Lucie et le Maître de Chorale - histoire érotique

Le gros bahut s’arrêta.
« Tonton, je ne sais pas ouvrir de mon côté. »
« J’arrive, mon poussin. »
Tonton Guy fit le tour du bahut et vint ouvrir à sa nièce. Enfin, pas vraiment sa nièce, mais c’est sans importance.
Elle sortit une jambe. La cabine était surélevée. Malgré la pénombre, on était en hiver, il était vingt et une heure et la rue où habite Lucie n’était pas éclairée, on pouvait cependant voir long sous sa mini-jupe.
« C’est comme ça que tu t’habilles pour aller chanter à la chorale ! Et le maître de chorale ne dit rien ? »
Lucie ne bougea plus et resta ainsi, exposée, jambes écartées.
« Ne te fâche pas, tonton… c’est qu’une mini-jupe…»
« Elle est très courte, je trouve… »
« Tu n’aimes pas ? »
« Heu… si…si… c’est…c’est mignon… mais pourquoi si court ? »
« C’est pas exprès ! Aujourd’hui, on avait une répétition en chasuble avec la chorale, et depuis que je suis à l’université, je suis passée dans la chorale des adultes, mais j’ai toujours ma chasuble de la chorale des enfants. Ma nouvelle chasuble est toujours à l’atelier de couture. Elle n’est pas finie. Et l’ancienne est un peu courte. »
« Et alors ? » demanda distraitement tonton Guy, qui reluquait attentivement, sous la jupe de Lucie, un mystérieux trésor.
( Et oui, mesdames, c’est comme ça, les hommes…)
« Alors, le Maître de Chorale, il ne supporte pas, en représentation, qu’on voie un jeans dépasser sous la chasuble… »
« Ah non ? » fit tonton Guy, l’air totalement absent.
Elle restait là, sans bouger, offrant avec innocence le spectacle du galbe enchanteur de ses jambes bien écartées. Tonton Guy, debout, immobile, semblait hypnotisé.
« Non. Il ne supporte pas. »
Lucille restait là, feignant la parfaite innocence et semblant ignorer le regard fixe de tonton Guy, qui, lui, ne pouvait plus le moins du monde cacher l’objet de sa dévote curiosité.
« Alors… j’ai pris cette minijupe au hasard dans la penderie »
Un mensonge que tonton Guy ne put relever parce qu’il n’écoutait plus. Dans de certaines situations, chez l’homme, quand le regard s’active, l’audition diminue en proportion inverse.
« Ah oui ? »
« Oui. »
Ils restaient immobiles, l’un et l’autre. Spectacle et spectateur, face à face. Une intuition sourdit (du verbe sourdre, qui signifie surgir, au passé simple) aussi subrepticement qu’insidieusement dans l’esprit du second.
« Tu ne portes pas de bas, avec ce froid ? »
Tiens, tiens !
« Euh… non… non, j’avais des collants, mais je les ai enlevés… »
« Ah bon ? C’était disgracieux en-dessous de la chasuble, peut-être ? Et le Maître de Chorale n’aimait pas ça non plus ? Heureusement que tu as pu garder ta petite culotte, alors !… »
Il ne put s’empêcher alors de porter les doigts au sous-vêtement qu’il venait de citer avec cet accent concupiscent, annonciateur d’un imminent et irrépressible passage à l’acte.
« Tonton ! Voyons ! Qu’est-ce que tu fais-là ? »
« Oh, ma chérie ! Je ne peux plus résister ! Tu me fais trop envie ! J’ai besoin, je suis désolé… j’ai trop envie de toi… Oh, comme tu me plais ! »
Joignant les actes à la parole, tonton Guy caressait l’intérieur des cuisses de Lucie, que cette dernière se gardait pourtant de refermer, en dépit de ses protestations.
« Tonton, enfin !… »
« Laisse-moi enlever ta culotte, je t’en prie, mon trésor, mon doux trésor adoré ! »
« Mais tonton… »
Mais Lucie, plutôt que de souffrir une longue et douloureuse résistance inutile, joignit les jambes pour faciliter l’enlèvement du sous-vêtement devenu gênant dans les présentes circonstances. Comme un rideau qui se lève pour la grande représentation. Des deux mains, elle contribua en grande partie à la réussite de l’opération. Son séducteur n’eut plus qu’à faire passer l’ultime obstacle des pieds qu’elle souleva avec une complaisance coupable pour se voir enfin offrir sa fraîche féminité aux assauts libidineux de son conquérant.
« Tu es poilue comme ta mère ! »


Silence.



« Qu’est-ce que tu as dit ? »

Les fins doigts de tonton Guy fourrageaient insidieusement dans la féminine toison de Lucie, jusque là, sans rencontrer de résistance. Ils battirent en retraite précipitamment. L’instinct les avertissant d’un orage imminent.
« Quoi ? Qu’est-ce que j’ai dit ? Je n’ai rien dit… »
« Tu n’as rien dit ! Tu n’as rien dit ! Espèce de … ! Je t’ai parfaitement entendu… Tu as dit que j’étais poilue comme ma mère… Comment tu l’sais ? Hein ! C’est que tu as déjà vu ma mère ? »
« Mais non… mais non, ma poupée… bien sûr que non ! Elle ne se montre jamais comme ça, enfin ! »
« Tu mens ! Vous mentez tous les deux ! »
« Tous les deux ? »
« Oui, parfaitement… tous les deux ! »

Petite hésitation… puis la colère l’emporte.

« Oui… le maître de chorale… eh bien… il a dit la même chose que toi… »
« Comment ça ? Le maître de chorale a dit la même chose… Eh ! Dis-donc, toi, la Sainte-Nitouche, explique-moi un peu dans quelles circonstances, il a pu te dire la même chose, ce bon dieu de maître de chorale ? Hein, tu peux m’expliquer ça ? »
« Oh, tonton, embrasse-moi… »
« Tu es trop haute ! »
« Embrasse-moi à la bonne hauteur alors… »
Sa voix s’était instantanément radoucie. Elle écartait grand les jambes.
« Non, » fit tonton Guy, inflexible, « Dis-moi dans quelles circonstances, ce salopard de maître de chorale t’a dit que tu avais la même toison que ta maman ! J’attends ! »
« Il fait froid, tonton. Papa et maman sont absents. Ils ne reviennent que demain. Rentrons et allons dans ma chambre. »
D’un geste rapide, elle remonta sa petite culotte.
« On rentre seulement si tu promets de raconter comment il a pu comparer vos deux foufounes ! »
« Tonton, tu es aussi vicieux que vulgaire ! »
« Sainte-Nitouche, va ! »
Pour descendre du vieux bahut, il la prit dans ses bras, mais sans les marques de tendresse habituelles. Et ils rentrèrent.

Tonton fit le tour du frigo et en ressortit ce que la maman de Lucie avait certainement laissé pour manger ce soir-là, en son absence. Tonton était un fin cuisinier. Quand il était en visite, c’était d’ailleurs souvent lui qui cuisinait et Lucie trouvait toujours ses préparations délicieuses.
Ce soir encore, et malgré que Lucie devait bien constater qu’il était différent, moins enjoué que d’habitude, tracassé sans aucun doute par la révélation qu’elle avait étourdiment lâchée à propos du Maître de Chorale. Elle-même ne pipa plus un mot de tout le repas.
Elle le connaissait. Elle allait devoir tout raconter. Et papa et maman qui ne rentraient que demain. Aïe, aïe, aïe ! Je suis curieux de connaître la suite.