Gageure (5)
Récit érotique écrit par JMB [→ Accès à sa fiche auteur]
Auteur homme.
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Histoire érotique Publiée sur HDS le 26-01-2012 dans la catégorie Entre-nous, les hommes
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Gageure (5)
Je sonne à la grille. Une voix nasillarde provenant de l'interphone demande "qui va là". Monsieur Portille et son associé, que je réponds. Mon Martin se rengorge en entendant le mot associé, pour lui. Le portail s'ouvre. Tandis qu'on roule dans la grande allée, vers la maison, je rappelle à Martin qu'il doit se tenir à mes côtés, debout, jouant de temps à autres de ses muscles des bras conservés nus à ma demande. De toute façon, fait trop chaud pour porter un costard ou des manches longues.
Pépère nous accueille, tout sucre tout miel. Sa tronche me semble moins barbouillée de peinture. L'est quand même bien conservé pour ses presque 70 balais! Le crépi s'effrite un peu mais dans l'ensemble ça tient encore. Voilà que je redeviens vache.
Voulez-vous un café? Oui on en veut bien. Nous sirotons notre petit noir. Tom ne va pas tarder à renverser sa tasse, bien trop captivé par la musculature de mon Martin. La vedette au passé minaude du regard, papillonne cils battant, lèvres provocatrices. Il tente le coup, le pauvret. Je ne vais pas lui dire que Martin est à moi, ça lui ficherait un choc et je ne suis pas sûr que ça le gênerait beaucoup. De plus, Martin n'est pas à moi mais momentanément avec moi: pas pareil! Donc je fais celui qui ne voit rien. J'attaque doucement:
<< - Dites-moi, Tom, le jour où Gilles a été tué, vous n'étiez pas à Nice. Vous y étiez, mais le surlendemain. Alors, où étiez-vous le jour du crime? >>
Je le vois rougir, ses lèvres frémissent de colère mais ses yeux restent collés aux biceps de Martin. Quelle bonne idée de l'avoir amené, mon associé et amant. D'une voix tremblante, outragée, le Tom clame, un peu criard, délaissant la tonalité profonde qui vous chamboule le service à émotions:
<< - Qu'est-ce que vous voulez que je vous dise? Il y a trop longtemps de cela! Je ne sais plus! Et puis, comment osez-vous? Mon témoignage concorde avec celui d'Yves.
- Ah non, très cher! Yves a modifié le sien de témoignage. Y vous a pas mis au courant?
- J'étais absent depuis deux jours. Bon, eh bien je ne sais plus ce que je faisais! Là, vous êtes content?
- Pas du tout. Vous voilà revenu sur la liste des suspects. Ça peut faire jaser les média.
- Pourquoi pas me passer les menottes de suite, hein?
- Je n'en possède pas, cher Monsieur. Maintenant, nous savons, preuves à l'appui (menteur que je suis) qu'Abdel n'a pu tuer Gilles. En conséquence, nous nous tournons vers l'entourage de la victime. Donc je vous redemande votre emploi du temps ce jour-là. Alors?
- Alors… alors… Bon, ça va! Yves s'est fait piégé dans cette tournante, deux jours après le décès de ce pauvre Gilles. Il était effondré. Il avait besoin de réconfort. On me l'a amené chez nos amis de Nice. Il m'a tout raconté. Je ne sais pas pourquoi, mais je me suis rendu à l'endroit où l'agression s'était déroulée. J'ai vu les garçons qui avaient fait ça… une magnifique brochette. Je voulais m'assurer de n'en connaître aucun, vous comprenez…
- Mais ça m'intéresse pas!
- J'ai vécu un des moments les plus palpitants de ma vie. J'ai joué les victimes consentantes de ce gang bang. Je vous en supplie, n'en parlez à personne. Je ne suis pas fier de moi, même si cette journée reste inoubliable, charnellement s'entend.
- D'accord. Si je comprends bien, vous me parlez de vos histoires de fesses pour éviter de répondre à ma question. Je réitère pour la dernière fois: où vous étiez le jour du crime? Mon charmant associé, que vous zieutez avec insistance, n'est pas du genre très patient. Nous avons beaucoup à faire, alors crachez le morceau et qu'on en parle plus, bordel de merde! (je crie sur la fin)
- Chez moi, avec un garçon. Pour tout dire, il s'agissait de l'amant d'Yves, le chef du gang bang. Yves ne le sait toujours pas. J'ai honte de moi.
- Et ben voilà! Pas de quoi fouetter un chat!
- Vous en avez de drôles, vous! Difficile d'avouer qu'on a couché avec le petit copain de son meilleur ami, petit copain qui se trouve être le chef d'un gang bang et qui, deux jours plus tard, faisait de cet ami la victime d'une tournante!
- Je suppose que l'heureux élu est impossible à joindre…. C'est bien ça?
- Il réfléchit au fond d'une cellule, en Italie. Une vague histoire de vol, avec menace d'un jouet en forme pistolet, quelque chose comme ça. J'ai reçu une lettre de lui, il y a quelques mois, un appel au secours en somme. >>
Quand on regagne la voiture, je suis tout déconfit. Rien de bien concret pour mon affaire. Toujours pas de mobile, toujours pas de preuve. Martin, un peu fiérot, me serine:
<< - T'as vu, le vieux y me zieutait sans arrêt. Faut dire qu'y a de quoi! >>
Et de rouler le mécaniques, le Maousse. Je démarre. Cela dit, l'a raison d'être fier de son corps. Et moi je suis fier que ce corps soit pour moi ces temps-ci. Au fait, me donne-t-il l'exclusivité? Faudrait que je le cuisine pour savoir et pas plus tard que de suite maintenant.
<< - Dis, Martin, t'as demandé à ta patronne pour le week-end prochain?
- Ouais, elle est d'accord. Elle m'a même recommandé de bien te couver.
- Tu sais que l'Yves, ce qu'y veut, c'est baiser à trois? Ça te changera de moi.
- C'est tordu, ce que tu dis. Tu seras là. Et d'abord j'ai pas besoin de changer.
- Ah bon? Pourtant, tu plais, t'es un vrai dieu pour toutes ces radasses de folles.
- J'aime pas les évanescentes, comme tu dis. Ça tu le sais.
- Et les petits mecs, minets à la virilité naissante?
- Tu m'emmerdes avec tes questions à la con. Qu'est-ce t'as?
- J'ai un peu fricoté avec l'Yves.
- M'en fous! C'était pour lui tirer les vers du nez alors ça compte pas.
- Oui mais on est quand même tous deux, en ce moment.
- T'as ta vie, j'ai la mienne.
- Alors t'as fricoté avec qui, Martin?
- Tu sais, je t'ai dis que je tenais à toi. C'est vrai. Et j'ai pas besoin d'aller voir ailleurs. En plus, j'aime pas draguer.
- Pourtant, c'est bien toi qui m'a dragué.
- Pas pareil. Tu m'avais tapé dans l'œil, de suite que je t'ai vu. >>
J'arrête de le torturer. Ma main court à sa braguette afin de congratuler sa queue qui, illico, se rebiffe. Prompt à l'ouvrage, le bougre! Il me propose de conduire. Je stoppe la voiture, on change de place. Il repart. J'ouvre le zip de son jean's, sors sa queue, me penche pour la gober tout cru. Il chantonne tandis que je le suce hardiment. Je n'oublie pas les couilles, tente d'accéder à son trou pour le caresser avec ma langue. Je reviens au gland. L'arrosoir ne tarde pas à inonder ma tronche au foutre. Il stoppe la voiture, juste le temps de me lécher la poire, d'effacer ses traînées intimes, de me rouler des pelles goulues au goût de sperme.
*****
La perspective de passer deux jours à lézarder auprès d'une immense piscine, rend moins négative la semaine écoulée. Cependant, je ne peux m'empêcher de penser à Abdel qui moisit dans cette prison. Mais les mauvaises pensées s'envolent dès que je vois passer les deux jambes musclées de Martin. Je lève mon regard. Son maillot de bain lui sied à ravir, moulant à la perfection sa queue prête à l'emploi. La nuit dernière, on s'est contenté de quelques innocentes papouilles avant de dormir. Quoique l'innocence n'ait rien à voir avec un léchage de cul. Mais pas d'éjaculation, pas de sodomie, nous étions deux anges se taquinant la zigounette, sans plus. Raisonnables, quoi!
Je sors mon vieux maillot. J'y tiens, même s'il n'est plus très mode. Je me faufile dedans. Martin me scrute, fait la moue, acquiesce. Bon, je lui plais, c'est l'essentiel. L'est pas difficile, mon Martin. Du moment qu'il a de quoi se remplir la vue! Et chez moi, y'a de quoi se remplir la vue. Comme j'ai précisé, je possède une grosse bite. Même molle, elle pèse son poids, elle prend du volume toute flasque qu'elle soit quand je ne bande pas. Un beau cylindre, bien long, au diamètre en rapport avec la longueur. Je crois que j'ai déjà dit, mais les jours de manque j'arrive à me tailler une pipe, tout seul. Pas mal comme exercice pour entretenir sa souplesse! Pour en revenir au maillot de bain, il soutient mal la chose imposante et se tend comme si je bandais. Ça excite mon Martin. J'avoue que c'est mon principal atout, quand je suis sur une plage ou à la piscine. Ça attire les regards, ça provoque des passages de langue sur les lèvres ou des mains baladeuses cherchant à s'abriter dans un coin chaud non loin d'une paire de couilles ou d'une chatte selon que c'est un monsieur ou une dame qui m'admire. Eh oui! J'ai pu remarquer que c'est arrivé!
Vendredi 19h30. Les sacs de voyage bouclés.
Une demi-heure plus tard, nous sonnons chez Yves qui nous reçoit avec un sourire radieux. Je bande illico. Martin devine ma réaction, écarte les bras, me regarde d'un air de dire:
<< - Moi aussi, j'ai la trique! >>
Et la trique, en vu d'un trio, on l'aura un bon moment encore car Yves ne tient pas spécialement à nous titiller le bouton dans l'immédiat. La raison m'en vient subitement. Plus de deux, il ne supporte pas, souvenir de sa tournante d'il y a trois ans. Dommage! J'aurais bien essayé avec lui et le Martin. Mais on gagne deux jours de farniente, et ça c'est précieux. Je me rends compte aussi qu'on commence à faire vieux couple, moi et le Martin. Pas désagréable, remarquez! Ce serait même parfait si l'ombre d'Abdel ne planait pas quelque part sous mon crâne.
Dîner sain pour des corps sains! Ensuite, plongeons dans l'immense piscine (eau à 25°C) puis rêvasseries en chaises longues. Un joint communautaire apaise encore plus nos esprits, embaume nos cœurs. Vers 23 heures, au lit! Le maître de maison gagne son poulailler, comme il appelle le second étage où il a son lupanar, après avoir mis à notre disposition une chambre dont le luxe sobre n'a d'égal que la vastitude du lieu.
Vastitude du lieu qui nous permet une course poursuite, entre moi et Martin, cherchant à palper le cul de l'autre, à lui tâter la bite, lui pincer un téton. On s'attrape afin de se rouler une pelle. On se chatouille. On rit aux éclats sans guère se soucier du voisinage. Les grosses paluches s'emparent de mes fesses, les malaxent, pendant que nos bouches s'amusent à museau-museau. Et là, c'est le tourbillon sentimental qui s'abat sur ma pomme, un tsunami, ouais vraiment! Une sensation m'envahit. Je me vois tout petit, tout frêle, dans ces bras qui m'enveloppent. Je suis en sécurité, dans ces bras là. Je comprends aussi que d'une certaine façon, Martin s'accroche à moi. Oui, vraiment, il tient à moi. Et sa proposition de travailler ensemble sous-entend vivre ensemble, même s'il le nie. Alors, je me dis que le bonheur, c'est lui, Martin. Je veux profiter de ce bonheur à deux, avec lui, Martin. Je veux m'imprégner de ce bonheur à deux, avec lui, Martin. Je veux respirer ce bonheur à deux, avec lui, Martin. Pour le coup, Martin m'aime, j'aime Martin. L'image d'Abdel s'efface de mon crâne pour laisser la place à celle de Martin. Cette image s'ancre à jamais dans mon cerveau, s'y imprègne, s'y incruste. Martin! Martin! Je crois que je t'aime. Non, j'en suis sûr, Martin! Ce dernier comprend que je vis un instant particulier. Il me serre un peu plus fort contre lui, précautionneusement, fourre sa langue dans mon oreille droite qu'il trifouille adorablement, puis plaque plusieurs baisers dans mon cou. Je pousse un énorme soupir de contentement. J'ai trouvé la solution à mes questions sentimentales. Je vais enfin pouvoir me poser, me stabiliser, vivre d'amour, en recevoir, en donner autant que je voudrai. Mon Martin me dorlote, me berce presque, comme si j'avais un gros chagrin. Il murmure alors:
<< - Ça y est, c'est passé? T'es revenu avec moi?
- J'étais avec toi, comme jamais, mon Martin.
- Tu sais, Honoré, je t'aime comme un dingue! Plus, c'est pas possible! Y'a pas plus amoureux que moi sur la terre. Je sais pas ce que tu m'as fait, mais t'as réussi. Je sais que toi tu veux pas. Mais j'y peux rien, c'est comme ça et pas autrement. J'attendrai le temps qu'y faudra. Je sais qu'un jour tu seras dingue de moi comme je le suis de toi. Alors, à ce moment-là ….
- Ce moment-là, c'est maintenant, mon Martin, c'est maintenant. J'avais pas trop compris jusque là. Ça vient tout juste d'arriver, que j'ai compris. Pour ça que je t'ai dit que j'étais avec toi comme jamais.
- Tu me fais marcher, c'est pas chouette.
- Fais pas cette mine boudeuse. Je te fais pas marcher, parole d'Honoré! Je t'ai dans la peau, mon Martin, et je veux que t'y restes. Ça te dit de supporter un détective privé à la gomme? Ça te dit de te balader avec un minus de 1m65? Ça te dit de m'héberger chez toi à vie. Dis, mon Martin, ça te dit? >>
Finies les forfanteries, y s'affale sur moi, de gros sanglots jaillissent. Secoué par sa joie, il ne cesse pas de répéter:
<< - C'est pas vrai! Putain que j'en ai de la chance! Oh putain oui! >>
Je caresse ses cheveux, j'embrasse sa nuque, son cou, sa joue. Il se calme, s'écarte un peu, me regarde tout heureux. Ses joues trempées, ses yeux rougis, m'émeuvent au-delà du possible. Mes larmes commencent à poindre. Je ne veux pas les retenir, je les laisse couler silencieusement. Martin me soulève, me porte en direction du lit sur lequel il me pose tendrement. Nous échangeons de nombreux baisers. Nos caresses deviennent plus délicieuses qu'elles ne l'étaient auparavant. Son corps recouvre entièrement le mien. Lentement, nous nous positionnons en 69. Nos bouches avalent nos pieux de chair. Nos langues les enveloppent, les contournent, les câlinent. Nouveaux baisers passionnés. Martin lève mes jambes, coltine sa tête au niveau de mon anus qu'il complimente d'une caresse labiale avant d'y introduire son appendice buccal. Les effluves sentimentales, érotiques, se mêlent, s'échangent. Que c'est bon d'aimer comme ça! Que c'est bon d'être aimé comme ça! Jamais je n'aurais cru qu'une telle intensité soit possible, jamais! Je sens mon anus s'ouvrir afin de s'offrir au pénis qui demande à le pénétrer. La sodomie, délectable, m'emporte dans un nirvana que je ne saurais décrire. Je me contente d'en déguster chaque seconde, de les imprégner dans ma mémoire, afin de pouvoir éternellement me souvenir que j'ai vécu ça. Sans précipitation, Martin, mon vrai mec, mon seul mec bien à moi, coulisse en moi. Je vois son sourire, ses yeux aimants. Il se penche pour m'embrasser tendrement. Il soupire de satisfaction tandis que son sperme s'écoule en moi. Dans le même temps, ma semence s'évacue en quelques jets, cause d'une jouissance sans pareille. Martin s'allonge sur moi, susurre:
<< - À toi maintenant.
- Non, pas de suite. Plus tard. Reste dans moi, comme ça. >>
Nous glissons dans les bras de Morphée. Je devine la verge de Martin s'échapper de mon anus. J'aimerais tant la garder! Nous nous détendons. Le sommeil nous surprend enlacés, amoureux l'un de l'autre à jamais.
*****
Les cernes sous les yeux prouvent nos prouesses nocturnes. Quatre reprises, coupées chacune par une petite heure de sommeil! J'ai baisé des milliers de fois (peut-être, je n'ai pas compté) dans ma chienne de vie. Mais je crois bien que je ne me suis jamais vraiment donné comme cette nuit, que je n'ai jamais vraiment pris mon pied comme cette nuit. Certes, je comprenais vaguement qu'avec Martin c'était merveilleux. Mais à ce point là! Impossible d'imaginer.
Et voilà que nous batifolons autour de la piscine, nous bécotant à tout propos, à tout moment. Nos démonstrations affectives n'échappent pas à Yves. Il note:
<< - J'ai vu arriver deux jeunes fiancés. Cette nuit a eu lieu le mariage et ce matin ils s'aiment davantage. Félicitations! >>
Il nous bise gentiment. La journée commence bien.
Elle se déroule dans la plus parfaite harmonie. Moi et Martin on rayonne de bonheur, selon l'expression consacrée. On cherche par tout moyen à se prouver qu'on s'aime. Yves, dans l'après-midi, prétexte quelques courses de bouche afin de nous laisser seuls, en tête à tête. On en profite un maximum. On flirte dans l'eau, au bord de l'eau, sur la pelouse. On ne ménage pas nos efforts, on se veut collés l'un à l'autre, pénétrés l'un de l'autre. On ne parle presque pas, on s'admire. Quand Yves revient, il nous trouve allongés sur le bord de la piscine, enlacés, endormis. Sans bruit, il approche un parasol afin de préserver du soleil nos peaux trop blanches. Au réveil, nous recommençons nos jeux érotiques, veillant toutefois à ne pas trop en faire devant notre hôte. Celui-ci semble ému, ne cessant de nous complimenter.
Passé l'excellent dîner, moins sain pour des corps sains que celui de la veille, nous reprenons notre séance de fumette communautaire. Le joint passe de main en main. Yves déclare:
<< - À vous voir si heureux, on a envie de partager vos élans de tendresses. >>
Sans se consulter, moi et Martin on s'approche d'Yves. Je m'empare de sa bouche. Elle accueille la mienne. Martin laisse aller ses doigts sur le corps longiligne, bronzé, magnifique, d'un Yves surpris de se voir ainsi tendrement agressé par deux jeunes tout juste mariés. Il accepte nos hommages. Au tour de Martin d'apposer ses lèvres sur celles de notre hôte. Je partage leur baiser en me joignant à eux. Je me lève afin de dévêtir Yves puis d'engloutir sa bite au mieux de sa forme. Celle de Martin coulisse merveilleusement sous la langue d'Yves. Ce dernier, un tantinet réservé au départ, se déchaîne, telle une furia. Il jette ses derniers vêtements. Nous caresse, nous embrasse, nous suce, voracement. Il lèche nos culs avec énergie, y fourre ses doigts, les trifouille vivement. Nous lui rendons ses compliments. Avant même d'enfiler une capote, je le vois éjaculer. Confus, il s'excuse:
<< - Désolé! Je ne m'y attendais pas, je n'ai rien senti venir! Je suis trop excité. >>
En effet, il l'est toujours excité le coquin. Il ne débande pas. Ma pénétration semble amplifier sa raideur. Il pousse de petits cris vite étouffés par la queue de Martin qui s'engouffre dans sa bouche. Passées cinq minutes de pistonnage, nous changeons de position. La sodomie pour Martin, la fellation pour moi. Yves ne cesse de crier. Il savoure, le coquinet! D'un coup, il exige:
<< - Baisez-moi tous les deux ensemble! Fourrez vos bites dans mon cul! Unis dans la vie, unis dans mon trou, joli non? >>
Comme si on attendait que ça, on s'exécute. Je m'allonge sur le dos, ayant la plus longue queue. Yves s'assied sur et face à moi, s'empale puis penche son tronc, me roule une pelle. Accroupi derrière Yves, enjambant mes cuisses, Martin glisse sa bite le long de la mienne, réalisant la double pénétration. Et là, c'est le chant de la sirène! Yves couine plus fort que jamais. Pas de douleur mais de plaisir! Sa bouche mordille mon visage, sa langue furète partout où elle peut. Je suis trempé de salive. La queue de Martin coulisse à merveille, procurant une drôle de sensation à la mienne que je n'ose guère bouger. Pas une seule fois l'anus ne rejette nos deux membres. Bien au contraire, il les aspire. Moi et Martin, on décharge ensemble, dans notre capote respective. Yves crache, pour la seconde fois, tout son jus sur mon ventre qu'il lèche consciencieusement. On se calme enfin, après s'être séparés, reprenant des jeux beaucoup plus chastes.
Heureux de nous deux, moi et Martin on gagne notre chambre où nous nous endormons comme deux bébés, dans les bras l'un de l'autre.
Pour la première fois de ma vie, je ne me réveille pas durant la nuit. Au matin, je me retrouve dans la même position que quand je me suis endormi. Pour Martin pareil. On ne veut tellement pas se séparer, qu'on ne bouge même plus en dormant. La trique matinale nous oblige à quelques fantaisies buccales. Le premier petit déjeuner, celui des amoureux, dégouline dans nos gosiers, révélant son goût légèrement amer de semence.
Nous passons la journée du dimanche dans le calme. Yves s'efface afin de respecter notre intimité. J'admire son tact que j'assimile à de l'abnégation. En fin d'après-midi, il nous annonce la venue d'amis. Nous proposons de partir. Il insiste pour que nous restions, arguant:
<< - Vous êtes mes amis, maintenant. >>
Peu soucieux de l'offenser, nous acceptons. Nous ne le regretterons pas.
*****
La reprise du boulot se déroule dans l'euphorie, celle de la passion. On rit à tout propos, on se papouille à tout moment, on se roule des pelles à bouche que veux-tu. Tout juste si on ne se ballade pas à poil, bite dans le cul! On a de la retenue, malgré tout.
Martin ne savait pas que j'avais un bureau, je lui fais visiter. Il constate:
<< - T'es pas un vrai détective, t'as même pas de secrétaire. Y'a même pas de place pour elle, c'est pas normal un truc pareil! >>
Comme si tous les détectives avaient les moyens de s'en payer une, de secrétaire! Je lui explique à mon doux et tendre. Il ne comprend quand même pas. Un détective, sans secrétaire, c'est un morceau de fromage sans pinard. Faut que je lui interdise les polards à la télé! Ça lui donne des idées bien arrêtées, à mon testard! Pour le calmer, je lui rétorque:
<< - Et moi, j'ai l'air d'un détective? D'un mec qui saute toutes les nanas qu'y croise? D'un mec qui bastonne les témoins? Et j'ai pas de chapeau, je fume même pas, à part un joint de temps en temps! Et où qu'est mon flingue? J'en ai pas! Alors?
- Ben ouais! C'est vrai que t'as rien d'un détective.
- Pourtant j'en suis un. Y'a pas que ce que montre la télé qu'existe. Est-ce que t'as déjà entendu parler d'un détective qui baise qu'avec des mecs et qui, de surcroît, se fait enculer? Jamais! Ça existe pas dans l'imagination des auteurs. Par contre, ça existe dans la vie réelle. Tu piges, mon doux Martin que j'aime? >>
Il opine du chef, hausse les épaules, soupire. Ces manifestations chassent sa déception. La pelle qu'on se roule juste après le rassure. C'est temps de bosser. Lui, mon Martin, va rendre ses devoirs à Madame.
Mon répondeur enregistreur n'a rien répondu et rien enregistré. C'est tant mieux! Je dois parler à Abdel. D'abord, un point à éclaircir au sujet du crime. Ensuite me rassurer que je n'en suis plus épris, que c'était juste une tocade pour un prisonnier innocent et très beau. Faut prendre ses sécurités, dans la vie. Et la mienne, de vie, exige que mes sentiments pour Martin soient vierges de toute ambiguïté, de tout sentiment pour tout autre que lui.
Il est beaucoup moins radieux, l'Abdel. Son visage semble fatigué, marqué, plus triste que la dernière fois. Il s'assied pesamment, jette un regard rapide dans ma direction, marmonne:
<< - Sors-moi de là sinon je vais crever!
- Que se passe-t-il?
- On m'a changé de cellule ce matin. Je ne sais pas pourquoi. Maintenant je suis avec un type sans scrupule, un blanc, qui me tabasse pour me violer. Il y en a un autre, un noir, mais il laisse faire. Il a peur, il a subi les mêmes trucs.
- Vous êtes deux! Défendez-vous!
- Les matons craignent ce monstre. Ils veulent éviter qu'il explose vraiment. C'est un danger public, qu'ils disent.
- Écrit ça à Madame Loué!
- Pas question! La lettre ne passerait pas la porte de la prison si j'écrivais ça. On dit que le bonhomme ne devrait pas être ici, mais dans un hôpital psychiatrique. Seulement, il n'y a plus de place là-bas pour des cas comme ça.
- Je vois. Y z'attendent qu'y ait du sang! Bon, je m'en charge. Madame Loué a assez d'influence pour te faire changer de cellule. S'y veulent éviter le grabuge, y te caseront ailleurs en faisant attention où tu iras.
- Ça me fait plaisir de te voir, tu sais.
- Je suis content que tu reviennes à la vie, Abdel, ouais, vraiment content!
- C'est que je m'étais habitué à passer vingt ans ici. Et puis, dans l'autre cellule, j'étais tranquille avec mes deux zombies. Maintenant, ce n'est plus pareil.
- Rassures-toi, j'en parle de suite en sortant à madame Loué. On a rendez-vous tout à l'heure. Et puis non. Je passe voir le directeur de suite après t'avoir quitté, je vais lui en toucher deux mots. Ça ira plus vite. Pour ça que je pourrai pas rester trop longtemps. Voilà, je suis venu te demander ce que tu pensais de Fernande, la femme de ménage.
- Poule couveuse avec Gilles. Moi, j'étais plutôt celui qui dérange, l'intrus en quelque sorte. Au début, elle me souriait. On s'entendait bien. Pour elle, je n'étais qu'une tocade de Gilles. Quand elle a compris que ça durerait, ça a été une autre paire de manches. Finis sourires et amabilités. Souvent, j'ai tenté de lui parler: elle m'évitait. De guerre lasse, je me suis habitué et n'y ai plus prêté attention.
- Bon, je te laisse. Tranquillise-toi, ce soir tu coucheras dans une autre cellule. >>
Je sauterais presque de joie, n'était le lieu sinistre dans lequel je me trouve. En face d'Abdel, je n'ai rien ressenti de spécial. Effacé mon élan pour lui, pour son corps, pour sa figure d'ange maure! Plus rien, nada, niente, nib!
Je demande à voir le directeur qui me reçoit une heure plus tard, surpris de ma visite, ami soucieux de ménager Madame Loué, elle-même amie intime du ministre de la justice. Je lui explique, au gardien des lieux, les affres vécues par Abdel, souligne que je pourrais bien demander un médecin afin de déterminer si viol il y a eu. Le potentat du coin objecte sa bonne volonté, son souci de conserver au mieux ses pensionnaires dans son établissement. Un coup de fil au chef maton: l'affaire est pliée en deux temps trois mouvements. Abdel ira rejoindre deux autres beurs. Le grand chef décrète, plaisantin genre beauf:
<< - Les beurs, ne se mangent pas entre eux, n'est-ce pas? >>
*****
Dès mon entrée dans le salon, Madame m'apostrophe, la voix joyeuse:
<< - Alors, mon cher Portille! C'est vous qui épousez Martin ou bien est-ce Martin qui vous épouse? Je suis curieuse de savoir.
- Ah Madame! Nous nous épousons de concert et mutuellement. Je peux pas mieux dire.
- Sachez que je suis heureuse pour vous, pour Martin surtout, évidemment. Il mérite le bonheur, ce garçon. Je l'ai connu adolescent. Que de souvenirs!
- Vous l'avez éduqué, en quelque sorte, je me trompe? >>
Elle rougit, baisse pudiquement les yeux, retrouve très vite son quant à soi:
<< - Vous vouliez me voir? >>
J'explique la situation d'Abdel, ma démarche. Elle approuve, passe un coup de fil au ministre adéquat, le très cher ami, qui applaudit et s'en va complimenter téléphoniquement Monsieur le Directeur de la prison pour son initiative. Ne doit-il pas protéger au mieux ses pensionnaires? J'en ai fait des gens heureux aujourd'hui!
Nous passons au sujet qui me tarabuste:
<< - Madame Loué, parlez-moi de Fernande, la femme de ménage de Gilles.
- Que dire, mon dieu! C'est une femme de ménage, sans plus! Je ne la voyais que très rarement, cela va sans dire... enfin pas exactement. Elle venait ici, de temps à autres.
- Quelle attitude avait-elle à votre égard?
- Froide, très froide, à la limite de l'incorrection, même. Parfois, je me suis demandée si elle n'était pas amoureuse de mon fils, donc jalouse de moi.
- Quand même!
- Oui, c'est cela. Maintenant que vous soulevez la question, je me rappelle son peu d'aménité pour Abdel. Je crois même qu'elle le détestait. Oui, c'est bien cela. Tant qu'Abdel ne vivait pas avec Gilles, Fernande le supportait. Du jour où ils se sont installés ensemble, elle lui a tourné le dos. Elle avait une adoration sans borne pour Gilles.
- Pourtant, c'est l'auteur d'un faux témoignage déterminant.
- Elle aurait vu le coupable, le vrai coupable veux-je dire?
- Cela ce peut, Madame.
- Puis-je vous poser une question… d'ordre privé, sans que vous vous offensiez, Monsieur Portille?
- Posez toujours. Si j'hurle, vous saurez que je suis offensé.
- Vous n'êtes pas un méchant homme, bien au contraire. Je sens ces choses-là. Voilà: comptez-vous vous installer avec Martin? Il m'a laissé entendre une association.
- C'est en cours, en effet. Je vais devancer votre question suivante: nous vivrons ensemble, moi et Martin. Dès ce soir, je commence d'emménager chez lui.
- Cela devait bien arriver un jour. Je vous remercie de votre sincérité. J'ose espérer, qu'une fois cette triste affaire définitivement close, nous resterons en relation. J'apprécie votre compagnie.
- Le compliment me va droit au cœur, Madame. Sachez que je vous le retourne volontiers et avec sincérité. >>
Elle me raccompagne à la porte (honneur suprême!), déclare en guise d'au-revoir:
<< - Après le mariage, si vous et Martin envisagez l'adoption, ne vous gênez pas, j'arrangerais ça, sous réserve d'être la marraine. >>
Maintenant, elle rit presque aux éclats.
*****
Fernande! En voilà une femme forte s'il en est. Oh! Pas physiquement, plutôt fluette, même, la dame. Mais quel caractère! Tout d'une pièce, sans ambiguïtés la péronnelle. Pas de circonvolutions dans ses tournures de phrases. Du direct, que du direct. Je la voyais un peu comme ça, dans mon imagination. Alors, bien entendu, j'ai démarré sur des chapeaux de roue:
<< - Fernande, nous avons la preuve indiscutable qu'Abdel n'a jamais tué qui que ce soit, et surtout pas Gilles dont il était fou amoureux. Donc, aux vus des faits et témoignages, seul un de ses autres proches est coupable. Je ne vous cacherais pas que vous êtes sur la liste. >>
La maigre poitrine, de ce petit bout de bonne femme, se soulève de plus en plus vite alors que j'explique. Fernande hoquette deux ou trois fois. Scandalisée par mes propos? Frousse de se voir mise en accusation? Les deux à la fois? Et bien non! Elle tient mordicus sa version des faits, termine, provocante:
<< - … Prouvez le contraire, si vous le pouvez! Je suis certaine que vous n'y arriverez jamais.
- Et pour cause! La seule qui connaît le vrai, c'est vous! Ou vous avez tué Gilles ou alors vous connaissez le coupable. J'ai mené mon enquête, ratissant partout et surtout parmi les amis de Gilles, ce que la police et l'instruction n'avaient pas jugé bon de faire. Une fois éliminées les animosités dues aux coucheries, aux jalousies, on arrive à une seule conclusion: Abdel est innocent! Vous non!
- Je vous défie de divulguer vos assertions! Si vous le faisiez, on vous rirait au nez.
- Soit! Vous vous en tenez donc à votre version initiale?
- Mais il n'y en a pas d'autre, Monsieur. Pourquoi j'aurais accusé Abdel par un faux témoignage? Je n'avais aucune raison de le faire.
- Si, Fernande, la jalousie. Vous jalousiez tous ceux qui approchaient Gilles d'un peu trop près. Tout le monde s'accorde à dire que tant qu'Abdel ne vivait pas sous le même toit que Gilles, vous le supportiez, vous étiez même amicale avec lui. Du jour où Abdel s'est installé chez Gilles, vous avez changée du tout au tout. Vous haïssiez Abdel depuis ce jour-là.
- Je ne le haïssais pas, je me méfiais de lui et avec raison. Il chapardait des babioles à Gilles. Et une Babiole, chez Gilles, ça valait au moins 500 euros pièce, pour le moins. J'ai même surpris Abdel fouillant dans le portefeuille de Gilles!
- Abdel n'a jamais eu besoin de voler des objets ou de l'argent à Gilles puisque ce dernier lui allouait une certaine somme tous les mois, l'entretenait, en attendant qu'il achève ses études en médecine. Pourquoi serait-y allé prendre de tels risques? Vous mentez! Vous étiez jalouse d'Abdel parce que Gilles l'aimait profondément, même si la fidélité du Gilles laissait beaucoup à désirer. Je présume que vous n'êtes pas étrangère à leurs disputes, vous y avez grandement participé en attisant leurs différents, mine de rien. Je suis persuadé que vous avez mis des amants dans les bras de Gilles afin qu'il se détourne d'Abdel. Madame Loué témoigne que vous étiez jalouse d'elle aussi, la mère de Gilles! Vous êtes une possessive, maladive. Si la peine de mort était encore en vigueur, vous auriez envoyé Abdel à l'échafaud sans une pointe d'hésitation et de remords. Tom, Yves, les amis de Gilles, Madame Loué, Martin son garde du corps, tous témoignent de votre passion maternelle et secrète pour Gilles, de votre jalousie dévorante. Le hasard vous a donné l'occasion de vous venger d'Abdel, malgré la terrible douleur que vous ressentiez à la perte de Gilles. Votre méchanceté à pris le dessus, sur votre peine.
- Je vous le répète, vous ne pourrez rien prouver. Je crois que j'en ai assez entendu et vous prie de partir et de ne jamais plus m'importuner. >>
Elle se lève, va ouvrir la porte. Droite, immobile, les yeux fixes qui semblent ne pas me voir, elle attend que je sois sorti, désireuse de me claquer la porte au nez, rageusement. J'épie son visage, note un tremblement à peine visible de ses lèvres. La peur s'insinue en elle, je le sais. Ma visite atteint son but.
Assez pour aujourd'hui. Allons retrouver les fesses girondes de mon Aimé, son bout lubrique et ses lèvres avides.
À suivre …
Pépère nous accueille, tout sucre tout miel. Sa tronche me semble moins barbouillée de peinture. L'est quand même bien conservé pour ses presque 70 balais! Le crépi s'effrite un peu mais dans l'ensemble ça tient encore. Voilà que je redeviens vache.
Voulez-vous un café? Oui on en veut bien. Nous sirotons notre petit noir. Tom ne va pas tarder à renverser sa tasse, bien trop captivé par la musculature de mon Martin. La vedette au passé minaude du regard, papillonne cils battant, lèvres provocatrices. Il tente le coup, le pauvret. Je ne vais pas lui dire que Martin est à moi, ça lui ficherait un choc et je ne suis pas sûr que ça le gênerait beaucoup. De plus, Martin n'est pas à moi mais momentanément avec moi: pas pareil! Donc je fais celui qui ne voit rien. J'attaque doucement:
<< - Dites-moi, Tom, le jour où Gilles a été tué, vous n'étiez pas à Nice. Vous y étiez, mais le surlendemain. Alors, où étiez-vous le jour du crime? >>
Je le vois rougir, ses lèvres frémissent de colère mais ses yeux restent collés aux biceps de Martin. Quelle bonne idée de l'avoir amené, mon associé et amant. D'une voix tremblante, outragée, le Tom clame, un peu criard, délaissant la tonalité profonde qui vous chamboule le service à émotions:
<< - Qu'est-ce que vous voulez que je vous dise? Il y a trop longtemps de cela! Je ne sais plus! Et puis, comment osez-vous? Mon témoignage concorde avec celui d'Yves.
- Ah non, très cher! Yves a modifié le sien de témoignage. Y vous a pas mis au courant?
- J'étais absent depuis deux jours. Bon, eh bien je ne sais plus ce que je faisais! Là, vous êtes content?
- Pas du tout. Vous voilà revenu sur la liste des suspects. Ça peut faire jaser les média.
- Pourquoi pas me passer les menottes de suite, hein?
- Je n'en possède pas, cher Monsieur. Maintenant, nous savons, preuves à l'appui (menteur que je suis) qu'Abdel n'a pu tuer Gilles. En conséquence, nous nous tournons vers l'entourage de la victime. Donc je vous redemande votre emploi du temps ce jour-là. Alors?
- Alors… alors… Bon, ça va! Yves s'est fait piégé dans cette tournante, deux jours après le décès de ce pauvre Gilles. Il était effondré. Il avait besoin de réconfort. On me l'a amené chez nos amis de Nice. Il m'a tout raconté. Je ne sais pas pourquoi, mais je me suis rendu à l'endroit où l'agression s'était déroulée. J'ai vu les garçons qui avaient fait ça… une magnifique brochette. Je voulais m'assurer de n'en connaître aucun, vous comprenez…
- Mais ça m'intéresse pas!
- J'ai vécu un des moments les plus palpitants de ma vie. J'ai joué les victimes consentantes de ce gang bang. Je vous en supplie, n'en parlez à personne. Je ne suis pas fier de moi, même si cette journée reste inoubliable, charnellement s'entend.
- D'accord. Si je comprends bien, vous me parlez de vos histoires de fesses pour éviter de répondre à ma question. Je réitère pour la dernière fois: où vous étiez le jour du crime? Mon charmant associé, que vous zieutez avec insistance, n'est pas du genre très patient. Nous avons beaucoup à faire, alors crachez le morceau et qu'on en parle plus, bordel de merde! (je crie sur la fin)
- Chez moi, avec un garçon. Pour tout dire, il s'agissait de l'amant d'Yves, le chef du gang bang. Yves ne le sait toujours pas. J'ai honte de moi.
- Et ben voilà! Pas de quoi fouetter un chat!
- Vous en avez de drôles, vous! Difficile d'avouer qu'on a couché avec le petit copain de son meilleur ami, petit copain qui se trouve être le chef d'un gang bang et qui, deux jours plus tard, faisait de cet ami la victime d'une tournante!
- Je suppose que l'heureux élu est impossible à joindre…. C'est bien ça?
- Il réfléchit au fond d'une cellule, en Italie. Une vague histoire de vol, avec menace d'un jouet en forme pistolet, quelque chose comme ça. J'ai reçu une lettre de lui, il y a quelques mois, un appel au secours en somme. >>
Quand on regagne la voiture, je suis tout déconfit. Rien de bien concret pour mon affaire. Toujours pas de mobile, toujours pas de preuve. Martin, un peu fiérot, me serine:
<< - T'as vu, le vieux y me zieutait sans arrêt. Faut dire qu'y a de quoi! >>
Et de rouler le mécaniques, le Maousse. Je démarre. Cela dit, l'a raison d'être fier de son corps. Et moi je suis fier que ce corps soit pour moi ces temps-ci. Au fait, me donne-t-il l'exclusivité? Faudrait que je le cuisine pour savoir et pas plus tard que de suite maintenant.
<< - Dis, Martin, t'as demandé à ta patronne pour le week-end prochain?
- Ouais, elle est d'accord. Elle m'a même recommandé de bien te couver.
- Tu sais que l'Yves, ce qu'y veut, c'est baiser à trois? Ça te changera de moi.
- C'est tordu, ce que tu dis. Tu seras là. Et d'abord j'ai pas besoin de changer.
- Ah bon? Pourtant, tu plais, t'es un vrai dieu pour toutes ces radasses de folles.
- J'aime pas les évanescentes, comme tu dis. Ça tu le sais.
- Et les petits mecs, minets à la virilité naissante?
- Tu m'emmerdes avec tes questions à la con. Qu'est-ce t'as?
- J'ai un peu fricoté avec l'Yves.
- M'en fous! C'était pour lui tirer les vers du nez alors ça compte pas.
- Oui mais on est quand même tous deux, en ce moment.
- T'as ta vie, j'ai la mienne.
- Alors t'as fricoté avec qui, Martin?
- Tu sais, je t'ai dis que je tenais à toi. C'est vrai. Et j'ai pas besoin d'aller voir ailleurs. En plus, j'aime pas draguer.
- Pourtant, c'est bien toi qui m'a dragué.
- Pas pareil. Tu m'avais tapé dans l'œil, de suite que je t'ai vu. >>
J'arrête de le torturer. Ma main court à sa braguette afin de congratuler sa queue qui, illico, se rebiffe. Prompt à l'ouvrage, le bougre! Il me propose de conduire. Je stoppe la voiture, on change de place. Il repart. J'ouvre le zip de son jean's, sors sa queue, me penche pour la gober tout cru. Il chantonne tandis que je le suce hardiment. Je n'oublie pas les couilles, tente d'accéder à son trou pour le caresser avec ma langue. Je reviens au gland. L'arrosoir ne tarde pas à inonder ma tronche au foutre. Il stoppe la voiture, juste le temps de me lécher la poire, d'effacer ses traînées intimes, de me rouler des pelles goulues au goût de sperme.
*****
La perspective de passer deux jours à lézarder auprès d'une immense piscine, rend moins négative la semaine écoulée. Cependant, je ne peux m'empêcher de penser à Abdel qui moisit dans cette prison. Mais les mauvaises pensées s'envolent dès que je vois passer les deux jambes musclées de Martin. Je lève mon regard. Son maillot de bain lui sied à ravir, moulant à la perfection sa queue prête à l'emploi. La nuit dernière, on s'est contenté de quelques innocentes papouilles avant de dormir. Quoique l'innocence n'ait rien à voir avec un léchage de cul. Mais pas d'éjaculation, pas de sodomie, nous étions deux anges se taquinant la zigounette, sans plus. Raisonnables, quoi!
Je sors mon vieux maillot. J'y tiens, même s'il n'est plus très mode. Je me faufile dedans. Martin me scrute, fait la moue, acquiesce. Bon, je lui plais, c'est l'essentiel. L'est pas difficile, mon Martin. Du moment qu'il a de quoi se remplir la vue! Et chez moi, y'a de quoi se remplir la vue. Comme j'ai précisé, je possède une grosse bite. Même molle, elle pèse son poids, elle prend du volume toute flasque qu'elle soit quand je ne bande pas. Un beau cylindre, bien long, au diamètre en rapport avec la longueur. Je crois que j'ai déjà dit, mais les jours de manque j'arrive à me tailler une pipe, tout seul. Pas mal comme exercice pour entretenir sa souplesse! Pour en revenir au maillot de bain, il soutient mal la chose imposante et se tend comme si je bandais. Ça excite mon Martin. J'avoue que c'est mon principal atout, quand je suis sur une plage ou à la piscine. Ça attire les regards, ça provoque des passages de langue sur les lèvres ou des mains baladeuses cherchant à s'abriter dans un coin chaud non loin d'une paire de couilles ou d'une chatte selon que c'est un monsieur ou une dame qui m'admire. Eh oui! J'ai pu remarquer que c'est arrivé!
Vendredi 19h30. Les sacs de voyage bouclés.
Une demi-heure plus tard, nous sonnons chez Yves qui nous reçoit avec un sourire radieux. Je bande illico. Martin devine ma réaction, écarte les bras, me regarde d'un air de dire:
<< - Moi aussi, j'ai la trique! >>
Et la trique, en vu d'un trio, on l'aura un bon moment encore car Yves ne tient pas spécialement à nous titiller le bouton dans l'immédiat. La raison m'en vient subitement. Plus de deux, il ne supporte pas, souvenir de sa tournante d'il y a trois ans. Dommage! J'aurais bien essayé avec lui et le Martin. Mais on gagne deux jours de farniente, et ça c'est précieux. Je me rends compte aussi qu'on commence à faire vieux couple, moi et le Martin. Pas désagréable, remarquez! Ce serait même parfait si l'ombre d'Abdel ne planait pas quelque part sous mon crâne.
Dîner sain pour des corps sains! Ensuite, plongeons dans l'immense piscine (eau à 25°C) puis rêvasseries en chaises longues. Un joint communautaire apaise encore plus nos esprits, embaume nos cœurs. Vers 23 heures, au lit! Le maître de maison gagne son poulailler, comme il appelle le second étage où il a son lupanar, après avoir mis à notre disposition une chambre dont le luxe sobre n'a d'égal que la vastitude du lieu.
Vastitude du lieu qui nous permet une course poursuite, entre moi et Martin, cherchant à palper le cul de l'autre, à lui tâter la bite, lui pincer un téton. On s'attrape afin de se rouler une pelle. On se chatouille. On rit aux éclats sans guère se soucier du voisinage. Les grosses paluches s'emparent de mes fesses, les malaxent, pendant que nos bouches s'amusent à museau-museau. Et là, c'est le tourbillon sentimental qui s'abat sur ma pomme, un tsunami, ouais vraiment! Une sensation m'envahit. Je me vois tout petit, tout frêle, dans ces bras qui m'enveloppent. Je suis en sécurité, dans ces bras là. Je comprends aussi que d'une certaine façon, Martin s'accroche à moi. Oui, vraiment, il tient à moi. Et sa proposition de travailler ensemble sous-entend vivre ensemble, même s'il le nie. Alors, je me dis que le bonheur, c'est lui, Martin. Je veux profiter de ce bonheur à deux, avec lui, Martin. Je veux m'imprégner de ce bonheur à deux, avec lui, Martin. Je veux respirer ce bonheur à deux, avec lui, Martin. Pour le coup, Martin m'aime, j'aime Martin. L'image d'Abdel s'efface de mon crâne pour laisser la place à celle de Martin. Cette image s'ancre à jamais dans mon cerveau, s'y imprègne, s'y incruste. Martin! Martin! Je crois que je t'aime. Non, j'en suis sûr, Martin! Ce dernier comprend que je vis un instant particulier. Il me serre un peu plus fort contre lui, précautionneusement, fourre sa langue dans mon oreille droite qu'il trifouille adorablement, puis plaque plusieurs baisers dans mon cou. Je pousse un énorme soupir de contentement. J'ai trouvé la solution à mes questions sentimentales. Je vais enfin pouvoir me poser, me stabiliser, vivre d'amour, en recevoir, en donner autant que je voudrai. Mon Martin me dorlote, me berce presque, comme si j'avais un gros chagrin. Il murmure alors:
<< - Ça y est, c'est passé? T'es revenu avec moi?
- J'étais avec toi, comme jamais, mon Martin.
- Tu sais, Honoré, je t'aime comme un dingue! Plus, c'est pas possible! Y'a pas plus amoureux que moi sur la terre. Je sais pas ce que tu m'as fait, mais t'as réussi. Je sais que toi tu veux pas. Mais j'y peux rien, c'est comme ça et pas autrement. J'attendrai le temps qu'y faudra. Je sais qu'un jour tu seras dingue de moi comme je le suis de toi. Alors, à ce moment-là ….
- Ce moment-là, c'est maintenant, mon Martin, c'est maintenant. J'avais pas trop compris jusque là. Ça vient tout juste d'arriver, que j'ai compris. Pour ça que je t'ai dit que j'étais avec toi comme jamais.
- Tu me fais marcher, c'est pas chouette.
- Fais pas cette mine boudeuse. Je te fais pas marcher, parole d'Honoré! Je t'ai dans la peau, mon Martin, et je veux que t'y restes. Ça te dit de supporter un détective privé à la gomme? Ça te dit de te balader avec un minus de 1m65? Ça te dit de m'héberger chez toi à vie. Dis, mon Martin, ça te dit? >>
Finies les forfanteries, y s'affale sur moi, de gros sanglots jaillissent. Secoué par sa joie, il ne cesse pas de répéter:
<< - C'est pas vrai! Putain que j'en ai de la chance! Oh putain oui! >>
Je caresse ses cheveux, j'embrasse sa nuque, son cou, sa joue. Il se calme, s'écarte un peu, me regarde tout heureux. Ses joues trempées, ses yeux rougis, m'émeuvent au-delà du possible. Mes larmes commencent à poindre. Je ne veux pas les retenir, je les laisse couler silencieusement. Martin me soulève, me porte en direction du lit sur lequel il me pose tendrement. Nous échangeons de nombreux baisers. Nos caresses deviennent plus délicieuses qu'elles ne l'étaient auparavant. Son corps recouvre entièrement le mien. Lentement, nous nous positionnons en 69. Nos bouches avalent nos pieux de chair. Nos langues les enveloppent, les contournent, les câlinent. Nouveaux baisers passionnés. Martin lève mes jambes, coltine sa tête au niveau de mon anus qu'il complimente d'une caresse labiale avant d'y introduire son appendice buccal. Les effluves sentimentales, érotiques, se mêlent, s'échangent. Que c'est bon d'aimer comme ça! Que c'est bon d'être aimé comme ça! Jamais je n'aurais cru qu'une telle intensité soit possible, jamais! Je sens mon anus s'ouvrir afin de s'offrir au pénis qui demande à le pénétrer. La sodomie, délectable, m'emporte dans un nirvana que je ne saurais décrire. Je me contente d'en déguster chaque seconde, de les imprégner dans ma mémoire, afin de pouvoir éternellement me souvenir que j'ai vécu ça. Sans précipitation, Martin, mon vrai mec, mon seul mec bien à moi, coulisse en moi. Je vois son sourire, ses yeux aimants. Il se penche pour m'embrasser tendrement. Il soupire de satisfaction tandis que son sperme s'écoule en moi. Dans le même temps, ma semence s'évacue en quelques jets, cause d'une jouissance sans pareille. Martin s'allonge sur moi, susurre:
<< - À toi maintenant.
- Non, pas de suite. Plus tard. Reste dans moi, comme ça. >>
Nous glissons dans les bras de Morphée. Je devine la verge de Martin s'échapper de mon anus. J'aimerais tant la garder! Nous nous détendons. Le sommeil nous surprend enlacés, amoureux l'un de l'autre à jamais.
*****
Les cernes sous les yeux prouvent nos prouesses nocturnes. Quatre reprises, coupées chacune par une petite heure de sommeil! J'ai baisé des milliers de fois (peut-être, je n'ai pas compté) dans ma chienne de vie. Mais je crois bien que je ne me suis jamais vraiment donné comme cette nuit, que je n'ai jamais vraiment pris mon pied comme cette nuit. Certes, je comprenais vaguement qu'avec Martin c'était merveilleux. Mais à ce point là! Impossible d'imaginer.
Et voilà que nous batifolons autour de la piscine, nous bécotant à tout propos, à tout moment. Nos démonstrations affectives n'échappent pas à Yves. Il note:
<< - J'ai vu arriver deux jeunes fiancés. Cette nuit a eu lieu le mariage et ce matin ils s'aiment davantage. Félicitations! >>
Il nous bise gentiment. La journée commence bien.
Elle se déroule dans la plus parfaite harmonie. Moi et Martin on rayonne de bonheur, selon l'expression consacrée. On cherche par tout moyen à se prouver qu'on s'aime. Yves, dans l'après-midi, prétexte quelques courses de bouche afin de nous laisser seuls, en tête à tête. On en profite un maximum. On flirte dans l'eau, au bord de l'eau, sur la pelouse. On ne ménage pas nos efforts, on se veut collés l'un à l'autre, pénétrés l'un de l'autre. On ne parle presque pas, on s'admire. Quand Yves revient, il nous trouve allongés sur le bord de la piscine, enlacés, endormis. Sans bruit, il approche un parasol afin de préserver du soleil nos peaux trop blanches. Au réveil, nous recommençons nos jeux érotiques, veillant toutefois à ne pas trop en faire devant notre hôte. Celui-ci semble ému, ne cessant de nous complimenter.
Passé l'excellent dîner, moins sain pour des corps sains que celui de la veille, nous reprenons notre séance de fumette communautaire. Le joint passe de main en main. Yves déclare:
<< - À vous voir si heureux, on a envie de partager vos élans de tendresses. >>
Sans se consulter, moi et Martin on s'approche d'Yves. Je m'empare de sa bouche. Elle accueille la mienne. Martin laisse aller ses doigts sur le corps longiligne, bronzé, magnifique, d'un Yves surpris de se voir ainsi tendrement agressé par deux jeunes tout juste mariés. Il accepte nos hommages. Au tour de Martin d'apposer ses lèvres sur celles de notre hôte. Je partage leur baiser en me joignant à eux. Je me lève afin de dévêtir Yves puis d'engloutir sa bite au mieux de sa forme. Celle de Martin coulisse merveilleusement sous la langue d'Yves. Ce dernier, un tantinet réservé au départ, se déchaîne, telle une furia. Il jette ses derniers vêtements. Nous caresse, nous embrasse, nous suce, voracement. Il lèche nos culs avec énergie, y fourre ses doigts, les trifouille vivement. Nous lui rendons ses compliments. Avant même d'enfiler une capote, je le vois éjaculer. Confus, il s'excuse:
<< - Désolé! Je ne m'y attendais pas, je n'ai rien senti venir! Je suis trop excité. >>
En effet, il l'est toujours excité le coquin. Il ne débande pas. Ma pénétration semble amplifier sa raideur. Il pousse de petits cris vite étouffés par la queue de Martin qui s'engouffre dans sa bouche. Passées cinq minutes de pistonnage, nous changeons de position. La sodomie pour Martin, la fellation pour moi. Yves ne cesse de crier. Il savoure, le coquinet! D'un coup, il exige:
<< - Baisez-moi tous les deux ensemble! Fourrez vos bites dans mon cul! Unis dans la vie, unis dans mon trou, joli non? >>
Comme si on attendait que ça, on s'exécute. Je m'allonge sur le dos, ayant la plus longue queue. Yves s'assied sur et face à moi, s'empale puis penche son tronc, me roule une pelle. Accroupi derrière Yves, enjambant mes cuisses, Martin glisse sa bite le long de la mienne, réalisant la double pénétration. Et là, c'est le chant de la sirène! Yves couine plus fort que jamais. Pas de douleur mais de plaisir! Sa bouche mordille mon visage, sa langue furète partout où elle peut. Je suis trempé de salive. La queue de Martin coulisse à merveille, procurant une drôle de sensation à la mienne que je n'ose guère bouger. Pas une seule fois l'anus ne rejette nos deux membres. Bien au contraire, il les aspire. Moi et Martin, on décharge ensemble, dans notre capote respective. Yves crache, pour la seconde fois, tout son jus sur mon ventre qu'il lèche consciencieusement. On se calme enfin, après s'être séparés, reprenant des jeux beaucoup plus chastes.
Heureux de nous deux, moi et Martin on gagne notre chambre où nous nous endormons comme deux bébés, dans les bras l'un de l'autre.
Pour la première fois de ma vie, je ne me réveille pas durant la nuit. Au matin, je me retrouve dans la même position que quand je me suis endormi. Pour Martin pareil. On ne veut tellement pas se séparer, qu'on ne bouge même plus en dormant. La trique matinale nous oblige à quelques fantaisies buccales. Le premier petit déjeuner, celui des amoureux, dégouline dans nos gosiers, révélant son goût légèrement amer de semence.
Nous passons la journée du dimanche dans le calme. Yves s'efface afin de respecter notre intimité. J'admire son tact que j'assimile à de l'abnégation. En fin d'après-midi, il nous annonce la venue d'amis. Nous proposons de partir. Il insiste pour que nous restions, arguant:
<< - Vous êtes mes amis, maintenant. >>
Peu soucieux de l'offenser, nous acceptons. Nous ne le regretterons pas.
*****
La reprise du boulot se déroule dans l'euphorie, celle de la passion. On rit à tout propos, on se papouille à tout moment, on se roule des pelles à bouche que veux-tu. Tout juste si on ne se ballade pas à poil, bite dans le cul! On a de la retenue, malgré tout.
Martin ne savait pas que j'avais un bureau, je lui fais visiter. Il constate:
<< - T'es pas un vrai détective, t'as même pas de secrétaire. Y'a même pas de place pour elle, c'est pas normal un truc pareil! >>
Comme si tous les détectives avaient les moyens de s'en payer une, de secrétaire! Je lui explique à mon doux et tendre. Il ne comprend quand même pas. Un détective, sans secrétaire, c'est un morceau de fromage sans pinard. Faut que je lui interdise les polards à la télé! Ça lui donne des idées bien arrêtées, à mon testard! Pour le calmer, je lui rétorque:
<< - Et moi, j'ai l'air d'un détective? D'un mec qui saute toutes les nanas qu'y croise? D'un mec qui bastonne les témoins? Et j'ai pas de chapeau, je fume même pas, à part un joint de temps en temps! Et où qu'est mon flingue? J'en ai pas! Alors?
- Ben ouais! C'est vrai que t'as rien d'un détective.
- Pourtant j'en suis un. Y'a pas que ce que montre la télé qu'existe. Est-ce que t'as déjà entendu parler d'un détective qui baise qu'avec des mecs et qui, de surcroît, se fait enculer? Jamais! Ça existe pas dans l'imagination des auteurs. Par contre, ça existe dans la vie réelle. Tu piges, mon doux Martin que j'aime? >>
Il opine du chef, hausse les épaules, soupire. Ces manifestations chassent sa déception. La pelle qu'on se roule juste après le rassure. C'est temps de bosser. Lui, mon Martin, va rendre ses devoirs à Madame.
Mon répondeur enregistreur n'a rien répondu et rien enregistré. C'est tant mieux! Je dois parler à Abdel. D'abord, un point à éclaircir au sujet du crime. Ensuite me rassurer que je n'en suis plus épris, que c'était juste une tocade pour un prisonnier innocent et très beau. Faut prendre ses sécurités, dans la vie. Et la mienne, de vie, exige que mes sentiments pour Martin soient vierges de toute ambiguïté, de tout sentiment pour tout autre que lui.
Il est beaucoup moins radieux, l'Abdel. Son visage semble fatigué, marqué, plus triste que la dernière fois. Il s'assied pesamment, jette un regard rapide dans ma direction, marmonne:
<< - Sors-moi de là sinon je vais crever!
- Que se passe-t-il?
- On m'a changé de cellule ce matin. Je ne sais pas pourquoi. Maintenant je suis avec un type sans scrupule, un blanc, qui me tabasse pour me violer. Il y en a un autre, un noir, mais il laisse faire. Il a peur, il a subi les mêmes trucs.
- Vous êtes deux! Défendez-vous!
- Les matons craignent ce monstre. Ils veulent éviter qu'il explose vraiment. C'est un danger public, qu'ils disent.
- Écrit ça à Madame Loué!
- Pas question! La lettre ne passerait pas la porte de la prison si j'écrivais ça. On dit que le bonhomme ne devrait pas être ici, mais dans un hôpital psychiatrique. Seulement, il n'y a plus de place là-bas pour des cas comme ça.
- Je vois. Y z'attendent qu'y ait du sang! Bon, je m'en charge. Madame Loué a assez d'influence pour te faire changer de cellule. S'y veulent éviter le grabuge, y te caseront ailleurs en faisant attention où tu iras.
- Ça me fait plaisir de te voir, tu sais.
- Je suis content que tu reviennes à la vie, Abdel, ouais, vraiment content!
- C'est que je m'étais habitué à passer vingt ans ici. Et puis, dans l'autre cellule, j'étais tranquille avec mes deux zombies. Maintenant, ce n'est plus pareil.
- Rassures-toi, j'en parle de suite en sortant à madame Loué. On a rendez-vous tout à l'heure. Et puis non. Je passe voir le directeur de suite après t'avoir quitté, je vais lui en toucher deux mots. Ça ira plus vite. Pour ça que je pourrai pas rester trop longtemps. Voilà, je suis venu te demander ce que tu pensais de Fernande, la femme de ménage.
- Poule couveuse avec Gilles. Moi, j'étais plutôt celui qui dérange, l'intrus en quelque sorte. Au début, elle me souriait. On s'entendait bien. Pour elle, je n'étais qu'une tocade de Gilles. Quand elle a compris que ça durerait, ça a été une autre paire de manches. Finis sourires et amabilités. Souvent, j'ai tenté de lui parler: elle m'évitait. De guerre lasse, je me suis habitué et n'y ai plus prêté attention.
- Bon, je te laisse. Tranquillise-toi, ce soir tu coucheras dans une autre cellule. >>
Je sauterais presque de joie, n'était le lieu sinistre dans lequel je me trouve. En face d'Abdel, je n'ai rien ressenti de spécial. Effacé mon élan pour lui, pour son corps, pour sa figure d'ange maure! Plus rien, nada, niente, nib!
Je demande à voir le directeur qui me reçoit une heure plus tard, surpris de ma visite, ami soucieux de ménager Madame Loué, elle-même amie intime du ministre de la justice. Je lui explique, au gardien des lieux, les affres vécues par Abdel, souligne que je pourrais bien demander un médecin afin de déterminer si viol il y a eu. Le potentat du coin objecte sa bonne volonté, son souci de conserver au mieux ses pensionnaires dans son établissement. Un coup de fil au chef maton: l'affaire est pliée en deux temps trois mouvements. Abdel ira rejoindre deux autres beurs. Le grand chef décrète, plaisantin genre beauf:
<< - Les beurs, ne se mangent pas entre eux, n'est-ce pas? >>
*****
Dès mon entrée dans le salon, Madame m'apostrophe, la voix joyeuse:
<< - Alors, mon cher Portille! C'est vous qui épousez Martin ou bien est-ce Martin qui vous épouse? Je suis curieuse de savoir.
- Ah Madame! Nous nous épousons de concert et mutuellement. Je peux pas mieux dire.
- Sachez que je suis heureuse pour vous, pour Martin surtout, évidemment. Il mérite le bonheur, ce garçon. Je l'ai connu adolescent. Que de souvenirs!
- Vous l'avez éduqué, en quelque sorte, je me trompe? >>
Elle rougit, baisse pudiquement les yeux, retrouve très vite son quant à soi:
<< - Vous vouliez me voir? >>
J'explique la situation d'Abdel, ma démarche. Elle approuve, passe un coup de fil au ministre adéquat, le très cher ami, qui applaudit et s'en va complimenter téléphoniquement Monsieur le Directeur de la prison pour son initiative. Ne doit-il pas protéger au mieux ses pensionnaires? J'en ai fait des gens heureux aujourd'hui!
Nous passons au sujet qui me tarabuste:
<< - Madame Loué, parlez-moi de Fernande, la femme de ménage de Gilles.
- Que dire, mon dieu! C'est une femme de ménage, sans plus! Je ne la voyais que très rarement, cela va sans dire... enfin pas exactement. Elle venait ici, de temps à autres.
- Quelle attitude avait-elle à votre égard?
- Froide, très froide, à la limite de l'incorrection, même. Parfois, je me suis demandée si elle n'était pas amoureuse de mon fils, donc jalouse de moi.
- Quand même!
- Oui, c'est cela. Maintenant que vous soulevez la question, je me rappelle son peu d'aménité pour Abdel. Je crois même qu'elle le détestait. Oui, c'est bien cela. Tant qu'Abdel ne vivait pas avec Gilles, Fernande le supportait. Du jour où ils se sont installés ensemble, elle lui a tourné le dos. Elle avait une adoration sans borne pour Gilles.
- Pourtant, c'est l'auteur d'un faux témoignage déterminant.
- Elle aurait vu le coupable, le vrai coupable veux-je dire?
- Cela ce peut, Madame.
- Puis-je vous poser une question… d'ordre privé, sans que vous vous offensiez, Monsieur Portille?
- Posez toujours. Si j'hurle, vous saurez que je suis offensé.
- Vous n'êtes pas un méchant homme, bien au contraire. Je sens ces choses-là. Voilà: comptez-vous vous installer avec Martin? Il m'a laissé entendre une association.
- C'est en cours, en effet. Je vais devancer votre question suivante: nous vivrons ensemble, moi et Martin. Dès ce soir, je commence d'emménager chez lui.
- Cela devait bien arriver un jour. Je vous remercie de votre sincérité. J'ose espérer, qu'une fois cette triste affaire définitivement close, nous resterons en relation. J'apprécie votre compagnie.
- Le compliment me va droit au cœur, Madame. Sachez que je vous le retourne volontiers et avec sincérité. >>
Elle me raccompagne à la porte (honneur suprême!), déclare en guise d'au-revoir:
<< - Après le mariage, si vous et Martin envisagez l'adoption, ne vous gênez pas, j'arrangerais ça, sous réserve d'être la marraine. >>
Maintenant, elle rit presque aux éclats.
*****
Fernande! En voilà une femme forte s'il en est. Oh! Pas physiquement, plutôt fluette, même, la dame. Mais quel caractère! Tout d'une pièce, sans ambiguïtés la péronnelle. Pas de circonvolutions dans ses tournures de phrases. Du direct, que du direct. Je la voyais un peu comme ça, dans mon imagination. Alors, bien entendu, j'ai démarré sur des chapeaux de roue:
<< - Fernande, nous avons la preuve indiscutable qu'Abdel n'a jamais tué qui que ce soit, et surtout pas Gilles dont il était fou amoureux. Donc, aux vus des faits et témoignages, seul un de ses autres proches est coupable. Je ne vous cacherais pas que vous êtes sur la liste. >>
La maigre poitrine, de ce petit bout de bonne femme, se soulève de plus en plus vite alors que j'explique. Fernande hoquette deux ou trois fois. Scandalisée par mes propos? Frousse de se voir mise en accusation? Les deux à la fois? Et bien non! Elle tient mordicus sa version des faits, termine, provocante:
<< - … Prouvez le contraire, si vous le pouvez! Je suis certaine que vous n'y arriverez jamais.
- Et pour cause! La seule qui connaît le vrai, c'est vous! Ou vous avez tué Gilles ou alors vous connaissez le coupable. J'ai mené mon enquête, ratissant partout et surtout parmi les amis de Gilles, ce que la police et l'instruction n'avaient pas jugé bon de faire. Une fois éliminées les animosités dues aux coucheries, aux jalousies, on arrive à une seule conclusion: Abdel est innocent! Vous non!
- Je vous défie de divulguer vos assertions! Si vous le faisiez, on vous rirait au nez.
- Soit! Vous vous en tenez donc à votre version initiale?
- Mais il n'y en a pas d'autre, Monsieur. Pourquoi j'aurais accusé Abdel par un faux témoignage? Je n'avais aucune raison de le faire.
- Si, Fernande, la jalousie. Vous jalousiez tous ceux qui approchaient Gilles d'un peu trop près. Tout le monde s'accorde à dire que tant qu'Abdel ne vivait pas sous le même toit que Gilles, vous le supportiez, vous étiez même amicale avec lui. Du jour où Abdel s'est installé chez Gilles, vous avez changée du tout au tout. Vous haïssiez Abdel depuis ce jour-là.
- Je ne le haïssais pas, je me méfiais de lui et avec raison. Il chapardait des babioles à Gilles. Et une Babiole, chez Gilles, ça valait au moins 500 euros pièce, pour le moins. J'ai même surpris Abdel fouillant dans le portefeuille de Gilles!
- Abdel n'a jamais eu besoin de voler des objets ou de l'argent à Gilles puisque ce dernier lui allouait une certaine somme tous les mois, l'entretenait, en attendant qu'il achève ses études en médecine. Pourquoi serait-y allé prendre de tels risques? Vous mentez! Vous étiez jalouse d'Abdel parce que Gilles l'aimait profondément, même si la fidélité du Gilles laissait beaucoup à désirer. Je présume que vous n'êtes pas étrangère à leurs disputes, vous y avez grandement participé en attisant leurs différents, mine de rien. Je suis persuadé que vous avez mis des amants dans les bras de Gilles afin qu'il se détourne d'Abdel. Madame Loué témoigne que vous étiez jalouse d'elle aussi, la mère de Gilles! Vous êtes une possessive, maladive. Si la peine de mort était encore en vigueur, vous auriez envoyé Abdel à l'échafaud sans une pointe d'hésitation et de remords. Tom, Yves, les amis de Gilles, Madame Loué, Martin son garde du corps, tous témoignent de votre passion maternelle et secrète pour Gilles, de votre jalousie dévorante. Le hasard vous a donné l'occasion de vous venger d'Abdel, malgré la terrible douleur que vous ressentiez à la perte de Gilles. Votre méchanceté à pris le dessus, sur votre peine.
- Je vous le répète, vous ne pourrez rien prouver. Je crois que j'en ai assez entendu et vous prie de partir et de ne jamais plus m'importuner. >>
Elle se lève, va ouvrir la porte. Droite, immobile, les yeux fixes qui semblent ne pas me voir, elle attend que je sois sorti, désireuse de me claquer la porte au nez, rageusement. J'épie son visage, note un tremblement à peine visible de ses lèvres. La peur s'insinue en elle, je le sais. Ma visite atteint son but.
Assez pour aujourd'hui. Allons retrouver les fesses girondes de mon Aimé, son bout lubrique et ses lèvres avides.
À suivre …
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