Fusion amoureuse
Récit érotique écrit par Veilleur [→ Accès à sa fiche auteur]
Auteur homme.
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Histoire érotique Publiée sur HDS le 29-06-2012 dans la catégorie Entre-nous, hommes et femmes
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Fusion amoureuse
Sylvie se colle à moi, ses deux bras entourent mon cou, son parfum m’enivre, son regard mouillé se plante dans mes yeux, sa bouche s’empare de mes lèvres. Oui, cela a été dur, pour elle comme pour moi. Et soudain, ce long baiser, très doux, très long, c’est une délivrance. Un éclair! La mélancolie, les regrets, sur le champ, sont oubliés. Nous nous regardons étonnés, frappés par la foudre.
-Qu’attendais-tu pour venir chez moi? Je t’avais dit que si tu étais seul, je serais là. Ca fait si longtemps que j’espérais. Je ne te plais pas?
-Au contraire, tu es si belle. Trop belle pour moi. Je n’ai pas osé croire que tu t’intéresserais à moi. Et puis j’avais un deuil à faire.
-Oh! Le sot timide. Pendant que je me languissais, il avait peur. Ce n’est pas vrai, pas possible. Trop belle pour lui! Et quoi encore? Approche.
Et c’est reparti pour un tour: pour rien au monde je ne donnerais ma place.
Elle m’insuffle cette assurance qui me manquait. Quelle étreinte, quel baiser. La chape de timidité s’évanouit et cette fois je donne autant que je reçois dans cet échange. Toutes les barrières sautent, le salon en est illuminé. Le paradis, ça doit être ça. Une langue vient te chatouiller le palais, te faire frissonner des pieds à la tête, lutter contre la tienne. Je ne suis pas puceau, deux années de vie conjugale avec une Rose chaude comme la braise c’est une expérience inoubliable. Aujourd’hui pourtant je réapprends l’art du baiser. Sylvie est une femme mure, la passion chez elle l’emporte sur le goût du jeu. Alors l’oublié, le délaissé, le frustré laisse parler son envie refoulée, je rends un baiser torride, plein de fougue. Je suis jeune, mais aux âmes bien nées, la valeur n’attend pas le nombre des années et s’il s’agit d’embrasser à pleine bouche je suis plus vaillant qu’avec une épée. Sylvie aiguillonne mon désir et je me lance à corps perdu dans cet échange buccal si savoureux.
- Eh! Bien, dis donc. Tout ça couvait en toi, tu te cachais. Tu peux avoir confiance en toi, jamais personne ne m’a montré une telle ardeur. J’adore t’embrasser. Encore.
Je suis aussi insatiable que Sylvie. Ce corps pressé contre le mien me fait oublier toute décence. Quand malheureusement il faut se séparer, Sylvie a un sourire entendu. Elle a senti et sait ce qu’elle a éveillé chez le solitaire. Il est des bosses qui trahissent un homme; homme je suis, bosse il y a. Et ce n’est pas pour lui déplaire. Le dos de sa main effleure ma joue, elle me caresse du regard, elle m’envoûte.
-Allez, mon ami, prépare toi et viens me rejoindre chez moi dès que tu seras présentable. N’oublie pas de te raser.
Effectivement, j’ai négligé mon apparence depuis que Rose… Rose, le départ de Rose, l’absence de Rose, la possibilité du retour de Rose, Rose ici, Rose là. Le dernier piège de Rose. Mon deuil est terminé. Je vois la vie en … rose mais à travers Sylvie. Elle m’a appelé « mon ami ». Embrasse-t-on un ami de cette façon. Mon cœur est fou, je suis heureux.
-Paul, ce bal est notre bal. Je ne veux danser qu’avec toi et je t’interdis de danser avec une autre femme, bien compris. Jure et embrasse-moi sans éclater ma coiffure.
La merveilleuse interdiction. Qu’a-t-elle rajouté: je ne sais pas, mais quand je la rejoins je la trouve encore plus belle, plus naturellement troublante, à la fois désireuse de plaire et sure de son charme. Elle doit avoir environ cinq ans de plus que moi, son autorité naturelle m’en impose, et son regard me fait chavirer. C’est comme si je changeais de catégorie, je passe d’une jeune femme encore insouciante à une femme posée. C’est indéfinissable de se sentir ainsi apprécié et désiré par cette femme sur laquelle je n’aurais osé porter mon regard. Quelle allure, quel port. Et c’est bien moi qu’elle savoure dans ce nouveau baiser. Et c’est bien elle que j’enlace et que j’embrasse. Je ne rêve pas.
-Encore ceci: Gilles dépité de mon refus s’est fâché et m’a lancé sa réservation. Nous aurons donc deux places réservées : tout mon bonheur sera de danser avec toi!
Nous ne sommes pas les premiers, le bal est déjà lancé. Sylvie décide de trouver nos places, je dois l’attendre à l’entrée. Je regarde la piste. A quelques pas devant moi, un couple oublie le monde qui l’entoure, bouches soudées, bras de la femme jetés autour du cou de son compagnon, ventres plaqués l’un contre l’autre. Elle balance ses hanches en avant, vers l’homme, provocante, à la limite de la décence.
Enlevez les étoffes et ils feront l’amour en public, sans vergogne. Ils tournent sur place. Je reconnais en premier la robe; je l’ai vue aujourd’hui. Cette femme collée amoureusement à son cavalier, c’est celle qui m’a juré, il y a quelques heures seulement, que je serais désormais le seul homme de sa vie. Sylvie me secoue, suit mon regard, ouvre de grands yeux et me tire énergiquement vers notre table. Sylvie ne me laisse pas le temps de penser à ce que je viens de voir. Le remède à la mélancolie elle le connaît.
-Allons danser. Montre-moi que tu n’as pas tout oublié dans ton antre.
Elle plonge son regard dans le mien, affirme sa présence, me tient, me guide, me met en appétit, m’impose le rythme. Son sourire, son parfum, sa chaleur, son envie de me plaire et de s’amuser me dégèlent. C’est un réveil lent, progressif. J’oublie Rose, je suis si bien avec Sylvie. De mené, je redeviens meneur pour le plus grand bonheur de ma danseuse. Nous évitons les embrassades passionnées en public, mais nous ne sommes plus deux amis amateurs de danse. Yeux dans les yeux, sans efforts apparents, nous glissons sur le parquet avec le plaisir enivrant d’évoluer avec grâce, en un corps à corps voluptueux
-J’adore danser avec toi.
-Merci, moi aussi. Je suis heureux de m’accorder aussi bien avec toi.
On se sourit; on s’entend de mieux en mieux. A la pause, Sylvie ne craint plus d’aborder le sujet grave:
-Tu as vu Rose: que penses-tu de ses déclarations de cet après-midi?
-C’était un piège. Elle agissait sur commande.
-Tu as bien fait d’être prudent. Tu ne le regrettes pas?
-Tu es là et ça me suffit. Viens retournons en piste, j’ai besoin de te sentir dans mes bras.
-Et moi contre toi, tendre voyou. Tu bandes toujours comme ça en dansant?
- Excuse-moi. Il y a longtemps que je n’ai pas serré une femme, tu es tellement excitante, je ne maîtrise pas mes réactions.
-Je suis flattée de l’effet produit sur toi. Je te promets mieux si tu veux.
Le temps du dépit amoureux est passé, je pénètre dans une nouvelle vie, pleine de promesses. Sylvie est une révélation. Elle me procure une sensation de sécurité inaccoutumée. Elle est solide, aussi sure moralement que physiquement belle. Le rêve devenu réalité. Le confort, le calme mais aussi la vie, l‘aspiration à l‘épanouissement sexuel en prime si je comprends bien. Elle n’a pas besoin de faire une déclaration d’amour, ses yeux sont assez expressifs. Nous nous inscrivons au concours de danse par couple.
-Serai-je à la hauteur?
-Viens donc au lieu de gamberger. Entraînons-nous. Je vais te montrer quelques astuces, je crois que nous pouvons être parmi les meilleurs. Ce sera amusant.
-Prenons du plaisir et peu importe le résultat.
Un parfum connu approche de notre table, une voix ravissante murmure à mon oreille. Avant moi Sylvie a vu l’arrivée de Rose et guette ma réaction.
-Chéri, m’accorderas-tu une danse ce soir? Tu sais, il va y avoir un concours. Nous pourrions le gagner si tu dansais avec moi. Tu te souviens, il y a deux ans.
-Bonsoir Rose. Il y a deux ans nous étions amoureux et mariés, te souviens-tu ? Je regrette, mais Sylvie et moi sommes déjà engagés ensemble. Il y a longtemps que tu es là?
-Non, j’arrive et depuis l’entrée je t’ai vu danser, bonne chance. La prochaine fois je t’inviterai plus tôt.
-Tu vas concourir?
-Il faut que je me trouve un cavalier-Va vite, le garçon que tu embrassais quand nous sommes arrivés doit s’impatienter.
Cette fois le mensonge m’a rendu cruel. Elle a compris et s’en va cacher sa rougeur et sa honte.
-Cette fille ne peut pas s’empêcher de mentir.
-C’est-ce qui a tout gâché entre nous.
RAPPEL pour ceux qui n’auraient pas lu « Pourquoi Rose1 et 2 » ou plus récemment « Le coup de foudre» du 28/5/2012 . Rose, ex femme du narrateur, l’a trompé avec Gilles, ex-mari de Sylvie. Pour faire annuler la procédure de divorce en cours, elle a tenté de renouer sexuellement avec Paul qui a évité le piège.
Elle a retrouvé son cavalier. Celui-ci nous rejoint:-Est-il vrai que vous soyez le mari de Rose et que vous vous moquiez qu’elle m’embrasse? Ca vous laisse vraiment indifférent?
Que cherche-t-il?
-C’est une question d’habitude, vous verrez, elle est comme ça. S’il vous faut mon autorisation pour l’embrasser ou pour coucher avec elle, comme vous l’avez fait la nuit dernière, vous l’avez.
-Quoi, elle vous l’a dit?
-Elle est à vous, tous mes voeux.
Je lui souris. Qu’il m’en débarrasse. Sylvie vient à mon secours:-Chéri, dansons, qu’ils soient heureux.
L’autre n’y comprend plus rien. Il peut librement embrasser ma femme et coucher et j’ai une autre chérie. Moi aussi j’ai entendu ce « chéri »Quand on a le bonheur de glisser avec légèreté en compagnie d’une beauté aussi douée que Sylvie, au fur et à mesure des éliminations des candidats moins prisés du jury, on finit par attirer les regards. Les commentaires vont bon train. A plusieurs reprises des doigts désignent Rose et son compagnon ou notre couple. Gilles et Sylvie étaient très connus dans la ville
-Ne les écoute pas, Paul, ne te raidis pas, reste souple. Oui, c’est bien comme ça.
Regarde mes yeux.
Nous évoluons, Sylvie semble ravie, je suis sur un nuage. Il faut en descendre pour recevoir le bouquet des vainqueurs, les applaudissements de circonstances et deux gros bisous sur les joues d’une cavalière dont la voix douce me glisse-Toi, tu ne perds rien pour attendre.
Cette promesse de Sylvie n’a rien d’une menace.
Au premier rang, Rose applaudit. Les amis et connaissances de Sylvie la félicitent et l’embrassent. Modeste et souriante, elle tient fermement ma main et m’associe à ce succès. Le photographe du journal local prend une magnifique photo au moment où nous nous regardons comblés de bonheur. J’ai entendu çà et là que c’est la beauté de la jeune femme qui a été primée. Je suis fier d’être son servant.
A peine assis pour lever une coupe à notre succès, nous assistons à une bousculade.
C’est à qui fera danser Sylvie.
-Paul, je te présente Roger, un ami, prof de math dans le lycée où j’enseigne l’allemand.
-Bonsoir Sylvie. Quel plaisir de te revoir. Tu as enfin décidé de sortir. C’était navrant. Mais où est Gilles, il nous avait annoncé votre réconciliation? Vous deviez la fêter ici ce soir. Est-il malade?
-Bonsoir Juliette. Paul, voici l’épouse de Roger. Il y a erreur, nous ne nous sommes pas remis ensemble, Gilles affabule. Permettez-moi de vous présenter mon fiancé Paul.
Juliette, Roger et quelques membres du cercle autour de notre table tombent des nues, hypocritement: ils nous ont vu danser, savent à quoi s’en tenir. Le plus étonné c’est moi. Je souris béatement à l’annonce de ma promotion inattendue au rang de fiancé. Sylvie enchaîne:
-Ce soir nous célébrons nos fiançailles, vous voudrez me pardonner de ne pas danser avec vous, ma nuit est réservée à Paul, mon amour.
Incrédules ils scandent:
-Un bisou, un bisou, un bisou
Sylvie se lève, se tourne vers moi, me tend les bras. Il n’y a pas à hésiter.
Je me dresse et sous les applaudissements, nous échangeons un baiser d’amoureux, le premier en public, un vrai, plein de la passion qui jusque là s’imposait de la retenue. Les amateurs de « bisou » sont servis! Jamais je n’aurais osé le demander ou le voler. Fiancé réel ou fictif, je reçois sous les yeux des amis et du public ce baiser réel de Sylvie. Elle ne fait pas semblant, les plus suspicieux cette fois seront convaincus. Et pour me convaincre, lorsque nos lèvres se séparent, Sylvie me gratifie d’un large sourire satisfait, souligné d’un « Merci mon amour » jusque là improbable. La tête me tourne.
Le bal terminé, il faut rentrer. Qu’en restera-t-il?
-Heureux? Tu ne m’en veux pas d’avoir annoncé nos fiançailles? Je t’ai surpris, mais c’était l’unique moyen de nous défaire de cette troupe parfois collante. Pardonne la surprise. Elle n’était pas préméditée.
-Merci de m’avoir invité. Tu m’as fait vivre une soirée magnifique. J’ai dû faire beaucoup de jaloux: mais, cette annonce n’était donc qu’un stratagème? Alors excuse-moi de t’avoir si amoureusement embrassée. Un moment je me suis pris à ton jeu, j’y ai cru.
-Mais si tu le souhaites, tu peux y croire. Pour se fiancer, il faut être deux. Je ne t’avais pas demandé ton avis, maintenant dis-moi, accepterais-tu de t’engager avec moi. Je le souhaite et toi?
-Est-ce bien sûr? Ne te crois pas obligée par ta déclaration.
-Veux-tu entrer, j’ai préparé un repas froid, nous le partagerons. Et nous pourrons discuter tranquillement.
Nous sommes dans l’entrée, porte fermée. Sylvie me tient par la main pour me faire gravir l’escalier. Sur le palier elle se tourne vers moi, me fixe:
-Paul voudras-tu de moi pour épouse?
-Si tu veux de moi, j’accepte avec joie de t’épouser.
Aussitôt Sylvie laisse éclater sa joie, m’étreint et m’offre sa bouche pour un nouveau baiser. Sans témoin indiscret, cette fois. On peut imaginer la fougue qui nous pousse l’un vers l’autre, les élans amoureux de deux cœurs assoiffés de compréhension et d’affection, de deux âmes avides d’espérance et les exigences sexuelles de deux jeunes corps laissés en friche pendant de longs mois, au moment où deux êtres se rencontrent, reconnaissent qu’ils sont faits l’un pour l’autre et décident de s’unir.
Nous oublions le repas froid. Nous nous embrassons, nos bouches ne veulent plus se quitter.
-Paul veux-tu de moi?
Nous quittons manteaux, pulls; nous nous regardons quelques secondes et nous reprenons le déshabillage, chacun offre à l’autre le spectacle d’un striptease rapide puis hésitant quand il faut pour la première fois se montrer nu devant l’être cher.
C’est étrange de retrouver cette pudeur qui retarde la découverte du corps désiré.
Avec émotion je me remplis de l’image nouvelle de ce corps de femme en pleine santé: tout est neuf, les seins légers, le bombé à peine dessiné du ventre sous le nombril, la saillie des hanches, les fuseaux des cuisses. Ce n‘est plus une frêle adolescente, ni une jeune mariée de vingt ans, sa taille ne s‘entoure pas avec les doigts de deux mains, elle est belle, épanouie, elle est désirable. De son côté Sylvie, un instant en arrêt, se penche pour me retirer le dernier morceau de tissu et pour dévoiler ma virilité en évolution. Je la désire, cela se voit! A mon tour je baisse son dernier rempart et découvre sous le triangle de soie la blondeur de la toison et le fin ronflement des lèvres aux reflets plus sombres.
-Qu’attendais-tu pour venir chez moi? Je t’avais dit que si tu étais seul, je serais là. Ca fait si longtemps que j’espérais. Je ne te plais pas?
-Au contraire, tu es si belle. Trop belle pour moi. Je n’ai pas osé croire que tu t’intéresserais à moi. Et puis j’avais un deuil à faire.
-Oh! Le sot timide. Pendant que je me languissais, il avait peur. Ce n’est pas vrai, pas possible. Trop belle pour lui! Et quoi encore? Approche.
Et c’est reparti pour un tour: pour rien au monde je ne donnerais ma place.
Elle m’insuffle cette assurance qui me manquait. Quelle étreinte, quel baiser. La chape de timidité s’évanouit et cette fois je donne autant que je reçois dans cet échange. Toutes les barrières sautent, le salon en est illuminé. Le paradis, ça doit être ça. Une langue vient te chatouiller le palais, te faire frissonner des pieds à la tête, lutter contre la tienne. Je ne suis pas puceau, deux années de vie conjugale avec une Rose chaude comme la braise c’est une expérience inoubliable. Aujourd’hui pourtant je réapprends l’art du baiser. Sylvie est une femme mure, la passion chez elle l’emporte sur le goût du jeu. Alors l’oublié, le délaissé, le frustré laisse parler son envie refoulée, je rends un baiser torride, plein de fougue. Je suis jeune, mais aux âmes bien nées, la valeur n’attend pas le nombre des années et s’il s’agit d’embrasser à pleine bouche je suis plus vaillant qu’avec une épée. Sylvie aiguillonne mon désir et je me lance à corps perdu dans cet échange buccal si savoureux.
- Eh! Bien, dis donc. Tout ça couvait en toi, tu te cachais. Tu peux avoir confiance en toi, jamais personne ne m’a montré une telle ardeur. J’adore t’embrasser. Encore.
Je suis aussi insatiable que Sylvie. Ce corps pressé contre le mien me fait oublier toute décence. Quand malheureusement il faut se séparer, Sylvie a un sourire entendu. Elle a senti et sait ce qu’elle a éveillé chez le solitaire. Il est des bosses qui trahissent un homme; homme je suis, bosse il y a. Et ce n’est pas pour lui déplaire. Le dos de sa main effleure ma joue, elle me caresse du regard, elle m’envoûte.
-Allez, mon ami, prépare toi et viens me rejoindre chez moi dès que tu seras présentable. N’oublie pas de te raser.
Effectivement, j’ai négligé mon apparence depuis que Rose… Rose, le départ de Rose, l’absence de Rose, la possibilité du retour de Rose, Rose ici, Rose là. Le dernier piège de Rose. Mon deuil est terminé. Je vois la vie en … rose mais à travers Sylvie. Elle m’a appelé « mon ami ». Embrasse-t-on un ami de cette façon. Mon cœur est fou, je suis heureux.
-Paul, ce bal est notre bal. Je ne veux danser qu’avec toi et je t’interdis de danser avec une autre femme, bien compris. Jure et embrasse-moi sans éclater ma coiffure.
La merveilleuse interdiction. Qu’a-t-elle rajouté: je ne sais pas, mais quand je la rejoins je la trouve encore plus belle, plus naturellement troublante, à la fois désireuse de plaire et sure de son charme. Elle doit avoir environ cinq ans de plus que moi, son autorité naturelle m’en impose, et son regard me fait chavirer. C’est comme si je changeais de catégorie, je passe d’une jeune femme encore insouciante à une femme posée. C’est indéfinissable de se sentir ainsi apprécié et désiré par cette femme sur laquelle je n’aurais osé porter mon regard. Quelle allure, quel port. Et c’est bien moi qu’elle savoure dans ce nouveau baiser. Et c’est bien elle que j’enlace et que j’embrasse. Je ne rêve pas.
-Encore ceci: Gilles dépité de mon refus s’est fâché et m’a lancé sa réservation. Nous aurons donc deux places réservées : tout mon bonheur sera de danser avec toi!
Nous ne sommes pas les premiers, le bal est déjà lancé. Sylvie décide de trouver nos places, je dois l’attendre à l’entrée. Je regarde la piste. A quelques pas devant moi, un couple oublie le monde qui l’entoure, bouches soudées, bras de la femme jetés autour du cou de son compagnon, ventres plaqués l’un contre l’autre. Elle balance ses hanches en avant, vers l’homme, provocante, à la limite de la décence.
Enlevez les étoffes et ils feront l’amour en public, sans vergogne. Ils tournent sur place. Je reconnais en premier la robe; je l’ai vue aujourd’hui. Cette femme collée amoureusement à son cavalier, c’est celle qui m’a juré, il y a quelques heures seulement, que je serais désormais le seul homme de sa vie. Sylvie me secoue, suit mon regard, ouvre de grands yeux et me tire énergiquement vers notre table. Sylvie ne me laisse pas le temps de penser à ce que je viens de voir. Le remède à la mélancolie elle le connaît.
-Allons danser. Montre-moi que tu n’as pas tout oublié dans ton antre.
Elle plonge son regard dans le mien, affirme sa présence, me tient, me guide, me met en appétit, m’impose le rythme. Son sourire, son parfum, sa chaleur, son envie de me plaire et de s’amuser me dégèlent. C’est un réveil lent, progressif. J’oublie Rose, je suis si bien avec Sylvie. De mené, je redeviens meneur pour le plus grand bonheur de ma danseuse. Nous évitons les embrassades passionnées en public, mais nous ne sommes plus deux amis amateurs de danse. Yeux dans les yeux, sans efforts apparents, nous glissons sur le parquet avec le plaisir enivrant d’évoluer avec grâce, en un corps à corps voluptueux
-J’adore danser avec toi.
-Merci, moi aussi. Je suis heureux de m’accorder aussi bien avec toi.
On se sourit; on s’entend de mieux en mieux. A la pause, Sylvie ne craint plus d’aborder le sujet grave:
-Tu as vu Rose: que penses-tu de ses déclarations de cet après-midi?
-C’était un piège. Elle agissait sur commande.
-Tu as bien fait d’être prudent. Tu ne le regrettes pas?
-Tu es là et ça me suffit. Viens retournons en piste, j’ai besoin de te sentir dans mes bras.
-Et moi contre toi, tendre voyou. Tu bandes toujours comme ça en dansant?
- Excuse-moi. Il y a longtemps que je n’ai pas serré une femme, tu es tellement excitante, je ne maîtrise pas mes réactions.
-Je suis flattée de l’effet produit sur toi. Je te promets mieux si tu veux.
Le temps du dépit amoureux est passé, je pénètre dans une nouvelle vie, pleine de promesses. Sylvie est une révélation. Elle me procure une sensation de sécurité inaccoutumée. Elle est solide, aussi sure moralement que physiquement belle. Le rêve devenu réalité. Le confort, le calme mais aussi la vie, l‘aspiration à l‘épanouissement sexuel en prime si je comprends bien. Elle n’a pas besoin de faire une déclaration d’amour, ses yeux sont assez expressifs. Nous nous inscrivons au concours de danse par couple.
-Serai-je à la hauteur?
-Viens donc au lieu de gamberger. Entraînons-nous. Je vais te montrer quelques astuces, je crois que nous pouvons être parmi les meilleurs. Ce sera amusant.
-Prenons du plaisir et peu importe le résultat.
Un parfum connu approche de notre table, une voix ravissante murmure à mon oreille. Avant moi Sylvie a vu l’arrivée de Rose et guette ma réaction.
-Chéri, m’accorderas-tu une danse ce soir? Tu sais, il va y avoir un concours. Nous pourrions le gagner si tu dansais avec moi. Tu te souviens, il y a deux ans.
-Bonsoir Rose. Il y a deux ans nous étions amoureux et mariés, te souviens-tu ? Je regrette, mais Sylvie et moi sommes déjà engagés ensemble. Il y a longtemps que tu es là?
-Non, j’arrive et depuis l’entrée je t’ai vu danser, bonne chance. La prochaine fois je t’inviterai plus tôt.
-Tu vas concourir?
-Il faut que je me trouve un cavalier-Va vite, le garçon que tu embrassais quand nous sommes arrivés doit s’impatienter.
Cette fois le mensonge m’a rendu cruel. Elle a compris et s’en va cacher sa rougeur et sa honte.
-Cette fille ne peut pas s’empêcher de mentir.
-C’est-ce qui a tout gâché entre nous.
RAPPEL pour ceux qui n’auraient pas lu « Pourquoi Rose1 et 2 » ou plus récemment « Le coup de foudre» du 28/5/2012 . Rose, ex femme du narrateur, l’a trompé avec Gilles, ex-mari de Sylvie. Pour faire annuler la procédure de divorce en cours, elle a tenté de renouer sexuellement avec Paul qui a évité le piège.
Elle a retrouvé son cavalier. Celui-ci nous rejoint:-Est-il vrai que vous soyez le mari de Rose et que vous vous moquiez qu’elle m’embrasse? Ca vous laisse vraiment indifférent?
Que cherche-t-il?
-C’est une question d’habitude, vous verrez, elle est comme ça. S’il vous faut mon autorisation pour l’embrasser ou pour coucher avec elle, comme vous l’avez fait la nuit dernière, vous l’avez.
-Quoi, elle vous l’a dit?
-Elle est à vous, tous mes voeux.
Je lui souris. Qu’il m’en débarrasse. Sylvie vient à mon secours:-Chéri, dansons, qu’ils soient heureux.
L’autre n’y comprend plus rien. Il peut librement embrasser ma femme et coucher et j’ai une autre chérie. Moi aussi j’ai entendu ce « chéri »Quand on a le bonheur de glisser avec légèreté en compagnie d’une beauté aussi douée que Sylvie, au fur et à mesure des éliminations des candidats moins prisés du jury, on finit par attirer les regards. Les commentaires vont bon train. A plusieurs reprises des doigts désignent Rose et son compagnon ou notre couple. Gilles et Sylvie étaient très connus dans la ville
-Ne les écoute pas, Paul, ne te raidis pas, reste souple. Oui, c’est bien comme ça.
Regarde mes yeux.
Nous évoluons, Sylvie semble ravie, je suis sur un nuage. Il faut en descendre pour recevoir le bouquet des vainqueurs, les applaudissements de circonstances et deux gros bisous sur les joues d’une cavalière dont la voix douce me glisse-Toi, tu ne perds rien pour attendre.
Cette promesse de Sylvie n’a rien d’une menace.
Au premier rang, Rose applaudit. Les amis et connaissances de Sylvie la félicitent et l’embrassent. Modeste et souriante, elle tient fermement ma main et m’associe à ce succès. Le photographe du journal local prend une magnifique photo au moment où nous nous regardons comblés de bonheur. J’ai entendu çà et là que c’est la beauté de la jeune femme qui a été primée. Je suis fier d’être son servant.
A peine assis pour lever une coupe à notre succès, nous assistons à une bousculade.
C’est à qui fera danser Sylvie.
-Paul, je te présente Roger, un ami, prof de math dans le lycée où j’enseigne l’allemand.
-Bonsoir Sylvie. Quel plaisir de te revoir. Tu as enfin décidé de sortir. C’était navrant. Mais où est Gilles, il nous avait annoncé votre réconciliation? Vous deviez la fêter ici ce soir. Est-il malade?
-Bonsoir Juliette. Paul, voici l’épouse de Roger. Il y a erreur, nous ne nous sommes pas remis ensemble, Gilles affabule. Permettez-moi de vous présenter mon fiancé Paul.
Juliette, Roger et quelques membres du cercle autour de notre table tombent des nues, hypocritement: ils nous ont vu danser, savent à quoi s’en tenir. Le plus étonné c’est moi. Je souris béatement à l’annonce de ma promotion inattendue au rang de fiancé. Sylvie enchaîne:
-Ce soir nous célébrons nos fiançailles, vous voudrez me pardonner de ne pas danser avec vous, ma nuit est réservée à Paul, mon amour.
Incrédules ils scandent:
-Un bisou, un bisou, un bisou
Sylvie se lève, se tourne vers moi, me tend les bras. Il n’y a pas à hésiter.
Je me dresse et sous les applaudissements, nous échangeons un baiser d’amoureux, le premier en public, un vrai, plein de la passion qui jusque là s’imposait de la retenue. Les amateurs de « bisou » sont servis! Jamais je n’aurais osé le demander ou le voler. Fiancé réel ou fictif, je reçois sous les yeux des amis et du public ce baiser réel de Sylvie. Elle ne fait pas semblant, les plus suspicieux cette fois seront convaincus. Et pour me convaincre, lorsque nos lèvres se séparent, Sylvie me gratifie d’un large sourire satisfait, souligné d’un « Merci mon amour » jusque là improbable. La tête me tourne.
Le bal terminé, il faut rentrer. Qu’en restera-t-il?
-Heureux? Tu ne m’en veux pas d’avoir annoncé nos fiançailles? Je t’ai surpris, mais c’était l’unique moyen de nous défaire de cette troupe parfois collante. Pardonne la surprise. Elle n’était pas préméditée.
-Merci de m’avoir invité. Tu m’as fait vivre une soirée magnifique. J’ai dû faire beaucoup de jaloux: mais, cette annonce n’était donc qu’un stratagème? Alors excuse-moi de t’avoir si amoureusement embrassée. Un moment je me suis pris à ton jeu, j’y ai cru.
-Mais si tu le souhaites, tu peux y croire. Pour se fiancer, il faut être deux. Je ne t’avais pas demandé ton avis, maintenant dis-moi, accepterais-tu de t’engager avec moi. Je le souhaite et toi?
-Est-ce bien sûr? Ne te crois pas obligée par ta déclaration.
-Veux-tu entrer, j’ai préparé un repas froid, nous le partagerons. Et nous pourrons discuter tranquillement.
Nous sommes dans l’entrée, porte fermée. Sylvie me tient par la main pour me faire gravir l’escalier. Sur le palier elle se tourne vers moi, me fixe:
-Paul voudras-tu de moi pour épouse?
-Si tu veux de moi, j’accepte avec joie de t’épouser.
Aussitôt Sylvie laisse éclater sa joie, m’étreint et m’offre sa bouche pour un nouveau baiser. Sans témoin indiscret, cette fois. On peut imaginer la fougue qui nous pousse l’un vers l’autre, les élans amoureux de deux cœurs assoiffés de compréhension et d’affection, de deux âmes avides d’espérance et les exigences sexuelles de deux jeunes corps laissés en friche pendant de longs mois, au moment où deux êtres se rencontrent, reconnaissent qu’ils sont faits l’un pour l’autre et décident de s’unir.
Nous oublions le repas froid. Nous nous embrassons, nos bouches ne veulent plus se quitter.
-Paul veux-tu de moi?
Nous quittons manteaux, pulls; nous nous regardons quelques secondes et nous reprenons le déshabillage, chacun offre à l’autre le spectacle d’un striptease rapide puis hésitant quand il faut pour la première fois se montrer nu devant l’être cher.
C’est étrange de retrouver cette pudeur qui retarde la découverte du corps désiré.
Avec émotion je me remplis de l’image nouvelle de ce corps de femme en pleine santé: tout est neuf, les seins légers, le bombé à peine dessiné du ventre sous le nombril, la saillie des hanches, les fuseaux des cuisses. Ce n‘est plus une frêle adolescente, ni une jeune mariée de vingt ans, sa taille ne s‘entoure pas avec les doigts de deux mains, elle est belle, épanouie, elle est désirable. De son côté Sylvie, un instant en arrêt, se penche pour me retirer le dernier morceau de tissu et pour dévoiler ma virilité en évolution. Je la désire, cela se voit! A mon tour je baisse son dernier rempart et découvre sous le triangle de soie la blondeur de la toison et le fin ronflement des lèvres aux reflets plus sombres.
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