Oui ou NON 1
Récit érotique écrit par Accent [→ Accès à sa fiche auteur]
Auteur homme.
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Histoire érotique Publiée sur HDS le 05-09-2018 dans la catégorie Entre-nous, hommes et femmes
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Oui ou NON 1
OUI ou NON 1
Une femme qui te fait l'amour avec tant d'ardeur, qui s'offre avec tant d'impudeur et se livre aussi complètement que Chantal le fait en ce moment, peut-elle rêver de partage ? A deux mains elle ouvre la grenade où elle veut m’accueillir, la voix rauque elle m’invite à la pénétrer. Elle me fait un festival de positions amoureuses, elle sue, elle souffle, elle m'embrasse, m'étreint avec force. Une tornade d’amour l’emporte d’orgasme en orgasme pour mon plus grand bonheur. A-t-elle juré de me tuer de plaisir ce soir de notre quatorzième anniversaire de mariage ? Un déclic s’est produit à l’approche de la quarantaine. Ce devrait être réjouissant pourtant une ombre assombrit mon bonheur.
A quoi reconnaît-on une femme qui se partage ? Doux euphémisme pour désigner une femme qui couche avec deux ou plusieurs hommes, en principe avec son mari et avec un ou plusieurs amants. Voilà à quoi je pense pendant que ma chère Chantal s’évertue à jouir et à me faire jouir, voilà pourquoi aussi je suis si lent à éjaculer. Quels signes montreraient qu'elle n'est pas entièrement à moi ?
Voilà le résultat de la présence bizarre de ce Marco à notre table, ce soir. Il ne m'a pas fait rire, il m'a inquiété, il a fait naître un soupçon déplorable. Parce que, à force de l'entendre proférer ses discours sur l'infidélité libératrice, je me demande s'il n'a pas contaminé Chantal au point qu’elle croie nécessaire de me prouver qu’elle est restée insensible aux raisonnements du jeune homme. Par bonheur, la conduite actuelle de ma femme, son engagement forcené dans notre accouplement plaide en faveur d'un amour, véritable, fort, à l'abri des tentations d'adultère. Mais…j’ai eu chaud
Pour lui montrer que je n’ai pas oublié le quatorzième anniversaire de notre mariage, je suis arrivé les bras chargés. En ouvrant la porte elle s’est écriée :
- Oh ! Mon amour, tu t’es souvenu de notre anniversaire !
En fait je ne l’ai jamais oublié, ni l’an passé, ni les années précédentes. Pourquoi mon cadeau paraît-il exceptionnel tout à coup ? Elle poursuit :
- Ce bouquet de roses est splendide. Viens, plaçons ce magnifique bouquet dans un vase. Il faut que je t’embrasse…
Elle parle bien fort, comme si quelqu’un nous écoutait et devait nous entendre. En effet, je ne tarde pas à le savoir, nous ne sommes pas seuls :
- Je me suis dit que nous ne pouvions pas célébrer seuls cet anniversaire de mariage spécial.
– Qu’a-t-il de « spécial », de différent des autres ou de dautres plus nombreux qui lui succéderont, je l’espère ?
- Il marque la fin du deuxième cycle de 7 ans de notre union et le début d’un troisième cycle. J'ai donc invité deux personnes pour le repas du soir. Notre barbecue sera plus animé en leur compagnie. Il faut que je te les présente sur la terrasse. Attends-toi à rencontrer un couple jeune. En premier vient Véro, la stagiaire qui prépare son master 2 dans mon bureau, c’est presque une amie. Et ensuite il y a Marco. Tu ne le connais pas. En réalité je le connais à peine. Mais ce personnage fait parfois rire tout le bus par ses pitreries, j'ai apprécié son bagout, c’est un boute entrain incroyable et j'ai pensé qu'il était tout indiqué pour entretenir une bonne ambiance ce soir. Quand il se lance, il est inarrêtable. Tu le trouveras drôle, comme l’était sans doute jadis le fou du roi.
Marco ne m'a pas attendu pour captiver l'attention de Véro. Je l'entends en approchant de la terrasse
- La fidélité n’est pas une disposition naturelle, c’est une invention de gens incapables de conserver l'amour de l'être cher. Ils ne reconnaissent pas la liberté d'aimer qui on veut, quand on veut. Par pur égoïsme ils ne permettent pas à l'autre d'aimer librement, ils veulent s'imposer et limiter l'amour à un seul être. Ils font de l’obligation imposée de fidélité une vertu.
-Mais
La jeune femme ne peut pas parler, faire une quelconque objection, il lui coupe la parole :
- Je ne parle pas de mon expérience trop limitée de garçon célibataire de vingt-cinq ans, mais de celles des personnes que j'écoute. Ce sont souvent des femmes mûres qui approchent de la quarantaine.
Ce petit monsieur recueillerait donc les doléances de femmes plus mûres que lui. Etrange confident ! Gigolo peut-être ? Ecoutons-le :
« Au début, disent-elles, c'est tout beau. Tout feu tout flamme, les amoureux vont à la découverte l'un de l'autre : on veut voir, on veut toucher, on veut sentir, on veut goûter, on veut essayer. Tout est si nouveau, si différent, on ne se lasse pas d'explorer les yeux, les joues, la bouche, le corps, les seins, le pantalon ou sous la robe la culotte ; on déclare ses sentiments. On est heureux d'être celui ou celle qui a été choisi(e), on se promet un amour éternel. Passent les années, on tombe dans la routine, dans l'habitude, dans une lassitude presque imperceptible. Les sentiments s’émoussent, l’attirance physique décroît, l’ennui s’insinue, on se met à rêver, on se dit tout bas qu’avec un autre partenaire, il pourrait y avoir un nouveau printemps…
Ainsi évolueraient les quadragénaires qui se seraient confiées à Marco ? Chantal fait elle partie du lot de ces rêveuses insatisfaites, aurait-elle fait des confidences peu flatteuses pour moi à propos de notre vie intime à ce quasi inconnu ? Elle annonce notre venue :
- Marco et Vero, je vous présente Jean, mon mari depuis quatorze ans, ce soir. Marco, je m'inscris en faux. Jean et moi sommes le parfait contre-exemple de tes affirmations.
« tes affirmations » dit Chantal : Tiens, elle tutoie le garçon, pourtant elle est habituellement lente à se montrer familière. Elle ajoute :
- Les années n'ont pas tué notre amour, l'habitude n'a pas entamé la curiosité des premiers temps, nous nous aimons toujours aussi fort. La fidélité existe.
Cette réponse de Chantal me comble d'aise. Devant témoin, elle vient de renouveler clairement ses promesses d'amour de notre mariage et d'affirmer combien elle m'aime et combien je l'aime. Bien sûr tout n'est pas comme à l'époque des fiançailles et du mariage, mais on évolue sans détruire les rêves d'amour. D'ailleurs ce bavard se vante d'écouter les femmes mais il accapare la parole, a-t-il le temps vraiment de bien les écouter²? Il parle trop pour entendre les autres. Ce qu'il prouve aussitôt :
- Je vous félicite d'éprouver encore des sentiments aussi forts après tant d’années. Ce n'est malheureusement pas le cas de tout le monde. Considérons le nombre des divorces et des séparations, il est quasi évident que le mariage est un carcan dont les plus courageux se libèrent. Rendons leur liberté aux époux. Ils repartiront avec une énergie nouvelle dans une autre vie amoureuse. Il en sera fini des contraintes, des obligations castratrices, un nouvel élan portera chacun à aimer encore.
Le prétentieux sociologue autoproclamé m’énerve, j’objecte :
- Vous ne voyez pas le nombre de ceux qui s'aiment et continuent de vivre ensemble ?
- Si, mais combien parmi ces derniers ne sont plus heureux, combien souffrent de la cruauté des institutions, combien n'osent pas franchir le pas et se soustraire à la force du "qu'en dira-t-on" ? Combien ne sont fidèles que par timidité, par manque d’audace ou par renoncement lâche ?
- Quel remède préconisez-vous pour rendre la joie aux prisonniers des conventions, aux fidèles par manque d'audace, aux lâches ?
- Selon moi, il faut cesser de porter aux nues les notions arriérées de fidélité et leur substituer les notions de changement ou de partage. Personne n'appartient à personne, chacun est libre de disposer de son coeur et de son corps, chacun peut à tout moment choisir un ou une partenaire, en changer s’il le désire, ou aimer plusieurs personnes à la fois. L'idéal c'est la liberté totale en amour. Peut-être faudra-t-il une étape intermédiaire avant de parvenir à la vraie liberté. Cette étape consiste à accepter le partage pour soi d’abord, car je ne peux me partager que si je le veux. Et quand je le veux, je dois à amener mon conjoint à admettre l’adjonction d’une tierce personne dans la communauté de vie
- Sur quelles bases se pratiquera ce partage ?
- Laissons faire la nature. Comme vous vous êtes senti attiré par telle personne, accordez-vous le droit d'être attiré par une autre. Admettez la réciprocité, laissez des couples accueillir qui un amant qui une maîtresse. Que la femme permette à son mari de faire l'amour avec une autre femme, que le mari ne s'offusque pas de voir sa femme dans les bras d'un autre homme et nous éviterons les drames trop fréquents générés par la jalousie imbécile des possessifs.
- Si je vous suis, je pourrais jeter ma femme dans vos bras, ou encore faire la cour à cette charmante demoiselle Véro devant ma femme. Vous nous menez au chaos.
- Non, ce sont les chaînes, les contraintes qui mènent au chaos, au désordre. Que va faire l'époux insatisfait s’il ne peut utiliser cette soupape de sécurité en toute quiétude ? Il va dissimuler, mentir, tromper, vivre dans la crainte d'être surpris, dans la terreur d'une vengeance. Le partage consenti, au contraire, fait tomber la pression. Bien entendu, seuls les esprits évolués peuvent atteindre ce degré de sagesse.
- Et à combien de partage aurait-on droit, combien de maîtresses pourrais-je avoir, combien d'amants ma femme pourrait-elle prendre ensemble ou successivement ?
- Je n'ai pas de réponse à cette question purement quantitative. La liberté sera l'absence de règles précisément. Chacune ou chacun disposera de lui comme il l'entendra. Une moitié des couples finissent par un échec reconnu et beaucoup trouvent dans une idylle nouvelle un nouvel élan. N’est-ce pas encourageant ? Des sages savent s’accommoder d’un partage satisfaisant pour chacun.
Vero ne semble pas emballée par ce discours. Il arrive à Chantal de hocher parfois la tête en signe d'approbation ou de lever d'autrefois les yeux au ciel : ce Marco l'amuse, même si elle a déclaré son affection et son amour pour moi il n'y a que quelques minutes. Où a-t-elle déniché cet oiseau rare ? Est-ce avec ces idées qu'il fait rire le bus ? Je demanderai à Chantal de m'épargner à l'avenir ce genre de philosophe. Je veux le pousser au bout de ses conclusions :
- Tout cela est très théorique, hypothétique. Nous avons ici de quoi passer à des applications pratiques. Soyons éclairés et sages, soyons des précurseurs, l’avant-garde de l’humanité Procédons à une sorte de jeu de rôles. Marco que diriez-vous d’adresser à ma femme, Chantal, qui approche de la quarantaine, comme vos confidentes, une brûlante déclaration d’amour assortie d’une proposition de partage détaillée et pourquoi pas immédiatement mise en œuvre, ici, ce soir. Si vous réussissez à obtenir d’elle un accord, je m’engage solennellement à respecter les termes et conditions de ce partage.
Chantal réagit :
- Comment, toi Jean, tu me partagerais avec Marco ? Je resterais ta femme et il deviendrait mon amant avec ta bénédiction dès cette nuit. Voudrais-tu débarrasser de moi ? As-tu prévu de me remplacer ?
- Te partager avec ce jeune homme, si j’ai bien compris, c’est au contraire me donner une chance de te garder en partie au moins, c’est te donner la liberté de relancer ta libido avec quelqu’un de plus jeune que moi sans toutefois me quitter. Loin de vouloir me défaire de la femme que j’aime depuis quatorze ans, c’est obéir au vieux réflexe égoïste de ne pas tout perdre. Si, comme les autres quadras dont il a évoqué les témoignages, tu ressens le besoin d’enrichir ta vie sexuelle, l’occasion t’est donnée ce soir d’accomplir ton rêve. Marco va peut-être demander la possibilité de te faire l’amour dans notre lit pendant une heure ou deux heures, devant témoin ou dans le secret de notre chambre.
– Donc je continuerais à être ton épouse et Marco serait mon amant ? Tu consentirais à ça ? Et dès ce soir ? Ciel, mon chéri, tu m’étonnes, je ne te reconnais plus. Quel revirement !
- Que pourrais-je te refuser en ce soir d’anniversaire ? A la lumière des révélations de Marco, je découvre un somptueux cadeau à t’offrir : tu peux essayer de partager tes immenses ressources amoureuses, et, si essayer c’est l’adopter, nous entamerons une vie nouvelle. Cela ne dépend que de toi. Encore faut-il que Marco se décide à avancer ses pions, que tu les examines et que tu veuilles tenter cette expérience. Pourquoi un mari aimant refuserait-il à sa femme le droit de chercher un bonheur plus ample, plus complet, un épanouissement sexuel illimité ? D’autant plus que tu te montreras certainement aussi éclairée, sage, généreuse et calculatrice que moi, le jour où j’aurai des prétentions similaires et où tu voudras conserver des morceaux de mon amour.
Le piège est ouvert. Jamais Marco ne pourrait trouver circonstances plus favorables pour gagner les faveurs d’une femme. Jamais Chantal ne s’est entendu offrir pareille liberté. Si elle cherche à améliorer sa vie sentimentale et à s’épanouir davantage sexuellement elle écoutera avec impatience la déclaration d’amour de Marco. Si le même veut prendre pied dans notre vie, s’il veut gagner l’amour et le cœur de ma femme, il doit passer à l’offensive. Quant à moi, en fonction de la prise de position de Chantal, je saurai si elle m’aime vraiment ou si j’aurais tort de m’accrocher à une épouse habitée par un désir de changement assez puissant.
Pour faire bon poids et bonne mesure, pour peser sur la décision de Chantal, j’ai rappelé que je réclamerai un droit de réciprocité. Au cas où Marco partagerait ma femme avec moi, je pourrais compenser ma perte par une relation avec une autre femme. J’ai conscience de tricher, mais après m’être engagé à respecter les choix de Chantal, j’essaie de saper une éventuelle tentation de céder une partie de mes avantages de mari. L’autre retrouve son bagout :
- Chère amie, de toutes les femmes qui souhaitent un sort plus envieux, vous êtes la mieux lotie. Quelle chance d’avoir un époux aussi soucieux du bien-être de son épouse. Comme il sait renoncer à l’exclusivité conférée par le mariage pour assurer votre pleine satisfaction, c’est merveilleux. Je serais le plus sot des hommes si je ne saisissais pas immédiatement la chance de pouvoir contribuer à faire de vous une femme comblée. Je mets à vos pieds mon admiration profonde, la dévotion d’un amour neuf et ardent, tenu secret jusqu’à ce soir. Je m’empresse de vous promettre d’être un amant plein de fougue mais respectueux des droits légitimes de Jean. Je propose de me tenir à votre disposition ici même, dans l’instant et aussi souvent que vous le souhaiterez. Pour l’avenir, il me semble raisonnable, pour commencer ,de faire alterner des séjours d’égale importance : vous seriez à Jean quatre jours une première semaine et trois jours la semaine suivante. Je serais vôtre les autres jours de la quinzaine.
C’est fait, le rusé chasseur de quadragénaire négligées par leurs conjoints, vient de mettre à nu ses sentiments et ses intentions. Il poursuit le but avoué de m’enlever ma femme. « Je le connais à peine » m’avait annoncé Chantal. J’ai eu des doutes, maintenant je sais. Alors je facilite le passage à l’acte :
– C’est effectivement une proposition équitable, cher ami. Pour vous remercier de votre souci d’égalité entre le mari et l’amant je pense nécessaire de vous accorder dès ce soir la priorité.
L’amoureux dévoilé est-il capable de mesurer l’ironie du remerciement pour le souci d’égalité ? C’est par un partage arithmétique, froid, qui fait abstraction des sentiments qu’il piétine le long vécu d’un couple. Quelles garanties offre-t-il à l’épouse détournée ? Chantal serait imprudente de le suivre aveuglément, si de son côté elle est habitée par le démon de midi. C’est son affaire. Je continue avec une nuance sur le lieu où sera consommé le partage, une rectification qui aura son poids, en apparence plus intéressante, parce que présentant plus de liberté au futur couple :
- A la fin de notre repas, vous emmènerez donc Chantal avec vous. Vous pourrez vous aimer durant trois nuits et trois jours, de quoi raviver les flammes de l’amour et redonner tout son éclat à la libido languissante d’une femme qui épuise son dernier cycle de sept ans, réputé pour favoriser les séparations. Ensuite, Chantal la bienheureuse ressuscitée à l’amour pourra revenir ici, si elle a encore envie de me revoir et elle pourra passer quatre nuits et quatre jours près de moi.
J’évite intentionnellement d’évoquer des rapports sexuels durant les quatre jours de sa présence : « me revoir », « près de moi », mais je marque la différence de comportement pour la suite :
-La semaine suivante vous la posséderez quatre nuits et quatre jours et ensuite je me contenterai de sa visite pendant trois nuits et trois jours. A la fin des deux premières quinzaines, nous pourrons ajuster la durée des séjours en tenant compte des vœux de la femme partagée.
Chantal a saisi les nuances et élève la voix :
– Comme vous y allez, vous les hommes. ! Vous prendrez mon avis au bout de deux quinzaines ! Eh ! Bien, mon avis, je vous le donne tout de suite : je ne suis pas une marchandise qu’on partage, ni une balle de ping-pong, je ne vous ai rien demandé. Foutez-moi la paix avec vos marchandages de maquignons. Jean me suis-je plainte d’un manque d’amour ou de rapports sexuels insuffisants en nombre ou en qualité, t’ai-je reproché de mal m’aimer ou de ne m’aimer pas assez ? Tu seras à moi entièrement et sans partage, tu l’as juré, il y a 14 ans. Marco, tu es touchant de candeur et de naïveté, trouve une fille de ton âge à chérir. Tu te lasserais bien vite de moi. Vois la fraîcheur de Véro par exemple.
Cette fois Véro se manifeste :
- Il y a un hic ! Je rêve bêtement d’ « amour toujours ». Un amoureux adepte du changement et du partage ne fera jamais mon affaire. Merci madame de me laisser choisir mon mari.
Par bonheur le repas se terminera assez rapidement, dans un climat sinistre. Véro se retirera en premier. Marco partira sans nous avoir convaincu de la nécessité de changer de partenaire pour raviver les flammes de l’amour.
J'avais besoin de savoir que Chantal ne partageait pas ces élucubrations. Je trouve étrange qu’elle ait choisi cet énergumène comme invité à notre anniversaire de mariage. Il faut oser choisir ces circonstances, comme il l’a fait, pour attaquer l'institution du mariage et la fidélité. Quand nous nous retrouvons au lit, j’ en fais la remarque à Chantal
- Mon chéri, je suis heureuse de te voir réagir vigoureusement à ces propositions. Elles sont ridicules et c'est pour cela que je tenais à te les faire entendre en ce soir d'anniversaire de mariage. Tu m’imagines me partager entre un bonhomme aussi fantasque et toi ? Pas plus que je ne peux t'imaginer dans le lit d'une autre. Ce garçon ne trouvera jamais de femme, il est trop volage. Oublions-le, lui et ses lubies. Fais- moi l'amour, j’ai follement envie de toi.
À suivre
Une femme qui te fait l'amour avec tant d'ardeur, qui s'offre avec tant d'impudeur et se livre aussi complètement que Chantal le fait en ce moment, peut-elle rêver de partage ? A deux mains elle ouvre la grenade où elle veut m’accueillir, la voix rauque elle m’invite à la pénétrer. Elle me fait un festival de positions amoureuses, elle sue, elle souffle, elle m'embrasse, m'étreint avec force. Une tornade d’amour l’emporte d’orgasme en orgasme pour mon plus grand bonheur. A-t-elle juré de me tuer de plaisir ce soir de notre quatorzième anniversaire de mariage ? Un déclic s’est produit à l’approche de la quarantaine. Ce devrait être réjouissant pourtant une ombre assombrit mon bonheur.
A quoi reconnaît-on une femme qui se partage ? Doux euphémisme pour désigner une femme qui couche avec deux ou plusieurs hommes, en principe avec son mari et avec un ou plusieurs amants. Voilà à quoi je pense pendant que ma chère Chantal s’évertue à jouir et à me faire jouir, voilà pourquoi aussi je suis si lent à éjaculer. Quels signes montreraient qu'elle n'est pas entièrement à moi ?
Voilà le résultat de la présence bizarre de ce Marco à notre table, ce soir. Il ne m'a pas fait rire, il m'a inquiété, il a fait naître un soupçon déplorable. Parce que, à force de l'entendre proférer ses discours sur l'infidélité libératrice, je me demande s'il n'a pas contaminé Chantal au point qu’elle croie nécessaire de me prouver qu’elle est restée insensible aux raisonnements du jeune homme. Par bonheur, la conduite actuelle de ma femme, son engagement forcené dans notre accouplement plaide en faveur d'un amour, véritable, fort, à l'abri des tentations d'adultère. Mais…j’ai eu chaud
Pour lui montrer que je n’ai pas oublié le quatorzième anniversaire de notre mariage, je suis arrivé les bras chargés. En ouvrant la porte elle s’est écriée :
- Oh ! Mon amour, tu t’es souvenu de notre anniversaire !
En fait je ne l’ai jamais oublié, ni l’an passé, ni les années précédentes. Pourquoi mon cadeau paraît-il exceptionnel tout à coup ? Elle poursuit :
- Ce bouquet de roses est splendide. Viens, plaçons ce magnifique bouquet dans un vase. Il faut que je t’embrasse…
Elle parle bien fort, comme si quelqu’un nous écoutait et devait nous entendre. En effet, je ne tarde pas à le savoir, nous ne sommes pas seuls :
- Je me suis dit que nous ne pouvions pas célébrer seuls cet anniversaire de mariage spécial.
– Qu’a-t-il de « spécial », de différent des autres ou de dautres plus nombreux qui lui succéderont, je l’espère ?
- Il marque la fin du deuxième cycle de 7 ans de notre union et le début d’un troisième cycle. J'ai donc invité deux personnes pour le repas du soir. Notre barbecue sera plus animé en leur compagnie. Il faut que je te les présente sur la terrasse. Attends-toi à rencontrer un couple jeune. En premier vient Véro, la stagiaire qui prépare son master 2 dans mon bureau, c’est presque une amie. Et ensuite il y a Marco. Tu ne le connais pas. En réalité je le connais à peine. Mais ce personnage fait parfois rire tout le bus par ses pitreries, j'ai apprécié son bagout, c’est un boute entrain incroyable et j'ai pensé qu'il était tout indiqué pour entretenir une bonne ambiance ce soir. Quand il se lance, il est inarrêtable. Tu le trouveras drôle, comme l’était sans doute jadis le fou du roi.
Marco ne m'a pas attendu pour captiver l'attention de Véro. Je l'entends en approchant de la terrasse
- La fidélité n’est pas une disposition naturelle, c’est une invention de gens incapables de conserver l'amour de l'être cher. Ils ne reconnaissent pas la liberté d'aimer qui on veut, quand on veut. Par pur égoïsme ils ne permettent pas à l'autre d'aimer librement, ils veulent s'imposer et limiter l'amour à un seul être. Ils font de l’obligation imposée de fidélité une vertu.
-Mais
La jeune femme ne peut pas parler, faire une quelconque objection, il lui coupe la parole :
- Je ne parle pas de mon expérience trop limitée de garçon célibataire de vingt-cinq ans, mais de celles des personnes que j'écoute. Ce sont souvent des femmes mûres qui approchent de la quarantaine.
Ce petit monsieur recueillerait donc les doléances de femmes plus mûres que lui. Etrange confident ! Gigolo peut-être ? Ecoutons-le :
« Au début, disent-elles, c'est tout beau. Tout feu tout flamme, les amoureux vont à la découverte l'un de l'autre : on veut voir, on veut toucher, on veut sentir, on veut goûter, on veut essayer. Tout est si nouveau, si différent, on ne se lasse pas d'explorer les yeux, les joues, la bouche, le corps, les seins, le pantalon ou sous la robe la culotte ; on déclare ses sentiments. On est heureux d'être celui ou celle qui a été choisi(e), on se promet un amour éternel. Passent les années, on tombe dans la routine, dans l'habitude, dans une lassitude presque imperceptible. Les sentiments s’émoussent, l’attirance physique décroît, l’ennui s’insinue, on se met à rêver, on se dit tout bas qu’avec un autre partenaire, il pourrait y avoir un nouveau printemps…
Ainsi évolueraient les quadragénaires qui se seraient confiées à Marco ? Chantal fait elle partie du lot de ces rêveuses insatisfaites, aurait-elle fait des confidences peu flatteuses pour moi à propos de notre vie intime à ce quasi inconnu ? Elle annonce notre venue :
- Marco et Vero, je vous présente Jean, mon mari depuis quatorze ans, ce soir. Marco, je m'inscris en faux. Jean et moi sommes le parfait contre-exemple de tes affirmations.
« tes affirmations » dit Chantal : Tiens, elle tutoie le garçon, pourtant elle est habituellement lente à se montrer familière. Elle ajoute :
- Les années n'ont pas tué notre amour, l'habitude n'a pas entamé la curiosité des premiers temps, nous nous aimons toujours aussi fort. La fidélité existe.
Cette réponse de Chantal me comble d'aise. Devant témoin, elle vient de renouveler clairement ses promesses d'amour de notre mariage et d'affirmer combien elle m'aime et combien je l'aime. Bien sûr tout n'est pas comme à l'époque des fiançailles et du mariage, mais on évolue sans détruire les rêves d'amour. D'ailleurs ce bavard se vante d'écouter les femmes mais il accapare la parole, a-t-il le temps vraiment de bien les écouter²? Il parle trop pour entendre les autres. Ce qu'il prouve aussitôt :
- Je vous félicite d'éprouver encore des sentiments aussi forts après tant d’années. Ce n'est malheureusement pas le cas de tout le monde. Considérons le nombre des divorces et des séparations, il est quasi évident que le mariage est un carcan dont les plus courageux se libèrent. Rendons leur liberté aux époux. Ils repartiront avec une énergie nouvelle dans une autre vie amoureuse. Il en sera fini des contraintes, des obligations castratrices, un nouvel élan portera chacun à aimer encore.
Le prétentieux sociologue autoproclamé m’énerve, j’objecte :
- Vous ne voyez pas le nombre de ceux qui s'aiment et continuent de vivre ensemble ?
- Si, mais combien parmi ces derniers ne sont plus heureux, combien souffrent de la cruauté des institutions, combien n'osent pas franchir le pas et se soustraire à la force du "qu'en dira-t-on" ? Combien ne sont fidèles que par timidité, par manque d’audace ou par renoncement lâche ?
- Quel remède préconisez-vous pour rendre la joie aux prisonniers des conventions, aux fidèles par manque d'audace, aux lâches ?
- Selon moi, il faut cesser de porter aux nues les notions arriérées de fidélité et leur substituer les notions de changement ou de partage. Personne n'appartient à personne, chacun est libre de disposer de son coeur et de son corps, chacun peut à tout moment choisir un ou une partenaire, en changer s’il le désire, ou aimer plusieurs personnes à la fois. L'idéal c'est la liberté totale en amour. Peut-être faudra-t-il une étape intermédiaire avant de parvenir à la vraie liberté. Cette étape consiste à accepter le partage pour soi d’abord, car je ne peux me partager que si je le veux. Et quand je le veux, je dois à amener mon conjoint à admettre l’adjonction d’une tierce personne dans la communauté de vie
- Sur quelles bases se pratiquera ce partage ?
- Laissons faire la nature. Comme vous vous êtes senti attiré par telle personne, accordez-vous le droit d'être attiré par une autre. Admettez la réciprocité, laissez des couples accueillir qui un amant qui une maîtresse. Que la femme permette à son mari de faire l'amour avec une autre femme, que le mari ne s'offusque pas de voir sa femme dans les bras d'un autre homme et nous éviterons les drames trop fréquents générés par la jalousie imbécile des possessifs.
- Si je vous suis, je pourrais jeter ma femme dans vos bras, ou encore faire la cour à cette charmante demoiselle Véro devant ma femme. Vous nous menez au chaos.
- Non, ce sont les chaînes, les contraintes qui mènent au chaos, au désordre. Que va faire l'époux insatisfait s’il ne peut utiliser cette soupape de sécurité en toute quiétude ? Il va dissimuler, mentir, tromper, vivre dans la crainte d'être surpris, dans la terreur d'une vengeance. Le partage consenti, au contraire, fait tomber la pression. Bien entendu, seuls les esprits évolués peuvent atteindre ce degré de sagesse.
- Et à combien de partage aurait-on droit, combien de maîtresses pourrais-je avoir, combien d'amants ma femme pourrait-elle prendre ensemble ou successivement ?
- Je n'ai pas de réponse à cette question purement quantitative. La liberté sera l'absence de règles précisément. Chacune ou chacun disposera de lui comme il l'entendra. Une moitié des couples finissent par un échec reconnu et beaucoup trouvent dans une idylle nouvelle un nouvel élan. N’est-ce pas encourageant ? Des sages savent s’accommoder d’un partage satisfaisant pour chacun.
Vero ne semble pas emballée par ce discours. Il arrive à Chantal de hocher parfois la tête en signe d'approbation ou de lever d'autrefois les yeux au ciel : ce Marco l'amuse, même si elle a déclaré son affection et son amour pour moi il n'y a que quelques minutes. Où a-t-elle déniché cet oiseau rare ? Est-ce avec ces idées qu'il fait rire le bus ? Je demanderai à Chantal de m'épargner à l'avenir ce genre de philosophe. Je veux le pousser au bout de ses conclusions :
- Tout cela est très théorique, hypothétique. Nous avons ici de quoi passer à des applications pratiques. Soyons éclairés et sages, soyons des précurseurs, l’avant-garde de l’humanité Procédons à une sorte de jeu de rôles. Marco que diriez-vous d’adresser à ma femme, Chantal, qui approche de la quarantaine, comme vos confidentes, une brûlante déclaration d’amour assortie d’une proposition de partage détaillée et pourquoi pas immédiatement mise en œuvre, ici, ce soir. Si vous réussissez à obtenir d’elle un accord, je m’engage solennellement à respecter les termes et conditions de ce partage.
Chantal réagit :
- Comment, toi Jean, tu me partagerais avec Marco ? Je resterais ta femme et il deviendrait mon amant avec ta bénédiction dès cette nuit. Voudrais-tu débarrasser de moi ? As-tu prévu de me remplacer ?
- Te partager avec ce jeune homme, si j’ai bien compris, c’est au contraire me donner une chance de te garder en partie au moins, c’est te donner la liberté de relancer ta libido avec quelqu’un de plus jeune que moi sans toutefois me quitter. Loin de vouloir me défaire de la femme que j’aime depuis quatorze ans, c’est obéir au vieux réflexe égoïste de ne pas tout perdre. Si, comme les autres quadras dont il a évoqué les témoignages, tu ressens le besoin d’enrichir ta vie sexuelle, l’occasion t’est donnée ce soir d’accomplir ton rêve. Marco va peut-être demander la possibilité de te faire l’amour dans notre lit pendant une heure ou deux heures, devant témoin ou dans le secret de notre chambre.
– Donc je continuerais à être ton épouse et Marco serait mon amant ? Tu consentirais à ça ? Et dès ce soir ? Ciel, mon chéri, tu m’étonnes, je ne te reconnais plus. Quel revirement !
- Que pourrais-je te refuser en ce soir d’anniversaire ? A la lumière des révélations de Marco, je découvre un somptueux cadeau à t’offrir : tu peux essayer de partager tes immenses ressources amoureuses, et, si essayer c’est l’adopter, nous entamerons une vie nouvelle. Cela ne dépend que de toi. Encore faut-il que Marco se décide à avancer ses pions, que tu les examines et que tu veuilles tenter cette expérience. Pourquoi un mari aimant refuserait-il à sa femme le droit de chercher un bonheur plus ample, plus complet, un épanouissement sexuel illimité ? D’autant plus que tu te montreras certainement aussi éclairée, sage, généreuse et calculatrice que moi, le jour où j’aurai des prétentions similaires et où tu voudras conserver des morceaux de mon amour.
Le piège est ouvert. Jamais Marco ne pourrait trouver circonstances plus favorables pour gagner les faveurs d’une femme. Jamais Chantal ne s’est entendu offrir pareille liberté. Si elle cherche à améliorer sa vie sentimentale et à s’épanouir davantage sexuellement elle écoutera avec impatience la déclaration d’amour de Marco. Si le même veut prendre pied dans notre vie, s’il veut gagner l’amour et le cœur de ma femme, il doit passer à l’offensive. Quant à moi, en fonction de la prise de position de Chantal, je saurai si elle m’aime vraiment ou si j’aurais tort de m’accrocher à une épouse habitée par un désir de changement assez puissant.
Pour faire bon poids et bonne mesure, pour peser sur la décision de Chantal, j’ai rappelé que je réclamerai un droit de réciprocité. Au cas où Marco partagerait ma femme avec moi, je pourrais compenser ma perte par une relation avec une autre femme. J’ai conscience de tricher, mais après m’être engagé à respecter les choix de Chantal, j’essaie de saper une éventuelle tentation de céder une partie de mes avantages de mari. L’autre retrouve son bagout :
- Chère amie, de toutes les femmes qui souhaitent un sort plus envieux, vous êtes la mieux lotie. Quelle chance d’avoir un époux aussi soucieux du bien-être de son épouse. Comme il sait renoncer à l’exclusivité conférée par le mariage pour assurer votre pleine satisfaction, c’est merveilleux. Je serais le plus sot des hommes si je ne saisissais pas immédiatement la chance de pouvoir contribuer à faire de vous une femme comblée. Je mets à vos pieds mon admiration profonde, la dévotion d’un amour neuf et ardent, tenu secret jusqu’à ce soir. Je m’empresse de vous promettre d’être un amant plein de fougue mais respectueux des droits légitimes de Jean. Je propose de me tenir à votre disposition ici même, dans l’instant et aussi souvent que vous le souhaiterez. Pour l’avenir, il me semble raisonnable, pour commencer ,de faire alterner des séjours d’égale importance : vous seriez à Jean quatre jours une première semaine et trois jours la semaine suivante. Je serais vôtre les autres jours de la quinzaine.
C’est fait, le rusé chasseur de quadragénaire négligées par leurs conjoints, vient de mettre à nu ses sentiments et ses intentions. Il poursuit le but avoué de m’enlever ma femme. « Je le connais à peine » m’avait annoncé Chantal. J’ai eu des doutes, maintenant je sais. Alors je facilite le passage à l’acte :
– C’est effectivement une proposition équitable, cher ami. Pour vous remercier de votre souci d’égalité entre le mari et l’amant je pense nécessaire de vous accorder dès ce soir la priorité.
L’amoureux dévoilé est-il capable de mesurer l’ironie du remerciement pour le souci d’égalité ? C’est par un partage arithmétique, froid, qui fait abstraction des sentiments qu’il piétine le long vécu d’un couple. Quelles garanties offre-t-il à l’épouse détournée ? Chantal serait imprudente de le suivre aveuglément, si de son côté elle est habitée par le démon de midi. C’est son affaire. Je continue avec une nuance sur le lieu où sera consommé le partage, une rectification qui aura son poids, en apparence plus intéressante, parce que présentant plus de liberté au futur couple :
- A la fin de notre repas, vous emmènerez donc Chantal avec vous. Vous pourrez vous aimer durant trois nuits et trois jours, de quoi raviver les flammes de l’amour et redonner tout son éclat à la libido languissante d’une femme qui épuise son dernier cycle de sept ans, réputé pour favoriser les séparations. Ensuite, Chantal la bienheureuse ressuscitée à l’amour pourra revenir ici, si elle a encore envie de me revoir et elle pourra passer quatre nuits et quatre jours près de moi.
J’évite intentionnellement d’évoquer des rapports sexuels durant les quatre jours de sa présence : « me revoir », « près de moi », mais je marque la différence de comportement pour la suite :
-La semaine suivante vous la posséderez quatre nuits et quatre jours et ensuite je me contenterai de sa visite pendant trois nuits et trois jours. A la fin des deux premières quinzaines, nous pourrons ajuster la durée des séjours en tenant compte des vœux de la femme partagée.
Chantal a saisi les nuances et élève la voix :
– Comme vous y allez, vous les hommes. ! Vous prendrez mon avis au bout de deux quinzaines ! Eh ! Bien, mon avis, je vous le donne tout de suite : je ne suis pas une marchandise qu’on partage, ni une balle de ping-pong, je ne vous ai rien demandé. Foutez-moi la paix avec vos marchandages de maquignons. Jean me suis-je plainte d’un manque d’amour ou de rapports sexuels insuffisants en nombre ou en qualité, t’ai-je reproché de mal m’aimer ou de ne m’aimer pas assez ? Tu seras à moi entièrement et sans partage, tu l’as juré, il y a 14 ans. Marco, tu es touchant de candeur et de naïveté, trouve une fille de ton âge à chérir. Tu te lasserais bien vite de moi. Vois la fraîcheur de Véro par exemple.
Cette fois Véro se manifeste :
- Il y a un hic ! Je rêve bêtement d’ « amour toujours ». Un amoureux adepte du changement et du partage ne fera jamais mon affaire. Merci madame de me laisser choisir mon mari.
Par bonheur le repas se terminera assez rapidement, dans un climat sinistre. Véro se retirera en premier. Marco partira sans nous avoir convaincu de la nécessité de changer de partenaire pour raviver les flammes de l’amour.
J'avais besoin de savoir que Chantal ne partageait pas ces élucubrations. Je trouve étrange qu’elle ait choisi cet énergumène comme invité à notre anniversaire de mariage. Il faut oser choisir ces circonstances, comme il l’a fait, pour attaquer l'institution du mariage et la fidélité. Quand nous nous retrouvons au lit, j’ en fais la remarque à Chantal
- Mon chéri, je suis heureuse de te voir réagir vigoureusement à ces propositions. Elles sont ridicules et c'est pour cela que je tenais à te les faire entendre en ce soir d'anniversaire de mariage. Tu m’imagines me partager entre un bonhomme aussi fantasque et toi ? Pas plus que je ne peux t'imaginer dans le lit d'une autre. Ce garçon ne trouvera jamais de femme, il est trop volage. Oublions-le, lui et ses lubies. Fais- moi l'amour, j’ai follement envie de toi.
À suivre
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