Novice
Récit érotique écrit par Misa [→ Accès à sa fiche auteur]
Auteur femme.
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Histoire érotique Publiée sur HDS le 08-05-2015 dans la catégorie Entre-nous, hommes et femmes
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Novice
Elle est entrée dans le bar où ils avaient rendez-vous, s'est arrêtée à peine la porte passée et a cherché des yeux dans la salle. Au comptoir, ceux qui buvaient leur café du matin se sont retournés, d'autres aussi à leur table ont levé les yeux abandonnant la lecture d'un journal. Parce qu'elle est jolie ? Pas seulement ! Des sourires, des coups d'œil échangés entre eux, des airs entendus, de ce premier regard sur elle ils s'étaient fait une opinion.
L'allure, l'attitude, la démarche, les vêtements, Corinne projettent une image d'elle très marquée, et tous ceux qui la regardent se disent immédiatement qu'ils savent ce qu'elle est.
Elle est blonde, le visage frais, des cheveux courts à peine ondulés qu'elle repousse derrière son oreille d'un côté, le regard clair, des yeux bleus qui cherchent dans la salle, ne se posent longtemps sur rien ni personne. Elle porte autour du cou un foulard de soie imprimé dont les pans noués reposent sur le chemisier blanc boutonné jusqu’au cou, une veste de laine bleu marine, une croix épinglée dessus, une jupe plissée grise qui descend aux genoux, des socquettes blanches et des mocassins noirs à talons plats. Elle tient entre ses bras serrés autour d'elle une pochette noire dont pend l'anse d'épaule.
La première impression qu'elle donne est un mélange d'inquiétude et de distance, de timidité et d’innocence ; elle n'est pas à sa place dans ce café.
Ceux qui se sont retournés à son entrée diraient qu'elle a 25 ans environ, et la déshabillant du regard, s'il devait parier, dirait que sa jupe cache une culotte blanche de coton remontée haut sur sa taille, sa blouse un soutien-gorge sage.
Moi je sais. Je sais qu'ils pourraient avoir raison, et pourtant j'espère qu'ils ont tort : parce qu'elle est venue à notre rendez-vous !
Je ne l'ai rencontrée qu'une seule fois. Mathias m'avait parlé d'elle, m'avait raconté leur rencontre.
… une manifestation organisée par la Croix rouge sur le Champ de Mars, des scouts animaient le stand de Mathias, chemises bleu-ciel, foulards bleu et jaune, short kaki pour les garçons et jupe culotte pour les filles, et elle, elle aussi en tenue pour les encadrer.
Il m'a dit : fraîche, jolie, un peu agaçante de sourires et d’activité, que souvent elle le regardait à la dérobée, un regard intense et sérieux vite détourné quand il le croisait, son sourire revenant en réflexe, comme un masque.
... Quelque chose dans ses yeux, le regard. Un trouble ...
… dans leurs sacs à dos ils avaient une tenue de rechange pour les animations nocturnes. Il avait aidé à installer un drap suspendu aux armatures dans un coin du barnum pour que les jeunes puissent se changer à l'abri des regards.
Elle vérifiait les tenues, s'affairait derrière le rideau ou filles et garçons mélangés se changeaient, rougissait des regards amusés de Mathias quand elle réprimandait un ado visiblement troublé par les filles en petite tenue, rougissait de le voir là et de voir les filles minauder pour lui.
Il s'était planté bras croisés devant elle quand, les jeunes étant partis, c'était son tour de changer de tenue et il refusait à l'évidence de lui accorder l'intimité qu'elle souhaitait. Il attendait, curieux : une invitation à la laisser seule, une réprimande ?
Il avait vu l'instant où elle s'était décidée, un curieux mélange de défi, de résignation et de provocation. Elle lui avait tourné le dos pour enlever foulard et chemisier, ses chaussures et sa jupe-culotte en dernier.
Mathias voyait les hésitations, le dos crispé de tension de la jeune femme visiblement troublée, effrayée même, et en même temps sentait sa détermination, un mélange étonnant ; il s’était approché d'elle et d'une main sur son bras l'avait tournée face à lui.
Elle baissait les yeux, m'a-t-il dit, et tremblait mais ne s'était pas rebellée, cachait son ventre des mains nouées devant elle bras pendants.
Il lui avait soulevé le menton d'un doigt : — Regardez-moi !
Mathias ne se rend pas vraiment compte de l'effet qu'il produit : la cinquantaine, une prestance et une autorité naturelle qui impressionne ceux qui le côtoient.
Je comprends que cette jeune-fille qui avait passé l'après-midi près de lui ait perdu ses moyens, ait été troublée.
Mais ce n'est pas suffisant, bien sûr.
Quelque chose en elle devait la rendre prête, ce jour-là plus qu'un autre, sa réaction ne correspondait pas à ce qu’elle paraissait être.
Ce jour-là dans sa vie, quelle qu'en soit la raison ; et Mathias.
Elle a levé vers lui ses yeux voilés, les a refermés, refusant de soutenir son regard. Il a pris ses mains dans les siennes et les a dénouées. Elle n'a pas résisté, est restée bras ouverts écartés du corps, a gémi, lèvres entrouvertes, quand il a caressé un sein du dos d'un doigt sur le nylon blanc opaque :— Regardez-moi !
Mathias m'a dit n'avoir rien prémédité. Je le crois. En amour comme en affaires, il agit souvent par intuition, et rarement il se trompe sur ce qu'il peut ou non obtenir.
— Voulez-vous enlever votre culotte ?
Je vous ai dit qu'il ne se rend pas compte de l'effet qu'il produit ? J'ai eu tort. Je pense qu'il le sait très bien. Il proteste d'une moue ou d'un haussement d'épaule quand je le lui dis, mais je crois qu'il en a conscience. Il proteste parce qu'il n'en abuse pas, voilà tout. Il me dit qu'on n'obtient des gens que ce à quoi ils sont prêts. Le fait est qu'avec son charisme, sa prestance, sa voix chaude et grave, il obtient souvent ce qu'il veut !
Corinne est restée immobile un long moment, le regardant droit dans les yeux. Lui savait, m'a-t-il raconté avec un petit sourire, qu'elle allait le faire avant même de poser la question, avant qu'elle n'ait réellement pris sa décision.
Elle a enlevé sa culotte.
Vous vous souvenez des clients du café ? Ils auraient eu raison de parier : une grande culotte blanche en coton ! C'était ce qu'elle portait ce jour-là, la culotte que Mathias me tendait en me racontant.
Elle l'a enlevée et la gardait dans sa main, reprenant sa position d'avant, les bras écartés du corps, les yeux humides et brillants en retrouvant le regard de Mathias qui lentement baissait les yeux sur le buisson blond généreux qui frisait sur son ventre et débordait dans l'aine et sur ses cuisses, d'une teinte plus sombre que ses cheveux.
— Donnez-la-moi, s'il vous plaît. J'aimerais que vous restiez ainsi sous votre tenue du soir. Notre secret, voulez-vous ?
Aucun baiser. Aucune caresse. Dans la soirée des regards échangés.
Il voyait ses yeux posés sur lui chaque fois qu'il tournait son regard vers elle. Ses joues se coloraient, ses yeux parfois se voilaient avant qu'elle ne se détourne, parfois elle soutenait son regard avec une sorte de flamme qui éclairait son visage. Il s'amusait de voir sa transformation au cours de la soirée : à la fois fragilité et abandon, plus lumineuse avec les jeunes et les donateurs. Elle rougissait et baissait les yeux quand elle le voyait glisser une main dans la poche où il avait glissé sa culotte, mais ensuite redressait la tête et un bref sourire lui venait aux lèvres.
Il lui avait remis sa carte professionnelle en fin de soirée :— Passez me voir un soir de semaine à votre gré, après dix-huit heures. Vous n'avez pas besoin de ce que je garde de vous ... plus besoin, n'est-ce pas ?
— Elle ne viendra pas !
— Peut-être.
— Tu serais déçu ?
— Oui. J'aimerais te la présenter. Il y a quelque chose en elle. Tu saurais quoi faire.
Je faisais des photocopies dans le hall d'accueil quand elle est venue. Je ne l'avais jamais rencontrée, mais j'ai tout de suite su que c'était elle.
A cette heure-là, Mathias et moi étions seuls à l'agence.
— Bonjour ! Vous êtes Corinne !
C’est peu dire qu'elle ait été surprise de ma bise d'accueil et que je l'ai appelée par son prénom ! Cette jeune femme rougit délicieusement et j'ai compris dès son entrée que Mathias se soit intéressé à elle : un joli fruit frais qui donne envie de mordre dedans !
Mathias n'a pas bougé de derrière son bureau. Un sourire chaleureux, un signe de tête :— Vous êtes venue. Ces dix jours à vous attendre m'ont paru longs. Aide-la à se mettre à l'aise, s'il te plaît, je suis à vous dans quelques minutes.
On me dit que j'ai l'air sévère, que moi aussi j'impressionne quand on me rencontre pour la première fois, que le succès de notre agence tient à notre personnalité à Mathias et moi. Mathias s'en défend, je vous l'ai dit, moi jamais. Je sais l'impression que je fais sur ceux qui me rencontrent une première fois et j'en joue. C'est mal ?
Je l'ai conduite en lui tenant le bras vers la table de réunion à l'autre bout du grand bureau. J'ai pris le sac qu'elle serrait contre elle de mains nerveuses et repoussé derrière une oreille la mèche de cheveux tombée sur son front quand elle a baissé les yeux sur mes mains qui dénouait son foulard. Elle ouvrait de grands yeux étonnés, jetait de petits coups d'œil vers Mathias, a froncé les sourcils et arrondi les lèvres de surprise gênée quand je lui ai dit "Mathias m'a raconté votre rencontre".
Je lisais l'inquiétude et les questions dans ses yeux, j'en devinais la teneur en voyant ses joues se colorer, ces yeux se voiler quand j'ai ajouté "Il me dit tout, vous savez !", l'inquiétude quitter ses yeux clairs, remplacée par une étonnante sérénité.
Mathias m'avait dit qu'elle était jolie, qu'elle avait l'air fragile. Il avait mille fois raison.
Avait-il raison et deviné jusqu'au bout ? Une seule façon de savoir :— Avez-vous suivi son conseil ?
Si toutefois elle l’avait suivi, j’ignorais ce qu’il représentait pour elle, un acte impudique, un défi, une soumission ? et que moi qui lui étais étrangère m’en inquiète, cette intrusion dans son intimité qui aurait pu la faire fuir, je voyais qu’elle l’acceptait.
Ses lèvres ont tremblé, et très vite elle s’est reprise, ses yeux fixés aux miens, j'ai vu qu'elle savait très exactement de quel conseil je parlais.
Elle n'a eu aucun mouvement de retrait ou de rébellion en sentant ma main se poser dans son dos sur sa taille et descendre lentement sur ses reins et ses fesses pour y chercher la trace d'un élastique sous sa jupe plissée.
Les yeux fixes, elle ne respirait plus. J'ai posé une bise sur sa joue brûlante.
— C'est bien ! Rassurez-vous, tout va bien, n'est-ce pas ? Vous êtes venue !
Elle avait mis dix jours pour se décider. A quoi avait-elle pensé pendant ces dix jours ? Il était évident pour Mathias comme pour moi que sa venue était le fruit d'une longue lutte entre ce qu'elle était depuis toujours et une envie plus forte qui bousculait toutes ses certitudes. Ni lui ni moi ne connaissions sa vie, ses expériences, ses fantasmes ou ses refoulements. D'elle nous ne connaissions que son prénom et son image, celle qu'elle projetait, son étonnante obéissance à l'attente incongrue de Mathias le premier jour, sa répétition ce jour-là.
Elle serrait les poings quand j'ai déboutonné sa veste de laine, se mordait la lèvre inférieure, et retenait difficilement un gémissement. Elle fermait les yeux.
Je me suis interrompue pour caresser sa joue :— Regardez-moi !
Aucune rébellion. Elle restait immobile, ses yeux humides mais pleins de détermination. Elle ne m'aidait pas, mais ne faisait rien non plus pour m'empêcher de lui enlever son gilet et son chemisier, sa jupe ensuite qu'elle a enjambée quand je l'ai ramassée au sol.
Elle ne portait pour venir ni soutien-gorge ni culotte.
Elle s’est laissée dénuder sans la moindre protestation, avec le mélange étrange d’un total abandon et d’une volonté sans faille.
— Vous êtes très belle, et … très naturelle !
Je m'étais reculée d'un pas et tenait ses mains dans les miennes pour la contempler. Elle tremblait un peu malgré la chaleur qui régnait dans le bureau.
Un autre bise en m'approchant d'elle, puis ses seins soulevés de mes mains et ses tétons pincés, mes mains sur ses hanches, une sur ses fesses et l'autre doigts plongés dans sa toison, ses poils longs étirés des doigts sur son ventre et sur ses cuisses serrées. Elle ne bougeait pas, gardait ses yeux fixés au miens, se forçait à une respiration profonde lèvres entrouvertes, ne protestait à aucun geste.
Je l'ai poussée vers la table de conférence pour qu'elle s'y appuie :— Ecartez les jambes, s'il vous plaît !
Son nez pincé, une hésitation réprimée, elle a obéi. Collée à elle, une main dans son dos au creux de ses reins, je plaquais la main ouverte sur sa toison :— Vous avez beaucoup de partenaires ?
… ses yeux plissés, incompréhension.
— Avec combien d'hommes avez-vous fait l'amour ?
… étonnement :— Je suis vierge.
— Oh ...
Je poussais le majeur dans son vagin :— Quel âge avez-vous ?
— 24 ans.
— Vous prenez la pilule ? Un stérilet ?
Pour la première fois une lueur d'amusement dans ses yeux, un haussement d'épaules :— Non, pour quoi faire !
J'ai ri en posant mon front contre le sien, elle a ri aussi, la première véritable réaction naturelle depuis qu'elle était arrivée, vite effacée quand elle a violemment rougi à nouveau quand j'ai léché le doigt qui l'avait fouillée, que je l'ai poussé dans sa bouche après l'avoir retrempé dans son sexe :— Vous êtes très mouillée ! Vous l’êtes souvent ?
Elle faisait non de la tête, baissait les yeux sur son ventre.
— Vous vous caressez souvent ? Regardez-moi !
— Non.
— Déshabillez-moi.
A quoi avait-elle pensé en venant ce soir-là ? Je ne le lui ai pas demandé, Mathias non plus. Peut-être au début d'une histoire, peut-être un rêve éveillé, une pulsion, un défi. Je crois moi que sa nature se révélait, une nature qu'elle avait tenue enfermée longtemps, qu'elle assumait, qu'elle était là par décision mûrement prise, une rupture. Je crois qu'elle n'avait pas d'idée précise de ce qui arriverait en venant voir Mathias ce soir-là, et que cette absence de projet lui faisait tout accepter, que cet état d'objet correspondait à une attente, une dépravation voulue peut-être comme on s'inflige une punition, mais aussi une révélation.
Mathias sans s'en rendre compte avait accompagné quelque chose de profond, un passage à l’acte conscient d’une décision en suspens. Jamais sinon elle ne lui aurait cédé, jamais elle ne serait venue, jamais elle ne m'aurait laissé la traiter comme je le faisais.
Elle m'a déshabillée, à peine s'est-elle interrompue un bref instant en voyant Mathias s'installer sur une chaise près de nous. Elle a eu un bref sourire vite mordu en voyant que moi non plus je ne portais aucun dessous sous la jupe de mon tailleur.
— Je n'ai enlevé mes dessous que dans l'après-midi. Et vous ?
— Avant d'arriver. Dans les toilettes d'un café.
— J'aimerais que vous n'en portiez plus.
Elle a regardé Mathias qui lui adressait la parole pour la première fois, n'a eu aucune réaction.
— Voulez-vous caresser mon amie ?
Elle a obéi. Maladroitement. Elle était déçue quand je me suis redressée, gênée, presque vexée que je l’interrompue sans qu’elle n’ait provoqué quelque réaction.
C'était mercredi.
Nous avons pris rendez-vous pour samedi matin. Un café proche de chez nous, pour qu’elle prenne le temps, qu’elle décide :— Nous ferons de vous ce qu'il nous plaît.
Mathias ne disait rien. Elle écoutait.
— Réfléchissez. Ce n'est pas rien, vous savez. Samedi 10 heures. Réfléchissez.
Elle est venue. Elle fouillait des yeux la salle du café sous l’œil goguenard des clients du matin qui l’imaginaient perdue et s’apprêtant à lui indiquer le chemin de l’église la plus proche.
Elle m'a enfin aperçue tout au fond du bar sur une banquette et m'a rejointe. Elle a hésité un instant, s'est penché vers moi pour une bise avant de s'asseoir.
— Ne t'assois pas sur ta jupe.
Un temps très court, elle a hésité, puis s'est soulevée et a étalé sa jupe autour d'elle, sans un seul regard autour pour voir si quelqu'un faisait attention à elle.
— Tu habites loin ?
— A Vanves.
— Tu vis seule ?
Un sourire à peine esquissé, un haussement d'épaules :— Nous sommes une vingtaine.
Elle a souri à nouveau, de ma mine étonnée sans doute. Elle me regardait droit dans les yeux, souriait à nouveau :— Je vis chez les bénédictines.
— En foyer ?
— Je suis novice.
— Oh ! et ... Saint Benoît voit ton escapade de ce matin de quel œil ?
Elle n'a rien dit. Elle gardait les deux mains à plat sur le marbre de la table ronde, respirait calmement en gardant ses yeux rivés aux miens.
— Je ne comprends pas, Corinne.
— Moi non plus. Mais je suis venue.
— Un choix difficile ?
Ses yeux se sont voilés, comme si elle regardait très loin, se sont baissés sur ses mains qui tremblaient sur la table, puis les a relevés vers moi : — J'ai choisi. J'ai choisi d'être à vous. Ma vie d'avant n'est plus la mienne.
Je n'a rien dit à Mathias en rentrant, curieuse et je l'avoue un peu perturbée par cette jeune femme. Elle s'est installée sur le canapé en prenant garde à ne pas s'asseoir sur sa jupe, son petit sac serré sur son ventre.
Mathias a remarqué son air guindé et ma réserve en nous servant un café :— Je suis ravi que vous soyez venue, était-ce une décision difficile ?
— Oui.
— Et vous êtes là ! Mais mettez-vous à l'aise voyons ! Je vous sens empruntées, toutes les deux !
Corinne me regardait, ne sachant visiblement pas quelle attitude adopter.
Le silence s'est installé. Elle ne me quittait pas des yeux, un regard intense et déterminé, une flamme brillait dans ses grands yeux bleus. Mathias buvait tranquillement son café.
Tous les deux, je m'en rendais compte, s'en remettaient à moi pour la suite.
A mon invite, elle s’est levée et m’a suivie dans la chambre que j’occupe tout au fond du couloir, s’est dévêtue au pied du lit où je m’étais assise.
Elle ne portait aucun dessous ce matin-là non plus sous sa blouse et sa jupe :— Vous vous êtes encore déshabillée dans un café avant de me retrouver ?
— Non. Je n’ai rien mis ce matin en partant.
— Ce matin ?
Une lueur dans ses yeux et un sourire :— Hier non plus.
— Approchez. Avez-vous peur ?
— Oui.
— Allongez-vous … attendez ! C’est quoi, ces marques ?
Son dos et ses fesses étaient zébrées de fines marques rouges :— Les châtiments corporels ont cours chez les Bénédictines ?
Elle me tournait le dos à genoux sur le lit où je lui avais dit de s’allonger. Elle s’est assise sur ses talons, la tête baissée et les mains serrées entre ses cuisses, faisait non de la tête.
— Corinne, je ne vais pas vous poser mille questions, une fois pour toutes expliquez-moi, ces marques dans votre dos, votre présence. Je veux que vous me parliez. Et regardez-moi.
... Mise en pension très jeune, un beau-père qu’elle embarrassait ; une discipline à laquelle elle s’est faite, une surveillante de dortoir, une sœur, qui adorait distribuer fessées et brimades ; une amie de cœur de son âge, un amour platonique, des désirs jamais assouvis, qui a prononcé ses vœux alors qu’elle, hésitait, et dit aujourd’hui y avoir renoncé définitivement, ses pulsions refoulées longtemps ; un master d’informatique et les avances toujours repoussées d’étudiants, d’un professeur aussi ; les coups de fouet, punition auto-infligée, des lectures qui enflammaient ses sens, romantisme et punitions corporelles mêlées, ses seuls exutoires à une vie qui lui pèse, et le plaisir qu’elle ne connaît qu’ainsi, par la honte et la douleur.
Une histoire triste. Une fuite. Un constat d’échec d’une vie à peine commencée, une attente désespérée, mais une décision mûrie, réfléchie aussi étonnante soit-elle, se livrer, et un choix, c’était Mathias, et c’était moi. Des inconnus.
Je ne l’ai pas interrompue. Elle parlait d’une voix calme, posée, exposait certitudes et doutes …— Je ne veux plus vivre de rêves et de fantasmes, je veux vivre ce dont je rêve, c’est idiot n’est-ce pas ? Je ne vous connais pas, Monsieur non plus. Je venais de décider de quitter le monastère quand je l’ai rencontré. Il est … rassurant et inquiétant. Je ne m’attendais pas à vous, avec lui. Et je suis là. Je me suis fouettée parce que j’avais honte de moi, des besoins de mon corps. Je suis comme ça, le plaisir me vient comme ça.
Une lueur de défi dans ses yeux, elle n’a jamais baissé les yeux, s’arrêtait parfois pour réfléchir, trouver les mots justes, des aveux, de l’autodérision parfois, et d’un ton sérieux :— Vous avez dit que vous feriez de moi ce qu’il vous plaît. Je sais ce qu’est la contrainte. Je l’accepte, je l’attends. Vous me fouetterez aussi ?
Mathias m’avait dit « il y a quelque chose en elle ». Jamais je n’avais rencontré personne comme elle auparavant. Des filles, des garçons, qui cherchaient le frisson, jouaient, d’autres plus âgés aussi, mais jamais une fille comme elle, à la fois intense et perdue, et si jeune !
— Ne dis plus « Monsieur » mais Mathias, et je m’appelle Alice, on va se tutoyer si tu veux bien. Pour le reste …je te fouetterai peut-être, et tu me fouetteras aussi.
— Elle pourrait même commencer tout de suite. Qu’en dis-tu, Corinne ?
Ni l’une ni l’autre n’avions vues Mathias nous rejoindre. Il se tenait bras croisés dans l’encadrement de la porte où il s’appuyait d’une épaule.
Il s’est redressé et a ouvert le tiroir de la commode, en a sorti la cravache de cuir et l’a tendue à Corinne :— Ne la ménage pas ! Elle ne te ménagera pas non plus juste après, un détail encombrant qu’elle règlera, bien que personnellement ce me soit indifférent !
Je me suis agenouillée au pied du lit, les bras étendus devant moi, la poitrine sur les draps. Mathias s’est assis à côté de moi, il caressait ma joue, glissait ses doigts dans mes cheveux pendant que Corinne retroussait ma robe sur mes reins puis glissait une main entre mes cuisses pour les ouvrir grand, passait sa main sur mes fesses, en suivait le sillon d’un doigt et empaumait mon sexe. Geste étonnant de sa part auquel je ne m’attendais pas, et sans un instant d’attente ensuite, elle a cinglé mes fesses, de coups réguliers, me faisant sursauter et crier d’un coup parfois entre mes cuisses droit sur mon sexe exposé, sans doute guidée dans ses gestes par Mathias qui caressait mes cheveux, se penchait pour embrasser les larmes qui coulaient sur ma joue.
Elle ne m’a pas ménagée. Elle a posé à la fin ses deux mains fraîches sur mes fesses, a doucement étalé dessus la crème que Mathias lui avait donné pour calmer le feu sur ma peau, m’a caressée ensuite très lentement, sa main à plat entre mes lèvres échauffées et gonflées des coups de cravaches. Entre mes fesses, je savais, c’était Mathias qui plongeait un doigt au creux de mes reins.
Ni l’un ni l’autre n’essayait de me donner le plaisir que j’attendais, au contraire tous les deux s’interrompaient quand ils sentaient que j’en approchais. Mathias me connaissait trop bien et guidait sans doute Corinne, me voulant frustrée comme souvent il aimait me laisser longtemps.
Et frustrée je l’étais juste assez pour ne pas être tendre avec Corinne. Pas tendre mais attentive.
Si ce moment avait ou pas une importance pour elle, elle n’en avait rien dit, mais j’avais bien l’intention dès ce premier jour de lui voler son hymen que de mon majeur en elle le mercredi j’avais su intact, ce qui n’est pas toujours le cas d’une fille qui se prétend vierge.
Elle était allongée entre Mathias et moi sur le lit. Il caressait ses seins, les maltraitait aussi la faisant se raidir. Penchée au-dessus d’elle, mes lèvres au-dessus des siennes, je lui ai dit mon intention. Elle n’a eu aucun recul aucun refus ni acceptation. Elle me regardait, regard clair et sérieux, m’écoutait quand je lui ai dit qu’elle aurait ce moment de moi et non de Mathias, que c’était moi qui déchirerais de mes doigts l’anneau qui protégeait son vagin :— La déchirure sera peut-être douloureuse sur l’instant, peut-être pas, aucune fille n’est pareille, peut-être que ça change avec l’âge, je ne sais pas, mais attends-toi à avoir mal, je ferai ce que je peux pour ça, je veux que tu cries pour moi. Mathias a d’autres goûts, qu’il te fera partager plus tard, aujourd’hui ou un autre jour, Mathias préfère les fesses des filles, des garçons parfois. Quand ça lui plaira.
Je me suis déshabillée et j’ai pris dans la commode un des godes qui s’y trouvaient, pas très long mais épais, pourvu d’un gland bien dessiné, qui s’affinait dessous pour s’épaissir encore ensuite à un diamètre plus gros que le gland lui-même, de couleur ivoire, veiné de stries marquées, un objet en plastique rigide.
Je lui avais promis la douleur, j’ai tenu parole. Je voulais ses cris, je les ai eus.
J’ai eu son souffle coupé et son sursaut quand j’ai déchiré son hymen de trois doigts liés, ses yeux affolés quand je lui ai montré le gode qu’ensuite j’ai très lentement planté entre ses cuisses déchirant plus largement les chairs, j’ai eu les tremblements de ses jambes et son corps arqué sur le lit quand ma main ouverte a remplacé le gode, la trace sanglante sur mes doigts et les draps qu’elle froissait de ses poings serrés, et tout à la fin, après les cris, la douleur, après les bras et les jambes qui luttaient pour m’échapper, j’ai eu son plaisir, l’orgasme qui la secouait, faisait battre son clitoris au rythme des contractions de son ventre.
J’ai bu ses larmes, calmé son souffle et les battements fous de son cœur sous mes caresses, j’ai partagé après son premier baiser, allongée sur son corps alangui, enfermée au chaud de ses cuisses et ses bras qu’elle fermait sur moi, j’ai eu ses grands yeux lumineux et son sourire et son rire aussi de nos baisers, la douce chaleur de ses seins sous les miens.
De Mathias ce jour-là elle n’a eu que le baptême de sa bouche et son goût qu’elle a partagé avec moi d’un baiser. Ce jour-là elle a dormi et pleuré dans mes bras, et après a dormi toute la nuit dans mon lit où Mathias nous a rejointes au matin. Il a été plus doux que moi la veille.
Corinne a élu domicile chez nous, s’échappe le samedi matin, se confesse, s’échappe le dimanche pour la messe du matin, passe ses nuits dans mon lit, dans celui de Mathias. Son plaisir n’a plus besoin de douleur, plus besoin, mais parfois, mes envies les siennes, et Mathias, parfois ...
Et très vite une question avait été balayée :— Vous savez qu’il faudra me mettre à la porte !
— Tu veux partir ?
— Non.
— Déshabille-toi !
Misa – 03/2015
L'allure, l'attitude, la démarche, les vêtements, Corinne projettent une image d'elle très marquée, et tous ceux qui la regardent se disent immédiatement qu'ils savent ce qu'elle est.
Elle est blonde, le visage frais, des cheveux courts à peine ondulés qu'elle repousse derrière son oreille d'un côté, le regard clair, des yeux bleus qui cherchent dans la salle, ne se posent longtemps sur rien ni personne. Elle porte autour du cou un foulard de soie imprimé dont les pans noués reposent sur le chemisier blanc boutonné jusqu’au cou, une veste de laine bleu marine, une croix épinglée dessus, une jupe plissée grise qui descend aux genoux, des socquettes blanches et des mocassins noirs à talons plats. Elle tient entre ses bras serrés autour d'elle une pochette noire dont pend l'anse d'épaule.
La première impression qu'elle donne est un mélange d'inquiétude et de distance, de timidité et d’innocence ; elle n'est pas à sa place dans ce café.
Ceux qui se sont retournés à son entrée diraient qu'elle a 25 ans environ, et la déshabillant du regard, s'il devait parier, dirait que sa jupe cache une culotte blanche de coton remontée haut sur sa taille, sa blouse un soutien-gorge sage.
Moi je sais. Je sais qu'ils pourraient avoir raison, et pourtant j'espère qu'ils ont tort : parce qu'elle est venue à notre rendez-vous !
Je ne l'ai rencontrée qu'une seule fois. Mathias m'avait parlé d'elle, m'avait raconté leur rencontre.
… une manifestation organisée par la Croix rouge sur le Champ de Mars, des scouts animaient le stand de Mathias, chemises bleu-ciel, foulards bleu et jaune, short kaki pour les garçons et jupe culotte pour les filles, et elle, elle aussi en tenue pour les encadrer.
Il m'a dit : fraîche, jolie, un peu agaçante de sourires et d’activité, que souvent elle le regardait à la dérobée, un regard intense et sérieux vite détourné quand il le croisait, son sourire revenant en réflexe, comme un masque.
... Quelque chose dans ses yeux, le regard. Un trouble ...
… dans leurs sacs à dos ils avaient une tenue de rechange pour les animations nocturnes. Il avait aidé à installer un drap suspendu aux armatures dans un coin du barnum pour que les jeunes puissent se changer à l'abri des regards.
Elle vérifiait les tenues, s'affairait derrière le rideau ou filles et garçons mélangés se changeaient, rougissait des regards amusés de Mathias quand elle réprimandait un ado visiblement troublé par les filles en petite tenue, rougissait de le voir là et de voir les filles minauder pour lui.
Il s'était planté bras croisés devant elle quand, les jeunes étant partis, c'était son tour de changer de tenue et il refusait à l'évidence de lui accorder l'intimité qu'elle souhaitait. Il attendait, curieux : une invitation à la laisser seule, une réprimande ?
Il avait vu l'instant où elle s'était décidée, un curieux mélange de défi, de résignation et de provocation. Elle lui avait tourné le dos pour enlever foulard et chemisier, ses chaussures et sa jupe-culotte en dernier.
Mathias voyait les hésitations, le dos crispé de tension de la jeune femme visiblement troublée, effrayée même, et en même temps sentait sa détermination, un mélange étonnant ; il s’était approché d'elle et d'une main sur son bras l'avait tournée face à lui.
Elle baissait les yeux, m'a-t-il dit, et tremblait mais ne s'était pas rebellée, cachait son ventre des mains nouées devant elle bras pendants.
Il lui avait soulevé le menton d'un doigt : — Regardez-moi !
Mathias ne se rend pas vraiment compte de l'effet qu'il produit : la cinquantaine, une prestance et une autorité naturelle qui impressionne ceux qui le côtoient.
Je comprends que cette jeune-fille qui avait passé l'après-midi près de lui ait perdu ses moyens, ait été troublée.
Mais ce n'est pas suffisant, bien sûr.
Quelque chose en elle devait la rendre prête, ce jour-là plus qu'un autre, sa réaction ne correspondait pas à ce qu’elle paraissait être.
Ce jour-là dans sa vie, quelle qu'en soit la raison ; et Mathias.
Elle a levé vers lui ses yeux voilés, les a refermés, refusant de soutenir son regard. Il a pris ses mains dans les siennes et les a dénouées. Elle n'a pas résisté, est restée bras ouverts écartés du corps, a gémi, lèvres entrouvertes, quand il a caressé un sein du dos d'un doigt sur le nylon blanc opaque :— Regardez-moi !
Mathias m'a dit n'avoir rien prémédité. Je le crois. En amour comme en affaires, il agit souvent par intuition, et rarement il se trompe sur ce qu'il peut ou non obtenir.
— Voulez-vous enlever votre culotte ?
Je vous ai dit qu'il ne se rend pas compte de l'effet qu'il produit ? J'ai eu tort. Je pense qu'il le sait très bien. Il proteste d'une moue ou d'un haussement d'épaule quand je le lui dis, mais je crois qu'il en a conscience. Il proteste parce qu'il n'en abuse pas, voilà tout. Il me dit qu'on n'obtient des gens que ce à quoi ils sont prêts. Le fait est qu'avec son charisme, sa prestance, sa voix chaude et grave, il obtient souvent ce qu'il veut !
Corinne est restée immobile un long moment, le regardant droit dans les yeux. Lui savait, m'a-t-il raconté avec un petit sourire, qu'elle allait le faire avant même de poser la question, avant qu'elle n'ait réellement pris sa décision.
Elle a enlevé sa culotte.
Vous vous souvenez des clients du café ? Ils auraient eu raison de parier : une grande culotte blanche en coton ! C'était ce qu'elle portait ce jour-là, la culotte que Mathias me tendait en me racontant.
Elle l'a enlevée et la gardait dans sa main, reprenant sa position d'avant, les bras écartés du corps, les yeux humides et brillants en retrouvant le regard de Mathias qui lentement baissait les yeux sur le buisson blond généreux qui frisait sur son ventre et débordait dans l'aine et sur ses cuisses, d'une teinte plus sombre que ses cheveux.
— Donnez-la-moi, s'il vous plaît. J'aimerais que vous restiez ainsi sous votre tenue du soir. Notre secret, voulez-vous ?
Aucun baiser. Aucune caresse. Dans la soirée des regards échangés.
Il voyait ses yeux posés sur lui chaque fois qu'il tournait son regard vers elle. Ses joues se coloraient, ses yeux parfois se voilaient avant qu'elle ne se détourne, parfois elle soutenait son regard avec une sorte de flamme qui éclairait son visage. Il s'amusait de voir sa transformation au cours de la soirée : à la fois fragilité et abandon, plus lumineuse avec les jeunes et les donateurs. Elle rougissait et baissait les yeux quand elle le voyait glisser une main dans la poche où il avait glissé sa culotte, mais ensuite redressait la tête et un bref sourire lui venait aux lèvres.
Il lui avait remis sa carte professionnelle en fin de soirée :— Passez me voir un soir de semaine à votre gré, après dix-huit heures. Vous n'avez pas besoin de ce que je garde de vous ... plus besoin, n'est-ce pas ?
— Elle ne viendra pas !
— Peut-être.
— Tu serais déçu ?
— Oui. J'aimerais te la présenter. Il y a quelque chose en elle. Tu saurais quoi faire.
Je faisais des photocopies dans le hall d'accueil quand elle est venue. Je ne l'avais jamais rencontrée, mais j'ai tout de suite su que c'était elle.
A cette heure-là, Mathias et moi étions seuls à l'agence.
— Bonjour ! Vous êtes Corinne !
C’est peu dire qu'elle ait été surprise de ma bise d'accueil et que je l'ai appelée par son prénom ! Cette jeune femme rougit délicieusement et j'ai compris dès son entrée que Mathias se soit intéressé à elle : un joli fruit frais qui donne envie de mordre dedans !
Mathias n'a pas bougé de derrière son bureau. Un sourire chaleureux, un signe de tête :— Vous êtes venue. Ces dix jours à vous attendre m'ont paru longs. Aide-la à se mettre à l'aise, s'il te plaît, je suis à vous dans quelques minutes.
On me dit que j'ai l'air sévère, que moi aussi j'impressionne quand on me rencontre pour la première fois, que le succès de notre agence tient à notre personnalité à Mathias et moi. Mathias s'en défend, je vous l'ai dit, moi jamais. Je sais l'impression que je fais sur ceux qui me rencontrent une première fois et j'en joue. C'est mal ?
Je l'ai conduite en lui tenant le bras vers la table de réunion à l'autre bout du grand bureau. J'ai pris le sac qu'elle serrait contre elle de mains nerveuses et repoussé derrière une oreille la mèche de cheveux tombée sur son front quand elle a baissé les yeux sur mes mains qui dénouait son foulard. Elle ouvrait de grands yeux étonnés, jetait de petits coups d'œil vers Mathias, a froncé les sourcils et arrondi les lèvres de surprise gênée quand je lui ai dit "Mathias m'a raconté votre rencontre".
Je lisais l'inquiétude et les questions dans ses yeux, j'en devinais la teneur en voyant ses joues se colorer, ces yeux se voiler quand j'ai ajouté "Il me dit tout, vous savez !", l'inquiétude quitter ses yeux clairs, remplacée par une étonnante sérénité.
Mathias m'avait dit qu'elle était jolie, qu'elle avait l'air fragile. Il avait mille fois raison.
Avait-il raison et deviné jusqu'au bout ? Une seule façon de savoir :— Avez-vous suivi son conseil ?
Si toutefois elle l’avait suivi, j’ignorais ce qu’il représentait pour elle, un acte impudique, un défi, une soumission ? et que moi qui lui étais étrangère m’en inquiète, cette intrusion dans son intimité qui aurait pu la faire fuir, je voyais qu’elle l’acceptait.
Ses lèvres ont tremblé, et très vite elle s’est reprise, ses yeux fixés aux miens, j'ai vu qu'elle savait très exactement de quel conseil je parlais.
Elle n'a eu aucun mouvement de retrait ou de rébellion en sentant ma main se poser dans son dos sur sa taille et descendre lentement sur ses reins et ses fesses pour y chercher la trace d'un élastique sous sa jupe plissée.
Les yeux fixes, elle ne respirait plus. J'ai posé une bise sur sa joue brûlante.
— C'est bien ! Rassurez-vous, tout va bien, n'est-ce pas ? Vous êtes venue !
Elle avait mis dix jours pour se décider. A quoi avait-elle pensé pendant ces dix jours ? Il était évident pour Mathias comme pour moi que sa venue était le fruit d'une longue lutte entre ce qu'elle était depuis toujours et une envie plus forte qui bousculait toutes ses certitudes. Ni lui ni moi ne connaissions sa vie, ses expériences, ses fantasmes ou ses refoulements. D'elle nous ne connaissions que son prénom et son image, celle qu'elle projetait, son étonnante obéissance à l'attente incongrue de Mathias le premier jour, sa répétition ce jour-là.
Elle serrait les poings quand j'ai déboutonné sa veste de laine, se mordait la lèvre inférieure, et retenait difficilement un gémissement. Elle fermait les yeux.
Je me suis interrompue pour caresser sa joue :— Regardez-moi !
Aucune rébellion. Elle restait immobile, ses yeux humides mais pleins de détermination. Elle ne m'aidait pas, mais ne faisait rien non plus pour m'empêcher de lui enlever son gilet et son chemisier, sa jupe ensuite qu'elle a enjambée quand je l'ai ramassée au sol.
Elle ne portait pour venir ni soutien-gorge ni culotte.
Elle s’est laissée dénuder sans la moindre protestation, avec le mélange étrange d’un total abandon et d’une volonté sans faille.
— Vous êtes très belle, et … très naturelle !
Je m'étais reculée d'un pas et tenait ses mains dans les miennes pour la contempler. Elle tremblait un peu malgré la chaleur qui régnait dans le bureau.
Un autre bise en m'approchant d'elle, puis ses seins soulevés de mes mains et ses tétons pincés, mes mains sur ses hanches, une sur ses fesses et l'autre doigts plongés dans sa toison, ses poils longs étirés des doigts sur son ventre et sur ses cuisses serrées. Elle ne bougeait pas, gardait ses yeux fixés au miens, se forçait à une respiration profonde lèvres entrouvertes, ne protestait à aucun geste.
Je l'ai poussée vers la table de conférence pour qu'elle s'y appuie :— Ecartez les jambes, s'il vous plaît !
Son nez pincé, une hésitation réprimée, elle a obéi. Collée à elle, une main dans son dos au creux de ses reins, je plaquais la main ouverte sur sa toison :— Vous avez beaucoup de partenaires ?
… ses yeux plissés, incompréhension.
— Avec combien d'hommes avez-vous fait l'amour ?
… étonnement :— Je suis vierge.
— Oh ...
Je poussais le majeur dans son vagin :— Quel âge avez-vous ?
— 24 ans.
— Vous prenez la pilule ? Un stérilet ?
Pour la première fois une lueur d'amusement dans ses yeux, un haussement d'épaules :— Non, pour quoi faire !
J'ai ri en posant mon front contre le sien, elle a ri aussi, la première véritable réaction naturelle depuis qu'elle était arrivée, vite effacée quand elle a violemment rougi à nouveau quand j'ai léché le doigt qui l'avait fouillée, que je l'ai poussé dans sa bouche après l'avoir retrempé dans son sexe :— Vous êtes très mouillée ! Vous l’êtes souvent ?
Elle faisait non de la tête, baissait les yeux sur son ventre.
— Vous vous caressez souvent ? Regardez-moi !
— Non.
— Déshabillez-moi.
A quoi avait-elle pensé en venant ce soir-là ? Je ne le lui ai pas demandé, Mathias non plus. Peut-être au début d'une histoire, peut-être un rêve éveillé, une pulsion, un défi. Je crois moi que sa nature se révélait, une nature qu'elle avait tenue enfermée longtemps, qu'elle assumait, qu'elle était là par décision mûrement prise, une rupture. Je crois qu'elle n'avait pas d'idée précise de ce qui arriverait en venant voir Mathias ce soir-là, et que cette absence de projet lui faisait tout accepter, que cet état d'objet correspondait à une attente, une dépravation voulue peut-être comme on s'inflige une punition, mais aussi une révélation.
Mathias sans s'en rendre compte avait accompagné quelque chose de profond, un passage à l’acte conscient d’une décision en suspens. Jamais sinon elle ne lui aurait cédé, jamais elle ne serait venue, jamais elle ne m'aurait laissé la traiter comme je le faisais.
Elle m'a déshabillée, à peine s'est-elle interrompue un bref instant en voyant Mathias s'installer sur une chaise près de nous. Elle a eu un bref sourire vite mordu en voyant que moi non plus je ne portais aucun dessous sous la jupe de mon tailleur.
— Je n'ai enlevé mes dessous que dans l'après-midi. Et vous ?
— Avant d'arriver. Dans les toilettes d'un café.
— J'aimerais que vous n'en portiez plus.
Elle a regardé Mathias qui lui adressait la parole pour la première fois, n'a eu aucune réaction.
— Voulez-vous caresser mon amie ?
Elle a obéi. Maladroitement. Elle était déçue quand je me suis redressée, gênée, presque vexée que je l’interrompue sans qu’elle n’ait provoqué quelque réaction.
C'était mercredi.
Nous avons pris rendez-vous pour samedi matin. Un café proche de chez nous, pour qu’elle prenne le temps, qu’elle décide :— Nous ferons de vous ce qu'il nous plaît.
Mathias ne disait rien. Elle écoutait.
— Réfléchissez. Ce n'est pas rien, vous savez. Samedi 10 heures. Réfléchissez.
Elle est venue. Elle fouillait des yeux la salle du café sous l’œil goguenard des clients du matin qui l’imaginaient perdue et s’apprêtant à lui indiquer le chemin de l’église la plus proche.
Elle m'a enfin aperçue tout au fond du bar sur une banquette et m'a rejointe. Elle a hésité un instant, s'est penché vers moi pour une bise avant de s'asseoir.
— Ne t'assois pas sur ta jupe.
Un temps très court, elle a hésité, puis s'est soulevée et a étalé sa jupe autour d'elle, sans un seul regard autour pour voir si quelqu'un faisait attention à elle.
— Tu habites loin ?
— A Vanves.
— Tu vis seule ?
Un sourire à peine esquissé, un haussement d'épaules :— Nous sommes une vingtaine.
Elle a souri à nouveau, de ma mine étonnée sans doute. Elle me regardait droit dans les yeux, souriait à nouveau :— Je vis chez les bénédictines.
— En foyer ?
— Je suis novice.
— Oh ! et ... Saint Benoît voit ton escapade de ce matin de quel œil ?
Elle n'a rien dit. Elle gardait les deux mains à plat sur le marbre de la table ronde, respirait calmement en gardant ses yeux rivés aux miens.
— Je ne comprends pas, Corinne.
— Moi non plus. Mais je suis venue.
— Un choix difficile ?
Ses yeux se sont voilés, comme si elle regardait très loin, se sont baissés sur ses mains qui tremblaient sur la table, puis les a relevés vers moi : — J'ai choisi. J'ai choisi d'être à vous. Ma vie d'avant n'est plus la mienne.
Je n'a rien dit à Mathias en rentrant, curieuse et je l'avoue un peu perturbée par cette jeune femme. Elle s'est installée sur le canapé en prenant garde à ne pas s'asseoir sur sa jupe, son petit sac serré sur son ventre.
Mathias a remarqué son air guindé et ma réserve en nous servant un café :— Je suis ravi que vous soyez venue, était-ce une décision difficile ?
— Oui.
— Et vous êtes là ! Mais mettez-vous à l'aise voyons ! Je vous sens empruntées, toutes les deux !
Corinne me regardait, ne sachant visiblement pas quelle attitude adopter.
Le silence s'est installé. Elle ne me quittait pas des yeux, un regard intense et déterminé, une flamme brillait dans ses grands yeux bleus. Mathias buvait tranquillement son café.
Tous les deux, je m'en rendais compte, s'en remettaient à moi pour la suite.
A mon invite, elle s’est levée et m’a suivie dans la chambre que j’occupe tout au fond du couloir, s’est dévêtue au pied du lit où je m’étais assise.
Elle ne portait aucun dessous ce matin-là non plus sous sa blouse et sa jupe :— Vous vous êtes encore déshabillée dans un café avant de me retrouver ?
— Non. Je n’ai rien mis ce matin en partant.
— Ce matin ?
Une lueur dans ses yeux et un sourire :— Hier non plus.
— Approchez. Avez-vous peur ?
— Oui.
— Allongez-vous … attendez ! C’est quoi, ces marques ?
Son dos et ses fesses étaient zébrées de fines marques rouges :— Les châtiments corporels ont cours chez les Bénédictines ?
Elle me tournait le dos à genoux sur le lit où je lui avais dit de s’allonger. Elle s’est assise sur ses talons, la tête baissée et les mains serrées entre ses cuisses, faisait non de la tête.
— Corinne, je ne vais pas vous poser mille questions, une fois pour toutes expliquez-moi, ces marques dans votre dos, votre présence. Je veux que vous me parliez. Et regardez-moi.
... Mise en pension très jeune, un beau-père qu’elle embarrassait ; une discipline à laquelle elle s’est faite, une surveillante de dortoir, une sœur, qui adorait distribuer fessées et brimades ; une amie de cœur de son âge, un amour platonique, des désirs jamais assouvis, qui a prononcé ses vœux alors qu’elle, hésitait, et dit aujourd’hui y avoir renoncé définitivement, ses pulsions refoulées longtemps ; un master d’informatique et les avances toujours repoussées d’étudiants, d’un professeur aussi ; les coups de fouet, punition auto-infligée, des lectures qui enflammaient ses sens, romantisme et punitions corporelles mêlées, ses seuls exutoires à une vie qui lui pèse, et le plaisir qu’elle ne connaît qu’ainsi, par la honte et la douleur.
Une histoire triste. Une fuite. Un constat d’échec d’une vie à peine commencée, une attente désespérée, mais une décision mûrie, réfléchie aussi étonnante soit-elle, se livrer, et un choix, c’était Mathias, et c’était moi. Des inconnus.
Je ne l’ai pas interrompue. Elle parlait d’une voix calme, posée, exposait certitudes et doutes …— Je ne veux plus vivre de rêves et de fantasmes, je veux vivre ce dont je rêve, c’est idiot n’est-ce pas ? Je ne vous connais pas, Monsieur non plus. Je venais de décider de quitter le monastère quand je l’ai rencontré. Il est … rassurant et inquiétant. Je ne m’attendais pas à vous, avec lui. Et je suis là. Je me suis fouettée parce que j’avais honte de moi, des besoins de mon corps. Je suis comme ça, le plaisir me vient comme ça.
Une lueur de défi dans ses yeux, elle n’a jamais baissé les yeux, s’arrêtait parfois pour réfléchir, trouver les mots justes, des aveux, de l’autodérision parfois, et d’un ton sérieux :— Vous avez dit que vous feriez de moi ce qu’il vous plaît. Je sais ce qu’est la contrainte. Je l’accepte, je l’attends. Vous me fouetterez aussi ?
Mathias m’avait dit « il y a quelque chose en elle ». Jamais je n’avais rencontré personne comme elle auparavant. Des filles, des garçons, qui cherchaient le frisson, jouaient, d’autres plus âgés aussi, mais jamais une fille comme elle, à la fois intense et perdue, et si jeune !
— Ne dis plus « Monsieur » mais Mathias, et je m’appelle Alice, on va se tutoyer si tu veux bien. Pour le reste …je te fouetterai peut-être, et tu me fouetteras aussi.
— Elle pourrait même commencer tout de suite. Qu’en dis-tu, Corinne ?
Ni l’une ni l’autre n’avions vues Mathias nous rejoindre. Il se tenait bras croisés dans l’encadrement de la porte où il s’appuyait d’une épaule.
Il s’est redressé et a ouvert le tiroir de la commode, en a sorti la cravache de cuir et l’a tendue à Corinne :— Ne la ménage pas ! Elle ne te ménagera pas non plus juste après, un détail encombrant qu’elle règlera, bien que personnellement ce me soit indifférent !
Je me suis agenouillée au pied du lit, les bras étendus devant moi, la poitrine sur les draps. Mathias s’est assis à côté de moi, il caressait ma joue, glissait ses doigts dans mes cheveux pendant que Corinne retroussait ma robe sur mes reins puis glissait une main entre mes cuisses pour les ouvrir grand, passait sa main sur mes fesses, en suivait le sillon d’un doigt et empaumait mon sexe. Geste étonnant de sa part auquel je ne m’attendais pas, et sans un instant d’attente ensuite, elle a cinglé mes fesses, de coups réguliers, me faisant sursauter et crier d’un coup parfois entre mes cuisses droit sur mon sexe exposé, sans doute guidée dans ses gestes par Mathias qui caressait mes cheveux, se penchait pour embrasser les larmes qui coulaient sur ma joue.
Elle ne m’a pas ménagée. Elle a posé à la fin ses deux mains fraîches sur mes fesses, a doucement étalé dessus la crème que Mathias lui avait donné pour calmer le feu sur ma peau, m’a caressée ensuite très lentement, sa main à plat entre mes lèvres échauffées et gonflées des coups de cravaches. Entre mes fesses, je savais, c’était Mathias qui plongeait un doigt au creux de mes reins.
Ni l’un ni l’autre n’essayait de me donner le plaisir que j’attendais, au contraire tous les deux s’interrompaient quand ils sentaient que j’en approchais. Mathias me connaissait trop bien et guidait sans doute Corinne, me voulant frustrée comme souvent il aimait me laisser longtemps.
Et frustrée je l’étais juste assez pour ne pas être tendre avec Corinne. Pas tendre mais attentive.
Si ce moment avait ou pas une importance pour elle, elle n’en avait rien dit, mais j’avais bien l’intention dès ce premier jour de lui voler son hymen que de mon majeur en elle le mercredi j’avais su intact, ce qui n’est pas toujours le cas d’une fille qui se prétend vierge.
Elle était allongée entre Mathias et moi sur le lit. Il caressait ses seins, les maltraitait aussi la faisant se raidir. Penchée au-dessus d’elle, mes lèvres au-dessus des siennes, je lui ai dit mon intention. Elle n’a eu aucun recul aucun refus ni acceptation. Elle me regardait, regard clair et sérieux, m’écoutait quand je lui ai dit qu’elle aurait ce moment de moi et non de Mathias, que c’était moi qui déchirerais de mes doigts l’anneau qui protégeait son vagin :— La déchirure sera peut-être douloureuse sur l’instant, peut-être pas, aucune fille n’est pareille, peut-être que ça change avec l’âge, je ne sais pas, mais attends-toi à avoir mal, je ferai ce que je peux pour ça, je veux que tu cries pour moi. Mathias a d’autres goûts, qu’il te fera partager plus tard, aujourd’hui ou un autre jour, Mathias préfère les fesses des filles, des garçons parfois. Quand ça lui plaira.
Je me suis déshabillée et j’ai pris dans la commode un des godes qui s’y trouvaient, pas très long mais épais, pourvu d’un gland bien dessiné, qui s’affinait dessous pour s’épaissir encore ensuite à un diamètre plus gros que le gland lui-même, de couleur ivoire, veiné de stries marquées, un objet en plastique rigide.
Je lui avais promis la douleur, j’ai tenu parole. Je voulais ses cris, je les ai eus.
J’ai eu son souffle coupé et son sursaut quand j’ai déchiré son hymen de trois doigts liés, ses yeux affolés quand je lui ai montré le gode qu’ensuite j’ai très lentement planté entre ses cuisses déchirant plus largement les chairs, j’ai eu les tremblements de ses jambes et son corps arqué sur le lit quand ma main ouverte a remplacé le gode, la trace sanglante sur mes doigts et les draps qu’elle froissait de ses poings serrés, et tout à la fin, après les cris, la douleur, après les bras et les jambes qui luttaient pour m’échapper, j’ai eu son plaisir, l’orgasme qui la secouait, faisait battre son clitoris au rythme des contractions de son ventre.
J’ai bu ses larmes, calmé son souffle et les battements fous de son cœur sous mes caresses, j’ai partagé après son premier baiser, allongée sur son corps alangui, enfermée au chaud de ses cuisses et ses bras qu’elle fermait sur moi, j’ai eu ses grands yeux lumineux et son sourire et son rire aussi de nos baisers, la douce chaleur de ses seins sous les miens.
De Mathias ce jour-là elle n’a eu que le baptême de sa bouche et son goût qu’elle a partagé avec moi d’un baiser. Ce jour-là elle a dormi et pleuré dans mes bras, et après a dormi toute la nuit dans mon lit où Mathias nous a rejointes au matin. Il a été plus doux que moi la veille.
Corinne a élu domicile chez nous, s’échappe le samedi matin, se confesse, s’échappe le dimanche pour la messe du matin, passe ses nuits dans mon lit, dans celui de Mathias. Son plaisir n’a plus besoin de douleur, plus besoin, mais parfois, mes envies les siennes, et Mathias, parfois ...
Et très vite une question avait été balayée :— Vous savez qu’il faudra me mettre à la porte !
— Tu veux partir ?
— Non.
— Déshabille-toi !
Misa – 03/2015
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