Sabine épanouie - histoire érotique

Si je vous disais que certaines femmes brillent, plus seule, qu’en couple ?
On idéalise souvent le couple comme un moteur d’épanouissement, mais en général, pour La Femme, une vie sociale bipolaire (dit dans le sens étymologique), nuit à son épanouissement.

Il va de soi qu’une femme indépendante sera plus propice aux rencontres. Ses projets personnels ne sont pas entravés par une hypothétique censure mâle. Elle choisira ses priorités, ses activités physiques, son apparence, ses amis, que sais-je ?
Et l’amour me direz-vous ? L’amour, le sexe sans partenaire régulier c’est une conjoncture favorable pour la femme autonome. Elle posera son dévolu sur un homme (ou plusieurs) aussi longtemps qu’elle en aura décidé et le (ou les) remplacera à sa guise.

J’inscris Sabine dans cette posture. Ma modeste contribution consiste à lui apporter le confort d’une épaule bienveillante et protectrice, si elle en exprime le besoin. J’ai aussi la prétention de servir ses aspirations de femme émancipée en tordant le cou aux machos et autres misogynes, qui n’ont pas compris qu’une femme libre est exactement le contraire d'une femme légère. (Simone de Beauvoir)

Il me revient en mémoire cette expérience, d’une rencontre en trio, avec un homme bien fait, adorable et intéressant. Fabrice.

Nous l’avons vu plusieurs fois et chaque fois, Sabine était heureuse de sa visite. Tendre, caressant et expert de ses mains aux doigts agiles. Il sait faire fondre ma chérie. Comprenez bien ! Ce n’est pas une expression imagée, ils coulaient sous elle, les fluides de son plaisir abondant.

Mais la femelle, perchée sur ses Louboutins en voulait encore. Nous savions, sans qu’il soit utile de l’exprimer ouvertement, que Sabine avait besoin de sentir dans son ventre, le membre chaud de son galant. Un membre pourtant prometteur par ses dimensions, mais qui avait quelques difficultés à se tendre. Nous savions, là aussi intuitivement que Fabrice subissait le poids de son self-control, incapable de lâcher prise.

J’étais presque certain que Sabine sacrifierait cette relation non aboutie sur le lit des expériences avortées. Pourtant ils sont restés en contact de façon platonique pendant plusieurs mois. Ils se donnaient rendez-vous pour un brunch ou pour un déjeuner dans un café ou au restaurant. Ils entretenaient une correspondance quasi quotidienne. Pendant ce temps-là il y eu peut-être quelques baisers furtifs. C’est Sabine qui me l’a dit, un petit sourire en coin.

J’ai appris aussi qu’ils se promenaient, la main dans la main, dans les parcs publics ou dans les rues commerçantes d’Aix en Provence, la ville de cœur de ma chérie. Ces indications-là, c’est Fabrice qui me les donne, car il met un point d’honneur à ne rien me cacher.

De vous à moi, pourquoi cette femme, que vous connaissez un peu pour avoir lu nos errances libidineuses, se fourvoie avec un homme timide et impuissant ?
Alors que tant d’hommes Alpha, Bulls et j’en passe, sont à ses pieds. Elle qui aime faire et refaire l’amour jusqu’à plus soif. Elle qui aime la pluralité de partenaires. Celle-là même s’est entiché d’un bel homme j’en conviens, mais au sexe mou.

Revenons au début de notre propos. Je défends la liberté de la femme. Sa liberté sexuelle aussi évidemment. Sa liberté de rencontrer les hommes qui lui plaisent et qui la font jouir. Sa liberté, c’est aussi de tendre la main à Fabrice pour partager autre chose que du sexe. Je le conçois, je le concède et je l’encourage aussi.

Une connexion a surgi entre eux, ils s’embrassent, ils se touchent, ils s’unissent d’une autre façon que par un accouplement phallique. Le désir et là pourtant. Ils se sont rejoints à l’hôtel plusieurs fois. Il se sont mis nus, caressés, câlinés. Il l’a profondément pénétré de ses doigts savants. Et puis c’est arrivé. Il lui a fait l’amour, comme un homme, un vrai, qu’il lui a dit. D’une façon virile, comme s’il avait fallu rattraper les occasions manquées. Puissamment, fortement, presque excessivement, à faire mal et à se faire mal. Il lui a avoué avoir eu recours à la pilule magique.

Et la belle histoire s’est arrêtée là, au pied du lit défait, juste à côté du préservatif échoué et visqueux. Rupture, déception, contrarié, trahison, amertume, regrets, vous saurez facilement attribuer ces qualificatifs à l’un ou l’autre de nos deux protagonistes.

Le temps a passé, la fracture était consommée. Sabine avait rompu toutes relations avec cet homme alors que je répondais à ses messages de loin en loin, après tout, je n’avais pas personnellement de griefs à lui reprocher. Sabine avait du ressentiment pour cette aventure contrariée, gâchée. Une impression de tristesse et de déception l’habitait.

Je croyais la page tournée jusqu’au jour où mon téléphone sonne alors que j’étais en balade sur le massif des Alpilles. Je décroche en mode vidéo et je reconnais Fabrice qui me salut d’un geste de la main. Sabine s’insinue dans l’écran de mon portable. Perchée sur des escarpins, elle a sur elle, le dernier ensemble de lingerie Aubade que je lui ai offert et qu’elle porte crânement. J’avais compris que ma femme ne se satisferait pas d’un échec. J’ai su plus tard qu’ils avaient fait l’amour, longtemps, tendrement, passionnément, cette fois-ci sans substance. Le fossé était comblé. Le cœur a permis la fusion des corps, leurs étreintes étaient pures, primitives, orgasmiques.

J’ai aimé et soutenu leur liaison passionnée. J’ai participé aussi, et souvent été le témoin de leur affection réciproque. Sabine avait espacé les rencontres avec ses autres amants. Elle envisageait même de n’avoir plus que Fabrice comme favori. Là encore, je me conformais à ses choix nouveaux. J’y trouvais mon compte, nous formions un trio bien assorti et généreux. Sabine avait trouvé sa place entre les bras de ses deux chéris. Nous dormions et nous forniquions la plus part du temps ensembles dans le grand lit que nous avions installés pour la circonstance. Sabine savait d’instinct comment nous repaître d’amour et de stupre. Tantôt soumise apprivoisée, ou bien lionne conquérante, nous passions des nuits entières à nous respirer. Tour à tour acteurs ou spectateurs de nos scènes érotiques, Aphrodite pour les grecs ou Vénus pour les romains, notre déesse de l’amour était perpétuellement exhortée à exhiber ses seins arrogants, ses fesses corrompues et sa vulve glabre que nous convainquions juteuse à chacun de nos coïts. Son corps souple et élancé était prétexte à l’étreinte. Son ventre plat, l’intérieur d’une cuisse fuselée héritait de nos baisers audacieux. C’est elle qui rythmait la mélodie de nos oratorios sans costume, mais inondé de champagne frais et de nos fluides capiteux.

Fabrice passait le plus clair de son temps libre chez nous. Nous ne craignons pas les regards interrogateurs du voisinage, déterminés que nous étions, à assumer notre posture de trouple. Cette liberté que nous revendiquions, appartenait à chacun d’entre nous et Fabrice en a usé le moment venu. Nous ne lui avons pas reproché à l’évidence. Il a retrouvé, peut-être grâce à Sabine, harmonie et plénitude, du corps, du cœur et de l’esprit.

Nous avons gardé le lit XXL, lupanar de nos nuits dévergondées. Nous avons retrouvé la compagnie et la complicité de quelques amis/amants à ceci près que Sabine revendique aujourd’hui, son goût pour les liaisons polyamoureuses.
Comment ne pas aimer cette femme ?