La tentation du velours 7
Récit érotique écrit par Orchidée [→ Accès à sa fiche auteur]
Auteur femme.
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Histoire érotique Publiée sur HDS le 21-05-2015 dans la catégorie Entre-nous, les femmes
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La tentation du velours 7
La tentation du velours 7
Ma chère Lola,Tu m’as fait rire dans ta lettre, quand tu dis avoir expliqué à ton mec que l’orgasme n’est pas une question de grosseur de bite ou de performance sportive, plutôt d’être à l’écoute de sa partenaire. Je ne doute pas de ta capacité à lui faire comprendre la leçon.
J’ai passé ces derniers jours beaucoup de temps avec le coach de l’agence, ex mannequin elle-même. Franchement, j’aimerais lui ressembler à son âge. Les leçons ne servent pas seulement au boulot. Je me tiens plus droite, je marche mieux, donc je fatigue moins. Je connais les produits bons pour ma peau, ceux à éviter. Mes sourcils ont poussé, ils me donnent un air canaille qui, si j’en crois le coach, est du plus bel effet.
La semaine suivant notre aventure, autant la nommer ainsi, j’ai revu Viviane avec beaucoup de plaisir. Nous nous sommes promenées, on a été au cinéma, elle est venue déjeuner chez moi et j’ai été invitée chez elle. Mais pas le week-end, je la laisse avec son mec. Donc, tout ce temps passé en sa compagnie est un pur bonheur. Une impression me chiffonne cependant, il suffirait de peu qu’elle ne passe de l’autre côté du miroir. Est-ce pour elle un fantasme, un désir, ou un sentiment plus profond envers moi ? La question se pose.
Un coup de téléphone de Sarah m’a déboussolée. Retenue à New York pour le boulot, elle a su me dire que je lui manque, mais pas quand elle envisage de rentrer. Ce que je ressens a aussitôt refait surface, amenant une déprime détestable. En sa présence je voulais simplement être moi, la gentille Anaïs, une personne sincère capable de tout donner.
Si Sarah avait reconnu qu’une autre femme comptait dans sa vie, je n’aurais pas insisté. Mais d’entendre ce « Tu me manques, trésor. » poussa les trompettes de la révolte à résonner dans ma tête. Quand on se retrouvera, car elle finira par revenir, ce sera à moi de la faire courir. Je serai devenue entre temps une maîtresse experte, l’amante incontournable.
Un lieu inconnu méritait mon attention : le 3 W Kafé (Woman with Woman). C’est fait, ma petite Lola. Ce célèbre bar lesbien a servi de décor à une scène de « La vie d’Adèle », Palme d’Or au festival de Cannes 2013, tu m’excuseras du peu. Les hommes y sont tolérés, mais on n’en voit pas beaucoup. N’ayant pas davantage aperçu Adèle Exarchopoulos, l’héroïne du film qui me fait craquer, je suis retournée au Nix Café, avec l’intention de me faire une place dans ce microcosme de la « lez attitude ».
Pour une fois, on me remarqua. Un jean beige taille basse et un tee-shirt assorti y furent pour beaucoup. Comme d’habitude pour sortir, je n’étais pas maquillée. Tous ces trucs sont réservés au travail de mannequin, ma peau est très bien au naturel. Un baiser avec ou sans rouge à lèvres n’a pas la même saveur, je préfère sans. Les ongles longs et vernis ? C’est au minimum inconfortable, voire dangereux, au cours d’un rapport lesbien ; un ongle peut blesser les chairs intimes, le vernis peut provoquer des inflammations. En fait, il ne me manquait qu’une casquette pour dissimuler mes longs cheveux. Je me suis contentée d’une queue de cheval haute.
Je venais draguer ou me faire draguer, pas question de repartir seule. Pas question non plus de servir de faire-valoir à n’importe qui. On m’a persuadée que je suis jolie, bien faite, alors ces atouts doivent me servir.
Des copines à Sarah installées à une table me firent une place. Elles m’accueillaient comme une des leurs maintenant. Attitude plaisante mais trop réservée, ces filles ne se draguaient pas, ne couchaient pas entre elles, se retrouvaient pour boire un verre et papoter. Le débat du soir tournait autour du mariage gay enfin reconnut légalement, la volonté ou la nécessité de porter le combat sur un autre terrain. Je finis par m’ennuyer.
– Ça ne va pas, Anaïs ? demanda Nathalie, petite brune de 21 ans étudiante aux Beaux-arts.
– Je ne suis pas venue pour parler politique, répondis-je négligemment, j’ai envie de me faire une nana.
Ce ne fut pas tant l’aveu qui jeta un froid, mais la tournure de phrase employée. Les regards sur ma personne changèrent. Tant pis ! Je les abandonnai bientôt, après avoir repéré une fille esseulée au comptoir.
– Salut, tu veux boire quelque chose ?
L’inconnue tourna vers moi une frimousse d’employée de bureau torturée par ses collègues, le genre à crier « Au viol ! » quand un courant d’air s’infiltre sous sa jupe. Il ne me vint pas à l’idée que je lui ressemblais sans doute à mon premier passage dans ce type de lieu.
Sous la chevelure brune flirtant avec ses épaules tombantes, je découvris un joli minois rond, plein, respirant la santé. Les lunettes à fine monture sur un petit nez à peine épaté révélaient deux grands yeux noisette.
– Une bière, merci, glissa une petite voix de gorge intimidée.
Un geste à la barmaid, un sourire entendu, et on nous servit. Mon invitée resta interdite devant le Vittel rondelle.
– Tu ne bois pas ?
Sans l’avouer, je trouvais ridicule de commander la même chose qu’une personne qu’on veut séduire pour s’inventer des points communs et justifier l’abordage.
– Ça m’arrive, mais ce n’est pas bon pour la peau. Á la tienne quand même, fis-je en trinquant, armée de mon plus beau sourire. Comment tu t’appelles ?
– Sandrine, et toi ?
– Anaïs. Tu fais quoi dans la vie, à part profiter d’une belle soirée d’été.
La faire parler, lui montrer de l’intérêt, démonter le savant mécanisme de la séduction par des interventions réfléchies, ne pas jouer les ingénues éblouies, ne pas se mettre en avant ni en arrière, ne pas forcer les confidences mais provoquer le désir d’en faire, lire entre les lignes, tout cela me convenait. Je draguais pour la première fois, avec un plaisir non feint.
Sandrine, qui se sentait hétéro depuis toujours, expliqua l’arrivée d’une nouvelle collègue dans le cabinet d’assurance pour lequel elle travaillait. Lier connaissance lui avait paru normal, se lier d’amitié avait suivi. La nouvelle était lesbienne et, de fil en aiguille, la relation évolua. Sandrine abandonna son mari pour une femme.
– Delphine voulait vivre avec moi mais… je ne sais pas, poursuivit la jeune femme de 25 ans après avoir commandé une autre tournée. Elle donnait l’impression de vouloir régir ma vie, je me sentais prise au piège.
– Ce n’est pas simple en effet de tenir à quelqu’un sans l’étouffer. Alors un coup de blues t’a amenée jusqu’ici.
– Oui, admit-elle avec une facilité naissante, preuve que la belle se détendait en ma compagnie. Retourner vers un homme ? C’est difficile maintenant, je ne pourrai plus me comporter comme avant. Je veux être une femme sans que ce soit un rôle à jouer, tu comprends ? Je fais le ménage pour vivre dans le propre, pas parce que mon devoir d’épouse l’exige.
Sandrine devenait intarissable. Une gorgée de houblon, et elle repartit dans sa diatribe.
– Tu bois de l’eau, c’est ton choix, je le respecte. Qu’on reconnaisse mon droit à aimer la bière sans me traiter de garçon manqué, ou pire. Pourquoi, à diplôme équivalent, une femme est moins bien payée qu’un homme au même poste ? Un mec raconte une histoire de fesses à un repas entre amis ou en famille, tout le monde en rit. Une nana fait la même chose, on la dévisage comme une lépreuse. Merde alors !
Oups ! La liberté de penser entraînait une libération du langage, le vernis policé s’écaillait. Un rire franc tinta à mes oreilles.
– Quoi ? gloussa Sandrine devant mon air déconfit. Tu n’es pas d’accord ?
– Si ! Ta manière de l’exprimer m’amuse, c’est tout. Enfin non, ce n’est pas tout, je dirais plutôt qu’elle me charme.
Le regard noisette à travers les lunettes s’éclipsa un très court instant derrière un battement de paupières appuyé. Laquelle des deux avait touché l’autre ?
– Parle-moi de toi, lança Sandrine enfin calmée.
Prise au jeu, je me laissais aller à certaines confidences, sans entrer dans les détails sordides du rejet parental de mon homosexualité, ni de la grande question de mes sentiments envers Sarah, la présentant comme celle qui m’avait offert une belle opportunité d’emploi. Il ne s’agissait pas d’un manque de confiance, mais du refus d’endosser le vêtement d’une victime. Je voulais la persuader de mes capacités à réussir, lui donner envie de connaître la femme qui vivait en moi, non la pousser à materner une adolescente meurtrie.
– Tu vas reprendre tes études, alors ? demanda Sandrine, un coude sur le comptoir et la joue dans sa main, dans une attitude d’écoute attentive.
– Oh oui ! Je veux bien faire un peu de photos, il faut reconnaître que ça paie, mais ma passion c’est la littérature. Après la Sorbonne, je ne sais pas, prof ou écrivaine… Si, ça se dit, on appelle ça la sexualisation des professions.
Nouvelle étape dans le processus de séduction, on en était à relever avec humour certains mots ou expressions particulières à chacune. L’ironie permettait surtout d’en apprendre sur les espoirs à court terme, sur ce que chacune attendait de l’autre dans l’immédiat, une manière de dédramatiser la situation. Je me fis prendre de vitesse par Sandrine à ce jeu.
– Alors, tu viens ici chercher la femme de ta vie.
– Euh… non, finis-je par admettre. Un peu de bon temps suffirait.
Les yeux derrière les lunettes s’écarquillèrent, la commissure des lèvres se releva, je m’attendis presque à la voir se gratter la tête sous l’effet de la réflexion, ou se frotter le menton, comme dans les dessins animés. La surprise venait de changer de camp.
– Ne me dis pas que…– Quoi ! lâchai-je dans un éclat sonore qui divertit la serveuse occupée à nettoyer des verres. Je te choque ?
Sandrine ne pouvait pas douter de ma bonne humeur, mais paraissait circonspecte sur ce que je venais d’avouer à mots couverts.
– Non, non ! se débattit-elle aussitôt, prise à son piège. C’est juste, euh… curieux de t’entendre l’avouer comme ça.
– Comment voudrais-tu que je le dise ?
D’autres regards se tournèrent dans notre direction, attirés par nos rires. Leur présence ne nous gêna pas, il était trop tard pour cela. Certaine de ne pas essuyer un refus, amusée d’abandonner la poignée d’indiscrètes à son sort, je pris une des mains de Sandrine dans les miennes. Son frisson se propagea à tout mon être.
– On va chez moi, j’habite à côté.
Elle ne se déroba pas, et se laissa entraîner. On partit presque en courant, comme deux gamines délurées pressées de faire quelques bêtises.
Ma chère Lola, si tu voyais mon nid maintenant, tu tomberais des nues. J’ai installé des posters, tous tirés à partir de scènes d’amour de films lesbiens. La petite mamie du rez-de-chaussée sera sans doute choquée. Mais ce n’est pas vulgaire, attention, j’ai choisi des représentations érotiques de mon attirance.
– Tu annonces la couleur, au moins, gloussa Sandrine dont la main restait dans la mienne, à la découverte de mon alcôve.
– Disons que je n’aime pas l’hypocrisie.
– Tu as vu ce film ? ajouta-t-elle après un sourire de connivence, le doigt sur l’image des deux femmes nues enlacées dans leur sommeil. « When night is falling. »– Oui, Pascale Bussières est surprenante.
– Et celui-là ! s’exclama Sandrine devant la photo étalée sur la largeur complète de la tête du lit. Certaines disent que les scènes de sexe dans « La vie d’Adèle » ne sont pas réalistes.
Sur le poster, Adèle Exarchopoulos et Léa Seydoux se broutaient mutuellement le minou. Soft mais évocateur.
– Je ne sais pas, balbutiai-je, rattrapée par ma niaiserie. Je n’ai pas vu le film, et j’imagine que toutes les filles ne font pas l’amour de la même manière.
– Tu as raison. C’est chaud, s’emporta mon invitée, d’une grande beauté érotique. J’ai le DVD, on se fera un visionnage chez moi si tu veux.
– Merci, dis-je en lâchant sa main. Tu veux boire quelque chose ? Je n’ai pas de bière.
– Comme toi, ça ira.
Je tapotai rapidement sur la télécommande de la stéréo. Une voix sensuelle s’éleva sur un air de Chill out. Deux petites bouteilles de vodka soda, des verres pour la forme, et je m’adossai au bar, le regard perdu à la contemplation de Sandrine à deux mètres de moi, au milieu de la chambre.
Son ondulation au rythme de la musique provoqua l’entrebâillement du chemisier échancré sur une gorge blanche, la silhouette apparut à la lumière sous le tissu. Je devinai les seins pas très gros mais larges, d’une exquise rondeur. Les épaules dans l’alignement des hanches prononcées sous la taille fine, le bassin généreux, elle s’approcha posément, portée par des cuisses pleines gainées dans un pantalon de toile grise taille basse. Sa main joua avec les pans de la chemise, les écarta afin de livrer à mon regard subjugué la vision d’un nombril profond.
Sandrine se coula contre moi, mordilla ma lèvre inférieure. Avant que je prenne sa bouche, elle avait saisi une bouteille sur le comptoir, virevolté en souplesse, et s’était posée à côté de moi, son bras contre le mien.
On trinqua sans un mot, les yeux dans les yeux. Une gorgée de vodka, je l’enlaçai pour un slow. On se déhancha dans un langoureux corps à corps, ses formes incrustées aux miennes, ma joue sur son front, attitude d’abandon mutuel. Le sucré de son parfum léger disparut derrière la fraîcheur naturelle de sa peau.
Un regard échangé, l’acceptation du désir, la tendresse partagée d’un sourire, je pris ses lèvres avec douceur. Notre baiser s’éternisa le temps de la danse, sans autre geste que mes mains sur ses hanches et ses bras autour de mon cou. Les corps enlacés, les langues lovées l’une contre l’autre, on laissa monter la fièvre sans provocation inutile.
Repue de ma salive, Sandrine me poussa contre le bar dans ma position initiale. Elle m’offrit sa bouche après l’avoir remplie d’une gorgée de vodka soda. Nos langues se mêlèrent dans le liquide pétillant, dont une partie échappa à ses lèvres pour se répandre dans son cou. Je léchai le résultat jusqu’à l’entendre soupirer.
On s’aventura dans une lente découverte de nos nudités par un déshabillage mutuel, sans plus attendre, sans rien précipiter, détachant nos vêtements un à un. L’exercice s’éternisa, entrecoupé de regards captivés, de caresses suggérées, de halètements compulsifs au son envoûtant de la Chill. Les habits mélangés jonchèrent enfin le parquet entre la porte et le bar.
Les bras tendus, ses mains dans les miennes, je me laissai aller à l’observation du cou fin dans lequel battait la grosse veine. Les seins étaient comme je les avais imaginés, pas très gros, ronds et larges aux belles aréoles brunes, aux tétons encore sages. Je fus une nouvelle fois surprise par la profondeur du nombril au milieu du ventre plat magnifiquement dessiné. La taille mince s’évasait sur des hanches pleines. Le pubis épilé, mon regard se focalisa sur la naissance de la fente fermée de son fruit d’amour. Les cuisses musclées sur deux jambes galbées à souhait parachevaient ce nu artistique de femme accomplie.
Sandrine me détailla de la même manière. L’éloquence de son regard me fit me sentir belle et désirable. Je découvrais le pouvoir de l’érotisme suggéré, de la sensualité d’un corps exposé à la vue de l’autre, offert dans ce qu’il avait de plus impudique.
Je remplis sa bouche d’une gorgée de vodka. Nos langues se retrouvèrent dans le liquide qui s’évada de nouveau entre ses lèvres charnues. Je léchai le résultat sur son menton, dans son cou, entre ses seins que j’empoignai au passage, jusqu’au nombril que je pénétrai de la langue. Tendue, ma belle poussa son ventre en avant. Mais je ne répondis pas à sa supplique.
Puis ma bouche suivit le chemin inverse. Je remontai lentement de long de ce corps vibrant que je désirais ardemment. Je pris ses lèvres dans un nouveau baiser passionné. Sandrine empoigna mes fesses pour mieux nous souder l’une à l’autre.
Un second slow nous rapprocha du lit. Ma cuisse gauche se faufila entre ses jambes, se frotta à ce sexe que j’allais enfin toucher, embrasser, aimer. Sa langue dans ma bouche, Sandrine laissa ses pétales s’ouvrir et déposer un peu de mouille sur ma peau, pour mon plus grand plaisir.
Ma chère Lola,Tu m’as fait rire dans ta lettre, quand tu dis avoir expliqué à ton mec que l’orgasme n’est pas une question de grosseur de bite ou de performance sportive, plutôt d’être à l’écoute de sa partenaire. Je ne doute pas de ta capacité à lui faire comprendre la leçon.
J’ai passé ces derniers jours beaucoup de temps avec le coach de l’agence, ex mannequin elle-même. Franchement, j’aimerais lui ressembler à son âge. Les leçons ne servent pas seulement au boulot. Je me tiens plus droite, je marche mieux, donc je fatigue moins. Je connais les produits bons pour ma peau, ceux à éviter. Mes sourcils ont poussé, ils me donnent un air canaille qui, si j’en crois le coach, est du plus bel effet.
La semaine suivant notre aventure, autant la nommer ainsi, j’ai revu Viviane avec beaucoup de plaisir. Nous nous sommes promenées, on a été au cinéma, elle est venue déjeuner chez moi et j’ai été invitée chez elle. Mais pas le week-end, je la laisse avec son mec. Donc, tout ce temps passé en sa compagnie est un pur bonheur. Une impression me chiffonne cependant, il suffirait de peu qu’elle ne passe de l’autre côté du miroir. Est-ce pour elle un fantasme, un désir, ou un sentiment plus profond envers moi ? La question se pose.
Un coup de téléphone de Sarah m’a déboussolée. Retenue à New York pour le boulot, elle a su me dire que je lui manque, mais pas quand elle envisage de rentrer. Ce que je ressens a aussitôt refait surface, amenant une déprime détestable. En sa présence je voulais simplement être moi, la gentille Anaïs, une personne sincère capable de tout donner.
Si Sarah avait reconnu qu’une autre femme comptait dans sa vie, je n’aurais pas insisté. Mais d’entendre ce « Tu me manques, trésor. » poussa les trompettes de la révolte à résonner dans ma tête. Quand on se retrouvera, car elle finira par revenir, ce sera à moi de la faire courir. Je serai devenue entre temps une maîtresse experte, l’amante incontournable.
Un lieu inconnu méritait mon attention : le 3 W Kafé (Woman with Woman). C’est fait, ma petite Lola. Ce célèbre bar lesbien a servi de décor à une scène de « La vie d’Adèle », Palme d’Or au festival de Cannes 2013, tu m’excuseras du peu. Les hommes y sont tolérés, mais on n’en voit pas beaucoup. N’ayant pas davantage aperçu Adèle Exarchopoulos, l’héroïne du film qui me fait craquer, je suis retournée au Nix Café, avec l’intention de me faire une place dans ce microcosme de la « lez attitude ».
Pour une fois, on me remarqua. Un jean beige taille basse et un tee-shirt assorti y furent pour beaucoup. Comme d’habitude pour sortir, je n’étais pas maquillée. Tous ces trucs sont réservés au travail de mannequin, ma peau est très bien au naturel. Un baiser avec ou sans rouge à lèvres n’a pas la même saveur, je préfère sans. Les ongles longs et vernis ? C’est au minimum inconfortable, voire dangereux, au cours d’un rapport lesbien ; un ongle peut blesser les chairs intimes, le vernis peut provoquer des inflammations. En fait, il ne me manquait qu’une casquette pour dissimuler mes longs cheveux. Je me suis contentée d’une queue de cheval haute.
Je venais draguer ou me faire draguer, pas question de repartir seule. Pas question non plus de servir de faire-valoir à n’importe qui. On m’a persuadée que je suis jolie, bien faite, alors ces atouts doivent me servir.
Des copines à Sarah installées à une table me firent une place. Elles m’accueillaient comme une des leurs maintenant. Attitude plaisante mais trop réservée, ces filles ne se draguaient pas, ne couchaient pas entre elles, se retrouvaient pour boire un verre et papoter. Le débat du soir tournait autour du mariage gay enfin reconnut légalement, la volonté ou la nécessité de porter le combat sur un autre terrain. Je finis par m’ennuyer.
– Ça ne va pas, Anaïs ? demanda Nathalie, petite brune de 21 ans étudiante aux Beaux-arts.
– Je ne suis pas venue pour parler politique, répondis-je négligemment, j’ai envie de me faire une nana.
Ce ne fut pas tant l’aveu qui jeta un froid, mais la tournure de phrase employée. Les regards sur ma personne changèrent. Tant pis ! Je les abandonnai bientôt, après avoir repéré une fille esseulée au comptoir.
– Salut, tu veux boire quelque chose ?
L’inconnue tourna vers moi une frimousse d’employée de bureau torturée par ses collègues, le genre à crier « Au viol ! » quand un courant d’air s’infiltre sous sa jupe. Il ne me vint pas à l’idée que je lui ressemblais sans doute à mon premier passage dans ce type de lieu.
Sous la chevelure brune flirtant avec ses épaules tombantes, je découvris un joli minois rond, plein, respirant la santé. Les lunettes à fine monture sur un petit nez à peine épaté révélaient deux grands yeux noisette.
– Une bière, merci, glissa une petite voix de gorge intimidée.
Un geste à la barmaid, un sourire entendu, et on nous servit. Mon invitée resta interdite devant le Vittel rondelle.
– Tu ne bois pas ?
Sans l’avouer, je trouvais ridicule de commander la même chose qu’une personne qu’on veut séduire pour s’inventer des points communs et justifier l’abordage.
– Ça m’arrive, mais ce n’est pas bon pour la peau. Á la tienne quand même, fis-je en trinquant, armée de mon plus beau sourire. Comment tu t’appelles ?
– Sandrine, et toi ?
– Anaïs. Tu fais quoi dans la vie, à part profiter d’une belle soirée d’été.
La faire parler, lui montrer de l’intérêt, démonter le savant mécanisme de la séduction par des interventions réfléchies, ne pas jouer les ingénues éblouies, ne pas se mettre en avant ni en arrière, ne pas forcer les confidences mais provoquer le désir d’en faire, lire entre les lignes, tout cela me convenait. Je draguais pour la première fois, avec un plaisir non feint.
Sandrine, qui se sentait hétéro depuis toujours, expliqua l’arrivée d’une nouvelle collègue dans le cabinet d’assurance pour lequel elle travaillait. Lier connaissance lui avait paru normal, se lier d’amitié avait suivi. La nouvelle était lesbienne et, de fil en aiguille, la relation évolua. Sandrine abandonna son mari pour une femme.
– Delphine voulait vivre avec moi mais… je ne sais pas, poursuivit la jeune femme de 25 ans après avoir commandé une autre tournée. Elle donnait l’impression de vouloir régir ma vie, je me sentais prise au piège.
– Ce n’est pas simple en effet de tenir à quelqu’un sans l’étouffer. Alors un coup de blues t’a amenée jusqu’ici.
– Oui, admit-elle avec une facilité naissante, preuve que la belle se détendait en ma compagnie. Retourner vers un homme ? C’est difficile maintenant, je ne pourrai plus me comporter comme avant. Je veux être une femme sans que ce soit un rôle à jouer, tu comprends ? Je fais le ménage pour vivre dans le propre, pas parce que mon devoir d’épouse l’exige.
Sandrine devenait intarissable. Une gorgée de houblon, et elle repartit dans sa diatribe.
– Tu bois de l’eau, c’est ton choix, je le respecte. Qu’on reconnaisse mon droit à aimer la bière sans me traiter de garçon manqué, ou pire. Pourquoi, à diplôme équivalent, une femme est moins bien payée qu’un homme au même poste ? Un mec raconte une histoire de fesses à un repas entre amis ou en famille, tout le monde en rit. Une nana fait la même chose, on la dévisage comme une lépreuse. Merde alors !
Oups ! La liberté de penser entraînait une libération du langage, le vernis policé s’écaillait. Un rire franc tinta à mes oreilles.
– Quoi ? gloussa Sandrine devant mon air déconfit. Tu n’es pas d’accord ?
– Si ! Ta manière de l’exprimer m’amuse, c’est tout. Enfin non, ce n’est pas tout, je dirais plutôt qu’elle me charme.
Le regard noisette à travers les lunettes s’éclipsa un très court instant derrière un battement de paupières appuyé. Laquelle des deux avait touché l’autre ?
– Parle-moi de toi, lança Sandrine enfin calmée.
Prise au jeu, je me laissais aller à certaines confidences, sans entrer dans les détails sordides du rejet parental de mon homosexualité, ni de la grande question de mes sentiments envers Sarah, la présentant comme celle qui m’avait offert une belle opportunité d’emploi. Il ne s’agissait pas d’un manque de confiance, mais du refus d’endosser le vêtement d’une victime. Je voulais la persuader de mes capacités à réussir, lui donner envie de connaître la femme qui vivait en moi, non la pousser à materner une adolescente meurtrie.
– Tu vas reprendre tes études, alors ? demanda Sandrine, un coude sur le comptoir et la joue dans sa main, dans une attitude d’écoute attentive.
– Oh oui ! Je veux bien faire un peu de photos, il faut reconnaître que ça paie, mais ma passion c’est la littérature. Après la Sorbonne, je ne sais pas, prof ou écrivaine… Si, ça se dit, on appelle ça la sexualisation des professions.
Nouvelle étape dans le processus de séduction, on en était à relever avec humour certains mots ou expressions particulières à chacune. L’ironie permettait surtout d’en apprendre sur les espoirs à court terme, sur ce que chacune attendait de l’autre dans l’immédiat, une manière de dédramatiser la situation. Je me fis prendre de vitesse par Sandrine à ce jeu.
– Alors, tu viens ici chercher la femme de ta vie.
– Euh… non, finis-je par admettre. Un peu de bon temps suffirait.
Les yeux derrière les lunettes s’écarquillèrent, la commissure des lèvres se releva, je m’attendis presque à la voir se gratter la tête sous l’effet de la réflexion, ou se frotter le menton, comme dans les dessins animés. La surprise venait de changer de camp.
– Ne me dis pas que…– Quoi ! lâchai-je dans un éclat sonore qui divertit la serveuse occupée à nettoyer des verres. Je te choque ?
Sandrine ne pouvait pas douter de ma bonne humeur, mais paraissait circonspecte sur ce que je venais d’avouer à mots couverts.
– Non, non ! se débattit-elle aussitôt, prise à son piège. C’est juste, euh… curieux de t’entendre l’avouer comme ça.
– Comment voudrais-tu que je le dise ?
D’autres regards se tournèrent dans notre direction, attirés par nos rires. Leur présence ne nous gêna pas, il était trop tard pour cela. Certaine de ne pas essuyer un refus, amusée d’abandonner la poignée d’indiscrètes à son sort, je pris une des mains de Sandrine dans les miennes. Son frisson se propagea à tout mon être.
– On va chez moi, j’habite à côté.
Elle ne se déroba pas, et se laissa entraîner. On partit presque en courant, comme deux gamines délurées pressées de faire quelques bêtises.
Ma chère Lola, si tu voyais mon nid maintenant, tu tomberais des nues. J’ai installé des posters, tous tirés à partir de scènes d’amour de films lesbiens. La petite mamie du rez-de-chaussée sera sans doute choquée. Mais ce n’est pas vulgaire, attention, j’ai choisi des représentations érotiques de mon attirance.
– Tu annonces la couleur, au moins, gloussa Sandrine dont la main restait dans la mienne, à la découverte de mon alcôve.
– Disons que je n’aime pas l’hypocrisie.
– Tu as vu ce film ? ajouta-t-elle après un sourire de connivence, le doigt sur l’image des deux femmes nues enlacées dans leur sommeil. « When night is falling. »– Oui, Pascale Bussières est surprenante.
– Et celui-là ! s’exclama Sandrine devant la photo étalée sur la largeur complète de la tête du lit. Certaines disent que les scènes de sexe dans « La vie d’Adèle » ne sont pas réalistes.
Sur le poster, Adèle Exarchopoulos et Léa Seydoux se broutaient mutuellement le minou. Soft mais évocateur.
– Je ne sais pas, balbutiai-je, rattrapée par ma niaiserie. Je n’ai pas vu le film, et j’imagine que toutes les filles ne font pas l’amour de la même manière.
– Tu as raison. C’est chaud, s’emporta mon invitée, d’une grande beauté érotique. J’ai le DVD, on se fera un visionnage chez moi si tu veux.
– Merci, dis-je en lâchant sa main. Tu veux boire quelque chose ? Je n’ai pas de bière.
– Comme toi, ça ira.
Je tapotai rapidement sur la télécommande de la stéréo. Une voix sensuelle s’éleva sur un air de Chill out. Deux petites bouteilles de vodka soda, des verres pour la forme, et je m’adossai au bar, le regard perdu à la contemplation de Sandrine à deux mètres de moi, au milieu de la chambre.
Son ondulation au rythme de la musique provoqua l’entrebâillement du chemisier échancré sur une gorge blanche, la silhouette apparut à la lumière sous le tissu. Je devinai les seins pas très gros mais larges, d’une exquise rondeur. Les épaules dans l’alignement des hanches prononcées sous la taille fine, le bassin généreux, elle s’approcha posément, portée par des cuisses pleines gainées dans un pantalon de toile grise taille basse. Sa main joua avec les pans de la chemise, les écarta afin de livrer à mon regard subjugué la vision d’un nombril profond.
Sandrine se coula contre moi, mordilla ma lèvre inférieure. Avant que je prenne sa bouche, elle avait saisi une bouteille sur le comptoir, virevolté en souplesse, et s’était posée à côté de moi, son bras contre le mien.
On trinqua sans un mot, les yeux dans les yeux. Une gorgée de vodka, je l’enlaçai pour un slow. On se déhancha dans un langoureux corps à corps, ses formes incrustées aux miennes, ma joue sur son front, attitude d’abandon mutuel. Le sucré de son parfum léger disparut derrière la fraîcheur naturelle de sa peau.
Un regard échangé, l’acceptation du désir, la tendresse partagée d’un sourire, je pris ses lèvres avec douceur. Notre baiser s’éternisa le temps de la danse, sans autre geste que mes mains sur ses hanches et ses bras autour de mon cou. Les corps enlacés, les langues lovées l’une contre l’autre, on laissa monter la fièvre sans provocation inutile.
Repue de ma salive, Sandrine me poussa contre le bar dans ma position initiale. Elle m’offrit sa bouche après l’avoir remplie d’une gorgée de vodka soda. Nos langues se mêlèrent dans le liquide pétillant, dont une partie échappa à ses lèvres pour se répandre dans son cou. Je léchai le résultat jusqu’à l’entendre soupirer.
On s’aventura dans une lente découverte de nos nudités par un déshabillage mutuel, sans plus attendre, sans rien précipiter, détachant nos vêtements un à un. L’exercice s’éternisa, entrecoupé de regards captivés, de caresses suggérées, de halètements compulsifs au son envoûtant de la Chill. Les habits mélangés jonchèrent enfin le parquet entre la porte et le bar.
Les bras tendus, ses mains dans les miennes, je me laissai aller à l’observation du cou fin dans lequel battait la grosse veine. Les seins étaient comme je les avais imaginés, pas très gros, ronds et larges aux belles aréoles brunes, aux tétons encore sages. Je fus une nouvelle fois surprise par la profondeur du nombril au milieu du ventre plat magnifiquement dessiné. La taille mince s’évasait sur des hanches pleines. Le pubis épilé, mon regard se focalisa sur la naissance de la fente fermée de son fruit d’amour. Les cuisses musclées sur deux jambes galbées à souhait parachevaient ce nu artistique de femme accomplie.
Sandrine me détailla de la même manière. L’éloquence de son regard me fit me sentir belle et désirable. Je découvrais le pouvoir de l’érotisme suggéré, de la sensualité d’un corps exposé à la vue de l’autre, offert dans ce qu’il avait de plus impudique.
Je remplis sa bouche d’une gorgée de vodka. Nos langues se retrouvèrent dans le liquide qui s’évada de nouveau entre ses lèvres charnues. Je léchai le résultat sur son menton, dans son cou, entre ses seins que j’empoignai au passage, jusqu’au nombril que je pénétrai de la langue. Tendue, ma belle poussa son ventre en avant. Mais je ne répondis pas à sa supplique.
Puis ma bouche suivit le chemin inverse. Je remontai lentement de long de ce corps vibrant que je désirais ardemment. Je pris ses lèvres dans un nouveau baiser passionné. Sandrine empoigna mes fesses pour mieux nous souder l’une à l’autre.
Un second slow nous rapprocha du lit. Ma cuisse gauche se faufila entre ses jambes, se frotta à ce sexe que j’allais enfin toucher, embrasser, aimer. Sa langue dans ma bouche, Sandrine laissa ses pétales s’ouvrir et déposer un peu de mouille sur ma peau, pour mon plus grand plaisir.
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