La tentation du velours 9
Récit érotique écrit par Orchidée [→ Accès à sa fiche auteur]
Auteur femme.
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Histoire érotique Publiée sur HDS le 07-06-2015 dans la catégorie Entre-nous, les femmes
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La tentation du velours 9
La tentation du velours 9
Ma très chère Lola,
Tu veux des détails sur mon premier14 juillet parisien ? J’ai de vagues souvenirs des cris d’une foule en délire, de quelques pétards dans le quartier. Le feu d’artifice a été tiré chez moi. Sandrine a répondu à mes attentes, sans doute davantage. Le sommeil nous a fauchées bien après le lever du jour, mortes de fatigue, comblées l’une et l’autre. Comment décrire un déluge de caresses et de baisers, une avalanche d’orgasmes. Je ne pensais pas qu’un tel débordement soit possible.
Le 14 en fin d’après-midi, mon amante rentrait chez elle. Le 15 ne me voyait quitter le lit que pour manger ou aller aux toilettes. Le 16, pressée de me rendre à l’agence, le maquillage s’avérait indispensable pour masquer des cernes encore visibles.
Je repris le cours de mon existence, l’esprit libéré, décidée à croquer la pomme sans m’occuper du reste. Le temps perdu ne peut se rattraper, ça donne envie de ne pas en gaspiller davantage. Les occasions à saisir sont nombreuses, je ne m’en prive pas.
Un appel de Viviane a retenu mon attention. Elle paraissait au téléphone si perdue et si excitée à la fois, je souhaitais lui accorder du temps. L’engagement fut pris de nous retrouver à la terrasse de la Place Verte, incontournable dans le XIème arrondissement, quartier des boîtes de production et des graphistes. Elle aurait voulu me voir à son domicile ou au mien, mais un rendez-vous pour un contrat photo restait une priorité.
L’arrivée de Viviane coïncida avec le réveil de mon estomac. La grande terrasse attirant du monde, je lui fis signe de me rejoindre. Une minute d’inattention, ne serait-ce que pour l’accueillir, et la table aurait été prise d’assaut. Je prenais mes marques dans la capitale, j’apprenais à jouer du coude si nécessaire.
Mon imitation préférée d’Emma Watson resta dans le flou le temps du déjeuner composé d’une salade pour moi, d’un burger pour elle, le tout arrosé d’une bouteille d’eau. Sans aucun doute la foule bruyante autour de nous la retint de s’épancher. Elle se contenta de compliments au sujet de ma nouvelle coiffure, d’évoquer la teneur du contrat signé dans la matinée.
– Tu ne veux pas qu’on aille chez toi ? plaça ma copine au moment du café.
L’émotion inhabituelle dans sa voix m’alerta. L’amitié commandait d’accepter malgré le désir de profiter du soleil. On s’enfonça sous terre pour une balade dans le métro.
Pénétrer dans mon immeuble se faisait avec le sourire d’habitude, la mamie au rez-de-chaussée se tenait à sa porte entrebâillée après avoir reconnu nos pas et nos rires, elle nous saluait d’un mot gentil. Pas aujourd’hui. Pourquoi un air empreint de mélancolie, de gravité, marquait son visage de rides d’expression, au point de faire passer son maigre sourire pour une grimace.
Viviane s’installa sur un tabouret, fit rouler distraitement sur le comptoir un stylo que j’avais oublié de ranger. Ses épaules voûtées portaient une misère bien lourde.
– Luc est partit pour Barcelone hier.
– C’est ce qui était prévu, non ? balançai-je en posant deux verres et une bouteille d’eau sur la table. Tu le rejoins en fin de semaine au début de tes vacances.
Maintes fois elle avait évoqué le programme, heureuse de visiter l’Espagne, de changer d’air. Et là, à l’instant de toucher son rêve, ma copine semblait aussi perdue qu’au téléphone ce matin, mais l’énervement avait disparu.
– Je ne sais pas.
Sa réponse instinctive alourdit l’air ambiant déjà chaud. Je patientai, les explications allaient suivre, conséquence logique à sa déclaration première. Les nanas prennent leur temps au lit, aussi dans une discussion sérieuse.
– Tu as autre chose à boire que de l’eau ?
Là, je tombai des nues une seconde fois en moins d’une minute.
– De la bière si tu veux (quelques unes traînaient dans le réfrigérateur pour Sandrine) ou de la vodka lemon. Du vin aussi et du whisky (un souvenir du passage de mon oncle).
– Un whisky, oui, murmura-t-elle sans me regarder.
Patiente, j’extirpai un joli verre du placard, je remplis un bol de glaçons, et posai le tout avec une bouteille de Jack Daniel’s sous son nez. L’inquiétude faisait des nœuds dans mon ventre.
– Une dispute entre vous ? osai-je après lui avoir laissé le temps d’avaler deux rasades d’alcool. Ce n’est peut-être rien.
– Non. En fait… je n’ai pas envie de le rejoindre… Je suis amoureuse de toi.
La catastrophe ! Car son amitié m’était précieuse, couper les ponts m’aurait fait mal. Bien sûr on prenait le risque avec Sandrine, mais c’était différent, Sandrine avait bien plus de maturité. Et puis Sarah, elle n’allait pas rester indéfiniment à New York. Pour le coup, j’éprouvai moi aussi un pathétique besoin de boire autre chose que de l’eau.
– Tu sais… j’hésitai car le « ma chérie » amical habituel risquait d’être mal interprété, je tiens à toi aussi, mais pas comme ça. Tu n’es pas lesbienne, moi si. Ça ne peut pas marcher entre nous. Et puis la fidélité, rentrer chaque soir avec la même nana, ce n’est pas mon truc. Enfin, peut-être plus tard ça le deviendra, mais je suis trop jeune pour m’engager. Tu mérites mieux. Je suis sûre que tu aimes encore ton mec. Il te manque alors tu fantasmes sur moi, demain on s’amusera de cette connerie… Dis-moi que ce n’est pas sérieux !
En temps normal, un minimum de réflexion m’aurait poussée à mettre de l’ordre dans ma tête avant de balancer ces mots à la volée, juste par réflexe défensif. Oui mais en temps normal, celle que je considérais comme ma meilleure amie ne m’annonçait pas son amour avec un air de chien battu après deux verres d’alcool. Je lui en servis un troisième tandis que je m’offrais le premier. La brûlure du malt dans ma gorge ne calma pas l’angoisse dans ma poitrine.
Amoureuse à la fois des belles lettres et d’une entière liberté de penser, Céline, Hugo, Simone de Beauvoir dont je me revendiquais de l’enseignement, comment pouvais-je en arriver à formuler des pensées bourgeoises dans un langage aussi vulgaire.
– Je ne sais pas le faire avec une fille, lança Viviane sur un ton élevé, alors tu m’apprendras. Je veux devenir une vraie lesbienne moi aussi. Et puis je ne t’empêcherai pas d’en voir d’autres, tu es libre. Avec Luc, ça ne marche plus depuis que je t’ai rencontrée. On a déjà couché ensemble, toi et moi. J’ai été nulle, mais tu me diras comment faire. Je me rattraperai, c’est promis.
Par esprit de mimétisme ou emportée par un trop plein d’émotions, la pauvre mélangeait tout, comme je l’avais fait dans ma tirade précédente. Loin de me consoler, cette démarche mettait nos faiblesses en avant, les siennes comme les miennes. Un autre verre s’imposa.
Deux personnes tombent amoureuses parfois, sans considération du sexe de chacune. Alors une histoire est possible, il suffit de faire confiance à la force des sentiments, et les corps se mettent en concordance. D’autres fois, on peut réagir au bien-être du moment, passer indifféremment de l’un à l’autre pour un plaisir purement charnel, c’est la bisexualité. Ou alors, comme moi, une femme ne peut concevoir son existence qu’avec des femmes, sur le plan sentimental et physique, refuser jusqu’à l’idée d’une éventuelle mutation.
Pourquoi une lipstick n’attire-t-elle pas les regards dans les lieux de drague lesbiens ? La peur de souffrir retient les autres femmes de s’impliquer avec des filles qui pourraient les abandonner pour un homme sans prévenir. Nous sommes soumises aussi aux lois de la nature humaine, on ne peut pas savoir si un couple va tenir sur la durée. S’engager avec une nana à l’orientation sexuelle indéterminée représente une menace supplémentaire de rupture que beaucoup préfèrent éviter.
Si Viviane avait exprimé le souhait d’un câlin, je me serais fait un malin plaisir de la déniaiser, de lui montrer l’étendue des possibilités du sexe au féminin pluriel. Mais en l’occurrence, elle ne demandait pas un aller simple pour un voyage orgasmique. Son sentiment singulier m’effrayait au point de perdre pied.
Voici ce que j’aurais voulu lui dire, une construction logique d’idées sages, une démonstration sereine et imparable, quasi mathématique, de mes arguments. Mais la spontanéité amenée par une troisième rasade de whisky joua en ma défaveur.
– Écoute, ma chérie, lui murmurai-je en l’enlaçant, le mois dernier t’étais déjà comme ça après tes règles. Oui, j’ai bonne mémoire. Mais au moins tu étais rigolote. Là, tu ne fais pas rire du tout avec ton histoire d’amour. Alors oublie ça. On va se saouler si tu veux, tu peux même dormir ici car tu n’es déjà plus en état de rentrer chez toi, et demain on se marrera comme avant.
Viviane décolla sa joue de la mienne, son regard brillant plongea dans le mien.
– D’accord.
L’atmosphère se détendit un peu, sans vraiment retomber dans l’insouciance habituelle. Notre audace nous poussa à finir la bouteille de whisky. Je me souviens aussi d’un vague coup d’œil à la pendule murale, des 16 heures affichées. La fin d’après-midi et la soirée sont inscrites par bribes dans ma mémoire défaillante.
On a évoqué mon plaisir grandissant à exercer le métier de mannequin, la possibilité de lancer ma carrière, des enviables retombées financières en contrepartie. On a parlé des filles aussi, puis des filles avec les filles. Je me souviens d’une question :« Qu’est-ce que tu préfères, toi ? Qu’une nana te lèche le minou ou qu’elle te prenne avec une bite en plastique. »Emportée par l’alcool, j’ai reconnu être mal à l’aise avec le touché vaginal. Alors une insertion, non merci. Et puis si j’avais voulu me prendre un phallus entre les cuisses, je serais devenu hétéro. Le cunni oui, le faire et en bénéficier, les caresses, les baisers partout, une langue dans ma chatte et sur mon clito. J’aime tout en fait, sauf la pénétration.
Histoire de jouer le jeu, ou de ne pas paraître trop conne, je lui retournai la question :« Toi, avec un mec, c’est quoi ce qui te fait planer ? »Viviane répondit qu’elle appréciait de sentir une queue (son terme) dans le vagin, la sensation d’être remplie par un corps étranger, mais qu’elle avait besoin d’une stimulation du clito pour se laisser aller à l’orgasme. Elle regrettait aussi la rapidité des préliminaires, d’être prise parfois sans aucune préparation.
On en conclut en riant que la masturbation restait un excellent moyen de jouir sans faire chier (une expression commune) personne. Dommage que ce ne soit pas top pour la tendresse.
J’enfilai ensuite un pyjama, et en prêtai un à Viviane. Ils étaient déjà grands pour moi, alors la pauvre nageait dedans, ou plutôt s’y noyait. Enfin un premier rire sincère partagé, sans équivoque, l’impression de retrouver la complicité magique de notre relation.
On se coucha l’une à côté de l’autre, sans aucun contact entre nous, et on s’endormit avant la tombée de la nuit.
– Merde !
Le juron étouffé me tira de ma léthargie sans rêve. Je réussis à force de tâtonnement à trouver l’interrupteur de la lampe de chevet. La scène valait le détour.
Viviane semblait tétanisée au centre de la chambre par la lumière soudaine, incapable de faire un geste comme un petit animal surpris par les phares d’une voiture sur une route de campagne la nuit. Le cheveu hirsute, le verre d’eau suspendu à ses lèvres, elle me fixait du regard, incertaine de ma réaction.
La veste trop grande du pyjama blanc baillait, l’échancrure laissait voir presque entièrement un sein tendu, l’autre restait sous le tissu. Le pan droit sur le haut de la cuisse, le gauche était soulevé dans sa main au niveau de la hanche. Le cordon mal serré sans doute, le pantalon avait glissé en un mont difforme à ses pieds. Droite sur ses jambes, elle m’offrait involontairement la vision de son bassin, de son intimité, et de ses cuisses légèrement écartées, dans une position plus comique qu’érotique.
– Pourquoi tu n’as pas allumé la lumière ?
Ma question noyée dans un rire lui rendit son sourire.
– Je ne voulais pas te réveiller… J’avais soif, balbutia ma copine sans même baisser la main, le verre semblait collé à sa bouche. Mon pantalon a glissé d’un coup, j’ai failli me casser la gueule.
– Ne bouge pas ! ordonnai-je en m’emparant de mon téléphone portable, toujours à portée sur la table de chevet.
Sélection rapide dans le menu, le téléphone se transforma en appareil photo.
– Qu’est-ce que tu fous ? réagit Viviane dans la fraîcheur d’un rire.
– J’immortalise la scène.
Après s’être prêtée au jeu, elle se retourna en direction du comptoir. Le fait que nous soyons réveillées toutes les deux l’incitait sans doute à boire dans la cuisine avant de revenir se coucher. Le verre tendu avec précaution pour ne pas le renverser, incapable de remonter le pantalon sans prendre le risque de mettre de l’eau sur le parquet, elle s’avança à petits pas glissés sur le sol, les pieds enchevêtrés dans le tissu.
– Soulève la veste, intimai-je sur le ton d’une gamine en train de s’amuser.
Viviane s’exécuta, heureuse de se comporter aussi en adolescente attardée, et continua sa lente progression. Je m’étais levée pour la suivre, l’appareil en action, prenant photos sur photos de son petit cul ainsi balancé.
Enfin arrivée au comptoir, elle avala le contenu du verre d’une traite, le reposa puis se retourna. Ma présence à un mètre lui donna une idée.
– Tu peux photographier ça aussi, lança-t-elle dans un rire, le bassin projeté en avant. Le geste m’offrit la vision du petit triangle de poils sur son abricot lisse.
Je la voulais ainsi, chahuteuse, jeune et fraîche, libre, sans arrière-pensées. Elle comprit sans doute le message muet.
– Excuse-moi pour hier, on n’en parle plus.
Deux heures du matin, l’envie de dormir évaporée, le lit transformé en véritable terrain de jeux, on s’éclatait à en perdre haleine. Chacune retournait l’autre, essayait de prendre le dessus comme des gamines à la lutte, chatouillait à l’occasion ou mordillait l’adversaire. Les pyjamas cédèrent dans la confusion. Les boutons détachés, les vestes largement ouvertes, les pantalons baillaient ou glissaient sur des cuisses, au point qu’on finit par ne plus les remonter.
Alors que je venais de prendre le dessus, immobilisant ma proie, mon regard se trouva juste à la hauteur de sa poitrine. Les petits seins droits, fermes comme à l’adolescence, tendaient vers moi comme une provocation. Davantage avec l’esprit joueur que canaille, je gobai un téton, le faisant rouler sous la langue. Le rire de Viviane se transforma en soupir. J’embrassai l’autre de la même manière, heureuse de le sentir grossir dans ma bouche.
Profitant de mon ramollissement éphémère, ma copine me retourna et se retrouva sur moi. Le regard lubrique, elle me gratifia d’un sourire coquin. Notre chahut d’adolescentes se transformait sans intention préalable en jeu pour adultes, les rires s’évaporèrent.
Viviane caressa mes seins avec franchise, en maîtresse avertie, puis les embrassa. Sa bouche sur ma peau provoqua la réaction attendue, mes tétons se développèrent. Elle les aspira tour à tour, et joua de la langue sur les aréoles. J’étais aux anges.
Encouragée par cette victoire, elle glissa sur mon ventre, le couvrit d’une myriade de baisers à la tendresse savoureuse, et joua de la langue dans mon nombril. Toute envie de résistance envolée, j’attendais la suite sans impatience. Car suite il devait y avoir, la spontanéité de ses gestes en était la promesse.
Á la découverte de mon corps, Viviane s’attarda sur mon pubis, les poils n’avaient pas retrouvé leur longueur initiale mais repoussaient. Sa bouche perdue dans ma toison, le regard accroché au mien, Elle toucha ma fente d’un doigt. L’excitation psychique déclencha aussitôt mes sécrétions. Mon amante s’en aperçut sans doute, car elle me toisa d’un sourire non plus coquin, mais d’une tendresse désarmante avant de glisser son visage entre mes cuisses.
Elle écarta mes grandes lèvres et resta un moment à regarder mes chairs, hésitante. Ce n’était pas à moi de lui dire, de la forcer ou de la décourager. Je devais accepter son choix. L’attente était une délicieuse torture que j’admettais de prolonger. Si le courage lui manquait alors tant pis, je ne lui en voudrais pas.
Viviane s’enhardit, posant des baisers humides de chaque côté au niveau de l’aine. Son souffle sur ma peau me remplissait déjà de bonheur. Puis, relâchant mes pétales, elle embrassa ma fente avec délicatesse, comme un petit animal blessé. De savoir que j’étais sa première m’émoustillait. Enfin, elle osa toucher ma plaie intime de la pointe de sa langue. Elle releva son visage un court instant, me sourit comme si je venais de lui faire découvrir une saveur délicieuse. Et ce goût était le mien. Puis elle disparut de nouveau entre mes cuisses.
Sa langue s’enhardit cette fois, se fit plus pressante, sa bouche devint vorace.
Les yeux fermés, les narines pincées, je me laissai aller, une main sur mes seins et l’autre dans les cheveux de mon amante. D’un soupir d’encouragement ou d’un mot tendre, je la guidai dans mes chairs dilatées, lui indiquai la caresse de la langue ou du doigt.
Viviane continua de me lécher, de fouiller ma grotte, de me masturber jusqu’à la montée d’un plaisir décuplé par la situation. De savoir que j’étais la première à bénéficier ainsi de sa générosité donna plus d’intensité à mon orgasme. Je jouis presque sauvagement, plaquant sa tête contre moi d’une main autoritaire, pour garder sa bouche ouverte sur ma fente jusqu’à la fin.
Elle s’agenouilla sur le lit, retrouva son air d’adolescente ravie d’une bonne blague, et essuya ses lèvres brillantes de ma mouille sur son avant-bras.
Ma très chère Lola,
Tu veux des détails sur mon premier14 juillet parisien ? J’ai de vagues souvenirs des cris d’une foule en délire, de quelques pétards dans le quartier. Le feu d’artifice a été tiré chez moi. Sandrine a répondu à mes attentes, sans doute davantage. Le sommeil nous a fauchées bien après le lever du jour, mortes de fatigue, comblées l’une et l’autre. Comment décrire un déluge de caresses et de baisers, une avalanche d’orgasmes. Je ne pensais pas qu’un tel débordement soit possible.
Le 14 en fin d’après-midi, mon amante rentrait chez elle. Le 15 ne me voyait quitter le lit que pour manger ou aller aux toilettes. Le 16, pressée de me rendre à l’agence, le maquillage s’avérait indispensable pour masquer des cernes encore visibles.
Je repris le cours de mon existence, l’esprit libéré, décidée à croquer la pomme sans m’occuper du reste. Le temps perdu ne peut se rattraper, ça donne envie de ne pas en gaspiller davantage. Les occasions à saisir sont nombreuses, je ne m’en prive pas.
Un appel de Viviane a retenu mon attention. Elle paraissait au téléphone si perdue et si excitée à la fois, je souhaitais lui accorder du temps. L’engagement fut pris de nous retrouver à la terrasse de la Place Verte, incontournable dans le XIème arrondissement, quartier des boîtes de production et des graphistes. Elle aurait voulu me voir à son domicile ou au mien, mais un rendez-vous pour un contrat photo restait une priorité.
L’arrivée de Viviane coïncida avec le réveil de mon estomac. La grande terrasse attirant du monde, je lui fis signe de me rejoindre. Une minute d’inattention, ne serait-ce que pour l’accueillir, et la table aurait été prise d’assaut. Je prenais mes marques dans la capitale, j’apprenais à jouer du coude si nécessaire.
Mon imitation préférée d’Emma Watson resta dans le flou le temps du déjeuner composé d’une salade pour moi, d’un burger pour elle, le tout arrosé d’une bouteille d’eau. Sans aucun doute la foule bruyante autour de nous la retint de s’épancher. Elle se contenta de compliments au sujet de ma nouvelle coiffure, d’évoquer la teneur du contrat signé dans la matinée.
– Tu ne veux pas qu’on aille chez toi ? plaça ma copine au moment du café.
L’émotion inhabituelle dans sa voix m’alerta. L’amitié commandait d’accepter malgré le désir de profiter du soleil. On s’enfonça sous terre pour une balade dans le métro.
Pénétrer dans mon immeuble se faisait avec le sourire d’habitude, la mamie au rez-de-chaussée se tenait à sa porte entrebâillée après avoir reconnu nos pas et nos rires, elle nous saluait d’un mot gentil. Pas aujourd’hui. Pourquoi un air empreint de mélancolie, de gravité, marquait son visage de rides d’expression, au point de faire passer son maigre sourire pour une grimace.
Viviane s’installa sur un tabouret, fit rouler distraitement sur le comptoir un stylo que j’avais oublié de ranger. Ses épaules voûtées portaient une misère bien lourde.
– Luc est partit pour Barcelone hier.
– C’est ce qui était prévu, non ? balançai-je en posant deux verres et une bouteille d’eau sur la table. Tu le rejoins en fin de semaine au début de tes vacances.
Maintes fois elle avait évoqué le programme, heureuse de visiter l’Espagne, de changer d’air. Et là, à l’instant de toucher son rêve, ma copine semblait aussi perdue qu’au téléphone ce matin, mais l’énervement avait disparu.
– Je ne sais pas.
Sa réponse instinctive alourdit l’air ambiant déjà chaud. Je patientai, les explications allaient suivre, conséquence logique à sa déclaration première. Les nanas prennent leur temps au lit, aussi dans une discussion sérieuse.
– Tu as autre chose à boire que de l’eau ?
Là, je tombai des nues une seconde fois en moins d’une minute.
– De la bière si tu veux (quelques unes traînaient dans le réfrigérateur pour Sandrine) ou de la vodka lemon. Du vin aussi et du whisky (un souvenir du passage de mon oncle).
– Un whisky, oui, murmura-t-elle sans me regarder.
Patiente, j’extirpai un joli verre du placard, je remplis un bol de glaçons, et posai le tout avec une bouteille de Jack Daniel’s sous son nez. L’inquiétude faisait des nœuds dans mon ventre.
– Une dispute entre vous ? osai-je après lui avoir laissé le temps d’avaler deux rasades d’alcool. Ce n’est peut-être rien.
– Non. En fait… je n’ai pas envie de le rejoindre… Je suis amoureuse de toi.
La catastrophe ! Car son amitié m’était précieuse, couper les ponts m’aurait fait mal. Bien sûr on prenait le risque avec Sandrine, mais c’était différent, Sandrine avait bien plus de maturité. Et puis Sarah, elle n’allait pas rester indéfiniment à New York. Pour le coup, j’éprouvai moi aussi un pathétique besoin de boire autre chose que de l’eau.
– Tu sais… j’hésitai car le « ma chérie » amical habituel risquait d’être mal interprété, je tiens à toi aussi, mais pas comme ça. Tu n’es pas lesbienne, moi si. Ça ne peut pas marcher entre nous. Et puis la fidélité, rentrer chaque soir avec la même nana, ce n’est pas mon truc. Enfin, peut-être plus tard ça le deviendra, mais je suis trop jeune pour m’engager. Tu mérites mieux. Je suis sûre que tu aimes encore ton mec. Il te manque alors tu fantasmes sur moi, demain on s’amusera de cette connerie… Dis-moi que ce n’est pas sérieux !
En temps normal, un minimum de réflexion m’aurait poussée à mettre de l’ordre dans ma tête avant de balancer ces mots à la volée, juste par réflexe défensif. Oui mais en temps normal, celle que je considérais comme ma meilleure amie ne m’annonçait pas son amour avec un air de chien battu après deux verres d’alcool. Je lui en servis un troisième tandis que je m’offrais le premier. La brûlure du malt dans ma gorge ne calma pas l’angoisse dans ma poitrine.
Amoureuse à la fois des belles lettres et d’une entière liberté de penser, Céline, Hugo, Simone de Beauvoir dont je me revendiquais de l’enseignement, comment pouvais-je en arriver à formuler des pensées bourgeoises dans un langage aussi vulgaire.
– Je ne sais pas le faire avec une fille, lança Viviane sur un ton élevé, alors tu m’apprendras. Je veux devenir une vraie lesbienne moi aussi. Et puis je ne t’empêcherai pas d’en voir d’autres, tu es libre. Avec Luc, ça ne marche plus depuis que je t’ai rencontrée. On a déjà couché ensemble, toi et moi. J’ai été nulle, mais tu me diras comment faire. Je me rattraperai, c’est promis.
Par esprit de mimétisme ou emportée par un trop plein d’émotions, la pauvre mélangeait tout, comme je l’avais fait dans ma tirade précédente. Loin de me consoler, cette démarche mettait nos faiblesses en avant, les siennes comme les miennes. Un autre verre s’imposa.
Deux personnes tombent amoureuses parfois, sans considération du sexe de chacune. Alors une histoire est possible, il suffit de faire confiance à la force des sentiments, et les corps se mettent en concordance. D’autres fois, on peut réagir au bien-être du moment, passer indifféremment de l’un à l’autre pour un plaisir purement charnel, c’est la bisexualité. Ou alors, comme moi, une femme ne peut concevoir son existence qu’avec des femmes, sur le plan sentimental et physique, refuser jusqu’à l’idée d’une éventuelle mutation.
Pourquoi une lipstick n’attire-t-elle pas les regards dans les lieux de drague lesbiens ? La peur de souffrir retient les autres femmes de s’impliquer avec des filles qui pourraient les abandonner pour un homme sans prévenir. Nous sommes soumises aussi aux lois de la nature humaine, on ne peut pas savoir si un couple va tenir sur la durée. S’engager avec une nana à l’orientation sexuelle indéterminée représente une menace supplémentaire de rupture que beaucoup préfèrent éviter.
Si Viviane avait exprimé le souhait d’un câlin, je me serais fait un malin plaisir de la déniaiser, de lui montrer l’étendue des possibilités du sexe au féminin pluriel. Mais en l’occurrence, elle ne demandait pas un aller simple pour un voyage orgasmique. Son sentiment singulier m’effrayait au point de perdre pied.
Voici ce que j’aurais voulu lui dire, une construction logique d’idées sages, une démonstration sereine et imparable, quasi mathématique, de mes arguments. Mais la spontanéité amenée par une troisième rasade de whisky joua en ma défaveur.
– Écoute, ma chérie, lui murmurai-je en l’enlaçant, le mois dernier t’étais déjà comme ça après tes règles. Oui, j’ai bonne mémoire. Mais au moins tu étais rigolote. Là, tu ne fais pas rire du tout avec ton histoire d’amour. Alors oublie ça. On va se saouler si tu veux, tu peux même dormir ici car tu n’es déjà plus en état de rentrer chez toi, et demain on se marrera comme avant.
Viviane décolla sa joue de la mienne, son regard brillant plongea dans le mien.
– D’accord.
L’atmosphère se détendit un peu, sans vraiment retomber dans l’insouciance habituelle. Notre audace nous poussa à finir la bouteille de whisky. Je me souviens aussi d’un vague coup d’œil à la pendule murale, des 16 heures affichées. La fin d’après-midi et la soirée sont inscrites par bribes dans ma mémoire défaillante.
On a évoqué mon plaisir grandissant à exercer le métier de mannequin, la possibilité de lancer ma carrière, des enviables retombées financières en contrepartie. On a parlé des filles aussi, puis des filles avec les filles. Je me souviens d’une question :« Qu’est-ce que tu préfères, toi ? Qu’une nana te lèche le minou ou qu’elle te prenne avec une bite en plastique. »Emportée par l’alcool, j’ai reconnu être mal à l’aise avec le touché vaginal. Alors une insertion, non merci. Et puis si j’avais voulu me prendre un phallus entre les cuisses, je serais devenu hétéro. Le cunni oui, le faire et en bénéficier, les caresses, les baisers partout, une langue dans ma chatte et sur mon clito. J’aime tout en fait, sauf la pénétration.
Histoire de jouer le jeu, ou de ne pas paraître trop conne, je lui retournai la question :« Toi, avec un mec, c’est quoi ce qui te fait planer ? »Viviane répondit qu’elle appréciait de sentir une queue (son terme) dans le vagin, la sensation d’être remplie par un corps étranger, mais qu’elle avait besoin d’une stimulation du clito pour se laisser aller à l’orgasme. Elle regrettait aussi la rapidité des préliminaires, d’être prise parfois sans aucune préparation.
On en conclut en riant que la masturbation restait un excellent moyen de jouir sans faire chier (une expression commune) personne. Dommage que ce ne soit pas top pour la tendresse.
J’enfilai ensuite un pyjama, et en prêtai un à Viviane. Ils étaient déjà grands pour moi, alors la pauvre nageait dedans, ou plutôt s’y noyait. Enfin un premier rire sincère partagé, sans équivoque, l’impression de retrouver la complicité magique de notre relation.
On se coucha l’une à côté de l’autre, sans aucun contact entre nous, et on s’endormit avant la tombée de la nuit.
– Merde !
Le juron étouffé me tira de ma léthargie sans rêve. Je réussis à force de tâtonnement à trouver l’interrupteur de la lampe de chevet. La scène valait le détour.
Viviane semblait tétanisée au centre de la chambre par la lumière soudaine, incapable de faire un geste comme un petit animal surpris par les phares d’une voiture sur une route de campagne la nuit. Le cheveu hirsute, le verre d’eau suspendu à ses lèvres, elle me fixait du regard, incertaine de ma réaction.
La veste trop grande du pyjama blanc baillait, l’échancrure laissait voir presque entièrement un sein tendu, l’autre restait sous le tissu. Le pan droit sur le haut de la cuisse, le gauche était soulevé dans sa main au niveau de la hanche. Le cordon mal serré sans doute, le pantalon avait glissé en un mont difforme à ses pieds. Droite sur ses jambes, elle m’offrait involontairement la vision de son bassin, de son intimité, et de ses cuisses légèrement écartées, dans une position plus comique qu’érotique.
– Pourquoi tu n’as pas allumé la lumière ?
Ma question noyée dans un rire lui rendit son sourire.
– Je ne voulais pas te réveiller… J’avais soif, balbutia ma copine sans même baisser la main, le verre semblait collé à sa bouche. Mon pantalon a glissé d’un coup, j’ai failli me casser la gueule.
– Ne bouge pas ! ordonnai-je en m’emparant de mon téléphone portable, toujours à portée sur la table de chevet.
Sélection rapide dans le menu, le téléphone se transforma en appareil photo.
– Qu’est-ce que tu fous ? réagit Viviane dans la fraîcheur d’un rire.
– J’immortalise la scène.
Après s’être prêtée au jeu, elle se retourna en direction du comptoir. Le fait que nous soyons réveillées toutes les deux l’incitait sans doute à boire dans la cuisine avant de revenir se coucher. Le verre tendu avec précaution pour ne pas le renverser, incapable de remonter le pantalon sans prendre le risque de mettre de l’eau sur le parquet, elle s’avança à petits pas glissés sur le sol, les pieds enchevêtrés dans le tissu.
– Soulève la veste, intimai-je sur le ton d’une gamine en train de s’amuser.
Viviane s’exécuta, heureuse de se comporter aussi en adolescente attardée, et continua sa lente progression. Je m’étais levée pour la suivre, l’appareil en action, prenant photos sur photos de son petit cul ainsi balancé.
Enfin arrivée au comptoir, elle avala le contenu du verre d’une traite, le reposa puis se retourna. Ma présence à un mètre lui donna une idée.
– Tu peux photographier ça aussi, lança-t-elle dans un rire, le bassin projeté en avant. Le geste m’offrit la vision du petit triangle de poils sur son abricot lisse.
Je la voulais ainsi, chahuteuse, jeune et fraîche, libre, sans arrière-pensées. Elle comprit sans doute le message muet.
– Excuse-moi pour hier, on n’en parle plus.
Deux heures du matin, l’envie de dormir évaporée, le lit transformé en véritable terrain de jeux, on s’éclatait à en perdre haleine. Chacune retournait l’autre, essayait de prendre le dessus comme des gamines à la lutte, chatouillait à l’occasion ou mordillait l’adversaire. Les pyjamas cédèrent dans la confusion. Les boutons détachés, les vestes largement ouvertes, les pantalons baillaient ou glissaient sur des cuisses, au point qu’on finit par ne plus les remonter.
Alors que je venais de prendre le dessus, immobilisant ma proie, mon regard se trouva juste à la hauteur de sa poitrine. Les petits seins droits, fermes comme à l’adolescence, tendaient vers moi comme une provocation. Davantage avec l’esprit joueur que canaille, je gobai un téton, le faisant rouler sous la langue. Le rire de Viviane se transforma en soupir. J’embrassai l’autre de la même manière, heureuse de le sentir grossir dans ma bouche.
Profitant de mon ramollissement éphémère, ma copine me retourna et se retrouva sur moi. Le regard lubrique, elle me gratifia d’un sourire coquin. Notre chahut d’adolescentes se transformait sans intention préalable en jeu pour adultes, les rires s’évaporèrent.
Viviane caressa mes seins avec franchise, en maîtresse avertie, puis les embrassa. Sa bouche sur ma peau provoqua la réaction attendue, mes tétons se développèrent. Elle les aspira tour à tour, et joua de la langue sur les aréoles. J’étais aux anges.
Encouragée par cette victoire, elle glissa sur mon ventre, le couvrit d’une myriade de baisers à la tendresse savoureuse, et joua de la langue dans mon nombril. Toute envie de résistance envolée, j’attendais la suite sans impatience. Car suite il devait y avoir, la spontanéité de ses gestes en était la promesse.
Á la découverte de mon corps, Viviane s’attarda sur mon pubis, les poils n’avaient pas retrouvé leur longueur initiale mais repoussaient. Sa bouche perdue dans ma toison, le regard accroché au mien, Elle toucha ma fente d’un doigt. L’excitation psychique déclencha aussitôt mes sécrétions. Mon amante s’en aperçut sans doute, car elle me toisa d’un sourire non plus coquin, mais d’une tendresse désarmante avant de glisser son visage entre mes cuisses.
Elle écarta mes grandes lèvres et resta un moment à regarder mes chairs, hésitante. Ce n’était pas à moi de lui dire, de la forcer ou de la décourager. Je devais accepter son choix. L’attente était une délicieuse torture que j’admettais de prolonger. Si le courage lui manquait alors tant pis, je ne lui en voudrais pas.
Viviane s’enhardit, posant des baisers humides de chaque côté au niveau de l’aine. Son souffle sur ma peau me remplissait déjà de bonheur. Puis, relâchant mes pétales, elle embrassa ma fente avec délicatesse, comme un petit animal blessé. De savoir que j’étais sa première m’émoustillait. Enfin, elle osa toucher ma plaie intime de la pointe de sa langue. Elle releva son visage un court instant, me sourit comme si je venais de lui faire découvrir une saveur délicieuse. Et ce goût était le mien. Puis elle disparut de nouveau entre mes cuisses.
Sa langue s’enhardit cette fois, se fit plus pressante, sa bouche devint vorace.
Les yeux fermés, les narines pincées, je me laissai aller, une main sur mes seins et l’autre dans les cheveux de mon amante. D’un soupir d’encouragement ou d’un mot tendre, je la guidai dans mes chairs dilatées, lui indiquai la caresse de la langue ou du doigt.
Viviane continua de me lécher, de fouiller ma grotte, de me masturber jusqu’à la montée d’un plaisir décuplé par la situation. De savoir que j’étais la première à bénéficier ainsi de sa générosité donna plus d’intensité à mon orgasme. Je jouis presque sauvagement, plaquant sa tête contre moi d’une main autoritaire, pour garder sa bouche ouverte sur ma fente jusqu’à la fin.
Elle s’agenouilla sur le lit, retrouva son air d’adolescente ravie d’une bonne blague, et essuya ses lèvres brillantes de ma mouille sur son avant-bras.
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