Sur le chemin de la soumission (1) - histoire érotique

1) Tu m’appartiendras

Posé sur la table, seul au milieu de rien, un cadeau emballé avec des liens en satin rouge et noir. Ce paquet annonce le début d’une nouvelle existence.

Quand je suis rentrée ce soir-là, fatiguée par ma longue journée de travail, je ne m’attendais pas à avoir un cadeau et encore moins celui-ci. Il a attiré mon regard et attisé ma curiosité. Mon mari avait cet air de malice, un sourire en coin. Qu’avait-il préparé ? Un livre noir, une pochette en tulle avec un carnet dedans, deux boites à bijoux. Je commençais par ouvrir la pochette, dedans, un carnet vierge en cuir rouge où était inscrit le mot « intime ». Que voulait dire ce carnet, à quoi servait-il ? Je pris alors le livre noir. Sur la couverture, une image plus qu’explicite : une femme de dos me ressemblant en jupe et soutien-gorge en cuir noir à genoux, un collier autour du cou et les mains entravées. Le titre ne laisse pas plus de doute « Soumise au désir : le jeu de l’obéissance ». Me voici partagée entre excitation et peur, je ne sais toujours pas ce que contient ce livre mais je n’ai qu’une envie : de l’ouvrir. Je n’ai même pas pris la peine de lire la quatrième de couverture. Ce livre m’était adressé avec un mot plein de tendresse de mon mari puis une citation : « Ce que son amant voulait d’elle était simple : qu’elle fit constamment et immédiatement accessible. » Histoire d’O de Pauline Réage.

À la cinquième page apparaissent les règles du jeu. Chaque premier jour du mois, je dois tirer deux numéros dans une enveloppe. Ces numéros correspondent à des actions que je découvrirai dans le livre. Ma mission : réaliser ces deux actions avant la fin du mois. Si j’échoue à accomplir toutes mes missions dans le délai imparti, je devrai alors tirer une carte punition et la/les missions non accomplies seront reportées au mois suivant. Chaque mission peut me rapporter des points qui me permettent d’accéder à des récompenses.

J’avance dans ma lecture, je lis chaque mot avec une attention particulière. Je n’arrive pas à comprendre comment il a pu imaginer un jeu aussi complet et qui me correspond aussi bien. Je continue avec une légère excitation qui se fait sentir entre mes jambes.

Je dois également remplir mon journal en cuir. Il va servir de lien entre nous. Ce sera mon journal intime de soumise. Je dois y marquer mes pensées et mes émotions, mon ressenti avant et pendant l’action, les difficultés rencontrées, mes impressions… Mais je dois également noter sur 10 la difficulté de l’action, la douleur ou l’humiliation ressentie… Mon plaisir doit y figurer tout comme ma fierté. Tout est pensé pour que je puisse me livrer en détails et qu’il puisse affiner sa domination. Mon journal doit être bien tenu car mon maitre pourra y accéder à sa guise pour lire mes pages.

Puis, viens la lecture d’un nouveau paragraphe « immersion annuelle ». Au cours de l’année, je deviendrai sa soumise pendant quarante-huit heures. Je dois me plier à tous ses désirs et essayer de le satisfaire au mieux. Il veut tester mes limites lors de ces temps, aller plus loin dans la domination. Avant chaque « week-end » immersif, je dois signer un contrat qui se trouve à la fin du livre. Je suis impatiente de pouvoir le lire. Mon premier contrat avec un maître, avec Mon Maître. Ce n’est pas tout, pendant ces quarante-huit heures, je dois porter un collier qui rappelle mon statut. Un collier gravé « soumise » en ras de cou. Ce collier sera attaché par mon Maître, pendant que je lui cite mon texte d’engagement.

L’excitation est trop grande. La fatigue de la journée s’efface au fur et à mesure de ma lecture. Je sens mes joues rosirent. Je ne veux pas laisser paraitre ma très grande envie mais mes yeux remplis d’étoiles et mes sourires ne font que confirmer mon approbation et ma plus grande hâte.

Le livre continue avec des cases, toutes cachées. Je dois les gratter à chaque tirage. Impossible pour moi de savoir ce qu’il y a derrière. Les pages défilent… et je me rends compte qu’il y a deux cents actions ! Cela devrait nous occuper pour les huit prochaines années au minimum. Maintenant, ce sont les pages punitions qui arrivent, elles aussi sont à gratter. Cette fois-ci, il y en a quarante.

Tout tourne dans ma tête. Je ne m’imaginais pas qu’il pouvait faire quelque chose comme ça et encore moins quelque chose d’aussi conséquent. Je suis surprise de ne pas connaitre mon mari aussi bien que je le pensais mais je suis ravie qu’il soit autant attiré par cet univers. Au début de notre relation, c’est moi qui l’aie initié, guidé, poussé dans ce monde de la soumission et de la domination.

À la page 56, j’ai une liste de phrases à apprendre par cœur :
« Je suis ta chienne.
Je suis ton esclave.
Je suis ta soumise.
Je suis ta pute.
Je suis ton vide-couilles.
Je suis ta putain.
Je suis ton jouet.
Je suis ta salope.
Je suis ton sac à foutre.
Je suis ton trou. »
Je suis choquée par ce que je lis. Lui, qui prend tellement soin de moi, qui fait tellement attention, qui ne m’a jamais insultée même au lit…Depuis combien de temps cachait-il son jeu ? Sans me rendre compte, ma culotte est trempée.

« Contrat de soumission encadrant les périodes d’immersion », voici l’intitulé écrit page 57, cette page que j’attendais. Je commence à lire chaque point avec une grande minutie. À tout moment, je dois être disponible et offerte. Je dois avoir la gestuelle, les paroles, une attitude de soumise. Je ne dois pas négliger mon apparence. Chaque moment que mon Maître m’accorde est un privilège et je dois l’en remercier. À la maison, je porterai mon collier. Le soutien-gorge est banni et je n’ai pas le droit de toucher mon Maitre sans son accord. À l’extérieur, je porterai le collier que je devrai dissimuler ou au travail une chaine de cheville où est inscrit le mot « chienne ». Chaque jour de ce « week-end » mes tenues doivent être validées par mon Maître. Je dois écrire dans mon carnet, deux raisons d’être sa soumise avant la fin du week-end. À midi et à 17 heures, je dois lui écrire un message pour lui dire que je suis sa soumise et que je lui appartiens, accompagné d’une photo suggestive. Il y a un rappel des mots de secours, c’est une nouveauté. Nous n’en avions jamais parlé, « orange », « rouge », « vert », « câlin » et « stop ».

Le contrat m’enchante, je me vois déjà le signer. Je m’imagine à quoi pourrait ressembler un séjour immersif. Je n’en peux plus, mon excitation est à son paroxysme. Mais ma lecture n’est pas finie, il me reste encore quelques pages.

S’en suit le contrat d’acceptation du jeu.