Les filles ont leurs jeux
Récit érotique écrit par Misa [→ Accès à sa fiche auteur]
Auteur femme.
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Histoire érotique Publiée sur HDS le 30-03-2014 dans la catégorie Entre-nous, hommes et femmes
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Les filles ont leurs jeux
(Ecrit à partir de : « Ce mot-là compte triple » de Jpj)
Cette histoire, presque cette histoire, on vous l’a déjà racontée. Oubliez !
Ça ne s’est pas passé comme ça !
Croyez-moi, vous me connaissez !
La voilà, la vraie histoire …
C’est un accord tacite : nous serrer les coudes, nous protéger. Les tenir à l’écart ? Un peu, pour le jeu. Faire en sorte que ce jeu soit le nôtre, pas le leur.
Comme si on ne savait pas, qu’ils nous reluquent, qu’ils nous matent en douce.
Les filles de bureau, c’est comme leur terrain de chasse ! Il font obsession de séduire, d’œillades et de sous-entendus, racontent leurs exploits et font leurs biceps plus gros qu’ils ne sont.
Comment on le sait ? Parce que toutes on reluque, toutes on mate. En douce.
Mais il ne faut rien montrer, inverser le jeu.
Bon, honnêtement, il y en a quelques-unes parmi nous qui s’aiment en gibier, qui excitent les ardeurs d’un sourire racoleur, d’un décolleté généreux ou de minauderies.
Ce n’est pas le même jeu pour toutes. Moi je ne joue pas comme les autres. Mon jeu à moi ? Différent …
Le quotidien, pour les filles de bureau, c’est deux mondes qui se croisent, et elles au milieu.
Il y a les bleus De temps en temps, pour un message à porter, une note de service à afficher, l’une ou l’autre d’entre nous, on tire au sort, va faire voler ses jupes et claquer ses talons devant les gars d’atelier, sur leur terrain, pour le frisson à leurs yeux qui nous réchauffent la peau, et raconter après aux copines.
Le quotidien c’est aussi les cols blancs. Un jeu plus compliqué, plus risqué aussi, certaines s’y sont brûlées. Alors solidarité. Les filles vivent à côté, au contact dans les bureaux ou à la machine à café, subordonnées, et elles jouent, un peu, avec le feu quelquefois, en retenue souvent.
Et puis viennent les stagiaires. Des p’tits gars empruntés au début, qui connaissent pas les règles. Très vite on sait tout d’eux, les interphones crépitent.
Cette année la fournée stagiaires est maigre. Trois seulement à l’approche de vacances de Noël, des petits jeunes pas encore diplômés qui viennent tout timides faire leurs premières armes.
Et un parmi eux.
Quand au self je prenais mon plateau, il était là ; je m’asseyais, il prenait une table pas loin, un peu de profil, un peu en arrière, jamais loin.
Il traînait à la machine à café, dans un coin, attendait, un petit sourire au début et regardait ses pieds quand les copines arrivaient.
Un petit sourire le soir devant la pointeuse, et son regard vite détourné.
Il me regardait moi, se redressait et tournait la tête quand nos regards se croisaient, rougissait un peu.
Toutes on avait remarqué cet intérêt qu’il me portait, et ça faisait rire les filles.
Elles disaient « pourquoi toi ? t’en ferais quoi ? c’est quand même bête ! t’as fait quoi ?». Il leur plaisait bien, aux filles, avec son air timide et ses joues rouges ; mais c’est moi qu’il regardait par-dessous.
Elles ont tout essayé pour détourner ses regards de moi. La jupe relevée bien haut sur les cuisses à la machine à café pour montrer un bas filé, le crayon sucé entre des lèvres gourmandes avant de lui tendre le dossier qu’il cherchait, le bouton défait du chemisier pour des dentelles coquines exposées, dans le couloir le courrier répandu au sol ramassé jambes raides croupe offerte.
J’ai joué aussi, parce que les filles voulaient.
Elles se sont fait une raison.
Celui qu’elles suivaient des yeux à travers les cloisons vitrées sur leurs chaises de bureau pivotantes à roulettes ne voyait rien de leurs jeux, ne ralentissait le pas qu’en passant devant mon bureau.
Quand une pièce tombait à la machine à café, il ne la ramassait que si c’était la mienne.
Si le soir il pleuvait au moment de quitter les bureaux, c’est moi qu’il abritait de son parapluie jusqu’à ma voiture.
Elles savaient toutes, c’était décidé. Lui ne savait pas encore. On riait « pauvre garçon ! s’il savait », « il serait pas le premier », « t’es sérieuse ? ».
Même à elles je n’avais pas tout dit.
C’était Noël. La direction recevait, pour nouer les liens, esprit d’entreprise, tout le tralala du discours des patrons, si on picole et qu’on rigole ensemble une fois dans l’année, tous mélangés, on bossera mieux après, qu’ils disaient. Convivialité.
Nous, les filles de bureau, ce mélange nous allait. Et pour moi, cette soirée arrivait pile au bon moment. Un signe, non ?
Mon stagiaire était là, bien sûr. Il tournait en rond, picorait au buffet, jamais loin. Nous on faisait groupe, on regardait, entre nous.
D’autres dansaient mais pas lui. J’attendais. Il picorait des olives au buffet, toujours le même verre en main, des bulles de Noël, échangeait quelques mots d’un groupe à l’autre, s’échappait, retournait au buffet.
Je m’étais éloignée du groupe des filles de bureau, pour laisser une ouverture, une opportunité, nos regards se croisaient, un sourire, et ses yeux détournés. Il ne viendrait pas, ne ferait rien. Timide, oui. Joueur aussi, sûrement.
Faut savoir ce qu’on veut … et moi je savais.
Le buffet. Une assiette de canapés devant lui, je me suis approchée, ma hanche contre la sienne et le bras tendu pour un canapé de saumon, une pichenette pour chasser le morceau de citron dessus, il riait, passait son bras au-dessus du mien et piochait dans un bocal d’olives, son épaule contre la mienne.
J’ai mangé le saumon, reposé le morceau de pain dessous dans l’assiette où il posait les noyaux d’olives qu’il crachait dans sa main, et toujours contre ma hanche la sienne, ma petite robe légère contre son pantalon, nos cuisses dessous qui jouaient, et la poche de son pantalon, un contact dur :
— Vos clés de voiture ? Moi je suis à pied aujourd’hui.
Il s’est écarté un peu pour sortir ces clés, les ranger dans l’autre poche, et d’un pas j’ai suivi, ma hanche contre sa cuisse, il riait.
— Vous n’auriez pas dû les ranger ! Vous ne dansez pas, moi non plus …
Pas très entreprenant, mais il comprenait vite, et s’il voyait mes copines cacher leurs rires sous leurs mains, il n’en a rien montré.
Il a pioché une dernière olive et sans me regarder :
— Vous avez un manteau ?
Elles n’y avaient pas cru « Pas toi ! » et ouvraient de grands yeux ébahis en nous voyant partir vers le vestiaire. Même à ses copines on ne dit pas tout, surtout à ses copines …
Plus un mot. On marchait d’un même pas, sans nous presser, nos bras se frôlaient. Ses grandes mains lissaient sur mes épaules le manteau qu’il tenait pour moi. Il riait quand j’ai noué mon écharpe autour de son cou.
Il hésitait malgré tout, avait peut-être un doute, et en jeune-homme bien élevé préparait une question sur notre destination en s’installant au volant. J’ai pris les devants :
— Si vous habitez loin, vous devriez mettre du chauffage.
Sa main tremblait un peu en tournant la clé de contact, et il a mis le chauffage à fond.
Un studio de garçon. Une valise ouverte à côté du canapé-lit aux draps froissés, un bol et un paquet de gâteau sur la table de chevet, des chaussettes et un slip qu’il a poussés du pied sous le lit en haussant les épaules, un plateau de scrabble sur la table basse au milieu de la pièce, quelques mots déjà alignés.
— Je peux ?
Je me suis agenouillée sur l’épais tapis devant la table en verre et j’ai débarrassé le plateau, remettant les lettres dans le petit sachet de tissu noir, en ai tiré sept que j’ai disposé sur le présentoir avant de lui tendre le sachet.
Il s’est installé face à moi assis en tailleur, a choisi ses lettres.
Je n’ai pas fait exprès au début.
Je m’étais assise en tailleur comme lui pour jouer. Pour poser des verres et une bouteille de vin blanc sur la table de verre, il avait décalé le plateau de jeu sur un côté, et souvent son regard se perdait dans l’ouverture de mes jambes sous ma robe qui glissait de mes genoux sur mes cuisses.
Il essayait d’être discret à étirer de deux doigts le pantalon qui le serrait plus qu’au début de la partie, discrète aussi j’encourageais d’un coude ma robe à glisser, désolée de n’avoir qu’un collant pas très sexy à lui proposer.
En fin de partie, il réfléchissait les joues au creux de ses mains, son regard allait de ses lettres au puits noir sous ma robe.
Il a posé « CHAUD » avec le « H » de « KHOL » qui m’avait fait un joli score ‘Mot compte triple’.
— C’est vrai !
Il riait quand pour valider son mot, j’ai pivoté, me suis soulevée pour dégager ma robe et mains aux hanches, en me trémoussant j’ai enlevé mon collant et repris ma place à la table de jeu.
Vision offerte et à-propos en réponse à son mot ont étiré d’un sourire ses joues rosies du triangle blanc exposé sous la robe tendue d’indiscrétion sous la table de verre.
Bras croisés, sourcils levés en interrogation muette, je souriais d’attente en posant au-dessus de son « U » une seule de mes lettres, renonçant aux points à marquer pour voir s’il saurait faire montre du même à-propos que moi.
Sourcils levés et lippe boudeuse, il regardait ce « NU » apparu sur le plateau en partageant entre nos verres ce qu’il restait du Petit Chablis, et ses yeux voyageaient, du plateau de jeu au collant roulé en boule sur la table, du triangle blanc sous ma jupe à mes lèvres mordues de rire.
Sa chemise d’abord, son pantalon ensuite. Il a dû se lever pour lui et s’est rassis en gardant son boxer, ses chaussettes aussi. Un soupir, un sourire, parce que je gardais les bras croisés, j’attendais.
Une fesse décollée du tapis puis l’autre, le boxer a glissé ; au passage, les chaussettes ont suivi.
C’est bien, ces tables en verre : je m’en doutais déjà, je lui plaisais.
Il avait un « E » sur sa réglette qui aurait pu me dévêtir, il a préféré poser un « Y » encombrant pour un mot ‘Compte double’. Son « YDILLE » me semblait un projet peu conforme à mes intentions et j’avais heureusement les lettres nécessaires pour réfréner son ambition : j’ai posé « IT » à la suite du « NU » qui me permettait de constater que ce jeune-homme avait de belles dispositions.
Ne restait devant moi qu’un « Q » et un « W » que je n’avais pas utilisés jusque-là et que j’ai retournés. J’aurais aimé avoir un « S » à retourner, qu’il comprenne que cette « NUIT », au singulier, était volontaire.
J’ai fini le verre de Chablis. Il comptait les points pendant que dans son dos j’abandonnais ma robe et mon soutien-gorge au pied de son lit.
Fier de lui il entourait son score et levait son verre. Il s’est un peu étranglé, s’est mis à tousser. Peut-être en sentant mes seins dans son dos ? Peut-être parce que ma main se fermait sur son membre dressé ?
Je partais vers la salle de bain avant qu’il ne se soit retourné.
Il était assis au bord du lit, me regardait revenir et m’arrêter devant lui, tout près, debout entre ses genoux. J’ai retiré le drap qu’il avait tiré sur ses jambes et j’ai attiré son visage contre moi des deux mains plongées dans ses cheveux en désordre qui chatouillaient mes seins.
Je vous ai dit ? Il avait de belles dispositions, une sexe de taille honorable et fièrement dressé. Je n’ai pas eu besoin de beaucoup me pencher pour le prendre dans ma main et offrir mes seins à ses baisers.
…
Sophie m’avait dit « T’es sûre ? Tu le connais même pas ! ». Elle était venue un soir, à la sortie des bureaux, elle voulait le voir. Avant. Et « Et si … », elle avait beaucoup de « si », de questions, de petites rides sur le front depuis qu’on en avait parlé. Inquiète, un peu plus parfois, elle se cachait, des larmes gonflaient ses yeux, « C’est compliqué ».
Les mots étaient difficiles, retenus, méchants ? « Il te plaît, en fait ! », ils mordaient.
Moi je disais … j’essayais de calmer son inquiétude, peu importe les mots, ça aurait pu être elle, je comprenais, « Il repart bientôt … fin de stage … vendredi … la soirée … pile au bon moment ».
Elle savait tout ça.
Ce que je ne disais pas ? C’est qu’il y avait d’autres stagiaires en cette fin d’année, et bien sûr, lui, parce qu’il s’intéressait à moi, c’était si évident … parce que je l’avais encouragé, que je l’avais choisi lui. Ça je le disais pas. Oui, il me plaisait. Grand, un peu timide, un truc dans les yeux, une petite lumière et sa manière d’être, discret, sans draguer et pourtant toujours là, pas loin. Je jouais un peu avec lui, je ne voulais pas qu’il en regarde une autre que moi, je faisais ce qu’il fallait pour ça, je l’aguichais, sans le montrer aux filles du bureau, sans en parler à Sophie. Surtout pas.
Depuis quand ? Depuis bien longtemps je ne m’occupais plus de séduire. Et c’était bon ! Je me sentais coupable ? Oui ! Mais … c’était bien agréable ce jeu de séduction !
Après ? C’est vrai, il y avait cet après.
A Sophie je disais « Un mauvais moment à passer, ça compte pas … ça pourrait être toi, ça sera toi peut-être ».
Je mentais.
…
Dans la salle de bain, j’y pensais. Et puis je me suis fait une vilaine grimace dans la glace au-dessus du lavabo. Cette chaleur dans ma main … pourquoi j’avais fait ça ? Parce que j’en avais envie ! Parce que je sentais mon ventre battre, mes lèvres gonfler serrées dans ma culotte. Avant même pipi … j’étais mouillée.
Depuis quand ? Trois ans. C’était Pascal. Pas terrible à la fin, mais ça avait été bien.
Ce soir ? Ce soir je verrais bien, mais j’avais envie de lui, de son sexe, de ses mains sur moi.
Il avait éteint la lumière trop vive qui éclairait le plateau de jeu, ne laissant allumée que la petite lampe posé par terre à côté du lit. Ces lèvres sur mes seins, et lui tout chaud dans ma main, ses mains derrière mes genoux, qui remontaient doucement derrière mes cuisses, s’arrêtaient, remontaient, s’arrêtait juste avant ma culotte, je me disais « … j’aurais dû l’enlever … », il prenait son temps à goûter mes seins et moi je voulais qu’il les presse, qu’il serre mes fesses dans ses grandes mains et m’enlève cette fichue culotte.
Je voulais « … allez, allez … assez joué ! tu les sens pas mes tétons ? ils te disent pas assez fort que j’ai envie de toi ? », et puis c’était bon quand même ! Je riais et me mordais les lèvres en sentant une de mes jambes agitée d’un tremblement incontrôlable. Il attendait quoi ?
Ma main le serrait plus fort, caressait plus vite, et lui effleurait mes cuisses et promenait ses lèvres sur mes seins en résistant à la main dans son cou qui voulait presser sa bouche plus fort.
Je l’ai repoussé d’une main sur le torse pour l’allonger sur le lit et j’ai enlevé ma culotte moi-même, jetée au sol en bouchon, et je l’ai enjambé, son sexe dans ma main pour le guider, et tout de suite, tout au fond … sa bite toute raide et bandée au fond de ma chatte … ces mots-là pour dire mon envie du moment, mon impatience … baiser, je voulais baiser, et qu’il me baise, et qu’il jouisse en moi, tout au fond de moi.
Je me suis allongée sur lui, j’ai étendu mes jambes et en l’attirant de mes bras, j’ai basculé sur le côté, sur moi, je le voulais sur moi, mes jambes nouées autour de sa taille.
Il a joui bras tendus, à longs coups de reins au début et après, bloqué, arqué un instant dents serrées, et s’est allongé sur moi, se retenant des coudes. Qu’est-ce qu’il craignait ? De m’écraser sous son poids ? Mais c’est justement ce que je voulais, qu’il pèse et soit lourd, son ventre collé au mien et mes seins contre lui, son visage dans mon cou, et ses fesses dures sous mes doigts grands ouverts.
Il est resté immobile longtemps, sans débander vraiment, sans bouger, sa respiration dans mon cou où il posait de petits baisers se calmait.
Comblée ? Non … est-ce que c’était important … non. Mais j’étais bien quand même dans sa chaleur sous son poids.
Plus tard dans la nuit sous les draps il m’a caressée et m’a fait l’amour encore. Il s’est endormi emboîté dans mon dos de ses cuisses contre les miennes et son sexe contre mes fesses, son bras autour de ma taille.
Et puis le matin, encore. Je m’étais réveillée avant lui, j’avais enfilé sa chemise au retour de la salle de bain pour faire chauffer de l’eau, préparé dans un mug et un de nos verres de la veille le café soluble trouvé dans un placard. Pendant que l’eau chauffait, j’ai rempli de jus d’orange le second verre que j’ai partagé avec lui.
Il bandait. Je voyais la bosse de son sexe bandé sous le drap, pas surprise, tous les garçons bandent le matin, je m’en souvenais.
Il m’a basculé sur le lit et s’est collé à mon dos, m’a soulevé les hanches et a remonté la chemise sur mon dos. Il tenait mes seins à pleines mains en baisant. Me caresser … non, j’y avais pensé un instant, me donner du plaisir, et non … j’ai attendu qu’il prenne le sien.
…
Sophie disait « Et après ? ». Après … Après on avait pris une douche ensemble, debout dans la baignoire, il m’avait embrassée, caressée. Il ne m’avait pas embrassée avant.
Je ne lui ai pas dit.
J’ai dit à Sophie qu’il m’avait raccompagnée jusque sur la place, que j’avais attendu que sa voiture disparaisse avant de tourner le dos.
Elle voulait savoir, quoi, comment, mais retenait ses questions, hésitait. Elle était malheureuse et j’étais triste de la voir comme ça. Coupable. Je me sentais coupable.
« J’ai pas … pas eu de plaisir … c’était bien, enfin, il est gentil, mais j’ai pas … Sophie, s’il te plaît, viens … ».
Elle me tournait le dos et regardait la rue, le rideau écarté d’un doigt, les épaules crispées de tension.
Elle avait les yeux gonflées de larmes en se retournant « Plus jamais … que ça marche ou pas, plus jamais … c’est trop dur …».
— Et si un jour toi aussi tu veux un bébé ?
— … je sais pas …
— J’aurais dû l’amener ici, tu m’aurais tenu la main !
— T’es bête !
— Je crois que ça l’aurait pas dérangé …
Elle haussait les épaules et elle souriait enfin en refermant ses bras sur moi.
C’était un samedi, il faisait gris, on est restées un moment blotties sur le canapé, un peu empruntées, et elle m’a prise par la main.
On a passé le reste de la journée au lit. C’était bien.
Plusieurs fois elle posait la main sur mon ventre, ne disait rien, souriait. Pas la peine de parler.
Le soir on est allée dîner dehors. Je voulais la pizzeria en bas de chez nous mais elle voulait un bon steak, a choisi l’Hippo, dans la galerie commerciale à l’autre bout de la ville.
Eh oui ! De ces choses qui n’arrivent que dans les histoires ! On se dit : « Franchement ces auteurs ! C’est n’importe quoi ! » …
C’est elle qui l’a vu la première. Elle m’a donné un coup de coude, « C’est pas vrai ! C’est lui ! ».
Il était au comptoir, attendait une table en piochant des chips trop cuits et trop gras dans une panière en osier.
Une serveuse s’est approchée de nous : « Pour deux ? ».
Sophie m’a regardée, un sourire aux lèvres, « Pour trois, on est avec Monsieur ».
Une seconde ? Cinq ? C’était long, il est resté le bras levé, une chips à dix centimètres de sa bouche. Il l’a reposée sur le comptoir, ses yeux sur moi, sur Sophie, sur nos mains doigts croisés. Il riait.
— Vous êtes sa … son amie, on m’avait dit ...
Il tendait la main elle lui a fait une bise sur la joue :
— Sophie. On vous avait dit … ?
— Enchanté, Sophie … Vous jouez au Scrabble ?
… son sourire, cette petite lumière dans ses yeux … on lui avait dit …
Voilà ! C’est fini. Enfin non, justement, c’est pas fini ! Je voulais juste rétablir la vérité sur notre rencontre.
Ne croyez pas tout ce que vous lisez ! Que vous avez lu avant, je veux dire !
C’est comme ça que ça s’est passé et pas autrement, croyez-moi !
Depuis le temps, vous avez confiance en moi, non ?
Misa – 03/2014 / Ecrit à partir de : « Ce mot-là compte triple » de Jpj
Cette histoire, presque cette histoire, on vous l’a déjà racontée. Oubliez !
Ça ne s’est pas passé comme ça !
Croyez-moi, vous me connaissez !
La voilà, la vraie histoire …
C’est un accord tacite : nous serrer les coudes, nous protéger. Les tenir à l’écart ? Un peu, pour le jeu. Faire en sorte que ce jeu soit le nôtre, pas le leur.
Comme si on ne savait pas, qu’ils nous reluquent, qu’ils nous matent en douce.
Les filles de bureau, c’est comme leur terrain de chasse ! Il font obsession de séduire, d’œillades et de sous-entendus, racontent leurs exploits et font leurs biceps plus gros qu’ils ne sont.
Comment on le sait ? Parce que toutes on reluque, toutes on mate. En douce.
Mais il ne faut rien montrer, inverser le jeu.
Bon, honnêtement, il y en a quelques-unes parmi nous qui s’aiment en gibier, qui excitent les ardeurs d’un sourire racoleur, d’un décolleté généreux ou de minauderies.
Ce n’est pas le même jeu pour toutes. Moi je ne joue pas comme les autres. Mon jeu à moi ? Différent …
Le quotidien, pour les filles de bureau, c’est deux mondes qui se croisent, et elles au milieu.
Il y a les bleus De temps en temps, pour un message à porter, une note de service à afficher, l’une ou l’autre d’entre nous, on tire au sort, va faire voler ses jupes et claquer ses talons devant les gars d’atelier, sur leur terrain, pour le frisson à leurs yeux qui nous réchauffent la peau, et raconter après aux copines.
Le quotidien c’est aussi les cols blancs. Un jeu plus compliqué, plus risqué aussi, certaines s’y sont brûlées. Alors solidarité. Les filles vivent à côté, au contact dans les bureaux ou à la machine à café, subordonnées, et elles jouent, un peu, avec le feu quelquefois, en retenue souvent.
Et puis viennent les stagiaires. Des p’tits gars empruntés au début, qui connaissent pas les règles. Très vite on sait tout d’eux, les interphones crépitent.
Cette année la fournée stagiaires est maigre. Trois seulement à l’approche de vacances de Noël, des petits jeunes pas encore diplômés qui viennent tout timides faire leurs premières armes.
Et un parmi eux.
Quand au self je prenais mon plateau, il était là ; je m’asseyais, il prenait une table pas loin, un peu de profil, un peu en arrière, jamais loin.
Il traînait à la machine à café, dans un coin, attendait, un petit sourire au début et regardait ses pieds quand les copines arrivaient.
Un petit sourire le soir devant la pointeuse, et son regard vite détourné.
Il me regardait moi, se redressait et tournait la tête quand nos regards se croisaient, rougissait un peu.
Toutes on avait remarqué cet intérêt qu’il me portait, et ça faisait rire les filles.
Elles disaient « pourquoi toi ? t’en ferais quoi ? c’est quand même bête ! t’as fait quoi ?». Il leur plaisait bien, aux filles, avec son air timide et ses joues rouges ; mais c’est moi qu’il regardait par-dessous.
Elles ont tout essayé pour détourner ses regards de moi. La jupe relevée bien haut sur les cuisses à la machine à café pour montrer un bas filé, le crayon sucé entre des lèvres gourmandes avant de lui tendre le dossier qu’il cherchait, le bouton défait du chemisier pour des dentelles coquines exposées, dans le couloir le courrier répandu au sol ramassé jambes raides croupe offerte.
J’ai joué aussi, parce que les filles voulaient.
Elles se sont fait une raison.
Celui qu’elles suivaient des yeux à travers les cloisons vitrées sur leurs chaises de bureau pivotantes à roulettes ne voyait rien de leurs jeux, ne ralentissait le pas qu’en passant devant mon bureau.
Quand une pièce tombait à la machine à café, il ne la ramassait que si c’était la mienne.
Si le soir il pleuvait au moment de quitter les bureaux, c’est moi qu’il abritait de son parapluie jusqu’à ma voiture.
Elles savaient toutes, c’était décidé. Lui ne savait pas encore. On riait « pauvre garçon ! s’il savait », « il serait pas le premier », « t’es sérieuse ? ».
Même à elles je n’avais pas tout dit.
C’était Noël. La direction recevait, pour nouer les liens, esprit d’entreprise, tout le tralala du discours des patrons, si on picole et qu’on rigole ensemble une fois dans l’année, tous mélangés, on bossera mieux après, qu’ils disaient. Convivialité.
Nous, les filles de bureau, ce mélange nous allait. Et pour moi, cette soirée arrivait pile au bon moment. Un signe, non ?
Mon stagiaire était là, bien sûr. Il tournait en rond, picorait au buffet, jamais loin. Nous on faisait groupe, on regardait, entre nous.
D’autres dansaient mais pas lui. J’attendais. Il picorait des olives au buffet, toujours le même verre en main, des bulles de Noël, échangeait quelques mots d’un groupe à l’autre, s’échappait, retournait au buffet.
Je m’étais éloignée du groupe des filles de bureau, pour laisser une ouverture, une opportunité, nos regards se croisaient, un sourire, et ses yeux détournés. Il ne viendrait pas, ne ferait rien. Timide, oui. Joueur aussi, sûrement.
Faut savoir ce qu’on veut … et moi je savais.
Le buffet. Une assiette de canapés devant lui, je me suis approchée, ma hanche contre la sienne et le bras tendu pour un canapé de saumon, une pichenette pour chasser le morceau de citron dessus, il riait, passait son bras au-dessus du mien et piochait dans un bocal d’olives, son épaule contre la mienne.
J’ai mangé le saumon, reposé le morceau de pain dessous dans l’assiette où il posait les noyaux d’olives qu’il crachait dans sa main, et toujours contre ma hanche la sienne, ma petite robe légère contre son pantalon, nos cuisses dessous qui jouaient, et la poche de son pantalon, un contact dur :
— Vos clés de voiture ? Moi je suis à pied aujourd’hui.
Il s’est écarté un peu pour sortir ces clés, les ranger dans l’autre poche, et d’un pas j’ai suivi, ma hanche contre sa cuisse, il riait.
— Vous n’auriez pas dû les ranger ! Vous ne dansez pas, moi non plus …
Pas très entreprenant, mais il comprenait vite, et s’il voyait mes copines cacher leurs rires sous leurs mains, il n’en a rien montré.
Il a pioché une dernière olive et sans me regarder :
— Vous avez un manteau ?
Elles n’y avaient pas cru « Pas toi ! » et ouvraient de grands yeux ébahis en nous voyant partir vers le vestiaire. Même à ses copines on ne dit pas tout, surtout à ses copines …
Plus un mot. On marchait d’un même pas, sans nous presser, nos bras se frôlaient. Ses grandes mains lissaient sur mes épaules le manteau qu’il tenait pour moi. Il riait quand j’ai noué mon écharpe autour de son cou.
Il hésitait malgré tout, avait peut-être un doute, et en jeune-homme bien élevé préparait une question sur notre destination en s’installant au volant. J’ai pris les devants :
— Si vous habitez loin, vous devriez mettre du chauffage.
Sa main tremblait un peu en tournant la clé de contact, et il a mis le chauffage à fond.
Un studio de garçon. Une valise ouverte à côté du canapé-lit aux draps froissés, un bol et un paquet de gâteau sur la table de chevet, des chaussettes et un slip qu’il a poussés du pied sous le lit en haussant les épaules, un plateau de scrabble sur la table basse au milieu de la pièce, quelques mots déjà alignés.
— Je peux ?
Je me suis agenouillée sur l’épais tapis devant la table en verre et j’ai débarrassé le plateau, remettant les lettres dans le petit sachet de tissu noir, en ai tiré sept que j’ai disposé sur le présentoir avant de lui tendre le sachet.
Il s’est installé face à moi assis en tailleur, a choisi ses lettres.
Je n’ai pas fait exprès au début.
Je m’étais assise en tailleur comme lui pour jouer. Pour poser des verres et une bouteille de vin blanc sur la table de verre, il avait décalé le plateau de jeu sur un côté, et souvent son regard se perdait dans l’ouverture de mes jambes sous ma robe qui glissait de mes genoux sur mes cuisses.
Il essayait d’être discret à étirer de deux doigts le pantalon qui le serrait plus qu’au début de la partie, discrète aussi j’encourageais d’un coude ma robe à glisser, désolée de n’avoir qu’un collant pas très sexy à lui proposer.
En fin de partie, il réfléchissait les joues au creux de ses mains, son regard allait de ses lettres au puits noir sous ma robe.
Il a posé « CHAUD » avec le « H » de « KHOL » qui m’avait fait un joli score ‘Mot compte triple’.
— C’est vrai !
Il riait quand pour valider son mot, j’ai pivoté, me suis soulevée pour dégager ma robe et mains aux hanches, en me trémoussant j’ai enlevé mon collant et repris ma place à la table de jeu.
Vision offerte et à-propos en réponse à son mot ont étiré d’un sourire ses joues rosies du triangle blanc exposé sous la robe tendue d’indiscrétion sous la table de verre.
Bras croisés, sourcils levés en interrogation muette, je souriais d’attente en posant au-dessus de son « U » une seule de mes lettres, renonçant aux points à marquer pour voir s’il saurait faire montre du même à-propos que moi.
Sourcils levés et lippe boudeuse, il regardait ce « NU » apparu sur le plateau en partageant entre nos verres ce qu’il restait du Petit Chablis, et ses yeux voyageaient, du plateau de jeu au collant roulé en boule sur la table, du triangle blanc sous ma jupe à mes lèvres mordues de rire.
Sa chemise d’abord, son pantalon ensuite. Il a dû se lever pour lui et s’est rassis en gardant son boxer, ses chaussettes aussi. Un soupir, un sourire, parce que je gardais les bras croisés, j’attendais.
Une fesse décollée du tapis puis l’autre, le boxer a glissé ; au passage, les chaussettes ont suivi.
C’est bien, ces tables en verre : je m’en doutais déjà, je lui plaisais.
Il avait un « E » sur sa réglette qui aurait pu me dévêtir, il a préféré poser un « Y » encombrant pour un mot ‘Compte double’. Son « YDILLE » me semblait un projet peu conforme à mes intentions et j’avais heureusement les lettres nécessaires pour réfréner son ambition : j’ai posé « IT » à la suite du « NU » qui me permettait de constater que ce jeune-homme avait de belles dispositions.
Ne restait devant moi qu’un « Q » et un « W » que je n’avais pas utilisés jusque-là et que j’ai retournés. J’aurais aimé avoir un « S » à retourner, qu’il comprenne que cette « NUIT », au singulier, était volontaire.
J’ai fini le verre de Chablis. Il comptait les points pendant que dans son dos j’abandonnais ma robe et mon soutien-gorge au pied de son lit.
Fier de lui il entourait son score et levait son verre. Il s’est un peu étranglé, s’est mis à tousser. Peut-être en sentant mes seins dans son dos ? Peut-être parce que ma main se fermait sur son membre dressé ?
Je partais vers la salle de bain avant qu’il ne se soit retourné.
Il était assis au bord du lit, me regardait revenir et m’arrêter devant lui, tout près, debout entre ses genoux. J’ai retiré le drap qu’il avait tiré sur ses jambes et j’ai attiré son visage contre moi des deux mains plongées dans ses cheveux en désordre qui chatouillaient mes seins.
Je vous ai dit ? Il avait de belles dispositions, une sexe de taille honorable et fièrement dressé. Je n’ai pas eu besoin de beaucoup me pencher pour le prendre dans ma main et offrir mes seins à ses baisers.
…
Sophie m’avait dit « T’es sûre ? Tu le connais même pas ! ». Elle était venue un soir, à la sortie des bureaux, elle voulait le voir. Avant. Et « Et si … », elle avait beaucoup de « si », de questions, de petites rides sur le front depuis qu’on en avait parlé. Inquiète, un peu plus parfois, elle se cachait, des larmes gonflaient ses yeux, « C’est compliqué ».
Les mots étaient difficiles, retenus, méchants ? « Il te plaît, en fait ! », ils mordaient.
Moi je disais … j’essayais de calmer son inquiétude, peu importe les mots, ça aurait pu être elle, je comprenais, « Il repart bientôt … fin de stage … vendredi … la soirée … pile au bon moment ».
Elle savait tout ça.
Ce que je ne disais pas ? C’est qu’il y avait d’autres stagiaires en cette fin d’année, et bien sûr, lui, parce qu’il s’intéressait à moi, c’était si évident … parce que je l’avais encouragé, que je l’avais choisi lui. Ça je le disais pas. Oui, il me plaisait. Grand, un peu timide, un truc dans les yeux, une petite lumière et sa manière d’être, discret, sans draguer et pourtant toujours là, pas loin. Je jouais un peu avec lui, je ne voulais pas qu’il en regarde une autre que moi, je faisais ce qu’il fallait pour ça, je l’aguichais, sans le montrer aux filles du bureau, sans en parler à Sophie. Surtout pas.
Depuis quand ? Depuis bien longtemps je ne m’occupais plus de séduire. Et c’était bon ! Je me sentais coupable ? Oui ! Mais … c’était bien agréable ce jeu de séduction !
Après ? C’est vrai, il y avait cet après.
A Sophie je disais « Un mauvais moment à passer, ça compte pas … ça pourrait être toi, ça sera toi peut-être ».
Je mentais.
…
Dans la salle de bain, j’y pensais. Et puis je me suis fait une vilaine grimace dans la glace au-dessus du lavabo. Cette chaleur dans ma main … pourquoi j’avais fait ça ? Parce que j’en avais envie ! Parce que je sentais mon ventre battre, mes lèvres gonfler serrées dans ma culotte. Avant même pipi … j’étais mouillée.
Depuis quand ? Trois ans. C’était Pascal. Pas terrible à la fin, mais ça avait été bien.
Ce soir ? Ce soir je verrais bien, mais j’avais envie de lui, de son sexe, de ses mains sur moi.
Il avait éteint la lumière trop vive qui éclairait le plateau de jeu, ne laissant allumée que la petite lampe posé par terre à côté du lit. Ces lèvres sur mes seins, et lui tout chaud dans ma main, ses mains derrière mes genoux, qui remontaient doucement derrière mes cuisses, s’arrêtaient, remontaient, s’arrêtait juste avant ma culotte, je me disais « … j’aurais dû l’enlever … », il prenait son temps à goûter mes seins et moi je voulais qu’il les presse, qu’il serre mes fesses dans ses grandes mains et m’enlève cette fichue culotte.
Je voulais « … allez, allez … assez joué ! tu les sens pas mes tétons ? ils te disent pas assez fort que j’ai envie de toi ? », et puis c’était bon quand même ! Je riais et me mordais les lèvres en sentant une de mes jambes agitée d’un tremblement incontrôlable. Il attendait quoi ?
Ma main le serrait plus fort, caressait plus vite, et lui effleurait mes cuisses et promenait ses lèvres sur mes seins en résistant à la main dans son cou qui voulait presser sa bouche plus fort.
Je l’ai repoussé d’une main sur le torse pour l’allonger sur le lit et j’ai enlevé ma culotte moi-même, jetée au sol en bouchon, et je l’ai enjambé, son sexe dans ma main pour le guider, et tout de suite, tout au fond … sa bite toute raide et bandée au fond de ma chatte … ces mots-là pour dire mon envie du moment, mon impatience … baiser, je voulais baiser, et qu’il me baise, et qu’il jouisse en moi, tout au fond de moi.
Je me suis allongée sur lui, j’ai étendu mes jambes et en l’attirant de mes bras, j’ai basculé sur le côté, sur moi, je le voulais sur moi, mes jambes nouées autour de sa taille.
Il a joui bras tendus, à longs coups de reins au début et après, bloqué, arqué un instant dents serrées, et s’est allongé sur moi, se retenant des coudes. Qu’est-ce qu’il craignait ? De m’écraser sous son poids ? Mais c’est justement ce que je voulais, qu’il pèse et soit lourd, son ventre collé au mien et mes seins contre lui, son visage dans mon cou, et ses fesses dures sous mes doigts grands ouverts.
Il est resté immobile longtemps, sans débander vraiment, sans bouger, sa respiration dans mon cou où il posait de petits baisers se calmait.
Comblée ? Non … est-ce que c’était important … non. Mais j’étais bien quand même dans sa chaleur sous son poids.
Plus tard dans la nuit sous les draps il m’a caressée et m’a fait l’amour encore. Il s’est endormi emboîté dans mon dos de ses cuisses contre les miennes et son sexe contre mes fesses, son bras autour de ma taille.
Et puis le matin, encore. Je m’étais réveillée avant lui, j’avais enfilé sa chemise au retour de la salle de bain pour faire chauffer de l’eau, préparé dans un mug et un de nos verres de la veille le café soluble trouvé dans un placard. Pendant que l’eau chauffait, j’ai rempli de jus d’orange le second verre que j’ai partagé avec lui.
Il bandait. Je voyais la bosse de son sexe bandé sous le drap, pas surprise, tous les garçons bandent le matin, je m’en souvenais.
Il m’a basculé sur le lit et s’est collé à mon dos, m’a soulevé les hanches et a remonté la chemise sur mon dos. Il tenait mes seins à pleines mains en baisant. Me caresser … non, j’y avais pensé un instant, me donner du plaisir, et non … j’ai attendu qu’il prenne le sien.
…
Sophie disait « Et après ? ». Après … Après on avait pris une douche ensemble, debout dans la baignoire, il m’avait embrassée, caressée. Il ne m’avait pas embrassée avant.
Je ne lui ai pas dit.
J’ai dit à Sophie qu’il m’avait raccompagnée jusque sur la place, que j’avais attendu que sa voiture disparaisse avant de tourner le dos.
Elle voulait savoir, quoi, comment, mais retenait ses questions, hésitait. Elle était malheureuse et j’étais triste de la voir comme ça. Coupable. Je me sentais coupable.
« J’ai pas … pas eu de plaisir … c’était bien, enfin, il est gentil, mais j’ai pas … Sophie, s’il te plaît, viens … ».
Elle me tournait le dos et regardait la rue, le rideau écarté d’un doigt, les épaules crispées de tension.
Elle avait les yeux gonflées de larmes en se retournant « Plus jamais … que ça marche ou pas, plus jamais … c’est trop dur …».
— Et si un jour toi aussi tu veux un bébé ?
— … je sais pas …
— J’aurais dû l’amener ici, tu m’aurais tenu la main !
— T’es bête !
— Je crois que ça l’aurait pas dérangé …
Elle haussait les épaules et elle souriait enfin en refermant ses bras sur moi.
C’était un samedi, il faisait gris, on est restées un moment blotties sur le canapé, un peu empruntées, et elle m’a prise par la main.
On a passé le reste de la journée au lit. C’était bien.
Plusieurs fois elle posait la main sur mon ventre, ne disait rien, souriait. Pas la peine de parler.
Le soir on est allée dîner dehors. Je voulais la pizzeria en bas de chez nous mais elle voulait un bon steak, a choisi l’Hippo, dans la galerie commerciale à l’autre bout de la ville.
Eh oui ! De ces choses qui n’arrivent que dans les histoires ! On se dit : « Franchement ces auteurs ! C’est n’importe quoi ! » …
C’est elle qui l’a vu la première. Elle m’a donné un coup de coude, « C’est pas vrai ! C’est lui ! ».
Il était au comptoir, attendait une table en piochant des chips trop cuits et trop gras dans une panière en osier.
Une serveuse s’est approchée de nous : « Pour deux ? ».
Sophie m’a regardée, un sourire aux lèvres, « Pour trois, on est avec Monsieur ».
Une seconde ? Cinq ? C’était long, il est resté le bras levé, une chips à dix centimètres de sa bouche. Il l’a reposée sur le comptoir, ses yeux sur moi, sur Sophie, sur nos mains doigts croisés. Il riait.
— Vous êtes sa … son amie, on m’avait dit ...
Il tendait la main elle lui a fait une bise sur la joue :
— Sophie. On vous avait dit … ?
— Enchanté, Sophie … Vous jouez au Scrabble ?
… son sourire, cette petite lumière dans ses yeux … on lui avait dit …
Voilà ! C’est fini. Enfin non, justement, c’est pas fini ! Je voulais juste rétablir la vérité sur notre rencontre.
Ne croyez pas tout ce que vous lisez ! Que vous avez lu avant, je veux dire !
C’est comme ça que ça s’est passé et pas autrement, croyez-moi !
Depuis le temps, vous avez confiance en moi, non ?
Misa – 03/2014 / Ecrit à partir de : « Ce mot-là compte triple » de Jpj
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6 avis des lecteurs et lectrices après lecture : Les auteurs apprécient les commentaires de leurs lecteurs
Les avis des lecteurs
Une belle étude sociologique sur les femmes en entreprise et leur habileté à jauger, aguicher et manipuler les hommes ; ces derniers étant trop suffisants et infatués de leur supériorité de mâle pour croire que ce sont eux qui les conquièrent.
C'est aussi et c'est je pense le plus important, la description du désir d'une femme qui aime les femmes et qui a, pour une seule fois, envie du corps d'un homme. Dommage que celui-ci n'ait pas fait passer le plaisir de sa partenaire avant le sien propre, se comportant comme un odieux goujat.
J'ai un grand plaisir à lire vos textes qui sont à l'unanimité il me semble, les meilleurs d'HDS
C'est aussi et c'est je pense le plus important, la description du désir d'une femme qui aime les femmes et qui a, pour une seule fois, envie du corps d'un homme. Dommage que celui-ci n'ait pas fait passer le plaisir de sa partenaire avant le sien propre, se comportant comme un odieux goujat.
J'ai un grand plaisir à lire vos textes qui sont à l'unanimité il me semble, les meilleurs d'HDS
Moi je vous crois, Misa.
Je suis un homme, mais je vous remercie pour tous vos textes, si beaux, si bien écrits, si émouvants.
Je suis un homme, mais je vous remercie pour tous vos textes, si beaux, si bien écrits, si émouvants.
Que dire de plus ? Merci oui Merci pour cette belle histoire et toutes celles que tu nous offres .Bises .
Jolie transposition , mais pas que !
Partie d'une simple histoire de coq et de
jeu, tu as détourné de très belle façon.
Un penchant naturel, un jeu de dupes, et au
bout du compte subtilement une histoire
profonde et touchante. Extra Misa !
Partie d'une simple histoire de coq et de
jeu, tu as détourné de très belle façon.
Un penchant naturel, un jeu de dupes, et au
bout du compte subtilement une histoire
profonde et touchante. Extra Misa !
Remarquable, je partage la première phrase de NAT-LM.
Extraordinaire Misa, magnifiquement dit … Bel avertissement à tous les phallocrates imbus de leur soi-disant supériorité … embourbés dans leurs prétentions !
Une petite note grise malgré tout, mais peut-être n’existe-t-elle que pour moi … mauvaise oreille ou mauvaise voix … il vaut mieux que je la taise. Même à voix basse, ce serair peut-être encore trop fort, et pas beau de la faire entendre …
Merci Misa, pour moi … pour nous toutes … … bises
Une petite note grise malgré tout, mais peut-être n’existe-t-elle que pour moi … mauvaise oreille ou mauvaise voix … il vaut mieux que je la taise. Même à voix basse, ce serair peut-être encore trop fort, et pas beau de la faire entendre …
Merci Misa, pour moi … pour nous toutes … … bises