19-20 ans (fin) - histoire érotique

Sidéré que je suis! Idiot, je reste planté là, sur le pas de la porte entrouverte, yeux écarquillés. Grand-pa' me fait signe de la main, grogne:
<< - Ferme cette porte, nom de dieu! >>

J'obéis, toujours pétrifié. Nous étions tous persuadés qu'il ne pouvait plus parler. Je m'approche du lit, m'assied sur le bord. Il pose une main sur mon bras, me fixe droit dans les yeux:
<< - Me reste plus beaucoup de temps; quatre matins peut-être, et encore…Dis rien. Parler me fatigue trop et je répondrai pas à tes questions si t'en as, mon gars. Voilà ce que j'ai à dire. T'occupe pas des autres, sois heureux comme tu l'entends. Ce Charly, c'est un bon petit, je le sais. Surtout, te crois pas obligé d'assurer la descendance, comme on dit. Fais pas comme moi. Les temps ont changés, t'es pas obligé de souffrir comme moi. Surtout, n'oublie jamais tes parents et ton grand-père, ce sont de braves personnes avec un cœur gros comme ça. Après mon départ, la maison sera à toi, avec tout ce qui a dedans et autour. J'aimerais que Charly y vive aussi. Allez, va rejoindre les autres. Leur dis pas qu'on a parlé tous deux. Allez! Va! >>

Grand-pa' fait un mouvement comme s'il était irrité par ma présence. Je vois scintiller des larmes au coin de ses yeux. Je dépose une bise sur sa joue, murmure:
<< - Je t'aime, Grand-pa'!
- Moi aussi, mon gars! >>

Je quitte la pièce, persuadé que je viens d'entendre ses dernières volontés.
Dans la grande salle à manger, on s'affaire: qui prépare le dîner, qui s'apprête à partir. Les "inconnus", pour la plupart, restent sur l'instance de ma mère qui déplore que l'on se voit si peu. On se fait prier, juste ce qu'il faut, puis on cède ayant ainsi respecté les convenances. Je ne vois personne mis à part Charly que je rejoins. Il remarque:
<< - Wouah! Pas la grande forme! T'as vu un extra-terrestre ou quoi?
- Je… je te raconterai plus tard. >>

Il sait attendre, le Charly.
Durant la soirée, je monte voir si tout va bien chez Grand-pa'. Il m'ignore, selon son habitude, soit parce qu'il dort, soit parce qu'il se réfugie dans ses pensées.
Les derniers invités quittent la maison vers 23 heures, aussitôt suivis par mes parents et Papy.

*****

Lové contre Charly, je murmure:
<< - Tu sais, je suis content qu'on parle, tous deux. On aurait dû le faire depuis longtemps.
- Ouais, t'as raison. Je t'aurais peut-être pas perdu, Dan. C'est d'ma faute. Au fait, c'est quoi ton truc avec Grand-pa'? T'avais l'air tout chose tout à l'heure. >>

Je lui raconte mon "entrevue". Je devine un sourire sur les lèvres de Charly quand je dis:
<< - Il nous a eus en nous laissant croire qu'il ne pouvait plus parler.
- Oh, y doit pas pouvoir faire la conversation bien longtemps! Mais y sort quelques phrases de temps en temps.
- Comment tu le sais?
- Quand il est seul avec moi, y dit des trucs. Je réponds pas, j'écoute. Il aime ça. Mais c'est pas souvent. D'puis qu'on est là, y m'a rien dit. Y sent que moi et toi on est en bisbille. Y comprend ces choses-là sans qu'on les lui dise.
- Tu crois qu'il nous a entendus quand on parlait en le promenant?
- Non, j'pense pas. Il entend vraiment rien.
- Et tu penses quoi quand il dit que je ne dois pas faire comme lui, que les temps ont changés et que je ne dois pas souffrir comme lui?
- Ça, on le découvrira plus tard, sauf s'il a tout détruit. Mais c'est clair, pour moi. Tu d'vines pas?
- Il s'est marié de force, avec une femme qu'il n'aimait pas alors qu'il en aimait une autre.
- C'est ça, tu crois?
- Peut-être, ou peut-être pas. On verra bien. >>

Un bras de Charly passe sous ma tête, sa main caresse mon épaule. Je sens ses lèvres chatouiller mon cou. Je demande, à brûle pourpoint:
<< - Si tu vivais avec moi, tu serais d'accord pour qu'on ait un enfant?
- Pourquoi, t'es enceint?
- Non, je ne plaisante pas. On pourrait en adopter un, ou en avoir un en s'arrangeant comme le font tant de couples homos.
- J'en rêve. Mais c'est plus possible, j'suis pas l'heureux élu d'ton cœur… >>

Soupirs de Charly qui cesse de me caresser. Je me blottis un peu plus contre lui, prend sa queue entre mes doigts, la branle doucettement:
<< - Excuse d'avoir demandé ça. Je n'aurais pas dû.
- T'en fais pas, ça passera. Et pi, j'ai pas abandonné tout espoir. La preuve, t'es là, contre moi, ma bite dans ta main et bientôt entre tes fesses, à nu, comme la nuit passée. >>

En disant cela, il se couche sur moi, ventre contre ventre, queue contre queue, lèvres contre lèvres, langue sur langue. Le baiser m'électrise. Au contraire de la veille, nous baisons dans la douceur, dans la sensualité, longuement, à deux reprises.
Avant de m'endormir je m'assure que jamais je ne laisserais Charly tomber, qu'on sera toujours amants même de façon occasionnelle.

*****

Nous sommes crevés. 500 bornes en pleine nuit, sous une pluie battante. Au boulot à peine arrivés. Charly, les yeux rougis de fatigue, s'est rendu aux cuisines bien décidé à en faire un minimum. Je suis plus chanceux: une seule heure d'étude à assurer, après les cours normaux. Ce qui me donne le temps de passer à la maison, de me reposer un peu.
Las! Olivier ne me laisse pas en repos, pressé de se vider les couilles, qu'il dit. À votre service, Monseigneur! Cependant je n'assure pas comme je le devrais. Ce séjour auprès de Grand-pa', les heures passées avec Charly, m'ont laissé une drôle d'impression. Olivier comprend que je ne suis pas dans mon assiette. Une fois lâchée sa purée, il me laisse en plan et boude dans son coin. Je ne fais rien pour le dissuader de sa mauvaise humeur. Je veux juste dormir avant d'aller au boulot.
Au réveil, j'ai droit à une scène en règle. Olivier me reproche d'avoir emmené Charly. Il exige des précisions concernant notre hébergement, si moi et son frère on avait baisé, etc. J'élude, mais j'élude mal. Il sait que je mens ou que je ne veux pas en parler. Une sorte de jalousie enragée s'empare de lui. Je prévois la baston, je la sens arriver.
Pour la sentir, je la sens, la baston. Les coups pleuvent sur ma tronche tandis qu'il hurle des insanités, des menaces. Une fois ses nerfs calmés, il s'agenouille à mes pieds, gémit en demandant pardon, jure de ne plus recommencer, veut que je promette de ne jamais le tromper. Je ne bronche pas, vais dans la salle de bain afin de regarder les dégâts: quelques hématomes sans grande importance. Il sait mettre une raclée discrète le mec! Je me souviens de l'excuse fournie par Charly au directeur de l'école pour expliquer mon absence de l'autre jour. Eh bien! Je dirais que les marques que je porte viennent de là. J'applique de la glace aux endroits ulcérés puis m'habille. Avant de partir j'apostrophe Olivier:
<< Tu devrais t'en aller, demain tu reprends ton travail. Si travail il y a. Il vaudrait mieux que tu rentres chez toi.
- On va pas se quitter comme ça, hein Dan?
- Non, on ne va pas se quitter comme ça, t'inquiète. >>

Olivier s'habille, sort en même temps que moi. On se sépare sur le trottoir. Il me lance:
<< - Je reviens vendredi, promis! >>

Je ne réponds pas.
Dans le métro je sais que débute la phase d'éloignement. J'exècre la violence physique, surtout quand j'en suis la victime. Certes, comme je le lui ai dit, je ne quitterai pas Olivier "comme ça". Ce serait me faire souffrir. Je vais le quitter peu à peu, en explorant ses défauts, en cherchant à savoir qui il est exactement. Je me dégoûterai de lui, en quelque sorte. Charly m'y aidera.

Avant de m'aider à quoi que ce soit, Charly fulmine de rage en apercevant ma pommette droite tuméfiée. Pas besoin de longues explications. En me croisant, il glisse:
<< - Après le boulot, j'te raccompagne pour lui causer à ton mec.
- Pas la peine, il est rentré chez lui.
- Alors c'te nuit tu dors chez moi. >>

Le ton est sans réplique. J'ai besoin de me sentir protégé contre moi-même surtout.

*****

Pas d'Olivier depuis plusieurs semaines. Je me force à ne pas compter les jours. Par contre, moi et Mireille on se voit très souvent. J'aime sa présence, son espèce de naïveté envers les gens. Je la trouve intelligente, drôle parfois, trop souvent sérieuse. Non, bien sûr, je ne suis pas amoureux d'elle. Je suis un pédé 100 % pur sucre. Au demeurant, nous ne parlons jamais sexe. Son principal problème: sa famille. Élevée selon les principes anciens, elle ne sait comment annoncer sa grossesse qui ne se voit pas encore trop dans la mesure où les vêtements qu'elle porte sont à la mode, à savoir larges. Selon elle, une telle annonce sans donner le nom du père serait synonyme de rejet, de reniement de la part de ses parents. Je tente de la raisonner, remontrant que nous sommes au 21ème siècle, l'évolution des mœurs, la prise de conscience que le mariage ne rend pas forcément une famille heureuse, etc. Rien n'y fait. Sa peur reste violente, vivace, lui ronge le moral. Alors, mi-blague, mi-demande sérieux, je balance:
<< - On s'entend bien, tous deux. Pourquoi ne pas dire que c'est moi le père? >>

Elle rit, me taquine. Je comprends que le sujet est clos, ma candidature rejetée. Pourtant, j'y pense sérieusement. J'avais même mis quelques espérances dans une acceptation. Je lui en veux, à la Mireille. Tout à coup, elle claironne:
<< - Mais on dirait que tu ne plaisantais pas.
- Non, je ne plaisantais pas, enfin pas tout à fait. Tu sais, je n'aurai jamais d'enfants. J'ai essayé avec les filles, c'est impossible pour moi. Je n'y arrive pas et, excuse-moi de te dire ça, mais ça me dégoûte. Par contre, j'aime parler avec elles. J'adore leur compagnie, plus que celle d'un homme. Je ne parle pas d'amour mais d'amitié. De plus je rêve d'avoir un gosse. Je ne suis pas accro à perpétuer ma race. Mais un gosse, c'est le but d'une vie.
- Ton copain est au courant?
- Ça ne le concerne pas. Je ne suis pas marié avec lui.
- Et tu vois cette paternité comment?
- Je ne sais pas trop. Faudrait en discuter. Être un bon père, j'aimerais.. .. >>

Mireille hésite puis, comme pour elle-même, murmure:
<< - Évidemment, ça résoudrait pas mal de choses. Écoute, on peut en parler. >>

Pour en parler, on en parle. Charly, mis dans la confidence, pousse à la roue. On croirait que moi et lui on va adopter un bébé. Pour lui, ce projet chassera mes mauvaises pensées en attendant que ce bébé chasse le mec qui, dit-il, me torture.

Les semaines s'écoulent. Moi et Mireille on passe de plus en plus de temps ensemble. Charly se joint à nous assez souvent. Toujours aucune nouvelles d'Olivier. Cette absence porte mes nerfs à vif, mon moral à zéro, lorsque je me retrouve seul dans mon appartement.

Heureusement, à l'occasion des fêtes de fin d'année, moi et Charly filons chez Grand-pa' qui lui file sur ses 103 ans! Pas la forme olympique, mon bisaïeul. Il décline vachement. Son corps tremble sans cesse. Il ne maîtrise aucun de ses gestes. Devenu totalement dépendant pour les moindres faits et gestes de la vie courante, il jette des regards désespérés comme pour appeler la fin significative de délivrance. Deux semaines à le laver, l'habiller, le faire manger ou boire, à le changer après chaque oubli dans ses couches.
Dernier jour chez Grand-pa'. Il refuse toute médication. Le médecin prévoit le pire dans les tous prochains jours. Alors, espérant le sauver, lui donner encore quelque raison de vivre, je lui parle, promettant ce qui n'est encore qu'au stade de projet:
<< - Tu sais, Grand-pa', je vais être Papa dans quelques mois. J'en ai pas parlé en novembre parce qu'on n'était pas sûr. C'est une copine qui est enceinte. On s'est arrangé pour que je puisse être père un jour… >>

Les yeux fatigués brillent de leurs dernières lueurs. Grand-pa' semble intéressé. Je continue:
<< - Pas question de changer quoi que ce soit entre moi et Charly. On prendra le petit quand sa mère nous le confiera. C'est un garçon, ce sera mon fils. Grand-pa', tu seras trisaïeul! >>

Moi et Charly quittons la maison: le travail nous attend. Maman reste au chevet de Grand-pa', relayé par Papa, jour et nuit. Deux jours après notre départ, Maman me téléphone afin de m'apprendre que Grand-pa' a passé deux très bonnes nuits, qu'il consent à prendre ses médicaments. J'ai gagné! Mais que lui dire si moi et Mireille on ne conclue pas?

*****

Moi et Charly, on mène presque une vie de couple. On passe nos nuits dans le même lit, plus souvent le sien que le mien. On reste ensemble les week-ends. On baise à la moindre alerte de nos bites et les alertes sont nombreuses. Mais sous mon crâne demeure une image indélébile: le portrait d'Olivier. Si j'espère toujours après lui, je ne le compare pas à Charly et ne cherche pas à les comparer. Parfois, il m'arrive d'aller glaner dans les bosquets afin d'y courtiser quelque gentilhomme à la fesse avenante. Ces extras, connus de Charly qui ne se prive pas d'en commettre aussi, me feraient reprendre une vie normale si je ne mettais pas autant d'entêtement à ne voir mon avenir qu'avec un Olivier vachement amélioré grâce à mon imagination fertile. Depuis que je ne le vois plus, je lui trouve mille et une excuses, m'accuse de vouloir l'agripper et l'obliger à m'aimer. Le comble, c'est que je parle de tout cela avec Charly qui, bon sens faisant loi, tente de me remettre dans la réalité.

Aujourd'hui, Charly nous emmène moi et Mireille chez les parents de cette dernière. Le moment de la présentation officielle du père de leur futur petit-fils arrive. Certes, ces gens digèrent mal la situation peu conventionnelle de leur fille qui n'épousera pas le père de son enfant. Mais on ne maugrée pas trop, le bébé portera les deux noms: celui du père et celui de la mère. La descendance sera assurée. Aussitôt après cette rapide visite qui durera l'instant d'un déjeuner, nous partirons chez mes parents où Grand-pa' m'attend avec une impatience visible, selon Maman, rapide passage avant les vacances de février. Car il reprend vie, l'ancêtre. Il tient à connaître ce descendant. Cependant, personne ne se fait d'illusions: on parle d'ultime embellie avant la fin. On se promet de tout faire pour que cette embellie dure le plus longtemps possible.

Un peu coincés les géniteurs de Mireille, nous le savions. Mais à ce point! Enfin! Il s'agit juste de supporter pendant quelques heures. Les questions fusent! Pourquoi ne pas se marier, c'est mieux pour l'enfant? D'où je viens? Qu'est-ce que je fais dans la vie? Ai-je besoin d'un coup de main pour lancer ma carrière dans l'éducation nationale? Où comptons-nous vivre? Quels prénoms pour le bébé, compte tenu qu'il faut penser honorer les aînés des familles? Et c'est là que je boucle le bec à cette gente prétentieuse:
<< - On va avoir un problème alors. Rendez-vous compte: j'ai mon père, mon grand-père et mon arrière-grand-père. Ça fait déjà trois prénoms. De votre côté, si j'ai bien compris, il y a vous le père de Mireille, son oncle et son grand-oncle. >>

Évidemment on s'émerveille: comment, vous avez encore votre arrière-grand-père! Nous l'avons et je fonce aussitôt après le voir afin qu'il connaisse Mireille. Mais c'est merveilleux (on appuie longuement sur le mè….. de merveilleux) à 103 ans. D'un coup, l'ambiance change. De guindée elle se transforme en véritable réunion de famille dont tous les membres sont heureux de se voir, de se raconter. Ça c'est le miracle Grand-pa'. Il apparaît et tout le monde s'aime. On parle de lui, et tout le monde s'aime. Un véritable catalyseur de l'amour, mon Grand-pa'. Me voilà devenu copain avec le Papa de Mireille tandis que Charly fait l'admiration de la Maman de Mireille qui ne cesse de lorgner l'imposante stature de mon cuistot d'amant. Si elle savait, elle en mourrait. Au lieu de quitter les lieux dès le dessert ingurgité, nous traînons jusqu'à remettre au lendemain notre voyage chez Grand-pa'. On nous invite à dormir dans la chambre bleue, piaule prédestinée à la naissance des garçons. Pas question de chambre à part, cela va de soi. Mais, à mon grand étonnement, je ne rebute pas à dormir aux côtés de Mireille qui se moque gentiment de moi. Charly, remisé à l'étage, décrète:
<< - Si la vieille tente d'me violer, je hurle. >>

*****

Lever tardif et en catastrophe, laver précipitamment, déjeuner expédié en quatrième vitesse. On bise la famille ou on serre les mains, selon les dispositions de chacun et les positions de chacun. On s'apprête à monter en voiture quand un véhicule apparaît qui passe la grille d'entrée. Le père de Mireille fronce les sourcils, peste comme pour lui mais assez fort pour que tout le monde entende:
<< - Encore le pique-assiette! Restez quelques minutes, les enfants, ce sera un prétexte pour ne pas le recevoir. >>

Mireille s'informe:
<< - De qui s'agit-il?
- Du fils d'un ami d'enfance qui m'a sauvé de la noyade à l'époque de l'école communale. Cet ami est décédé il y a deux ans. Je ne sais pas comment son fils m'a retrouvé, mais depuis il vient régulièrement se faire entretenir. Et encore, s'il venait seul! Mais non, Monsieur nous gratifie de la présence de son petit ami, enfin vous voyez ce que je veux dire… deux homosexuels! >>

Moi et Charly n'avons guère l'opportunité de connaître plus avant les raisons de l'animosité de ce père de famille envers les visiteurs. Olivier, dans toute sa splendeur, débarque, saluant familièrement celui qu'il appelle son hôte préféré. Mireille qui nous regarde comprend la situation. Elle n'a de cesse que de nous faire monter en voiture et partir. Olivier, trop occupé à hypnotiser le maître de maison, ne prête aucune attention à nous, d'autant qu'il ne s'attend certainement pas à nous voir ici. Mais Charly, impulsif, fout ce projet en l'air en s'écriant:
<< - Toi, Olivier! >>

Et l'Olivier de se retourner vers nous, de blêmir en nous apercevant. Décrire mon état ne donnerait rien tant mon crâne va exploser. Tout se bouscule là-dedans, tout s'enchevêtre. Rien de bon n'en sortira. Alors je laisse les événements se produire, me contenant d'observer. Plus tard, peut-être, aurais-je une réaction, tenterais-je de comprendre. Les deux mots lancés par Charly laissent tout ce petit monde figé. L'arrivant se secoue après bien des hésitations. Il s'avance vers son frère, l'embrasse sans grande effusion, on le comprend. Puis il s'adresse à moi et Mireille, d'un simple salue de la tête et d'un "bonjour" jeté plutôt que prononcé. Il ne daigne pas présenter son accompagnateur. Poings serrés, Charly n'entend pas en rester aux politesses d'usage. Il gronde à l'adresse de son frangin:
<< - Pas le temps pour les explications, ni l'endroit. Mais t'as intérêt à venir chez moi lundi soir sinon j'te démoli à vie, pigé? >>

Le père, gêné par cet imprévu, par ce qu'il croit être une gaffe de sa part, déclare à l'attention d' Olivier:
<< - Je regrette, cher ami, mais j'ai du monde. Une réunion de famille en quelque sorte. Ma fille et son fiancé. Vous comprenez…. Je serais bientôt grand-père… revenez plus tard. Mais que cela ne vous empêche nullement de vous rafraîchir. >>

Olivier refuse tout net, préférant s'esbigner vite fait, comme s'il était poursuivi par un troupeau d'éléphants. Les voilà partis en quelques dixièmes de secondes. Maintenant, je me réveille. À mon tour d'exploser ou peu s'en faut. D'un air le plus innocent possible, je susurre hypocritement:
<< - Vous disiez que ces deux personnes vivaient… enfin vous voyez ce que je veux dire.
- En effet, ils vivent en couple. Je les vois quand tout va bien. Et en ce moment, tout va bien. Ils viennent régulièrement chaque semaine. Depuis deux ans, je n'ai eu la paix qu'une quinzaine de jours, à peine. Ce fut la grande fâcherie entre eux. >>

Sidérés, qu'on est, moi et Charly. Mireille nous rappelle que nous devons être à 500 km d'ici avant le dîner. On obtempère, la tête remplie de questions sans réponse, de colères inassouvies. Néanmoins, on quitte ses parents le plus aimablement du monde d'autant, qu'en fin de compte, ce bref séjour s'est avéré agréable. Papa me tape amicalement sur l'épaule puis déclare en serrant la main de Charly:
<< - C'est vraiment votre frère? Comment se fait-il que je ne vous connaisse pas? >>

Et Charly, avec son franc parler:
<< - Tout simple, Monsieur! Notre père n'a jamais sauvé qui qu'ce soit de la noyade, y sait pas nager et y vit toujours. Olivier a dû entendre parler de votre histoire. L'en a profité, l'escroc! Va m'entendre je vous le promets! >>

Pantois, frisant le pantelant, le Papa de Mireille. Il pige qu'il s'est fait gruger par un filou et ce depuis bientôt deux ans! Dans le fond, je trouve que le métier d'aigrefin va fort bien à mon Olivier! Par contre, j'apprécie moins l'espèce de "brunasse" teinte et maquillée qui l'accompagnait.

*****

Les voyages se suivent mais ne se ressemblent pas. On ne s'entend plus dans la voiture. Chacun y va de ses questionnements, de ses suppositions, interrompant les deux autres afin de faire prévaloir ses idées. Comprendra qui veut. Mais impossible de comprendre quoi que ce soit, tant nous sommes énervés. Résultat, le trajet nous paraît bien court.
Nous arrivons avant le dîner, comme annoncé téléphoniquement. Reproches pour notre retard (nous devions être là depuis la veille). J'explique l'accueil charmant des "beaux-parents". On pardonne bien volontiers. Visite prolongée chez Grand-pa' qui, grosses larmes sur les joues, pose une main tremblotante sur le ventre maintenant rondelet de Mireille. Il hoche du chef comme pour nous dire que le "p'tit gars" lui a fait coucou en bougeant ses petons. Cet effort rend groggy Grand-pa' qui ne tarde pas à sombrer dans les rêves que nous espérons merveilleux.
Dîner en famille, à savoir Maman, Papa, Papy et nous trois. Je renâcle un peu: pourquoi conserver cette habitude d'écarter Grand-pa' des repas familiaux. Maman, toujours pratique, explique:
<< - S'il mange avec nous à table, je ne peux pas m'occuper que de lui. Tu comprends mon garçon? Il accapare toute mon attention ou celle de ton père. >>

Mireille ne cesse de s'émerveiller: un plus que centenaire. Au téléphone, elle donne tous les détails à sa femme de mère, ne cachant pas son éblouissement. Comme si Grand-pa' était l'apparition divine du millénaire.
Ici, tout le monde sait. Inutile de jouer au couple uni. Mireille prendra la chambre d'amis chez Papy qui, dit-il, se sent mis à l'écart. C'est qu'il nous ferait une crise lui aussi! Moi et Charly on conserve la nôtre de chambre, chez Grand-pa'.
Avant que de me coucher, j'éprouve le besoin impérieux de le visiter, mon Grand-pa'. Sans raison aucune, je m'assieds au pied de son lit et me mets à parler. Bien que la lumière du chevet soit assez faiblarde, je constate que ses yeux sont ouverts, qu'il semble m'écouter avec attention. Et là je déballe tout. Ma rancœur de savoir un Olivier pédé comme un phoque qui m'a joué les vierges effarouchées; ma jalousie de savoir un Olivier vivant en couple avec un autre mec et me considérer comme une roue de secours; ma colère de savoir un Olivier menteur et sans cœur pour moi; mon admiration de savoir un Olivier escroc à la petite semaine et qui se paye la tête des bourgeois. Je dis à Grand-pa' combien je suis vexé par un Olivier qui m'a mis au rang de ces bourgeois en m'escroquant moi aussi. Je demande à Grand-pa' une solution, qu'il ne trouvera pas puisqu'il ne m'entend pas ou presque. Je m'apprête à regagner ma chambre quand je l'entends balbutier:
<< - T'en fais pas, mon gars, tout s'arrange un jour. >>

S'il n'a rien pigé à ce que j'ai raconté, il a fort bien compris que je déversais mes malheurs.
Quelques minutes plus tard, dans les bras de Charly, je recommence la même litanie, à quelques variantes près. À peine ai-je terminé de me lamenter, qu'il anone en baillant:
<< - T'en fais pas, Dan, tout s'arrange un jour! >>

Oui, tout s'arrange un jour. Reste à savoir quel jour et comment. Mais là, personne ne peut répondre, pas même Grand-pa' miracle.
En attendant, je fricote un peu avec Charly. Nos mains caressent, nos bouches se connectent, nos queues palpitent à l'unisson l'une contre l'autre. On s'endort ainsi, bites gaillardes mais têtes épuisées. Comme quoi, le corps précède souvent la cervelle qui elle ne suit pas toujours. Au petit matin, Charly s'étire, clame:
<< - Bon, faut faire son devoir. Hier soir, j'étais trop crevé mais c'matin ça va péter l'feu. >>

Je lorgne le réveil: 5h30. Je râle ferme. Charly impose:
<< - Faut qu'on s'mette en forme pour Grand-pa'. Rien d'tel que des galipettes cochonnes! >>

S'il le dit…. Il passe de suite à la réalisation de son projet, malaxant mes fesses avec assiduité. Sans trop de conviction au départ, je suçote sa queue qui ne débande pas. Je m'informe:
<< - T'as pissé?
- Ben ouais! J'suis réveillé d'puis un moment et j'ai même pris une douche, moi. J't'ai laissé faire la grasse. >>

Tu parles d'une grasse matinée! Enfin, le programme qui suit commence à me plaire. Au préalable je m'éclipse quelques instants, histoire de vidanger la bête et d'un minimum d'ablutions. Revenu sur les lieux de l'orgie, je me mets activement au travail, en léchant l'entre-fesses de mon Charly qui ne cèle pas sa joie. Il aime, le drôle! Et je m'applique d'autant qu'elles sont magnifiques ces petites fesses musclées. J'attrape la queue qui les accompagne, je la gobe et lui inflige une fellation de première. Il se contorsionne, m'enjoignant de ne pas arrêter le supplice. Et bien si! Je stoppe, exige un retour de politesse. Mon Charly s'exécute sachant combien donner du plaisir apporte de plaisirs. Je sens sa langue fureter sur ma rosette tandis que ses mains triturent mes deux hémisphères. Sa bouche baladeuse fricote avec mes couilles puis s'empare de ma bite qu'elle engloutit voracement. Je suis aux anges. Peu de temps après il fourre mon anus à l'aide de son braquemart, le faisant coulisser le plus merveilleusement du monde. Pas besoin de lubrifiant, le naturel suffit amplement. Bonheur de m'avoir auprès de lui? Peut-être. Toujours est-il qu'il crache la purée et que les parois du mon anus sont inondées. Allez mon tout beau! On se retourne, on présente son joli cul à bibi et on me laisse entrer. Ma queue s'introduit dans ce fion tendu, elle s'y complait, elle s'y plaît, elle s'y épanche. On a joui beaucoup trop vite, comme des collégiens lors de leur première branlette. Charly constate:
<< - Tu t'rends compte, on baise sans capote et on s'en fiche! >>

C'est vrai, pas prudent mais on se fait confiance. Alors?
Alors direction docteur, laboratoire d'analyses, et fissa dès le retour! Mais cette fois je suis tranquille comme baptiste (selon l'expression consacrée par nos anciens). Je suis persuadé que je ne cours aucun risque avec Charly qui lui n'en court aucun avec moi. Cependant, cette vilaine petite voix dans ma tête me harcèle par des "on ne sait jamais, Charly ignore peut-être où il en est sur les MST". Je la rembarre! Mais dans le fond, j'ai un peu d'appréhension. Cela n'empêche pas que moi et lui on décide de continuer de baiser à cru. Pour une connerie, ça en est une, mais on y tient!

*****

Dimanche matin, après les galipettes ci-dessus mentionnées, virée au village. Mireille conduit le fauteuil de Grand-pa' qui nous fait comprendre que nous devons la ménager. Elle insiste pour le guider tout au long de la promenade. Le coquin ne somnole pas une seule minute, comme il le fait à l'accoutumée. Moi et Charly on fait les courses: boulangerie, épicerie-tabacs-journaux, boucherie. On rentre vers 10h tout joyeux de notre équipée. Grand-pa' sourit béatement, Mireille remarque gentiment:
<< - Le vrai couple, c'est Charly et Dan mais sûrement pas Mireille et Dan. >>

On ne peut pas dire le contraire. Cependant je constate une chose curieuse. C'est au moment où je croyais m'éloigner le plus de Charly que je m'en rapproche le plus. Bizarre, non? Va comprendre pourquoi! Olivier, bien sûr, pas besoin d'aller chercher plus loin! Sans même s'en rendre compte, Charly m'a aidé durant cette mauvaise passe. Discret, disponible, conseiller, il
m'a accompagné avec son sourire, son amour pour moi. À aucun moment il n'a cherché à supplanter celui qu'il nomme "ton mec". Il s'effaçait ou réapparaissait selon les événements. Moi, sans m'en rendre compte non plus, je me jetais dans ses bras consolateurs au moindre chagrin, naturellement. Ce doit être ça l'amour, le sensé, le raisonnable amour, le sage amour.
Pour me faire plaisir, Maman accepte que Grand-pa' déjeune avec nous. Il tremble, ses yeux larmoient, mais je sais qu'il est heureux de participer à la vie de famille. Pour le coup Papy nous joue les martyrs déclarant qu'on ne s'occupe guère de lui, qu'on ne pense guère à lui. Il en veut pour exemple que jamais on se rend chez lui pour y festoyer, entre autres, ou que Grand-pa' n'a jamais été chez lui. Il n'a pas tort. Alors Papa intervient, explique que c'est uniquement pour des raisons pratiques (déplacements de Grand-pa') notant toutefois que l'on pourrait effectivement faire un effort quand moi et Charly on est là. Du coup, Papy nous invite à un gueuleton à tout casser pour le mois de février, lors de mon prochain passage.

Tard, dans la soirée, nous quittons Grand-pa' qui s'autorise une palpation du ventre de Mireille.
Les petons s'agitent, manifestant ainsi la présence d'un descendant déjà bien en vie.

Sur la route du retour, nous devisons, heureux de notre trop bref séjour. Nous ramenons Mireille chez elle. Très prochainement, nous discuterons d'un futur logement permettant nos vies respectives tout en ménageant le bonheur du bébé.
Une fois seul avec Charly qui conduit, je lui demande:
<< - Ça te dirait de vivre avec nous. Je veux dire, de vivre avec moi? >>

La voiture pile en plein milieu de la chaussée. J'entends un "youppie!!!" des familles puis une bouche qui me roule une pelle fantastique pendant que d'autres voitures klaxonnent pour cause de bouchon dont nous sommes responsables.
Putain! Que c'est bon de vivre!

*****

Nous attendons Olivier. Charly s'inquiète:
<< - T'es sûr, ça va aller? Tu tiendras l'coup?
- Certain! >>

Je viens de lui dire, de tout lui dire. L'a pas bronché, le Charly, m'a rien reproché. Tout juste une réflexion:
<< - Et j'ai rien vu, j'ai rien compris! Mon frangin pédé! J'ai rien pigé! >>

Effondré, le Charly. Le choc est rude! C'est qu'il idéalisait son frère, quelque part: un mec sans cœur, fêtard, un peu roublard sur les bords avec une légère dose d'escroc. Il ajoute:
<< - … Mais un frère qui m'aime malgré tout, un frère qui, dans l'temps, m'défendait et m'défend toujours. Bon, qu'il soit homo déprécie pas l'frangin. Mais j'me gourais vachement sur lui. Bon, c'est vrai, j'l'ai mauvaise qui t'ai emballé en sachant que t'étais avec moi. Mais c'est tout lui. Faut qu'il prenne c'que j'ai. Pour l'reste, faut qu'y mente. Y peut pas s'en empêcher, c'est plus fort que lui…. >>

On tambourine presque discrètement à la porte: le menteur invétéré, probablement. Charly va ouvrir: Olivier vêtu de noir entre. En m'apercevant, il recule de deux pas comme pour repartir. Charly le pousse vers le salon en grognant:
<< - T'en fais pas, j'suis au courant. Dan m'a tout dit. >>

Olivier hausse les épaules. J'ajoute:
<< - De toute façon, le père de Mireille nous a mis au parfum pour toi et le mec avec qui tu t'es pointé. Plus la peine de jouer la comédie. >>

Il se tord presque les bras, l'Olivier. Il sue. Pas à l'aise du tout. C'est pitié que de voir les tonnes de malheurs qui lui tombent sur la tête. Mais j'admire tout de même une certaine forme de courage chez lui: il est venu affronter Charly. Ce dernier, après avoir servi un whisky à son frangin, attaque:
<< - J'suis pas là pour t'emmerder, Olivier. J'veux simplement qu'les choses soient claires. Raconte c'que tu veux aux autres, mais plus à moi. Moi, j'veux la vérité et rien d'autre. T'es pédé, y'a rien d'extraordinaire là-dedans. Mais j't'en veux d'avoir pris Dan pour un jouet. Il en pinçait vachement pour toi au point d'en oublier sa famille et moi. Tout ça pourquoi? Parce que Monsieur s'était disputé avec son amoureux! T'as pas l'droit d'jouer comme ça avec les mecs, c'est dégueu! Surtout avec le mec d'ton frère! Bon, tout est redevenu normal. Moi et Dan on a parlé. Il oublie tout mais à condition qu'tu nous mentes plus. Et plus question de chercher à me l'reprendre! Sinon j'te casse la gueule que tu t'en remettras jamais. Voilà, c'est tout c'que j'avais à t'dire, frangin. >>

Pour la première depuis que je le connais, Olivier fait montre d'humilité, de respect envers quelqu'un. C'est qu'il aime vraiment Charly, j'en ai la confirmation en ce moment. Dans le même temps, il se voit soulagé d'une corvée qui lui semblait inévitable: énumérer ses mensonges, rétablir les vérités, chose impensable pour un mythomane, douloureuse à l'excès. Charly lui épargne une telle épreuve, sans le lui dire. Charly qui lance:
<< - Allez, frangin, viens faire un bisou. >>

Olivier se lève, dépose un petit bisou sur la joue de Charly puis un rapide bécot sur mes lèvres. Il me regarde avec une certaine tendresse dans les yeux, murmure:
<< - J'savais plus comment m'en sortir avec toi. J'tiens à Marc, ça fait deux ans qu'on vit ensemble. Mais c'est pas toujours facile… >>

Et de nous raconter sa vie sentimentale coupée par sa vie "professionnelle". Certaines de ses péripéties provoquent un fou rire de moi et Charly. Olivier retrouve sa bonne humeur, continue ses récits où se mêlent, probablement, vérités et exagérations. Il précise:
<< - J'ai connu Marc à une soirée chez lui. Je l'connaissais pas, c'est une copine qui m'a amené chez lui. Ça s'est fini en méga partouze. On a dormi là-bas. Au matin, j'me suis retrouvé dans la chambre de Marc, à lorgner ses caleçons. M'demandez pas comment c'est arrivé, j'en sais rien. Y m'plaisaient, j'en ai chipoté deux. Marc est entré à c'moment là, il m'a vu. Voilà comment ça à commencé tous deux. J'avais jamais baisé avec un mec, avant. Y m'a proposé la botte. Sans attendre que j'dise oui, il avait sa main sur ma queue. J'bandais comme un taureau. Faut dire qu'la veille j'avais pas trop donné à la partouze, je r'gardais et ça m'plaisait bien de r'garder. Alors la main qui trafiquait ma bite était bonne à prendre. J'l'ai laisse faire et j'suis d'venu pédé sans l'vouloir… enfin disons plutôt par hasard…. >>

Le dîner, fort sympa, nous fait oublier le passé.

*****

Comme promis, Moi, Charly et Mireille passons les vacances de février chez Grand-pa' avec deux incursions culinaires chez Papy dont la joie débordante tranche sur sa "bougonnerie" habituelle. Le ventre de Mireille commence sérieusement à gonfler (bientôt 6 mois). À la moindre occasion, elle le présente à Grand-pa' afin qu'il pose sa main dessus. Trois autres sont les plus heureux du monde: Papa qui voit sa descendance assurée, Maman parce qu'elle pouponnera encore mais aussi parce qu'elle voit son mari jubiler et Papy qui enfin deviendra arrière-grand-père. Lors d'un tête-à-tête avec lui, il me déclare:
<< - Mon gars, quand Grand-pa' sera parti, je veux pas qu'on m'appelle comme lui. Je serais Grand-papy quand ton fils sera né, et rien d'autre. Grand-pa', c'est lui et lui seul. C'est un homme vraiment bon. Il mérite qu'on lui donne un nom pour lui seul, oui vraiment. >>

Un problème titille ma conscience: nous mentons concernant la paternité du bébé. Mireille prône pour en rester là, arguant que de son côté, elle ment à sa famille. Nous décidons de conserver ce statu-quo, nous promettant de rétablir la vérité un jour ou l'autre, nous gardant bien de fixer ce jour. D'ici là, seulement trois personnes seront au courant: moi, Charly et Mireille.

Nous retournons à nos obligations professionnelles, le cœur serré, la gorge un peu nouée. Pour la première fois, Mireille propose:
<< - Si vous veniez à la maison, ça changerait un peu. >>

Moi et Charly on accepte.

*****

Les nouvelles des parents s'avèrent meilleurs que prévu. Le fameux virus de la dernière fois est revenu à la charge, mettant la vie de Grand-pa' en danger. Une fois de plus, la méchante bestiole a été vaincue. Voilà qui nous permettra d'attendre les vacances de Pâques en toute quiétude.
On prépare notre vie future. Tout d'abord, le logement. Plus question de vivre séparément. Toutefois, nous devrons respecter la vie privée de Mireille et nous ménager une vie de famille. Une maison avec jardin, que trouve Charly, fera l'affaire, située non loin d'une ligne RER. Ensuite, le boulot. Nos salaires à moi et Charly sont plutôt maigres. Moi fidèle à l'indexation du SMIG, lui tout juste en dessus. Quant à Mireille, elle vit aux crochets de ses parents, selon le grand principe que les filles ça doit rien foutre si ce n'est se pomponner et confectionner son trousseau dans l'attente d'être présentée à un quelconque nom au pesant d'or conséquent. Car ils en sont restés là, ses chers parents! On a sympathisé, moi et eux, mais qu'est-ce qu'ils sont ringards et réacs par dessus le marché. Enfin, on ne peut pas tout avoir.

L'heure des déménagements arrive! Chacun de son côté emballe, met dans des cartons, trie, jette, garde. Nous avons effectué un inventaire de nos biens à tous, décidant de ce que nous gardions pour la maison dans laquelle nous serons dès notre retour des vacances de Pâques. Et pas question de passer ces vacances à déménager, nous devons être auprès de Grand-pa'.

Donc je suis chez moi, dans mon appartement de célibataire. Un peu de nostalgie me chagrine déjà. Pourtant, cela fait un peu plus de deux ans que j'habite ici, guère plus. Mais je crois avoir vécu cent vies en ce lieu. Tous les cartons sont empilés, les meubles démontés. D'un côté je place ce qui me suivra dans notre nouvelle demeure, de l'autre ce que viendra prendre demain une association caritative. Jamais je n'aurais pensé que jeter quelque chose, un objet tout bête, soit aussi difficile, compliqué. Je n'arrêtais pas d'hésiter, retraçant presque la vie dudit objet avant de statuer sur son sort. Un ultime coup d'œil afin de m'assurer que rien n'a été négligé et je me rends aux compteurs pour les fermer. La sonnette m'annonce une visite. Je remets à plus tard l'opération fermeture pour m'occuper de celle appelée ouverture, mais de la porte d'entrée. Un Olivier pimpant et guilleret tend un bouquet de roses baccarats!
<< - D'puis l'temps que j'comptais venir… j'me suis enfin décidé. >>

Il entre, regarde le chantier, constate:
<< - Alors, ça y est! Tu t'barres d'ici. Qui m'aurait dit qu't'allais vivre avec une nana et lui faire un môme!
- Non, pas exactement. Le môme d'abord, vivre avec la mère après.
- Du pareil au même. J'voulais savoir si tu m'en voulais. J'ai pas été très chouette avec toi. Je t'ai fait croire des choses qu'étaient pas.
- Et tu es venu pour ça! Je savais que tu me faisais marcher. Mais je ne voulais pas le croire, c'est tout. J'espérais contre toute évidence. Mais t'inquiète, Charly m'a pas laissé tombé.
- Y savait pour nous deux?
- Non. Je ne le lui ai dit que seulement le jour où tu es venu le voir pour vous expliquer.
- Sympa d'pas m'avoir vendu. T'aurais pu.
- À quoi ça m'aurait servi? À rien.
- T'as plus rien à boire?
- Si, un fond de whisky, mais à la bouteille. Tous les verres sont emballés.
- Pas d'refus. >>

La bouteille se trouve dans un panier spécial pour… bouteilles justement. Je la tends à Olivier qui l'ouvre, avale une gorgée à même le goulot, me la tend à son tour:
<< - Allez! Pour trinquer tous deux une dernière fois en tête-à-tête. >>

On s'assied sur la moquette. Je bois une mini rasade, histoire de lui faire plaisir. Je le vois se caresser la braguette, passer sa langue sur ses lèvres. Chercherait-il à m'allumer, le salaud? Mais oui! Et il en rajoute en entrouvrant sa chemise et en passant sa main dessous afin de se caresser un sein. J'ai compris! Ce pourri veut ce qu'il croit être le dernier mot! Eh bien tu vas l'avoir mais pas comme tu espères, mon cochon! Je l'imite. Il s'approche, passe ses doigts sur ma joue, murmure:
<< - Ma petite fiotte! J'en pince pour toi! Avec Marc, c'est fini! Y m'a viré. L'a pas supporté l'coup chez les parents d'ta copine. Y savait pas c'que j'trafiquais. J'pense sans arrêt à toi. J'peux plus m'passer d'toi.
- Pourtant, ça fait pas mal de temps que tu te passes de moi.
- J'avais peur, j'comprenais pas. Maintenant, j'sais.
- Trop tard, fallait sauter sur l'occasion quand elle se présentait.
- J'sais bien. >>

Il prend son air triste, malheureux. Pas question de tomber dans son piège. Seulement, j'ai une petite revanche à prendre qui sera mon dernier mot à moi. Les vêtements quittent nos corps à la vitesse d'un strip-tease. Je ne cesse de prononcer à voix basse, douce:
<< - C'est moi qui vais te baiser, ma queue dans ton cul, c'est tout ce que tu auras. >>

Nous nous fixons du regard comme si nous cherchions à nous hypnotiser. Mes mains s'emparent de ses fesses qu'elles malaxent avec délice. J'admire une fois encore cette queue qui m'a donné tant de joies. C'est un mec vraiment canon! Ma bite va exploser, j'en ai presque la bave aux lèvres. Je sais qu'il garde toujours une capote dans ses poches. Je fouille son jean's, m'empare du petit sachet que je déchire, fourre ma bite dans le latex. Olivier attend, vaincu par avance, désireux que je sois victorieux. Il rétorque, juste pour la forme:
<< - J'me suis jamais fait enculer.
- Toi qui aimes la nouveauté, tu vas être servi. >>

Je l'allonge sur le dos, lève ses jambes, pose ses pieds sur mes épaules, conseille:
<< - Décontracte-toi, pousse comme si tu allais accoucher. Tu verras, ça entrera comme dans du beurre mou. >>

Je lis un reproche dans ses yeux. Je suis persuadé qu'il s'estime être la victime d'un viol, que je profite de ses sentiments actuels (et nouveaux) envers moi pour exiger de lui des actes contre sa volonté. Je jubile, oui je jubile. Pendant ce temps, deux doigts dûment salivés pénètrent ce cul serré par la crainte de la douleur. Je le doigte un moment, ajoute d'autres phalanges qui élargissent un peu plus l'anus. Enfin, je présente mon gland à l'entrée, une fois un jet de salive déposé sur ma queue. Je m'enfonce lentement, observant la grimace sur le visage d'Olivier qui ne tarde plus à gémir une fois ma bite au fond et le limage commencé. Il s'abandonne, se donne. Je le possède psychiquement, et c'était là mon but. Je devine ma puissance sexuelle augmenter. Pourtant, la nuit dernière, moi et Charly on ne s'est pas privé, on s'en est donné à cœur joie, du sexe. Mais là, l'inédit, le besoin de châtier, m'excitent à mort. Mon foutre gicle dans la capote. L'affaire achevée, je me retire, vire le latex, me lève, ordonnant:
<< - Allez, vire d'ici, je n'ai pas que ça à faire. >>

Sidéré, l'Olivier. Je le renvoie comme un malpropre! Il n'en revient pas, me montrant sa queue qu'il voudrait bien branler. Je jette ses habits sur lui, confirme sèchement:
<< - Allez! Grouille! Je suis pressé! >>

Lorsqu'il passe la porte, tout penaud, il tente un bisou. Je le lui rends.

*****
Quelques mois plus tard…

Je regarde une photo, la seule qui me faisait vraiment envie. Elle représente Grand-pa' dans son fauteuil tenant en équilibre précaire un poupon nouvellement né sur ses genoux. Derrière lui, Maman, Papa, Papy. À sa droite, Charly et moi. À sa gauche Mireille (épuisée) et ses parents veillant sur notre fils. Cette photo a été prise le lendemain de la naissance de Germain, Auguste, René, Édouard, Charles, Manuel S… L'ordre des prénoms ayant été fixé par tirage au sort afin de ne blesser personne. Appelé mon fils Germain, alors que je proposais tout bêtement Julien! Enfin, les familles sont contentes.
Depuis, Grand-pa' nous a quitté, heureux pour nous, enfin je veux le croire. Sa maison, devenue la mienne, connaît quelques chamboulements. La chambre de Grand-pa' devient celle de notre fils Germain. La chambre d'amis reste la mienne et celle de Charly. Mireille gîte dans une ancienne pièce quasi abandonnée, refaite à neuf.
Papy, l'aîné de la famille dorénavant, après s'être fait appelé Grand-papy s'est vu contraint d'accepter qu'on réduise ce nom à Grand-pa', plus facile et surtout plus habituel. C'est chez lui que, dorénavant, se déroulent toutes les réunions de famille. Il ne cache pas sa joie. Du coup, plus de rhumatismes inventés, de maladies imaginaires: il se targue de posséder une santé à toute épreuve. Son but: dépasser les 103 ans ½. Il ne bougonne presque plus. Dans le fond, sans le dire, il était un peu jaloux du Grand-pa' d'avant lui.

Dans notre maison, en ville, nous recevons de temps à autres un Olivier célibataire qui veut me faire croire que je suis le seul être qu'il n'ait jamais aimé.
Un certain Pépère dit aussi Bébert, maintenant familier des lieux, vient me raconter ses petits malheurs ou bonheurs de couple, avec son Paul qui n'est plus du tout boutonneux mais présente un physique prometteur et propre comme un sou neuf.
Les bourgeois, parents de Mireille, se pointent après bien des supplications de notre part. Ils se doutent des véritables relations que moi, Charly et Mireille entretenons. Pas question d'en parler! On fait comme si. Par contre, ils sont loin d'imaginer que leur petit-fils n'est pas mon fils biologique, tout comme mes parents et Olivier d'ailleurs.
Concernant Mireille, je devine que ses regards s'attendrissent à l'approche d'un Norman, futur jeune lord anglais rencontré chez Papa lors d'une garden-party. Encore des bouleversements en perspective, des changements dans notre manière de vivre. Mais on s'en sortira.

Pour en revenir à feu Grand-pa', moi et Charly on a trouvé juste une carte postale dans une vieille enveloppe timbrée, comme celle que l'on faisait dans les années 20 ou 30 (20ème siècle évidemment!): noir et blanc sur fond jaune ou à peu près, les bords crènelés. Elle représente un jeune marin. Au dos quelques mots: " On se voit bientôt. Ton Jean". Le tampon est de Saïgon. Pas besoin d'explication. Il s'est marié par devoir. S'il avait écouté son cœur, probablement que jamais je ne l'aurais connu pour cause de non-venue en ce bas monde.


FIN


NDLA: Tout, dans ce récit conté par un tout nouvel adulte mal instruit, est fictif, sorti d'une imagination quelque peu fertile.