Chapitre 2
Récit érotique écrit par Pléonasme [→ Accès à sa fiche auteur]
Auteur femme.
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Histoire érotique Publiée sur HDS le 06-06-2024 dans la catégorie Dominants et dominés
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Chapitre 2
Elle - Présent
C’était un appartement en banlieue, dans une zone où il faisait bon vivre, entre parcs et petits commerces, loin des traditionnelles barres d’immeubles. Yann et moi avions déjà été invités plusieurs fois, toujours de façon individuelle, sans jamais évoquer ou laisser deviner que tous deux partagions une relation. La disposition de l’appartement était peu commune, on entrait par le rez-de-chaussée d’un côté de l’immeuble et en le parcourant en large, on se rendait peu à peu compte qu’on se trouvait en fait au troisième étage, cela était dû au relief. Devant la porte d’entrée, en attendant que quelqu’un m’ouvre, j'entendais la musique qui transperçait murs et portes, et aussi, surtout, des odeurs de gâteaux qui très certainement sortaient tout juste du four. Elles me titillaient les narines, ceux-là mêmes qui me renvoyaient tout droit en enfance lorsque maman en préparait aux rythmes des anniversaires de chacun.
La porte s’ouvre sur une personne que je ne connais pas, une femme dans une belle robe de satin bleu foncé dont les bretelles, un peu épaisses, lui tombaient sur les épaules. Ses traits indiquent son âge, un peu plus jeune que je ne le suis déjà. Elle n’a pas l’air de savoir pourquoi elle a ouvert la porte.
- Bonsoir, c’est pour la soirée d’anniversaire… Celle de Paul.
- Ahhh, oui, bien sûr ! Entre, entre.
En entrant, je pose ma veste sur le porte-manteau où une multitude d’autres se trouvent déjà. La musique est plus forte, je croise quelques lointaines connaissances du boulot allant d’une pièce à l’autre sans se poser la question de ma présence ni de mon prénom et celle qui m’a ouvert la porte s’est déjà envolée. Dans le salon, peu de personnes, la grande majorité squatte le balcon clope au bec, seul endroit de l’appartement où fumer est autorisé. Je ne suis pas fumeuse, mais c’est évidemment l’endroit où je me dirige. Dans les milieux que je fréquente, ce n’est pas rare que, peu importe la température, l’essentiel des soirées se passe sur cette petite bande de quelques mètres à l'extérieur, plutôt qu’à l'intérieur, sauf quand la pluie pointe le bout de son nez. Je me mets au niveau de la rambarde, après avoir esquivé quelques groupes qui semblaient, au vu de leur état, avoir commencé la soirée avant tout le monde. Il y a là un gars, brun ténébreux, appuyé sur ses avants bras, spliff sur les lèvres. Nos regards se croisent.
- Tu fais tourner ? Lui lançais-je.
- Ça dépend, c’est quoi ton prénom ?
- Prune et t…
Il me le tend sans plus d’attente, c’est ma première taffe de la soirée.
- Vincent, appelle-moi Vince, tout le monde m’appelle comme ça.
Les premières taffes sont toujours les mêmes, je ne sais jamais à quoi m’attendre. J’aspire en ayant l’impression que rien ne se passe, jusqu'à ce que l’air me brûle la gorge et que la fumée s’échappe doucement de mes lèvres. Je lui retourne le joint en faisant semblant de rien.
- Ok Vince. T’es venu seul ?
- Non, mes potes s’affairent en cuisine, ils ne devaient que déposer la bière au frigo et me rejoindre, mais il semblerait que quelque chose se trame là-bas aussi. Ce n'est pas grave, je suis maintenant bien accompagné.
Ses yeux étaient comme des lasers, je les sentais se positionner sur mon corps malgré que je sois sur son flanc. Ils passaient au travers de mes cheveux, descendaient sur ma poitrine, presque insistants.
- Je vais chercher une bière, je te prends quelque chose ?
- La même chose, princesse.
Mon échappatoire, sans perdre un seul instant, je me retrouve bien rapidement à l’intérieur. La sonnette retentit.
Lui
La porte s’ouvre sur Prune, quelle surprise. Dans un silence, son regard avait rapidement changé, de celui d’un Yorkshire à une tueuse. Et pourtant, je portais mon plus beau costume, d’un bleu marine avec cravate et chemise blanche, parfaitement rasé. Ses yeux s’attardent sur mon bras qui ne tient rien d’autre que celui de mon éphémère conquête. Vanessa, une petite blonde, avec de bons atouts, dans une robe de soirée verte semblable à une nuisette.
- Bonjour Prune, c’est bien ici l’anniversaire de Paul ?
- Oui-oui… Entrez, entrez, vous pouvez déposer vos affaires dans l’entrée.
- Ma chérie, tu peux aller mettre la bouteille au frais ? Je t’attendrai dans le salon.
Dans un silence manifestant l’électricité de l’air, Vanessa se fait toute petite et file vers la cuisine. C’est un moment qui me permet de me rapprocher de Prune jusqu’à sentir son parfum aux pointes florales.
- Reste sage ma belle…
- C’est qui cette pute ? Ce n'est pas la nouvelle aux RH ?
- Vanessa, c’est son prénom, et non, ce n’est pas une pute.
Mon visage s’approche du sien, jusqu’à son oreille.
- Je ne rentrerai pas ce soir. Mais tu vas rester bien sage, bien à ta place, comme la petite chienne que tu es. Tu m’attendras à la maison.
En m’écartant, ses yeux s’étaient cristallisés, le regard vide, elle avait l’air d’avoir compris le message. Je n’ai pas le temps de refermer la porte qu’une autre personne se pointe, je laisse à Prune le plaisir de l’accueillir, ce n'est pas comme si elle allait bouger de toute façon.
Il y avait déjà quelques collègues installés dans le salon, des connaissances tout au plus, il faut dire qu’au boulot, on ne parlait que de boulot, et qu’ici les gens avaient tendance à ne pas en faire exception. Certains vivaient pour ça, c’était en apparence aussi mon cas, aucune raison de se plaindre, que personne ne partage sa vie personnelle m’allait aussi. Après tout, on ne se connait qu’au bureau. Vaness revient de la cuisine avec deux coupes de blanc et s’installe dans un des canapés en m’invitant à ses côtés d’un regard et d’une main qui à plat tapote à plusieurs reprises la place disponible à sa gauche. En face, un autre couple. Prune reste cristallisée devant la porte, non sans accueillir les nouveaux convives.
- Qu’est-ce qu’elle a ? Pourquoi elle reste comme ça ? Me lance Vanessa.
- J’ai dû lui annoncer, pour les coupes budgétaires, qu’on allait devoir se séparer de quelques-unes des personnes de son équipe, alors que cela fait des années qu’ils travaillent dans la boîte.
- Des coupes budgétaires ? On ne m’a rien dit ?
Elle
Je ne sais pas combien de temps, j'étais restée devant la porte d’entrée, ni même combien de personnes, j'avais accueilli sans même leur demander leur prénom et s’ils étaient invités. Mais ce qui était désormais certain, outre que j’avais reconnu quelques têtes du bureau, c’était que l’appartement était à présent bien rempli et que de petits groupes de discussions s’étaient formés ici et là. Yann était installé sur le canapé, avec cette femme que je ne connaissais qu’à peine, à se bécoter entre deux phrases ou verres. Il fallait dire que sa main déposée à l’intérieur de ses cuisses en me lançant des petits regards, étaient, j’en suis certaine, dans le seul objectif de me déstabiliser, de me tester. Mais qui étais-je pour l’empêcher de voir d’autres femmes ? Personne et c’était bien là tout le problème de notre relation, mais qui dans le même temps la rendait parfois terriblement excitante. Sur un fond de musique américaine, je croise à nouveau Vince dans le couloir menant à la cuisine, deux verres à la main.
- Ah, Prune, tu es là. Tiens, c’est pour toi.
- Merci… C’est quoi ?
Visiblement, au vu de son état, c'était loin d’être son premier verre, mais il tenait encore bien la route, ses mouvements semblaient plus libres que tout à l’heure. Si bien que je sentais son regard attiré par mon décolleté, tout comme c'était également le cas précédemment sur le balcon.
- Euh… Vodka Red Bull. Ça devrait te remonter le moral.
- Comment ça ?
- On m’a dit que tu avais appris une mauvaise nouvelle, manque de budget dans votre service tout ça tout ça, on ne va pas rentrer dans les détails, on n’est pas au boulot là, profitons.
Dans l’incompréhension, mes neurones se connectent au fil des mots. Cela devait être encore une excuse de Yann aux autres concernant mes réactions parfois étranges aux yeux de ceux qui ne disposent pas du contexte.
- Ah… Oui, profitons.
Bien qu’autour de nous, collègues et autres personnes passaient, cela ne l’empêchait pas de se rapprocher un peu plus de moi jusqu'à poser sa main contre mes côtes. Elle était chaude. Son regard alterne entre mes yeux et le haut de mes seins alors que ma main s’empare du verre que je porte sans plus attendre à mes lèvres. Il est bien chargé, si bien que c’était comme si ma gorge s’embrasait et que la salive se multipliait jusqu’à avoir envie de la cracher, et pourtant, mon visage ne laisse, une nouvelle fois, rien transparaître de plus qu’un innocent sourire. Sans réaction de sa part autre qu’un rapprochement qui devenait de plus en plus perturbant, je tente de briser la glace.
- On peut retourner sur le balcon si tu veux, là au moins, tu pourras fumer de nouveau.
- Dis que tu as envie de profiter de ma consommation, ça ira plus vite. Mais on est bien là, tu ne trouves pas ?
Mon court silence, une à deux secondes, est relevé par un sourire qui, bien qu'innocent, en dit long.
- En tout cas, moi, j'y vais. Tu me suis ou tu ne me suis pas.
Ma main rencontre la sienne sur mes cotes pour l’en détacher et, au moment de faire le premier pas loin de cet interlude, sa main rattrape la mienne.
- Je dois pisser avant, tu m’accompagnes ?
- Ne fais pas le con, je t’attendrai sur le balcon.
Dans un mouvement brusque, je romps le contact entre mes doigts et les siens, et sans me retourner, en quelques secondes, j'atteins le désiré balcon. En me retournant, je constate qu’il ne m’avait pas suivi, me voilà à nouveau seule au milieu de collègues et d’inconnus. Sans vraiment m’en rendre compte, je venais d’intégrer un cercle dont le sujet de conversation tournait autour des jeux vidéo, plus particulièrement un auquel ils avaient l’habitude de se rencontrer en ligne hors des heures de travail. Les termes étaient plutôt techniques, loin de mes capacités, raison de plus pour me faire toute petite en faisant mine d’écouter tout en vidant mon verre toujours un peu plus à chaque gorgée. Je reste là bien une dizaine de minutes, si ce n’est plus, difficile de se rendre compte, jusqu’à ce que Vince se joigne au groupe.
- Ah, tu es là toi. Lui lançai-je.
- Oui, une créature s’est mise sur mon chemin au moment où t’es parti, elle m’a complètement obnubilé.
- Laisse-moi deviner, petite, blonde, robe verte ?
- Dans le mille ! Avec un peu de chance, je pourrais repartir avec en fin de soirée qui sait.
- Pff, laisse tomber. De un, elle est avec Yann et de deux, elle est au service RH, si tu lui fais un faux plan, n’espère pas rester dans l’entreprise bien longtemps.
Il rigole.
- Qu’est-ce qui te dit que je suis le genre de garçon faire des faux plans ?
- Je ne sais pas, n’ai-je pas raison ?
Son sourire se dégrade, presque crispé, laissant un blanc dans la conversation.
- J't'aime bien toi.
Ses yeux se détournent de mon corps, et ses mains s'enfuient dans ses poches, en sortent et tapent sur celles de derrière, puis sur celle de sa chemise.
- Merde, j’ai dû poser ça quelque part sans m’en rendre compte. Dommage, je ne vais pas être en mesure de t’offrir plus de taffes.
- Cache ton semblant de déception, il y a quelques minutes cela te faisait limite chier que je puisse t’en voler quelques-unes.
- Si t’as dix balles, je peux en retrouver… Je connais quelqu’un.
- Bien voyons.
Lui
Les conversations dans le coin des canapés étaient d’un ennui sans commune mesure, heureusement que Vaness s’y plaisait. C’était toujours pareil, chaque fois qu’une nouvelle recrue pointait le bout de son nez, tout le monde s’y intéressait soudainement. Il y avait des questions qui ne restaient jamais longtemps sans réponse, dans un sens comme dans l’autre. Ce qui m’avait permis d’apprendre au passage que c’est en voyant que certain de ses collègues de son ancien travail, toujours aux ressources humaines, avaient démissionné pour postuler ici que l’envie lui est venue de faire de même, surtout en comparant les grilles de salaires qui étaient bien plus avantageuses dans une boite que dans l’autre. Mais ce n’était qu’une futilité parmi tant d'autres, je n’avais pas vocation à m’intéresser plus à elle, il était en effet fort probable qu’on ne se fréquente qu’un temps, quelques mois tout au plus. C’était comme ça avec toutes, et, elle n’en ferait pas exception. La bonne nouvelle, c'est qu’elle n’en est absolument pas consciente.
Ma faible participation aux discussions me permettait d’observer la soirée, qui faisait quoi, avec qui, et notamment les personnes qui semblaient profiter de ce moment de convivialité pour se rapprocher. La plupart discutaient simplement en groupes composés d’au moins trois personnes, ce qui limitait la plupart des discrètes interactions, sauf de ceux qui étaient déjà en relation. Ceux-là n’étaient pas gênés de se glisser un bisou ou une main baladeuse de temps à autre. Et surtout, entourée toujours du même type, il y avait Prune.
Elle
Paul ainsi que quelques sobres survivants commençaient à ranger bouteilles et verres, à vrai dire, nous étions déjà sur une fin de soirée. Il ne restait plus grand monde, Yann était parti avec sa… Passons. Il était parti sans même me dire au revoir, je ne saurai même pas dire si c’était il y a une heure ou cinq minutes. Aussi inattendu que cela puisse paraître, j’avais donc passé toute la soirée avec Vince, à discuter de tout et de rien, mais surtout de rien, il m’avait aussi fait danser sur quelques morceaux. C’était un piètre danseur, mais au moins, il avait eu le mérite de m’y avoir invitée. Il était désormais temps que je m’en aille.
C’est en sortant des toilettes que je le vois en train de se préparer à faire de même, sans même qu’il n’y ait aucune discussion entre nous sur ce sujet auparavant.
- Ah, tu t’en vas ? Je devrais aussi, il se fait tard. Dis-je en me rapprochant à son niveau.
- Oui, il se fait tard. Je te raccompagne si tu veux, tu habites loin ?
- Vingt minutes à pied, environ.
- Allez viens, je te raccompagne.
Il était difficile de refuser tant mes pieds avaient été usés par les espadrilles, mais aussi à l’idée de rentrer toute seule dans un look plus qu’élégant au beau milieu de la nuit. Certes, je connaissais le quartier, la ville, ce n’était pas courant que des choses de personnes mal intentionnées arrivent, mais c’était plus fort que moi, je ne pouvais qu’accepter sa proposition.
- Merci.
- Pas de quoi, par contre, tu ne feras pas attention à la caisse, un connard m’est rentré dedans la semaine dernière, je n'ai pas eu le temps de passer au garage.
- Ne t’inquiète pas, dans le noir, je ne risque pas de voir grand-chose… Sauf si c’est vraiment flagrant.
Après avoir dit au revoir à Paul et au restant des invités par des bises et chaleureux bonne nuit, nous avons filé vers sa voiture qui était garée devant, sur le côté. C’était une sorte de SUV qui ne présentait aucune marque visible d’un quelconque accident, l’obscurité était accentuée par l’absence de lumières municipales. Nombreuses étaient les villes qui éteignaient dans les heures tardives pour économiser sur leur budget annuel en prétendant publiquement qu’il ne s’agissait là que de mesures écologiques, pour le bien de la planète, blablabla. Oui.
Je m’assieds du côté passager, c’est amusant comment on se sent haut par rapport à la route, et surtout par rapport aux autres voitures, bien plus que dans ma Mini à ras du sol. Vince démarre le moteur et pose son téléphone dans un boîtier prévu à cet effet au niveau du pare-brise, puis ouvre une application GPS. Un éclair traverse mon esprit alors que sa voix passe par-dessus le bruit du moteur.
- C’est quoi ton adresse ?
- On devrait plutôt rentrer à pied, tu ne penses pas ? On a bu quelques verres quand même…
- Ce n'est pas vraiment dans mes habitudes de rentrer à pied, on va rouler doucement si ça te va. Et puis, ça fait au moins une heure qu’on n’a plus bu d’alcool, j’ai carburé au jus de fruit tropical pendant un bon moment jusqu’à la fin, crois-moi que ça ne m’a pas fait grand plaisir.
- Mmmh… Je ne sais pas, ça pourrait être dangereux… Et c’est sans parler de si nous croisons la police pour un contrôle d’alcoolémie.
- On va rouler lentement, fais-moi confiance… Sinon pour éviter de doubler les dangers, je peux t’inviter à dormir chez moi… Je prendrai le canapé et te donnerai mon lit.
Son regard se tourne vers moi, alors que mes yeux restent fixés sur le pare-brise et la voiture de devant éclairée par les feux, et pourtant, je sens les siens me déshabiller avec insistance. Ce n’est pas un sentiment désagréable.
- Pour ne pas doubler les dangers alors, oui, c’est le mieux…
- Il ne faut pas me le dire deux fois.
C’était un appartement en banlieue, dans une zone où il faisait bon vivre, entre parcs et petits commerces, loin des traditionnelles barres d’immeubles. Yann et moi avions déjà été invités plusieurs fois, toujours de façon individuelle, sans jamais évoquer ou laisser deviner que tous deux partagions une relation. La disposition de l’appartement était peu commune, on entrait par le rez-de-chaussée d’un côté de l’immeuble et en le parcourant en large, on se rendait peu à peu compte qu’on se trouvait en fait au troisième étage, cela était dû au relief. Devant la porte d’entrée, en attendant que quelqu’un m’ouvre, j'entendais la musique qui transperçait murs et portes, et aussi, surtout, des odeurs de gâteaux qui très certainement sortaient tout juste du four. Elles me titillaient les narines, ceux-là mêmes qui me renvoyaient tout droit en enfance lorsque maman en préparait aux rythmes des anniversaires de chacun.
La porte s’ouvre sur une personne que je ne connais pas, une femme dans une belle robe de satin bleu foncé dont les bretelles, un peu épaisses, lui tombaient sur les épaules. Ses traits indiquent son âge, un peu plus jeune que je ne le suis déjà. Elle n’a pas l’air de savoir pourquoi elle a ouvert la porte.
- Bonsoir, c’est pour la soirée d’anniversaire… Celle de Paul.
- Ahhh, oui, bien sûr ! Entre, entre.
En entrant, je pose ma veste sur le porte-manteau où une multitude d’autres se trouvent déjà. La musique est plus forte, je croise quelques lointaines connaissances du boulot allant d’une pièce à l’autre sans se poser la question de ma présence ni de mon prénom et celle qui m’a ouvert la porte s’est déjà envolée. Dans le salon, peu de personnes, la grande majorité squatte le balcon clope au bec, seul endroit de l’appartement où fumer est autorisé. Je ne suis pas fumeuse, mais c’est évidemment l’endroit où je me dirige. Dans les milieux que je fréquente, ce n’est pas rare que, peu importe la température, l’essentiel des soirées se passe sur cette petite bande de quelques mètres à l'extérieur, plutôt qu’à l'intérieur, sauf quand la pluie pointe le bout de son nez. Je me mets au niveau de la rambarde, après avoir esquivé quelques groupes qui semblaient, au vu de leur état, avoir commencé la soirée avant tout le monde. Il y a là un gars, brun ténébreux, appuyé sur ses avants bras, spliff sur les lèvres. Nos regards se croisent.
- Tu fais tourner ? Lui lançais-je.
- Ça dépend, c’est quoi ton prénom ?
- Prune et t…
Il me le tend sans plus d’attente, c’est ma première taffe de la soirée.
- Vincent, appelle-moi Vince, tout le monde m’appelle comme ça.
Les premières taffes sont toujours les mêmes, je ne sais jamais à quoi m’attendre. J’aspire en ayant l’impression que rien ne se passe, jusqu'à ce que l’air me brûle la gorge et que la fumée s’échappe doucement de mes lèvres. Je lui retourne le joint en faisant semblant de rien.
- Ok Vince. T’es venu seul ?
- Non, mes potes s’affairent en cuisine, ils ne devaient que déposer la bière au frigo et me rejoindre, mais il semblerait que quelque chose se trame là-bas aussi. Ce n'est pas grave, je suis maintenant bien accompagné.
Ses yeux étaient comme des lasers, je les sentais se positionner sur mon corps malgré que je sois sur son flanc. Ils passaient au travers de mes cheveux, descendaient sur ma poitrine, presque insistants.
- Je vais chercher une bière, je te prends quelque chose ?
- La même chose, princesse.
Mon échappatoire, sans perdre un seul instant, je me retrouve bien rapidement à l’intérieur. La sonnette retentit.
Lui
La porte s’ouvre sur Prune, quelle surprise. Dans un silence, son regard avait rapidement changé, de celui d’un Yorkshire à une tueuse. Et pourtant, je portais mon plus beau costume, d’un bleu marine avec cravate et chemise blanche, parfaitement rasé. Ses yeux s’attardent sur mon bras qui ne tient rien d’autre que celui de mon éphémère conquête. Vanessa, une petite blonde, avec de bons atouts, dans une robe de soirée verte semblable à une nuisette.
- Bonjour Prune, c’est bien ici l’anniversaire de Paul ?
- Oui-oui… Entrez, entrez, vous pouvez déposer vos affaires dans l’entrée.
- Ma chérie, tu peux aller mettre la bouteille au frais ? Je t’attendrai dans le salon.
Dans un silence manifestant l’électricité de l’air, Vanessa se fait toute petite et file vers la cuisine. C’est un moment qui me permet de me rapprocher de Prune jusqu’à sentir son parfum aux pointes florales.
- Reste sage ma belle…
- C’est qui cette pute ? Ce n'est pas la nouvelle aux RH ?
- Vanessa, c’est son prénom, et non, ce n’est pas une pute.
Mon visage s’approche du sien, jusqu’à son oreille.
- Je ne rentrerai pas ce soir. Mais tu vas rester bien sage, bien à ta place, comme la petite chienne que tu es. Tu m’attendras à la maison.
En m’écartant, ses yeux s’étaient cristallisés, le regard vide, elle avait l’air d’avoir compris le message. Je n’ai pas le temps de refermer la porte qu’une autre personne se pointe, je laisse à Prune le plaisir de l’accueillir, ce n'est pas comme si elle allait bouger de toute façon.
Il y avait déjà quelques collègues installés dans le salon, des connaissances tout au plus, il faut dire qu’au boulot, on ne parlait que de boulot, et qu’ici les gens avaient tendance à ne pas en faire exception. Certains vivaient pour ça, c’était en apparence aussi mon cas, aucune raison de se plaindre, que personne ne partage sa vie personnelle m’allait aussi. Après tout, on ne se connait qu’au bureau. Vaness revient de la cuisine avec deux coupes de blanc et s’installe dans un des canapés en m’invitant à ses côtés d’un regard et d’une main qui à plat tapote à plusieurs reprises la place disponible à sa gauche. En face, un autre couple. Prune reste cristallisée devant la porte, non sans accueillir les nouveaux convives.
- Qu’est-ce qu’elle a ? Pourquoi elle reste comme ça ? Me lance Vanessa.
- J’ai dû lui annoncer, pour les coupes budgétaires, qu’on allait devoir se séparer de quelques-unes des personnes de son équipe, alors que cela fait des années qu’ils travaillent dans la boîte.
- Des coupes budgétaires ? On ne m’a rien dit ?
Elle
Je ne sais pas combien de temps, j'étais restée devant la porte d’entrée, ni même combien de personnes, j'avais accueilli sans même leur demander leur prénom et s’ils étaient invités. Mais ce qui était désormais certain, outre que j’avais reconnu quelques têtes du bureau, c’était que l’appartement était à présent bien rempli et que de petits groupes de discussions s’étaient formés ici et là. Yann était installé sur le canapé, avec cette femme que je ne connaissais qu’à peine, à se bécoter entre deux phrases ou verres. Il fallait dire que sa main déposée à l’intérieur de ses cuisses en me lançant des petits regards, étaient, j’en suis certaine, dans le seul objectif de me déstabiliser, de me tester. Mais qui étais-je pour l’empêcher de voir d’autres femmes ? Personne et c’était bien là tout le problème de notre relation, mais qui dans le même temps la rendait parfois terriblement excitante. Sur un fond de musique américaine, je croise à nouveau Vince dans le couloir menant à la cuisine, deux verres à la main.
- Ah, Prune, tu es là. Tiens, c’est pour toi.
- Merci… C’est quoi ?
Visiblement, au vu de son état, c'était loin d’être son premier verre, mais il tenait encore bien la route, ses mouvements semblaient plus libres que tout à l’heure. Si bien que je sentais son regard attiré par mon décolleté, tout comme c'était également le cas précédemment sur le balcon.
- Euh… Vodka Red Bull. Ça devrait te remonter le moral.
- Comment ça ?
- On m’a dit que tu avais appris une mauvaise nouvelle, manque de budget dans votre service tout ça tout ça, on ne va pas rentrer dans les détails, on n’est pas au boulot là, profitons.
Dans l’incompréhension, mes neurones se connectent au fil des mots. Cela devait être encore une excuse de Yann aux autres concernant mes réactions parfois étranges aux yeux de ceux qui ne disposent pas du contexte.
- Ah… Oui, profitons.
Bien qu’autour de nous, collègues et autres personnes passaient, cela ne l’empêchait pas de se rapprocher un peu plus de moi jusqu'à poser sa main contre mes côtes. Elle était chaude. Son regard alterne entre mes yeux et le haut de mes seins alors que ma main s’empare du verre que je porte sans plus attendre à mes lèvres. Il est bien chargé, si bien que c’était comme si ma gorge s’embrasait et que la salive se multipliait jusqu’à avoir envie de la cracher, et pourtant, mon visage ne laisse, une nouvelle fois, rien transparaître de plus qu’un innocent sourire. Sans réaction de sa part autre qu’un rapprochement qui devenait de plus en plus perturbant, je tente de briser la glace.
- On peut retourner sur le balcon si tu veux, là au moins, tu pourras fumer de nouveau.
- Dis que tu as envie de profiter de ma consommation, ça ira plus vite. Mais on est bien là, tu ne trouves pas ?
Mon court silence, une à deux secondes, est relevé par un sourire qui, bien qu'innocent, en dit long.
- En tout cas, moi, j'y vais. Tu me suis ou tu ne me suis pas.
Ma main rencontre la sienne sur mes cotes pour l’en détacher et, au moment de faire le premier pas loin de cet interlude, sa main rattrape la mienne.
- Je dois pisser avant, tu m’accompagnes ?
- Ne fais pas le con, je t’attendrai sur le balcon.
Dans un mouvement brusque, je romps le contact entre mes doigts et les siens, et sans me retourner, en quelques secondes, j'atteins le désiré balcon. En me retournant, je constate qu’il ne m’avait pas suivi, me voilà à nouveau seule au milieu de collègues et d’inconnus. Sans vraiment m’en rendre compte, je venais d’intégrer un cercle dont le sujet de conversation tournait autour des jeux vidéo, plus particulièrement un auquel ils avaient l’habitude de se rencontrer en ligne hors des heures de travail. Les termes étaient plutôt techniques, loin de mes capacités, raison de plus pour me faire toute petite en faisant mine d’écouter tout en vidant mon verre toujours un peu plus à chaque gorgée. Je reste là bien une dizaine de minutes, si ce n’est plus, difficile de se rendre compte, jusqu’à ce que Vince se joigne au groupe.
- Ah, tu es là toi. Lui lançai-je.
- Oui, une créature s’est mise sur mon chemin au moment où t’es parti, elle m’a complètement obnubilé.
- Laisse-moi deviner, petite, blonde, robe verte ?
- Dans le mille ! Avec un peu de chance, je pourrais repartir avec en fin de soirée qui sait.
- Pff, laisse tomber. De un, elle est avec Yann et de deux, elle est au service RH, si tu lui fais un faux plan, n’espère pas rester dans l’entreprise bien longtemps.
Il rigole.
- Qu’est-ce qui te dit que je suis le genre de garçon faire des faux plans ?
- Je ne sais pas, n’ai-je pas raison ?
Son sourire se dégrade, presque crispé, laissant un blanc dans la conversation.
- J't'aime bien toi.
Ses yeux se détournent de mon corps, et ses mains s'enfuient dans ses poches, en sortent et tapent sur celles de derrière, puis sur celle de sa chemise.
- Merde, j’ai dû poser ça quelque part sans m’en rendre compte. Dommage, je ne vais pas être en mesure de t’offrir plus de taffes.
- Cache ton semblant de déception, il y a quelques minutes cela te faisait limite chier que je puisse t’en voler quelques-unes.
- Si t’as dix balles, je peux en retrouver… Je connais quelqu’un.
- Bien voyons.
Lui
Les conversations dans le coin des canapés étaient d’un ennui sans commune mesure, heureusement que Vaness s’y plaisait. C’était toujours pareil, chaque fois qu’une nouvelle recrue pointait le bout de son nez, tout le monde s’y intéressait soudainement. Il y avait des questions qui ne restaient jamais longtemps sans réponse, dans un sens comme dans l’autre. Ce qui m’avait permis d’apprendre au passage que c’est en voyant que certain de ses collègues de son ancien travail, toujours aux ressources humaines, avaient démissionné pour postuler ici que l’envie lui est venue de faire de même, surtout en comparant les grilles de salaires qui étaient bien plus avantageuses dans une boite que dans l’autre. Mais ce n’était qu’une futilité parmi tant d'autres, je n’avais pas vocation à m’intéresser plus à elle, il était en effet fort probable qu’on ne se fréquente qu’un temps, quelques mois tout au plus. C’était comme ça avec toutes, et, elle n’en ferait pas exception. La bonne nouvelle, c'est qu’elle n’en est absolument pas consciente.
Ma faible participation aux discussions me permettait d’observer la soirée, qui faisait quoi, avec qui, et notamment les personnes qui semblaient profiter de ce moment de convivialité pour se rapprocher. La plupart discutaient simplement en groupes composés d’au moins trois personnes, ce qui limitait la plupart des discrètes interactions, sauf de ceux qui étaient déjà en relation. Ceux-là n’étaient pas gênés de se glisser un bisou ou une main baladeuse de temps à autre. Et surtout, entourée toujours du même type, il y avait Prune.
Elle
Paul ainsi que quelques sobres survivants commençaient à ranger bouteilles et verres, à vrai dire, nous étions déjà sur une fin de soirée. Il ne restait plus grand monde, Yann était parti avec sa… Passons. Il était parti sans même me dire au revoir, je ne saurai même pas dire si c’était il y a une heure ou cinq minutes. Aussi inattendu que cela puisse paraître, j’avais donc passé toute la soirée avec Vince, à discuter de tout et de rien, mais surtout de rien, il m’avait aussi fait danser sur quelques morceaux. C’était un piètre danseur, mais au moins, il avait eu le mérite de m’y avoir invitée. Il était désormais temps que je m’en aille.
C’est en sortant des toilettes que je le vois en train de se préparer à faire de même, sans même qu’il n’y ait aucune discussion entre nous sur ce sujet auparavant.
- Ah, tu t’en vas ? Je devrais aussi, il se fait tard. Dis-je en me rapprochant à son niveau.
- Oui, il se fait tard. Je te raccompagne si tu veux, tu habites loin ?
- Vingt minutes à pied, environ.
- Allez viens, je te raccompagne.
Il était difficile de refuser tant mes pieds avaient été usés par les espadrilles, mais aussi à l’idée de rentrer toute seule dans un look plus qu’élégant au beau milieu de la nuit. Certes, je connaissais le quartier, la ville, ce n’était pas courant que des choses de personnes mal intentionnées arrivent, mais c’était plus fort que moi, je ne pouvais qu’accepter sa proposition.
- Merci.
- Pas de quoi, par contre, tu ne feras pas attention à la caisse, un connard m’est rentré dedans la semaine dernière, je n'ai pas eu le temps de passer au garage.
- Ne t’inquiète pas, dans le noir, je ne risque pas de voir grand-chose… Sauf si c’est vraiment flagrant.
Après avoir dit au revoir à Paul et au restant des invités par des bises et chaleureux bonne nuit, nous avons filé vers sa voiture qui était garée devant, sur le côté. C’était une sorte de SUV qui ne présentait aucune marque visible d’un quelconque accident, l’obscurité était accentuée par l’absence de lumières municipales. Nombreuses étaient les villes qui éteignaient dans les heures tardives pour économiser sur leur budget annuel en prétendant publiquement qu’il ne s’agissait là que de mesures écologiques, pour le bien de la planète, blablabla. Oui.
Je m’assieds du côté passager, c’est amusant comment on se sent haut par rapport à la route, et surtout par rapport aux autres voitures, bien plus que dans ma Mini à ras du sol. Vince démarre le moteur et pose son téléphone dans un boîtier prévu à cet effet au niveau du pare-brise, puis ouvre une application GPS. Un éclair traverse mon esprit alors que sa voix passe par-dessus le bruit du moteur.
- C’est quoi ton adresse ?
- On devrait plutôt rentrer à pied, tu ne penses pas ? On a bu quelques verres quand même…
- Ce n'est pas vraiment dans mes habitudes de rentrer à pied, on va rouler doucement si ça te va. Et puis, ça fait au moins une heure qu’on n’a plus bu d’alcool, j’ai carburé au jus de fruit tropical pendant un bon moment jusqu’à la fin, crois-moi que ça ne m’a pas fait grand plaisir.
- Mmmh… Je ne sais pas, ça pourrait être dangereux… Et c’est sans parler de si nous croisons la police pour un contrôle d’alcoolémie.
- On va rouler lentement, fais-moi confiance… Sinon pour éviter de doubler les dangers, je peux t’inviter à dormir chez moi… Je prendrai le canapé et te donnerai mon lit.
Son regard se tourne vers moi, alors que mes yeux restent fixés sur le pare-brise et la voiture de devant éclairée par les feux, et pourtant, je sens les siens me déshabiller avec insistance. Ce n’est pas un sentiment désagréable.
- Pour ne pas doubler les dangers alors, oui, c’est le mieux…
- Il ne faut pas me le dire deux fois.
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1 avis des lecteurs et lectrices après lecture : Les auteurs apprécient les commentaires de leurs lecteurs
Les avis des lecteurs
Pour être certain que vous lisiez le dernier commentaire que j’ai laissé a “daronne…….” je vous le recopie ici
@pleonasme
Je pense que vous vous êtes arrêté à 4 neurones parce que évidemment, d’après votre commentaire, vous ne pouvez calculer les additions dont le total est plus que quatre.
Lâchez pas, ça va venir, ça va venir mais pas du cerveau !
Avec sincérité
@pleonasme
Je pense que vous vous êtes arrêté à 4 neurones parce que évidemment, d’après votre commentaire, vous ne pouvez calculer les additions dont le total est plus que quatre.
Lâchez pas, ça va venir, ça va venir mais pas du cerveau !
Avec sincérité