Seule
Récit érotique écrit par Misa [→ Accès à sa fiche auteur]
Auteur femme.
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Histoire érotique Publiée sur HDS le 13-07-2014 dans la catégorie Entre-nous, hommes et femmes
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Seule
« « Vous parler de Joëlle … au fil du récit ou tout à la fin ? Maintenant : vous pourriez en avoir une fausse image.
Elle est douce, discrète, timide et même peureuse, de tout, de tous. Elle est de celles dont on pense en la voyant : « je veux la consoler » parce qu’elle a les traits tirés, cet air effarouché tout le temps.
La consoler ? Mais de quoi ? Elle ne vous aiderait pas à le découvrir.
Elle ne connaît pas la cause, ne sait que les effets : ce qu’elle cache, qui gouverne sa vie.
Elle a construit autour, accepté, peut-être renoncé … » »
Simon dormait déjà quand Maryse est partie pour son dernier après-midi de travail avant les quelques jours de vacances qu’elle a pris.
Joëlle avait attendu son départ pour éteindre la lumière du salon et recharger le feu de cheminée. Un long moment elle est restée derrière le canapé à regarder Simon dormir, les mains posées sur le dossier. Le rouge à ses joues ne devait rien à la chaleur du feu de bois. Elle hésitait en se mordillant les lèvres, ses bras fermés autour d’elle, les mains serrées sur la laine de son pull. L’envie était là, la taraudait depuis qu’il s’était endormi et que Maryse était partie. L’occasion était trop belle maintenant. Il dormait. Ils étaient seuls.
Les mains sous son pull, elle a légèrement soulevé la taille de sa jupe et l’a faite tourner, ramenant l’agrafe et la fermeture éclair sur son ventre. Sans un instant quitter Simon des yeux, rassurée par sa respiration régulière, elle a enjambé la jupe et par provocation, comme pour se piéger elle-même, l’a abandonnée sur le dossier du canapé.
S’il ouvrait les yeux ? Cette idée seule, qu’elle avait présente à l’esprit tout le temps, lui nouait le ventre et durcissait sa poitrine ; laisser sa jupe sur le canapé hors de sa portée faisait partie de l’excitation qu’elle ressentait.
Vêtue de son seul petit pull de laine et d’un min-slip de nylon noir qu’elle avait choisi le matin après sa douche, trop petit d’une taille comme la plupart de ses sous-vêtements et qui dénudait autant ses fesses qu’il les couvrait, elle a contourné sur la pointe des pieds la petite table où refroidissait la tasse de café que Simon avait oublié de boire et s’est penchée vers lui, souriant du petit bruit, comme un claquement de lèvres, qui ponctuait sa respiration.
Lui tournant le dos, elle a traversé le salon pour remettre une bûche sur les braises et les a tisonnées doucement pour que les flammes reprennent, se retenant de jeter le moindre coup d’œil derrière elle, préférant imaginer le regard de Simon sur ses cuisses nues et sur ses reins découverts par son pull.
Au pied du fauteuil, elle a abandonné ses chaussons et s’est assise en repliant ses jambes à côté d’elle ; une main prisonnière au creux de ses cuisses, au contact de son petit slip de nylon noir tout gonflé de son épaisse toison pubienne, elle s’est tenue immobile longtemps avant de se couvrir d’un plaid et d’enfermer ses bras dessous.
Ses yeux allaient des flammes à Simon. Elle rêvait, se berçait de l’intimité de la scène, lui endormi après une nuit d’amour et elle surveillant son sommeil en tenue légère.
Elle oserait ? Ici, dans ce fauteuil, alors qu’il pouvait à tout moment la surprendre ?
Ce n’était pas une vraie question, elle se leurrait elle-même, faisait semblant d’hésiter, alors qu’elle avait déjà décidé en abandonnant sa jupe et en traversant le salon presque nue devant lui.
…s’il n’avait pas dormi aussi profondément, s’il avait entrouvert les yeux … il se serait amusé à la voir de déplacer sur la pointe des pieds en tenue légère dans le salon à la seule lueur dansante du feu de cheminée … il aurait souri à la voir se pencher pour tisonner le feu en retenant d’une main la cascade de ses cheveux châtains derrière une oreille, puis en se redressant étirer d’un doigt sous l’élastique son slip trop petit pour tenter de le remettre en place sur ses fesses généreuses … il ne serait pas resté indifférent en voyant le pull gris chiné de noir remonter dans son dos, découvrir la taille fine et l’évasement des hanches larges et rondes, les deux fossettes creusées sur les reins barrés du nylon noir qui tranchait sur la blancheur de la peau et soulignait les courbes douces et généreuses … il aurait … mais il dormait.
Et c’était parce qu’il dormait qu’elle était presque nue dans le salon.
Il n’était qu’un élément du scénario de Joëlle, pour l’instant et pour plus tard, pour nourrir ses fantasmes, pour l’excitation et les frissons qui venaient avec la peur d’être surprise.
…Joëlle est arrivée tard la veille pour passer quelques jours avec eux, la première fois qu’ils l’invitent depuis leur mariage quelques mois plus tôt.
Elle leur en avait un peu voulu, à tous les deux. A Simon qui lui volait sa seule amie et confidente, à Maryse qui la laissait toute seule en partant vivre loin d’elle.
Il y a eu des jours difficiles pour Joëlle … elle avait de grands cernes sous les yeux … mais tout le monde au bureau s’était habitué à lui voir ses yeux-là.
Des yeux bordés de sombre, des yeux qui disent la fatigue sans en dire la cause, une cause que Maryse connaissait bien.
…Elles étaient voisines, fréquentaient le même collège, sans se connaître vraiment, puis à 15 ans se sont retrouvées dans la même classe de 2nde au Lycée et se sont rapprochées. Elles se retrouvaient souvent chez Joëlle pour faire leurs devoirs ensemble certains soirs ou samedis, et étaient devenues d’inséparables amies.
Ce n’était pas si évident …Les premiers temps, Maryse s’inquiétait sans rien oser dire, des joues rouges de Joëlle et de son regard brillant, de ses gestes nerveux, de la voir quitter très souvent la table où elles travaillaient.
Quand elle l’interrogeait « T’es malade ? », Joëlle baissait les yeux et se remettait au travail sans un mot d’explication.
Elle continuait à s’absenter, 5 à 10 minutes, souvent plusieurs fois dans l’après-midi. Un jour, quand Joëlle s’est à nouveau levée en fin d’après-midi et a quitté la chambre où elles travaillaient, elle a attendu un peu et s’est levée à son tour pour la suivre discrètement.
En poussant la porte de la salle de bains, elle a vu son amie assise au bord de la baignoire, la jupe retroussée sur son ventre nu, bouche ouverte et les yeux clos, le visage levé vers le plafond. Elle serrait à plein poing d’une main une toison fournie qui couvrait haut son ventre et se caressait énergiquement de l’autre, main à plat et doigts tendus.
Elle aurait pu éclater de rire, partir et ne rien dire. Elle est restée immobile sur le pas de la porte, trop surprise sur l’instant, et était toujours figée là quand quelques secondes plus tard, sentant sans doute une présence, Joëlle a soudain ouvert les yeux.
Elle s’est levée, lentement, en se cachant sous sa jupe qu’elle lissait de ses paumes sur ses cuisses, et a tourné le dos à Maryse en se cachant le visage dans les mains. Elle tremblait. Maryse s’est approchée et l’a prise par les épaules, murmurant « … c’est rien … », puis l’a prise par la main pour la ramener dans la chambre et à leurs exercices de maths. Elles n’ont pas dit un mot, n’échangeaient que de rapides coups d’œil gênés.
Une amitié, c’est parfois aussi simple qu’une main que l’on tient et les mots qu’on ne dit pas.
Joëlle continuait à s’absenter fréquemment quand elles travaillaient.
Elles ont pris leur temps avant d’en parler vraiment.
Maryse ne comprenait pas très bien. Joëlle ? Comment aurait-elle expliqué ? Elle ne comprenait pas non plus.
Pendant leurs années Lycée, Maryse faisait parfois le guet devant une porte des toilettes des filles au Lycée.
De ce secret entre elles, de ces choses dont on ne parle à personne, un peu honteuses, venaient souvent des sourires un peu tristes, des rires quelques fois, des colères aussi, parce qu’en grandissant on se pose les questions autrement.
Maryse ne s’est jamais moquée d’elle, ne lui a jamais tourné le dos.
Elles en parlaient comme d’une maladie. Et quand elles parlaient de vice, c’était plus par jeu, pour en rire, pour évacuer l’idée. Ensuite elles ont parlé d’addiction.
Ce n’est pas bien, les addictions ? Non, mais parfois on ne sait pas bien s’en sortir, parce qu’on ne sait pas d’où elles viennent.
Elle avait 12 ans quand elle a commencé. Elle en a 26, et n’a rien résolu.
Joëlle se masturbe depuis 14 ans.
Et alors ? direz-vous ? Elle n’est pas la seule …Oui, mais … couramment 5 ou 6 fois par jour, tous les jours, ou presque, parfois moins, et parfois plus … Se masturber. C’est pas très joli, comme mot ! D’autant que pour elle, on pourrait dire qu’elle se caresse, qu’elle se donne du plaisir. Parce que ça marche comme ça, avec elle. A chaque fois elle a du plaisir.
Etre contents pour elle ? Oui et non … C’est fatigant. Il faut se cacher. Ça rend le quotidien invivable.
D’un autre côté, un orgasme chaque fois … ça fait rêver !
Elles ne se sont pas quittées après le Lycée. Etudiantes, elles ont partagé un deux pièces mansardé à Paris, une pièce à vivre où elles mangeaient et travaillaient, et la petite chambre qu’elles partageaient. Maryse collectionnait les flirts. Joëlle, pourtant plus jolie que son amie, restait toujours seule. Elle plaisait aux garçons, mais elle n’a jamais eu de vrai petit-ami, ne dépassait jamais le stade du baiser, à cause de ce besoin qu’elle n’arrivait pas à contrôler.
Elle s’était construit un personnage qui tenait les garçons à distance. A leurs amis qui s’étonnaient quand elle repoussait une nouvelle fois leurs avances, elle laissait croire que les rumeurs qui couraient sur son homosexualité étaient fondées ; c’était plus facile. Ça agaçait un peu Maryse, mais elle laissait dire.
Pendant 6 ans, elles ont presque toujours dormi dans la même chambre. Le plus souvent Joëlle s’isolait quand son envie de se masturber la réveillait dans la nuit, mais parfois, parce qu’elle croyait que Maryse dormait, elle restait dans son lit.
Maryse pensait qu’une sexualité partagée pourrait résoudre son problème, alors il y a eu des nuits où Maryse caressait Joëlle. Des accidents. Ni l’une ni l’autre n’y attachaient d’importance et n’y trouvaient de vraie satisfaction.
Parfois aussi, Joëlle quittait leur chambre parce que Maryse recevait un garçon, amant d’un soir ou d’une semaine. Ces nuits-là, elles repoussaient leur table de travail et installaient pour Joëlle un matelas dans la grande pièce.
Plusieurs fois pendant ces 6 années, Maryse était venue la retrouver dans le canapé la nuit, parce qu’elles en avaient parlé bien souvent : « tu veux ? », et le garçon d’un soir quittait le lit de Maryse pour finir la nuit sur le matelas avec Joëlle.
A ces étreintes dans le noir, Joëlle n’a jamais pris aucun plaisir, et elles ne lui ont jamais donné le goût de nouer une relation avec un garçon.
Une seule fois, parce que Maryse l’en avait convaincue et l’accompagnait, elle en a parlé à un médecin. Il a écouté. Il a compati. Le premier traitement, à base d’antidépresseurs la rendait apathique, elle n’avait plus goût à rien et ses études en pâtissaient : elle l’a arrêté. Le second traitement qu’il lui a prescrit bloquait ses sécrétions vaginales ; elle l’a arrêté aussi ; elle a dit à Maryse : « la seule chose de changée, c’est que je me fais mal », et a refusé ensuite de retourner voir ce médecin ou un autre, comme elle a toujours refusé d’aller voir un psy.
Son plaisir ? Ses orgasmes ?
Ce n’est pas de la simple mécanique … ça l’était au début et ça l’est toujours, bien sûr, mais au fil des années, elle se nourrit de plus en plus de rêves et de fantasmes patiemment et consciemment construits. Certains sont très romantiques et « fleur bleue », d’autres moins ; certains sont récurrents, nés de lecture ou de films où elle s’identifie à l’héroïne et vit par procuration ce qu’elle imagine pour elles. D’autres sont construits sur l’instant, d’une rencontre, de quelqu’un croisé dans la rue. Ce sont des supports à ses besoins, ses envies, son désir de sexe, immédiat, qui s’impose dans l’instant et qu’elle assouvit sans savoir s’en défendre, et depuis trop longtemps sans même vouloir s’en défendre.
Une addiction. Une addiction à l’assouvissement sexuel.
Ce dont Joëlle n’a jamais parlé, c’est que les dernières années, elle « utilisait » Maryse pour créer ses scénarios et que souvent dans ses fantasmes c’est à elle qu’elle s’identifiait, à elle témoin de ses gestes, à elle avec ses petits amis. Elle aurait voulu être elle …
… Et Maryse s’est mariée il y a quelques mois ; à 26 ans Joëlle s’est retrouvée seule.
C’est la première fois qu’ils l’invitent depuis leur mariage, et Simon dort dans le canapé. Elle n’attend et ne veut rien de lui, juste sa présence. S’il se réveillait ? Elle aimerait le savoir, et faire semblant de ne pas s’en apercevoir, continuer, en voulant qu’il soit spectateur passif.
Il y a eu le matin … … Elle s’était levée tôt ce matin. Elle avait préparé le café et grillé du pain, préparé un plateau comme elle le faisait avant pour Maryse, qu’elle s’asseyait sur son lit et la réveillait doucement.
Elle avait oublié. Elle était mariée maintenant.
Joëlle en a ri … et a senti les larmes lui monter aux yeux en regardant le plateau avec les deux bols de café, les tartines beurrées et la confiture.
Qu’elle était bête ! Elle n’était plus l’amie qui pouvait entrer dans sa chambre pour la réveiller et s’installer auprès d’elle dans le lit. Il y avait Simon, maintenant.
Elle avait laissé le plateau sur la table de la cuisine et s’était approchée en silence de la porte de leur chambre. Elle allait frapper. Elle avait entendu la voix de Maryse. Par l’entrebâillement de la porte, elle les avaient vus, et s’était reculée très vite. Ils faisaient l’amour, à la lumière du jour qui inondait la chambre.
Elle s’était adossée au mur du couloir, le cœur battant fort, les deux mains et la tête plaquées au mur, écoutant les murmures et les souffles, les bruits humides qui venaient de la chambre, l’image des corps enlacés entrevus gravée sous ses paupières closes.
Elle aurait dû partir. Elle était restée.
… deux jambes d’homme ouvertes en travers du lit, les pieds dans la ruelle, les fesses de son amie tournées vers la porte, qui chevauchait une tige de chair, brillante, dressée … ce n’était plus Maryse, c’était encore Simon, c’était elle, là, qui allait et venait sur le sexe dressé et dur, épais et long, c’était elle qui gémissait en écartant grand les jambes autour des hanches de Simon et son sexe à elle qui coulait et déposait sa liqueur brillante sur le sexe qui envahissait son ventre, ses lèvres qui s’étiraient et blanchissaient …Une fois ? Plus ? Elle s’était penchée, avait regardé par la porte entrouverte, s’était cachée aussitôt, emmenant les images et les bruits, crispant les poings et mordant ses lèvres.
Le râle de plaisir, c’était le sien aussi, elle en tremblait en regagnant la cuisine, le souffle court et chancelante.
Elle s’était cachée dans sa chambre quand elle les avait entendus se lever, avait entendu les rires, les bruits dans la salle de bains. Assise sur son lit, les mains crispées entre ses cuisses, elle avait attendu longtemps, s’était réfugiée dans la salle de bains quand ils l’avaient libérée, avait lavé sur ses jambes sous la douche les traces abondantes de son envie de sexe, lavé sous l’eau brûlante les images dans sa tête, lavé la honte d’avoir regardé Maryse … baiser, l’avoir regardée baiser comme de temps en temps avant avec ses petits-amis, et d’avoir voulu être elle, d’avoir été elle.
…Sous le plaid sur sa taille, Joëlle regardait les flammes qui dansaient sur la bûche, se laissait bercer et emporter vers le souvenir du matin. Elle ne se pressait pas. Une jambe étendue, l’autre soulevée du talon en appui sur l’assise du fauteuil pour soulever le plaid du genou et masquer les gestes qu’elle voulait pour elle maintenant, qu’elle n’avait pas eus sous la douche malgré l’envie qu’elle en avait, elle s’est laissée lentement glisser dans le rêve où elle était une autre, où elle était chez elle, où un homme, son homme, lui avait fait l’amour le matin et la regarderait se donner du plaisir.
Une main à plat sur la cuisse, elle a frôlé du pouce tendu le nylon du slip noir qu’elle s’était choisi ce matin. Elle pensait déjà à cet instant ? Pas aussi nettement ; la réalité dépassait ses espoirs. Tout doucement de son pouce elle suivait la ligne plus souple de l’ouverture entre ses lèvres sur le nylon qui crissait sous son ongle. A chaque passage elle creusait un peu plus en réveillant la chaleur humide au creux de son ventre. Sa main plongeait lentement, ses doigts s’ouvrant et se fermant pour froisser le nylon, s’écartait vers la cuisse et descendait pour agacer d’un doigt les poils au creux de la cuisse sous le tendon durci de sa jambe levée, là où elle ne rase pas, passait du doux de la cuisse à la peau plus grenue sous le pli de la fesse, et remontait lentement jusqu’à serrer très fort les doigts sur son sexe et l’ouvrir.
Les yeux fermés, les images du matin revenaient, ce sexe exposé si pareil au sien, indécent entre les jambes ouvertes … la fine membrane étirée dessous qui gainait la verge et la fine couture sur la peau jusqu’à l’anneau brun qui gonflait à chaque fois que la tige de chair plongeait au profond du ventre … un craquement sec, elle a ouvert les yeux, ce n’était que le feu, Simon dormait toujours à quelques mètres d’elle … Joëlle a écarté le plaid et des deux mains sur ses hanches, a enlevé son slip et l’a enfoui entre l’accoudoir et le coussin, a plaqué la main sur son sexe et plié le majeur, se pénétrant du doigt jambes ouvertes pour chercher le mouillé de son sexe, plusieurs fois, pour étaler sa mouille épaisse sous ses lèvres et sur le bouton qu’elle sentait tendu, étiré, avant de s’allonger contre le dossier et de se recouvrir à nouveau du plaid. Rester découverte aurait décuplé le plaisir qu’elle allait se donner, mais elle n’a pas osé.
Elle s’est caressée de la main droite en soulevant le plaid de la gauche, allongée dans le fauteuil les jambes étendues devant elle, paume de la main massant très fort son clito, deux doigts plongés dans son sexe qui pressaient la muqueuse plus dure. Elle a joui très vite, le dos arqué, le visage tourné sur un côté, a plaqué le dos d’une main contre sa bouche pour y étouffer sa respiration oppressée, et s’est détendue lentement, agitée de brusques frissons qui la faisaient se cambrer. Trois fois elle a joui, perdue dans son monde de rêve éveillé.
Elle a attendu de reprendre son calme, que sa respiration s’apaise et que les battements de son cœur redeviennent réguliers, et a tourné le visage vers Simon, un doux sourire aux lèvres, attendrie de son sommeil … il aurait pu se réveiller … la regarder et venir à elle, rester à ses pieds, à genoux entre ses jambes ouvertes, les yeux fixés sur son sexe, elle était si mouillée … juste un rêve … des images à garder …
Elle s’est levée et a récupéré son slip entre l’accoudoir et le coussin du fauteuil, est restée nue un instant immobile et a quitté le salon sur la pointe des pieds récupérant sa jupe au passage sur le dossier du canapé.
C’est le sourire aux lèvres qu’elle est entrée dans la salle de bains pour y faire sa toilette. Honte ? D’avoir « utilisé » Simon pour nourrir son fantasme ? Un peu … mais après tout il dormait !
Et elle imaginait déjà les multiples scénarios qui l’accompagneraient dans ses futures caresses.
Elle finissait sa toilette quand elle a entendu du bruit dans la cuisine, la porte du four micro-ondes qu’on claquait et son ronronnement : Simon devait réchauffer le café qu’il avait oublié de boire. Elle s’est dépêchée de remettre son petit slip, a hésité, la main posée sur sa jupe, et l’a finalement renfilée aussi … s’il était venu dans la salle de bains au lieu de réchauffer son café ? Il l’aurait trouvée nue … comme elle l’était en quittant le salon … elle en frissonnait … encore, vite …
Elle a rejoint Simon dans le salon et a repris sa place dans le fauteuil au coin du feu, un roman dans les mains. Simon avait allumé la télé et baissé le son.
Joëlle ne lisait pas. Elle croisait et décroisait les jambes, provoquait intentionnellement les sensations nées du frottement de ses cuisses. Elle ne s’était pas lavée la deuxième fois, avait gardé sur elle l’humidité de son plaisir, comme souvent en cours de journée quand elle oubliait d’apporter des sous-vêtements de rechange dans son sac.
Elle était encore plongée dans son scénario d’intimité partagée, autant d’images et de sensations qu’elle emporterait avec elle après cette semaine de vacances quand Maryse est rentrée du travail.
Maryse a embrassé Simon puis est venue s’asseoir sur l’accoudoir du fauteuil de Joëlle pour poser ses mains glacées sur ses joues et poser une bise sur le bout de son nez.
Elle s’est reculée un instant, les sourcils froncés, et plissait le nez en se redressant, soulevant le menton de Joëlle d’un doigt pour croiser son regard : « Tu peux pas t’empêcher … » elle tapotait son nez de petits coups de son index en réponse au regard étonné de Joëlle, qui a tout de suite compris et a brusquement rougi en se mordant la lèvre inférieure. « Il dormait, tu sais ! ». Maryse levait les yeux au ciel en soupirant. Elle a posé une main sur la joue de Joëlle, lissé un sourcil du pouce « J’espère bien !... t’as fait ça où ? ». Joëlle baissait les yeux pour échapper à ceux de son amie et s’est réfugiée dans un demi-mensonge : « …salle de bains… », et un fou-rire les a prises, aggravé par les sourcils froncés de Simon.
— C’est une drôle de fille, ta copine …— Je t’avais prévenu !
— Et sacrément bien fichue, en plus.
— Eh ! dis-donc, toi !
— C’est vrai, non ? Et j’ai été exemplaire, j’ai pas bougé d’un cil !
— Elle a rien vu ? T’es sûr ?
— Certain. J’y croyais pas … elle serait allée dans sa chambre, ok … mais …— Je t’avais dit ! C’est plus fort qu’elle ! Et comme elle nous avait vus le matin … j’aurais dû parier !
— Et maintenant ?
— Déjà, tu mets ton pyjama, et on se couche, je gère.
— Je te laisse faire !
— Tu m’étonnes !
— Quoi ? c’est ton idée …— Ouais … mais tu serais vachement déçu si je voulais plus, non ?
— Euh …— Ben voyons ! Allez …
Joëlle les a entendus sortir de la salle de bains. Elle avait fait sa toilette du soir avant eux et s’était déjà couchée.
Maryse a poussé la porte de sa chambre et lui a fait coucou de la main en guise de bonne nuit.
Leur lit grinçait un peu et elle entendait rire Maryse. Elle savait : ils faisaient l’amour ce soir aussi. Joëlle voyait par l’entrebâillement de la porte que Maryse n’avait pas complètement refermée le rai de lumière qui venait de leur chambre.
Maryse avait gardé ses habitudes. Comme dans leurs 2 pièces à Paris quand un garçon passait la nuit avec elle, elle gardait toujours la lumière allumée.
Joëlle n’a pas résisté bien longtemps. Elle a repoussé sa couverture et s’est levée, a marché sur la pointe des pieds dans le noir jusqu’à la porte, guidée par le seul mince rai de lumière.
… Maryse était assise sur le torse de Simon et lui tournait le dos. Elle le caressait lentement tenant sa verge droite d’une main et, se caressait elle-même de l’autre, les cheveux masquant son visage.
Dans le couloir, Joëlle aussi se caressait … suivait le rythme de Maryse.
Elle était adossée au mur quand la porte s’est ouverte, s’est immobilisée.
Maryse, nue devant elle, lui a caressé la joue :— Je savais … et je sais aussi que tu préfères le noir …Joëlle la bouche sèche, n’a pas dit un mot, regardait Maryse les yeux écarquillés dans la pénombre du couloir. Elle n’a pas esquissé un seul geste quand Maryse a noué un foulard sur ses yeux, l’a embrassée sur la joue et l’a prise par la main.
Elle a eu un petit sanglot d’appréhension et a résisté à la traction sur son bras, puis a fait un pas, un autre …… elle était dans la chambre, deux mains soulevaient sa chemise de nuit, la passait au-dessus de sa tête, une main dans la sienne la guidait, la poussait sur le lit, soulevait ses jambes pour les poser sur les draps, la poussait d’une main au-dessus des seins qu’elle cachait d’un bras, l’adossait au mur dans son dos.
Que se passe-t-il dans un lit quand deux femmes et un homme s’y retrouvent ?
Est-il besoin de regarder par la porte entrebâillée ?
Peut-être … Parfois quand elles étaient étudiantes, elles ont fait l’amour avec le même amant de passage la même nuit. Maryse le conduisait à elle et les abandonnait. De ces amants d’un soir elle n’avait pas de plaisir. Elle écartait les jambes et attendait qu’ils jouissent d’elle, attendait qu’ils se relèvent et l’abandonnent pour rejoindre Maryse, se caressait et jouissait après, la main trempée de leur sperme, écoutant les chuchotements dans la chambre à côté et les bruits de sommiers.
Simon jamais. Simon elle ne l’a rencontré qu’une seule fois, le jour du mariage de son amie, et ce week-end. Et cette fois Maryse est restée, beaucoup de mains sur elle … des mains qui repoussent le bras dont elle couvre ses seins, d’autres mains qui écartent la main qu’elle a posé sur son sexe … pas un mot dans la chambre … le noir sous le foulard qui lui masque les yeux … les mouvements à sa droite et à sa gauche, le matelas qu’elle sent déformé du poids de Maryse, de Simon, chacun d’un côté … ses bras écartés et la morsure sur ses poignets, un baiser sur ses lèvres et des mains à ses chevilles qui la tirent vers le pied du lit, ses bras étirés écartés grands ouverts au-dessus de sa tête, d’autres morsures sur ses chevilles et ses jambes ouvertes, des lèvres sur ses yeux qui boivent ses larmes, écartelée, les reins cambrés des oreillers glissés sous son dos.
Elle plie les genoux, sans pouvoir les serrer à cause des liens qui blessent ses chevilles, elle ferme les poings et tire sur ses bras, éprouvent la résistance plus qu’elle ne se débat et renonce :— … arrêtez … arrêtez … mais qu’est-ce que vous faites …… les premiers mots de Joëlle, presque des sanglots, sans réponse, seulement une bouche sur ses lèvres, des mains sur ses seins, une main sur son sexe douloureuse à prendre son épaisse toison à pleins doigts qui serrent, étirent, relâchent et fouillent son sexe …— Viens voir comme elle mouille, viens !
… les premiers mots de Maryse, chuchotés.
Pour la première fois elle a joui du sexe d’un homme en elle. Pas la première fois où il s’est glissé entre ses jambes et l’a pénétrée. La première fois l’orgasme tenait aux mains de Joëlle qui pinçaient son clitoris et ses tétons.
Plus tard, plus tard dans la nuit, Maryse allongée contre elle, sa joue contre la sienne, une main légère sur ses seins, Simon une autre fois entre ses cuisses écartelées, l’avait baisée, très fort, son sexe brûlant d’être sec d’avoir trop mouillé avant aux caresses de Maryse, et pour la première fois elle a crié, d’abord de douleur, et après de plaisir du sexe d’un homme au fond de son ventre.
Joëlle a partagé leur lit d’autres nuits pendant cette semaine de vacances, sans foulard sur les yeux, sans les liens à ses poignets et ses chevilles, sauf le soir où elle le leur a demandé.
Une semaine. Sa semaine de vacances et celle de Maryse finie, Joëlle a regagné Paris.
Joëlle a repris sa vie solitaire de plaisirs solitaires avec des souvenirs qui nourriront les rêves qui feront ses yeux bordés de sombres et fatigués qui donneront envie à ceux qui la côtoient de la consoler, mais de quoi ? elle ne dirait rien, n’expliquerait rien, et jamais ils ne sauraient ce qu’elle cache et ce qui gouverne sa vie, qui lui donne cet air égaré effarouché de tout.
Il faudrait ne rien dire, juste la prendre par la main.
Misa – 06/2014
Elle est douce, discrète, timide et même peureuse, de tout, de tous. Elle est de celles dont on pense en la voyant : « je veux la consoler » parce qu’elle a les traits tirés, cet air effarouché tout le temps.
La consoler ? Mais de quoi ? Elle ne vous aiderait pas à le découvrir.
Elle ne connaît pas la cause, ne sait que les effets : ce qu’elle cache, qui gouverne sa vie.
Elle a construit autour, accepté, peut-être renoncé … » »
Simon dormait déjà quand Maryse est partie pour son dernier après-midi de travail avant les quelques jours de vacances qu’elle a pris.
Joëlle avait attendu son départ pour éteindre la lumière du salon et recharger le feu de cheminée. Un long moment elle est restée derrière le canapé à regarder Simon dormir, les mains posées sur le dossier. Le rouge à ses joues ne devait rien à la chaleur du feu de bois. Elle hésitait en se mordillant les lèvres, ses bras fermés autour d’elle, les mains serrées sur la laine de son pull. L’envie était là, la taraudait depuis qu’il s’était endormi et que Maryse était partie. L’occasion était trop belle maintenant. Il dormait. Ils étaient seuls.
Les mains sous son pull, elle a légèrement soulevé la taille de sa jupe et l’a faite tourner, ramenant l’agrafe et la fermeture éclair sur son ventre. Sans un instant quitter Simon des yeux, rassurée par sa respiration régulière, elle a enjambé la jupe et par provocation, comme pour se piéger elle-même, l’a abandonnée sur le dossier du canapé.
S’il ouvrait les yeux ? Cette idée seule, qu’elle avait présente à l’esprit tout le temps, lui nouait le ventre et durcissait sa poitrine ; laisser sa jupe sur le canapé hors de sa portée faisait partie de l’excitation qu’elle ressentait.
Vêtue de son seul petit pull de laine et d’un min-slip de nylon noir qu’elle avait choisi le matin après sa douche, trop petit d’une taille comme la plupart de ses sous-vêtements et qui dénudait autant ses fesses qu’il les couvrait, elle a contourné sur la pointe des pieds la petite table où refroidissait la tasse de café que Simon avait oublié de boire et s’est penchée vers lui, souriant du petit bruit, comme un claquement de lèvres, qui ponctuait sa respiration.
Lui tournant le dos, elle a traversé le salon pour remettre une bûche sur les braises et les a tisonnées doucement pour que les flammes reprennent, se retenant de jeter le moindre coup d’œil derrière elle, préférant imaginer le regard de Simon sur ses cuisses nues et sur ses reins découverts par son pull.
Au pied du fauteuil, elle a abandonné ses chaussons et s’est assise en repliant ses jambes à côté d’elle ; une main prisonnière au creux de ses cuisses, au contact de son petit slip de nylon noir tout gonflé de son épaisse toison pubienne, elle s’est tenue immobile longtemps avant de se couvrir d’un plaid et d’enfermer ses bras dessous.
Ses yeux allaient des flammes à Simon. Elle rêvait, se berçait de l’intimité de la scène, lui endormi après une nuit d’amour et elle surveillant son sommeil en tenue légère.
Elle oserait ? Ici, dans ce fauteuil, alors qu’il pouvait à tout moment la surprendre ?
Ce n’était pas une vraie question, elle se leurrait elle-même, faisait semblant d’hésiter, alors qu’elle avait déjà décidé en abandonnant sa jupe et en traversant le salon presque nue devant lui.
…s’il n’avait pas dormi aussi profondément, s’il avait entrouvert les yeux … il se serait amusé à la voir de déplacer sur la pointe des pieds en tenue légère dans le salon à la seule lueur dansante du feu de cheminée … il aurait souri à la voir se pencher pour tisonner le feu en retenant d’une main la cascade de ses cheveux châtains derrière une oreille, puis en se redressant étirer d’un doigt sous l’élastique son slip trop petit pour tenter de le remettre en place sur ses fesses généreuses … il ne serait pas resté indifférent en voyant le pull gris chiné de noir remonter dans son dos, découvrir la taille fine et l’évasement des hanches larges et rondes, les deux fossettes creusées sur les reins barrés du nylon noir qui tranchait sur la blancheur de la peau et soulignait les courbes douces et généreuses … il aurait … mais il dormait.
Et c’était parce qu’il dormait qu’elle était presque nue dans le salon.
Il n’était qu’un élément du scénario de Joëlle, pour l’instant et pour plus tard, pour nourrir ses fantasmes, pour l’excitation et les frissons qui venaient avec la peur d’être surprise.
…Joëlle est arrivée tard la veille pour passer quelques jours avec eux, la première fois qu’ils l’invitent depuis leur mariage quelques mois plus tôt.
Elle leur en avait un peu voulu, à tous les deux. A Simon qui lui volait sa seule amie et confidente, à Maryse qui la laissait toute seule en partant vivre loin d’elle.
Il y a eu des jours difficiles pour Joëlle … elle avait de grands cernes sous les yeux … mais tout le monde au bureau s’était habitué à lui voir ses yeux-là.
Des yeux bordés de sombre, des yeux qui disent la fatigue sans en dire la cause, une cause que Maryse connaissait bien.
…Elles étaient voisines, fréquentaient le même collège, sans se connaître vraiment, puis à 15 ans se sont retrouvées dans la même classe de 2nde au Lycée et se sont rapprochées. Elles se retrouvaient souvent chez Joëlle pour faire leurs devoirs ensemble certains soirs ou samedis, et étaient devenues d’inséparables amies.
Ce n’était pas si évident …Les premiers temps, Maryse s’inquiétait sans rien oser dire, des joues rouges de Joëlle et de son regard brillant, de ses gestes nerveux, de la voir quitter très souvent la table où elles travaillaient.
Quand elle l’interrogeait « T’es malade ? », Joëlle baissait les yeux et se remettait au travail sans un mot d’explication.
Elle continuait à s’absenter, 5 à 10 minutes, souvent plusieurs fois dans l’après-midi. Un jour, quand Joëlle s’est à nouveau levée en fin d’après-midi et a quitté la chambre où elles travaillaient, elle a attendu un peu et s’est levée à son tour pour la suivre discrètement.
En poussant la porte de la salle de bains, elle a vu son amie assise au bord de la baignoire, la jupe retroussée sur son ventre nu, bouche ouverte et les yeux clos, le visage levé vers le plafond. Elle serrait à plein poing d’une main une toison fournie qui couvrait haut son ventre et se caressait énergiquement de l’autre, main à plat et doigts tendus.
Elle aurait pu éclater de rire, partir et ne rien dire. Elle est restée immobile sur le pas de la porte, trop surprise sur l’instant, et était toujours figée là quand quelques secondes plus tard, sentant sans doute une présence, Joëlle a soudain ouvert les yeux.
Elle s’est levée, lentement, en se cachant sous sa jupe qu’elle lissait de ses paumes sur ses cuisses, et a tourné le dos à Maryse en se cachant le visage dans les mains. Elle tremblait. Maryse s’est approchée et l’a prise par les épaules, murmurant « … c’est rien … », puis l’a prise par la main pour la ramener dans la chambre et à leurs exercices de maths. Elles n’ont pas dit un mot, n’échangeaient que de rapides coups d’œil gênés.
Une amitié, c’est parfois aussi simple qu’une main que l’on tient et les mots qu’on ne dit pas.
Joëlle continuait à s’absenter fréquemment quand elles travaillaient.
Elles ont pris leur temps avant d’en parler vraiment.
Maryse ne comprenait pas très bien. Joëlle ? Comment aurait-elle expliqué ? Elle ne comprenait pas non plus.
Pendant leurs années Lycée, Maryse faisait parfois le guet devant une porte des toilettes des filles au Lycée.
De ce secret entre elles, de ces choses dont on ne parle à personne, un peu honteuses, venaient souvent des sourires un peu tristes, des rires quelques fois, des colères aussi, parce qu’en grandissant on se pose les questions autrement.
Maryse ne s’est jamais moquée d’elle, ne lui a jamais tourné le dos.
Elles en parlaient comme d’une maladie. Et quand elles parlaient de vice, c’était plus par jeu, pour en rire, pour évacuer l’idée. Ensuite elles ont parlé d’addiction.
Ce n’est pas bien, les addictions ? Non, mais parfois on ne sait pas bien s’en sortir, parce qu’on ne sait pas d’où elles viennent.
Elle avait 12 ans quand elle a commencé. Elle en a 26, et n’a rien résolu.
Joëlle se masturbe depuis 14 ans.
Et alors ? direz-vous ? Elle n’est pas la seule …Oui, mais … couramment 5 ou 6 fois par jour, tous les jours, ou presque, parfois moins, et parfois plus … Se masturber. C’est pas très joli, comme mot ! D’autant que pour elle, on pourrait dire qu’elle se caresse, qu’elle se donne du plaisir. Parce que ça marche comme ça, avec elle. A chaque fois elle a du plaisir.
Etre contents pour elle ? Oui et non … C’est fatigant. Il faut se cacher. Ça rend le quotidien invivable.
D’un autre côté, un orgasme chaque fois … ça fait rêver !
Elles ne se sont pas quittées après le Lycée. Etudiantes, elles ont partagé un deux pièces mansardé à Paris, une pièce à vivre où elles mangeaient et travaillaient, et la petite chambre qu’elles partageaient. Maryse collectionnait les flirts. Joëlle, pourtant plus jolie que son amie, restait toujours seule. Elle plaisait aux garçons, mais elle n’a jamais eu de vrai petit-ami, ne dépassait jamais le stade du baiser, à cause de ce besoin qu’elle n’arrivait pas à contrôler.
Elle s’était construit un personnage qui tenait les garçons à distance. A leurs amis qui s’étonnaient quand elle repoussait une nouvelle fois leurs avances, elle laissait croire que les rumeurs qui couraient sur son homosexualité étaient fondées ; c’était plus facile. Ça agaçait un peu Maryse, mais elle laissait dire.
Pendant 6 ans, elles ont presque toujours dormi dans la même chambre. Le plus souvent Joëlle s’isolait quand son envie de se masturber la réveillait dans la nuit, mais parfois, parce qu’elle croyait que Maryse dormait, elle restait dans son lit.
Maryse pensait qu’une sexualité partagée pourrait résoudre son problème, alors il y a eu des nuits où Maryse caressait Joëlle. Des accidents. Ni l’une ni l’autre n’y attachaient d’importance et n’y trouvaient de vraie satisfaction.
Parfois aussi, Joëlle quittait leur chambre parce que Maryse recevait un garçon, amant d’un soir ou d’une semaine. Ces nuits-là, elles repoussaient leur table de travail et installaient pour Joëlle un matelas dans la grande pièce.
Plusieurs fois pendant ces 6 années, Maryse était venue la retrouver dans le canapé la nuit, parce qu’elles en avaient parlé bien souvent : « tu veux ? », et le garçon d’un soir quittait le lit de Maryse pour finir la nuit sur le matelas avec Joëlle.
A ces étreintes dans le noir, Joëlle n’a jamais pris aucun plaisir, et elles ne lui ont jamais donné le goût de nouer une relation avec un garçon.
Une seule fois, parce que Maryse l’en avait convaincue et l’accompagnait, elle en a parlé à un médecin. Il a écouté. Il a compati. Le premier traitement, à base d’antidépresseurs la rendait apathique, elle n’avait plus goût à rien et ses études en pâtissaient : elle l’a arrêté. Le second traitement qu’il lui a prescrit bloquait ses sécrétions vaginales ; elle l’a arrêté aussi ; elle a dit à Maryse : « la seule chose de changée, c’est que je me fais mal », et a refusé ensuite de retourner voir ce médecin ou un autre, comme elle a toujours refusé d’aller voir un psy.
Son plaisir ? Ses orgasmes ?
Ce n’est pas de la simple mécanique … ça l’était au début et ça l’est toujours, bien sûr, mais au fil des années, elle se nourrit de plus en plus de rêves et de fantasmes patiemment et consciemment construits. Certains sont très romantiques et « fleur bleue », d’autres moins ; certains sont récurrents, nés de lecture ou de films où elle s’identifie à l’héroïne et vit par procuration ce qu’elle imagine pour elles. D’autres sont construits sur l’instant, d’une rencontre, de quelqu’un croisé dans la rue. Ce sont des supports à ses besoins, ses envies, son désir de sexe, immédiat, qui s’impose dans l’instant et qu’elle assouvit sans savoir s’en défendre, et depuis trop longtemps sans même vouloir s’en défendre.
Une addiction. Une addiction à l’assouvissement sexuel.
Ce dont Joëlle n’a jamais parlé, c’est que les dernières années, elle « utilisait » Maryse pour créer ses scénarios et que souvent dans ses fantasmes c’est à elle qu’elle s’identifiait, à elle témoin de ses gestes, à elle avec ses petits amis. Elle aurait voulu être elle …
… Et Maryse s’est mariée il y a quelques mois ; à 26 ans Joëlle s’est retrouvée seule.
C’est la première fois qu’ils l’invitent depuis leur mariage, et Simon dort dans le canapé. Elle n’attend et ne veut rien de lui, juste sa présence. S’il se réveillait ? Elle aimerait le savoir, et faire semblant de ne pas s’en apercevoir, continuer, en voulant qu’il soit spectateur passif.
Il y a eu le matin … … Elle s’était levée tôt ce matin. Elle avait préparé le café et grillé du pain, préparé un plateau comme elle le faisait avant pour Maryse, qu’elle s’asseyait sur son lit et la réveillait doucement.
Elle avait oublié. Elle était mariée maintenant.
Joëlle en a ri … et a senti les larmes lui monter aux yeux en regardant le plateau avec les deux bols de café, les tartines beurrées et la confiture.
Qu’elle était bête ! Elle n’était plus l’amie qui pouvait entrer dans sa chambre pour la réveiller et s’installer auprès d’elle dans le lit. Il y avait Simon, maintenant.
Elle avait laissé le plateau sur la table de la cuisine et s’était approchée en silence de la porte de leur chambre. Elle allait frapper. Elle avait entendu la voix de Maryse. Par l’entrebâillement de la porte, elle les avaient vus, et s’était reculée très vite. Ils faisaient l’amour, à la lumière du jour qui inondait la chambre.
Elle s’était adossée au mur du couloir, le cœur battant fort, les deux mains et la tête plaquées au mur, écoutant les murmures et les souffles, les bruits humides qui venaient de la chambre, l’image des corps enlacés entrevus gravée sous ses paupières closes.
Elle aurait dû partir. Elle était restée.
… deux jambes d’homme ouvertes en travers du lit, les pieds dans la ruelle, les fesses de son amie tournées vers la porte, qui chevauchait une tige de chair, brillante, dressée … ce n’était plus Maryse, c’était encore Simon, c’était elle, là, qui allait et venait sur le sexe dressé et dur, épais et long, c’était elle qui gémissait en écartant grand les jambes autour des hanches de Simon et son sexe à elle qui coulait et déposait sa liqueur brillante sur le sexe qui envahissait son ventre, ses lèvres qui s’étiraient et blanchissaient …Une fois ? Plus ? Elle s’était penchée, avait regardé par la porte entrouverte, s’était cachée aussitôt, emmenant les images et les bruits, crispant les poings et mordant ses lèvres.
Le râle de plaisir, c’était le sien aussi, elle en tremblait en regagnant la cuisine, le souffle court et chancelante.
Elle s’était cachée dans sa chambre quand elle les avait entendus se lever, avait entendu les rires, les bruits dans la salle de bains. Assise sur son lit, les mains crispées entre ses cuisses, elle avait attendu longtemps, s’était réfugiée dans la salle de bains quand ils l’avaient libérée, avait lavé sur ses jambes sous la douche les traces abondantes de son envie de sexe, lavé sous l’eau brûlante les images dans sa tête, lavé la honte d’avoir regardé Maryse … baiser, l’avoir regardée baiser comme de temps en temps avant avec ses petits-amis, et d’avoir voulu être elle, d’avoir été elle.
…Sous le plaid sur sa taille, Joëlle regardait les flammes qui dansaient sur la bûche, se laissait bercer et emporter vers le souvenir du matin. Elle ne se pressait pas. Une jambe étendue, l’autre soulevée du talon en appui sur l’assise du fauteuil pour soulever le plaid du genou et masquer les gestes qu’elle voulait pour elle maintenant, qu’elle n’avait pas eus sous la douche malgré l’envie qu’elle en avait, elle s’est laissée lentement glisser dans le rêve où elle était une autre, où elle était chez elle, où un homme, son homme, lui avait fait l’amour le matin et la regarderait se donner du plaisir.
Une main à plat sur la cuisse, elle a frôlé du pouce tendu le nylon du slip noir qu’elle s’était choisi ce matin. Elle pensait déjà à cet instant ? Pas aussi nettement ; la réalité dépassait ses espoirs. Tout doucement de son pouce elle suivait la ligne plus souple de l’ouverture entre ses lèvres sur le nylon qui crissait sous son ongle. A chaque passage elle creusait un peu plus en réveillant la chaleur humide au creux de son ventre. Sa main plongeait lentement, ses doigts s’ouvrant et se fermant pour froisser le nylon, s’écartait vers la cuisse et descendait pour agacer d’un doigt les poils au creux de la cuisse sous le tendon durci de sa jambe levée, là où elle ne rase pas, passait du doux de la cuisse à la peau plus grenue sous le pli de la fesse, et remontait lentement jusqu’à serrer très fort les doigts sur son sexe et l’ouvrir.
Les yeux fermés, les images du matin revenaient, ce sexe exposé si pareil au sien, indécent entre les jambes ouvertes … la fine membrane étirée dessous qui gainait la verge et la fine couture sur la peau jusqu’à l’anneau brun qui gonflait à chaque fois que la tige de chair plongeait au profond du ventre … un craquement sec, elle a ouvert les yeux, ce n’était que le feu, Simon dormait toujours à quelques mètres d’elle … Joëlle a écarté le plaid et des deux mains sur ses hanches, a enlevé son slip et l’a enfoui entre l’accoudoir et le coussin, a plaqué la main sur son sexe et plié le majeur, se pénétrant du doigt jambes ouvertes pour chercher le mouillé de son sexe, plusieurs fois, pour étaler sa mouille épaisse sous ses lèvres et sur le bouton qu’elle sentait tendu, étiré, avant de s’allonger contre le dossier et de se recouvrir à nouveau du plaid. Rester découverte aurait décuplé le plaisir qu’elle allait se donner, mais elle n’a pas osé.
Elle s’est caressée de la main droite en soulevant le plaid de la gauche, allongée dans le fauteuil les jambes étendues devant elle, paume de la main massant très fort son clito, deux doigts plongés dans son sexe qui pressaient la muqueuse plus dure. Elle a joui très vite, le dos arqué, le visage tourné sur un côté, a plaqué le dos d’une main contre sa bouche pour y étouffer sa respiration oppressée, et s’est détendue lentement, agitée de brusques frissons qui la faisaient se cambrer. Trois fois elle a joui, perdue dans son monde de rêve éveillé.
Elle a attendu de reprendre son calme, que sa respiration s’apaise et que les battements de son cœur redeviennent réguliers, et a tourné le visage vers Simon, un doux sourire aux lèvres, attendrie de son sommeil … il aurait pu se réveiller … la regarder et venir à elle, rester à ses pieds, à genoux entre ses jambes ouvertes, les yeux fixés sur son sexe, elle était si mouillée … juste un rêve … des images à garder …
Elle s’est levée et a récupéré son slip entre l’accoudoir et le coussin du fauteuil, est restée nue un instant immobile et a quitté le salon sur la pointe des pieds récupérant sa jupe au passage sur le dossier du canapé.
C’est le sourire aux lèvres qu’elle est entrée dans la salle de bains pour y faire sa toilette. Honte ? D’avoir « utilisé » Simon pour nourrir son fantasme ? Un peu … mais après tout il dormait !
Et elle imaginait déjà les multiples scénarios qui l’accompagneraient dans ses futures caresses.
Elle finissait sa toilette quand elle a entendu du bruit dans la cuisine, la porte du four micro-ondes qu’on claquait et son ronronnement : Simon devait réchauffer le café qu’il avait oublié de boire. Elle s’est dépêchée de remettre son petit slip, a hésité, la main posée sur sa jupe, et l’a finalement renfilée aussi … s’il était venu dans la salle de bains au lieu de réchauffer son café ? Il l’aurait trouvée nue … comme elle l’était en quittant le salon … elle en frissonnait … encore, vite …
Elle a rejoint Simon dans le salon et a repris sa place dans le fauteuil au coin du feu, un roman dans les mains. Simon avait allumé la télé et baissé le son.
Joëlle ne lisait pas. Elle croisait et décroisait les jambes, provoquait intentionnellement les sensations nées du frottement de ses cuisses. Elle ne s’était pas lavée la deuxième fois, avait gardé sur elle l’humidité de son plaisir, comme souvent en cours de journée quand elle oubliait d’apporter des sous-vêtements de rechange dans son sac.
Elle était encore plongée dans son scénario d’intimité partagée, autant d’images et de sensations qu’elle emporterait avec elle après cette semaine de vacances quand Maryse est rentrée du travail.
Maryse a embrassé Simon puis est venue s’asseoir sur l’accoudoir du fauteuil de Joëlle pour poser ses mains glacées sur ses joues et poser une bise sur le bout de son nez.
Elle s’est reculée un instant, les sourcils froncés, et plissait le nez en se redressant, soulevant le menton de Joëlle d’un doigt pour croiser son regard : « Tu peux pas t’empêcher … » elle tapotait son nez de petits coups de son index en réponse au regard étonné de Joëlle, qui a tout de suite compris et a brusquement rougi en se mordant la lèvre inférieure. « Il dormait, tu sais ! ». Maryse levait les yeux au ciel en soupirant. Elle a posé une main sur la joue de Joëlle, lissé un sourcil du pouce « J’espère bien !... t’as fait ça où ? ». Joëlle baissait les yeux pour échapper à ceux de son amie et s’est réfugiée dans un demi-mensonge : « …salle de bains… », et un fou-rire les a prises, aggravé par les sourcils froncés de Simon.
— C’est une drôle de fille, ta copine …— Je t’avais prévenu !
— Et sacrément bien fichue, en plus.
— Eh ! dis-donc, toi !
— C’est vrai, non ? Et j’ai été exemplaire, j’ai pas bougé d’un cil !
— Elle a rien vu ? T’es sûr ?
— Certain. J’y croyais pas … elle serait allée dans sa chambre, ok … mais …— Je t’avais dit ! C’est plus fort qu’elle ! Et comme elle nous avait vus le matin … j’aurais dû parier !
— Et maintenant ?
— Déjà, tu mets ton pyjama, et on se couche, je gère.
— Je te laisse faire !
— Tu m’étonnes !
— Quoi ? c’est ton idée …— Ouais … mais tu serais vachement déçu si je voulais plus, non ?
— Euh …— Ben voyons ! Allez …
Joëlle les a entendus sortir de la salle de bains. Elle avait fait sa toilette du soir avant eux et s’était déjà couchée.
Maryse a poussé la porte de sa chambre et lui a fait coucou de la main en guise de bonne nuit.
Leur lit grinçait un peu et elle entendait rire Maryse. Elle savait : ils faisaient l’amour ce soir aussi. Joëlle voyait par l’entrebâillement de la porte que Maryse n’avait pas complètement refermée le rai de lumière qui venait de leur chambre.
Maryse avait gardé ses habitudes. Comme dans leurs 2 pièces à Paris quand un garçon passait la nuit avec elle, elle gardait toujours la lumière allumée.
Joëlle n’a pas résisté bien longtemps. Elle a repoussé sa couverture et s’est levée, a marché sur la pointe des pieds dans le noir jusqu’à la porte, guidée par le seul mince rai de lumière.
… Maryse était assise sur le torse de Simon et lui tournait le dos. Elle le caressait lentement tenant sa verge droite d’une main et, se caressait elle-même de l’autre, les cheveux masquant son visage.
Dans le couloir, Joëlle aussi se caressait … suivait le rythme de Maryse.
Elle était adossée au mur quand la porte s’est ouverte, s’est immobilisée.
Maryse, nue devant elle, lui a caressé la joue :— Je savais … et je sais aussi que tu préfères le noir …Joëlle la bouche sèche, n’a pas dit un mot, regardait Maryse les yeux écarquillés dans la pénombre du couloir. Elle n’a pas esquissé un seul geste quand Maryse a noué un foulard sur ses yeux, l’a embrassée sur la joue et l’a prise par la main.
Elle a eu un petit sanglot d’appréhension et a résisté à la traction sur son bras, puis a fait un pas, un autre …… elle était dans la chambre, deux mains soulevaient sa chemise de nuit, la passait au-dessus de sa tête, une main dans la sienne la guidait, la poussait sur le lit, soulevait ses jambes pour les poser sur les draps, la poussait d’une main au-dessus des seins qu’elle cachait d’un bras, l’adossait au mur dans son dos.
Que se passe-t-il dans un lit quand deux femmes et un homme s’y retrouvent ?
Est-il besoin de regarder par la porte entrebâillée ?
Peut-être … Parfois quand elles étaient étudiantes, elles ont fait l’amour avec le même amant de passage la même nuit. Maryse le conduisait à elle et les abandonnait. De ces amants d’un soir elle n’avait pas de plaisir. Elle écartait les jambes et attendait qu’ils jouissent d’elle, attendait qu’ils se relèvent et l’abandonnent pour rejoindre Maryse, se caressait et jouissait après, la main trempée de leur sperme, écoutant les chuchotements dans la chambre à côté et les bruits de sommiers.
Simon jamais. Simon elle ne l’a rencontré qu’une seule fois, le jour du mariage de son amie, et ce week-end. Et cette fois Maryse est restée, beaucoup de mains sur elle … des mains qui repoussent le bras dont elle couvre ses seins, d’autres mains qui écartent la main qu’elle a posé sur son sexe … pas un mot dans la chambre … le noir sous le foulard qui lui masque les yeux … les mouvements à sa droite et à sa gauche, le matelas qu’elle sent déformé du poids de Maryse, de Simon, chacun d’un côté … ses bras écartés et la morsure sur ses poignets, un baiser sur ses lèvres et des mains à ses chevilles qui la tirent vers le pied du lit, ses bras étirés écartés grands ouverts au-dessus de sa tête, d’autres morsures sur ses chevilles et ses jambes ouvertes, des lèvres sur ses yeux qui boivent ses larmes, écartelée, les reins cambrés des oreillers glissés sous son dos.
Elle plie les genoux, sans pouvoir les serrer à cause des liens qui blessent ses chevilles, elle ferme les poings et tire sur ses bras, éprouvent la résistance plus qu’elle ne se débat et renonce :— … arrêtez … arrêtez … mais qu’est-ce que vous faites …… les premiers mots de Joëlle, presque des sanglots, sans réponse, seulement une bouche sur ses lèvres, des mains sur ses seins, une main sur son sexe douloureuse à prendre son épaisse toison à pleins doigts qui serrent, étirent, relâchent et fouillent son sexe …— Viens voir comme elle mouille, viens !
… les premiers mots de Maryse, chuchotés.
Pour la première fois elle a joui du sexe d’un homme en elle. Pas la première fois où il s’est glissé entre ses jambes et l’a pénétrée. La première fois l’orgasme tenait aux mains de Joëlle qui pinçaient son clitoris et ses tétons.
Plus tard, plus tard dans la nuit, Maryse allongée contre elle, sa joue contre la sienne, une main légère sur ses seins, Simon une autre fois entre ses cuisses écartelées, l’avait baisée, très fort, son sexe brûlant d’être sec d’avoir trop mouillé avant aux caresses de Maryse, et pour la première fois elle a crié, d’abord de douleur, et après de plaisir du sexe d’un homme au fond de son ventre.
Joëlle a partagé leur lit d’autres nuits pendant cette semaine de vacances, sans foulard sur les yeux, sans les liens à ses poignets et ses chevilles, sauf le soir où elle le leur a demandé.
Une semaine. Sa semaine de vacances et celle de Maryse finie, Joëlle a regagné Paris.
Joëlle a repris sa vie solitaire de plaisirs solitaires avec des souvenirs qui nourriront les rêves qui feront ses yeux bordés de sombres et fatigués qui donneront envie à ceux qui la côtoient de la consoler, mais de quoi ? elle ne dirait rien, n’expliquerait rien, et jamais ils ne sauraient ce qu’elle cache et ce qui gouverne sa vie, qui lui donne cet air égaré effarouché de tout.
Il faudrait ne rien dire, juste la prendre par la main.
Misa – 06/2014
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