Marrakech 3
Récit érotique écrit par Mibou [→ Accès à sa fiche auteur]
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Histoire érotique Publiée sur HDS le 28-05-2024 dans la catégorie Entre-nous, hommes et femmes
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Marrakech 3
Quand les mille et une nuits se transforment en enfer.
Résumé – Après la visite guidée de Marrakech et de la soirée dans un palais marocain, Les époux se sont couchés. Au cours de la nuit, Paul découvre la trahison de sa femme. Il ne sait pas encore quelle attitude adopter.
oooOOOooo
J’arrive le premier au petit déjeuner.
Suivent Solange et Pierre qui s’installent, un peu gênés.
J’avoue que mon bonjour est tout sauf chaleureux. Je n’ai aucune envie d’enclencher une conversation, à part leur dire que ce sont deux personnes méprisables.
Nous restons silencieux, le nez dans notre café.
Marlène nous rejoint et s’installe à côté de moi, les deux autres nous faisant face.
L’atmosphère est lourde, personne n’ose parler. Marlène ne sait pas trop comment se comporter et les deux autres ignorent ce que m’a éventuellement révélé Marlène.
- Dites donc, vous en faites des têtes ! Vous si heureux de vous retrouver, je vous vois crispés, les yeux baissés comme des chiens battus. Et en plus, vous avez des mines de déterrés ! Vous voulez partir ?
- Non me dit Pierre, interloqué. Pourquoi cette question ?
- Avec l’entrain de ce matin et les valises que vous avez en-dessous des yeux ! Vous n’avez sans doute pas bien dormi ?
- Si me dit Solange, mais pas assez, le nez dans la tasse de café.
- On dirait que vous avez déménagé une grande partie de la nuit. Que s’est-il passé ?
- Je t’ai déjà raconté me dit Marlène. Nous avons discuté une partie de la nuit, emporté par le plaisir de nos retrouvailles.
- Oui dit Pierre et c’était super !
- De se retrouver comment ? En pleine nuit ? Il est vrai que de cette manière, vous m’avez mis hors-jeu. Cela vous arrangeait bien ?
- Je comprends que tu sois vexé me dit Solange, mais ce n’était pas intentionnel.
- Excuse-nous dit Marlène complètement tassée sur son siège, nous n’avons pas fait attention.
- Je crois que tu peux franchement me dire que vous m’avez oublié et je ne jurerais pas que ce ne fût pas volontaire. Merci à tes amis, mes vacances ne sont pas loin d’être gâchées. Je peux comprendre qu’eux ne fassent que très peu de cas de moi, mais toi, j’ai un peu plus de mal. Mais si tu le veux, je peux continuer le voyage seul et ne pas perturber vos retrouvailles si heureuses, voire retourner chez nous !
- Je comprends que tu sois blessé et en colère mais ne le prend pas comme cela. C’était le hasard, rien de prémédité me dit-elle, se collant contre moi et quémandant à nouveau un bisou que je lui refuse.
- Nous sommes vraiment désolés disent en chœur Solange et Pierre, voyant ma colère. Pour l’avenir nous serons plus attentifs.
- Oui, dis-je, s’il y a un avenir !
Ils se regardent un peu interloqués, mais personne ne me demande d’explication.
Je vois les mains de Marlène trembler et ses yeux s’embuer, au bord de la rupture.
- Cela ne va pas chérie ? Tu es toute pâle !
-
La meilleure défense est l’attaque, c’est bien connu. Je ne peux pas me laisser submerger par la culpabilité. Il faut réagir, être plus pugnace.
- Mais, j’y pense, me dit-elle. Tu t’es réveillé, a constaté mon absence et puis ? Tu es retourné au lit sans autre forme de procès ? Le cœur léger ? Pas d’inquiétude ?
- Je n’allais tout de même pas crier à la cantonade au risque de réveiller tout le monde !
- Au surplus, ta réaction que je comprends me touche et m’affecte profondément. Visiblement, tu ne me fais pas confiance et j’en suis blessée. C’est vrai que cela n’a pas été sympa de notre part, mais je te répète que rien n’a été prémédité. Cela, ajouté à la fatigue, me donne ce teint pâlot. Je vais devoir récupérer.
- Fais attention avec la confiance : une attitude exemplaire est nourricière de confiance, l’inverse…Venir dormir était plus approprié que de se complaire dans la débauche.
- Que veux-tu dire ? demande-t-elle,
- Tu dois savoir mieux que moi, non ?
- …….
Le silence est assourdissant, pesant.
- Quand on exagère avec l’alcool et l’absence de sommeil, les lendemains sont souvent pénibles. Peu de monde est capable d’être bien frais et dispos après une telle nuit. Et surtout toi Marlène qui ne tient pas l’alcool. Je suis déjà surpris de ton état relativement frais. Tu es plutôt comme après une nuit d’amour !
Cette fois, Marlène s’arrête de respirer.
- Décidément, je ne te connais pas encore très bien malgré ces quelques années de mariage. J’ai des choses à apprendre à ton sujet me semble-t-il !
Si Marlène pouvait entrer dans le sol….
Devant leur mutisme, je comprends que personne n’avouera.
Dois-je mettre les pieds dans le plat, au risque de tout faire exploser. Je connais tout de même Marlène et je ne peux croire que ces retrouvailles sont la cause de cette histoire. Il doit y avoir autre chose et je veux le découvrir.
Je cesse la torture et met fin à la conversation en même temps que mon petit déjeuner et retourne en chambre, les laissant à leur culpabilité et leur cachotterie, mais déçu.
J’avoue, j’y suis allée un peu fort ! Lui reprocher d’être retourné au lit et de dormir ! De lui parler de confiance ! Faut oser ! C’est clair : il a des soupçons, mais heureusement pas de preuve. Mais gare : je le connais, il lance des hameçons pour voir ce que la pêche va lui fournir. Surtout, garder son calme, ne pas paniquer et c’est le discours que je tiens à Sophie et Pierre. Bon sang, qu’est-ce-que j’ai fait ? Dans quel problème me suis-je fourrée !
Nous avions projeté une visite des souks, l’un des principaux lieux du commerce de Marrakech. Ils s’étendent de la place Jamaa el-Fna à la Medersa Ben Youssef dans la Médina.
Nous déambulons dans un labyrinthe d’échoppes et d’ateliers où plus de 2.600 artisans proposent leurs marchandises. Nous sommes enveloppés de tellement de couleurs, de senteurs et de bruit que nos yeux et nos oreilles ne nous permettent pas de tout capter ! Tout est coloré, bigarré, chatoyant et nos sens sont en éveil.
A ma grande fureur, notre guide est Karim. Qui l’a fait revenir ?
Marlène a perçu mon courroux.
- Je n’y suis pour rien me dit-elle.
- Ce n’est pas le meilleur jour pour te croire lui dis-je, d’un ton très dur et accusateur.
- Tu ne me crois pas ? d’une toute petite voix.
- Non, dis-je sèchement et ne me parle pas à nouveau de confiance ! Il me semble que tu as décidé de me manipuler et me faire prendre des vessies pour des lanternes. Tout cela va se terminer très mal !
Les larmes aux yeux, elle baisse la tête et chuchote plus qu’elle ne dit :
- Je t’affirme n’y être pour rien !
- C’est encore le hasard sans doute ?
Dépitée, elle se détache de moi, va retrouver Solange qui passe son bras sous celui de Marlène, marquant ainsi son soutien. Elle joue un jeu aussi hypocrite que ma femme. L’une comme l’autre, sans oublier le toutou Pierre, sont passés maître dans l’art du mensonge et de la dissimulation.
J’espérais une journée tranquille mais la présence de Karim ne fait qu’attiser ma colère. Je dois m’imposer un gros effort pour rester calme, participer tant bien que mal aux conversations.
C’est le bouquet ! Qui a décidé de nous adjoindre Karim ? Cela ne va certainement pas calmer mon époux. Solange m’affirme qu’elle n’y est pour rien. Me voilà en grande difficulté, entre mon homme que j’aime et cet amant qui m’a baisé de manière divine je dois bien le reconnaitre. J’ai beau me raisonner, ce mec m’attire comme la lumière attire l’insecte. Pourtant, je n’ai aucun sentiment amoureux pour lui, seulement une attraction sexuelle énorme. Il va falloir faire très attention, être très attentive à mon homme blessé, le couver sans en faire trop, lui faire comprendre qu’il est mon seul et unique amour.
Mes réflexions ont été très tendancieuses et je lui ai rarement parlé d’une manière aussi virulente. La peur l’étreint, la crainte d’une explosion est vive, je le sais.
Que cherche-t-elle ? Je ne comprends rien, je suis perdu.
Dans les souks, la foule est considérable, bruyante et chamarrée.
Les gens tentent de se faufiler, se bousculent, se touchent. Le mieux est de suivre le flot, ce qui n’empêche pas de s’arrêter devant l’une ou l’autre boutique.
Marlène me tient la main, m’entraine vers une échoppe à épices, vers un artisan du cuivre, puis vers une boutique de fringues. Là, elle commence à se détendre et du coup ne peut s’empêcher de héler Solange pour commenter la qualité de tel tissu ou la beauté de tel vêtement.
Bien vite, sa main me lâche et elles se retrouvent comme des adolescentes à glousser, rire, chuchoter, jeter des regards pétillants de malice et de gentille moquerie vers ces mâles perdus que nous sommes.
Quoi de plus emballant que le shopping, un excellent moyen pour calmer ses angoisses….
Karim tourne autour d’elle, se rapproche. Hésitant.
Ses mains ont envie d’être baladeuses mais ma présence l’arête. Il interprète la désinvolture de Pierre comme un encouragement, il n’hésite pas à frotter, caresser ou peloter Solange.
Il sait que je l’observe et me jette régulièrement un coup d’œil et me provoque en frôlant les fesses de Marlène, ou encore en la tenant par la taille pour la guider vers l’une ou l’autre échoppe.
Pierre non plus n’est pas dupe du jeu, mais il le savoure et me lance des regards de défi. Il en rajoute une couche, caresse les fesses de sa femme partageant la taille de l’épouse avec l’amant.
J’enrage, même si Marlène ne répond pas aux provocations voire repousse l’assaillant manu militari.
Solange de son côté sourit, ne se révolte pas, manifestement contente que l’on s’intéresse à elle, que ce soit son mari ou Karim. Elle rit, chuchote à l’oreille de Marlène qui rit à son tour. Elles se frottent l’une à l’autre, cherchant un contact furtif et sensuel.
Les centres d’intérêt se multiplient et l’attention de Marlène est vite accaparée par les sollicitations diverses, en même temps que ses défenses s’estompent, les résolutions disparaissent.
Je la connais, son corps parle pour elle. Elle aime ce jeu, et petit à petit, recherche le frôlement érotique quel qu’en soit l’auteur. L’abaya ample aux couleurs vives est le prétexte à cacher la main caressante de Karim ou de Pierre, peu importe. Ce qui compte, c’est l’ivresse du moment.
Pierre et Karim profitent bien entendu de ce consentement muet et accentuent encore leurs attouchements, s’échangeant des regards complices, me lançant des regards de vainqueur. Des mains de plus en plus efficaces se retrouvent sur l’épaule, la taille, caressent les bras, s’attardent un peu sur les fesses, et même, effleurent, mine de rien, un sein.
Je n’en reviens pas et je ressens un écœurement violent, profond. A l’intérieur de moi, il y a un volcan que je tente de maitriser.
Malgré tout ce qui a été dit ou promis Marlène m’oublie à nouveau, entrainée par ce couple diabolique et son chevalier servant.
Je ne peux en supporter plus.
Je me laisse glisser à l’arrière des deux couples et finis par être invisible du groupe.
Je rebrousse chemin et retourne au Riad.
Je suis dégoûté. Le stade de la simple colère et de l’infinie tristesse sont dépassés. J’avais espéré qu’elle se reprendrait, que notre discussion de ce matin avait pénétré son cœur et son cerveau.
A l’évidence, mon message n’est pas passé et je refuse d’être un cocu consentant.
J’avais cru que tout redeviendrait comme avant, que notre amour aurait accouché d’un moment de vérité, d’ouverture.
Rien de tout cela. Le déni, le refus synonyme d’absence de discussion.
Sans doute le seul moyen de panser les blessures, de réparer les dégâts si cela est possible.
Au-delà de la colère et la tristesse, c’est la déception qui m’assaille. Mais, il vaut mieux être déçu que d’espérer dans le vague. Maintenant, je sais ce qu’il me reste à faire.
Je m’installe sur le petit bureau de notre chambre, rédige une lettre pour Marlène, copie les photos et vidéos accusatrices sur un clé USB que j’ai toujours avec moi.
Ensuite, je rassemble mes affaires dans une valise, descend à la réception, commande un taxi et règle mon séjour.
Je me jette dans le taxi et me fait conduire à l’aéroport.
Pendant la balade dans les souks, Karim et Pierre n’ont pas arrêté de tourner autour de nous. A plusieurs reprises, je les ai repoussé et marqué vertement mon opposition.
Il est vrai que c’est plutôt excitant au milieu de cette foule grouillante.
Mais gare, je me souviens de la discussion avec Paul à la suite de l’épisode de la baignade et des propos tenus ce matin dans notre chambre et au petit déjeuner. Il n’a pas été tendre et je suis certaine qu’il ne m’a pas crue. Je l’ai déçu et je le comprends.
C’est déjà suffisamment compliqué pour ne pas en rajouter avec des bêtises d’adolescent en manque.
Régulièrement, je reviens près de lui, prenant sa main et tentant de l’intéresser aux échoppes colorées et parfois odorantes.
Mais, les sollicitations sont telles que je finis par être happée par le caquetage d’adolescente de Solange. Les stimuli ne manquent pas et mon attention est monopolisée par les marchandages auxquels Solange et moi nous adonnons avec plaisir.
Karim et Pierre, toujours près de moi profitent de mon relâchement pour me caresser le bras, les épaules, les fesses et même les seins, faisant croire habilement à un attouchement fortuit.
Je suis dans un jeu très sensuel où Solange se frotte à moi, où les mâles me caressent, me font frémir. Ma libido s’enflamme et je cherche même ces attouchements si délicieux, ma concupiscence est excitée.
J’oublie de repousser, de me révolter.
J’oublie mon homme.
Voilà un bout de temps que je n’ai pas aperçu Paul. Je sors de mon cocon de plaisir.
Où est-il ?
Pas de Paul à l’horizon.
Paniquée, je me lance à sa recherche. Secondée par les trois autres, j’élargis le périmètre de recherche, mais dans cette foule, je me rends compte que l’on perd vite ses repères.
J’ai tout une appréhension car, à nouveau, je me rends compte que je l’ai oublié entre les bavardages de Solange, les rappels délicieux des mains de Karim et Pierre, toute cette atmosphère chaude et sensuelle. J’ai déconné et cette fois, sous ses yeux ! Mais que m’arrive-t-il ?
Angoissée, nous retournons au Riad, c’est là que je le retrouverai certainement.
---ooo---
Je fonce dans notre chambre.
Il n’est pas là.
Sur la table basse, j’aperçois une lettre accompagnée d’une clé USB.
Cette fois, j’ai vraiment peur.
Je me laisse tomber dans le fauteuil.
J’ouvre fébrilement la lettre, reconnais l’écriture de Paul.
Et je lis.
« Marlène,
« Mes mises en gardes n’ont servi à rien. Tu t’es comportée comme une catin, une pouffiasse « recherchant le mâle en rut. Je ne te connaissais pas sous cet aspect.
« En faisant venir tes amis (car c’est bien toi qui leur as demandé de nous rejoindre n’est-ce-pas ?) tu as voulu faire revivre le passé, je l’ai bien compris.
« Si tu estimais que nous n’étions pas bien ensemble ou que ma compagnie ne te suffisait pas, « il fallait me le dire, cela aurait été plus honnête.
« Tu as préféré me trahir, me mentir. J’ai espéré tes aveux, nous aurions pu recoller les « morceaux. Mais, non seulement tu n’as pas avoué, mais tu m’as humilié, soumis aux « moqueries de tes comparses.
« Je te laisse cette clé USB, tu pourras contempler ta trahison. Non seulement tes « amis » se « sont bien occupés de toi, mais aussi, suprême trahison, ton Karim chéri.
« J’en ai gardé copie pour le divorce, car tu as bien compris que nos chemins se séparent. Tu « ne peux décemment pas me demander de jouer au cocu heureux.
« J’ai voulu te faire dire la vérité. Je me suis forcé à « visiter » les souks en ravalant ma colère « et ma frustration. J’avais espéré trouver un moment de parole, entre nous, dans la « complicité que nous entretenions. Nous aurions peut-être pu trouver une solution.
« Mais, non seulement tu as nié, menti en me regardant dans les yeux, en me parlant « d’amour et de confiance, mais au surplus tu as ramené Karim dans le parcours, te laissant « tripoter et caresser sous mes yeux. Quelle provocation ! Quelle humiliation ! Quelle « perfidie ! Je me suis retenu d’exploser de colère, cachant ma honte. Je ne te savais pas si « perfide !
« Tes « amis » sont tout aussi talentueux que toi. Enfin, eux ils ont eu ce qu’ils étaient venus « chercher : toi.
« Dis leur que je te laisse à eux, je ne joue pas dans la même pièce. C’est vrai qu’un ménage à « trois, c’est plus moderne.
« Inutile de chercher à me contacter, je vais disparaitre pour un temps certain, le temps de « digérer cette forfaiture. J’ai besoin d’espace, d’apaiser mon âme.
« Je ne veux pas gâcher tes vacances, je te laisse profiter de la vie, car c’est comme cela « probablement que vous justifiez ce type d’activité.
« Rassure-toi, à mon retour, mon avocat te contactera pour entamer la procédure de divorce. « Tu seras alors totalement libre.
« En attendant, sois heureuse sur le chemin que tu t’es choisi.
« Ton futur ex-mari
« Paul
Résumé – Après la visite guidée de Marrakech et de la soirée dans un palais marocain, Les époux se sont couchés. Au cours de la nuit, Paul découvre la trahison de sa femme. Il ne sait pas encore quelle attitude adopter.
oooOOOooo
J’arrive le premier au petit déjeuner.
Suivent Solange et Pierre qui s’installent, un peu gênés.
J’avoue que mon bonjour est tout sauf chaleureux. Je n’ai aucune envie d’enclencher une conversation, à part leur dire que ce sont deux personnes méprisables.
Nous restons silencieux, le nez dans notre café.
Marlène nous rejoint et s’installe à côté de moi, les deux autres nous faisant face.
L’atmosphère est lourde, personne n’ose parler. Marlène ne sait pas trop comment se comporter et les deux autres ignorent ce que m’a éventuellement révélé Marlène.
- Dites donc, vous en faites des têtes ! Vous si heureux de vous retrouver, je vous vois crispés, les yeux baissés comme des chiens battus. Et en plus, vous avez des mines de déterrés ! Vous voulez partir ?
- Non me dit Pierre, interloqué. Pourquoi cette question ?
- Avec l’entrain de ce matin et les valises que vous avez en-dessous des yeux ! Vous n’avez sans doute pas bien dormi ?
- Si me dit Solange, mais pas assez, le nez dans la tasse de café.
- On dirait que vous avez déménagé une grande partie de la nuit. Que s’est-il passé ?
- Je t’ai déjà raconté me dit Marlène. Nous avons discuté une partie de la nuit, emporté par le plaisir de nos retrouvailles.
- Oui dit Pierre et c’était super !
- De se retrouver comment ? En pleine nuit ? Il est vrai que de cette manière, vous m’avez mis hors-jeu. Cela vous arrangeait bien ?
- Je comprends que tu sois vexé me dit Solange, mais ce n’était pas intentionnel.
- Excuse-nous dit Marlène complètement tassée sur son siège, nous n’avons pas fait attention.
- Je crois que tu peux franchement me dire que vous m’avez oublié et je ne jurerais pas que ce ne fût pas volontaire. Merci à tes amis, mes vacances ne sont pas loin d’être gâchées. Je peux comprendre qu’eux ne fassent que très peu de cas de moi, mais toi, j’ai un peu plus de mal. Mais si tu le veux, je peux continuer le voyage seul et ne pas perturber vos retrouvailles si heureuses, voire retourner chez nous !
- Je comprends que tu sois blessé et en colère mais ne le prend pas comme cela. C’était le hasard, rien de prémédité me dit-elle, se collant contre moi et quémandant à nouveau un bisou que je lui refuse.
- Nous sommes vraiment désolés disent en chœur Solange et Pierre, voyant ma colère. Pour l’avenir nous serons plus attentifs.
- Oui, dis-je, s’il y a un avenir !
Ils se regardent un peu interloqués, mais personne ne me demande d’explication.
Je vois les mains de Marlène trembler et ses yeux s’embuer, au bord de la rupture.
- Cela ne va pas chérie ? Tu es toute pâle !
-
La meilleure défense est l’attaque, c’est bien connu. Je ne peux pas me laisser submerger par la culpabilité. Il faut réagir, être plus pugnace.
- Mais, j’y pense, me dit-elle. Tu t’es réveillé, a constaté mon absence et puis ? Tu es retourné au lit sans autre forme de procès ? Le cœur léger ? Pas d’inquiétude ?
- Je n’allais tout de même pas crier à la cantonade au risque de réveiller tout le monde !
- Au surplus, ta réaction que je comprends me touche et m’affecte profondément. Visiblement, tu ne me fais pas confiance et j’en suis blessée. C’est vrai que cela n’a pas été sympa de notre part, mais je te répète que rien n’a été prémédité. Cela, ajouté à la fatigue, me donne ce teint pâlot. Je vais devoir récupérer.
- Fais attention avec la confiance : une attitude exemplaire est nourricière de confiance, l’inverse…Venir dormir était plus approprié que de se complaire dans la débauche.
- Que veux-tu dire ? demande-t-elle,
- Tu dois savoir mieux que moi, non ?
- …….
Le silence est assourdissant, pesant.
- Quand on exagère avec l’alcool et l’absence de sommeil, les lendemains sont souvent pénibles. Peu de monde est capable d’être bien frais et dispos après une telle nuit. Et surtout toi Marlène qui ne tient pas l’alcool. Je suis déjà surpris de ton état relativement frais. Tu es plutôt comme après une nuit d’amour !
Cette fois, Marlène s’arrête de respirer.
- Décidément, je ne te connais pas encore très bien malgré ces quelques années de mariage. J’ai des choses à apprendre à ton sujet me semble-t-il !
Si Marlène pouvait entrer dans le sol….
Devant leur mutisme, je comprends que personne n’avouera.
Dois-je mettre les pieds dans le plat, au risque de tout faire exploser. Je connais tout de même Marlène et je ne peux croire que ces retrouvailles sont la cause de cette histoire. Il doit y avoir autre chose et je veux le découvrir.
Je cesse la torture et met fin à la conversation en même temps que mon petit déjeuner et retourne en chambre, les laissant à leur culpabilité et leur cachotterie, mais déçu.
J’avoue, j’y suis allée un peu fort ! Lui reprocher d’être retourné au lit et de dormir ! De lui parler de confiance ! Faut oser ! C’est clair : il a des soupçons, mais heureusement pas de preuve. Mais gare : je le connais, il lance des hameçons pour voir ce que la pêche va lui fournir. Surtout, garder son calme, ne pas paniquer et c’est le discours que je tiens à Sophie et Pierre. Bon sang, qu’est-ce-que j’ai fait ? Dans quel problème me suis-je fourrée !
Nous avions projeté une visite des souks, l’un des principaux lieux du commerce de Marrakech. Ils s’étendent de la place Jamaa el-Fna à la Medersa Ben Youssef dans la Médina.
Nous déambulons dans un labyrinthe d’échoppes et d’ateliers où plus de 2.600 artisans proposent leurs marchandises. Nous sommes enveloppés de tellement de couleurs, de senteurs et de bruit que nos yeux et nos oreilles ne nous permettent pas de tout capter ! Tout est coloré, bigarré, chatoyant et nos sens sont en éveil.
A ma grande fureur, notre guide est Karim. Qui l’a fait revenir ?
Marlène a perçu mon courroux.
- Je n’y suis pour rien me dit-elle.
- Ce n’est pas le meilleur jour pour te croire lui dis-je, d’un ton très dur et accusateur.
- Tu ne me crois pas ? d’une toute petite voix.
- Non, dis-je sèchement et ne me parle pas à nouveau de confiance ! Il me semble que tu as décidé de me manipuler et me faire prendre des vessies pour des lanternes. Tout cela va se terminer très mal !
Les larmes aux yeux, elle baisse la tête et chuchote plus qu’elle ne dit :
- Je t’affirme n’y être pour rien !
- C’est encore le hasard sans doute ?
Dépitée, elle se détache de moi, va retrouver Solange qui passe son bras sous celui de Marlène, marquant ainsi son soutien. Elle joue un jeu aussi hypocrite que ma femme. L’une comme l’autre, sans oublier le toutou Pierre, sont passés maître dans l’art du mensonge et de la dissimulation.
J’espérais une journée tranquille mais la présence de Karim ne fait qu’attiser ma colère. Je dois m’imposer un gros effort pour rester calme, participer tant bien que mal aux conversations.
C’est le bouquet ! Qui a décidé de nous adjoindre Karim ? Cela ne va certainement pas calmer mon époux. Solange m’affirme qu’elle n’y est pour rien. Me voilà en grande difficulté, entre mon homme que j’aime et cet amant qui m’a baisé de manière divine je dois bien le reconnaitre. J’ai beau me raisonner, ce mec m’attire comme la lumière attire l’insecte. Pourtant, je n’ai aucun sentiment amoureux pour lui, seulement une attraction sexuelle énorme. Il va falloir faire très attention, être très attentive à mon homme blessé, le couver sans en faire trop, lui faire comprendre qu’il est mon seul et unique amour.
Mes réflexions ont été très tendancieuses et je lui ai rarement parlé d’une manière aussi virulente. La peur l’étreint, la crainte d’une explosion est vive, je le sais.
Que cherche-t-elle ? Je ne comprends rien, je suis perdu.
Dans les souks, la foule est considérable, bruyante et chamarrée.
Les gens tentent de se faufiler, se bousculent, se touchent. Le mieux est de suivre le flot, ce qui n’empêche pas de s’arrêter devant l’une ou l’autre boutique.
Marlène me tient la main, m’entraine vers une échoppe à épices, vers un artisan du cuivre, puis vers une boutique de fringues. Là, elle commence à se détendre et du coup ne peut s’empêcher de héler Solange pour commenter la qualité de tel tissu ou la beauté de tel vêtement.
Bien vite, sa main me lâche et elles se retrouvent comme des adolescentes à glousser, rire, chuchoter, jeter des regards pétillants de malice et de gentille moquerie vers ces mâles perdus que nous sommes.
Quoi de plus emballant que le shopping, un excellent moyen pour calmer ses angoisses….
Karim tourne autour d’elle, se rapproche. Hésitant.
Ses mains ont envie d’être baladeuses mais ma présence l’arête. Il interprète la désinvolture de Pierre comme un encouragement, il n’hésite pas à frotter, caresser ou peloter Solange.
Il sait que je l’observe et me jette régulièrement un coup d’œil et me provoque en frôlant les fesses de Marlène, ou encore en la tenant par la taille pour la guider vers l’une ou l’autre échoppe.
Pierre non plus n’est pas dupe du jeu, mais il le savoure et me lance des regards de défi. Il en rajoute une couche, caresse les fesses de sa femme partageant la taille de l’épouse avec l’amant.
J’enrage, même si Marlène ne répond pas aux provocations voire repousse l’assaillant manu militari.
Solange de son côté sourit, ne se révolte pas, manifestement contente que l’on s’intéresse à elle, que ce soit son mari ou Karim. Elle rit, chuchote à l’oreille de Marlène qui rit à son tour. Elles se frottent l’une à l’autre, cherchant un contact furtif et sensuel.
Les centres d’intérêt se multiplient et l’attention de Marlène est vite accaparée par les sollicitations diverses, en même temps que ses défenses s’estompent, les résolutions disparaissent.
Je la connais, son corps parle pour elle. Elle aime ce jeu, et petit à petit, recherche le frôlement érotique quel qu’en soit l’auteur. L’abaya ample aux couleurs vives est le prétexte à cacher la main caressante de Karim ou de Pierre, peu importe. Ce qui compte, c’est l’ivresse du moment.
Pierre et Karim profitent bien entendu de ce consentement muet et accentuent encore leurs attouchements, s’échangeant des regards complices, me lançant des regards de vainqueur. Des mains de plus en plus efficaces se retrouvent sur l’épaule, la taille, caressent les bras, s’attardent un peu sur les fesses, et même, effleurent, mine de rien, un sein.
Je n’en reviens pas et je ressens un écœurement violent, profond. A l’intérieur de moi, il y a un volcan que je tente de maitriser.
Malgré tout ce qui a été dit ou promis Marlène m’oublie à nouveau, entrainée par ce couple diabolique et son chevalier servant.
Je ne peux en supporter plus.
Je me laisse glisser à l’arrière des deux couples et finis par être invisible du groupe.
Je rebrousse chemin et retourne au Riad.
Je suis dégoûté. Le stade de la simple colère et de l’infinie tristesse sont dépassés. J’avais espéré qu’elle se reprendrait, que notre discussion de ce matin avait pénétré son cœur et son cerveau.
A l’évidence, mon message n’est pas passé et je refuse d’être un cocu consentant.
J’avais cru que tout redeviendrait comme avant, que notre amour aurait accouché d’un moment de vérité, d’ouverture.
Rien de tout cela. Le déni, le refus synonyme d’absence de discussion.
Sans doute le seul moyen de panser les blessures, de réparer les dégâts si cela est possible.
Au-delà de la colère et la tristesse, c’est la déception qui m’assaille. Mais, il vaut mieux être déçu que d’espérer dans le vague. Maintenant, je sais ce qu’il me reste à faire.
Je m’installe sur le petit bureau de notre chambre, rédige une lettre pour Marlène, copie les photos et vidéos accusatrices sur un clé USB que j’ai toujours avec moi.
Ensuite, je rassemble mes affaires dans une valise, descend à la réception, commande un taxi et règle mon séjour.
Je me jette dans le taxi et me fait conduire à l’aéroport.
Pendant la balade dans les souks, Karim et Pierre n’ont pas arrêté de tourner autour de nous. A plusieurs reprises, je les ai repoussé et marqué vertement mon opposition.
Il est vrai que c’est plutôt excitant au milieu de cette foule grouillante.
Mais gare, je me souviens de la discussion avec Paul à la suite de l’épisode de la baignade et des propos tenus ce matin dans notre chambre et au petit déjeuner. Il n’a pas été tendre et je suis certaine qu’il ne m’a pas crue. Je l’ai déçu et je le comprends.
C’est déjà suffisamment compliqué pour ne pas en rajouter avec des bêtises d’adolescent en manque.
Régulièrement, je reviens près de lui, prenant sa main et tentant de l’intéresser aux échoppes colorées et parfois odorantes.
Mais, les sollicitations sont telles que je finis par être happée par le caquetage d’adolescente de Solange. Les stimuli ne manquent pas et mon attention est monopolisée par les marchandages auxquels Solange et moi nous adonnons avec plaisir.
Karim et Pierre, toujours près de moi profitent de mon relâchement pour me caresser le bras, les épaules, les fesses et même les seins, faisant croire habilement à un attouchement fortuit.
Je suis dans un jeu très sensuel où Solange se frotte à moi, où les mâles me caressent, me font frémir. Ma libido s’enflamme et je cherche même ces attouchements si délicieux, ma concupiscence est excitée.
J’oublie de repousser, de me révolter.
J’oublie mon homme.
Voilà un bout de temps que je n’ai pas aperçu Paul. Je sors de mon cocon de plaisir.
Où est-il ?
Pas de Paul à l’horizon.
Paniquée, je me lance à sa recherche. Secondée par les trois autres, j’élargis le périmètre de recherche, mais dans cette foule, je me rends compte que l’on perd vite ses repères.
J’ai tout une appréhension car, à nouveau, je me rends compte que je l’ai oublié entre les bavardages de Solange, les rappels délicieux des mains de Karim et Pierre, toute cette atmosphère chaude et sensuelle. J’ai déconné et cette fois, sous ses yeux ! Mais que m’arrive-t-il ?
Angoissée, nous retournons au Riad, c’est là que je le retrouverai certainement.
---ooo---
Je fonce dans notre chambre.
Il n’est pas là.
Sur la table basse, j’aperçois une lettre accompagnée d’une clé USB.
Cette fois, j’ai vraiment peur.
Je me laisse tomber dans le fauteuil.
J’ouvre fébrilement la lettre, reconnais l’écriture de Paul.
Et je lis.
« Marlène,
« Mes mises en gardes n’ont servi à rien. Tu t’es comportée comme une catin, une pouffiasse « recherchant le mâle en rut. Je ne te connaissais pas sous cet aspect.
« En faisant venir tes amis (car c’est bien toi qui leur as demandé de nous rejoindre n’est-ce-pas ?) tu as voulu faire revivre le passé, je l’ai bien compris.
« Si tu estimais que nous n’étions pas bien ensemble ou que ma compagnie ne te suffisait pas, « il fallait me le dire, cela aurait été plus honnête.
« Tu as préféré me trahir, me mentir. J’ai espéré tes aveux, nous aurions pu recoller les « morceaux. Mais, non seulement tu n’as pas avoué, mais tu m’as humilié, soumis aux « moqueries de tes comparses.
« Je te laisse cette clé USB, tu pourras contempler ta trahison. Non seulement tes « amis » se « sont bien occupés de toi, mais aussi, suprême trahison, ton Karim chéri.
« J’en ai gardé copie pour le divorce, car tu as bien compris que nos chemins se séparent. Tu « ne peux décemment pas me demander de jouer au cocu heureux.
« J’ai voulu te faire dire la vérité. Je me suis forcé à « visiter » les souks en ravalant ma colère « et ma frustration. J’avais espéré trouver un moment de parole, entre nous, dans la « complicité que nous entretenions. Nous aurions peut-être pu trouver une solution.
« Mais, non seulement tu as nié, menti en me regardant dans les yeux, en me parlant « d’amour et de confiance, mais au surplus tu as ramené Karim dans le parcours, te laissant « tripoter et caresser sous mes yeux. Quelle provocation ! Quelle humiliation ! Quelle « perfidie ! Je me suis retenu d’exploser de colère, cachant ma honte. Je ne te savais pas si « perfide !
« Tes « amis » sont tout aussi talentueux que toi. Enfin, eux ils ont eu ce qu’ils étaient venus « chercher : toi.
« Dis leur que je te laisse à eux, je ne joue pas dans la même pièce. C’est vrai qu’un ménage à « trois, c’est plus moderne.
« Inutile de chercher à me contacter, je vais disparaitre pour un temps certain, le temps de « digérer cette forfaiture. J’ai besoin d’espace, d’apaiser mon âme.
« Je ne veux pas gâcher tes vacances, je te laisse profiter de la vie, car c’est comme cela « probablement que vous justifiez ce type d’activité.
« Rassure-toi, à mon retour, mon avocat te contactera pour entamer la procédure de divorce. « Tu seras alors totalement libre.
« En attendant, sois heureuse sur le chemin que tu t’es choisi.
« Ton futur ex-mari
« Paul
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5 avis des lecteurs et lectrices après lecture : Les auteurs apprécient les commentaires de leurs lecteurs
Les avis des lecteurs
J’adore, pour une fois, le cocu n’est pas humilié…
Une partie à 4 ou 5, pourquoi pas mais pas en prenant son mari pour un benêt.
Dans un couple qui s’aime, tout doit être consenti!!!
Une partie à 4 ou 5, pourquoi pas mais pas en prenant son mari pour un benêt.
Dans un couple qui s’aime, tout doit être consenti!!!
J'espère qu'il aura un tome 4....
belle histoire. On aimerait avoir une suite
super histoire j'espère un 4eme chapitre et pour une fois le cocu n'est pas content
Le 3ème chapitres et aussi bien que les deux premiers.
Que deviens Marléne
Que deviens Marléne