Rose 5
Récit érotique écrit par Accent [→ Accès à sa fiche auteur]
Auteur homme.
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Histoire érotique Publiée sur HDS le 08-06-2015 dans la catégorie Entre-nous, hommes et femmes
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Rose 5
Nous nous séparons et j’utilise la liste de courses établie par Rose pour faire les achats.
Rose revient vers 12 h 15. Elle m’enlace et m’embrasse mieux qu’elle ne le faisait depuis une quinzaine de jours, babille, s’amuse à vérifier les courses et mon emploi du temps :
- Tu as rencontré des connaissances au marché ? Depuis le magasin, il m’a semblé te voir en pleine conversation avec une jolie blonde. Qui était-ce ? De sujet aviez-vous donc à parler si longtemps ? Tu me ferais des infidélités ?
Elle se livre à un jeu de coupable : passer à l’offensive pour éviter d’avoir à se défendre. Je n’ai pas choisi le lieu par hasard. Son magasin de confection est situé à l’extrémité sud de la place et, du premier étage, on peut observer toutes les allées du marché. Donc Rose a surveillé mon entretien avec Sylvie, comme je le souhaitais. Il serait étonnant qu’elle n’ait pas reconnu mon interlocutrice. Notre rencontre l’intrigue : Sylvie m’aurait-elle livré la version réelle de sa visite du jeudi ? La situation est cocasse, je prends plaisir à faire traîner mes réponses.
- Serais-tu jalouse parce que je parle à une jolie femme sur la place du marché ? Souviens-toi qu’il y a quelques jours tu m’as demandé de te faire confiance. C’était à propos de ton cours particulier à domicile avec Gilles. Entre une femme qui reçoit un homme à domicile alors que son mari est absent et un mari qui discute sur une place de marché avec une femme, sous les fenêtres du lieu de travail de son épouse, quelle est la situation qui peut le mieux générer une crise de jalousie ? Qui de nous deux serait le plus en droit d’être jaloux ? À mon tour de te demander de me faire confiance.
Rose pique un fard, ma question l’embarrasse. Elle craint que Sylvie ne m’ait renseigné sur son activité amoureuse avec son mari.
- Toi, tu ne me fais toujours pas confiance et ce cours à domicile te déplaît. Pourtant, tu sais, il n’y a rien entre le professeur et l’élève. Nous ne sommes plus des adolescents et je suis ta femme aimante et fidèle. Puisque c’est ainsi, je renonce à ce cours particulier. Ça te va comme ça ? Je l’annoncerai à Gilles mardi soir. Tu vois, cesse d‘être jaloux.
Elle veut me donner l’impression de faire un gros sacrifice pour m’être agréable, Elle dépose sur ma joue un baiser sonore, ô la traîtresse ! Je sais qu’elle m’est fidèle (tiens donc), je sais qu’il n’y a rien entre elle et son amant (tiens, encore) mais je sais aussi qu’elle a juré à Sylvie de ne plus prendre de cours à domicile avec Gilles. En réalité, elle y est contrainte et sa renonciation est pure tromperie supplémentaire. Elle n’a honte de rien ! Quel masque ! Je décide de charger l’âne.
- Quel revirement ! Si tu fais une telle concession, Rose, je suis tout disposé à en faire une à mon tour pour te prouver que j’apprécie ta décision au plus haut point. Jeudi prochain, je n’irai pas au tennis et je vous tiendrai compagnie. Ne fais pas un pareil sacrifice, je sais parfaitement que je peux te faire confiance et que tu es fidèle. Donc je souhaite vraiment que tu te perfectionnes. Il faut absolument que tu laisses s’épanouir tous ces dons que Gilles te reconnaît. Cette admiration presque amoureuse, il faut que tu en tires avantage pour faire apparaître au grand jour ton talent.
Ton maître a pour toi de l’admiration, cela doit te booster, te pousser à te dépasser, à te donner à fond, sans retenue, corps et âme, passionnément. C’est, si j’ai bien compris, une chance unique que Gilles ait remarqué tes qualités et qu’il ait décidé de te prendre en main et qu’il te pétrisse comme un kaolin dont on tire les plus belles porcelaines. Ne renonce pas maintenant. Je m’en voudrais toute ma vie d’avoir empêché cette relation privilégiée entre un maître et son élève. En ce moment il te façonne, il te révèle à toi-même : c’est un travail mental et physique simultanément. Par ses conseils et dans ses mains, il te transforme en une autre, il te serre, il te monte à la température idéale, il te triture, tantôt en tâtant, tantôt en caressant ou en flattant, il te prépare, il te sépare de l‘ancien, du quotidien.
Tu vas être son œuvre si tu sais accueillir en toi tout ce qu’il saura y déverser, tu vivras des moments mémorables, fondateurs d’une vie plus pleine, plus intéressante. C’est un peu une sorte d’acte d’amour, d’échange de deux âmes. Pour un peu, je dirais que, grâce à Gilles tu te trouveras enceinte de ton art. Cette relation, je l’ai compris, porte en elle les germes de l’éclosion d’une vraie artiste. Ne te décourage pas, ne rejette pas cette occasion rare de te faire féconder par ce maître, de faire éclore ces possibilités qui attendent en toi de grandir et de se manifester. Encore un peu de patience et de persévérance, aie foi en toi et en lui et tu vas accoucher d’une œuvre magnifique. Donc je veux que tu lui laisses le temps de mettre en toi la semence de ces moissons futures.
Si quelqu’un trouve à redire aux visites de Gilles chez moi, je lui dirai que c’est moi qui le veux : vous serez à l’abri des cancans, surtout si j’assiste discrètement à ces moments de communication profonde, de communion. J’espère que ma présence ne nuira pas à cette nécessaire interpénétration, à l’intimité indispensable pour connaître l’ineffable état de grâce où seuls parviennent les vrais artistes, ce septième ciel de ceux qui osent. Et s’il faut que je me prive de quelques autres parties de tennis, je le ferai volontiers. Ce compromis te convient-il ?
- Oui, merci. Tu es un mari magnifique.
Mon contre-pied la surprend, elle ne sait que répondre et se tire cette épine du pied par un autre baiser sur l’autre joue. Gilles jouit d’un régime de faveur en matière de baisers; Rose l’embrasse sur la bouche ; ces baisers d’amoureux lui sont réservés ! Elle a bu mon envolée avec un plaisir évident. A-t-elle saisi au passage tous les termes évocateurs de la relation amoureuse ? L’enthousiasme feint que j’ai montré va-t-il semer le doute ou la remplir de certitudes ? Ses travaux artisanaux ne méritent certainement pas un éloge aussi excessif, seule la passion qui aveugle peut lui faire gober ces propos dithyrambiques. Comment fait-elle pour ne pas soupçonner l’ironie que charrient une telle exagération et les allusions à sa conduite en compagnie du mentor ?
- Mais es-tu sûr que ce n’est pas un trop gros sacrifice pour toi ? Tu abandonnerais le tennis ?
- Que ne ferais-je pas pour toi ? N’oublie pas nos promesses de mariage : c’est du sérieux, un mari doit comprendre les besoins de son épouse et s’efforcer d’y répondre.
Elle a jusqu’à jeudi pour se sortir de ce traquenard. Ce qui l’intrigue, ce qui devrait déterminer sa conduite à venir, ce qui brouille le message, c’est ma rencontre avec la femme qui a découvert le pot aux roses de Rose. Elle a besoin de savoir; donc elle revient à la charge :
— Tu ne m’as toujours pas dit qui était cette blonde : c’est un secret ?
— Non assurément, c’est presque une voisine. J’ai été très étonné qu’elle m’arrête pour parler. C’est la première fois qu’elle m’a adressé la parole depuis que nous habitons ici. Je pensais que tu la connaissais, elle ne m’a parlé que de toi : c’est la femme de Gilles.
— Ah ! C’est étonnant, nous nous connaissons à peine. Qu’a-t-elle bien pu te dire à mon sujet ? Beaucoup de bien, j’espère !
— En effet, j’ai subi la litanie de tes louanges. J’ai presque senti de l’agacement dans ses propos. Il paraît que son mari t’adore, qu’il te trouve des tas de qualités, de l’intelligence artistique, une sensibilité peu commune, beaucoup de passion quand tu poursuis un but, une approche sympathique des gens telle qu’on ne peut pas ne pas t’aimer. Il a même cité tes formes physiques comme modèle de corps féminin.
Et pendant qu’elle me répétait tout le bien que son mari dit si souvent de toi, j’avais la sensation que tu inspires une sorte de jalousie à cette femme pourtant si belle. Gilles loue sans cesse la souplesse de ton corps, la grâce de tes gestes, la profondeur de ton regard, l’attention affectueuse que tu lui réserves, la sûreté de ton goût en matière d’habillement, la discrétion de ton maquillage, la douceur des traits de ton visage, et surtout ta capacité à saisir immédiatement les consignes et la simplicité avec laquelle tu reçois les remarques, enfin la vénération que tu lui portes .
Sa femme est exaspérée de tous ces compliments qu’il t’adresse devant elle. Elle m’a même dit qu’elle, sa femme, n’avait jamais obtenu la moitié de ces louanges. Elle a ajouté que j’avais bien de la chance de posséder une telle perle et, pour me taquiner, m’a lancé en me quittant que je devrais veiller attentivement à ne pas me la faire voler, ni par son mari, mais elle veille au grain, ni par un autre. Je sens qu’il y avait comme un avertissement. Tu ne te serais pas montrée avec un autre homme ?
- Ça alors, il a fallu qu’elle te mette des idées bizarres en tête. Mon Dieu, mon chéri, j’en suis toute gênée. Que vas-tu imaginer ? Qu’est-ce qui lui prend à cette bonne femme ? Qu’elle surveille son mari si elle est jalouse, mais qu’elle ne s’amuse pas à briser le ménage des autres. Viens que je t’embrasse.
Ma joue gauche et ma joue droite reçoivent ce grand réconfort de ma divine tricheuse. Si elle me croit, elle est soulagée. Mais je continue :
- Au contraire, remercie Sylvie : c’est elle qui m’a ouvert les yeux. Grâce à elle j’ai compris le sens de la relation fusionnelle nécessaire entre artistes. Je n’ai plus aucune raison d’être jaloux de ce qui vous rend si proches. Je croyais que vos retours à pas lents par le chemin le plus long, bras sur l’épaule, corps rapprochés, bisous de séparation dans la rue, étaient des promenades romantiques d’amoureux ; je sais maintenant que ce n’était que des moments de transmission artistique, de partage d’une passion commune ; et ça change tout. Si je suis jaloux, vois-tu, c’est de ne pas pouvoir vous suivre dans ce registre, de ne pas être capable de goûter à ce pur bonheur comme vous.
Ne suis-je pas parfait dans ce rôle du cocu qui se réjouit de l’évolution de sa femme : Il n’est pas de pire aveugle que celui qui ne veut pas voir. Moi, j’en ai trop vu pour reculer. J’entre dans le personnage que Rose m’a attribué dans son exaltation amoureuse.
Ce mardi je suis donc théoriquement dans le train de Paris. Ma voiture garée hors de l’itinéraire de ma maison à l’atelier, je viens de voir Rose toute guillerette partir à ce cours collectif. Je quitte ma voiture et j’emprunte mon passage par le local technique. J’ai environ deux heures devant moi pour inspecter les lieux. Tout est propre et bien rangé. Exceptionnellement, la porte de la chambre située dans le prolongement de la façade ouest, du côté des fenêtres de la grande pièce de vie, est ouverte. Nous y avons disposé un matelas que Rose et moi utilisons à même le sol, lorsque nous accueillons pour la nuit des amis auxquels nous laissons notre chambre. Sera-t-il nécessaire d’acheter une chambre d’amis ?
Je reçois immédiatement confirmation que Rose attend un visiteur : le matelas est habillé d’un drap de coton égyptien, deux coussins brodés d’un cœur marquent l’emplacement de deux têtes et des pétales de pivoines roses ont été répandus en bordure de ce lit. C’est donc ici qu’auront lieu les ébats espérés. Un reste de pudeur a protégé le lit conjugal. Pour combien de temps ?
La porte de la chambre du milieu est, comme toujours, fermée à clé. Je l’ouvre et j’y dépose mon appareil photo, mon magnétophone que je brancherai plus tard pour enregistrer ce qui se dira dans ce lieu de renouvellement de mon cocufiage. Le fil du microphone emprunte le passage des tuyaux d’alimentation des radiateurs en fonte à travers la paroi ; des liens de scotch transparent le maintiennent hors de vue et je fixe le micro à l’arrière du radiateur, froid en cette saison. Je ramène quatre sièges de jardin de mon garage. À 19 heures arrivent mes trois mousquetaires. Trois grands costauds : propres. J’ai insisté sur les consignes d’hygiène. Je les installe sur les sièges de jardin, dans la chambre du milieu et leur offre une bière. Je leur rappelle ce qu’ils auront à faire au signal que je leur donnerai. Le silence le plus total devra être observé à partir de 20 heures, sinon l’opération échouera.
Sylvie arrive à son tour. Je l’installe avec les autres. Une seule consigne : attendre sans bruit mon signal et elle pourra se manifester. 19 h 57 une clé tourne dans la serrure. Portes fermées ; SILENCE ! je branche le magnétophone.
Rose pénètre dans le salon. Derrière elle, les mains sur ses hanches, Gilles demande:
- Tu n’as pas oublié de fermer la porte cette fois ? Ma femme était furieuse.
- Ah non ! Assieds-toi une minute dans ce fauteuil, je ferme les volets et je suis à toi. Je ne tiens pas à voir surgir ta tigresse. Elle a tenu parole, elle n’a rien dit à Paul, heureusement. Sais-tu qu’il souhaite ardemment que tu continues à venir chez nous ? Tu pourras dire à ta femme qu’il assistera au travail. Ça devrait la rassurer. Bon, nous avons peu de temps pour nous aimer, il ne faut pas éveiller les soupçons de ta cocue ! Viens, je nous ai préparé un lit d’amour. Quelle merveilleuse idée ce voyage à Paris ! Ah !Ah !Ah ! Ca ne pouvait pas mieux tomber.Si tu veux, demain, quand tu auras un moment… humm, oui, humm…
Étroitement enlacés, bouches dévorantes, ils se dirigent vers le matelas.
- Quand nous serons sûrs de nos sentiments et de la durée de notre amour, je te recevrai dans notre chambre. Vite passons aux choses sérieuses avant d’être dérangés. Je suis folle de toi. Et toi tu m’aimes ? … Ce n’est pas croyable ce que mon cocu peut-être crédule ! Tu pourras venir quand il sera au travail ! Le jeudi on se tiendra tranquilles puisqu’il veut assister, mais nous nous rattraperons. Oui, encore… Oh : tes mains sur moi, oooh !
Je sors de la chambre, fais signe aux autres de ne pas bouger.
- Ça y est, je suis prête, posons nos vêtement sur cette chaise, à côté de la porte.
Je me suis plaqué à la paroi. Dans l’encadrement de la porte apparaît le bas du dos de Rose, enveloppé dans une étroite frange de dentelle mousseuse : elle va se ruiner en tenues affriolantes. La minute d’après, je les entends se rejoindre en riant et chahutant sur le drap frais. Entre deux baisers gourmands, le souffle déjà court Rose rit :
- Fais doucement, tu me chatouilles. (Elle rit en roucoulant). Ne sois pas si pressé, embrasse encore mes seins. Oui, fais gonfler mes tétons, aspire, suce, roule l’autre entre tes doigts. Oh ! Comme tu es habile et doux. J’aime, encore…Tu peux aussi toucher mon petit bouton, oui, là, mais doucement, mouille un peu ton doigt dans la fente. Hhhho… Tu sais ce que je souhaite ? Fais-moi un enfant. Quand je le porterai, je penserai à toi, quand il grandira, je penserai à toi en le regardant. Si nous ne pouvons plus nous voir à cause de Sylvie ou de Paul, nous aurons un trésor en commun, un secret que personne ne connaîtra. Là… entre doucement. Enfin. Oui. C’est si bon…Oh ! Gilles, ta verge, enfin, oui, entre, pousse, va au fond de moi. Oui….
Ils ont sacrifié les préliminaires et plongent dans le vif du sujet : trop de contrariétés ont interrompu leurs précédentes tentatives. Cette fois ils se précipitent enfin dans cette copulation voulue. Je n’entends plus que leurs souffles. À intervalles espacés, Rose produit un « euh ! euh ! » Je m’approche. Elle serre sur ses hanches le bassin de l’homme, des deux mains ; lui est en appui sur ses bras tendus posés de chaque côté de la tête permanentée de cet après-midi. Ils sont les yeux dans les yeux guettant dans le regard de l’autre la montée du désir, les vagues du plaisir. Plus rien ne compte désormais que cette quête de la jouissance physique. Les « euh » … « euh » se précipitent. Le martèlement du mâle accélère, les clapotis humides du piston sont de plus en plus fréquents.
- Surtout ne te retire pas, viens tout au fond de moi. Ouiiiiii ! Dis-moi que tu m’aimes. Baise moi fort. Plus vite, plus fort. Ah! Tu es un vrai homme, viole-moi, mords mes lèvres, soulève mes cuisses, plonge, reste immobile contre l’entrée de mon utérus. Crache ton sperme. Frotte, tue-moi de plaisir. Giiiiles ! Oui, hi, hi
Le grognement grave qui lui répond ne me convaincrait pas ! Je recule, ouvre la porte voisine au moment où Rose s’époumone et crie :
- Je viens, baise-moi, baise, heu… Oh, ce jet, c’est chaud… Encore !
Gilles est fier de l’extase de sa partenaire :
- Enfin, quel plaisir de te voir jouir. Garde les yeux ouverts et n’arrête pas d’entretenir la flamme. Bouge ton ventre et cale-moi avec tes chevilles réunies sur mes reins. Je sens que nous allons bientôt jouir ensemble. Oui, prépare-toi, oh, oh, han. Tu sais que tu es bonne, toi. Tu m’as vidé. Tu l’auras ton bébé ! Quel coup ! … Tu as vu l’heure ?
- Non, pas déjà. Si tu es fatigué, mets-toi sur le dos, je vais te refaire durcir avec ma bouche, tu aimes ? D’abord il faut que je nettoie le goupillon qui m’a bénie. Là… tu reprends forme, tu es presque aussi gros et long que Paul… On ne va pas se quitter si vite. Tu diras à ta vieille qu’il y avait un pot pour un anniversaire.
- Bon, installe-toi. C’est ça, descends. Avec ce que je t’ai mis, ça descend tout seul. Reste au fond, remue ton bassin, décris des cercles. C’est divin. Ton mari en a une plus grosse, mais te donne-t-il autant de plaisir ? Ce n’est pas qu’une histoire de taille, tu sais : il faut savoir s’en servir. Tu me sens ? Tu as la face toute rouge, même la base de ton cou est congestionnée : tu t’approches du prochain orgasme. Ma parole, tu étais en manque. Tes prochaines règles, c’est pour quand ?
- Tais-toi, lève tes hanches, pénètre, rentre-moi dedans… dans quinze jours… ooohh… ooho, oui, encore… encore, plus profond, pousse !
- Tu fais souvent l’amour avec ton cocu ?
- Non, en ce moment, il ne me touche plus ; depuis que je suis restée pour ranger l’atelier, il m’ignore. C’est par jalousie. Mais après mes prochaines règles, si je le laisse assister… maman ! Hooo… beuhh. Ça y est, je te sens jaillir, oh, ho, hoooo.
- Tu ne pouvais pas le dire plus tôt ? Si tu es enceinte, ça ne pourra être que de moi. Tu es folle à lier.
D’un violent coup de reins, il la désarçonne. Trop tard : le premier éclair de mon flash passe inaperçu, le second renverse Gilles sur le dos. Je tourne autour du matelas en mitraillant les deux acteurs effarés, paralysés par mon apparition et l’entrée des trois malabars qui m’accompagnent. Leur anatomie dénudée, l’érection de Gilles, la coulée blanchâtre entre les lèvres bâillantes de la vulve irritée de Rose, cuisses ouvertes, l’appareil vise tout, les yeux des témoins n’en manquent rien. Sylvie accourt, je n’ai pas eu à l’appeler. Elle se met à hurler :
- Ah ! La cocue, la vieille, la tigresse. Elle va t’arranger, la tigresse. Putain, salope, paumée !
Je ne peux pas empêcher les claques et le crêpage de chignon. Sur le drap souillé, ils gisent inertes, stupides, défaits. Le plus catastrophé c’est Gilles : l’apparition de sa vieille le terrorise. Rose finit par resserrer les jambes et cache son sexe des deux mains. Elle sanglote, a pris les gifles de façon passive et proteste:
- Non, non, non, pardon, non, hoooo.
Des « hooo » qui n’ont plus la même résonance. À qui s’adresse-t-elle ? À moi, à Gilles, à Sylvie ?
Rose revient vers 12 h 15. Elle m’enlace et m’embrasse mieux qu’elle ne le faisait depuis une quinzaine de jours, babille, s’amuse à vérifier les courses et mon emploi du temps :
- Tu as rencontré des connaissances au marché ? Depuis le magasin, il m’a semblé te voir en pleine conversation avec une jolie blonde. Qui était-ce ? De sujet aviez-vous donc à parler si longtemps ? Tu me ferais des infidélités ?
Elle se livre à un jeu de coupable : passer à l’offensive pour éviter d’avoir à se défendre. Je n’ai pas choisi le lieu par hasard. Son magasin de confection est situé à l’extrémité sud de la place et, du premier étage, on peut observer toutes les allées du marché. Donc Rose a surveillé mon entretien avec Sylvie, comme je le souhaitais. Il serait étonnant qu’elle n’ait pas reconnu mon interlocutrice. Notre rencontre l’intrigue : Sylvie m’aurait-elle livré la version réelle de sa visite du jeudi ? La situation est cocasse, je prends plaisir à faire traîner mes réponses.
- Serais-tu jalouse parce que je parle à une jolie femme sur la place du marché ? Souviens-toi qu’il y a quelques jours tu m’as demandé de te faire confiance. C’était à propos de ton cours particulier à domicile avec Gilles. Entre une femme qui reçoit un homme à domicile alors que son mari est absent et un mari qui discute sur une place de marché avec une femme, sous les fenêtres du lieu de travail de son épouse, quelle est la situation qui peut le mieux générer une crise de jalousie ? Qui de nous deux serait le plus en droit d’être jaloux ? À mon tour de te demander de me faire confiance.
Rose pique un fard, ma question l’embarrasse. Elle craint que Sylvie ne m’ait renseigné sur son activité amoureuse avec son mari.
- Toi, tu ne me fais toujours pas confiance et ce cours à domicile te déplaît. Pourtant, tu sais, il n’y a rien entre le professeur et l’élève. Nous ne sommes plus des adolescents et je suis ta femme aimante et fidèle. Puisque c’est ainsi, je renonce à ce cours particulier. Ça te va comme ça ? Je l’annoncerai à Gilles mardi soir. Tu vois, cesse d‘être jaloux.
Elle veut me donner l’impression de faire un gros sacrifice pour m’être agréable, Elle dépose sur ma joue un baiser sonore, ô la traîtresse ! Je sais qu’elle m’est fidèle (tiens donc), je sais qu’il n’y a rien entre elle et son amant (tiens, encore) mais je sais aussi qu’elle a juré à Sylvie de ne plus prendre de cours à domicile avec Gilles. En réalité, elle y est contrainte et sa renonciation est pure tromperie supplémentaire. Elle n’a honte de rien ! Quel masque ! Je décide de charger l’âne.
- Quel revirement ! Si tu fais une telle concession, Rose, je suis tout disposé à en faire une à mon tour pour te prouver que j’apprécie ta décision au plus haut point. Jeudi prochain, je n’irai pas au tennis et je vous tiendrai compagnie. Ne fais pas un pareil sacrifice, je sais parfaitement que je peux te faire confiance et que tu es fidèle. Donc je souhaite vraiment que tu te perfectionnes. Il faut absolument que tu laisses s’épanouir tous ces dons que Gilles te reconnaît. Cette admiration presque amoureuse, il faut que tu en tires avantage pour faire apparaître au grand jour ton talent.
Ton maître a pour toi de l’admiration, cela doit te booster, te pousser à te dépasser, à te donner à fond, sans retenue, corps et âme, passionnément. C’est, si j’ai bien compris, une chance unique que Gilles ait remarqué tes qualités et qu’il ait décidé de te prendre en main et qu’il te pétrisse comme un kaolin dont on tire les plus belles porcelaines. Ne renonce pas maintenant. Je m’en voudrais toute ma vie d’avoir empêché cette relation privilégiée entre un maître et son élève. En ce moment il te façonne, il te révèle à toi-même : c’est un travail mental et physique simultanément. Par ses conseils et dans ses mains, il te transforme en une autre, il te serre, il te monte à la température idéale, il te triture, tantôt en tâtant, tantôt en caressant ou en flattant, il te prépare, il te sépare de l‘ancien, du quotidien.
Tu vas être son œuvre si tu sais accueillir en toi tout ce qu’il saura y déverser, tu vivras des moments mémorables, fondateurs d’une vie plus pleine, plus intéressante. C’est un peu une sorte d’acte d’amour, d’échange de deux âmes. Pour un peu, je dirais que, grâce à Gilles tu te trouveras enceinte de ton art. Cette relation, je l’ai compris, porte en elle les germes de l’éclosion d’une vraie artiste. Ne te décourage pas, ne rejette pas cette occasion rare de te faire féconder par ce maître, de faire éclore ces possibilités qui attendent en toi de grandir et de se manifester. Encore un peu de patience et de persévérance, aie foi en toi et en lui et tu vas accoucher d’une œuvre magnifique. Donc je veux que tu lui laisses le temps de mettre en toi la semence de ces moissons futures.
Si quelqu’un trouve à redire aux visites de Gilles chez moi, je lui dirai que c’est moi qui le veux : vous serez à l’abri des cancans, surtout si j’assiste discrètement à ces moments de communication profonde, de communion. J’espère que ma présence ne nuira pas à cette nécessaire interpénétration, à l’intimité indispensable pour connaître l’ineffable état de grâce où seuls parviennent les vrais artistes, ce septième ciel de ceux qui osent. Et s’il faut que je me prive de quelques autres parties de tennis, je le ferai volontiers. Ce compromis te convient-il ?
- Oui, merci. Tu es un mari magnifique.
Mon contre-pied la surprend, elle ne sait que répondre et se tire cette épine du pied par un autre baiser sur l’autre joue. Gilles jouit d’un régime de faveur en matière de baisers; Rose l’embrasse sur la bouche ; ces baisers d’amoureux lui sont réservés ! Elle a bu mon envolée avec un plaisir évident. A-t-elle saisi au passage tous les termes évocateurs de la relation amoureuse ? L’enthousiasme feint que j’ai montré va-t-il semer le doute ou la remplir de certitudes ? Ses travaux artisanaux ne méritent certainement pas un éloge aussi excessif, seule la passion qui aveugle peut lui faire gober ces propos dithyrambiques. Comment fait-elle pour ne pas soupçonner l’ironie que charrient une telle exagération et les allusions à sa conduite en compagnie du mentor ?
- Mais es-tu sûr que ce n’est pas un trop gros sacrifice pour toi ? Tu abandonnerais le tennis ?
- Que ne ferais-je pas pour toi ? N’oublie pas nos promesses de mariage : c’est du sérieux, un mari doit comprendre les besoins de son épouse et s’efforcer d’y répondre.
Elle a jusqu’à jeudi pour se sortir de ce traquenard. Ce qui l’intrigue, ce qui devrait déterminer sa conduite à venir, ce qui brouille le message, c’est ma rencontre avec la femme qui a découvert le pot aux roses de Rose. Elle a besoin de savoir; donc elle revient à la charge :
— Tu ne m’as toujours pas dit qui était cette blonde : c’est un secret ?
— Non assurément, c’est presque une voisine. J’ai été très étonné qu’elle m’arrête pour parler. C’est la première fois qu’elle m’a adressé la parole depuis que nous habitons ici. Je pensais que tu la connaissais, elle ne m’a parlé que de toi : c’est la femme de Gilles.
— Ah ! C’est étonnant, nous nous connaissons à peine. Qu’a-t-elle bien pu te dire à mon sujet ? Beaucoup de bien, j’espère !
— En effet, j’ai subi la litanie de tes louanges. J’ai presque senti de l’agacement dans ses propos. Il paraît que son mari t’adore, qu’il te trouve des tas de qualités, de l’intelligence artistique, une sensibilité peu commune, beaucoup de passion quand tu poursuis un but, une approche sympathique des gens telle qu’on ne peut pas ne pas t’aimer. Il a même cité tes formes physiques comme modèle de corps féminin.
Et pendant qu’elle me répétait tout le bien que son mari dit si souvent de toi, j’avais la sensation que tu inspires une sorte de jalousie à cette femme pourtant si belle. Gilles loue sans cesse la souplesse de ton corps, la grâce de tes gestes, la profondeur de ton regard, l’attention affectueuse que tu lui réserves, la sûreté de ton goût en matière d’habillement, la discrétion de ton maquillage, la douceur des traits de ton visage, et surtout ta capacité à saisir immédiatement les consignes et la simplicité avec laquelle tu reçois les remarques, enfin la vénération que tu lui portes .
Sa femme est exaspérée de tous ces compliments qu’il t’adresse devant elle. Elle m’a même dit qu’elle, sa femme, n’avait jamais obtenu la moitié de ces louanges. Elle a ajouté que j’avais bien de la chance de posséder une telle perle et, pour me taquiner, m’a lancé en me quittant que je devrais veiller attentivement à ne pas me la faire voler, ni par son mari, mais elle veille au grain, ni par un autre. Je sens qu’il y avait comme un avertissement. Tu ne te serais pas montrée avec un autre homme ?
- Ça alors, il a fallu qu’elle te mette des idées bizarres en tête. Mon Dieu, mon chéri, j’en suis toute gênée. Que vas-tu imaginer ? Qu’est-ce qui lui prend à cette bonne femme ? Qu’elle surveille son mari si elle est jalouse, mais qu’elle ne s’amuse pas à briser le ménage des autres. Viens que je t’embrasse.
Ma joue gauche et ma joue droite reçoivent ce grand réconfort de ma divine tricheuse. Si elle me croit, elle est soulagée. Mais je continue :
- Au contraire, remercie Sylvie : c’est elle qui m’a ouvert les yeux. Grâce à elle j’ai compris le sens de la relation fusionnelle nécessaire entre artistes. Je n’ai plus aucune raison d’être jaloux de ce qui vous rend si proches. Je croyais que vos retours à pas lents par le chemin le plus long, bras sur l’épaule, corps rapprochés, bisous de séparation dans la rue, étaient des promenades romantiques d’amoureux ; je sais maintenant que ce n’était que des moments de transmission artistique, de partage d’une passion commune ; et ça change tout. Si je suis jaloux, vois-tu, c’est de ne pas pouvoir vous suivre dans ce registre, de ne pas être capable de goûter à ce pur bonheur comme vous.
Ne suis-je pas parfait dans ce rôle du cocu qui se réjouit de l’évolution de sa femme : Il n’est pas de pire aveugle que celui qui ne veut pas voir. Moi, j’en ai trop vu pour reculer. J’entre dans le personnage que Rose m’a attribué dans son exaltation amoureuse.
Ce mardi je suis donc théoriquement dans le train de Paris. Ma voiture garée hors de l’itinéraire de ma maison à l’atelier, je viens de voir Rose toute guillerette partir à ce cours collectif. Je quitte ma voiture et j’emprunte mon passage par le local technique. J’ai environ deux heures devant moi pour inspecter les lieux. Tout est propre et bien rangé. Exceptionnellement, la porte de la chambre située dans le prolongement de la façade ouest, du côté des fenêtres de la grande pièce de vie, est ouverte. Nous y avons disposé un matelas que Rose et moi utilisons à même le sol, lorsque nous accueillons pour la nuit des amis auxquels nous laissons notre chambre. Sera-t-il nécessaire d’acheter une chambre d’amis ?
Je reçois immédiatement confirmation que Rose attend un visiteur : le matelas est habillé d’un drap de coton égyptien, deux coussins brodés d’un cœur marquent l’emplacement de deux têtes et des pétales de pivoines roses ont été répandus en bordure de ce lit. C’est donc ici qu’auront lieu les ébats espérés. Un reste de pudeur a protégé le lit conjugal. Pour combien de temps ?
La porte de la chambre du milieu est, comme toujours, fermée à clé. Je l’ouvre et j’y dépose mon appareil photo, mon magnétophone que je brancherai plus tard pour enregistrer ce qui se dira dans ce lieu de renouvellement de mon cocufiage. Le fil du microphone emprunte le passage des tuyaux d’alimentation des radiateurs en fonte à travers la paroi ; des liens de scotch transparent le maintiennent hors de vue et je fixe le micro à l’arrière du radiateur, froid en cette saison. Je ramène quatre sièges de jardin de mon garage. À 19 heures arrivent mes trois mousquetaires. Trois grands costauds : propres. J’ai insisté sur les consignes d’hygiène. Je les installe sur les sièges de jardin, dans la chambre du milieu et leur offre une bière. Je leur rappelle ce qu’ils auront à faire au signal que je leur donnerai. Le silence le plus total devra être observé à partir de 20 heures, sinon l’opération échouera.
Sylvie arrive à son tour. Je l’installe avec les autres. Une seule consigne : attendre sans bruit mon signal et elle pourra se manifester. 19 h 57 une clé tourne dans la serrure. Portes fermées ; SILENCE ! je branche le magnétophone.
Rose pénètre dans le salon. Derrière elle, les mains sur ses hanches, Gilles demande:
- Tu n’as pas oublié de fermer la porte cette fois ? Ma femme était furieuse.
- Ah non ! Assieds-toi une minute dans ce fauteuil, je ferme les volets et je suis à toi. Je ne tiens pas à voir surgir ta tigresse. Elle a tenu parole, elle n’a rien dit à Paul, heureusement. Sais-tu qu’il souhaite ardemment que tu continues à venir chez nous ? Tu pourras dire à ta femme qu’il assistera au travail. Ça devrait la rassurer. Bon, nous avons peu de temps pour nous aimer, il ne faut pas éveiller les soupçons de ta cocue ! Viens, je nous ai préparé un lit d’amour. Quelle merveilleuse idée ce voyage à Paris ! Ah !Ah !Ah ! Ca ne pouvait pas mieux tomber.Si tu veux, demain, quand tu auras un moment… humm, oui, humm…
Étroitement enlacés, bouches dévorantes, ils se dirigent vers le matelas.
- Quand nous serons sûrs de nos sentiments et de la durée de notre amour, je te recevrai dans notre chambre. Vite passons aux choses sérieuses avant d’être dérangés. Je suis folle de toi. Et toi tu m’aimes ? … Ce n’est pas croyable ce que mon cocu peut-être crédule ! Tu pourras venir quand il sera au travail ! Le jeudi on se tiendra tranquilles puisqu’il veut assister, mais nous nous rattraperons. Oui, encore… Oh : tes mains sur moi, oooh !
Je sors de la chambre, fais signe aux autres de ne pas bouger.
- Ça y est, je suis prête, posons nos vêtement sur cette chaise, à côté de la porte.
Je me suis plaqué à la paroi. Dans l’encadrement de la porte apparaît le bas du dos de Rose, enveloppé dans une étroite frange de dentelle mousseuse : elle va se ruiner en tenues affriolantes. La minute d’après, je les entends se rejoindre en riant et chahutant sur le drap frais. Entre deux baisers gourmands, le souffle déjà court Rose rit :
- Fais doucement, tu me chatouilles. (Elle rit en roucoulant). Ne sois pas si pressé, embrasse encore mes seins. Oui, fais gonfler mes tétons, aspire, suce, roule l’autre entre tes doigts. Oh ! Comme tu es habile et doux. J’aime, encore…Tu peux aussi toucher mon petit bouton, oui, là, mais doucement, mouille un peu ton doigt dans la fente. Hhhho… Tu sais ce que je souhaite ? Fais-moi un enfant. Quand je le porterai, je penserai à toi, quand il grandira, je penserai à toi en le regardant. Si nous ne pouvons plus nous voir à cause de Sylvie ou de Paul, nous aurons un trésor en commun, un secret que personne ne connaîtra. Là… entre doucement. Enfin. Oui. C’est si bon…Oh ! Gilles, ta verge, enfin, oui, entre, pousse, va au fond de moi. Oui….
Ils ont sacrifié les préliminaires et plongent dans le vif du sujet : trop de contrariétés ont interrompu leurs précédentes tentatives. Cette fois ils se précipitent enfin dans cette copulation voulue. Je n’entends plus que leurs souffles. À intervalles espacés, Rose produit un « euh ! euh ! » Je m’approche. Elle serre sur ses hanches le bassin de l’homme, des deux mains ; lui est en appui sur ses bras tendus posés de chaque côté de la tête permanentée de cet après-midi. Ils sont les yeux dans les yeux guettant dans le regard de l’autre la montée du désir, les vagues du plaisir. Plus rien ne compte désormais que cette quête de la jouissance physique. Les « euh » … « euh » se précipitent. Le martèlement du mâle accélère, les clapotis humides du piston sont de plus en plus fréquents.
- Surtout ne te retire pas, viens tout au fond de moi. Ouiiiiii ! Dis-moi que tu m’aimes. Baise moi fort. Plus vite, plus fort. Ah! Tu es un vrai homme, viole-moi, mords mes lèvres, soulève mes cuisses, plonge, reste immobile contre l’entrée de mon utérus. Crache ton sperme. Frotte, tue-moi de plaisir. Giiiiles ! Oui, hi, hi
Le grognement grave qui lui répond ne me convaincrait pas ! Je recule, ouvre la porte voisine au moment où Rose s’époumone et crie :
- Je viens, baise-moi, baise, heu… Oh, ce jet, c’est chaud… Encore !
Gilles est fier de l’extase de sa partenaire :
- Enfin, quel plaisir de te voir jouir. Garde les yeux ouverts et n’arrête pas d’entretenir la flamme. Bouge ton ventre et cale-moi avec tes chevilles réunies sur mes reins. Je sens que nous allons bientôt jouir ensemble. Oui, prépare-toi, oh, oh, han. Tu sais que tu es bonne, toi. Tu m’as vidé. Tu l’auras ton bébé ! Quel coup ! … Tu as vu l’heure ?
- Non, pas déjà. Si tu es fatigué, mets-toi sur le dos, je vais te refaire durcir avec ma bouche, tu aimes ? D’abord il faut que je nettoie le goupillon qui m’a bénie. Là… tu reprends forme, tu es presque aussi gros et long que Paul… On ne va pas se quitter si vite. Tu diras à ta vieille qu’il y avait un pot pour un anniversaire.
- Bon, installe-toi. C’est ça, descends. Avec ce que je t’ai mis, ça descend tout seul. Reste au fond, remue ton bassin, décris des cercles. C’est divin. Ton mari en a une plus grosse, mais te donne-t-il autant de plaisir ? Ce n’est pas qu’une histoire de taille, tu sais : il faut savoir s’en servir. Tu me sens ? Tu as la face toute rouge, même la base de ton cou est congestionnée : tu t’approches du prochain orgasme. Ma parole, tu étais en manque. Tes prochaines règles, c’est pour quand ?
- Tais-toi, lève tes hanches, pénètre, rentre-moi dedans… dans quinze jours… ooohh… ooho, oui, encore… encore, plus profond, pousse !
- Tu fais souvent l’amour avec ton cocu ?
- Non, en ce moment, il ne me touche plus ; depuis que je suis restée pour ranger l’atelier, il m’ignore. C’est par jalousie. Mais après mes prochaines règles, si je le laisse assister… maman ! Hooo… beuhh. Ça y est, je te sens jaillir, oh, ho, hoooo.
- Tu ne pouvais pas le dire plus tôt ? Si tu es enceinte, ça ne pourra être que de moi. Tu es folle à lier.
D’un violent coup de reins, il la désarçonne. Trop tard : le premier éclair de mon flash passe inaperçu, le second renverse Gilles sur le dos. Je tourne autour du matelas en mitraillant les deux acteurs effarés, paralysés par mon apparition et l’entrée des trois malabars qui m’accompagnent. Leur anatomie dénudée, l’érection de Gilles, la coulée blanchâtre entre les lèvres bâillantes de la vulve irritée de Rose, cuisses ouvertes, l’appareil vise tout, les yeux des témoins n’en manquent rien. Sylvie accourt, je n’ai pas eu à l’appeler. Elle se met à hurler :
- Ah ! La cocue, la vieille, la tigresse. Elle va t’arranger, la tigresse. Putain, salope, paumée !
Je ne peux pas empêcher les claques et le crêpage de chignon. Sur le drap souillé, ils gisent inertes, stupides, défaits. Le plus catastrophé c’est Gilles : l’apparition de sa vieille le terrorise. Rose finit par resserrer les jambes et cache son sexe des deux mains. Elle sanglote, a pris les gifles de façon passive et proteste:
- Non, non, non, pardon, non, hoooo.
Des « hooo » qui n’ont plus la même résonance. À qui s’adresse-t-elle ? À moi, à Gilles, à Sylvie ?
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