Résumé des saisons 1-2-3 de Jérém&Nico

- Par l'auteur HDS Fab75du31 -
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Récit libertin : Résumé des saisons 1-2-3 de Jérém&Nico Histoire érotique Publiée sur HDS le 25-01-2024 dans la catégorie Entre-nous, les hommes
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Résumé des saisons 1-2-3 de Jérém&Nico
Avant la publication de la saison 4, petit retour sur les trois saisons précédentes.

Précédemment, dans Jérém&Nico.

Nico, c’est moi : j’ai 18 ans, j’habite Toulouse, et je viens de passer mon bac.
Jérém, c’est le garçon dont je suis fou depuis le premier jour du lycée. Brun, gaulé comme un dieu, avec une petite gueule à faire jouir d’urgence ; rugbyman et coureur de nanas, depuis trois ans il occupe toutes mes pensées et toutes mes branlettes.
C’est par une belle journée de mai que j’ai trouvé le courage de lui proposer de réviser les maths chez lui. Il a dit oui.
Mais au lieu de réviser, il a voulu que je le suce ; alors, je l’ai sucé. Il a aussi voulu me baiser : là non plus, je n’ai pas dit non. Je n’ai pas pu dire non. J’en avais tellement envie.
Depuis ce jour, on s’est vus régulièrement pour de très plaisantes « révisions » : chez lui, dans les chiottes du lycée, dans les vestiaires du terrain de rugby, chez moi.
Le sexe avec Jérém, c’est explosif. Il fait ça comme un Dieu. Il fait ça plusieurs fois dans une nuit ou dans un après-midi. Un jeune mâle inépuisable.
Le sexe, c’est le moteur de notre « relation » : et Jérém, n’en demande pas plus.
Mais pour moi, c’est différent : car moi, je suis amoureux de lui.
Pendant des mois, avant le bac, notre relation a connu des hauts et des bas, principalement à cause du fait que le bobrun n’assume pas nos coucheries et le plaisir qu’il prend avec moi ; une relation houleuse qui aurait pu se compliquer encore lorsque, le lendemain du bac, Jérém a commencé à travailler comme serveur dans une brasserie à Esquirol, ce qui ne justifiait plus non « révisions » ; et encore plus, lorsqu’il a été expulsé de son appart rue de la Colombette et qu’il a emménagé chez son pote Thibault.
Pourtant, contre tout attente, ces deux évènements ont semblé ouvrir de nouvelles perspectives pour notre relation : ainsi, pendant une semaine que j’ai appelée « magique », le bobrun est venu me voir chez moi chaque jour pendant sa pause ; une semaine pendant laquelle notre complicité semblait se faire de plus en plus forte ; une semaine où sa carapace de serial baiseur dénoué de tout sentiment (notamment « pour un pd ») semblait en train de tomber pour révéler un être sensible et passionnel.
Une semaine pendant laquelle j’avais vraiment commencé à croire que tout devenait possible avec le gars que j’aimais.
Puis, la nouvelle de son probable recrutement par un club de rugby de la capitale était tombée ; Jérém avait alors aussitôt remonté toute sa carapace, et il avait fini par me quitter. Brutalement.
Après deux semaines de tristesse, de manque, de souffrance, deux semaines qui ont été les pires de ma vie, je l’avais recroisé une nuit, fin août : je n’étais pas seul, j’étais avec Martin, un moniteur d’auto-école que j’avais croisé dans une boite gay aux Carmes.
Jérém, lui, était seul, mais saoul : il s’est montré jaloux, méchant, possessif. Il est reparti en colère.
Deux heures plus tard, lors d’une bagarre, il avait cogné la tête contre un mur et il avait perdu connaissance.

Après le clash chez moi en août 2001, je pensais avoir perdu Jérém à tout jamais. Puis, lorsque son accident était arrivé quelques jours plus tard, j’avais eu tellement peur. Il s'était cogné la tête et il était resté plusieurs jours dans le coma. S’il ne s’en était pas sorti, ça m’aurait détruit.
Je m’en étais voulu de ne pas avoir su trouver les mots et les gestes pour le retenir, pour le mettre en confiance, pour lui montrer mon amour sans l’étouffer. Et j’avais fini par me dire que je n’aurais jamais dû lui proposer de réviser pour le bac, que j’aurais dû le laisser tranquille, le laisser vivre pénard, sans foutre le bordel dans son existence d’hétéro bien dans ses baskets.
Et pourtant, dès notre première révision, cet « hétéro bien dans ses baskets » m’avait montré qu’il kiffait baiser avec moi. Et pas qu’un peu. Et même, parfois, bien qu’il rejetait le plus souvent tout geste de tendresse et d’affection venant de ma part et qu’il refusait d’assumer ce qu’il y avait entre nous, il m’avait aussi montré qu’il était bien avec moi, et qu’il ne pouvait pas se passer de ma présence dans sa vie.
Du moins jusqu’au jour du fameux clash, où il avait tout fichu en l’air.


Après sa sortie d’hôpital, alors que je commençais à me faire à l’idée de ne plus jamais le revoir, il m’avait rappelé. En attendant de partir à Paris pour commencer sa carrière de rugbyman professionnel, il était allé prendre l’air à Campan, dans les Pyrénées, dans le village et dans la maison de ses grands-parents. Et il m’avait invité à le rejoindre.
Pris au dépourvu, j’avais hésité. Depuis notre clash, j’avais entamé le deuil de cet amour, j’essayais d’en « guérir ». Son coup de fil était venu rouvrir une blessure encore très douloureuse. Je pensais que le bonheur avec Jérém était impossible. Il m’avait fait trop mal. J’avais peur de retomber dans les mêmes travers que pendant nos premières révisions. A savoir, des baises torrides et, le plus souvent, rien de plus, pas un mot, pas un geste qui me montrerait que je comptais ne serait-ce qu’un peu pour lui. Et une séparation, quand il le déciderait, sans que j’aie le moindre mot à dire.
Oui, j’avais eu peur que le fait de revoir Jérém puisse rouvrir cette plaie et rendre ma « guérison » encore plus longue et difficile.
Mais j’avais fini par accepter. Le beau brun me manquait tellement ! Aussi, j’avais besoin d’avoir des explications de sa part. De savoir pourquoi il m’avait jeté si méchamment après la semaine pendant laquelle chaque jour nous avions fait l’amour chez moi. J’avais besoin de savoir ce que je représentais vraiment pour lui.
Je n’avais pas été déçu. Sous la halle de Campan, après quelques maladresses, Jérém avait fini par me montrer qu’il tenait à moi. Et par la plus belle des façons : en m’embrassant dans un espace ouvert, alors qu’on aurait pu nous voir. D’ailleurs, on nous avait vus. Mais le bobrun s’en fichait, son baiser était un baiser d’amour, pour me retenir, pour me faire sentir à quel point je comptais pour lui.
A Campan j’avais trouvé un autre Jérém, un Jérém sans « artifices », plus « authentique » que celui que j’avais connu à Toulouse, et on ne peut plus craquant. Un Jérém qui faisait du cheval, qui aimait le contact avec la nature. Un Jérém débrouillard, souriant, détendu, en connexion avec son âme d’enfant. Un Jérém qui acceptait de me faire partager sa vie, son vécu, ses peurs, ses sentiments, ses amis cavaliers, cette bande de joyeux lurons, comme une famille pour lui.
Avec ces derniers, nous avions fait des balades, des gueuletons. Nous avions eu des belles conversations portées par Jean-Paul, nous avions chanté autour de la guitare de Daniel. Nous avions été chouchoutés par Charlène, comme une maman pour Jérém, et par Martine, comme une cousine très rigolote.
Puis, un soir, Jérém m’avait embrassé devant tout le monde. Si je m’attendais à ça ! C’était un moment de bonheur fou. Tout le monde était content pour nous, et je m’étais senti tellement bien !
A Campan, dans la petite maison dans la montagne, nous avions fait l’amour comme jamais auparavant. C’était un partage intense, le désir réciproque de rendre l’autre heureux. Mais nous avions aussi discuté, nous avions partagé plein de moments inoubliables. Je n’avais jamais été si amoureux de mon Jérém. Ce bonheur pansait toute la souffrance et la peur que j’avais vécues après notre clash. Je reprenais espoir que notre amour soit possible, et que nous arriverions à surmonter la distance quand il serait à Paris. D’ailleurs, j’étais si heureux, et Paris me semblait si loin, presque un mirage rendu flou par le bonheur présent.
Mais ce qui devait arriver avait fini par arriver. Le coup de fil du club de rugby était arrivé. C’était le jour même des terribles attentats aux Tours Jumelles à New York.
Le rappel à la réalité a été brutal. Nos vies allaient prendre des chemins différents, Jérém à Paris pour le rugby, moi à Bordeaux pour mes études. Mon cœur se déchirait à nouveau, brisé par la peur de perdre le gars que j’aimais et meurtri par cette autre peur qui était dans tous les esprits après le 11 septembre.
A Campan, j’avais trouvé un Jérém amoureux, et tellement adorable. J’avais peur que Paris le fasse disparaître à nouveau. J’avais envie de croire aux promesses de Campan, que notre amour était plus fort que tout et que rien pourrait éloigner nos cœurs. Mais au fond de moi je recommençais à ressentir la peur de le perdre.
Au début de son aventure parisienne, la magie de Campan semblait tenir bon. Jérém était venu me voir à Bordeaux par surprise, et il m’avait invité à Paris. J’étais comme sur un nuage. Tout semblait bien se passer, et même au-delà de mes espoirs. Tellement bien qu’après l’explosion d’AZF j’avais invité Jérém dormir à la maison et que j’avais eu envie de faire mon coming out auprès de mon père. Mais ça s’était mal passé, très mal passé. J’avais essuyé son mépris, senti son dégoût, je m’étais heurté à son rejet net.
Heureusement, ma vie était désormais à Bordeaux. Mes études à la fac commençaient sur les chapeaux de roues. J’aimais mes cours et je m’étais fait de nouveaux potes. Pour la première fois de ma vie, j’avais l’impression de me plus être le garçon dont tout le monde se moque parce qu’il est « pédé », mais un gars comme les autres, qui avait droit à sa dignité et au respect. Entre le lycée et la fac, j’ai eu l’impression de passer d’un monde d’ados à un monde d’adultes. L’écho des moqueries du lycée était toujours là, mais il s’estompait peu à peu dans ma tête.
Hélas la complicité des premières semaines avec Jérém n’allait pas durer. Plus le temps passait, plus je le sentais distant. Entre les entraînements intensifs, sa mise à niveau sportive plus compliquée que prévu, ses études qui lui donnaient du fil à retordre, et sa peur panique qu’on découvre qu’il aimait les garçons et que ça compromette sa carrière naissante, Jérém était vraiment sous pression.
Il avait fini par espacer nos contacts, et à ne plus souhaiter que j’aille le voir à Paris, préférant faire la fête avec ses co-équipiers et recommencer à baiser avec des nanas pour faire « comme tout le monde ». Lorsque je m’étais pointé à Paris par surprise, il m’avait proposé une relation « libre », dont les règles principales seraient que chacun ferait sa vie et qu’on se verrait pendant des périodes de vacances, discrètement.
Jérém m’avait montré qu’il tenait à moi, il m’avait dit que j’étais quelqu’un de vraiment spécial pour lui, le seul qui comptait pour lui, et que ça ne changerait pas. Que ses « à-côtés » n’étaient que sexuels, que c’était juste pour soulager la fougue hormonale de ses 20 ans entre deux de nos retrouvailles, pour donner une image conforme à ce qu’on attendait de lui, pour qu’on lui foute la paix. Jérém m’avait dit les larmes aux yeux qu’il ne voulait pas me perdre. Mais il m’avait dit aussi qu’il ne pouvait pas faire autrement, qu’il ne pouvait pas assumer une relation « normale ».
J’avais d’abord rejeté ce mode de fonctionnement, car imaginer Jérém dans les bras d’une nana ou d’un autre mec me rendait fou. Et si un jour il était tombé amoureux ? Loin des yeux, loin du cœur.
Quant à moi, je n’avais vraiment pas envie d’aller voir d’autres gars. Fantasmer sur les mecs c’est une chose dont je ne peux me passer, certes. Mais passer à l’acte quand on est amoureux, c'est un toute autre chose. Et si un jour j’étais tombé amoureux d’un autre gars ? Loin des yeux, loin du cœur. Je ne voulais pas prendre le risque d’oublier mon Jérém, je tenais trop à lui. Depuis Campan, je savais désormais à quel point je pouvais être heureux avec lui.
Mais Jérém ne m’avait pas laissé le choix. Pour ne plus m’entendre lui faire des reproches et devoir répondre à mes questions, il avait voulu qu’on fasse une pause. J’avais pensé qu’il s’agissait d’une façon de me quitter. Mon cœur était à nouveau brisé.
J’avais fini par rencontrer un gars, Benjamin. Un gars mignon, sympa, drôle, et plutôt bon amant. Avec Benjamin, c’était léger, il n’y avait pas de prise de tête. On ne s’était rien promis, à part de passer de bons moments, de partager des repas, des films, des conversations, des rires, et des bonnes baises.
C’est pendant l’une de ces baises que tout a basculé. La capote qu’il portait avait cassé et il ne s’en était rendu compte qu’en sortant de moi, après avoir joui. J’avais paniqué. Je lui avais demandé de faire un test, il avait refusé. Aux urgences, on m’avait donné le traitement post-exposition. Et c’était parti pour trois mois d’angoisse en attendant le test qui pourrait faire cesser cette angoisse ou tout faire basculer dans ma vie pour de bon.
Noël était arrivé et c’était dur de cacher ma souffrance et ma peur à mes parents, surtout à maman. Jérém me manquait horriblement.
Malgré sa pause imposée, le soir du réveillon je n’avais pu m’empêcher de lui envoyer un message peu avant minuit pour lui souhaiter un Joyeux Noël.
Jérém avait répondu. Il fêtait le réveillon chez son père dans le Gers et il se faisait tout aussi chier que moi. Il m’avait proposé de nous voir. Je n’avais pas su refuser.
Nous avions passé la nuit à l’hôtel, à discuter, à faire l’amour, à nous aimer à nouveau. Il m’avait terriblement manqué et je lui avais manqué aussi. Il s’est excusé du mal qu’il m’avait fait et j’ai retrouvé le Jérém adorable qui me rend fou amoureux de lui.
Le lendemain, il m’avait proposé de repartir à Campan jusqu’à la rentrée.
Campan était sous la neige. Et dans les Pyrénées, dans la petite maison, loin des peurs de Paris et des angoisses de Bordeaux, mon bonheur, notre bonheur d’être ensemble était à nouveau parfait.

Après des révisions pour le bac tout aussi intensément sexuelles que sentimentalement houleuses, un premier clash s’était invité entre Jérém et moi et nous avait conduits à une première, violente séparation.
Puis, des retrouvailles magiques à Campan nous avaient permis de nous dire notre amour et de l’assumer sous le regard bienveillant des cavaliers de l’ABCR.
Hélas, après cette parenthèse enchantée, la géographie s’était chargée de compliquer la relation entre mon beau brun et moi. Sa carrière professionnelle au rugby l’avait amené à jouer à Paris, tandis que mes études m’avaient fait atterrir à Bordeaux.
Mais la géographie n’était pas le seul obstacle qui s’était interposé entre nous, et certainement pas le plus insurmontable. Mon désir de nous voir régulièrement et d’avoir une vie de couple s’était vite heurté à la nécessité de discrétion du sportif professionnel. Le monde sportif n’est pas un environnement propice à assumer une attirance pour les garçons. En gros, le choix est imposé entre une carrière professionnelle et l’épanouissement personnel. Très dur à gérer quand on a vingt ans.
Cette situation a eu de lourdes répercussions sur notre relation, nous amenant à des prises de tête, à des éloignements qui ressemblaient à des ruptures, et à des jours bien sombres.
Oui, j’en ai voulu à Jérém de ne pas assumer notre relation, mais j’ai fini par m’y faire. C’était la condition nécessaire pour ne pas le perdre.
Puis, l’accident était survenu. Devant les caméras, mon beau brun avait été fauché par un joueur indélicat. Et une méchante blessure au genou avait mis en sérieux péril la suite de sa carrière.
Il s’ensuivit des mois difficiles, des mois pendant lesquels j’étais resté à ses côtés malgré sa négativité, son agressivité, et son apparente ingratitude.
Mais Jérém avait fini par surmonter cette épreuve. Il avait également réalisé à quel point je m’étais dévoué pour lui et il avait fini par m’en remercier. Il me semble que cela avait provoqué un déclic dans sa tête, un déclic qui l’avait amené à assumer davantage notre relation.
A partir de son retour sur le terrain après l’accident, Ourson et P’tit Loup avaient enfin évolué en parfaite harmonie. En témoignent nos vacances en Italie, en Islande, au Québec, en France, nos séjours chez mes parents ou dans le domaine viticole de son père.
Nous avions trouvé un rythme de croisière qui nous allait à tous les deux, et rien ne semblait pouvoir nous ravir notre bonheur. Hélas, il a suffi qu’un soir on baisse un peu notre garde, il a suffi d’un baiser échangé dans une rue de Paris, pour que tout bascule.
L’agression homophobe dont nous avons été victimes le soir de ses vingt-cinq ans a sonné le début de la fin de l’« épopée » d’Ourson et P’tit Loup. Elle a marqué la fin de notre bonheur.
Ça a été difficile de surmonter cette violence, cette injustice, cette haine gratuites et injustifiées. Et ça l’a été d’autant plus pour Jérém qui, suite à cette agression, a été outé dans le milieu sportif.
Jérém a subi la double peine, celle de se faire agresser parce qu’homo, et celle de voir sa carrière lui échapper pour cette même raison.
Oui, mon beau brun a eu beaucoup plus de mal que moi à remonter la pente. Une fois de plus, il s’est renfermé sur lui-même, et cela l’a éloigné de moi. Quand Jérém va mal, il fait le vide autour de lui. Et cette fois-ci, il allait vraiment mal.
Même plusieurs mois passés en Australie pour changer d’air, bien que riches en expériences en tout genre, n’ont pas suffi par faire revenir l’ancien Jérém, le Jérém assuré, bien dans ses baskets, confiant en l’avenir. Et amoureux.
A son retour, il m’avait invité dîner dans un resto de la Ville Rose. C’était le 23 août 2007. Puis, il m’avait proposé d’aller marcher sur les quais de la Garonne. Et il m’avait annoncé son intention de quitter le rugby professionnel. Il estimait en effet qu’il ne se sentirait plus jamais à l’aise sur un terrain ou dans un vestiaire.
Après que je lui ai opposé qu’il ne serait pas heureux en renonçant au rugby, il avait fini par m’avouer qu’il avait une opportunité de jouer en Angleterre. Mais qu’il ne souhaitait pas la saisir pour autant. Et qu’à la place, il se contenterait d’un emploi de commercial à Paris.
— Pourquoi tu ne veux pas donner suite à la proposition de l’équipe anglaise ? je l’avais alors interrogé.
— Parce que je n’en ai pas envie !
— Je vois bien que tu crèves d’envie de rejouer et de foutre le camp d’ici !
Puis, au prix d’un effort dont je ne me serais pas cru capable, je lui avais lancé :
— Si tu restes pour moi…
— Arrête, Nico ! il m’avait coupé net.
— Ecoute moi, Jérém. Si tu restes pour moi, c’est pas le bon choix. Tu vas te rendre malheureux et tu vas nous rendre malheureux.
Et là, après un silence qui m’avait paru interminable, je l’avais entendu me glisser, la voix pleine d’émotion :
— Et nous deux ?
J’avais alors repensé aux mots du pauvre M. Charles de l’hôtel à Biarritz, à son regret de ne pas avoir suivi l’amour de sa vie au bout du monde. Et je lui avais balancé, sans hésiter un seul instant :
— Emmène-moi avec toi !
— Nico… ici tu as un travail qui te plaît, tu as ta famille, tes amis. Tu ne vas pas quitter tout ça pour venir avec moi.
— Je peux le faire, il suffit que tu en aies envie.
— Je ne suis même pas certain que ça marcherait là-bas, je ne peux pas te demander de me suivre alors que je ne sais pas où je vais.
— L’Angleterre n’est pas à l’autre bout du monde, nous trouverons le moyen de nous voir, j’étais arrivé à articuler de justesse, alors que les larmes coulaient déjà sur mes joues.
Jérém m’avait pris dans ses bras, m’avait serré très fort contre lui et m’avait chuchoté, les lèvres très près de mon oreille :
— Je t’aime, Ourson. Et je crois bien que je ne t’ai jamais autant aimé qu’à cet instant.
— Ne m’oublie pas, Jérém, je lui glisse, comme une bouteille à la mer, comme une prière.
— Je ne sais pas encore si je vais accepter, je dois y réfléchir.
— Quoique tu décides, ne m’oublie pas !
— Ça, ça ne risque pas. Tu es la meilleure chose qui me soit arrivé dans la vie. Tu seras toujours avec moi ! Je ne t’oublierai jamais ! Jamais !
Et, ce disant, il avait glissé ses doigts dans l’ouverture de sa belle chemisette, il avait saisi la chaînette que je lui ai offerte pour ses vingt ans et il me l’avait montrée.
Je me souviens que pendant que nous remontions vers la place du Capitole, je sentais l’air frais de la nuit caresser ma peau. Il m’apportait un étrange frisson, une sensation de vide, de manque, de déchirement. Jérém était encore là, il marchait à côté de moi, mais j’avais l’impression qu’il était déjà loin. J’avais l’impression que j’étais en train de vivre un adieu.

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