Charlotte, partie 2

Récit érotique écrit par vordh [→ Accès à sa fiche auteur]
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Charlotte, partie 2
Résumé du chapitre précédent :
Tom, c’est moi. Je suis en vacances à Malaga avec ma femme Charlotte et un couple d’amis, Céline et Antoine. Nous avons passé une première journée à la plage où nous avons eu la « chance » de faire la rencontre d’un plagiste un peu trop entreprenant avec mon épouse. De retour à la maison que nous avons louée, jaloux et terriblement excité par ce sentiment de dépossession, je l’ai léchée jusqu’à l’orgasme avant de m’endormir auprès d’elle.
Je suis réveillé quelques heures plus tard par un coup de fil du plagiste en question, Lucas. Il va venir ce soir me rapporter ma carte d’identité oubliée à la plage.
Charlotte est sublime, elle a enfilé une petite robe blanche légère qui fait ressortir à merveille son bronzage naissant et ses yeux verts. Sa longue chevelure blonde tannée par le soleil et l’eau de mer vient parachever ce look des plus naturellement sexy. Elle égoutte des olives vertes au-dessus de l’évier de la cuisine pendant que Céline remplit des bols de biscuits et autres indispensables d’apéritifs. Antoine lit un bouquin dans un transat près de la piscine.
Quatre bières sont décapsulées, on se rassemble et on s’installe autour de la table basse du salon d’extérieur qui borde la piscine. Santé !
Céline et Antoine nous racontent une histoire qui nous fait mourir de rire, ils sont chiants, c’est vrai, mais de temps en temps ce sont de vraies pépites. Ça me réconforte avec le fait d’être en vacances ensemble.
Vingt heures, on entend frapper à la porte.
— J’y vais ! C’est pour moi, dis-je en me levant brusquement.
Je n’ai dit à personne que j’avais oublié ma carte d’identité là-bas. Je compte bien être discret et régler cette histoire sans que personne ne s’en aperçoive. Ce que je veux éviter à tout prix, c’est qu’il croise Charlotte.
Je cours vers la porte d’entrée et l’ouvre rapidement en passant ma tête à l’extérieur, c’est bien Lucas, il est planté là, une voiture est derrière lui, il y a des gens à l’intérieur. C’est une vieille 205 rouge abîmée comme on n’en voit encore que dans le fin fond des campagnes.
— Salut, merci de t’être déplacé, c’est vraiment top.
— Pas de problème je t’ai dit c’est OK !
— Tu as ma carte d’identité ?
— Oui, elle est dans la voiture.
Il court vers la voiture et se penche à travers la vitre. Il y a effectivement deux autres hommes à l’intérieur du même style que lui : sûrement des potes. Je les entends parler et les vois fouiller la voiture. Ça prend du temps, putain, juste ce qu’il faut pour laisser à Charlotte, Antoine et Céline le temps de venir voir ce qu’il se passe.
— C’est qui, Tom ? me demande Charlotte
— Rien, j’ai oublié ma carte d’identité, on me la ramène.
— Oh, mais regardez, c’est Lucas ! dit Céline.
Lucas revient vers nous, me tend ma carte d’identité que je m’empresse de récupérer. Il constate avec un air faussement surpris que je ne suis plus seul.
— Merci Lucas. Allez, à bientôt peut-être ? dis-je en tentant de refermer la porte.
— Mais Tom, attends, tu pourrais lui proposer de boire un verre, non ? C’est la moindre des choses, attend, il t’a quand même rendu un super service, là !
Merci Céline.
— Je crois que ses amis l’attendent. Regarde, il n’est pas seul.
Antoine essaie de m’aider, j’apprécie le geste. Je sais très bien qu’il n’est pas à l’aise avec ce genre de mecs lui non plus et partager l’apéro avec eux serait une réelle corvée pour lui.
— C’est pas grave, on a de la place pour tous, non ? dit Céline en forçant la porte pour l’ouvrir. Allez, quoi ! Poussez-vous un peu. Lucas, toi et tes amis voulez-vous joindre à nous, on vous offre un verre ?
— C’est que, hum, okay, oui, je vais leur dire alors !
Il repart vers la voiture, sans aucune hésitation les deux copains acceptent l’invitation, coupent le moteur, sortent du véhicule et se dirigent vers la maison. Je m’écarte par politesse pour les laisser franchir le seuil de la porte. C’est intimidant.
Ils font tour à tour la bise à Charlotte. Lucas passe en dernier.
— Re-bonjour, Charlotte, hein ?
— Oui, oui, dit-elle en rougissant
Il fait comme si de rien n’était. Ses copains lui font aussi la bise en énonçant timidement leurs prénoms respectifs. Les salutations sont faites, nous faisons la connaissance de Diego et Frank qui comprennent à peine le français.
En nous dirigeant vers le salon d’extérieur, je remarque qu’un des copains fait un signe de tête à Lucas en direction de Charlotte, signe auquel Lucas répond par un sourire et un acquiescement discret.
Il leur a tout raconté, c’est sûr. Il a dû leur dire qu’aujourd’hui une jolie blonde était tombée sous ses charmes devant son mari. Leur expliquer ses stratagèmes pour la tripoter, leur raconter ses réactions de gamine et son visage qui rougit. Il leur a sûrement décrit en exagérant l’étroitesse de son maillot et la rondeur de son cul. Il a dû garder pour la fin de son histoire le passage où il s’est retrouvé devant son intimité, leur décrivant la transparence absolue du tissu et les formes sensuelles du sexe de ma femme concluant sans hésitation qu’elle devait être une belle salope.
J’essaie de faire abstraction de tout ça et de garder mon statut de maître des lieux. Je me mets une claque mentale et reprends confiance. Je tente de m’imposer en parlant plus fort, en rigolant et en faisant des blagues, moi aussi. Je sais faire ça, je ne vais pas me laisser écraser par ces colosses, je suis plus malin qu’eux.
— Des bières, les gars ? demandé-je
— Oui, merci
— Alors, racontez-nous, vous habitez dans le coin ? dis-je de mon ton le plus cool.
La discussion s’installe autour de la table de jardin en plastique blanc maculée de taches de breuvages d’anciennes festivités. On apprend qu’ils sont tous les trois colocataires et qu’ils viennent chacun d’une région différente d’Espagne. Ce sont des saisonniers qui passent de petits boulots en petits boulots. Encore un cliché que j’avais parfaitement anticipé.
Je me surprends en plein débat sur la spéculation boursière avec Lucas, il a un point de vue très naïf comme beaucoup de non-initiés, mais sa vision n’est pas tout à fait fausse. Il n’a fait aucune approche auprès de Charlotte qui, fidèle à sa timidité, discute exclusivement avec Céline. Antoine fait des tentatives d’espagnol avec ses restes du lycée auxquelles Frank et Diego répondent brièvement sans jamais le relancer, c’est plutôt marrant à regarder.
Je suis détendu et on enchaîne les bières. Finalement, c’est pas si désagréable que ça.
Vingt et une heures trente, le repas est clairement annulé. De toute façon, on a tellement picolé et grignoté de biscuits d’apéritif que personne n’a faim. On commence à être plus ou moins saouls. Céline, qui normalement est plutôt froide et réservée, entreprend de mettre de la musique et invite son mari à danser avec elle. La soirée prend une autre dimension, je me lève et prends Charlotte par le bras pour la tirer vers la piste de danse improvisée. Pris dans l’ambiance, Lucas et Diego font de même et nous rejoignent puis se mettent à danser à deux comme un couple, marrant. Frank, lui, reste seul à table. De toute façon, il est bloqué sur son téléphone depuis une bonne demi-heure.
Danser me secoue et je commence à me sentir mal. Je ne sais pas si c’est le voyage, le soleil, la planche à voile, les émotions, l’alcool ou le mélange des cinq, mais je sens que j’ai besoin de m’allonger, sinon je vais rapidement dérailler. Je ne veux pas laisser Charlotte seule, je voudrais qu’elle vienne avec moi.
— Mon cœur, je ne me sens pas très bien je crois que je vais aller m’allonger un peu.
— Oh non ? Qu’est-ce qu’il t’arrive, tu as trop bu, c’est ça ?
— Peut-être, oui. Tu ne voudrais pas venir avec moi, par hasard ?
— C’est-à-dire que… dit-elle en regardant nos convives pleins d’énergie. Bon, OK, je viens avec toi.
Oh ? Super ! Je salue tout le monde, me fais huer par Céline et Antoine qui me traitent de vieux. Charlotte leur explique qu’elle doit s’occuper de moi, pauvre chaton. À ce moment-là, je suis fier d’avoir une épouse dévouée qui me suit à l’encontre de ses envies. Elle me guide vers notre chambre, m’aide à enlever ma montre, mes chaussures et s’allonge à mes côtés me caressant doucement les cheveux. Je suis bercé par le rythme des basses feutrées de la musique à l’extérieur.
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Je me réveille en sursaut en entendant un gros « Plouf », la musique est toujours là. Je regarde l’heure, il est minuit trente. J’ai presque dormi deux heures ! J’entends des rires et des cris. Je me lève et m’approche de la porte-fenêtre pour commencer à distinguer des formes qui s’agitent dans la piscine.
Je vois Antoine qui porte Céline sur ses épaules, ils sont tous les deux en sous-vêtements et ont l’air bien éméchés. Je n’arrive pas à distinguer ce qu’il se passe : la lumière est trop faible et ma curiosité m’oblige à me faufiler sur le balcon. J’entrouvre la porte-fenêtre délicatement, la différence sonore agresse mes oreilles endormies et termine de me remettre sur pieds.
C’est un combat de piscine comme on en faisait gamins, assis sur les épaules de son coéquipier, le but futile est de faire tomber ses adversaires. Céline est sur Antoine, ils sont déchaînés, elle hurle comme une folle en essayant de faire tomber Diego et Frank. Et là, pincement : je vois Charlotte sur les épaules de Lucas qui tente de s’interposer dans la bataille. Je distingue péniblement dans l’eau qu’il a gardé son caleçon, elle, est en petite culotte et soutien-gorge. Ça crie et ça rigole fort, ça tombe et ça se relève prêt à repartir de plus belle.
Celle que j’ai juré d’aimer jusqu’à la mort, à moitié nue, enfourchant en toute confiance ce latin à la plastique de mannequin. Je ne l’avais pas encore vu torse nu et suis super impressionné : pas un poil, des pectoraux et des abdos saillants, de larges épaules comme celles des nageurs. C’est presque trop.
Ses cheveux mi-longs détrempés retombent sur son visage à chaque fois qu’il passe sous l’eau. Charlotte prend soin de les relever pour lui, car ses mains sont trop occupées à tenir les cuisses délicates de ma femme. Le corps quasi nu de Charlotte est encore exposé aux yeux des autres, heureusement l’éclairage faible de la piscine n’offre pas autant de lecture que tout à l’heure. Ce qui m’énerve le plus, ce sont ses mains qui se baladent dans le feu de l’action sur ses cuisses et qui en profitent pour la caresser. Les mêmes cuisses qui encerclent avec vigueur le cou de cet étranger.
Ils ont l’air super complices et je dois dire que ça fait longtemps que je n’ai pas partagé un moment comme ça avec elle. Je suis jaloux. J’imagine qu’il sent la chaleur de son bas-ventre collé contre sa nuque et qu’elle profite innocemment de la stimulation qu’il doit lui procurer en bougeant dans tous les sens. Je la revois en train de jouir quelques heures plus tôt sous la pression de ma langue et l’imagine en train de prendre le même plaisir.
Il faut que je m’interpose.
J’enfile un pantalon et descends les rejoindre. Mon arrivée n’a pas l’air de les déranger plus que ça, ils sont tellement saouls qu’ils mettent une bonne dizaine de secondes à se rendre compte que je suis planté là devant eux.
— Tooooom ! Allez, viens avec nous, on peut monter à deux sur Antoine ! me dit Céline qui est la première à remarquer ma présence.
Elle est complètement torchée, je ne l’ai jamais vue comme ça. De l’autre côté, une sorte de malaise envahit l’équipe qui stoppe immédiatement le jeu. Lucas fait mine de faire descendre Charlotte de ses épaules.
— Euh… Viens, allez, c’est bon, regarde, je te rends ta femme, elle attendait que tu te réveilles !
Il fait glisser Charlotte sur le côté. Elle ressort de l’eau en rigolant. Elle n’a toujours pas dit un mot, elle ne m’a même pas regardé, elle tire ses cheveux en arrière et se dirige vers les escaliers.
— Non, c’est bon, j’en ai marre. Vous voulez pas qu’on fasse une pause ? J’ai soif, dit-elle.
— On a gagné ! On a gagné ! On a ga… crie Céline avant qu’Antoine la fasse tomber dans l’eau à son tour.
Charlotte passe devant moi, me fait un petit sourire accompagné d’une petite caresse de bras et continue vers la table comme si de rien n’était. Elle s’entoure d’une serviette de bain, attrape une cigarette et l’allume. Les autres sortent à leur tour de l’eau, et chacun se sèche dans son coin.
Plus un seul bruit sauf la musique, et c’est comme ça qu’en un instant, je suis devenu le mec qui a pourri l’ambiance sans dire un mot, juste par ma simple présence. C’est un horrible sentiment. L’adolescent rejeté que j’étais resurgit de nulle part et va chercher coûte que coûte à inverser la vapeur : je dois être le mec cool.
— Je suis content que vous me rejoigniez au sec, mesdames, messieurs, j’ai une petite surprise pour vous ! dis-je dans un air de maître de cérémonie.
Surprise générale. Eux qui s’attendaient visiblement à une leçon de morale et à subir l’ambiance du mari jaloux se demandent maintenant tous ce qui va bien se passer. Je file dans la chambre à toute vitesse, ouvre mon sac à dos et attrape une bouteille de Tequila qui m’a coûté un bras lors de mon dernier trip à Mexico. C’est non sans un petit pincement au cœur que je m’apprête à déguster cette merveille avec trois inconnus dont l’un qui essaie ouvertement de se faire ma femme.
Mon retour fait mouche, je pose avec conviction et fracas la bouteille au milieu de la table et un petit verre pour chacun. Les visages s’illuminent, Charlotte souffle la fumée de sa cigarette en haussant les sourcils. Elle a l’air impressionnée, elle ne s’y attendait pas.
— OK, donc c’est comme ça ? dit-elle en tirant sur sa cigarette.
— Si tu veux, tu peux aller te coucher. Moi, j’ai dormi deux heures, je suis prêt à commencer à m’amuser.
Elle est joueuse et déteste être provoquée, elle écrase sa clope, se sert un verre à ras bord et le boit d’un seul trait. Les trois compères et nos deux amis n’en reviennent pas et se mettent à applaudir, siffler et pousser des cris d’encouragements.
— À ton tour, bébé.
Je me sers un verre et me l’enfile avec la même ferveur. Tout le monde est à nouveau impressionné et je suis moi aussi acclamé. Mon plan marche à merveille : j’ai relancé la soirée, même si je me retiens de vomir, ce qui soit dit en passant n’est pas vraiment grave, car ils sont tous trop bourrés pour s’en rendre compte. Je remplis les verres de tout le monde et on trinque au début de nos vacances. Le second est plus difficile à avaler, mais ça se fait quand même.
— Y’a un jeu qui vient avec ça ou pas ? demande Charlotte.
— Comment ça ?
— Tu sais bien, souviens-toi, la tequila, ça se boit en faisant des jeux pour boire !
— La mauvaise tequila peut-être, oui, celle-là se déguste !
— Allez, on fait un jeu, vous voulez pas les mecs ? Antoine ? Céline ?
— Oh oui, tiens, pourquoi pas ? dit Antoine.
— Oui, nous aussi, dit Lucas, suivi naïvement par ses copains qui n’ont pas compris.
— OK, alors faisons simple.
Je leur explique les règles du jeu le plus facile que je connaisse, c’est tout con, le jeu d’alcool de base. On commence à jouer, tout le monde s’amuse et ça picole à fond, la bouteille de tequila descend à vue d’œil et tout le monde s’agite de plus en plus, des fous-rires injustifiés et des dialogues en espagnol, un bordel monstre.
Dans un moment d’absence, je réalise qu’il y a quelques minutes je surprenais ma femme dans son plus mince uniforme en plein jeu de séduction avec un parfait étranger, qui avait, de source sûre, des vues sur elle. Je me rends soudain compte que le besoin de ne pas faire le rabat-joie était passé avant celui de montrer ma dominance et, sans m’en rendre compte, j’avais en quelque sorte cautionné leur petit jeu malsain.
— Bon, il est naze ton jeu en fait, c’est bon qu’à nous saouler ce truc-là ! hurle Céline dans un état d’ébriété très expressif.
Les autres qui semblaient jusque-là beaucoup s’amuser ont tout d’un coup l’air d’accord avec elle. C’est vrai qu’on est vraiment tous raides, quand je pense qu’en plus, ils ont de l’avance sur moi… Je regarde Charlotte, elle aussi est totalement saoule, mais elle ne veut pas le montrer, elle garde son calme comme si rien ne pouvait l’arrêter.
— Comme vous voulez, on arrête alors ?
— Non, mais il faut un jeu où on s’amuse. Je ne sais pas ! Par exemple un truc avec des gages, tu vois ? me dit Céline.
— Hum, non, j’ai pas ça en rayon, désolé, mais si vous avez une idée, je suis partant moi aussi.
— Un truc genre action ou vérité ? propose Charlotte.
— Oui, voilà, c’est ça ! Allez, roh, ça va être drôle, renchérit Céline.
Antoine se montre hésitant même si de toute façon son avis n’a pas d’importance et n’influencera pas nos semblables. Inutile de dire que je n’aime pas cette idée et encore moins le fait qu’elle vienne de Charlotte. Les trois potes se regardent, Lucas leur explique de quoi il s’agit, ils ont l’air partants pour jouer.
— Tu commences, mon amour ? Action ou vérité ?
Elle a ce regard vicieux qu’elle a quand elle a trop bu. Celui du diable qui se réveille, mais je ne me débine pas.
— Hum… Action.
Elle jette un coup d’œil à nos convives et revient poser le regard sur moi.
— Tu vois pas qu’il y a un truc qui va pas là ?
— Dis-moi ?
— Tous les mecs ici sont en caleçon, sauf toi. Allez, fais-nous un petit strip-tease, bébé.
Si elle croit que ça va me faire peur… Je m’exécute illico, me retrouvant en effet dans la même tenue que le reste de mes confrères masculins. Je sens des regards, je suis jugé. Eux se demandent comment un mec dégarni, grassouillet, si lambda, peut accéder à une nana pareille. Elle me compare discrètement avec les trois montagnes de muscles. Elle pince sa bouche en souriant, attrape son paquet de cigarettes et s’en allume une énième. Je me sens humilié et il faut vraiment que quelqu’un dise quelque chose pour me sortir de là. Heureusement on peut toujours compter sur Céline.
— À moi ! Chaton, action ou vérité ?
— Vérité. On sent qu’Antoine n’a pas envie de jouer.
— Pourquoi tu ne veux jamais me prendre en levrette ?
Je manque de m’étouffer avec une des dernières olives.
— Euh… bin… c’est-à-dire que… attends, on peut en parler plus tard, s’il te plaît ?
— Non, dis-moi maintenant. C’est moi ? je ne t’excite pas ?
— Céline, s’il te plaît, on est tous ivres, ne dis pas des choses que tu regretteras demain !
— Alors, tu me dis pourquoi.
— Je… je… je trouve ça dégradant.
— Mais moi, je veux que tu me défonces, Antoine !
Charlotte explose de rire, accompagnée de Lucas et moi-même. Antoine est mort de honte, Lucas traduit à ses potes qui ne savent plus où se mettre.
— Céline, écoute. On fera ça, OK. Promis. Mais, s’il te plaît, arrête d’en parler maintenant.
— Oh, merci chaton, je t’aime, je t’aime.
Elle le bécote et cherche à l’embrasser maladroitement. Tout le monde sourit, ils sont mignons. Finalement, elle cache bien son jeu, la Céline.
La partie continue, les trois compères choisissent toujours de passer à l’action, de toute façon, on n’a rien à leur faire avouer et c’est Lucas seul qui joue pour eux. On voit de tout, des verres cul-sec, des imitations débiles, des tours de piscine, manger des noyaux d’olives… Et ça continue surtout de boire, j’ai sorti une autre bouteille, pas de la même qualité, mais dans cet état, on ne fait plus la différence.
Le jeu qui avait démarré sur les chapeaux de roues avec mon déshabillage et la levrette de Céline ne prend finalement pas le tournant auquel je m’attendais. Ça reste très puéril. On a plus la force de faire les idiots et les seules actions se limitent à boire. Le jeu se tasse un peu, j’en profite pour sortir mon téléphone qui me glisse des mains et tombe sous la table. En me penchant pour le ramasser, je constate avec horreur que Lucas est en train d’effleurer de ses orteils nus la jambe de ma femme.
L’enfoiré. Il est en train de lui faire du pied. Depuis combien de temps ? Pourquoi ne dit-elle rien ? Je me redresse, furieux. Ils n’ont pas réalisé que je les ai vus.
C’est mon tour de jouer et je vais mettre le feu aux poudres.
— Lucas, action ou vérité.
— Vérité.
— Elle te plaît, ma femme ?
La réaction sans surprise de Lucas me fait comprendre que je ne vais pas le déstabiliser, au contraire, il est prêt à jouer avec moi. Je pense même qu’il n’attendait que ça. Charlotte se redresse et me fusille du regard. Lucas cherche calmement ses mots puis me fixe et me dit tout simplement :
— Oui.
Et comme un con, je trouve intelligent à ce moment-là d’insister :
— Et là, tout à l’heure, tu t’amusais bien aussi ?
— Elle s’amuse avec moi pendant que toi tu dors, c’est rien de méchant.
— Tom, s’il te plaît, me demande Charlotte.
C’était certain, j’allais dérailler.
— T’as maté sa chatte, cet après-midi.
— Tom ! Mais ça va pas ou quoi ? Tais-toi maintenant, me dit Charlotte, morte de honte.
— Ça t’a plu ou quoi ? insisté-je
— Peut-être bien, oui, affirme-t-il d’un air énervé en se penchant vers moi.
Mon petit jeu est clairement en train de l’agacer et il en est de même pour Charlotte. Je laisse passer un silence et reprends mes esprits.
— Attendez, je vais changer de place, dit Charlotte. Poussez-vous un peu, les mecs.
Elle se lève et s’installe entre Lucas et Frank en prenant soin de l’enjamber maladroitement. C’est sa vengeance auprès de moi pour l’avoir mise mal à l’aise. Lucas me jette un regard suffisant et supérieur et prend ses aises en se collant à elle, ils ont décidé de jouer avec mes nerfs.
— On est beaucoup mieux ici ! dit-elle en attachant ses cheveux.
Je suis fou de rage. J’ai envie de les étrangler tous les deux. Surtout elle, j’ai envie de lui faire payer son comportement débile.
— Charlotte, joue avec moi, lui dis-je. Demande-moi : action ou vérité.
— Action ou vérité ?
— Vérité. Demande-moi si je t’ai déjà trompée.
Elle marque une pause, malgré son état, elle a compris ce qui allait se passer et n’était clairement pas préparée à ça.
— Avec qui, Tom ?
— Demande-moi, vas-y !
— Merde, mais dis-moi Tom. C’était qui ?
— Hélène. Trois mois après qu’on se soit mis ensemble. Pendant le congrès à Marseille.
Putain, je l’ai sorti. Je m’étais juré de ne jamais lui dire. J’ai l’impression de lui avoir tiré une balle en plein cœur. Le reste des convives assistent avec stupeur à la pièce de théâtre qui est en train de se jouer sous leurs yeux. Même nos amis qui ne parlent pas français sont captivés tant l’émotion est palpable.
— Et pendant combien de temps ?
— Une fois seulement.
— …
Je voulais la blesser, et j’ai l’impression d’avoir réussi. Elle se souvenait de ce congrès durant lequel elle était restée à Paris. Ces nuits seule où elle ne pensait qu’à moi et aurait tout donné pour me rejoindre, ses messages me déclarant sa flamme et mes réponses lui annonçant que je l’aimais et voulais passer le reste de ma vie avec elle. Ces doux souvenirs de la naissance de notre couple étaient désormais balayés par la vision de son mari en train de s’envoyer la pétasse de la boîte dans une chambre d’hôtel Ibis.
Elle secoue sa tête en riant nerveusement et attrape son paquet de cigarettes. Elle se sent conne, elle m’en veut et je vais subir les foudres de ses représailles. Malheureusement, mon taux d’alcoolémie et ma fierté ne me permettent pas d’anticiper cette situation que j’aurais pu éviter.
Tout le monde attend sa réaction. Elle pousse un soupir désespéré et allume la clope qu’elle avait mise au bout de ses lèvres puis souffle la fumée d’un air provocateur dans ma direction.
— À ton tour, bébé. Demande-moi si je t’ai trompé, me dit-elle.
Mon cœur s’emballe et ma respiration s’accélère. Qu’est ce qu’il se passe ? Suis-je pris à mon propre piège ?
— Tu … tu m’as trompé ? bégayé-je.
Elle écrase sa cigarette à peine entamée. L’audience retient son souffle.
— Tu le sais bien, non ? Tu ne te rappelles pas ? Tu as la mémoire courte, mon amour.
— Je me rappelle, bien sûr que je me rappelle.
— Raconte à nos amis, ce que j’ai fait.
— Charlotte… Qu’est-ce que tu cherches à me faire dire ?
— Raconte, sinon c’est moi qui le fais.
J’hésite un instant et me dit que c’est de bonne guerre. Je l’ai ridiculisée devant tout le monde, elle veut me faire subir la même chose. Je baisse les yeux et m’exécute.
— Charlotte a embrassé un de ses fournisseurs, il y a deux ans, dis-je d’un ton mortuaire.
Lucas qui a perdu son air énervé s’illumine maintenant d’un grand sourire et comme pour enfoncer plus loin le couteau dans la plaie prend part à la discussion alors que personne n’osait s’interposer.
— Embrasser, tu considères ça comme tromper, toi ?
— Quoi, mais qu’est-ce que tu racontes ? Bien sûr que oui. En plus, ils venaient de se marier si j’ai bien compté, lui répondit Antoine essayant de prendre ma défense.
— OK, alors, lui il couche et elle fait juste un bisou et c’est pareil, c’est ça ?
— De toute façon, ce ne sont pas nos affaires alors ne nous mêlons pas de ce qui ne nous regarde pas. Qui veut jouer, à qui la suite ?
Antoine essaie de clore la discussion alors que notre invité en chef, visiblement outré, n’a pas l’intention de lâcher le morceau. Il se tourne vers Charlotte et l’interpelle.
— Tu es OK avec ça ? Je veux dire, c’est pas un peu déséquilibré, non ?
Charlotte ne répond pas et me fixe du regard avec ce sourire vicieux qu’elle arbore depuis quelques minutes pendant que Lucas est en train d’expliquer la situation à ses potes dans leur langue maternelle, ils ont l’air très intéressés et tout à fait d’accord avec son point de vue.
Charlotte se redressa et s’accouda sur la table, elle allait dire quelque chose.
— Tu sais, peut-être qu’il n’y a pas eu qu’un baiser.
Je sens un afflux sanguin envahir mon corps tout entier.
— Que… quoi ?
Ma voix devient fluette à cause de ma gorge nouée. Lucas attend avec impatience la suite de l’histoire, les copains ont envie de comprendre, mais il est trop captivé pour prendre le temps de leur expliquer. Antoine cherche une échappatoire, Céline est figée.
— Bin, oui, peut-être, dit Charlotte d’un ton mystérieux. Tu sais, mon cœur, finalement je suis contente que tu m’aies parlé de ça, parce moi aussi, j’ai des choses à t’avouer.
Elle dirige sa main vers le bol de glaçons qui traînait devant elle et en saisit un, me regarde dans les yeux et le dépose lentement sur sa langue avant de l’entourer de ses lèvres pulpeuses. Elle exerce une légère succion qui creuse ses joues puis le fait ressortir avant de le reposer sur la table. Elle termine son numéro essuyant délicatement les coins de sa bouche avec ses doigts.
Les trois Espagnols qui ont clairement compris de quoi il s’agissait se mirent à s’exciter comme des débiles, pouffant derrière leurs mains et s’agitant sur leurs chaises.
— T’es pas sérieuse, là, Charlotte ? C’est une blague ?
Elle sourit bêtement en haussant les épaules et lève les yeux au ciel en s’enfonçant entre les deux compères.
— Charlotte, lui dis-je d’un ton effrayé. Tu… tu l’as sucé ?
— Bin, ouais.
J’ai l’impression d’être dans une machine à laver, je crois que je vais tomber de ma chaise.
— Mais… mais tu m’avais dit qu’il ne s’était rien passé, que tu l’avais repoussé, qu’il t’avait à peine embrassé ?
— J’ai menti ! Comme toi, tu vois ?
— Mais c’est différent, on était à peine ensemble, ça ne comptait pas. Je voulais te protéger, ça ne signifiait rien du tout pour moi.
— Allez, mon cœur, ça va aller, tu vas t’en remettre, j’en suis sûre ! dit-elle d’un ton moqueur.
— Je… je… Mais…
Je ne trouve plus mes mots, la nouvelle retourne mes entrailles et je n’y vois plus clair.
Elle est saoule et semble prendre le sujet à la rigolade, ce qui rend la situation très difficile à gérer. Antoine complètement dépassé par les événements se lève et s’en va, laissant sa femme ivre morte qui me regarde avec pitié. Charlotte continue de me fixer avec ce sourire débile pendant que les mecs s’échangent quelques messes basses apparemment hilarantes dans leur langue natale.
Je craque.
Je me lève brusquement et quitte la table en titubant vers les toilettes, je ne me sens pas bien. Je me jette à bras ouvert sur la cuvette, mais rien ne sort, pourtant ce n’est pas l’envie qui manque. J’y reste un bon quart d’heure, personne ne vient m’aider ni même prendre de mes nouvelles.
Je suis plus remonté que jamais que Charlotte ne soit pas venue à ma rencontre, j’ai disparu un quart d’heure et personne, pas même mon épouse, n’est venue me voir. Il me faut des d’explications, comprendre ce qu’il s’est passé, discuter avec ma femme calmement.
Une partie de moi se dit qu’elle a dit n’importe quoi, qu’elle a menti, qu’elle a fait ça pour me donner une leçon d’humilité.
L’esprit calmé, je décide de retourner dehors, ils sont encore là. Une forte odeur de cannabis s’engouffre dans mes narines et constate que les accompagnants de Lucas probablement trop défoncés et se sentant de trop, se sont endormis un peu plus loin sur les transats. En plus d’ignorer complètement mon retour, je constate que Charlotte est avachie sur Lucas et glousse comme une dinde, il lui parle dans le creux de l’oreille, mais je n’arrive pas à distinguer ce qu’il lui dit.
Céline n’a pas bougé et me regarde encore d’un air désolé, c’est la seule qui prête attention à moi.
Je m’assieds et tente de m’adresser à Charlotte calmement.
— Charlotte, tu peux venir avec moi, s’il te plaît, on va aller se coucher. Je crois que tu as bien profité de la soirée, nos amis ont l’air ravi de l’agréable moment qu’ils viennent de vivre grâce à nous, je pense qu’il est temps d’y aller maintenant.
— Hum… non.
Une gamine, comme une ado en rébellion.
— Charlotte, t’es complètement saoule. Soit raisonnable, on parlera demain de tout ça je voudrais juste que tu viennes te coucher avec moi.
— Elle a dit non, mec, lâche-la un peu, me dit Lucas sèchement.
— Écoute, mon pote, c’est encore chez moi ici et c’est moi qui décide de ce qui se passe, d’accord ? D’ailleurs, tu t’en vas maintenant.
Le ton est tendu, Lucas se lève d’un coup, moi aussi.
— Oh, les gars, c’est fini, oui ! Pas de violence ici, crie Charlotte en s’interposant.
— Pfff, c’est des mecs, ils jouent à celui qui a la plus grosse, laisse tomber, ma chérie ça vaut pas le coup, lança Céline.
On s’assoit calmement, je lance un regard assassin à Lucas qui, suite à cette petite tension, reprend ses distances avec ma bien-aimée.
— Vous savez quoi, les gars, Céline vient de me donner une idée. Si vous voulez jouer à celui qui a la plus grosse, on va prendre ça au pied de la lettre.
— Qu’est-ce que t… ai-je à peine le temps de bredouiller avant qu’elle ne me coupe.
— Chut, écoute et tais-toi. C’est simple, vous la sortez, on compare, et celui qui a la plus petite s’en va.
Lucas semble partant sans poser de questions.
Qu’une idée aussi perverse puisse sortir du crâne de ma petite Charlotte me sidère et le fait que Lucas soit aussi sûr de lui me fait peur. De toute façon, j’ai pas l’intention de le faire ce jeu débile.
— Hors de question.
— Roooh, t’es nul, allez, quoi ! T’as peur ou quoi ? me demande Céline. Regarde Lucas, il est tout de suite d’accord, lui, il est drôle, lui !
Lucas se lève et vient se mettre à côté de moi, face aux filles.
— Allez, mec, si tu gagnes, je m’en vais. Sois fun, fais plaisir à ta femme.
— Allez, mon cœur, ça va le faire ! me dit Charlotte en me faisant un clin d’œil.
Charlotte et Céline assises côte à côte gigotent comme des gamines et se mettent à taper du poing sur la table en chantant en chœur :
— Les bites ! Les bites ! Les bites !
Un million de choses me traversent l’esprit. Qu’est-ce que c’était que ce bordel ?
Je viens d’apprendre que ma femme a taillé une pipe à un mec, elle me l’annonce sans rancœur et aux yeux de tous, sans explications. Elle ne vient pas me chercher quand je disparais, ne s’inquiète pas de mes émotions. Pire encore, j’assiste littéralement à son flirt avec le stéréotype de l’acteur porno Brésilien depuis cet après-midi et maintenant je m’apprête à comparer mon pénis avec le sien ? Combien de tequila avait-on descendu et comment en était-on arrivé là ?
— Moi, je suis prêt, relance fièrement Lucas en ajustant sa position.
— Whaouuuu ! s’exclament les filles à l’unisson. Allez, Tom, c’est bon, quoi, on est là tous les quatre, ça restera entre nous.
Je jette un œil aux copains de Lucas qui dorment au loin sur les transats, Antoine est sûrement aussi dans son lit, Céline et Charlotte insistent.
— Allez, mon amour, ça va être rigolo, on s’en fout, c’est les vacances !
— Allez, Tom, t’inquiète pas, on en a vu d’autres, hein.
Le pire, c’est que mon cerveau envisage de le faire ! Il est vrai qu’en temps normal, je suis assez confiant : je n’ai pas une trompe d’éléphant entre les jambes, mais je n’ai pas à rougir de ce que la nature m’a offert. En tout cas, personne ne s’en est jamais plaint et Charlotte ne cesse de me complimenter là-dessus.
Ce soir pourtant le doute plane, me dit-elle ça pour me faire plaisir ? Est-ce que j’ai vraiment déjà vu un autre sexe masculin que le mien, côte à côte ? C’est con, il porte comme moi un caleçon large qui ne laisse deviner aucune forme, ne me permettant pas de me faire une idée sur la dimension du paquet. Je vais devoir la jouer à l’aveugle. Mais qu’est-ce que je dis ? Je ne vais pas m’abaisser à ça, non !
— Non, désolé, c’est débile comme idée.
— Tom, mon amour, me dit Charlotte d’un air coquin. Si tu gagnes, ce soir je te laisserai faire tout ce que tu veux.
Je la regarde d’un air idiot. Elle renchérit.
— Je dis bien TOUT ce que tu veux….
D’habitude, pas forcément joueur, je dois avouer que cette enchère finit de me motiver. C’est pas tant la proposition indécente qui m’attire, mais plutôt de jouer avec elle et qu’elle me considère à nouveau.
Je regarde Lucas, je regarde les filles. Au pire, quoi ? Ils croient vraiment que je vais partir si je perds ? C’est moi qui ai loué la maison, ce petit con, je vais te le dégager quoi qu’il arrive.
Tom, c’est moi. Je suis en vacances à Malaga avec ma femme Charlotte et un couple d’amis, Céline et Antoine. Nous avons passé une première journée à la plage où nous avons eu la « chance » de faire la rencontre d’un plagiste un peu trop entreprenant avec mon épouse. De retour à la maison que nous avons louée, jaloux et terriblement excité par ce sentiment de dépossession, je l’ai léchée jusqu’à l’orgasme avant de m’endormir auprès d’elle.
Je suis réveillé quelques heures plus tard par un coup de fil du plagiste en question, Lucas. Il va venir ce soir me rapporter ma carte d’identité oubliée à la plage.
Charlotte est sublime, elle a enfilé une petite robe blanche légère qui fait ressortir à merveille son bronzage naissant et ses yeux verts. Sa longue chevelure blonde tannée par le soleil et l’eau de mer vient parachever ce look des plus naturellement sexy. Elle égoutte des olives vertes au-dessus de l’évier de la cuisine pendant que Céline remplit des bols de biscuits et autres indispensables d’apéritifs. Antoine lit un bouquin dans un transat près de la piscine.
Quatre bières sont décapsulées, on se rassemble et on s’installe autour de la table basse du salon d’extérieur qui borde la piscine. Santé !
Céline et Antoine nous racontent une histoire qui nous fait mourir de rire, ils sont chiants, c’est vrai, mais de temps en temps ce sont de vraies pépites. Ça me réconforte avec le fait d’être en vacances ensemble.
Vingt heures, on entend frapper à la porte.
— J’y vais ! C’est pour moi, dis-je en me levant brusquement.
Je n’ai dit à personne que j’avais oublié ma carte d’identité là-bas. Je compte bien être discret et régler cette histoire sans que personne ne s’en aperçoive. Ce que je veux éviter à tout prix, c’est qu’il croise Charlotte.
Je cours vers la porte d’entrée et l’ouvre rapidement en passant ma tête à l’extérieur, c’est bien Lucas, il est planté là, une voiture est derrière lui, il y a des gens à l’intérieur. C’est une vieille 205 rouge abîmée comme on n’en voit encore que dans le fin fond des campagnes.
— Salut, merci de t’être déplacé, c’est vraiment top.
— Pas de problème je t’ai dit c’est OK !
— Tu as ma carte d’identité ?
— Oui, elle est dans la voiture.
Il court vers la voiture et se penche à travers la vitre. Il y a effectivement deux autres hommes à l’intérieur du même style que lui : sûrement des potes. Je les entends parler et les vois fouiller la voiture. Ça prend du temps, putain, juste ce qu’il faut pour laisser à Charlotte, Antoine et Céline le temps de venir voir ce qu’il se passe.
— C’est qui, Tom ? me demande Charlotte
— Rien, j’ai oublié ma carte d’identité, on me la ramène.
— Oh, mais regardez, c’est Lucas ! dit Céline.
Lucas revient vers nous, me tend ma carte d’identité que je m’empresse de récupérer. Il constate avec un air faussement surpris que je ne suis plus seul.
— Merci Lucas. Allez, à bientôt peut-être ? dis-je en tentant de refermer la porte.
— Mais Tom, attends, tu pourrais lui proposer de boire un verre, non ? C’est la moindre des choses, attend, il t’a quand même rendu un super service, là !
Merci Céline.
— Je crois que ses amis l’attendent. Regarde, il n’est pas seul.
Antoine essaie de m’aider, j’apprécie le geste. Je sais très bien qu’il n’est pas à l’aise avec ce genre de mecs lui non plus et partager l’apéro avec eux serait une réelle corvée pour lui.
— C’est pas grave, on a de la place pour tous, non ? dit Céline en forçant la porte pour l’ouvrir. Allez, quoi ! Poussez-vous un peu. Lucas, toi et tes amis voulez-vous joindre à nous, on vous offre un verre ?
— C’est que, hum, okay, oui, je vais leur dire alors !
Il repart vers la voiture, sans aucune hésitation les deux copains acceptent l’invitation, coupent le moteur, sortent du véhicule et se dirigent vers la maison. Je m’écarte par politesse pour les laisser franchir le seuil de la porte. C’est intimidant.
Ils font tour à tour la bise à Charlotte. Lucas passe en dernier.
— Re-bonjour, Charlotte, hein ?
— Oui, oui, dit-elle en rougissant
Il fait comme si de rien n’était. Ses copains lui font aussi la bise en énonçant timidement leurs prénoms respectifs. Les salutations sont faites, nous faisons la connaissance de Diego et Frank qui comprennent à peine le français.
En nous dirigeant vers le salon d’extérieur, je remarque qu’un des copains fait un signe de tête à Lucas en direction de Charlotte, signe auquel Lucas répond par un sourire et un acquiescement discret.
Il leur a tout raconté, c’est sûr. Il a dû leur dire qu’aujourd’hui une jolie blonde était tombée sous ses charmes devant son mari. Leur expliquer ses stratagèmes pour la tripoter, leur raconter ses réactions de gamine et son visage qui rougit. Il leur a sûrement décrit en exagérant l’étroitesse de son maillot et la rondeur de son cul. Il a dû garder pour la fin de son histoire le passage où il s’est retrouvé devant son intimité, leur décrivant la transparence absolue du tissu et les formes sensuelles du sexe de ma femme concluant sans hésitation qu’elle devait être une belle salope.
J’essaie de faire abstraction de tout ça et de garder mon statut de maître des lieux. Je me mets une claque mentale et reprends confiance. Je tente de m’imposer en parlant plus fort, en rigolant et en faisant des blagues, moi aussi. Je sais faire ça, je ne vais pas me laisser écraser par ces colosses, je suis plus malin qu’eux.
— Des bières, les gars ? demandé-je
— Oui, merci
— Alors, racontez-nous, vous habitez dans le coin ? dis-je de mon ton le plus cool.
La discussion s’installe autour de la table de jardin en plastique blanc maculée de taches de breuvages d’anciennes festivités. On apprend qu’ils sont tous les trois colocataires et qu’ils viennent chacun d’une région différente d’Espagne. Ce sont des saisonniers qui passent de petits boulots en petits boulots. Encore un cliché que j’avais parfaitement anticipé.
Je me surprends en plein débat sur la spéculation boursière avec Lucas, il a un point de vue très naïf comme beaucoup de non-initiés, mais sa vision n’est pas tout à fait fausse. Il n’a fait aucune approche auprès de Charlotte qui, fidèle à sa timidité, discute exclusivement avec Céline. Antoine fait des tentatives d’espagnol avec ses restes du lycée auxquelles Frank et Diego répondent brièvement sans jamais le relancer, c’est plutôt marrant à regarder.
Je suis détendu et on enchaîne les bières. Finalement, c’est pas si désagréable que ça.
Vingt et une heures trente, le repas est clairement annulé. De toute façon, on a tellement picolé et grignoté de biscuits d’apéritif que personne n’a faim. On commence à être plus ou moins saouls. Céline, qui normalement est plutôt froide et réservée, entreprend de mettre de la musique et invite son mari à danser avec elle. La soirée prend une autre dimension, je me lève et prends Charlotte par le bras pour la tirer vers la piste de danse improvisée. Pris dans l’ambiance, Lucas et Diego font de même et nous rejoignent puis se mettent à danser à deux comme un couple, marrant. Frank, lui, reste seul à table. De toute façon, il est bloqué sur son téléphone depuis une bonne demi-heure.
Danser me secoue et je commence à me sentir mal. Je ne sais pas si c’est le voyage, le soleil, la planche à voile, les émotions, l’alcool ou le mélange des cinq, mais je sens que j’ai besoin de m’allonger, sinon je vais rapidement dérailler. Je ne veux pas laisser Charlotte seule, je voudrais qu’elle vienne avec moi.
— Mon cœur, je ne me sens pas très bien je crois que je vais aller m’allonger un peu.
— Oh non ? Qu’est-ce qu’il t’arrive, tu as trop bu, c’est ça ?
— Peut-être, oui. Tu ne voudrais pas venir avec moi, par hasard ?
— C’est-à-dire que… dit-elle en regardant nos convives pleins d’énergie. Bon, OK, je viens avec toi.
Oh ? Super ! Je salue tout le monde, me fais huer par Céline et Antoine qui me traitent de vieux. Charlotte leur explique qu’elle doit s’occuper de moi, pauvre chaton. À ce moment-là, je suis fier d’avoir une épouse dévouée qui me suit à l’encontre de ses envies. Elle me guide vers notre chambre, m’aide à enlever ma montre, mes chaussures et s’allonge à mes côtés me caressant doucement les cheveux. Je suis bercé par le rythme des basses feutrées de la musique à l’extérieur.
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Je me réveille en sursaut en entendant un gros « Plouf », la musique est toujours là. Je regarde l’heure, il est minuit trente. J’ai presque dormi deux heures ! J’entends des rires et des cris. Je me lève et m’approche de la porte-fenêtre pour commencer à distinguer des formes qui s’agitent dans la piscine.
Je vois Antoine qui porte Céline sur ses épaules, ils sont tous les deux en sous-vêtements et ont l’air bien éméchés. Je n’arrive pas à distinguer ce qu’il se passe : la lumière est trop faible et ma curiosité m’oblige à me faufiler sur le balcon. J’entrouvre la porte-fenêtre délicatement, la différence sonore agresse mes oreilles endormies et termine de me remettre sur pieds.
C’est un combat de piscine comme on en faisait gamins, assis sur les épaules de son coéquipier, le but futile est de faire tomber ses adversaires. Céline est sur Antoine, ils sont déchaînés, elle hurle comme une folle en essayant de faire tomber Diego et Frank. Et là, pincement : je vois Charlotte sur les épaules de Lucas qui tente de s’interposer dans la bataille. Je distingue péniblement dans l’eau qu’il a gardé son caleçon, elle, est en petite culotte et soutien-gorge. Ça crie et ça rigole fort, ça tombe et ça se relève prêt à repartir de plus belle.
Celle que j’ai juré d’aimer jusqu’à la mort, à moitié nue, enfourchant en toute confiance ce latin à la plastique de mannequin. Je ne l’avais pas encore vu torse nu et suis super impressionné : pas un poil, des pectoraux et des abdos saillants, de larges épaules comme celles des nageurs. C’est presque trop.
Ses cheveux mi-longs détrempés retombent sur son visage à chaque fois qu’il passe sous l’eau. Charlotte prend soin de les relever pour lui, car ses mains sont trop occupées à tenir les cuisses délicates de ma femme. Le corps quasi nu de Charlotte est encore exposé aux yeux des autres, heureusement l’éclairage faible de la piscine n’offre pas autant de lecture que tout à l’heure. Ce qui m’énerve le plus, ce sont ses mains qui se baladent dans le feu de l’action sur ses cuisses et qui en profitent pour la caresser. Les mêmes cuisses qui encerclent avec vigueur le cou de cet étranger.
Ils ont l’air super complices et je dois dire que ça fait longtemps que je n’ai pas partagé un moment comme ça avec elle. Je suis jaloux. J’imagine qu’il sent la chaleur de son bas-ventre collé contre sa nuque et qu’elle profite innocemment de la stimulation qu’il doit lui procurer en bougeant dans tous les sens. Je la revois en train de jouir quelques heures plus tôt sous la pression de ma langue et l’imagine en train de prendre le même plaisir.
Il faut que je m’interpose.
J’enfile un pantalon et descends les rejoindre. Mon arrivée n’a pas l’air de les déranger plus que ça, ils sont tellement saouls qu’ils mettent une bonne dizaine de secondes à se rendre compte que je suis planté là devant eux.
— Tooooom ! Allez, viens avec nous, on peut monter à deux sur Antoine ! me dit Céline qui est la première à remarquer ma présence.
Elle est complètement torchée, je ne l’ai jamais vue comme ça. De l’autre côté, une sorte de malaise envahit l’équipe qui stoppe immédiatement le jeu. Lucas fait mine de faire descendre Charlotte de ses épaules.
— Euh… Viens, allez, c’est bon, regarde, je te rends ta femme, elle attendait que tu te réveilles !
Il fait glisser Charlotte sur le côté. Elle ressort de l’eau en rigolant. Elle n’a toujours pas dit un mot, elle ne m’a même pas regardé, elle tire ses cheveux en arrière et se dirige vers les escaliers.
— Non, c’est bon, j’en ai marre. Vous voulez pas qu’on fasse une pause ? J’ai soif, dit-elle.
— On a gagné ! On a gagné ! On a ga… crie Céline avant qu’Antoine la fasse tomber dans l’eau à son tour.
Charlotte passe devant moi, me fait un petit sourire accompagné d’une petite caresse de bras et continue vers la table comme si de rien n’était. Elle s’entoure d’une serviette de bain, attrape une cigarette et l’allume. Les autres sortent à leur tour de l’eau, et chacun se sèche dans son coin.
Plus un seul bruit sauf la musique, et c’est comme ça qu’en un instant, je suis devenu le mec qui a pourri l’ambiance sans dire un mot, juste par ma simple présence. C’est un horrible sentiment. L’adolescent rejeté que j’étais resurgit de nulle part et va chercher coûte que coûte à inverser la vapeur : je dois être le mec cool.
— Je suis content que vous me rejoigniez au sec, mesdames, messieurs, j’ai une petite surprise pour vous ! dis-je dans un air de maître de cérémonie.
Surprise générale. Eux qui s’attendaient visiblement à une leçon de morale et à subir l’ambiance du mari jaloux se demandent maintenant tous ce qui va bien se passer. Je file dans la chambre à toute vitesse, ouvre mon sac à dos et attrape une bouteille de Tequila qui m’a coûté un bras lors de mon dernier trip à Mexico. C’est non sans un petit pincement au cœur que je m’apprête à déguster cette merveille avec trois inconnus dont l’un qui essaie ouvertement de se faire ma femme.
Mon retour fait mouche, je pose avec conviction et fracas la bouteille au milieu de la table et un petit verre pour chacun. Les visages s’illuminent, Charlotte souffle la fumée de sa cigarette en haussant les sourcils. Elle a l’air impressionnée, elle ne s’y attendait pas.
— OK, donc c’est comme ça ? dit-elle en tirant sur sa cigarette.
— Si tu veux, tu peux aller te coucher. Moi, j’ai dormi deux heures, je suis prêt à commencer à m’amuser.
Elle est joueuse et déteste être provoquée, elle écrase sa clope, se sert un verre à ras bord et le boit d’un seul trait. Les trois compères et nos deux amis n’en reviennent pas et se mettent à applaudir, siffler et pousser des cris d’encouragements.
— À ton tour, bébé.
Je me sers un verre et me l’enfile avec la même ferveur. Tout le monde est à nouveau impressionné et je suis moi aussi acclamé. Mon plan marche à merveille : j’ai relancé la soirée, même si je me retiens de vomir, ce qui soit dit en passant n’est pas vraiment grave, car ils sont tous trop bourrés pour s’en rendre compte. Je remplis les verres de tout le monde et on trinque au début de nos vacances. Le second est plus difficile à avaler, mais ça se fait quand même.
— Y’a un jeu qui vient avec ça ou pas ? demande Charlotte.
— Comment ça ?
— Tu sais bien, souviens-toi, la tequila, ça se boit en faisant des jeux pour boire !
— La mauvaise tequila peut-être, oui, celle-là se déguste !
— Allez, on fait un jeu, vous voulez pas les mecs ? Antoine ? Céline ?
— Oh oui, tiens, pourquoi pas ? dit Antoine.
— Oui, nous aussi, dit Lucas, suivi naïvement par ses copains qui n’ont pas compris.
— OK, alors faisons simple.
Je leur explique les règles du jeu le plus facile que je connaisse, c’est tout con, le jeu d’alcool de base. On commence à jouer, tout le monde s’amuse et ça picole à fond, la bouteille de tequila descend à vue d’œil et tout le monde s’agite de plus en plus, des fous-rires injustifiés et des dialogues en espagnol, un bordel monstre.
Dans un moment d’absence, je réalise qu’il y a quelques minutes je surprenais ma femme dans son plus mince uniforme en plein jeu de séduction avec un parfait étranger, qui avait, de source sûre, des vues sur elle. Je me rends soudain compte que le besoin de ne pas faire le rabat-joie était passé avant celui de montrer ma dominance et, sans m’en rendre compte, j’avais en quelque sorte cautionné leur petit jeu malsain.
— Bon, il est naze ton jeu en fait, c’est bon qu’à nous saouler ce truc-là ! hurle Céline dans un état d’ébriété très expressif.
Les autres qui semblaient jusque-là beaucoup s’amuser ont tout d’un coup l’air d’accord avec elle. C’est vrai qu’on est vraiment tous raides, quand je pense qu’en plus, ils ont de l’avance sur moi… Je regarde Charlotte, elle aussi est totalement saoule, mais elle ne veut pas le montrer, elle garde son calme comme si rien ne pouvait l’arrêter.
— Comme vous voulez, on arrête alors ?
— Non, mais il faut un jeu où on s’amuse. Je ne sais pas ! Par exemple un truc avec des gages, tu vois ? me dit Céline.
— Hum, non, j’ai pas ça en rayon, désolé, mais si vous avez une idée, je suis partant moi aussi.
— Un truc genre action ou vérité ? propose Charlotte.
— Oui, voilà, c’est ça ! Allez, roh, ça va être drôle, renchérit Céline.
Antoine se montre hésitant même si de toute façon son avis n’a pas d’importance et n’influencera pas nos semblables. Inutile de dire que je n’aime pas cette idée et encore moins le fait qu’elle vienne de Charlotte. Les trois potes se regardent, Lucas leur explique de quoi il s’agit, ils ont l’air partants pour jouer.
— Tu commences, mon amour ? Action ou vérité ?
Elle a ce regard vicieux qu’elle a quand elle a trop bu. Celui du diable qui se réveille, mais je ne me débine pas.
— Hum… Action.
Elle jette un coup d’œil à nos convives et revient poser le regard sur moi.
— Tu vois pas qu’il y a un truc qui va pas là ?
— Dis-moi ?
— Tous les mecs ici sont en caleçon, sauf toi. Allez, fais-nous un petit strip-tease, bébé.
Si elle croit que ça va me faire peur… Je m’exécute illico, me retrouvant en effet dans la même tenue que le reste de mes confrères masculins. Je sens des regards, je suis jugé. Eux se demandent comment un mec dégarni, grassouillet, si lambda, peut accéder à une nana pareille. Elle me compare discrètement avec les trois montagnes de muscles. Elle pince sa bouche en souriant, attrape son paquet de cigarettes et s’en allume une énième. Je me sens humilié et il faut vraiment que quelqu’un dise quelque chose pour me sortir de là. Heureusement on peut toujours compter sur Céline.
— À moi ! Chaton, action ou vérité ?
— Vérité. On sent qu’Antoine n’a pas envie de jouer.
— Pourquoi tu ne veux jamais me prendre en levrette ?
Je manque de m’étouffer avec une des dernières olives.
— Euh… bin… c’est-à-dire que… attends, on peut en parler plus tard, s’il te plaît ?
— Non, dis-moi maintenant. C’est moi ? je ne t’excite pas ?
— Céline, s’il te plaît, on est tous ivres, ne dis pas des choses que tu regretteras demain !
— Alors, tu me dis pourquoi.
— Je… je… je trouve ça dégradant.
— Mais moi, je veux que tu me défonces, Antoine !
Charlotte explose de rire, accompagnée de Lucas et moi-même. Antoine est mort de honte, Lucas traduit à ses potes qui ne savent plus où se mettre.
— Céline, écoute. On fera ça, OK. Promis. Mais, s’il te plaît, arrête d’en parler maintenant.
— Oh, merci chaton, je t’aime, je t’aime.
Elle le bécote et cherche à l’embrasser maladroitement. Tout le monde sourit, ils sont mignons. Finalement, elle cache bien son jeu, la Céline.
La partie continue, les trois compères choisissent toujours de passer à l’action, de toute façon, on n’a rien à leur faire avouer et c’est Lucas seul qui joue pour eux. On voit de tout, des verres cul-sec, des imitations débiles, des tours de piscine, manger des noyaux d’olives… Et ça continue surtout de boire, j’ai sorti une autre bouteille, pas de la même qualité, mais dans cet état, on ne fait plus la différence.
Le jeu qui avait démarré sur les chapeaux de roues avec mon déshabillage et la levrette de Céline ne prend finalement pas le tournant auquel je m’attendais. Ça reste très puéril. On a plus la force de faire les idiots et les seules actions se limitent à boire. Le jeu se tasse un peu, j’en profite pour sortir mon téléphone qui me glisse des mains et tombe sous la table. En me penchant pour le ramasser, je constate avec horreur que Lucas est en train d’effleurer de ses orteils nus la jambe de ma femme.
L’enfoiré. Il est en train de lui faire du pied. Depuis combien de temps ? Pourquoi ne dit-elle rien ? Je me redresse, furieux. Ils n’ont pas réalisé que je les ai vus.
C’est mon tour de jouer et je vais mettre le feu aux poudres.
— Lucas, action ou vérité.
— Vérité.
— Elle te plaît, ma femme ?
La réaction sans surprise de Lucas me fait comprendre que je ne vais pas le déstabiliser, au contraire, il est prêt à jouer avec moi. Je pense même qu’il n’attendait que ça. Charlotte se redresse et me fusille du regard. Lucas cherche calmement ses mots puis me fixe et me dit tout simplement :
— Oui.
Et comme un con, je trouve intelligent à ce moment-là d’insister :
— Et là, tout à l’heure, tu t’amusais bien aussi ?
— Elle s’amuse avec moi pendant que toi tu dors, c’est rien de méchant.
— Tom, s’il te plaît, me demande Charlotte.
C’était certain, j’allais dérailler.
— T’as maté sa chatte, cet après-midi.
— Tom ! Mais ça va pas ou quoi ? Tais-toi maintenant, me dit Charlotte, morte de honte.
— Ça t’a plu ou quoi ? insisté-je
— Peut-être bien, oui, affirme-t-il d’un air énervé en se penchant vers moi.
Mon petit jeu est clairement en train de l’agacer et il en est de même pour Charlotte. Je laisse passer un silence et reprends mes esprits.
— Attendez, je vais changer de place, dit Charlotte. Poussez-vous un peu, les mecs.
Elle se lève et s’installe entre Lucas et Frank en prenant soin de l’enjamber maladroitement. C’est sa vengeance auprès de moi pour l’avoir mise mal à l’aise. Lucas me jette un regard suffisant et supérieur et prend ses aises en se collant à elle, ils ont décidé de jouer avec mes nerfs.
— On est beaucoup mieux ici ! dit-elle en attachant ses cheveux.
Je suis fou de rage. J’ai envie de les étrangler tous les deux. Surtout elle, j’ai envie de lui faire payer son comportement débile.
— Charlotte, joue avec moi, lui dis-je. Demande-moi : action ou vérité.
— Action ou vérité ?
— Vérité. Demande-moi si je t’ai déjà trompée.
Elle marque une pause, malgré son état, elle a compris ce qui allait se passer et n’était clairement pas préparée à ça.
— Avec qui, Tom ?
— Demande-moi, vas-y !
— Merde, mais dis-moi Tom. C’était qui ?
— Hélène. Trois mois après qu’on se soit mis ensemble. Pendant le congrès à Marseille.
Putain, je l’ai sorti. Je m’étais juré de ne jamais lui dire. J’ai l’impression de lui avoir tiré une balle en plein cœur. Le reste des convives assistent avec stupeur à la pièce de théâtre qui est en train de se jouer sous leurs yeux. Même nos amis qui ne parlent pas français sont captivés tant l’émotion est palpable.
— Et pendant combien de temps ?
— Une fois seulement.
— …
Je voulais la blesser, et j’ai l’impression d’avoir réussi. Elle se souvenait de ce congrès durant lequel elle était restée à Paris. Ces nuits seule où elle ne pensait qu’à moi et aurait tout donné pour me rejoindre, ses messages me déclarant sa flamme et mes réponses lui annonçant que je l’aimais et voulais passer le reste de ma vie avec elle. Ces doux souvenirs de la naissance de notre couple étaient désormais balayés par la vision de son mari en train de s’envoyer la pétasse de la boîte dans une chambre d’hôtel Ibis.
Elle secoue sa tête en riant nerveusement et attrape son paquet de cigarettes. Elle se sent conne, elle m’en veut et je vais subir les foudres de ses représailles. Malheureusement, mon taux d’alcoolémie et ma fierté ne me permettent pas d’anticiper cette situation que j’aurais pu éviter.
Tout le monde attend sa réaction. Elle pousse un soupir désespéré et allume la clope qu’elle avait mise au bout de ses lèvres puis souffle la fumée d’un air provocateur dans ma direction.
— À ton tour, bébé. Demande-moi si je t’ai trompé, me dit-elle.
Mon cœur s’emballe et ma respiration s’accélère. Qu’est ce qu’il se passe ? Suis-je pris à mon propre piège ?
— Tu … tu m’as trompé ? bégayé-je.
Elle écrase sa cigarette à peine entamée. L’audience retient son souffle.
— Tu le sais bien, non ? Tu ne te rappelles pas ? Tu as la mémoire courte, mon amour.
— Je me rappelle, bien sûr que je me rappelle.
— Raconte à nos amis, ce que j’ai fait.
— Charlotte… Qu’est-ce que tu cherches à me faire dire ?
— Raconte, sinon c’est moi qui le fais.
J’hésite un instant et me dit que c’est de bonne guerre. Je l’ai ridiculisée devant tout le monde, elle veut me faire subir la même chose. Je baisse les yeux et m’exécute.
— Charlotte a embrassé un de ses fournisseurs, il y a deux ans, dis-je d’un ton mortuaire.
Lucas qui a perdu son air énervé s’illumine maintenant d’un grand sourire et comme pour enfoncer plus loin le couteau dans la plaie prend part à la discussion alors que personne n’osait s’interposer.
— Embrasser, tu considères ça comme tromper, toi ?
— Quoi, mais qu’est-ce que tu racontes ? Bien sûr que oui. En plus, ils venaient de se marier si j’ai bien compté, lui répondit Antoine essayant de prendre ma défense.
— OK, alors, lui il couche et elle fait juste un bisou et c’est pareil, c’est ça ?
— De toute façon, ce ne sont pas nos affaires alors ne nous mêlons pas de ce qui ne nous regarde pas. Qui veut jouer, à qui la suite ?
Antoine essaie de clore la discussion alors que notre invité en chef, visiblement outré, n’a pas l’intention de lâcher le morceau. Il se tourne vers Charlotte et l’interpelle.
— Tu es OK avec ça ? Je veux dire, c’est pas un peu déséquilibré, non ?
Charlotte ne répond pas et me fixe du regard avec ce sourire vicieux qu’elle arbore depuis quelques minutes pendant que Lucas est en train d’expliquer la situation à ses potes dans leur langue maternelle, ils ont l’air très intéressés et tout à fait d’accord avec son point de vue.
Charlotte se redressa et s’accouda sur la table, elle allait dire quelque chose.
— Tu sais, peut-être qu’il n’y a pas eu qu’un baiser.
Je sens un afflux sanguin envahir mon corps tout entier.
— Que… quoi ?
Ma voix devient fluette à cause de ma gorge nouée. Lucas attend avec impatience la suite de l’histoire, les copains ont envie de comprendre, mais il est trop captivé pour prendre le temps de leur expliquer. Antoine cherche une échappatoire, Céline est figée.
— Bin, oui, peut-être, dit Charlotte d’un ton mystérieux. Tu sais, mon cœur, finalement je suis contente que tu m’aies parlé de ça, parce moi aussi, j’ai des choses à t’avouer.
Elle dirige sa main vers le bol de glaçons qui traînait devant elle et en saisit un, me regarde dans les yeux et le dépose lentement sur sa langue avant de l’entourer de ses lèvres pulpeuses. Elle exerce une légère succion qui creuse ses joues puis le fait ressortir avant de le reposer sur la table. Elle termine son numéro essuyant délicatement les coins de sa bouche avec ses doigts.
Les trois Espagnols qui ont clairement compris de quoi il s’agissait se mirent à s’exciter comme des débiles, pouffant derrière leurs mains et s’agitant sur leurs chaises.
— T’es pas sérieuse, là, Charlotte ? C’est une blague ?
Elle sourit bêtement en haussant les épaules et lève les yeux au ciel en s’enfonçant entre les deux compères.
— Charlotte, lui dis-je d’un ton effrayé. Tu… tu l’as sucé ?
— Bin, ouais.
J’ai l’impression d’être dans une machine à laver, je crois que je vais tomber de ma chaise.
— Mais… mais tu m’avais dit qu’il ne s’était rien passé, que tu l’avais repoussé, qu’il t’avait à peine embrassé ?
— J’ai menti ! Comme toi, tu vois ?
— Mais c’est différent, on était à peine ensemble, ça ne comptait pas. Je voulais te protéger, ça ne signifiait rien du tout pour moi.
— Allez, mon cœur, ça va aller, tu vas t’en remettre, j’en suis sûre ! dit-elle d’un ton moqueur.
— Je… je… Mais…
Je ne trouve plus mes mots, la nouvelle retourne mes entrailles et je n’y vois plus clair.
Elle est saoule et semble prendre le sujet à la rigolade, ce qui rend la situation très difficile à gérer. Antoine complètement dépassé par les événements se lève et s’en va, laissant sa femme ivre morte qui me regarde avec pitié. Charlotte continue de me fixer avec ce sourire débile pendant que les mecs s’échangent quelques messes basses apparemment hilarantes dans leur langue natale.
Je craque.
Je me lève brusquement et quitte la table en titubant vers les toilettes, je ne me sens pas bien. Je me jette à bras ouvert sur la cuvette, mais rien ne sort, pourtant ce n’est pas l’envie qui manque. J’y reste un bon quart d’heure, personne ne vient m’aider ni même prendre de mes nouvelles.
Je suis plus remonté que jamais que Charlotte ne soit pas venue à ma rencontre, j’ai disparu un quart d’heure et personne, pas même mon épouse, n’est venue me voir. Il me faut des d’explications, comprendre ce qu’il s’est passé, discuter avec ma femme calmement.
Une partie de moi se dit qu’elle a dit n’importe quoi, qu’elle a menti, qu’elle a fait ça pour me donner une leçon d’humilité.
L’esprit calmé, je décide de retourner dehors, ils sont encore là. Une forte odeur de cannabis s’engouffre dans mes narines et constate que les accompagnants de Lucas probablement trop défoncés et se sentant de trop, se sont endormis un peu plus loin sur les transats. En plus d’ignorer complètement mon retour, je constate que Charlotte est avachie sur Lucas et glousse comme une dinde, il lui parle dans le creux de l’oreille, mais je n’arrive pas à distinguer ce qu’il lui dit.
Céline n’a pas bougé et me regarde encore d’un air désolé, c’est la seule qui prête attention à moi.
Je m’assieds et tente de m’adresser à Charlotte calmement.
— Charlotte, tu peux venir avec moi, s’il te plaît, on va aller se coucher. Je crois que tu as bien profité de la soirée, nos amis ont l’air ravi de l’agréable moment qu’ils viennent de vivre grâce à nous, je pense qu’il est temps d’y aller maintenant.
— Hum… non.
Une gamine, comme une ado en rébellion.
— Charlotte, t’es complètement saoule. Soit raisonnable, on parlera demain de tout ça je voudrais juste que tu viennes te coucher avec moi.
— Elle a dit non, mec, lâche-la un peu, me dit Lucas sèchement.
— Écoute, mon pote, c’est encore chez moi ici et c’est moi qui décide de ce qui se passe, d’accord ? D’ailleurs, tu t’en vas maintenant.
Le ton est tendu, Lucas se lève d’un coup, moi aussi.
— Oh, les gars, c’est fini, oui ! Pas de violence ici, crie Charlotte en s’interposant.
— Pfff, c’est des mecs, ils jouent à celui qui a la plus grosse, laisse tomber, ma chérie ça vaut pas le coup, lança Céline.
On s’assoit calmement, je lance un regard assassin à Lucas qui, suite à cette petite tension, reprend ses distances avec ma bien-aimée.
— Vous savez quoi, les gars, Céline vient de me donner une idée. Si vous voulez jouer à celui qui a la plus grosse, on va prendre ça au pied de la lettre.
— Qu’est-ce que t… ai-je à peine le temps de bredouiller avant qu’elle ne me coupe.
— Chut, écoute et tais-toi. C’est simple, vous la sortez, on compare, et celui qui a la plus petite s’en va.
Lucas semble partant sans poser de questions.
Qu’une idée aussi perverse puisse sortir du crâne de ma petite Charlotte me sidère et le fait que Lucas soit aussi sûr de lui me fait peur. De toute façon, j’ai pas l’intention de le faire ce jeu débile.
— Hors de question.
— Roooh, t’es nul, allez, quoi ! T’as peur ou quoi ? me demande Céline. Regarde Lucas, il est tout de suite d’accord, lui, il est drôle, lui !
Lucas se lève et vient se mettre à côté de moi, face aux filles.
— Allez, mec, si tu gagnes, je m’en vais. Sois fun, fais plaisir à ta femme.
— Allez, mon cœur, ça va le faire ! me dit Charlotte en me faisant un clin d’œil.
Charlotte et Céline assises côte à côte gigotent comme des gamines et se mettent à taper du poing sur la table en chantant en chœur :
— Les bites ! Les bites ! Les bites !
Un million de choses me traversent l’esprit. Qu’est-ce que c’était que ce bordel ?
Je viens d’apprendre que ma femme a taillé une pipe à un mec, elle me l’annonce sans rancœur et aux yeux de tous, sans explications. Elle ne vient pas me chercher quand je disparais, ne s’inquiète pas de mes émotions. Pire encore, j’assiste littéralement à son flirt avec le stéréotype de l’acteur porno Brésilien depuis cet après-midi et maintenant je m’apprête à comparer mon pénis avec le sien ? Combien de tequila avait-on descendu et comment en était-on arrivé là ?
— Moi, je suis prêt, relance fièrement Lucas en ajustant sa position.
— Whaouuuu ! s’exclament les filles à l’unisson. Allez, Tom, c’est bon, quoi, on est là tous les quatre, ça restera entre nous.
Je jette un œil aux copains de Lucas qui dorment au loin sur les transats, Antoine est sûrement aussi dans son lit, Céline et Charlotte insistent.
— Allez, mon amour, ça va être rigolo, on s’en fout, c’est les vacances !
— Allez, Tom, t’inquiète pas, on en a vu d’autres, hein.
Le pire, c’est que mon cerveau envisage de le faire ! Il est vrai qu’en temps normal, je suis assez confiant : je n’ai pas une trompe d’éléphant entre les jambes, mais je n’ai pas à rougir de ce que la nature m’a offert. En tout cas, personne ne s’en est jamais plaint et Charlotte ne cesse de me complimenter là-dessus.
Ce soir pourtant le doute plane, me dit-elle ça pour me faire plaisir ? Est-ce que j’ai vraiment déjà vu un autre sexe masculin que le mien, côte à côte ? C’est con, il porte comme moi un caleçon large qui ne laisse deviner aucune forme, ne me permettant pas de me faire une idée sur la dimension du paquet. Je vais devoir la jouer à l’aveugle. Mais qu’est-ce que je dis ? Je ne vais pas m’abaisser à ça, non !
— Non, désolé, c’est débile comme idée.
— Tom, mon amour, me dit Charlotte d’un air coquin. Si tu gagnes, ce soir je te laisserai faire tout ce que tu veux.
Je la regarde d’un air idiot. Elle renchérit.
— Je dis bien TOUT ce que tu veux….
D’habitude, pas forcément joueur, je dois avouer que cette enchère finit de me motiver. C’est pas tant la proposition indécente qui m’attire, mais plutôt de jouer avec elle et qu’elle me considère à nouveau.
Je regarde Lucas, je regarde les filles. Au pire, quoi ? Ils croient vraiment que je vais partir si je perds ? C’est moi qui ai loué la maison, ce petit con, je vais te le dégager quoi qu’il arrive.
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