Délices et orgues 2
Récit érotique écrit par Ethelrede [→ Accès à sa fiche auteur]
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Histoire érotique Publiée sur HDS le 10-07-2024 dans la catégorie Entre-nous, hommes et femmes
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Délices et orgues 2
Le petit matin
Coralie avait programmé son réveil pour sonner à six heures. Elle s’éveilla pourtant un peu avant cinq. Un détail ʺclochaitʺ dans on environnement. Une légère chaleur, peut-être ? Comme celle qu’elle ressent quand elle dort près de Paul… Ou bien un léger effluve, un parfum subtil inusuel ?
Elle ouvrit les yeux et tomba aussitôt sur ceux de Marine qui la regardait dormir, sans doute depuis quelques minutes. À la maigre lueur dispensée par le projecteur d’heures du réveil, Coralie put voir le radieux sourire que lui adressait son amie de la veille.
Leurs visages étaient si proches… Marine n’eut qu’à tendre à peine se lèvres pour déposer un premier baiser sur celles de Coralie, qui l’accueillit avec surprise, le cœur soudain sur le point d’exploser.
Le second baiser fut un peu plus long, plus sensuel aussi ; Coralie avait maintenant la bouche moins sèche et revenait de sa première surprise. Cependant, elle restait tout à fait immobile.
Au troisième baiser, ce fut elle qui commença à promener sa langue sur les lèvres de sa partenaire, emplie d’un trouble qu’elle ne parvenait ni à assimiler, ni à comprendre, mais auquel elle commençait à céder ; la surprise laissait petit à petit la place au désir qui s’insinuait en elle. D’une part, elle en était contrariée car elle ne parvenait pas à se reconnaître dans ce qu’elle faisait, d’autre part, une sensation étrange l’envahissait avec une puissance qu’elle ne pouvait simplement pas combattre : un désir physique incontrôlable.
Marine se recula de quelques centimètres, juste pour pouvoir regarder son amie droit dans les yeux avant de murmurer d’une voix presque inaudible :
- Cora, je sais, je sens, je vois que tu es prise dans le même tsunami émotionnel que moi, que tu te poses les mêmes questions que moi… Je sais que, tout comme moi, tu es et demeures résolument hétéro, que jamais au grand jamais tu n’as regardé une fille avec du désir ni ne l’as appelé de tes vœux. Et cependant, force m’est de l’admettre, ce matin en m’éveillant, j’ai réalisé que je te désirais… J’ai envie de faire l’amour avec toi, Cora !
- Je le sens bien, Marine, et cela me trouble profondément parce que… si je veux être franche avec moi-même, moi aussi je te désire, moi aussi, j’ai envie de faire l’amour avec toi. La vraie question, maintenant, est devons-nous céder à cette envie ou y résister ?
Marine resta un court instant sans répondre, tout en se serrant un peu plus contre son amie.
- Refouler cette envie suffirait-il à la faire passer ? Cela nous rendrait-il plus heureuses maintenant et pour le futur ?
Sans dire un mot de plus, Coralie enserra Marine dans ses bras et ses jambes et commença un baiser au cours duquel leurs quatre mains entrèrent en action avec un peu de maladresse et beaucoup de détermination.
Marine fit passer le T-shirt que Coralie avait passé la veille par pudeur devant elle, par-dessus sa tête. Coralie offrait une poitrine généreuse, deux seins fermes et gorgés de sève. Elle avait de grandes aréoles très claires couronnées de deux fraises des bois d’un rose profond ; lorsque ses aréoles se contractaient, elles prenaient la même teinte. Marine se pencha afin de pouvoir librement caresser sa superbe poitrine ronde et ferme, en faire rouler suavement les tétons entre pouce et index, les sentir se contracter. Puis elle entreprit de les lécher de sa langue à peine sortie, les mordillant au passage, serrant ses lèvres autour, les aspirant avec délice.
Pendant ce temps, Coralie avait fait remonter la très sage chemise de nuit de Marine jusque sous ses aisselles et attendait un moment favorable pour aller plus loin dans son projet. Elle profita que son amie reprenait son souffle pour la lui ôter ! Elle ne savait pas trop ce qui allait suivre mais elle sentait palpiter en elle, puissante, lancinante, irrépressible, l’envie de sentir tout contre elle le corps nu de son amie, maintenant amante. Tout se passait comme si elle tenait pour certain qu’elle ne pourrait plus rien faire dans son existence avant de l’avoir assouvie ; elle s’attacha à réaliser ce soudain fantasme.
Coralie tendit ses lèvres à Marine et bientôt, les deux jeunes femmes se retrouvèrent enlacées dans une sorte de roulade que Coralie fit s’arrêter lorsqu’elle eut atteint l’objet de son désir : avoir Marine allongée sur elle ventre à ventre, cuisses contre cuisses, seins contre seins. Le baiser qu’elles se donnèrent fut d’une intensité qu’aucune des deux n’auraient jamais pu imaginer.
Marine, après avoir longuement savouré cette position, se laissa glisser sur le côté, sans toutefois mettre fin à leur baiser qu’elle souhaitait déguster encore à pleine bouche. Cela permit à sa main de reprendre ses pérégrinations, ses explorations, sur ce corps magnifique qu’elle ne faisait que découvrir. En quittant les seins de Coralie pour étendre sa caresse vers son ventre, elle fredonnait dans sa tête cette chanson de François Béranger où le ventre de Natacha est une plaine à blé qui vient caresser des montagnes douces où il cueillait des fruits délectables… Pour ce qui est d’être délectables, Marine pouvait en attester ! Elle laissa sa main dériver vers les blés…
Sa progression fut arrêtée un très court instant par la jolie petite culotte que Coralie avait conservée en allant se coucher. Elle glissait ses doigts dedans quand elle entendit son amante murmurer imperceptiblement "plus facile à ôter"… avant de se cabrer et de retirer le coquin vêtement pour le jeter dans la ruelle du lit.
- Plus facile que quoi ?
- Ah… ça… Tu te souviens peut-être, ma belle Marine que j’aime tant désormais, qu’hier, j’étais partie me coucher un peu fâchée. Pour être très franche, à ce moment précis, je te détestais très sincèrement. En temps normal, j’aime dormir nue mais là, hier, j’ai conservé cette culotte en pensant au plus profond de moi "j’aimerais autant dormir en armure médiévale". C’est donc cela : ma petite culotte, au moins, est plus simple à ôter !
Marine se mit à rire à l’évocation de Coralie faisant l’amour en armure médiévale, avec ou sans culotte dessous. Tout en laissant libre cours à son rire, elle continua son chemin, laissant sa main errer dans la douce toison presque blonde qui s’offrait à elle, enroulant de fines boucles autour de ses doigts tout en les laissant progresser vers le saint du saint de ce temple d’amour qui était son ultime destination. Plus elle progressait, plus elle sentait la respiration de Coralie devenir puissante, saccadée, rauque parfois, et son ventre commença à onduler, comme pour offrir plus ostensiblement son trésor à son amante. Marine en jouait…
Elle caressait, avec une légèreté insistante, l’intérieur des deux cuisses, descendant très bas, jusqu’à la naissance des fesses. Puis elle remontait, laissant virevolter un doigt innocent autour du nombril de son amie. Puis elle ouvrait un V majuscule entre deux doigts et massait les deux sillons profonds bordant cette chair par laquelle tout chavire, sans jamais la toucher. Coralie était au supplice :
- Marine, tu es vilaine, tu joues avec moi… Donne moi, dis, viens… J’ai besoin de jouir.
- Ah mais non, ma belle Cora ! Ce n’est pas comme ça qu’on joue ce jeu… Songe un peu : c’est notre toute première fois, toi et moi. Tu ne voudrais pas que ce soit bâclé, n’est-ce pas ? Moi, je veux te faire languir un peu, au contraire, te voir perdre patience. Je veux t’entendre gémir, apprendre à attendre, me supplier enfin de t’accorder la délivrance. Alors là, je crois, tu auras connu un vrai moment d’intense bonheur tout à fait mémorable.
Et Marine reprit sa danse digitale. Elle caressait ici un peu trop haut, ici un peu trop bas, survolait l’orchidée d’amour en effleurant, comme par accident, ses pétales, comme si ce n’était pas voulu, avant de repartir dans ses caresses périphériques, mettant Coralie au supplice. Chaque fois, elle s’approchait un peu plus du point de non retour puis s’en écartait aussitôt que les soupirs de Coralie annonçaient la proximité de sa jouissance.
De son côté, Coralie avait adhéré au jeu. Parois, elle tentait de jouer les insensibles et ne manifestait aucune réaction, aucune émotion.
Du moins le croyait-elle. Dès qu’un souffle trahissait son émoi, Marine revenait en terrain neutre ! Parfois elle simulait une issue imminente mais de manière si peu convaincante que Marine continuait encore un peu avant de s’éloigner encore. Dans tous les cas, Coralie avait parfaitement intégré que la puissance de la déferlante qui se préparait au fond de son ventre, allait en croissant avec ces agaceries : elle acceptait donc sa douce torture en savourant par avance le bouquet final qui lui était promis !
Soudain, délaissant le visage et les lèvres douces de Coralie, qu’elle couvrait baisers depuis le début de sa caresse, Marine s’en vint près des seins de son amante qu’elle entreprit de lécher, de mordiller, de téter ; elle en profita pour adopter un jeu différent de sa main.
Faisant glisser un, puis deux doigts entre les ailes si sensuelles du joli papillon posé sur son puits d’amour, Marine le vit soudain les dévorer avec gourmandise et les sentit glisser un dans le doux et chaud conduit. Elle resta immobile un court instant avant d’entreprendre de lents va-et-vient. Aussitôt, Coralie commença à gémir ; de petite houle de beau temps, les ondulations de son ventre devinrent des vagues de plus en plus fortes annonçant la tempête.
Le pouce tendu de Marine venait à chaque va-et-vient butiner le pistil turgescent de la fleur, arrachant à Coralie un nouveau râle sur un mode crescendo. Lorsque les soupirs de son amante, maintenant tout essoufflée, devinrent assez proches, Marine imprima un rythme encore plus soutenu et bientôt, Coralie referma ses cuisses en repoussant la main de Marine :
- Ouiiiiiiiiiiiiiii
Marine regarda le corps de son amante parcouru de spasmes se succédant en longues saccades tout en lui prodiguant des caresses un peu partout, accompagnées de baisers très doux. Elle était émue d’avoir provoqué chez son amie une telle tempête de jouissance !
Coralie retrouva bientôt son souffle, attira Marine à elle et l’embrassa avec une fougue dont elle ne se savait pas encore capable. Jamais au grand jamais elle n’avait connu un orgasme aussi puissant, aussi intense.
Leurs ébats s’étaient déroulés jusque-là dans l’obscurité ; Coralie alluma sa lampe de chevet et se mit à genoux à côté de Marine pour jouir pleinement du spectacle de son corps nu. La culotte de fine dentelle qu’elle portait encore ne constituait aucunement un obstacle à son plaisir, bien au contraire. Elle tendit ses deux mains pour caresser sa taille, ses hanches, ses cuisses.
- Mon Dieu que tu es belle, Marine… Ah, ton corps ! Je ne faisais que l’imaginer depuis hier soir, lorsque tu étais vêtue, mais maintenant, je le vois… Jamais de ma vie je n’ai vu une fille aussi belle que toi !
Coralie se pencha gracieusement sur le corps de son amante et vint cueillir de ses lèvres, ses seins palpitants. Marine avait une poitrine sans doute bien moins dodue que la sienne mais elle l’estimait parfaite. Sans doute aurait-on pu mouler dessus la célèbre coupe à champagne dite "Marie-Antoinette".
Les seins de Marine conservaient pratiquement la même présence, le même galbe qu’elle soit debout ou allongée : ils étaient d’une symétrie presque parfaite ! Agrémentés d’aréoles très petites et d’un brun sombre, surmontées de deux jolies petites framboises de même couleur.
L’eau à la bouche, Coralie entreprit de les dévorer de baisers, de les téter, les mordiller, de les parcourir d’une langue gourmande et langoureuse. Jamais, pensait-elle, elle ne pourrait s’en rassasier. Comme à regret, Coralie quitta cette si jolie poitrine pour s’en venir visiter le ventre. Elle le parcourut en y laissant la trace humide de ses baisers, s’attarda sur une hanche, revint au creux de l’aine où elle rencontra la fine étoffe du dernier rempart vestimentaire de sa belle amante.
Elle s’offrit en guise d’amuse-bouche un voyage sur une magnifique cuisse gauche, douce et galbée, survola un genou, descendit le toboggan du tibia et fit une pause sur le cou de pied, juste le temps de saisir délicatement cette jambe et de la porter à hauteur de ses lèvres. Elle flatta une malléole, lécha le tranchant du pied avec délice. Marine avait, il est vrai, de très jolis pieds, fins, graciles, terminés par des orteils aux ongles vernis de rouge écarlate, longs, très séduisants, et qui procuraient à Coralie une excitation dont elle n’avait jamais été l’objet jusqu’alors. Tout en elle, se répétait-elle, était beau, jusqu’à ses pieds qui la mettaient en émoi.
Coralie souleva l’autre pied avec une infinie douceur et reprit la sensuelle danse de ses lèvres sur cette jambe appétissante, selon un itinéraire subtilement différent. Elle picora de petits baisers le rond du mollet, s’offrit une pause au creux du genou qu’elle lécha avec une application pleine de promesse, puis remonta le cours de cette cuisse par sa face intérieure où une moiteur chargée d’impatience l’attendait.
Plus Coralie remontait le long de cette cuisse, la picorant de ses baisers mouillés, plus elle se sentait enivrée par cet amour tout à fait fou qu’elle vivait avec volupté tout en se demandant d’où il lui venait. Ses derniers baisers firent s’ouvrir cette cuisse, le fort ligament des "gardiens de la virginité" se retrouvant ainsi en saillie, offert à ses lèvres, à ses dents. Elle y croqua sans vergogne, tout en poursuivant sa route vers sa naissance, au plus près du le fruit défendu, jusqu’au moment où ses lèvres rencontrèrent de nouveau la fine dentelle.
Coralie aurait bien voulu suivre sa fougue naturelle, assouvir sa propre envie, aller plus droit au but ! Mais elle souhaitait aussi offrir à son amante une joie aussi intense que celle qu’elle venait de vivre. Elle ouvrit donc largement sa bouche pour la plaquer sur l’étoffe humide du désir de Marine, juste au dessus des chairs déjà palpitantes, suppliantes, gorgées de sève et d’impatience. Elle souffla son air chaud, lentement, jusqu’à n’en plus pouvoir. Marine gémit de plaisir prospectif. Elle s’en fut mordre le haut de l’autre cuisse, suivant le même chemin, répétant les mêmes gestes, et changea ainsi plusieurs fois de côté, s’arrêtant chaque fois pour insuffler son air chaud à travers la dentelle sur les chairs pantelantes.
Au premier sanglot, alors que Marine, arrivée au paroxysme de son impatience, avait déjà commencé à baisser elle-même son joli vêtement, Coralie le remit en place, l’écarta sur un côté et remit sa bouche en cet endroit où tout allait bientôt entrer en fusion. Sans aucun obstacle, elle put, une fois encore, souffler son air doux et chaud, suivi immédiatement de sa langue qui entreprit un indicible ballet sur les lèvres intimes de son amie.
Sa langue virevoltait, légère, effleurant à peine les nymphes, avant de plonger dans les tréfonds du puits d’amour. Ses lèvres se faisaient oiseaux voletant au dessus du feuillage, pour soudainement se plaquer tout autour du sexe palpitant pour aspirer le miel d’amour qui s’en écoulait en abondance. Lorsqu’elle sut que le moment était venu, elle aspira dans sa bouche les pétales de la fleur tout entière, faisant tournoyer sa langue tout autour du pistil. Marine succomba aussitôt, émettant un sanglot.
Coralie continuait à couvrir de petits coups de langue et de baisers très doux cette si jolie fleur d’amour quand elle entendit d’autres légers sanglots ainsi que des pleurs. Elle revint aussitôt près du visage de son amie, le scrutant avec inquiétude, soucieuse de lui avoir causé quelque mal…
- Pardonne-moi Cora, mon amour, j’aurais dû te prévenir… Je pleure presque toujours quand je fais l’amour, aussi fort que la jouissance qui m’a été donnée !
Rassurée, un petit peu, Coralie s’allongea tout contre elle et entreprit de l’embrasser, encore et encore.
- Dis, ma Nine, tu voudrais me faire un petit plaisir ? Reviens te mettre sur moi comme tout à l’heure…
Marine ne se fit pas prier et se jucha aussitôt avec volupté sur son amante. Coralie en profita pour la couvrir de caresses très douces, apaisées, tout comme le baiser qu’elle lui donnait en même temps.
- C’est merveilleux, ma Nine, nous-deux… Je suis heureuse à un point que tu ne peux pas imaginer. Mon cœur va exploser, si ça continue !
- Comment m’as-tu appelée, à l’instant ?
- C’est un petit nom qui m’est venu : Nine ! Si tu n’aimes pas je vais arrêter…
- Oh non ! c’est très joli, j’adore, continue si tu veux… C’est juste que j’ai été surprise car j’ai connu une fille qui portait ce prénom : Manine quand j’étais en première année.
- Elle n’était pas sympa ?
- Oh, si ! un peu trop, même. Je lui plaisais vraiment. Et comme j’ai toujours été exclusivement hétéro, j’ai dû repousser ses avances de nombreuses fois. Je l’avais oubliée !
- Exclusivement… le mot est peut-être un peu exagéré, ma belle d’amour… Je crois que tu devras admettre au minimum que nous sommes devenues bi, toi et moi !
Les deux jeunes femmes se mirent à rire : ce que c’était bon de s’accorder un peu de légèreté !
- C’est amusant, Nine : hier je te détestais et j’étais prête à te faire la guerre… et ce matin, nous avons fait l’amour !
- Oui, c’est drôle, Cora ! Et moi du coup, grâce à toi, je ne fais plus la moue, je fais la gay !
Coralie éclata de rire au jeu de mot.
- Oh, Marine, je l’adore, celui-là ! Tu es vraiment géniale !
C’est à ce moment précis qu’un arc-en-ciel commença à balayer le plafond : le réveil de Coralie annonça en couleurs changeantes que l’heure de se lever était arrivée, tandis que Kitaro jouait les premières mesures d’Oasis.
Marine se leva et tendit la main à Coralie. Avant de se lever à son tour, elle déposa un ultime baiser sur ses lèvres intimes, recueillant de sa langue les dernières gouttes de ce miel d’amour qui tant l’avait enivrée un instant plus tôt.
- Ah, Nine, ma petite abeille d’amour !
Le jour suivant : Paul
Coralie et Marine avaient regagné nues la pièce à vivre. Dans le coin cuisine, Marine avait ouvert son placard privatif et recherché s’il restait quelque chose à manger, tandis que Coralie préparait du thé.
- Regarde, Cora, il me reste des spéculoos et un fond de pot de miel.
- Du vrai miel, d’abeilles, hélas, je le crains…
Marine se remit à rire et prit un air faussement fâché :
- Tu es vraiment insatiable…
- Je crois que je n’arriverai jamais à me repaître de toi, ma belle !
Toujours nues elles prirent face à face, sur la table de la grande pièce à vivre, ce petit déjeuner improvisé. Si Coralie dévorait toujours son amie des yeux avec gourmandise, une barre était apparue sur son front ; cela n’échappa certes pas à Marine.
- As-tu un souci, ma belle ?
- Mon souci, ma Nine, c’est que je ne sais pas encore comment de vais expliquer à mon Paul ce qui nous est arrivé…
- Tu vas lui dire ?
- Bien évidemment ! Écoute, tu as confiance en moi, maintenant, non ? Alors imagine que demain, tu découvres que je t’ai menti, ou que je t’ai caché une chose essentielle nous concernant, qu’adviendrait-il de ta confiance ?
- C’est vrai, tu as raison… Mais c’est délicat. Si nous nous aimons, toi et moi, quelle place lui reste-t-il ? Il va être jaloux, au mieux.
- Ma Nine, sois bien certaine que ce qui se passe entre nous deux n’a en rien altéré l’amour immense que j’ai pour Paul. Il est et demeure l’homme de ma vie.
- Te sens-tu capable de cela ?
- Bien sûr. La seule choses qui ait changé, c’est que depuis hier, tu es devenue, toi, la femme de ma vie.
- C’est vrai ? tu me ressens comme la femme de ta vie ? C’est beau. Tu es vraiment très forte ; je ne sais pas si je pourrais mener deux amours conjuguées. J’ai l’impression qu’il me faudrait deux cœurs, pour cela !
- Oui, Nine, c’est très beau ! Jusqu’à un certain point… car c’est avec Paul que je veux faire ma vie, avoir des enfants, une famille. Tu comprends cela ? Ce n’est pas toi qui peux me les faire, les enfants ! Et puis, il y a l’amour… Paul, je l’aime de toutes mes forces.
- Tu as raison… Ce doit être un gars hors du commun ; il suffit de regarder tes yeux quand tu en parles ! Je t’envie un peu, je l’avoue !
- Tu sais, quand tu trouveras, bientôt j’en suis sûre, l’homme qui deviendra ton compagnon de route pour le grand et beau voyage de ta vie, tu ressentiras la même chose que moi. Je suis certaine que tu sauras gérer tes amours en toute harmonie. Et en attendant, j’ai plein d’autres forces pour toi, ne t’en fais pas !
- Merci Cora ! toi aussi tu es une fille extra. J’ai une chance dingue de t’avoir connue. Et ce que nous vivons en ce moment, que cela doive durer ou non, m’évoque un amour qui sent bon l’éternité : rien que cela me rassure !
- Ce soir, avant de rentrer, je pense, je vais tout dire à mon Paul d’amour et je vais l’inviter ici ce weekend pour qu’il fasse ta connaissance.
- Dis, Cora, ça t’ennuie si je prends ma douche prem’s ? J’adorerais la prendre avec toi, mais là… nous ne serions jamais prêtes pour aller au boulot !
Marine avait donc pris sa douche et s’était sagement habillée. Puis était venu le tour de Coralie. En la voyant entrer dans la cabine, Marine eut un pincement au cœur et dans le bas de son ventre ; voir ce corps superbe, qu’elle désirait tant, là, juste à portée de ses mains, de ses lèvres… et devoir partir… Vivement ce soir, se dit-elle in petto.
- À ce soir ma belle, je file. Passe une belle journée !
- Bisous ma belle !
Sous sa douche, Coralie ne put résister à la tentation de caresser tout son corps en passant le savon. Alors, la faim venant en mangeant, le désir de Marine revint en force, se superposant à l’image de son beau Paul. Ses mains glissèrent vers son pubis, à la recherche d’une délivrance qui vint presque aussitôt.
- Allô, Paul ? Dis, j’ai un gros souci : je voudrais te voir vite. Je peux passer chez toi cet après midi ?
- Coralie chérie, que fais-tu de notre pacte de non-agression en semaine ? Tu sais bien que si tu viens chez moi, je ne pourrai plus rien faire, plus du tout travailler !
- D’accord, à quelle heure ?
- Bon, bon, j’ai compris… ce que femme veut, Dieu le veut. Passe à dix-huit heures.
- Parfait, je serai chez toi à dix-sept heures tapantes, merci mon Paul ! Bisous mon amour…
Lorsque Coralie arriva chez Paul, ce dernier était occupé à écrire, sur son ordinateur, un chapitre de sa thèse de psychologie. Il espérait encore pouvoir la soutenir cette année… mais sa liaison avec sa belle Coralie lui consommait beaucoup de temps et d’énergie. Tout en occupant son esprit plus qu’il aurait pu l’imaginer. Elle était si belle, si proche de lui, de ses pensées… il avait trouvé en elle, il en était certain, la compagne de ses rêves.
Paul termina la phrase qu’il écrivait, relut son dernier paragraphe en y faisant quelques menues modifications et éteignit son ordinateur. Puis il se tourna vers sa visiteuse, tout sourire, pour lui dire avec un air de reproche :
- Tu n’es pas raisonnable… j’avais envie de travailler, moi !
- Peut-être… mais toi, tu viens de parler au passé, donc tu n’as plus envie de travailler, et moi, je suis là : tout va donc bien !
- Alors qu’as-tu de si grave à me raconter qui ne puisse attendre le weekend, c'est-à-dire demain ?
Coralie lui raconta en grand détail la scène de la veille, sans rien omettre : ses provisions évaporées, la réponse agressive de Marine à son reproche, son coucher le ventre vide et la rage au cœur, après avoir traité sa colocataire d’égoïste… Puis les regrets, la presque contrition de Marine, dans sa chambre, ses sanglots, la nuit ensemble…
- Donc elle s’est couchée près de toi et vous avez fait l’amour, c’est ça ?
- Nan, même pas ! On a dormi, Paul. En se tenant par la main… très sagement ! Mais juste avant le petit jour, je me suis réveillée, et quand j’ai ouvert les yeux, elle était là, à côté de moi et me regardait avec un doux sourire… on s’est embrassées et là, oui, nous avons fait l’amour, follement, intensément, passionnément. Paul, que m’arrive-t-il ? Je n’avais jamais eu le moindre intérêt pour la gent féminine, de toute ma vie. J’ai souvent vu des femmes dont je me disais qu’elles étaient très belles, mais sans jamais en éprouver le moindre désir. Jusqu’à ce matin, je me rangeais dans les hétéros intégristes ! Et là… l’image de son corps ne me quitte plus, je crois ressentir encore son souffle dans mon cou, la chaleur de ses seins contre les miens… Je suis perdue, Paul, je ne sais plus dans quel monde j’habite.
Paul resta quelques minutes à digérer ce qu’il venait d’apprendre, à l’analyser. Il se devait de lui donner une réponse de nature à l’aider, en tant que psychologue, mais aussi une réponse en tant qu’amant, compagnon pour sa vie. Il sentait au fond de son âme, un vilain petit rat nommé jalousie tourner autour du fromage de son amour, tentant de le grignoter. Il le repoussa avec force, brandissant des images mentales de grains empoisonnés ! En même temps, l’évocation de sa belle chérie faisant l’amour avec une autre femme lui procurait une sensation à laquelle il ne s’attendait pas. Il était excité par cette idée. Il se racla la gorge.
- Ma belle, tu sais, l’amour est une alchimie complexe et très intime. D’un côté, il comporte une composante intellectuelle : on s’entend bien, on se trouve séduisants, beaux, intelligents, tout ça… bref, on se fait un tableau mental qui mène à l’amour et génère à son tour du désir, une envie physique, à laquelle il faut ajouter, il est vrai, l’instinct de reproduction, qui est très fort. Et de l’autre côté, il y a une composante animale qui, normalement, conforte, amplifie la première. Elle est associée à nos phéromones, tu sais, ces sortes d’hormones externes produites par la peau, qui nous font totalement chavirer quand nous faisons l’amour. Les phéromones sont souvent à l’origine du passage à l’acte, même si l’envie intellectuelle préexiste.
- Oui, je sais plus ou moins ça. Où veux-tu en venir ?
- Généralement, les phéromones femelles attirent les mâles et vice-versa. Mais elles sont plus ou moins compatibles, que ce soit entre gens de sexes différent, dans la majorité des cas, ou même entre gens du même sexe. Dans tout ce tableau, il existe des phéromones hyper compatibles. Par exemple entre toi et moi, l’intellectuel domine tant que nous sommes à plus d’un mètre de distance. Mais, tu le sais, dès que nous réduisons cette distance, c’est la bête en nous qui parle : nos phéromones sont très puissantes ! Je pense donc qu’entre ta coloc et toi, ce qui s’est passé est que, dès le début, vous vous êtes claquemurées dans un domaine où l’intellectuel n’avait aucune chance. C’est bien naturel : comme tout le monde, vous aviez dans l’inconscient, le cliché commun des deux filles colocataires qui finissent par coucher ensemble, et sans même en avoir conscience, ça se traduit par un puissant : pas de ça chez moi ! Donc pas d’intellectuel, pas de risque. Puis vient le moment où arrive l’accident : vous entrouvrez la porte de l’intellectuel : de la séduction entre en force. Et vous réduisez la distance… Et vous avez des phéromones hyper-compatibles, voilà ! Tu peux ajouter à cela la saveur, tellement attirante, parfois, de l’interdit…
- Alors tu veux dire que Marine et moi, ce n’est pas de l’amour, c’est physique et animal ?
- Je n’ai pas dit ça ! Une fois le pas franchi, le passage à l’acte consommé, l’intellectuel revient au triple galop ! La séduction est là, les yeux voient bien la beauté qu’ils ne voulaient voir auparavant. C’est très confortable, tu sais, de justifier a posteriori ce qu’on a fait, surtout si cela nous a fait braver des interdits. L’amour s’installe, pour de bon.
- Alors tu crois que j’aime Marine ?
- Non ! j’en suis sûr !
- Mais, Paul, c’est toi que j’aime ! Tu es l’amour de ma vie
- Il n’est écrit nulle-part que l’amour soit ou doive-t-être unique… Je suis heureux d’être l’amour-homme de ta vie, ce qui n’exclut pas qu’il y ait un amour-femme de ta vie, voire plusieurs. En toute rigueur, il pourrait aussi y avoir d’autres "hommes de ta vie" mais je crois que la cohabitation serait difficile, à cause d’un vilain petit rat nommé jalousie qui nous ronge le cœur, dans ces cas-là !
- Oui, oui, oui… je te vois venir avec tes gros sabots. En fait, comme c’est une femme, ça te va, pas de concurrence directe. Peut-être même que ça t’excite !
Coralie se leva et vint s’asseoir sur les genoux de son amoureux pour l’embrasser plus commodément, baiser fougueux qui ne présageait pas vraiment une suite bien sage...
- Hmm ça me donne des idées, tout ça…
Coralie ouvrit largement son chemisier, prétextant qu’il faisait vraiment trop chaud, laissant à Paul une vue imprenable sur des fruits les plus appétissants et pas si défendus que cela.
- J’ai réduit les distances à zéro, Paul, laisserons-nous parler la bête ?
Lentement, Coralie se mit à genoux devant son amant tout en entreprenant de dégager l’objet de son désir, un sourire d’une gourmandise sans équivoque aux lèvres …
Le jour suivant : Manine
- Marine ?
Marine avait terminé sa journée et descendait tout tranquillement le boulevard de Port Royal, en flânant un peu, en profitant du beau temps, avant de prendre son métro pour rentrer chez elle. Déjà, elle se réjouissait d’y retrouver Coralie et anticipait avec délices ce qui, selon toute probabilité, allait se passer alors. Cette voix qu’elle était sûre de connaître sans toutefois l’identifier la fit sortir à contrecœur de sa rêverie prospective. Elle reconnut immédiatement à qui elle appartenait.
- Manine !
- Salut Marine ! Je suis si heureuse de ce hasard ! Que deviens-tu ?
- J’ai continué ma médecine…
- Attends… Un, deux, trois… Oh là-là… tu es donc en sixième année ! Bravo. Je savais que tu y arriverais.
- Je suis convaincue que tu aurais pu aussi, tu sais. Tu as la capacité, l’intelligence, tu as tout ! Il aurait fallu te concentrer davantage sur ton objectif pour la première année, je pense.
- Oui… Il aurait fallu que... ceci, que… cela… La vie est compliquée. Dis, Marine, si tu as un petit moment, je t’offre un thé, on va se raconter tout ça ; tu peux ?
Marine regarda sa montre : Coralie rentrait toujours assez tard, et en plus, elle était allée voir Paul… Donc, oui : elle avait bien le temps. Mais le souhaitait-elle ? Elle n’eut pas vraiment le temps de répondre : la jeune femme reprit :
- Alors, viens, on y va.
Marine se mit à suivre son ancienne copine d’études de première année, se demandant quel café du quartier elle allait bien pouvoir choisir. À sa grande surprise, elle passait devant chacun sans même les regarder. À l’interrogation muette qu’elle lut dans les yeux de Marine, elle répondit :
- On va aller chez moi : j’habite à deux pas et j’ai des tas de très bons thés !
Arrivées à son petit perchoir, sur un sixième étage, Marine découvrit un grand studio constitué de deux chambres de bonne dont une avait été sacrifiée pour agrandir l’autre et créer une pièce de toilette. C’était coquet, très lumineux, meublé et décoré avec beaucoup de goût, de féminité. Manine mit de l’eau à bouillir.
- Voilà, Marine, c’est chez moi, ici !
- C’est magnifique, Manine, tu as un véritable talent pour la décoration.
- Merci Marine. Je peux voir que tu es toujours aussi jolie, aussi séduisante…
Marine se raidit instantanément et regarda fugacement vers la porte d’entrée…
- Non attends ! je ne t’ai pas invitée chez moi pour te refaire le véritable rentre-dedans que je t’ai imposé lors de notre première année commune… Je le regrette tellement aujourd’hui, j’en ai tellement honte… Mais c’est vrai que je vois ce que tu es devenue : une magnifique jeune femme !
- Tu es gentille, Manine… Tu sais, quand j’ai repoussé tes avances, il y a presque six ans, je ne t’en ai pas voulu. Je me disais que tu étais juste une fille gay qui cherchait une nouvelle conquête… Je te trouvais gentille, aimable… très jolie, aussi ! Mais, simplement, je n’avais pas envie de ce que tu me proposais.
- Tu avais de la chance ! Moi, je n’en avais aucune idée…
- Que veux-tu dire ?
- En sortant de ma terminale, Marine, j’étais innocente. Je n’avais jamais fréquenté ni garçon ni fille. J’étais totalement malléable, j’étais certaine que le premier amour m’aurait transfigurée. C’est lorsque je t’ai vue en amphi, que je suis tombée amoureuse raide de toi. Alors, comme je savais que pour la plupart des filles, c’était plutôt les garçons qui les attiraient, avec une grande subtilité, j’ai appuyé comme une folle pour tenter de te convaincre, de te séduire… En fait, j’ai tout gâché ce qui aurait pu devenir mon premier et peut-être mon unique amour.
- Tu étais vierge !
- Oui ma belle, pucelle comme Jeanne la bonne Lorraine.
- Et amoureuse de moi… ? Je ne le savais pas…
- Oui, amoureuse dingue. Et, comme souvent quand les amours sont inabouties, je le suis encore. Mais ne t’inquiète pas : je sais me tenir, maintenant !
- Manine…
La jeune femme portait sur son visage le chagrin que cet aveu venait de porter en elle. Elle réalisait qu’en repoussant les avances de cette jolie fille, quelques années plus tôt, elle avait tué dans l’œuf son amour et, peut-être, le bonheur de sa vie. Elle regarda Manine préparer le thé, puis le servir avant de continuer.
- Manine, je suis si triste… Je ne sais que te dire. Mais sincèrement, je regrette de ne pas avoir cherché à te comprendre alors. J’ai été égoïste. Je te demande pardon.
- Il n’y a pas de pardon à demander, Marine, ni à accorder : c’est la vie. Et puis, tu sais, le fait de t’avoir rencontrée aujourd’hui et de t’avoir tout dit va être fondateur, me permettre de reprendre mon destin en main ! J’ai confiance. Je suis très…
C’est à ce moment que le téléphone de Marine sonna. Coralie l’appelait depuis chez Paul, la voix joyeuse et enjouée.
- Nine ! Je suis chez mon amoureux… Tu vas bien ? Bon. J’ai commencé à lui raconter, nous deux. Je… Dis, ça t’ennuierait beaucoup si je ne rentrais pas ce soir ? Je sais que tu te fais une joie qu’on se retrouve dès ce soir… On s’était promis de reprendre notre conversation… euh, en sourd-muet où on s’était arrêtées ce matin… Mais je voudrais que Paul me rassure, m’éclaire un peu. Tu me comprends, Nine ?
- Je… je comprends, bien sûr. C’est juste que je pensais… non, rien…vas, vis ta vie ma chérie, tu n’en a qu’une ! Je t’attendrai tout de même.
- Ce n’est que partie remise, Nine, je te le promets. Dis, tu veux bien qu’on se retrouve demain midi chez toi ? Je viendrai avec Paul, tu vas faire sa connaissance. Si tu veux…
Marine ne répondit pas tout de suite ; elle ressentait soudain un vilain pincement dans le fond de son cœur, une pointe de jalousie, peut-être ?
- Cora, tu te souviens de la fille dont je t’ai parlé ce matin après que… enfin… avant qu’on aille au travail ? Celle de ma première année…
- Oui, très bien, elle s’appelle Manine, je crois !
- Oui, c’est bien cela. Elle est devant moi en ce moment. Je suis chez elle. Nous nous sommes rencontrées par hasard cet après-midi dans Paris. Heu… elle a entendu tout ce que tu viens de dire…
- Il n’y a pas de hasard, ma Nine. C’est le destin ! Vous avez sûrement des tas de choses à vous raconter… tout ce que vous avez perdu pendant ces cinq années sans vous revoir ! Et, dis : pourquoi ne l’inviterais-tu pas à venir demain ? Ce serait sympa, non ? Enfin, c’est une idée, comme ça …
Marine ne savait pas trop quoi répondre. Ce flot de paroles ne ressemblait pas à la Coralie qu’elle aimait. Sans doute y avait-il quelque-chose … un verre de trop, peut-être ? Elle n’en était pas sûre mais sentait une sorte de tristesse l’envahir.
- Nine ! je te demande pardon. Je sens bien que je te fais de la peine. Demain, je te dis tout, je te promets. Je t’aime.
Lorsque Marine raccrocha, Manine la regardait avec un air un peu incrédule mais aussi un visage empreint d’une grande compréhension. Elle resta sans rien dire mais, par sa seule présence, donnait à sa voisine le courage qui lui manquait. Finalement, elle chuchota avec douceur :
- Tout va bien, Marine ! Elle a sans doute bu l’apéro, elle est joyeuse, elle est avec son amoureux : ne te fais pas de souci, elle te l’a dit : elle t’aime !
Marine se retourna vers Manine, ses yeux étaient déjà mouillés et elle savait qu’elle allait craquer, très bientôt : cela la désespérait. Alors, tant qu’à faire, elle passa ses bras autour du cou de Manine, vint se blottir contre son épaule avant d’éclater en sanglots. Le chagrin qui l’avait mise dans cet état était doublé de la colère qu’elle ressentait contre elle-même, de ne pas parvenir à endiguer son émotion ; elle s’en voulait terriblement et pleura silencieusement.
Manine passait ses doigts dans la jolie chevelure de son amie en lui murmurant de temps à autre de petits mots de réconfort, avec de petits baisers de papillon sur les cheveux. Marine ne les sentait pour ainsi dire pas mais les entendait ; cela l’émouvait.
Manine repoussa doucement les bras de son amie afin de pouvoir se lever : elle avait un urgent besoin de juguler les effets secondaires du thé que les deux jeunes femmes venaient de boire ! Après quoi elle alla tout droit à son petit réfrigérateur et en inventoria le contenu. Satisfaite, elle sortit une tranche de jambon blanc qu’elle découpa en petits carrés, une pomme de terre cuite qui suivit le même chemin, un demi-concombre et une tomate qui vinrent compléter le tout dans un saladier. Elle ajouta le contenu d’une petite boite de maïs doux et prépara une jolie vinaigrette bien acidulée avant d’apporter le tout sur la table de son coin repas.
- Marine, puis-je t’inviter à une dînette avec moi, ce sera plus sympa que de rentrer seule chez toi, tu veux bien ?
Marine la regarda avec une reconnaissance mêlée de peur, cette peur de l’inconnu qui la saisissait chaque fois qu’elle sortait des sentiers battus.
- Merci Manine, je veux bien ? J’avoue que l’idée de rester seule ne me ravirait pas…
Après avoir mangé avec plaisir la salade composée que Manine venait d’improviser, les deux jeunes femmes s’assirent de nouveau sur le canapé, sans dire un mot. Marine regardait cette amie tombée d’un ciel ancien de six années en se disant qu’elle avait de la chance de l’avoir retrouvée ce jour-là, par hasard. Mais le hasard existait-il vraiment ?
Manine la regardait également avec dans le regard autant de curiosité que de tendresse, de compassion que de désir. Elle se disait que cette amie lui ressemblait énormément, physiquement… Elles faisaient la même taille, avaient les cheveux du même brun sombre. Leurs visages ovales se ressemblaient un peu, à la différence de leurs yeux, très clairs chez Manine et bleu saphir chez Marine. D’ailleurs, lorsqu’elles étaient à la fac ensemble, six ans plus tôt, on les prenait souvent pour des sœurs jumelles ! Elle la trouvait si belle… ce qui ne laissait pas de l’étonner car Manine ne se trouvait pas spécialement jolie !
Finalement, Manine se pencha un tout petit peu, le temps d’un baiser sur les lèvres de son amie. Marine ne cilla pas : Manine lui donna un second baiser, un tout petit peu plus appuyé, plus long aussi, laissant cette fois sa langue venir à la rencontre de ces jolies lèvres qu’elle adorait. Marine répondit en faisant de même. Alors Manine prit la main de son amie et l’emmena vers son lit où les deux amies roulèrent aussitôt dans un tumultueux baiser où leurs jambes s’emmêlaient et se démêlaient avant de recommencer, où leurs mains ne savaient trop où donner leurs caresses, cherchant -et réussissant- à se glisser sous les vêtements pour les prodiguer à même la peau, se griser de sa finesse, de sa tiédeur.
Manine ouvrit la danse en déboutonnant le chemisier de Marine, tandis qu’elle sentait la fermeture éclair de sa jupe descendre sous les doigts de sa partenaire. Pendant qu’elle dégrafait le joli soutien-gorge de dentelle de son amie, Manine dut s’interrompre un moment, le temps de laisser passer par-dessus sa tête le fin polo que Marine avait entrepris de lui ôter. Elle régala son regard de la belle poitrine de son amie avant de descendre à ses pieds pour retirer, une à une, les jambes très ajustées de son jean moulant. Elle admira les jolies jambes de son amie et y laissa glisser ses mains tout du long jusqu’à se retrouver allongée sur elle, le temps d’un nouveau baiser.
Marine se mit à rire :
- Pff, il en reste encore un peu !
- Je vais y remédier, ne t’en fais pas !
Manine ôta sa propre culotte et, suavement, fit glisser celle de Marine avant de reprendre la pose, allongée sur elle. Marine se remémora comment, ce matin même, elle s’était trouvée elle-même dans cette position, allongée sur sa chère Coralie qui semblait la trouver tellement agréable. Elle comprit immédiatement pourquoi : elle avait maintenant la sensation que son amie se donnait ainsi tout-à-fait, totalement, à elle. Et elle le lui rendait bien.
Tout en recevant d’elle un fougueux baiser, Marine caressait chaque centimètre carré accessible de la peau de Manine de ses mains gourmandes. En les faisant glisser sur ses fesses, elle eut un sursaut.
- Qu’est-ce que tu as là ?
Manine eut un petit rire et se laissa rouler sur son dos, regroupa ses genoux sur sa poitrine, découvrant l’intimité de ses plus belles rondeurs où l’on pouvait voir scintiller une rosace bleu ciel…
- C’est mon plug !
- Qu’est-ce que c’est ?
- C’est mon seul bijou, un bijou plutôt intime, j’avoue ! Je ne l’avais pas mis depuis des mois, c’est un peu le hasard, si tu le vois aujourd’hui.
Manine le sortit délicatement de son étui de chair en tirant doucement dessus et Marine vit avec stupeur émerger une sorte de grosse ogive métallique aux reflets étincelants. Puis Manine le repoussa lentement, le fit revenir à sa place précédente en émettant un petit gémissement de satisfaction. La rosace bleu-ciel reprit sa place entre les fesses de la jeune femme. Marine était étonnée mais aussi émoustillée à la fois.
- À quoi cela sert-il ?
- Ah, ça ! C’est destiné à donner des sensations très agréables quand on marche, déjà. Tu es dans la rue, tu regardes les monuments, tu profites du soleil, du sourire des gens et, à chaque pas, tu ressens cette petite excitation produite par ton plug sur toutes tes parties intimes. Parfois c’est très doux, presque imperceptible, et parfois c’est très fort. Tu sais, un jour, ça m’est même arrivé d’avoir un orgasme en marchant dans la rue, rien que par mon plug… Et puis, bien sûr, si tu le portes quand tu fais l’amour, cela peut facilement décupler ton plaisir !
Marine regardait, fascinée, la pierre bleue.
- C’est du verre, le truc bleu ?
- Non, c’est un saphir birman très clair ; je l’avais acheté lors d’un voyage en Asie il y a trois ans. Le bijoutier à qui je l’ai fait monter, ici à Paris, est passé par toutes les couleurs de l’arc-en-ciel, tu peux me croire !
- Mais, dis, tu portes ça tout le temps ?
- Bien sûr que non ! Je reste parfois très longtemps sans m’en servir. Tu sais, c’est comme tout ce qui te donne de l’excitation, du plaisir, si tu en as tous les jours, à chaque instant, ça devient ordinaire, ça finit par ne plus rien te faire. Non, je l’ai retrouvé ce matin en cherchant quelle culotte j’allais mettre pour sortir et je me suis dit : tiens, il fait beau, je vais me mettre en jupe. Et cet après-midi, j’ai eu envie de me promener au soleil en jouissant un peu de la situation. Je suis rentrée à la maison et je l’ai mis en place, je suis ressortie en me disant que j’allais bien en profiter et c’est à ce moment que le destin m’a fait te rencontrer ! J’aurais bien voulu l’ôter en arrivant ici avec toi mais… devant toi, c’était un peu cru. Et je ne voulais pas t’abandonner aussitôt pour filer aux toilettes. Alors je l’ai gardé, voilà : tu sais tout !
Marine avait le caillou bleu, là, devant elle, offert et, comme posé sur la pierre bleue, sexe de son amie. Machinalement, presque, elle porta les doigts à l’étrange bijou. Elle l’effleura du bout de l’index, faisant pousser à Manine un soupir d’aise. Du bijou, ses doigts montèrent vers ces petites lèvres charnues, gorgées de désir, le petit repli dissimulant le pistil de sa fleur de plaisir, l’ouverture plus large, plus bas, à peine au dessus du cristal bleu ; Manine tressaillit aussitôt. Lorsqu’elle toucha de nouveau, plus fermement le bijou intime, ce fut un râle suppliant qui lui parvint. Mue par une nouvelle inspiration, elle se pencha et posa un petit baiser sur cette jolie fleur, suivi d’un petit coup de sa langue sur ces mêmes enivrants pétales rosés. Elle revoyait ce que Coralie lui avait fait, le matin même… Elle recommença, avec plus d’application, allant plus loin, plus profond dans sa caresse. Puis elle se mit à rire.
- Qu’y a-t-il de si drôle ?
- Manine, je réalise qu’il y a bientôt six ans j’ai repoussé avec une constance et une fermeté sans faille tes avances pourtant insistantes, au nom de ma parfaite orthodoxie hétérosexuelle, à laquelle je me tenais encore fermement hier soir… Et aujourd’hui, c’est moi qui te déguste le minou ! C’est la toute première fois de ma vie que je fais cela, tu sais ? Et je vais te faire un aveu : j’aime beaucoup te le faire, ça me plaît énormément. Je suis dans un état d’excitation absolument dément !
Marine reprit sa caresse. Elle activait en même temps le bijou bleu de ses doigts en tirant dessus jusqu’à le faire presque sortir avant de le laisser rentrer tout seul, tout en faisant passer sa langue dans tous les endroits où elle savait qu’elle-même adorerait qu’on le lui fît. Manine s’était mise à haleter :
- Ah oui, ah oui, comme ça, oui… Ne change rien, tu es une fée, ma belle ! J’ai rêvé cet instant pendant tant d’années… Je n’arrive pas à croire qu’il est venu ! Oh oui, Continue, ne t’arrête pas… Je t’en supplie, ne t’arrête pas ! Oui, oh oui…
Elle laissa fuser une longue plainte tandis que son ventre était parcouru d’ondes de plaisir se succédant l’une à l’autre, longuement, puissamment. Les yeux fermés, elle savoura ce moment merveilleux.
- Continue à me lécher, s’il te plaît, très doucement, en me regardant. Et retire-moi mon plug, maintenant, en me regardant, si tu veux bien.
Marine s’exécuta : tout en continuant sa caresse d’une langue faite toute tendresse, elle tira doucement sur le bijou, avant de lécher doucement, tendrement, l’endroit où il se trouvait, les yeux dans ceux de son amie. Manine lui tendit sa main où elle déposa l’objet.
Coralie avait programmé son réveil pour sonner à six heures. Elle s’éveilla pourtant un peu avant cinq. Un détail ʺclochaitʺ dans on environnement. Une légère chaleur, peut-être ? Comme celle qu’elle ressent quand elle dort près de Paul… Ou bien un léger effluve, un parfum subtil inusuel ?
Elle ouvrit les yeux et tomba aussitôt sur ceux de Marine qui la regardait dormir, sans doute depuis quelques minutes. À la maigre lueur dispensée par le projecteur d’heures du réveil, Coralie put voir le radieux sourire que lui adressait son amie de la veille.
Leurs visages étaient si proches… Marine n’eut qu’à tendre à peine se lèvres pour déposer un premier baiser sur celles de Coralie, qui l’accueillit avec surprise, le cœur soudain sur le point d’exploser.
Le second baiser fut un peu plus long, plus sensuel aussi ; Coralie avait maintenant la bouche moins sèche et revenait de sa première surprise. Cependant, elle restait tout à fait immobile.
Au troisième baiser, ce fut elle qui commença à promener sa langue sur les lèvres de sa partenaire, emplie d’un trouble qu’elle ne parvenait ni à assimiler, ni à comprendre, mais auquel elle commençait à céder ; la surprise laissait petit à petit la place au désir qui s’insinuait en elle. D’une part, elle en était contrariée car elle ne parvenait pas à se reconnaître dans ce qu’elle faisait, d’autre part, une sensation étrange l’envahissait avec une puissance qu’elle ne pouvait simplement pas combattre : un désir physique incontrôlable.
Marine se recula de quelques centimètres, juste pour pouvoir regarder son amie droit dans les yeux avant de murmurer d’une voix presque inaudible :
- Cora, je sais, je sens, je vois que tu es prise dans le même tsunami émotionnel que moi, que tu te poses les mêmes questions que moi… Je sais que, tout comme moi, tu es et demeures résolument hétéro, que jamais au grand jamais tu n’as regardé une fille avec du désir ni ne l’as appelé de tes vœux. Et cependant, force m’est de l’admettre, ce matin en m’éveillant, j’ai réalisé que je te désirais… J’ai envie de faire l’amour avec toi, Cora !
- Je le sens bien, Marine, et cela me trouble profondément parce que… si je veux être franche avec moi-même, moi aussi je te désire, moi aussi, j’ai envie de faire l’amour avec toi. La vraie question, maintenant, est devons-nous céder à cette envie ou y résister ?
Marine resta un court instant sans répondre, tout en se serrant un peu plus contre son amie.
- Refouler cette envie suffirait-il à la faire passer ? Cela nous rendrait-il plus heureuses maintenant et pour le futur ?
Sans dire un mot de plus, Coralie enserra Marine dans ses bras et ses jambes et commença un baiser au cours duquel leurs quatre mains entrèrent en action avec un peu de maladresse et beaucoup de détermination.
Marine fit passer le T-shirt que Coralie avait passé la veille par pudeur devant elle, par-dessus sa tête. Coralie offrait une poitrine généreuse, deux seins fermes et gorgés de sève. Elle avait de grandes aréoles très claires couronnées de deux fraises des bois d’un rose profond ; lorsque ses aréoles se contractaient, elles prenaient la même teinte. Marine se pencha afin de pouvoir librement caresser sa superbe poitrine ronde et ferme, en faire rouler suavement les tétons entre pouce et index, les sentir se contracter. Puis elle entreprit de les lécher de sa langue à peine sortie, les mordillant au passage, serrant ses lèvres autour, les aspirant avec délice.
Pendant ce temps, Coralie avait fait remonter la très sage chemise de nuit de Marine jusque sous ses aisselles et attendait un moment favorable pour aller plus loin dans son projet. Elle profita que son amie reprenait son souffle pour la lui ôter ! Elle ne savait pas trop ce qui allait suivre mais elle sentait palpiter en elle, puissante, lancinante, irrépressible, l’envie de sentir tout contre elle le corps nu de son amie, maintenant amante. Tout se passait comme si elle tenait pour certain qu’elle ne pourrait plus rien faire dans son existence avant de l’avoir assouvie ; elle s’attacha à réaliser ce soudain fantasme.
Coralie tendit ses lèvres à Marine et bientôt, les deux jeunes femmes se retrouvèrent enlacées dans une sorte de roulade que Coralie fit s’arrêter lorsqu’elle eut atteint l’objet de son désir : avoir Marine allongée sur elle ventre à ventre, cuisses contre cuisses, seins contre seins. Le baiser qu’elles se donnèrent fut d’une intensité qu’aucune des deux n’auraient jamais pu imaginer.
Marine, après avoir longuement savouré cette position, se laissa glisser sur le côté, sans toutefois mettre fin à leur baiser qu’elle souhaitait déguster encore à pleine bouche. Cela permit à sa main de reprendre ses pérégrinations, ses explorations, sur ce corps magnifique qu’elle ne faisait que découvrir. En quittant les seins de Coralie pour étendre sa caresse vers son ventre, elle fredonnait dans sa tête cette chanson de François Béranger où le ventre de Natacha est une plaine à blé qui vient caresser des montagnes douces où il cueillait des fruits délectables… Pour ce qui est d’être délectables, Marine pouvait en attester ! Elle laissa sa main dériver vers les blés…
Sa progression fut arrêtée un très court instant par la jolie petite culotte que Coralie avait conservée en allant se coucher. Elle glissait ses doigts dedans quand elle entendit son amante murmurer imperceptiblement "plus facile à ôter"… avant de se cabrer et de retirer le coquin vêtement pour le jeter dans la ruelle du lit.
- Plus facile que quoi ?
- Ah… ça… Tu te souviens peut-être, ma belle Marine que j’aime tant désormais, qu’hier, j’étais partie me coucher un peu fâchée. Pour être très franche, à ce moment précis, je te détestais très sincèrement. En temps normal, j’aime dormir nue mais là, hier, j’ai conservé cette culotte en pensant au plus profond de moi "j’aimerais autant dormir en armure médiévale". C’est donc cela : ma petite culotte, au moins, est plus simple à ôter !
Marine se mit à rire à l’évocation de Coralie faisant l’amour en armure médiévale, avec ou sans culotte dessous. Tout en laissant libre cours à son rire, elle continua son chemin, laissant sa main errer dans la douce toison presque blonde qui s’offrait à elle, enroulant de fines boucles autour de ses doigts tout en les laissant progresser vers le saint du saint de ce temple d’amour qui était son ultime destination. Plus elle progressait, plus elle sentait la respiration de Coralie devenir puissante, saccadée, rauque parfois, et son ventre commença à onduler, comme pour offrir plus ostensiblement son trésor à son amante. Marine en jouait…
Elle caressait, avec une légèreté insistante, l’intérieur des deux cuisses, descendant très bas, jusqu’à la naissance des fesses. Puis elle remontait, laissant virevolter un doigt innocent autour du nombril de son amie. Puis elle ouvrait un V majuscule entre deux doigts et massait les deux sillons profonds bordant cette chair par laquelle tout chavire, sans jamais la toucher. Coralie était au supplice :
- Marine, tu es vilaine, tu joues avec moi… Donne moi, dis, viens… J’ai besoin de jouir.
- Ah mais non, ma belle Cora ! Ce n’est pas comme ça qu’on joue ce jeu… Songe un peu : c’est notre toute première fois, toi et moi. Tu ne voudrais pas que ce soit bâclé, n’est-ce pas ? Moi, je veux te faire languir un peu, au contraire, te voir perdre patience. Je veux t’entendre gémir, apprendre à attendre, me supplier enfin de t’accorder la délivrance. Alors là, je crois, tu auras connu un vrai moment d’intense bonheur tout à fait mémorable.
Et Marine reprit sa danse digitale. Elle caressait ici un peu trop haut, ici un peu trop bas, survolait l’orchidée d’amour en effleurant, comme par accident, ses pétales, comme si ce n’était pas voulu, avant de repartir dans ses caresses périphériques, mettant Coralie au supplice. Chaque fois, elle s’approchait un peu plus du point de non retour puis s’en écartait aussitôt que les soupirs de Coralie annonçaient la proximité de sa jouissance.
De son côté, Coralie avait adhéré au jeu. Parois, elle tentait de jouer les insensibles et ne manifestait aucune réaction, aucune émotion.
Du moins le croyait-elle. Dès qu’un souffle trahissait son émoi, Marine revenait en terrain neutre ! Parfois elle simulait une issue imminente mais de manière si peu convaincante que Marine continuait encore un peu avant de s’éloigner encore. Dans tous les cas, Coralie avait parfaitement intégré que la puissance de la déferlante qui se préparait au fond de son ventre, allait en croissant avec ces agaceries : elle acceptait donc sa douce torture en savourant par avance le bouquet final qui lui était promis !
Soudain, délaissant le visage et les lèvres douces de Coralie, qu’elle couvrait baisers depuis le début de sa caresse, Marine s’en vint près des seins de son amante qu’elle entreprit de lécher, de mordiller, de téter ; elle en profita pour adopter un jeu différent de sa main.
Faisant glisser un, puis deux doigts entre les ailes si sensuelles du joli papillon posé sur son puits d’amour, Marine le vit soudain les dévorer avec gourmandise et les sentit glisser un dans le doux et chaud conduit. Elle resta immobile un court instant avant d’entreprendre de lents va-et-vient. Aussitôt, Coralie commença à gémir ; de petite houle de beau temps, les ondulations de son ventre devinrent des vagues de plus en plus fortes annonçant la tempête.
Le pouce tendu de Marine venait à chaque va-et-vient butiner le pistil turgescent de la fleur, arrachant à Coralie un nouveau râle sur un mode crescendo. Lorsque les soupirs de son amante, maintenant tout essoufflée, devinrent assez proches, Marine imprima un rythme encore plus soutenu et bientôt, Coralie referma ses cuisses en repoussant la main de Marine :
- Ouiiiiiiiiiiiiiii
Marine regarda le corps de son amante parcouru de spasmes se succédant en longues saccades tout en lui prodiguant des caresses un peu partout, accompagnées de baisers très doux. Elle était émue d’avoir provoqué chez son amie une telle tempête de jouissance !
Coralie retrouva bientôt son souffle, attira Marine à elle et l’embrassa avec une fougue dont elle ne se savait pas encore capable. Jamais au grand jamais elle n’avait connu un orgasme aussi puissant, aussi intense.
Leurs ébats s’étaient déroulés jusque-là dans l’obscurité ; Coralie alluma sa lampe de chevet et se mit à genoux à côté de Marine pour jouir pleinement du spectacle de son corps nu. La culotte de fine dentelle qu’elle portait encore ne constituait aucunement un obstacle à son plaisir, bien au contraire. Elle tendit ses deux mains pour caresser sa taille, ses hanches, ses cuisses.
- Mon Dieu que tu es belle, Marine… Ah, ton corps ! Je ne faisais que l’imaginer depuis hier soir, lorsque tu étais vêtue, mais maintenant, je le vois… Jamais de ma vie je n’ai vu une fille aussi belle que toi !
Coralie se pencha gracieusement sur le corps de son amante et vint cueillir de ses lèvres, ses seins palpitants. Marine avait une poitrine sans doute bien moins dodue que la sienne mais elle l’estimait parfaite. Sans doute aurait-on pu mouler dessus la célèbre coupe à champagne dite "Marie-Antoinette".
Les seins de Marine conservaient pratiquement la même présence, le même galbe qu’elle soit debout ou allongée : ils étaient d’une symétrie presque parfaite ! Agrémentés d’aréoles très petites et d’un brun sombre, surmontées de deux jolies petites framboises de même couleur.
L’eau à la bouche, Coralie entreprit de les dévorer de baisers, de les téter, les mordiller, de les parcourir d’une langue gourmande et langoureuse. Jamais, pensait-elle, elle ne pourrait s’en rassasier. Comme à regret, Coralie quitta cette si jolie poitrine pour s’en venir visiter le ventre. Elle le parcourut en y laissant la trace humide de ses baisers, s’attarda sur une hanche, revint au creux de l’aine où elle rencontra la fine étoffe du dernier rempart vestimentaire de sa belle amante.
Elle s’offrit en guise d’amuse-bouche un voyage sur une magnifique cuisse gauche, douce et galbée, survola un genou, descendit le toboggan du tibia et fit une pause sur le cou de pied, juste le temps de saisir délicatement cette jambe et de la porter à hauteur de ses lèvres. Elle flatta une malléole, lécha le tranchant du pied avec délice. Marine avait, il est vrai, de très jolis pieds, fins, graciles, terminés par des orteils aux ongles vernis de rouge écarlate, longs, très séduisants, et qui procuraient à Coralie une excitation dont elle n’avait jamais été l’objet jusqu’alors. Tout en elle, se répétait-elle, était beau, jusqu’à ses pieds qui la mettaient en émoi.
Coralie souleva l’autre pied avec une infinie douceur et reprit la sensuelle danse de ses lèvres sur cette jambe appétissante, selon un itinéraire subtilement différent. Elle picora de petits baisers le rond du mollet, s’offrit une pause au creux du genou qu’elle lécha avec une application pleine de promesse, puis remonta le cours de cette cuisse par sa face intérieure où une moiteur chargée d’impatience l’attendait.
Plus Coralie remontait le long de cette cuisse, la picorant de ses baisers mouillés, plus elle se sentait enivrée par cet amour tout à fait fou qu’elle vivait avec volupté tout en se demandant d’où il lui venait. Ses derniers baisers firent s’ouvrir cette cuisse, le fort ligament des "gardiens de la virginité" se retrouvant ainsi en saillie, offert à ses lèvres, à ses dents. Elle y croqua sans vergogne, tout en poursuivant sa route vers sa naissance, au plus près du le fruit défendu, jusqu’au moment où ses lèvres rencontrèrent de nouveau la fine dentelle.
Coralie aurait bien voulu suivre sa fougue naturelle, assouvir sa propre envie, aller plus droit au but ! Mais elle souhaitait aussi offrir à son amante une joie aussi intense que celle qu’elle venait de vivre. Elle ouvrit donc largement sa bouche pour la plaquer sur l’étoffe humide du désir de Marine, juste au dessus des chairs déjà palpitantes, suppliantes, gorgées de sève et d’impatience. Elle souffla son air chaud, lentement, jusqu’à n’en plus pouvoir. Marine gémit de plaisir prospectif. Elle s’en fut mordre le haut de l’autre cuisse, suivant le même chemin, répétant les mêmes gestes, et changea ainsi plusieurs fois de côté, s’arrêtant chaque fois pour insuffler son air chaud à travers la dentelle sur les chairs pantelantes.
Au premier sanglot, alors que Marine, arrivée au paroxysme de son impatience, avait déjà commencé à baisser elle-même son joli vêtement, Coralie le remit en place, l’écarta sur un côté et remit sa bouche en cet endroit où tout allait bientôt entrer en fusion. Sans aucun obstacle, elle put, une fois encore, souffler son air doux et chaud, suivi immédiatement de sa langue qui entreprit un indicible ballet sur les lèvres intimes de son amie.
Sa langue virevoltait, légère, effleurant à peine les nymphes, avant de plonger dans les tréfonds du puits d’amour. Ses lèvres se faisaient oiseaux voletant au dessus du feuillage, pour soudainement se plaquer tout autour du sexe palpitant pour aspirer le miel d’amour qui s’en écoulait en abondance. Lorsqu’elle sut que le moment était venu, elle aspira dans sa bouche les pétales de la fleur tout entière, faisant tournoyer sa langue tout autour du pistil. Marine succomba aussitôt, émettant un sanglot.
Coralie continuait à couvrir de petits coups de langue et de baisers très doux cette si jolie fleur d’amour quand elle entendit d’autres légers sanglots ainsi que des pleurs. Elle revint aussitôt près du visage de son amie, le scrutant avec inquiétude, soucieuse de lui avoir causé quelque mal…
- Pardonne-moi Cora, mon amour, j’aurais dû te prévenir… Je pleure presque toujours quand je fais l’amour, aussi fort que la jouissance qui m’a été donnée !
Rassurée, un petit peu, Coralie s’allongea tout contre elle et entreprit de l’embrasser, encore et encore.
- Dis, ma Nine, tu voudrais me faire un petit plaisir ? Reviens te mettre sur moi comme tout à l’heure…
Marine ne se fit pas prier et se jucha aussitôt avec volupté sur son amante. Coralie en profita pour la couvrir de caresses très douces, apaisées, tout comme le baiser qu’elle lui donnait en même temps.
- C’est merveilleux, ma Nine, nous-deux… Je suis heureuse à un point que tu ne peux pas imaginer. Mon cœur va exploser, si ça continue !
- Comment m’as-tu appelée, à l’instant ?
- C’est un petit nom qui m’est venu : Nine ! Si tu n’aimes pas je vais arrêter…
- Oh non ! c’est très joli, j’adore, continue si tu veux… C’est juste que j’ai été surprise car j’ai connu une fille qui portait ce prénom : Manine quand j’étais en première année.
- Elle n’était pas sympa ?
- Oh, si ! un peu trop, même. Je lui plaisais vraiment. Et comme j’ai toujours été exclusivement hétéro, j’ai dû repousser ses avances de nombreuses fois. Je l’avais oubliée !
- Exclusivement… le mot est peut-être un peu exagéré, ma belle d’amour… Je crois que tu devras admettre au minimum que nous sommes devenues bi, toi et moi !
Les deux jeunes femmes se mirent à rire : ce que c’était bon de s’accorder un peu de légèreté !
- C’est amusant, Nine : hier je te détestais et j’étais prête à te faire la guerre… et ce matin, nous avons fait l’amour !
- Oui, c’est drôle, Cora ! Et moi du coup, grâce à toi, je ne fais plus la moue, je fais la gay !
Coralie éclata de rire au jeu de mot.
- Oh, Marine, je l’adore, celui-là ! Tu es vraiment géniale !
C’est à ce moment précis qu’un arc-en-ciel commença à balayer le plafond : le réveil de Coralie annonça en couleurs changeantes que l’heure de se lever était arrivée, tandis que Kitaro jouait les premières mesures d’Oasis.
Marine se leva et tendit la main à Coralie. Avant de se lever à son tour, elle déposa un ultime baiser sur ses lèvres intimes, recueillant de sa langue les dernières gouttes de ce miel d’amour qui tant l’avait enivrée un instant plus tôt.
- Ah, Nine, ma petite abeille d’amour !
Le jour suivant : Paul
Coralie et Marine avaient regagné nues la pièce à vivre. Dans le coin cuisine, Marine avait ouvert son placard privatif et recherché s’il restait quelque chose à manger, tandis que Coralie préparait du thé.
- Regarde, Cora, il me reste des spéculoos et un fond de pot de miel.
- Du vrai miel, d’abeilles, hélas, je le crains…
Marine se remit à rire et prit un air faussement fâché :
- Tu es vraiment insatiable…
- Je crois que je n’arriverai jamais à me repaître de toi, ma belle !
Toujours nues elles prirent face à face, sur la table de la grande pièce à vivre, ce petit déjeuner improvisé. Si Coralie dévorait toujours son amie des yeux avec gourmandise, une barre était apparue sur son front ; cela n’échappa certes pas à Marine.
- As-tu un souci, ma belle ?
- Mon souci, ma Nine, c’est que je ne sais pas encore comment de vais expliquer à mon Paul ce qui nous est arrivé…
- Tu vas lui dire ?
- Bien évidemment ! Écoute, tu as confiance en moi, maintenant, non ? Alors imagine que demain, tu découvres que je t’ai menti, ou que je t’ai caché une chose essentielle nous concernant, qu’adviendrait-il de ta confiance ?
- C’est vrai, tu as raison… Mais c’est délicat. Si nous nous aimons, toi et moi, quelle place lui reste-t-il ? Il va être jaloux, au mieux.
- Ma Nine, sois bien certaine que ce qui se passe entre nous deux n’a en rien altéré l’amour immense que j’ai pour Paul. Il est et demeure l’homme de ma vie.
- Te sens-tu capable de cela ?
- Bien sûr. La seule choses qui ait changé, c’est que depuis hier, tu es devenue, toi, la femme de ma vie.
- C’est vrai ? tu me ressens comme la femme de ta vie ? C’est beau. Tu es vraiment très forte ; je ne sais pas si je pourrais mener deux amours conjuguées. J’ai l’impression qu’il me faudrait deux cœurs, pour cela !
- Oui, Nine, c’est très beau ! Jusqu’à un certain point… car c’est avec Paul que je veux faire ma vie, avoir des enfants, une famille. Tu comprends cela ? Ce n’est pas toi qui peux me les faire, les enfants ! Et puis, il y a l’amour… Paul, je l’aime de toutes mes forces.
- Tu as raison… Ce doit être un gars hors du commun ; il suffit de regarder tes yeux quand tu en parles ! Je t’envie un peu, je l’avoue !
- Tu sais, quand tu trouveras, bientôt j’en suis sûre, l’homme qui deviendra ton compagnon de route pour le grand et beau voyage de ta vie, tu ressentiras la même chose que moi. Je suis certaine que tu sauras gérer tes amours en toute harmonie. Et en attendant, j’ai plein d’autres forces pour toi, ne t’en fais pas !
- Merci Cora ! toi aussi tu es une fille extra. J’ai une chance dingue de t’avoir connue. Et ce que nous vivons en ce moment, que cela doive durer ou non, m’évoque un amour qui sent bon l’éternité : rien que cela me rassure !
- Ce soir, avant de rentrer, je pense, je vais tout dire à mon Paul d’amour et je vais l’inviter ici ce weekend pour qu’il fasse ta connaissance.
- Dis, Cora, ça t’ennuie si je prends ma douche prem’s ? J’adorerais la prendre avec toi, mais là… nous ne serions jamais prêtes pour aller au boulot !
Marine avait donc pris sa douche et s’était sagement habillée. Puis était venu le tour de Coralie. En la voyant entrer dans la cabine, Marine eut un pincement au cœur et dans le bas de son ventre ; voir ce corps superbe, qu’elle désirait tant, là, juste à portée de ses mains, de ses lèvres… et devoir partir… Vivement ce soir, se dit-elle in petto.
- À ce soir ma belle, je file. Passe une belle journée !
- Bisous ma belle !
Sous sa douche, Coralie ne put résister à la tentation de caresser tout son corps en passant le savon. Alors, la faim venant en mangeant, le désir de Marine revint en force, se superposant à l’image de son beau Paul. Ses mains glissèrent vers son pubis, à la recherche d’une délivrance qui vint presque aussitôt.
- Allô, Paul ? Dis, j’ai un gros souci : je voudrais te voir vite. Je peux passer chez toi cet après midi ?
- Coralie chérie, que fais-tu de notre pacte de non-agression en semaine ? Tu sais bien que si tu viens chez moi, je ne pourrai plus rien faire, plus du tout travailler !
- D’accord, à quelle heure ?
- Bon, bon, j’ai compris… ce que femme veut, Dieu le veut. Passe à dix-huit heures.
- Parfait, je serai chez toi à dix-sept heures tapantes, merci mon Paul ! Bisous mon amour…
Lorsque Coralie arriva chez Paul, ce dernier était occupé à écrire, sur son ordinateur, un chapitre de sa thèse de psychologie. Il espérait encore pouvoir la soutenir cette année… mais sa liaison avec sa belle Coralie lui consommait beaucoup de temps et d’énergie. Tout en occupant son esprit plus qu’il aurait pu l’imaginer. Elle était si belle, si proche de lui, de ses pensées… il avait trouvé en elle, il en était certain, la compagne de ses rêves.
Paul termina la phrase qu’il écrivait, relut son dernier paragraphe en y faisant quelques menues modifications et éteignit son ordinateur. Puis il se tourna vers sa visiteuse, tout sourire, pour lui dire avec un air de reproche :
- Tu n’es pas raisonnable… j’avais envie de travailler, moi !
- Peut-être… mais toi, tu viens de parler au passé, donc tu n’as plus envie de travailler, et moi, je suis là : tout va donc bien !
- Alors qu’as-tu de si grave à me raconter qui ne puisse attendre le weekend, c'est-à-dire demain ?
Coralie lui raconta en grand détail la scène de la veille, sans rien omettre : ses provisions évaporées, la réponse agressive de Marine à son reproche, son coucher le ventre vide et la rage au cœur, après avoir traité sa colocataire d’égoïste… Puis les regrets, la presque contrition de Marine, dans sa chambre, ses sanglots, la nuit ensemble…
- Donc elle s’est couchée près de toi et vous avez fait l’amour, c’est ça ?
- Nan, même pas ! On a dormi, Paul. En se tenant par la main… très sagement ! Mais juste avant le petit jour, je me suis réveillée, et quand j’ai ouvert les yeux, elle était là, à côté de moi et me regardait avec un doux sourire… on s’est embrassées et là, oui, nous avons fait l’amour, follement, intensément, passionnément. Paul, que m’arrive-t-il ? Je n’avais jamais eu le moindre intérêt pour la gent féminine, de toute ma vie. J’ai souvent vu des femmes dont je me disais qu’elles étaient très belles, mais sans jamais en éprouver le moindre désir. Jusqu’à ce matin, je me rangeais dans les hétéros intégristes ! Et là… l’image de son corps ne me quitte plus, je crois ressentir encore son souffle dans mon cou, la chaleur de ses seins contre les miens… Je suis perdue, Paul, je ne sais plus dans quel monde j’habite.
Paul resta quelques minutes à digérer ce qu’il venait d’apprendre, à l’analyser. Il se devait de lui donner une réponse de nature à l’aider, en tant que psychologue, mais aussi une réponse en tant qu’amant, compagnon pour sa vie. Il sentait au fond de son âme, un vilain petit rat nommé jalousie tourner autour du fromage de son amour, tentant de le grignoter. Il le repoussa avec force, brandissant des images mentales de grains empoisonnés ! En même temps, l’évocation de sa belle chérie faisant l’amour avec une autre femme lui procurait une sensation à laquelle il ne s’attendait pas. Il était excité par cette idée. Il se racla la gorge.
- Ma belle, tu sais, l’amour est une alchimie complexe et très intime. D’un côté, il comporte une composante intellectuelle : on s’entend bien, on se trouve séduisants, beaux, intelligents, tout ça… bref, on se fait un tableau mental qui mène à l’amour et génère à son tour du désir, une envie physique, à laquelle il faut ajouter, il est vrai, l’instinct de reproduction, qui est très fort. Et de l’autre côté, il y a une composante animale qui, normalement, conforte, amplifie la première. Elle est associée à nos phéromones, tu sais, ces sortes d’hormones externes produites par la peau, qui nous font totalement chavirer quand nous faisons l’amour. Les phéromones sont souvent à l’origine du passage à l’acte, même si l’envie intellectuelle préexiste.
- Oui, je sais plus ou moins ça. Où veux-tu en venir ?
- Généralement, les phéromones femelles attirent les mâles et vice-versa. Mais elles sont plus ou moins compatibles, que ce soit entre gens de sexes différent, dans la majorité des cas, ou même entre gens du même sexe. Dans tout ce tableau, il existe des phéromones hyper compatibles. Par exemple entre toi et moi, l’intellectuel domine tant que nous sommes à plus d’un mètre de distance. Mais, tu le sais, dès que nous réduisons cette distance, c’est la bête en nous qui parle : nos phéromones sont très puissantes ! Je pense donc qu’entre ta coloc et toi, ce qui s’est passé est que, dès le début, vous vous êtes claquemurées dans un domaine où l’intellectuel n’avait aucune chance. C’est bien naturel : comme tout le monde, vous aviez dans l’inconscient, le cliché commun des deux filles colocataires qui finissent par coucher ensemble, et sans même en avoir conscience, ça se traduit par un puissant : pas de ça chez moi ! Donc pas d’intellectuel, pas de risque. Puis vient le moment où arrive l’accident : vous entrouvrez la porte de l’intellectuel : de la séduction entre en force. Et vous réduisez la distance… Et vous avez des phéromones hyper-compatibles, voilà ! Tu peux ajouter à cela la saveur, tellement attirante, parfois, de l’interdit…
- Alors tu veux dire que Marine et moi, ce n’est pas de l’amour, c’est physique et animal ?
- Je n’ai pas dit ça ! Une fois le pas franchi, le passage à l’acte consommé, l’intellectuel revient au triple galop ! La séduction est là, les yeux voient bien la beauté qu’ils ne voulaient voir auparavant. C’est très confortable, tu sais, de justifier a posteriori ce qu’on a fait, surtout si cela nous a fait braver des interdits. L’amour s’installe, pour de bon.
- Alors tu crois que j’aime Marine ?
- Non ! j’en suis sûr !
- Mais, Paul, c’est toi que j’aime ! Tu es l’amour de ma vie
- Il n’est écrit nulle-part que l’amour soit ou doive-t-être unique… Je suis heureux d’être l’amour-homme de ta vie, ce qui n’exclut pas qu’il y ait un amour-femme de ta vie, voire plusieurs. En toute rigueur, il pourrait aussi y avoir d’autres "hommes de ta vie" mais je crois que la cohabitation serait difficile, à cause d’un vilain petit rat nommé jalousie qui nous ronge le cœur, dans ces cas-là !
- Oui, oui, oui… je te vois venir avec tes gros sabots. En fait, comme c’est une femme, ça te va, pas de concurrence directe. Peut-être même que ça t’excite !
Coralie se leva et vint s’asseoir sur les genoux de son amoureux pour l’embrasser plus commodément, baiser fougueux qui ne présageait pas vraiment une suite bien sage...
- Hmm ça me donne des idées, tout ça…
Coralie ouvrit largement son chemisier, prétextant qu’il faisait vraiment trop chaud, laissant à Paul une vue imprenable sur des fruits les plus appétissants et pas si défendus que cela.
- J’ai réduit les distances à zéro, Paul, laisserons-nous parler la bête ?
Lentement, Coralie se mit à genoux devant son amant tout en entreprenant de dégager l’objet de son désir, un sourire d’une gourmandise sans équivoque aux lèvres …
Le jour suivant : Manine
- Marine ?
Marine avait terminé sa journée et descendait tout tranquillement le boulevard de Port Royal, en flânant un peu, en profitant du beau temps, avant de prendre son métro pour rentrer chez elle. Déjà, elle se réjouissait d’y retrouver Coralie et anticipait avec délices ce qui, selon toute probabilité, allait se passer alors. Cette voix qu’elle était sûre de connaître sans toutefois l’identifier la fit sortir à contrecœur de sa rêverie prospective. Elle reconnut immédiatement à qui elle appartenait.
- Manine !
- Salut Marine ! Je suis si heureuse de ce hasard ! Que deviens-tu ?
- J’ai continué ma médecine…
- Attends… Un, deux, trois… Oh là-là… tu es donc en sixième année ! Bravo. Je savais que tu y arriverais.
- Je suis convaincue que tu aurais pu aussi, tu sais. Tu as la capacité, l’intelligence, tu as tout ! Il aurait fallu te concentrer davantage sur ton objectif pour la première année, je pense.
- Oui… Il aurait fallu que... ceci, que… cela… La vie est compliquée. Dis, Marine, si tu as un petit moment, je t’offre un thé, on va se raconter tout ça ; tu peux ?
Marine regarda sa montre : Coralie rentrait toujours assez tard, et en plus, elle était allée voir Paul… Donc, oui : elle avait bien le temps. Mais le souhaitait-elle ? Elle n’eut pas vraiment le temps de répondre : la jeune femme reprit :
- Alors, viens, on y va.
Marine se mit à suivre son ancienne copine d’études de première année, se demandant quel café du quartier elle allait bien pouvoir choisir. À sa grande surprise, elle passait devant chacun sans même les regarder. À l’interrogation muette qu’elle lut dans les yeux de Marine, elle répondit :
- On va aller chez moi : j’habite à deux pas et j’ai des tas de très bons thés !
Arrivées à son petit perchoir, sur un sixième étage, Marine découvrit un grand studio constitué de deux chambres de bonne dont une avait été sacrifiée pour agrandir l’autre et créer une pièce de toilette. C’était coquet, très lumineux, meublé et décoré avec beaucoup de goût, de féminité. Manine mit de l’eau à bouillir.
- Voilà, Marine, c’est chez moi, ici !
- C’est magnifique, Manine, tu as un véritable talent pour la décoration.
- Merci Marine. Je peux voir que tu es toujours aussi jolie, aussi séduisante…
Marine se raidit instantanément et regarda fugacement vers la porte d’entrée…
- Non attends ! je ne t’ai pas invitée chez moi pour te refaire le véritable rentre-dedans que je t’ai imposé lors de notre première année commune… Je le regrette tellement aujourd’hui, j’en ai tellement honte… Mais c’est vrai que je vois ce que tu es devenue : une magnifique jeune femme !
- Tu es gentille, Manine… Tu sais, quand j’ai repoussé tes avances, il y a presque six ans, je ne t’en ai pas voulu. Je me disais que tu étais juste une fille gay qui cherchait une nouvelle conquête… Je te trouvais gentille, aimable… très jolie, aussi ! Mais, simplement, je n’avais pas envie de ce que tu me proposais.
- Tu avais de la chance ! Moi, je n’en avais aucune idée…
- Que veux-tu dire ?
- En sortant de ma terminale, Marine, j’étais innocente. Je n’avais jamais fréquenté ni garçon ni fille. J’étais totalement malléable, j’étais certaine que le premier amour m’aurait transfigurée. C’est lorsque je t’ai vue en amphi, que je suis tombée amoureuse raide de toi. Alors, comme je savais que pour la plupart des filles, c’était plutôt les garçons qui les attiraient, avec une grande subtilité, j’ai appuyé comme une folle pour tenter de te convaincre, de te séduire… En fait, j’ai tout gâché ce qui aurait pu devenir mon premier et peut-être mon unique amour.
- Tu étais vierge !
- Oui ma belle, pucelle comme Jeanne la bonne Lorraine.
- Et amoureuse de moi… ? Je ne le savais pas…
- Oui, amoureuse dingue. Et, comme souvent quand les amours sont inabouties, je le suis encore. Mais ne t’inquiète pas : je sais me tenir, maintenant !
- Manine…
La jeune femme portait sur son visage le chagrin que cet aveu venait de porter en elle. Elle réalisait qu’en repoussant les avances de cette jolie fille, quelques années plus tôt, elle avait tué dans l’œuf son amour et, peut-être, le bonheur de sa vie. Elle regarda Manine préparer le thé, puis le servir avant de continuer.
- Manine, je suis si triste… Je ne sais que te dire. Mais sincèrement, je regrette de ne pas avoir cherché à te comprendre alors. J’ai été égoïste. Je te demande pardon.
- Il n’y a pas de pardon à demander, Marine, ni à accorder : c’est la vie. Et puis, tu sais, le fait de t’avoir rencontrée aujourd’hui et de t’avoir tout dit va être fondateur, me permettre de reprendre mon destin en main ! J’ai confiance. Je suis très…
C’est à ce moment que le téléphone de Marine sonna. Coralie l’appelait depuis chez Paul, la voix joyeuse et enjouée.
- Nine ! Je suis chez mon amoureux… Tu vas bien ? Bon. J’ai commencé à lui raconter, nous deux. Je… Dis, ça t’ennuierait beaucoup si je ne rentrais pas ce soir ? Je sais que tu te fais une joie qu’on se retrouve dès ce soir… On s’était promis de reprendre notre conversation… euh, en sourd-muet où on s’était arrêtées ce matin… Mais je voudrais que Paul me rassure, m’éclaire un peu. Tu me comprends, Nine ?
- Je… je comprends, bien sûr. C’est juste que je pensais… non, rien…vas, vis ta vie ma chérie, tu n’en a qu’une ! Je t’attendrai tout de même.
- Ce n’est que partie remise, Nine, je te le promets. Dis, tu veux bien qu’on se retrouve demain midi chez toi ? Je viendrai avec Paul, tu vas faire sa connaissance. Si tu veux…
Marine ne répondit pas tout de suite ; elle ressentait soudain un vilain pincement dans le fond de son cœur, une pointe de jalousie, peut-être ?
- Cora, tu te souviens de la fille dont je t’ai parlé ce matin après que… enfin… avant qu’on aille au travail ? Celle de ma première année…
- Oui, très bien, elle s’appelle Manine, je crois !
- Oui, c’est bien cela. Elle est devant moi en ce moment. Je suis chez elle. Nous nous sommes rencontrées par hasard cet après-midi dans Paris. Heu… elle a entendu tout ce que tu viens de dire…
- Il n’y a pas de hasard, ma Nine. C’est le destin ! Vous avez sûrement des tas de choses à vous raconter… tout ce que vous avez perdu pendant ces cinq années sans vous revoir ! Et, dis : pourquoi ne l’inviterais-tu pas à venir demain ? Ce serait sympa, non ? Enfin, c’est une idée, comme ça …
Marine ne savait pas trop quoi répondre. Ce flot de paroles ne ressemblait pas à la Coralie qu’elle aimait. Sans doute y avait-il quelque-chose … un verre de trop, peut-être ? Elle n’en était pas sûre mais sentait une sorte de tristesse l’envahir.
- Nine ! je te demande pardon. Je sens bien que je te fais de la peine. Demain, je te dis tout, je te promets. Je t’aime.
Lorsque Marine raccrocha, Manine la regardait avec un air un peu incrédule mais aussi un visage empreint d’une grande compréhension. Elle resta sans rien dire mais, par sa seule présence, donnait à sa voisine le courage qui lui manquait. Finalement, elle chuchota avec douceur :
- Tout va bien, Marine ! Elle a sans doute bu l’apéro, elle est joyeuse, elle est avec son amoureux : ne te fais pas de souci, elle te l’a dit : elle t’aime !
Marine se retourna vers Manine, ses yeux étaient déjà mouillés et elle savait qu’elle allait craquer, très bientôt : cela la désespérait. Alors, tant qu’à faire, elle passa ses bras autour du cou de Manine, vint se blottir contre son épaule avant d’éclater en sanglots. Le chagrin qui l’avait mise dans cet état était doublé de la colère qu’elle ressentait contre elle-même, de ne pas parvenir à endiguer son émotion ; elle s’en voulait terriblement et pleura silencieusement.
Manine passait ses doigts dans la jolie chevelure de son amie en lui murmurant de temps à autre de petits mots de réconfort, avec de petits baisers de papillon sur les cheveux. Marine ne les sentait pour ainsi dire pas mais les entendait ; cela l’émouvait.
Manine repoussa doucement les bras de son amie afin de pouvoir se lever : elle avait un urgent besoin de juguler les effets secondaires du thé que les deux jeunes femmes venaient de boire ! Après quoi elle alla tout droit à son petit réfrigérateur et en inventoria le contenu. Satisfaite, elle sortit une tranche de jambon blanc qu’elle découpa en petits carrés, une pomme de terre cuite qui suivit le même chemin, un demi-concombre et une tomate qui vinrent compléter le tout dans un saladier. Elle ajouta le contenu d’une petite boite de maïs doux et prépara une jolie vinaigrette bien acidulée avant d’apporter le tout sur la table de son coin repas.
- Marine, puis-je t’inviter à une dînette avec moi, ce sera plus sympa que de rentrer seule chez toi, tu veux bien ?
Marine la regarda avec une reconnaissance mêlée de peur, cette peur de l’inconnu qui la saisissait chaque fois qu’elle sortait des sentiers battus.
- Merci Manine, je veux bien ? J’avoue que l’idée de rester seule ne me ravirait pas…
Après avoir mangé avec plaisir la salade composée que Manine venait d’improviser, les deux jeunes femmes s’assirent de nouveau sur le canapé, sans dire un mot. Marine regardait cette amie tombée d’un ciel ancien de six années en se disant qu’elle avait de la chance de l’avoir retrouvée ce jour-là, par hasard. Mais le hasard existait-il vraiment ?
Manine la regardait également avec dans le regard autant de curiosité que de tendresse, de compassion que de désir. Elle se disait que cette amie lui ressemblait énormément, physiquement… Elles faisaient la même taille, avaient les cheveux du même brun sombre. Leurs visages ovales se ressemblaient un peu, à la différence de leurs yeux, très clairs chez Manine et bleu saphir chez Marine. D’ailleurs, lorsqu’elles étaient à la fac ensemble, six ans plus tôt, on les prenait souvent pour des sœurs jumelles ! Elle la trouvait si belle… ce qui ne laissait pas de l’étonner car Manine ne se trouvait pas spécialement jolie !
Finalement, Manine se pencha un tout petit peu, le temps d’un baiser sur les lèvres de son amie. Marine ne cilla pas : Manine lui donna un second baiser, un tout petit peu plus appuyé, plus long aussi, laissant cette fois sa langue venir à la rencontre de ces jolies lèvres qu’elle adorait. Marine répondit en faisant de même. Alors Manine prit la main de son amie et l’emmena vers son lit où les deux amies roulèrent aussitôt dans un tumultueux baiser où leurs jambes s’emmêlaient et se démêlaient avant de recommencer, où leurs mains ne savaient trop où donner leurs caresses, cherchant -et réussissant- à se glisser sous les vêtements pour les prodiguer à même la peau, se griser de sa finesse, de sa tiédeur.
Manine ouvrit la danse en déboutonnant le chemisier de Marine, tandis qu’elle sentait la fermeture éclair de sa jupe descendre sous les doigts de sa partenaire. Pendant qu’elle dégrafait le joli soutien-gorge de dentelle de son amie, Manine dut s’interrompre un moment, le temps de laisser passer par-dessus sa tête le fin polo que Marine avait entrepris de lui ôter. Elle régala son regard de la belle poitrine de son amie avant de descendre à ses pieds pour retirer, une à une, les jambes très ajustées de son jean moulant. Elle admira les jolies jambes de son amie et y laissa glisser ses mains tout du long jusqu’à se retrouver allongée sur elle, le temps d’un nouveau baiser.
Marine se mit à rire :
- Pff, il en reste encore un peu !
- Je vais y remédier, ne t’en fais pas !
Manine ôta sa propre culotte et, suavement, fit glisser celle de Marine avant de reprendre la pose, allongée sur elle. Marine se remémora comment, ce matin même, elle s’était trouvée elle-même dans cette position, allongée sur sa chère Coralie qui semblait la trouver tellement agréable. Elle comprit immédiatement pourquoi : elle avait maintenant la sensation que son amie se donnait ainsi tout-à-fait, totalement, à elle. Et elle le lui rendait bien.
Tout en recevant d’elle un fougueux baiser, Marine caressait chaque centimètre carré accessible de la peau de Manine de ses mains gourmandes. En les faisant glisser sur ses fesses, elle eut un sursaut.
- Qu’est-ce que tu as là ?
Manine eut un petit rire et se laissa rouler sur son dos, regroupa ses genoux sur sa poitrine, découvrant l’intimité de ses plus belles rondeurs où l’on pouvait voir scintiller une rosace bleu ciel…
- C’est mon plug !
- Qu’est-ce que c’est ?
- C’est mon seul bijou, un bijou plutôt intime, j’avoue ! Je ne l’avais pas mis depuis des mois, c’est un peu le hasard, si tu le vois aujourd’hui.
Manine le sortit délicatement de son étui de chair en tirant doucement dessus et Marine vit avec stupeur émerger une sorte de grosse ogive métallique aux reflets étincelants. Puis Manine le repoussa lentement, le fit revenir à sa place précédente en émettant un petit gémissement de satisfaction. La rosace bleu-ciel reprit sa place entre les fesses de la jeune femme. Marine était étonnée mais aussi émoustillée à la fois.
- À quoi cela sert-il ?
- Ah, ça ! C’est destiné à donner des sensations très agréables quand on marche, déjà. Tu es dans la rue, tu regardes les monuments, tu profites du soleil, du sourire des gens et, à chaque pas, tu ressens cette petite excitation produite par ton plug sur toutes tes parties intimes. Parfois c’est très doux, presque imperceptible, et parfois c’est très fort. Tu sais, un jour, ça m’est même arrivé d’avoir un orgasme en marchant dans la rue, rien que par mon plug… Et puis, bien sûr, si tu le portes quand tu fais l’amour, cela peut facilement décupler ton plaisir !
Marine regardait, fascinée, la pierre bleue.
- C’est du verre, le truc bleu ?
- Non, c’est un saphir birman très clair ; je l’avais acheté lors d’un voyage en Asie il y a trois ans. Le bijoutier à qui je l’ai fait monter, ici à Paris, est passé par toutes les couleurs de l’arc-en-ciel, tu peux me croire !
- Mais, dis, tu portes ça tout le temps ?
- Bien sûr que non ! Je reste parfois très longtemps sans m’en servir. Tu sais, c’est comme tout ce qui te donne de l’excitation, du plaisir, si tu en as tous les jours, à chaque instant, ça devient ordinaire, ça finit par ne plus rien te faire. Non, je l’ai retrouvé ce matin en cherchant quelle culotte j’allais mettre pour sortir et je me suis dit : tiens, il fait beau, je vais me mettre en jupe. Et cet après-midi, j’ai eu envie de me promener au soleil en jouissant un peu de la situation. Je suis rentrée à la maison et je l’ai mis en place, je suis ressortie en me disant que j’allais bien en profiter et c’est à ce moment que le destin m’a fait te rencontrer ! J’aurais bien voulu l’ôter en arrivant ici avec toi mais… devant toi, c’était un peu cru. Et je ne voulais pas t’abandonner aussitôt pour filer aux toilettes. Alors je l’ai gardé, voilà : tu sais tout !
Marine avait le caillou bleu, là, devant elle, offert et, comme posé sur la pierre bleue, sexe de son amie. Machinalement, presque, elle porta les doigts à l’étrange bijou. Elle l’effleura du bout de l’index, faisant pousser à Manine un soupir d’aise. Du bijou, ses doigts montèrent vers ces petites lèvres charnues, gorgées de désir, le petit repli dissimulant le pistil de sa fleur de plaisir, l’ouverture plus large, plus bas, à peine au dessus du cristal bleu ; Manine tressaillit aussitôt. Lorsqu’elle toucha de nouveau, plus fermement le bijou intime, ce fut un râle suppliant qui lui parvint. Mue par une nouvelle inspiration, elle se pencha et posa un petit baiser sur cette jolie fleur, suivi d’un petit coup de sa langue sur ces mêmes enivrants pétales rosés. Elle revoyait ce que Coralie lui avait fait, le matin même… Elle recommença, avec plus d’application, allant plus loin, plus profond dans sa caresse. Puis elle se mit à rire.
- Qu’y a-t-il de si drôle ?
- Manine, je réalise qu’il y a bientôt six ans j’ai repoussé avec une constance et une fermeté sans faille tes avances pourtant insistantes, au nom de ma parfaite orthodoxie hétérosexuelle, à laquelle je me tenais encore fermement hier soir… Et aujourd’hui, c’est moi qui te déguste le minou ! C’est la toute première fois de ma vie que je fais cela, tu sais ? Et je vais te faire un aveu : j’aime beaucoup te le faire, ça me plaît énormément. Je suis dans un état d’excitation absolument dément !
Marine reprit sa caresse. Elle activait en même temps le bijou bleu de ses doigts en tirant dessus jusqu’à le faire presque sortir avant de le laisser rentrer tout seul, tout en faisant passer sa langue dans tous les endroits où elle savait qu’elle-même adorerait qu’on le lui fît. Manine s’était mise à haleter :
- Ah oui, ah oui, comme ça, oui… Ne change rien, tu es une fée, ma belle ! J’ai rêvé cet instant pendant tant d’années… Je n’arrive pas à croire qu’il est venu ! Oh oui, Continue, ne t’arrête pas… Je t’en supplie, ne t’arrête pas ! Oui, oh oui…
Elle laissa fuser une longue plainte tandis que son ventre était parcouru d’ondes de plaisir se succédant l’une à l’autre, longuement, puissamment. Les yeux fermés, elle savoura ce moment merveilleux.
- Continue à me lécher, s’il te plaît, très doucement, en me regardant. Et retire-moi mon plug, maintenant, en me regardant, si tu veux bien.
Marine s’exécuta : tout en continuant sa caresse d’une langue faite toute tendresse, elle tira doucement sur le bijou, avant de lécher doucement, tendrement, l’endroit où il se trouvait, les yeux dans ceux de son amie. Manine lui tendit sa main où elle déposa l’objet.
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1 avis des lecteurs et lectrices après lecture : Les auteurs apprécient les commentaires de leurs lecteurs
Les avis des lecteurs
très bien écrit. Il me tarde la suite