait si heureux ! Tu l’avais pris dans tes bras, et tu l’avais couvert de bisous.
Peu après, Nico t’avait demandé de lui faire l’amour à ton tour.
Tu avais passé une capote et tu étais venu en lui, doucement. Tu n’en pouvais plus de cette saleté de capote. Parce qu’elle te privait d’une partie de ton plaisir, certes. Mais aussi et surtout parce qu’elle te rappelait sans cesse ce qui endurait Nico depuis quelques jours. L’accident de capote avec le gars de Bordeaux, le traitement post-exposition et ses désagréments, et le risque d’infection que cela représentait. Tu ne pouvais t’empêcher de se sentir d’une certaine façon responsable de ce qui était arrivé à Nico. Si tu n’avais pas refusé de le laisser te rejoindre à Paris, si tu n’avais pas recommencé à faire le con avec les nanas, si tu ne lui avais pas demandé de faire cette maudite pause dans votre relation, si tu avais tous simplement eu les couilles d’assumer votre relation et votre amour, ça ne serait pas arrivé.
Tu passes une capote, tu l’encules, tu le baises. Le gars gémit de plaisir, il te dit qu’il ne s’est jamais fait baiser par un mec aussi canon que toi, que ta queue le fait jouir comme aucune autre. Il veut que tu le défonces sans ménagement. Tu y vas franco, et il n’est pas déçu. Il est tellement chaud qu’il te demande d’enlever la capote et de lui gicler dans le cul. Tu continues de le tringler. Le gars te chauffe, te dit que vous allez prendre votre pied deux fois plus sans capote. Il te dit que ça ne craint rien, car il s’est fait dépister il n’y a pas longtemps. Il te dit qu’il a envie de prendre ton jus dans le cul parce que tu es sexy à mort. Tu es saoul. L’idée de lâcher ton jus dans son cul t’excite vraiment.
Il y a un an, Nico était tendu, angoissé. Mais tu lui avais fait plein de bisous et il avait fini par se détendre. La tendresse et les sentiments avaient rendu l’amour merveilleux.
Tu te déboîte du gars, tu retires ta capote remplier. Et plus que jamais, tu n’as qu’une envie, te tirer de là, et d’oublier cette nuit.
Il y a un an, après avoir joui, Nico et toi vous étiez embrassés longuement. Tu avais dû te faire violence pour mettre les câlins en pause, le temps de retirer la capote. Car, plus que jamais, tu n’avais qu’une envie, le serrer très fort dans tes bras. Tu aurais donné cher pour que cette nuit ne se termine jamais.
NICO
Mercredi 1er janvier 2003
Le soir, de retour à mon appart, je n’arrête pas de penser à cet appel en absence de Jérém juste après minuit. Je suis tenté de le rappeler encore, mais je me fais violence pour ne pas le faire. Je ne veux pas qu’il se sente harcelé. Et pourtant, vers minuit, je finis par craquer. Je lui envoie un SMS.
« Ça m’a fait plaisir de voir que tu as essayé de m’appeler hier soir. Rappelle-moi ».
Cette fois-ci, mon SMS recevra une réponse, comme une douche froide.
« oublis c était un erreur ».
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1 avis des lecteurs et lectrices après lecture : Les auteurs apprécient les commentaires de leurs lecteurs
Les avis des lecteurs
Fabien, les introspections de tes personnages sont tout simplement géniales. Surtout, dans cette similitude, qu'ils ont, lorsqu'ils baisent séparément, de ne pas pouvoir s'empêcher de comparer et de penser que c'est moins bien que quand c'était tous les deux.
Même si Ulysse avait été gay, Nico n'est pas Ulysse et Ulysse n'est pas Nico. Jérém a des attentes qu'un seul garçon ne pourra totalement satisfaire, car il veut tout découvrir, ce qui risque d'être compliqué à vivre pour lui.
Il est toujours difficile, comme c'est le cas pour Jérém attiré par Ulysse, de s'éprendre d'un garçon et de découvrir que sa sexualité le rend inaccessible.
Enfin, je dirais qu'il y a dans la relation entre Jérém et Nico quelque chose de si spécial et unique qui fait que l'un comme l'autre ne parviendront pas à trouver l'équivalent avec quelqu'un d'autre.
Yann
Même si Ulysse avait été gay, Nico n'est pas Ulysse et Ulysse n'est pas Nico. Jérém a des attentes qu'un seul garçon ne pourra totalement satisfaire, car il veut tout découvrir, ce qui risque d'être compliqué à vivre pour lui.
Il est toujours difficile, comme c'est le cas pour Jérém attiré par Ulysse, de s'éprendre d'un garçon et de découvrir que sa sexualité le rend inaccessible.
Enfin, je dirais qu'il y a dans la relation entre Jérém et Nico quelque chose de si spécial et unique qui fait que l'un comme l'autre ne parviendront pas à trouver l'équivalent avec quelqu'un d'autre.
Yann