Le miroir du passage

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Auteur femme.
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Récit libertin : Le miroir du passage Histoire érotique Publiée sur HDS le 31-07-2025 dans la catégorie En solitaire
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Le miroir du passage
Titre : Le miroir du passage


Dans la journée, Élise est presque invisible.
Elle parle peu. Une voix douce, presque effacée, souvent étouffée par les rires plus sûrs, les gestes plus larges des autres. Ses collègues la saluent avec un sourire poli, souvent distrait, oubliant qu’elle était dans la pièce dès qu’ils tournent les talons. Elle ne s’en offusque pas. Elle a l’habitude.

Mais dès que le soleil glisse derrière les immeubles, elle change de peau.

Son petit studio sent le parfum au musc et au lilas quand elle ouvre l’armoire. Elle retire avec lenteur les couches sages de la journée – cardigan beige, pantalon droit, chemisier fermé jusqu’au cou – pour découvrir ce qu’elle a préparé en silence. Une jupe noire, à peine plus longue qu’un souffle. Un crop top transparent qui révèle plus qu’il ne cache. Un soutien-gorge en dentelle prune, délicat, presque théâtral dans sa provocation maîtrisée.

Devant le miroir, elle hésite toujours une seconde.

Non pas par peur, mais par plaisir. Ce bref instant où elle doute encore, avant de devenir celle qu’on regarde.

Dans les rues, elle marche lentement. Pas pour se faire remarquer. Non. Pour offrir le contraste, cette dissonance étrange entre sa démarche timide, presque nerveuse, et ce corps habillé pour troubler. Les regards s’accrochent. Certains curieux, d’autres clairement avides. Elle baisse les yeux, comme une proie... mais elle le sait : c’est elle qui contrôle.

Il y a ce passage sous le métro aérien. Un lieu presque abandonné à la nuit. Parfois, elle s’y arrête. Un vieux miroir cassé y est resté, fixé à un mur tagué, vestige d’un bar disparu. Ce soir-là, elle le rejoint.

Elle se place face à son reflet. Elle le sait : un ou deux silhouettes rôdent toujours, dissimulées dans l’ombre. Elle ne les voit pas. Mais elle les sent.
Alors, sans un mot, elle joue.

Elle soulève doucement le bord de sa jupe, à peine. Juste assez. Le reflet de la dentelle noire, tendue sur sa hanche pâle, éclaire l’obscurité. Elle n’ose pas lever les yeux. Pas encore. Le cœur battant. Un mélange de honte et de feu, d’envie et de panique douce.

Puis elle tourne les talons, doucement, et s’éloigne.

Sans jamais savoir – ou feignant de ne pas savoir – ce qu’elle a laissé derrière elle.


Le miroir du passage – Partie 2 : Les yeux invisibles


Le lendemain, Élise revint au bureau comme si de rien n’était. Son visage pâle était à peine maquillé, ses cheveux attachés avec soin, un tailleur gris effaçait toute trace de la nuit précédente. Quand elle parlait, c’était avec cette douceur presque inaudible, cette réserve qui faisait qu’on lui demandait parfois deux fois ce qu’elle avait dit.

Mais elle y repensait.

Tout le jour.

Au regard qu’elle ne voyait pas, mais qui était là.

Aux frissons sur sa peau quand elle avait levé le tissu, à cette manière dont le silence autour d’elle avait changé, chargé de tension. Elle avait quitté le passage tremblante — mais pas de peur.

Cette nuit-là, elle y retourna.

Il y avait de la pluie dans l’air, un crachin léger qui rendait les pavés brillants. Elle portait un trench beige, large, comme une barrière timide. Mais dessous, elle avait osé davantage : un body en résille fine, presque nue en dessous, et ses talons, noirs, élancés, cliquetaient sur les dalles comme des battements de cœur précipités.

Le miroir l’attendait. Les tags autour semblaient danser dans la lumière des réverbères. Et elle savait que quelqu’un était déjà là.

Ce n’était plus le simple jeu d’un regard volé. Elle sentait une présence. Plus précise. Moins floue. Elle ne distinguait qu’une ombre, assise peut-être, de l’autre côté, à l’orée de la pénombre.

Elle ne le regarda pas.

Elle s’approcha du miroir et, lentement, glissa le trench de ses épaules.

Le tissu tomba, révélant la dentelle tendue, le tulle presque transparent, les courbes offertes et vulnérables — mais sans honte. Ses mains tremblaient légèrement, pas de peur, non. D’excitation, d’ivresse. Le plaisir étrange de se montrer tout en restant intouchable.

Elle croisa son propre regard dans le miroir. Elle y lut sa propre timidité, encore là, mais sublimée. Elle n’était pas une autre. Elle était elle, toute entière, simplement... révélée.
Un mouvement, derrière.

L’ombre avait changé de place.

Plus proche.

Elle sentit le regard posé sur sa peau nue, sur la ligne fragile de ses omoplates, sur la courbe de sa hanche qu’elle dévoila un peu plus en pivotant. Elle ne dit rien. Ne sourit pas. Mais une chaleur naquit en elle, intense. Elle n’avait jamais eu besoin d’un mot. Juste du silence. Juste du regard.

Puis elle remit son trench. Bouton après bouton.

Et partit.

Sans jamais tourner la tête.


Le miroir du passage – Partie 3 : L'inconnu


Elle avait promis que ce ne serait qu’un jeu.

Un simple théâtre de regards et de silences. Rien de plus. Jamais. Le contrôle était dans la distance, dans l’invisibilité mutuelle, dans le fait qu’elle n’aurait jamais à assumer… ce qu’elle osait dévoiler.

Et pourtant, ce soir-là, quelque chose avait changé.

Dès qu’elle avait franchi la grille rouillée qui menait au passage, elle l’avait senti. Le frisson n’était plus celui d’un simple observateur tapi dans l’ombre. Non. Il y avait quelque chose de plus... dense. Plus présent.

Elle hésita.

Un pas, puis deux. Elle portait une robe rouge ce soir. Très courte, sans manches. Son manteau ouvert laissait déjà entrevoir la naissance de sa poitrine. Elle n’avait mis ni soutien-gorge, ni culotte. Une audace folle, même pour elle. Elle voulait sentir le vertige. Sentir le risque. Flirter avec la ligne.

Le miroir était là. Fidèle. Un peu plus sale, fissuré, mais toujours complice.
Et lui, il était là aussi.

Pas une ombre cette fois.

Un homme. Silencieux, debout à quelques mètres, dans l’ombre bleutée d’un lampadaire mourant. Il ne bougeait pas. Ne s’avançait pas. Mais il ne se cachait plus. Et elle… elle non plus.
Elle retira son manteau sans le regarder.

Le tissu glissa de ses épaules, tomba à ses pieds. Le vent nocturne frôla sa peau nue, et elle en frissonna, les yeux fixés dans le miroir. Sa robe courte montait à chaque souffle, et elle ne fit rien pour la retenir. Son reflet était celui d’une femme offerte à la lumière, mais dont le regard restait bas, fuyant. Éperdument timide.

Puis elle leva les yeux. Pas vers lui. Vers son propre reflet.

Elle vit alors, dans la vitre fêlée, son regard à lui. Il ne la dévorait pas. Il la découvrait. Lentement. Comme on découvre un secret trop fragile pour être touché.
Elle tourna enfin la tête. Leurs regards se croisèrent.
Un instant suspendu. Le temps, comme figé.

Et lui… s’agenouilla.

Pas un mot. Rien d'agressif. Juste une offrande de silence. Une manière de dire je ne viens pas prendre, je suis là pour voir ce que tu choisis de me donner.

Elle s’approcha. Lentement. La robe effleurant le haut de ses cuisses.

Arrivée à sa hauteur, elle tendit la main. Tremblante. Il ne bougea pas. Puis elle effleura ses cheveux du bout des doigts. Un geste tendre. Incroyablement intime, malgré la nudité.

Et elle dit, dans un souffle à peine audible :
— Ne me touche pas.

Il hocha la tête.

Elle se pencha, murmura à son oreille :
— Mais regarde-moi. Jusqu’au bout.

Puis elle recula, doucement. Ramassa son manteau. Remit la robe en place, sans hâte. Et repartit.

Cette nuit-là, elle ne rentra pas tremblante.

Elle rentra brûlante.

Vivante.

Dévoilée, mais jamais vaincue.


Le miroir du passage – Partie 4 : Le basculement


Il pleuvait fort cette nuit-là.

Pas le petit crachin discret des autres soirs, non. Une pluie lourde, qui frappe le bitume avec une obstination rageuse. Le genre de pluie qui lave, ou qui emporte.

Élise avait hésité.

Tout son corps était contre l’idée d’y aller. Trop visible, trop dangereux, trop... réel. Pourtant, elle y pensait depuis deux jours, depuis cette nuit où l’homme s’était agenouillé devant elle, sans un mot. Elle avait cru maîtriser ce moment. Elle l’avait voulu silencieux, symbolique, distant.

Mais quelque chose s’était réveillé.

Un regard qui restait en elle, même après qu’elle avait claqué la porte de son appartement.
Une présence invisible dans son lit, sur sa peau.

Un feu.

Ce soir, elle n’avait rien mis sous son imperméable noir. Rien.

Elle marchait nue, le cœur battant, l’eau ruisselant déjà sur ses cuisses quand elle atteignit le passage. Le miroir semblait se dissoudre dans la brume. L’homme était là.

Mais pas seul.

Une deuxième silhouette. Une femme. Jeune, elle aussi. Vêtue simplement. Pas provocante. Juste... curieuse. Élise sentit un vertige. C’était son lieu. Son jeu. Elle voulut faire demi-tour. Partir. Redevenir invisible.

Mais ses jambes la trahirent. Elle avança.

Elle s’arrêta à quelques mètres d’eux. L’homme l’avait vue. La femme aussi. Personne ne parlait. L’eau ruisselait sur les visages et les cils. Les souffles étaient courts. L’air était électrique.

Alors Élise fit le seul geste qu’elle connaissait. Elle ouvrit lentement son manteau.

Le tissu trempé s’écarta, dévoilant son corps nu, offert à la pluie, à la nuit, à eux. Sa peau frissonnait. Elle ne tremblait pas de froid, mais de tension. D’orgueil. De peur, peut-être. Mais elle ne s’arrêtait pas.

La femme fit un pas en avant.

Puis un autre.

Elle ne disait rien. Mais dans ses yeux, Élise lut autre chose. Pas du jugement. Pas du désir brut. Une sorte de compréhension. Une reconnaissance. Comme si elle aussi connaissait cette ligne entre la pudeur extrême et la violence de s’en affranchir.

Alors Élise lâcha son manteau. Il tomba dans une flaque noire.

Elle était nue, vulnérable, mais étrangement invincible. Et pour la première fois... elle n’avait plus besoin du miroir. Elle ne voulait plus juste être vue. Elle voulait être vue pour ce qu’elle était vraiment. Toute entière. Plus seulement une image.

La femme tendit la main.

Et Élise, cette fois, la prit.


Le miroir du passage – Partie 5 : L’après


La pluie a cessé.

Mais Élise ne rentre pas tout de suite.

Elle marche, le manteau encore mouillé entre les doigts, traînant comme une mue trop lourde. La main de la femme est encore dans la sienne. Chaude. Présente. Elle ne sait rien d’elle, pas même son nom, mais ce n’est pas important. Elle sait ce regard. Ce besoin. Cette frontière invisible entre la terreur d’être vue et le vertige de l’être enfin.

Elles ne parlent pas. Elles n’ont pas besoin de mots.

Leur silence est doux, plein de respect.

Quand elles arrivent devant l’immeuble d’Élise, celle-ci hésite. Le hall vide, le couloir tiède, l’ascenseur au miroir banal… tout lui semble soudain trop étroit. Elle ne veut pas enfermer cette nuit dans ses murs blancs. Elle a peur qu’en refermant la porte, tout disparaisse. Que le feu retombe.

Mais la femme pose doucement la main sur son bras, et la regarde. Et dans ce regard, Élise lit ce qu’elle n’avait pas osé espérer : tu n’es plus seule.

Alors elle ouvre.

Monte l’escalier.

Ouvre la porte de son studio.

Le parfum de musc et de lilas est encore là. Mélangé à l’odeur de pluie sur leur peau.

Élise allume une seule lampe. Une lumière chaude. Rasante. Elle ne dit rien. Elle n’ose pas.
Elle retire son manteau. Lentement. Elle est toujours nue. Fragile. Mais elle ne tremble pas.
La femme la regarde, simplement. Sans appétit. Sans conquête. Comme on regarde une vérité qu’on reconnaît enfin. Puis elle s’approche, lentement, comme pour ne pas effrayer une bête magnifique. Ses doigts viennent frôler la clavicule d’Élise, puis s’arrêtent.

— C’est toi, dit-elle. Juste ça.

Élise ferme les yeux.

C’est la première fois qu’on la voit vraiment.

Et pour la première fois, elle s’autorise à être touchée.

Pas comme un corps à conquérir.

Mais comme une peau à comprendre.

Cette nuit-là, le miroir ne lui manque pas.

Elle n’a plus besoin de se regarder pour exister.

Car elle sait, maintenant, que ce qu’elle montre… vit aussi dans les yeux qui la voient.
Et dans le silence, brûlant et pur,

elle devient entière.


Le miroir du passage – Partie 6 : L’éveil


Le matin s'est levé sans prévenir.

Élise ne dormait pas. Allongée sur le dos, nue sous les draps, elle observait la lumière grise filtrer à travers les volets. La femme était partie avant l’aube, sans un mot. Elle avait laissé un souffle contre sa joue, un dernier regard, puis le vide.

Et pourtant, il ne manquait rien.

Pas de regrets. Pas de manque.

Seulement un silence plein.

Au bureau, Élise croise les mêmes regards distraits. On lui demande deux fois si elle veut du café. On lui tient la porte sans la regarder.

Mais en elle, quelque chose s’est déplacé.

Ce n’est pas visible. Pas encore.

Mais elle le sent.

Elle regarde les autres avec une distance tranquille. Elle n’envie plus leur aisance sociale, leur voix claire. Elle ne veut plus se fondre. Elle n’attend plus qu’on la voie. Elle s’est vue.
Le midi, dans les toilettes du bâtiment, elle se regarde dans le miroir froid, éclairé par des néons crayeux. Son reflet est sage : tailleur noir, chignon strict, regard baissé. Mais elle sourit.

Un vrai sourire.

Car sous ses vêtements, elle est nue.

Pas dans le sens physique.

Dans le sens essentiel.

Rien à cacher. Rien à prouver.

Elle rentre plus tôt ce soir-là. Elle n’ouvre pas l’armoire. Elle n’a besoin de rien d’extravagant. Elle boit du thé. Elle allume une bougie. Et elle écrit.

Pas un journal.

Un texte. Un souffle. Un aveu.

Elle ne sait pas encore à qui elle s’adresse.

Mais les mots coulent. Comme s’ils attendaient depuis des années.

Et dans l’ombre douce de son studio, elle comprend :

ce n’était jamais un jeu.

C’était un appel.

Et quelqu’un a répondu.


Le miroir du passage – Partie 7 : Ce qu’il reste de la nuit


Quelques semaines ont passé. Le passage est toujours là.
Mais elle n’y est pas retournée.

Elle y pense. Souvent. Pas avec nostalgie. Avec une forme d’interrogation calme. Est-ce que le lieu a changé, lui aussi ? Ou Est-ce elle, qui ne le regarde plus de la même façon ?
Puis une nuit, sans préméditation, elle y retourne.

Elle n’a rien préparé. Ni tenue spéciale. Ni mise en scène. Elle porte un jean et un pull trop large, une veste simple. Pas de maquillage. Pas d’artifice.

Le vent souffle fort.

Le passage est vide.

Le miroir est toujours là. Plus sale que jamais. Une nouvelle fêlure traverse la surface, comme une cicatrice. Elle s’en approche. Son reflet est flou, brisé, éparpillé. Mais elle s’y reconnaît.

Elle reste là. Longtemps.

Sans jouer.

Sans poser.

Puis elle entend un bruit. Des pas. Un souffle. Quelqu’un. Peut-être deux.

Son cœur s’accélère — pas de peur. De mémoire.

Une silhouette approche.

Mais cette fois, elle la regarde dans les yeux.

Pas de théâtre. Pas de rôle.

Elle est simplement là.

La silhouette s’arrête.

Un homme, peut-être. Ou une femme. Elle ne sait pas. Il ou elle ne dit rien. Ne bouge pas.
Alors Élise parle.

— Ce n’est plus pour vous que je viens ici.

Un silence.

Puis elle tourne les talons, sans hâte.

Elle ne se déshabille pas. Elle n’a rien à montrer.

Tout a déjà été vu.

Et au moment où elle quitte le passage, elle comprend ce qui a changé.

Ce n’est plus le regard des autres qui l’éveille.

C’est le sien, posé sur elle-même. Intransigeant, doux, inaltérable.

Elle ne cherche plus à être vue.

Elle se regarde.

Et c’est assez.


Le miroir du passage – Partie 8 : L’autel


Élise n’est plus retournée sous le métro.

Elle n’en a plus besoin. Le passage est en elle maintenant.

Mais il lui manque une chose.

L’instant suspendu. La tension.

Le frisson du silence habité, de la lumière qui frôle la peau, de la retenue qui hurle sans bruit.

Alors elle invente un autre lieu.

Dans son appartement, elle a vidé la pièce vide au fond du couloir. Ancien débarras, murs bruts, parquet râpé. Elle l’a transformée.

Une lumière basse.

Un grand rideau noir, épais, qui couvre tout un mur.

Un matelas bas, recouvert d’un drap de lin sombre.

Et, face au rideau… un fauteuil.

Isolé. Unique.

Elle n’y amène pas n’importe qui.

Pas un amant. Pas une conquête.

Un spectateur.

Quelqu’un qu’elle a choisi. Trié. Intuitivement. Par le silence dans ses yeux. Par la façon qu’il ou elle a de ne pas exiger.

Le premier soir, elle lui demande de s’asseoir.

Elle ne parle pas.

Elle ferme la porte.

Et elle joue.

Pas pour séduire. Pas pour plaire.

Pour elle. Pour sa peau. Pour son souffle.

Elle se déshabille lentement. Pas tout à fait. Juste assez.

Elle danse parfois, ou reste immobile, jambes légèrement ouvertes, respirant plus fort. Elle frôle ses cuisses, s’effleure les seins, passe les doigts sur son ventre. Tout est précis. Contrôlé. Orchestré.

Elle est son propre rituel.

Elle ne se masturbe pas.

Pas encore.

Le regard suffit.

Elle sent la chaleur monter dans son ventre, ses tempes, ses poignets. Elle est nue, à demi assise sur le sol, le dos cambré, les cuisses ouvertes, et ce souffle qu’elle entend face à elle — ce souffle qui retient sa propre envie — c’est ça qui la traverse.

Elle vient presque, sans être touchée.

Par l’intensité du regard.

Par le fait d’oser.

Quand elle sent que le corps en face d’elle est prêt à imploser, elle s’arrête.
Elle se lève.

Ramasse ses vêtements.

Et dit, sans sourire :

— Tu peux partir maintenant.
Personne ne la touche.

Jamais.

Pas sans son mot.

Pas dans cette pièce.

Car ici, elle est déesse. Offrande et loi. Pulsion et règle.

Les nuits suivantes, d'autres viennent. Jamais plus d’un.

Des hommes. Des femmes. Parfois jeunes, parfois plus âgés.

Certains ne reviennent pas. D’autres oui.

Elle n’explique rien. Elle vit.

Et dans cette pièce sans miroir, elle atteint un autre niveau.
Elle ne se regarde plus.

Elle se ressent.

Entière. Osseuse. Incontrôlable.

Et quand elle jouit — seule, parfois, dans le silence revenu —
c’est sans honte.

Avec cette phrase en elle :

Je suis le spectacle, la scène et le feu.


Le miroir du passage – Partie 9 : Le seuil


Un soir, elle a choisi un homme plus jeune.

Presque trop. Vingt-deux ans peut-être.

Un stagiaire de l’entreprise d’à côté. Yeux sombres, voix basse, mains nerveuses.
Elle l’a vu trembler quand elle a croisé son regard dans l’ascenseur.

Elle l’a entendu respirer plus vite quand elle s’est penchée pour ramasser un stylo.

Elle a su.

Il ne l’a pas suivie. Elle l’a appelé.

Une voix simple, directe. Une heure. Une adresse. Pas de questions.

Il est venu.

La pièce était prête. La lumière, plus basse encore.

Le fauteuil plus proche cette fois. À un mètre à peine du matelas.

Elle ne l’a pas salué.

Elle a fermé la porte, lentement, à clé.

Puis elle s’est retournée.

— Tu t’assieds. Tu ne parles pas. Tu ne bouges pas.

Il a obéi. Il a déjà chaud. Il le cache mal.

Elle commence.

D’abord lentement. Une robe noire. Aucune lingerie.

Elle s’accroupit devant lui, sans le toucher. Elle respire contre lui. Il sent son souffle chaud sur sa gorge.

Elle lui murmure :

— Tu ne dois rien faire. Rien du tout. Même si tu en meurs d’envie
.
Il hoche la tête.

Elle voit déjà la tension dans son pantalon.

Elle s’éloigne. Et commence le vrai jeu.

Elle s’allonge. Écarte les jambes. Lentement.

Ses doigts se posent entre ses cuisses.

Elle se touche. Profondément. Longtemps.

Pas pour lui. Pour elle. Mais devant lui.

Elle gémit. Une fois. Fort. Puis encore.

Son regard glisse sur lui, impitoyable. Elle sent qu’il est au bord. De l’explosion. De la désobéissance.

Elle sourit.

— Tu veux que je continue ?

Il ne répond pas.

Elle répète, plus bas, plus rauque :

— Tu veux que je jouisse devant toi ?

Il murmure oui. Une supplication.

Alors elle s’arrête net.

Et dit :

— Non.

Elle se lève. Va vers lui. Se penche.

Lui prend le visage entre les mains. Doucement.

Puis, d’un geste rapide, lui attache les poignets avec une fine ceinture de soie sortie de sa poche.

Il tressaille. Il ne dit rien. Mais son regard est en feu.

Elle l’allonge à son tour.

Lentement.

Elle s’assied sur lui, nue, brûlante. Mais ne le pénètre pas.

Elle bouge. Juste ce qu’il faut. Frotte. Glisse. Halète.

Ses mains liées tremblent. Sa bouche veut parler.

Elle lui couvre la bouche avec sa main.

— Tu n’as pas le droit de jouir. Tu comprends ?

Il acquiesce, yeux écarquillés.

Alors elle jouit contre lui, tremblante, en silence, la tête rejetée en arrière.

Un orgasme long, profond, tendu comme un arc.

Puis elle descend de lui.

Elle l’essuie. L’habille à moitié. Détache ses poignets.

Il ne parle toujours pas.

Il ne sait pas s’il a été puni ou récompensé.

Elle se rhabille. Tranquillement.

Avant de lui ouvrir la porte, elle dit simplement :

— La prochaine fois, tu pleureras.

Et elle referme.

Elle est au seuil.

Plus rien ne la contient.

Ce qu’elle veut, maintenant ? Ce n’est plus être désirée.

C’est détruire le silence des autres.

Et reconstruire, à sa façon, leur abandon.


Le miroir du passage – Partie 10 : L’autel noir


Ils sont maintenant plusieurs à être venus.

Parfois seuls. Parfois en duo.

Toujours choisis. Toujours testés.

Certains ont pleuré. D’autres ont joui sans qu’elle ne les touche.

Un ou deux ont désobéi. Ils ne sont jamais revenus.

Elle n’a pas eu besoin de les exclure.

Leur honte les a expulsés.

Elle ne les appelle plus.

Ils viennent d’eux-mêmes.

Un message. Une phrase simple : “L’autel est ouvert.”

Alors ils savent.

Ils s’agenouillent en silence dans la pièce.

Elle les attend. Debout. Nue. Peinte parfois.

Une ligne rouge sur le ventre. Une étoile au creux de la hanche.

Ses rituels sont plus étranges, plus intenses.

Elle ne les touche presque jamais.

Elle dicte. Ordonne. Punie. Offre.

Un soir, ils sont trois.

Deux hommes, une femme. Tous muets.

Elle les fait s’allonger, dos contre le sol.

Leurs yeux bandés.

Ils sont tous attachés, jambes écartées, bras liés au sol par de simples rubans noirs.

Elle tourne autour d’eux. Lentement.

Un bol d’eau tiède, parfumée au bois et à la cendre, à la main.

Elle les lave.

Chaque doigt. Chaque sexe. Chaque pli de peau.

Pas comme une amante.

Comme une prêtresse.

Comme si elle lavait le péché de leur désir même.

Elle murmure des mots sans sens. Des prières qu’elle invente.

Des sons doux et terribles, presque inhumains.

Puis elle s’assoit sur le ventre de l’un d’eux, nue, haletante, les yeux fermés.

Elle se touche sans pudeur. Longtemps. Jusqu’à trembler.

Et au moment de jouir, elle crie un mot qu’aucun ne comprend.

Elle pleure.

Pas de tristesse. Pas de douleur.

Elle pleure parce qu’elle sent qu’elle est allée trop loin.

Et qu’elle ne veut pas revenir.

Après, elle les fait partir.

Elle reste seule.

Dans la pièce silencieuse, encore pleine de chaleur, de peau, de sexe, de rituels brisés.

Elle s’assoit. En tailleur. Nue.

Ferme les yeux.

Et elle le sent : ce n’est plus un jeu.

Ce n’est plus une scène.

Ce n’est plus une offrande.

C’est une transmutation.

Ce corps timide qu’elle cachait sous des cardigans beiges est devenu un autel noir.

Un lieu où d’autres viennent mourir un peu.

Et renaître.

Mais elle, qui la regarde maintenant ?

Elle, à qui appartient-elle encore ?

Et soudain…

Elle a peur.


Le miroir du passage – Partie 11 : L’éclat


Quelque chose a changé.

Ce n’est pas visible.

Mais Élise le sent.

Les derniers rituels ont laissé une trace différente. Pas un feu. Une fatigue.

Un vide après l’extase. Un silence qui n’apaise plus.

Elle regarde les messages qu’on lui envoie.

Ils sont nombreux. Suppliants. Dociles.

Mais elle ne ressent plus rien.

Plus de tension dans le bas-ventre.

Plus de fièvre dans le geste.

Ce soir-là, elle veut quand même essayer.

Un seul invité. Une femme. Belle, affirmée, plus âgée qu’elle.

Elle a dit, dans son message : Je ne me soumettrai pas, mais je veux comprendre pourquoi tant le font.

Élise a accepté. Curieuse. Un peu irritée.

La femme entre. Elle regarde la pièce sans crainte.

Elle sourit.

Élise la fait asseoir, comme d’habitude.

Elle ferme la porte.

Et commence.

Mais rien ne marche.

La voix d’Élise tremble. Son regard se détourne.

Ses gestes manquent de précision.

La femme la regarde. Vraiment. Pas avec soumission, ni désir. Avec une lucidité nue.

— Tu es fatiguée, dit-elle calmement.

Élise ne répond pas.

— Tu n’as pas besoin d’un témoin. Tu as besoin d’un miroir qui te résiste.

Et là, tout craque.

Élise tombe à genoux. Pas en offrande. En effondrement.

Elle pleure. Vraiment. Pas les larmes esthétiques d’après le plaisir.

Des sanglots lourds. Des spasmes incontrôlés.

Elle a cru dominer le regard.

Mais elle s’est enfermée dedans.

Elle a voulu créer un monde.

Mais elle n’en est plus que la gardienne.

— Je ne sais plus qui je suis, souffle-t-elle.

La femme s’agenouille en face d’elle. Ne la touche pas.

Mais dit doucement :

— Ce n’est pas toi qu’on veut. C’est le feu que tu fais naître.

— Et s’il est éteint ?

— Alors il faut redevenir flamme, pas torche.

Le silence revient.

Élise se sent nue. Vraiment nue. Pas dans la lumière. Pas dans la chair.

Nue dans le sens d’être vue… sans pouvoir.

Et c’est ça, la vraie peur.

Pas de ne plus exciter.

Mais de ne plus se reconnaître.

Elle se lève. Tremblante.

Elle n’ouvre pas la porte.

Elle la pousse. Et sort.

Pas un mot de plus. Pas un regard.

Cette nuit, elle ne rentre pas chez elle.

Elle marche. Longtemps.

Jusqu’au passage. Le vrai. Sous le métro.

Le miroir est toujours là.

Sale. Fendu. Fatigué.

Elle s’y regarde.

Et ne voit rien.

Rien qu’un corps. Un visage. Un vide.

Alors elle fait un geste qu’elle n’avait jamais osé.

Elle frappe.

Le miroir. Une fois. Deux. Jusqu’à ce qu’il cède. Jusqu’à ce que l’éclat tombe.

Elle se coupe la main. Le sang coule. Rouge, vivant.

Et dans cette douleur… elle se retrouve.
Pas toute. Mais une partie.

Elle s’assoit, nue dans la pluie, au milieu des éclats.

Et pour la première fois depuis longtemps, elle ne joue plus.

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