Jules & Nathan - Saison 3 - Episode 2 - histoire érotique

- Pourquoi tu ne veux pas l'inviter ? C'est quand même ton frère.
- Peut-être parce-qu'il fait comme si ce n'était pas le cas ? Depuis qu'il sait que je suis avec toi, il me considère comme un strict inconnu. C'est un moment important pour nous, je ne veux pas que quelqu'un dans son genre vienne le gâcher.
- Si c’est juste parce-qu’il ne m’apprécie pas, je saurais passer au-dessus de ça.
- Ce n’est pas toi qu’il n’apprécie pas, c’est moi. Il ne me connait plus parce-que je suis gay. Et je devrais l’inviter ?
- Donc, si je résume, tu invites tes parents, ton frère Théo, ta soeur, mais pas ton autre frère ?
- Voilà, excellent résumé.
Jules finissait d'ajuster sa cravate à son col de chemise devant le miroir de la chambre, tandis que Nathan, allongé dans le lit, les bras croisés derrière la tête, le regardait avec insistance tout en tentant de le convaincre.
- C'est justement parce-que c'est un moment important que tu risques de regretter de ne pas l'avoir invité...
- Je t'ai dit non. Fin de la discussion. Je t'appelle quand je sors de cours, finit-il avant de sortir de la chambre, visiblement contrarié.

Après le décès de Laura, Jules avait demandé sa mutation en chirurgie où il cherchait à se rendre plus utile, à avoir la véritable sensation de sauver des vies. En quelques mois il avait réussi à bluffer la plupart de ses professeurs de par ses capacités. Sa réputation, précédée par celle de son père, neurochirugien toujours en exercice, fut vite faite. A tel point que le doyen de la faculté de médecine rattachée à l'hôpital, en manque de professeurs volontaires pour les premières années, lui avait proposé de dispenser ses premiers cours d'anatomie, une première pour un médecin de son âge, qui plus est toujours en internat.

C'était aujourd'hui son premier cours et il était plus que stressé à l'idée de se retrouver devant plus de six-cent élèves. Costume gris, chemise d'un blanc éclatant, cravate de maille noire, derbys noires cirées, cheveux sculptés à l'arrière à la Beckham, autant dire qu'il sema le trouble en passant les portes automatiques du hall de la Fac. Son dossier à sangle sous le bras remplit de tous ses dessins, il franchit la porte de l'amphi, provoquant alors un silence de plomb. Malgré les six-cent paires d'yeux rivées sur lui, il faisait preuve d'une décontraction assez surprenante, tout du moins en apparence. Quelques chuchôtements faisaient leur apparition sur les bancs de l'amphi, les étudiants étant probablement intrigués par son jeune âge, ou alors était-ce parce-qu'il était nouveau.
Il commença par accrocher le micro-cravate à son col de veste, puis à la craie blanche il inscrivit son prénom, son nom et son mail au tableau, toujours sans dire un mot.

De retour au bureau il lâcha enfin : "Bonjour à tous. Avant de commencer je vais me présenter, je m'appelle Jules Myringo, je bosse en chirurgie traumatologique au CHU et j'ai été choisi pour vous enseigner l'anatomie du membre supérieur. Je vous file mon mail, si vous avez des questions n'hésitez pas, j'essaierai de répondre rapidement mais je ne promets rien. En revanche pas la peine de m'envoyer des mails pour n'importe quoi, du style j'ai mal quand je bouge mon pouce est-ce normal, ou je n'ai pas noté le nom de l'artère qui vascularise machin, je ne répondrais pas. Idem pour les numéros de téléphone, je suis déjà fiancé. Des questions ?"
Jules avait réussi à déclencher quelques rires dans l'amphi, surtout des sourires, et l'atmosphère semblait tout de suite plus détendue. "Alors on commence !"
Pendant les quatre heures de cours qui suivirent, Jules semblait comme passionné, en trans ! Il quittait le bureau pour aller se promener dans les rangées, interroger les étudiants, faire des blagues sur ceux qui avaient le malheur d'être sur son chemin, racontant des anecdotes de bloc. L'amphi était suspendu à ses lèvres et ne faisait du bruit que pour rire à ses blagues ou changer de couleur de crayon pour recopier ses dessins.
"Bien, la prochaine fois on attaquera la coiffe des rotateurs. Allez, révisez bien." finit-il avant de couper son micro et de retourner au bureau. Tandis qu'il rangeait ses affaires, un étudiant s'approcha pour espérer lui poser une question.
Lorsqu'il releva les yeux en sa direction, Jules ne pût s'empêcher de bloquer. Grand, brun, les cheveux courts coiffés en l'air et reliés à une très légère barbe qui encerclait sa bouche et son visage, un sourire charmeur, des yeux bruns intenses, une carrure de sportif.
- Bonjour Monsieur, je peux vous poser une question ?
- Euh... oui, bien sûr.
- C'est à propos du troisième schéma que vous avez fait, je sais que vous avez dit en début de cours que vous ne répétiez pas et ne nous aidiez pas à compléter mais...
- J'ai dit que je ne le faisais pas par mail... Et puis je peux faire une exception pour mon premier cours (Vraiment pour ton premier cours ? se disait-il en lui-même).
Jules répondit donc à sa question et l'aida même à compléter son schéma en redessinant une partie lui-même, juste pour voir ce sourire réapparaître à chaque fois sur ses lèvres.
- Et voilà ! Ah et n’oubliez pas la veine céphalique sur cette vue...
- Super Monsieur, vous êtes génial. Merci beaucoup ! Au revoir.
- Oui... au revoir.


De retour à l'appart, il jeta sa valise sur le sofa et se dirigea vers la cuisine où Nathan, simplement vêtu de son jean, était allongé, la tête sous l'évier.
- Qu'est-ce que tu fous ?
- Aïe ! fit Nathan après s'être cogné la tête, effrayé par Jules arrivé sans faire de bruits.
- Merde, ça va ?
- Oui ça va, tu pourrais prévenir... dit-il en sortant de sous l'évier. Je crois que y'a une fuite donc j'essayais de trouver d'où ça venait.
- Tu sais que t'es sexy en plombier dénudé ? Sors de là, tu t'es ouvert au front, je vais regarder ça.
Nathan se releva et vint s'asseoir sur le plan de travail de la cuisine. Jules s'approcha, posa sa main sur sa joue, et ils s'embrassèrent langoureusement. "Hep hep hep !" fit Jules quand Nathan semblait déjà vouloir aller plus loin, "Je dois regarder ta blessure avant. Je ne voudrais pas que mon plombier super sex soit défiguré..."
- N'exagère pas.
- Crois-moi, je n'exagère pas ! Si Christine Boutin te voyait, elle se boufferait les doigts de ne pas être un mec pour te sauter dessus.
- Je parlais de ma blessure ! Pas de mon côté sexy… Tu crois que je m'amuserais à simuler une réparation de fuite torse-nu si ce n'était pas pour avoir l'air sexy ?
- Quoi ? Tu faisais semblant ?
- J'ai un tournevis dans les mains, t'as déjà réparé une fuite avec un tournevis toi ? Je savais vers quelle heure tu allais rentrer, je me suis mis là, manque de bol je t'ai pas entendu arriver et je me suis cogné.
- Alors ça... Jules marqua un temps en fixant Nathan, prenant un air faussement déçu. Ça, ça m'excite encore plus ! dit-il avant de l'attraper par les cuisses et de le porter tandis qu’ils s’embrassaient fougueusement.

Jules le plaqua d’un coup sec sur le lit, tenant fermement ses poignets contre le matelas.
- Alors comme ça tu montes des scénarios pour m’exciter ?
- Et ça marche on dirait...
- Crois-moi, tu n’as vraiment pas besoin de ça.

Jules lâcha les poignets de Nathan et entama de défaire sa cravate puis de déboutonner sa chemise. Une fois torse-nu, il se pencha pour l’embrasser et ils roulèrent dans le lit. Ils finirent de se déshabiller dans la hâte et se retrouvèrent rapidement l’un sur l’autre à se sucer mutuellement dans un soixante-neuf langoureux. Après de longues minutes, Jules vint s’asseoir contre la tête du lit et Nathan se plaça sur lui, les bras autour de son cou, tandis qu’ils s’embrassaient. Ils continuèrent de se caresser et de s’embrasser ainsi un moment, puis Jules commença à pénétrer son partenaire qui, toujours assis sur lui, s’empalait progressivement sur son membre. Une fois prêt, Nathan commença ses premiers va-et-vient de bassin qui, d’abord lents, prirent rapidement de la vitesse et gagnèrent en intensité. Bientôt ils s’envoyaient en l’air dans une vigueur folle, leurs soupirs devenaient gémissements et cris, leurs caresses devenaient empoignades ; Jules serrait de toute ses forces le dos de son partenaire afin de le coller contre lui, sentir sa châleur, son odeur, le contact de sa peau brûlante contre son torse.
Puis Nathan tira son amant à la renverse, se retrouvant sur le dos, Jules au-dessus de lui. Ce dernier, sa main glissée sous le cou de son fiancé, reprit ses coups de reins, pour le plus grand plaisir de son fiancé qui scandait son plaisir à travers la chambre, et en redemandait toujours plus.

Nathan finit par lâcher sa semence sur son propre torse, tandis que Jules lâchait la sienne dans ses entrailles. Ils s’embrassèrent de nouveau langoureusement, puis s’écroulèrent sur le lit.


- Sinon ton premiers cours ? demanda Nathan, encore essouflé.
- Bof, ça s'est bien passé. 'Fin c'était pas mal quoi...
- Avoue que t'as grave kiffé !
- Mais oui, trop ! dit Jules en se relevant dans le lit. "C'était géant mec ! Six cent personnes qui m'écoutaient, j'aurai pu leur raconter n'importe quoi avec un air un peu sérieux, ils m'auraient crû. Je me sentais surpuissant !"
- J'étais sûr que t'allais assurer ! dit Nathan en se relevant à son tour pour l'embrasser.

La porte d'entrée claqua, et Jules et Nathan entreprirent de se rhabiller en quatrième vitesse. Ils sortirent de la chambre avec un faux air sérieux, faisant semblant de discuter d'un patient.
- Ah, salut Max ! dit Jules
- Salut frangin.
- Salut les mecs, c'était bien ?
- De quoi ? fit semblant de s'interroger Nathan.
- Je ne vois même pas pourquoi faire tant d'efforts, vous avez le droit de vous envoyer en l'air... Bref. C'est normal la grosse marre de flotte dans la cuisine ?
- Merde l'évier ! dit Nathan en se précipitant vers la cuisine.
- C'est ton frère, il se met à la plomberie, mais version film porno gay uniquement, ironisa Jules. Ta journée s'est bien passée ?
- Ah ok. Non on ne peut pas dire ça... Alban et moi, on a rompu.
- QUOI ?
- On n'était pas sur la même longueur d'ondes. On ne peut pas... en parler plus tard ?
- Comme tu veux, mais faudra qu'on en parle quand même. Ce soir comme d'hab ?
- Ce soir comme d'hab.
- Ok ça marche. Je vais voir si le fauve est réveillé... répondit Jules en franchissant la porte de la chambre du bébé.

"Ce soir comme d'hab" était un code entre Max et Jules, un rituel qu'ils s'étaient inventés. Lorsque l'un était mal, voulait parler de quelque chose ou avoir un conseil, il disait à l'autre "Ce soir comme d'hab ?" et ils se retrouvaient vers une heure du matin dans la cuisine autour d'un verre pour en discuter, tandis que Nathan dormait.
Ainsi, à l’heure prévue, Max sortit discrètement de sa chambre et retrouva Jules, déjà installé au comptoir de la cuisine avec son verre de vin.
- La même chose pour toi ? chuchota Jules en direction de Max qui s’installait à côté de lui.
- Ouais je veux bien.
- Je t’écoute mec, pourquoi tu as lâché ton étalon ?
- Y’a pas de raisons particulières, c’est un tout. Il s’assumait pas et faisait comme si c’était une exception d’être avec moi, il ne voyait pas de futur à notre relation...
- C’est peut-être un peu tôt pour imaginer un futur non ?
- Tu sais la dernière fois que toi et Nath êtes allés au resto et qu’on a gardé Tad ?
- Oui ?
- Ça nous a donné l’occas’ de parler des enfants. C’est pas parce-que je suis gay que je dois refuser d’avoir des enfants, mais lui il n’en voulait aucun. C’est comme si il voulait que notre relation n’évolue jamais.
- Ouais je vois ce que tu veux dire...
- Et puis au plumard ça devenait limite. On devait baiser une fois par semaine grand max, et j’ai pas réellement pris mon pied depuis un moment. Et....
- Et ?
- Et je vais seulement avoir dix-huit ans, je viens seulement de me découvrir homo, j’ai encore des centaines voire des milliers de trucs à vivre avant de m’enfermer dans une relation. Je veux sortir en soirée et me faire des coups d’un soir, je veux draguer et me taper des mecs en vacances, je veux des plans à plusieurs, je veux baver devant des mecs en terrasses de cafés. Je veux faire de la musique ! Exploser une guitare sur scène et m’envoyer un fan ! Je veux vivre quoi !
Jules écoutait Max avec un léger sourire au coin de sa bouche, tandis qu’il finissait son verre de vin.
- Je vois exactement ce que tu veux dire. Je suis passé par là.
- Ah bon ?
- Tu crois que ça a été simple pour ton frère et moi ? On a eu des putains d’angoisse aussi. On s’est retrouvé gays, outés, fiancés, et pères, avant d’avoir eu le temps de dire ouf. Maintenant on a vingt-sept ans et on a un peu l’impression d’être passé à côté de nos vies aussi. Mais chaque matin, quand je me réveille et que je vois ton frère à côté de moi, puis Tadzio dans son lit, puis toi qui sort de ta chambre dans le cake, je me dis que ça vaut bien toutes les teufs et tous les mecs d’un soir que j’ai loupé.
- Enfin niveau filles d’un soir j’ai cru comprendre que tu n’avais manqué de rien ?
- Oui, mais comme dit la pub, ça c’était avant.
- En gros tu penses que je fais juste un caprice et que je devrais me remettre avec Alban ?
- Sûrement pas ! Je te dis juste de vivre ta vie mec. Si tu veux passer les dix prochaines années à t’envoyer tous les mecs de la région, et de nos régions de vacances, avant de te fixer, alors vas-y ! Par contre...
- Je sors couvert, oui t’inquiètes.
- Alors vas-y ! Fais-toi plais’ !
- Merci Jules.
- Max, attends... dit Jules alors que ce dernier se levait déjà du tabouret.
- Quoi ?
- Fais toujours attention à toi, ne me fais pas regretter de ne pas t’en avoir collé une derrière les oreilles. Tu sais bien que... s’il t’arrivait quoi que ce soit, ton frère en deviendrait fou.
- Promis.

Max repassa la porte de sa chambre pour retourner se coucher, laissant Jules seul. Il se servit un nouveau verre de vin, le descendit d’un trait, puis retourna dans sa chambre, rejoindre les bras de son fiancé.