Titre de l'histoire érotique : Le patron de mon mari
Récit érotique écrit par July2 [→ Accès à sa fiche auteur]
Auteur femme.
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Histoire érotique Publiée sur HDS le 10-09-2017 dans la catégorie Entre-nous, hommes et femmes
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Titre de l'histoire érotique : Le patron de mon mari
Ça faisait plus d’un an que Romain était au chômage. Ça nous était tombé dessus juste après qu’on ait appris que j’étais enceinte. On était pourtant persuadé que son cdd finirait en cdi après tous les compliments fait par son patron. Mais finalement « la société n’a pas besoin de personnel supplémentaire » lui a-t-il dit. Alors on a galéré à tout préparer pour l’arrivée de Rosi. Il était hors de question de mettre un terme à la grossesse et hors de question qu’elle manque de quoi que ce soit.
On a économisé le moindre sous, fait les brocantes et on a réussi à l’accueillir dans les meilleures conditions possibles : 7 mois plus tard, on était les heureux parents de cette jolie petite fille. On a profité au maximum de mon congé maternité. J’aurais aimé le prolonger avec un congé parental mais impossible avec le seul chômage de mon chéri. Alors je suis retournée bosser 10 semaines après avoir mis au monde ma fille.
Un jour, Romain est allé acheter un livre pour son frère. Il s’est rendu dans le magasin culturel de la ville. Et en sortant, il a vu qu’ils recherchaient un vendeur. Il a demandé à parler au gérant et quelques jours plus tard ce dernier le rappelait pour une journée d’essai. En rentrant le soir, il m’annonçait que la journée c’était très bien passée, que ça lui avait plu et que le gérant était satisfait. Il commençait le lendemain matin.
Il a bien sûr fallu trouver une solution de garde pour Rosi. Pas facile en dernière minute, mais encore une fois on y est arrivé.
Mais tout ça a eu un effet néfaste sur notre couple. Certes, financièrement on a pu souffler un peu au début, mais on avait encore du mal à garder la tête hors de l’eau. Puis on s’est retrouvé à travailler à 2, avec moins de temps pour s’occuper de la maison, mais il y avait toujours autant à faire. Alors je me suis sacrifier : je me lève plus tôt pour emmener à pied ( on n’a qu’une voiture ) la petite à la MAM avant d’aller au boulot, je vais la chercher toujours à pied le soir, je m’occupe de la maison, prépare le repas en attendant qu’il rentre du boulot tout en m’occupant de Rosi.
Et au final on est tous les 2 épuisés, on passe nos soirées chacun à ses occupations, puis quand vient le moment d’aller se coucher, on ne profite même plus d’avoir du temps à nous pour retrouver notre intimité. On est passé d’un couple sexuellement hyperactif à limite passif.
Romain se plaignait souvent de son patron : il était assez exigent , parfois à la limite du légal sur les horaires par exemple. Il leur demandait beaucoup d’investissement et de rentabilité. Mais en même temps il lui était reconnaissant de l’avoir engagé si rapidement, certes en cdd, mais c’était toujours ça. Puis surtout, il appréciait de voir qu’il lui faisait confiance et prenait le temps de lui apprendre le métier.
Après quelques semaines, j’ose enfin passer au magasin avec la petite voir Romain. J’ai déjà croisé pas mal de fois Thomas, son patron, mais toujours en voiture sur le parking. J’avoue qu’il est plutôt canon avec ses cheveux châtains en bataille, ses yeux bleus malicieux et sa barbe courte bien taillée. Et on voit qu’il le sait. Il a ce regard arrogant. Et il aime se faire voir : belle voiture grosse cylindrée, montre tape à l’œil, lunettes de soleil de grande marque. Mais il a toujours un sourire quand il me salue.
Ce jour-là, j’arrive au magasin avec Rosi dans les bras.
- Hey, salut ! Me lance Thomas. Coucou toi, ajoute-t-il en caressant la joue de ma fille.
- Salut, je réponds timidement.
- Romain est dans la réserve. Il ne devrait plus en avoir pour longtemps.
- Je vais l’attendre dehors alors, dis-je en me tournant vers la sortie.
- Non, au contraire, reste. Je voulais justement te parler de quelque chose. Mais faudrait que ça reste en très nous si tu veux bien…
Je me sens très mal à l’aise soudainement. C’est le genre de situation que je n’aime absolument pas. Romain et moi n’avons aucun secret l’un pour l’autre.
- Je crois pas que …
- Tu sais même pas ce que je veux te dire. Alors écoute moi. Je pense que ça pourrait t’intéresser.
Il s’arrête de parler un instant et moi je reste figée. J’ai toujours été intimidée par les gens qui ont son charisme.
- Romain m’a dit qu’en ce moment c’était un peu difficile les fins de mois. Et son cdd arrive à son terme. Et j’aurais besoin qu’une jolie fille comme toi m’accompagne à un dîner demain soir. Ce serait dommage que le papa de cette pitchounette se retrouve au chômage parce que sa maman décline mon invitation….
Je reste bouche bée un instant. Au même moment Charlotte, une autre employée de Thomas, passe près de nous.
- Dis Charlotte, je crois que Rosi veut venir chez toi, lui dis je en lui tendant la petite.
- Tu viens ma puce, on va regarder les livres pleins de couleurs.
- Et Charlotte, tu oublieras pas de faire les vitrines ce soir, y a des fois je me demande à quoi je te paye, lui aboie Thomas.
Ce mec est vraiment un connard. Il pourrait au moins avoir la décence de ne pas lui parler comme ça devant les gens. Une fois que Charlotte s’est assez éloignée de nous pour ne plus entendre, je réponds à Thomas.
- Je rêve ou vous me faites du chantage ? En gros, soit je suis votre pute d’un soir, soit mon mari perd son job…
- Alors déjà, je voudrais que tu me tutoies. Et ensuite je t’ai pas parlé de baiser, je t’ai juste demandé de m’accompagner à un dîner. Mais sur le fond, oui je te fais du chantage, soit tu viens, soit Romain peut se remettre à la recherche un nouveau boulot.
- Tu es d’une arrogance… comment tu peux me demander une chose pareille ? Je suis sûre que tu claques des doigts dans la rue, t’en as 10 des nanas pour venir avec toi… alors pourquoi moi ?
- Je sais pas, mais sache que je finis toujours par obtenir ce que je veux. Et je veux que tu viennes avec moi. Alors tu diras à ton mec que tu vas manger avec des copines puis que vous allez faire un bowling. Je t’attendrai sur le parking du magasin.
Alors que je m’apprête à protester, il me tend une carte de visite.
- Là-dessus, y a mon numéro de portable, j’aimerais que tu m’écrives pour que j’ai le tien. Et maintenant plus un mot, ton mari arrive.
Romain nous rejoint et passe un bras autour de ma taille avant de m’embrasser.
- Coucou ma chérie.
- Coucou. Thomas était justement en train de me dire tout le bien qu’il pense de toi. Et Rosi est avec Charlotte.
- Je vais la chercher et on peut y aller.
Il part de l’autre côté du magasin.
- Tu vois que tu peux mentir à ton mari. Il n’y a vu que du feu.
Je fulmine. Je ne laisse rien paraître mais j’ai envie de lui exploser au visage.
Toute la soirée je ne fais que penser à sa ‘’demande’’. Je ne peux pas accepter ça. Mais si je ne le fais pas, on va se retrouver dans la merde de nouveau. Déjà qu’on roule pas sur l’or en travaillant à 2…
Le lendemain matin, je me décide à envoyer un message à Thomas, à contrecœur vu que j’aurais préféré qu’il n’ait pas mon numéro.
« je peux pas faire ça à Romain. On est marié, je peux pas lui mentir… stp fais pas ça… »
« alors retour à la case départ. Dommage pour Rosi »
« t’es vraiment un salaud. Tu joues la carte de ma fille… »
« je te demande un dîner, pas de tromper ton mari, c’est pas la fin du monde… »
Je ne lui réponds plus.
« je te dis à ce soir alors ? »
Je ne réponds toujours pas.
« Julie ??? »
« à ce soir… »
Quand Romain rentre manger à midi, je lui annonce que ma meilleure amie m’a appelée pour passer la soirée entre filles avec d’autres amies.
- Pas de soucis ma puce, je m’occupe de Rosi. Ça te fera du bien de sortir un peu, ça fait un moment que tu n’a pas pris du temps pour toi.
Je m’en veux encore plus de lui mentir quand je vois comme il est gentil avec moi. Je pensais pas que ce serait aussi facile de lui mentir.
Dans l’après-midi, quelqu’un sonne à la porte de la maison. Quand j’ouvre la porte, je n’en crois pas mes yeux.
- Tu as l’air surprise de me voir, me dit Thomas.
- Oui, en effet…
- Je suis juste passé pour t’apporter ça pour ce soir, me dit-il en me tendant un sac d’une boutique chic de la ville.
- Tas peur que je sois pas assez bien sapée pour ton dîner ?
- C’est un resto étoilé, c’est mieux si tu as une tenue qui va avec le lieu. Mais du coup tu te changeras au magasin. C’est pas une robe ni des chaussures pour aller faire un bowling.
Il remonte dans sa voiture avant même que je n’ai le temps de lui répondre. Il se prend pour qui ce type ? Il croit vraiment que tout lui est dû.
Allez faut que je prenne sur moi, c’est juste une soirée, un petit dîner et on n’en parle plus. Je peux bien faire ça pour que mon chéri garde son travail.
À 19h30, je suis prête à partir. J’ai glissé une petite pochette à maquillage dans mon sac à main. J’embrasse ma fille et mon mari avant de partir. J’ai l’impression d’être un monstre en faisant ce que je m’apprête à faire. Dans le garage , j’attrape le cabas en papier craft que j’ai caché derrière la boîte à outils et le mets dans le coffre.
Quand j’arrive sur le parking, Thomas est adossé à la porte de la réserve du magasin.
- Tu as pris la bonne décision, me dit-il en ouvrant la porte.
- En même temps, je n’ai pas vraiment eu le choix.
- Je t’attends là.
Quand je vois la robe qu’il m’a amenée, je n’en reviens pas. Elle est splendide. Jamais je n’aurais pu m’offrir une telle tenue. Je l’enfile, ainsi que les escarpins qui vont avec. Je me maquille rapidement et me recoiffe.
- Tu es très jolie, me dit-il quand je le rejoins à côté de la voiture.
- Tu n’avais pas besoin de dépenser une telle somme.
- J’aime les belles choses. Et cela peut te paraître excessif, mais pour moi ce n’est rien.
Et tiens, prends toi ça dans les dents, j’ai de l’argent, toi pas. C’est d’ailleurs pour ça pour que je me retrouve dans cette situation.
- Et sinon, je peux en savoir plus sur ce dîner ?
- On va manger dans un restaurant italien étoilé. Avec mes parents.
- Quoi ? Dis-je en manquant de m’étrangler. C’est une blague.
- Absolument pas. Ça fait des mois que je n’ai pas vu mes parents. Et ma mère a du mal à accepter que son fils unique ne veuille pas se caser. Alors il y a quelques temps je lui ai dit que j’avais quelqu’un. Et elle veut absolument la rencontrer.
- Et pourquoi moi ?
- Parce que tu es une fille bien. Une fille normale.
- Merci… quel compliment, dis-je, ironique.
- Ce n’est pas péjoratif, au contraire. Tu es une jolie fille, mais pas une bimbo poufiasse. Tu es quelqu’un avec un travail respectable, pas une fille qui court après un mec pour son pognon.
- Et pourquoi tu veux pas te caser ?
- Parce que de 1, j’ai pas le temps de m’investir dans une relation. Avec le magasin j’ai énormément de boulot. Et de 2, j’attire que des bimbos poufiasses qui courent après un mec pour son pognon.
- En même temps, quand on est un con arrogant, prétentieux, râleur, capricieux et j’en passe, faut pas s’étonner de n’attirer que ce genre de femmes. Les autres sont assez intelligentes pour savoir qu’il vaut mieux éviter les mecs comme toi.
- Je vois que tu manies assez bien l’art du compliment toi aussi, merci.
- Mais de rien. Et c’est totalement péjoratif…
Il se rabat sur une voie de bus et pile.
- Stop, je sais que tu me détestes, que tu n’as pas envie d’être là… mais est-ce qu’on peut faire un tout petit effort le temps de ce putain repas ? Je te demande pas de m’apprécier, mais s’il te plaît, j’aimerais bien qu’on ne se prenne pas la tête.
J’acquiesce d’un hochement de tête et il redémarre.
- Sois toi-même. Oublie juste que tu es mariée et fais comme si tu avais l’habitude de train de vie. J’ai dit à mes parents que tu avais une petite fille d’une précédente union et que tu étais secrétaire dans un cabinet comptable. Je pense pas qu’elle te pose plus de questions que ça. Et au pire, brode, je te suis.
Mais qu’est-ce qui m’a pris de m’embarquer dans cette histoire ? Et si je croise quelqu’un que je connais ? Je commence à paniquer. Faut que je me calme, je le fais parce qu’il le faut si je veux qu’on s’en sorte. Romain ne peut pas retomber au chômage, on ne peut pas se le permettre.
Quand on arrive devant le restaurant, je suis déjà mal à l’aise. Mais quand on passe la porte, je ne me sens vraiment pas à ma place. Tout ce luxe. Le personnel est habillé bien plus chic que je ne pourrais jamais le faire. La déco est plus que luxuriante. Et quand je vois les gens installés aux tables, je me sens plus que minable.
Thomas nous annonce au maître d’hôtel.
- Un instant je vous prie, lui demande ce dernier.
Thomas en profite pour passer un bras autour de la taille et se penche à mon oreille.
- Détends toi, on dirait une gamine dans un magasin de jouets. Arrête d’écarquiller les yeux comme ça. Et par pitié, si j’ai un geste tendre envers toi, ne me repousse pas devant mes parents s’il te plaît.
- Que veux tu dire par geste tendre ?
- Je te rassure, je ne compte pas te galocher devant eux, j’ai un minimum de d’éducation. Je parlais plutôt de te prendre la main, ou de passer un bras autour de tes épaules, grand max t’embrasser dans le cou histoire d’être crédible.
Je n’ai pas le temps de lui donner mon avis que le maître d’hôtel est de retour.
- Vos parents sont déjà installés monsieur Manelli.
Il nous invite à le suivre. Je me sens de plus en plus mal.
- Thomas, mon fils ! Que c’est bon de te voir, et en si bonne compagnie de plus, lui dit sa mère avant de l’embrasser.
- Maman, je suis content de te voir aussi. Papa, ça faisait longtemps.
Il enlace ses parents un instant.
- Je vous présente Julie, leur dit-il en m’attirant doucement contre lui.
- On avait tellement hâte de vous rencontrer. Depuis le temps qu’on attendait que notre fils se case.
- Bonsoir, ravie de faire connaissance. Il m’a beaucoup parlé de vous.
Un serveur nous tire nos chaises et les repousse quand nous asseyons. J’ai toujours trouvé ça choquant. Puis il nous apporte 4 flûtes de champagne. Nous trinquons.
Sa mère prend la parole, me laissant ainsi le temps de me détendre. Elle me raconte l’enfance de Thomas. Il est né dans une famille aisée. Sa mère est avocate et s’occupe des affaires de personnes fortunées. Son père est lui aussi chef d’entreprise : il dirige une chaîne de restauration rapide healthy qui a des enseignes à travers toute l’Europe. Je comprends mieux son attitude : il a été élevé dans un cadre où le luxe est la normalité, où il a toujours eu ce qu’il voulait quand il le voulait.
Quand elle me demande comment son fils et moi nous sommes connus, j’inspire profondément avant de me lancer.
- Je suis allée dans son magasin pour acheter un livre. Je ne le trouvais alors je me suis adressée à la première personne que je trouvais. Et c’était Thomas. Ça a été un vrai coup de foudre. Je n’ai pas osé l’aborder, j’en suis restée à ma recherche de livre. Il m’a répondu qu’il ne l’avait pas en stock et qu’il devait le commander. J’ai appris ensuite que c’était faux, il l’avait, mais il n’avait pas trouvé d’autre solution pour avoir mon numéro.
Elle me pose quelques questions sur mon boulot ( j’enjolive un peu les choses ) et sur ma fille. J’essaie de rester assez vague à ce sujet.
Quand le serveur nous apporte la carte, je suis assez étonnée de constater que le restaurant a conservé la pratique de donner une carte aveugle aux femmes. J’en conclus que les prix doivent être conséquents, et je suis gênée. Je parviens à jeter un œil à celle de Thomas, et j’ai des sueurs froides en voyant les tarifs. Le plat le moins cher est à 72 euros.
Je pose ma main sur celle de Thomas et la serre légèrement. Il tourne le visage vers moi et je lui souris comme si j’étais folle amoureuse de lui. Je glisse mon visage dans son cou et fais mine de l’embrasser pour lui parler à l’oreille.
- Je peux pas accepter… c’est hors de prix.
- Chut…
Puis il retourne à la lecture de sa carte.
Quand le serveur vient prendre nos commandes, Thomas décide pour moi.
- Pour mademoiselle et moi ce sera des raviolis aux langoustines.
Ses parents optent pour des plats de viandes.
Je suis plus détendue durant le reste du repas. L’alcool doit aider un peu.
De retour dans la voiture, il ne dit pas un mot. C’est moi qui brise le silence.
- J’ai été très gênée que tu choisisses pour moi…
- Tu ne m’as pas laissé le choix. C’est pas pour rien qu’on donne une carte sans prix aux femmes… c’est pour que les hommes puissent les inviter sans quelles soient gênées. Tu étais sur le point de commander le plat le moins cher de la carte, mes parents auraient pu se douter des raisons. Et franchement, c’est vraiment pas le meilleur plat de la carte.
C’est effectivement ce que je m’apprêtais à faire.
De retour sur le parking, je suis sur le point de sortir de la voiture.
- Bien trouvé ‘’notre rencontre’’. Je crois que ça a convaincu ma mère. Tu as un certain talent pour le mensonge.
- Ce n’est pas vraiment un compliment à mon sens.
- Désolé…
Le silence se réinstalle.
- J’ai passé une bonne soirée, me dit-il en posant sa main sur la mienne.
- On n’a plus besoin de faire semblant, dis-je en ôtant ma main. Mais moi aussi j’ai passé une agréable soirée finalement.
Et ce n’est pas tout à fait faux : certes, je n’ai pas aimé le contexte, mais il a été très agréable toute à soirée, ses parents sont extrêmement gentils. Et je n’ai jamais aussi bien mangé de ma vie.
Au moment où je veux lui demander de m’ouvrir la porte de la réserve pour que je retourne me changer, il approche son visage de mien. Je tourne la tête.
- Thomas, non.
Il pose sa main sur ma nuque et tente de m’attirer à lui.
- Julie, s’il te plaît, j’en ai eu envie toute la soirée. Juste un baiser, c’est rien, je te demande pas de tromper Romain.
Je gifle violemment.
- Pour moi ça l’est.
Il retire sa main. J’en profite pour sortir de la voiture et monter dans la mienne. Je fonce à la maison. C’est quand la porte du garage se referme que je réalise que je porte encore la robe que Thomas a achetée.
Je croise les doigts pour que Romain dorme déjà. Sinon il va falloir que j’invente un mensonge.
Quand j’entre dans la maison, toutes les lumières sont éteintes. Je file dans la salle de bains, fourre la robe en boule au fond du panier à linge. Je démêle mes cheveux et me démaquille avant de me glisser sous les draps au côté de mon mari.
Le lendemain matin, alors que Romain est au travail et Rosi à la sieste, Thomas sonne à la porte.
- Qu’est-ce que tu veux ? Lui dis-je sans même le saluer.
- Tout d’abord m’excuser, j’aurais pas du essayer de t’embrasser hier soir. Comme je te l’ai dit, j’en ai eu envie toute la soirée. Et je pouvais plus me retenir de le faire.
- En effet, tu n’aurais pas du. Ça prouve juste que t’es vraiment un salaud.
- Et ensuite pour te ramener tes fringues vu que tu les as laissées dans la réserve, ajoute-t-il sans relever l’insulte. Ça aurait été con que Romain tombe dessus.
Je récupère le cabas qu’il me tend et lui claque la porte au nez.
Dans la journée, il m’envoie un sms.
« je suis pas un salaud… en tout cas pas avec les femmes. Je suis pas le genre de mec à collectionner les filles. Je ne cherche pas à m’envoyer en l’air à droite à gauche. C’est les filles qui viennent vers moi. Et je suis toujours franc avec elles : s'il se passe quelque chose, c’est forcément l’histoire d’un soir. Au mieux, si doit y avoir plus, c’est uniquement pour s’envoyer en l’air de temps en temps. Elle accepte c’est bien, elle refuse c’est bien aussi. J’ai jamais forcer aucune fille à faire quoique ce soit avec moi… je voulais juste que les choses soient claires… »
Je ne prends même pas la peine de lui répondre.
La semaine suivante, je suis en congé. Un après-midi, quelqu’un sonne à la porte.
- Madame Gellati ?
- Oui. C’est pour quoi ?
- C’est monsieur Manelli qui m’envoie. Je suis coiffeuse, me répond une blonde platine.
- Je crois que vous devriez partir…
- Il m’a dit que vous diriez ça et m’a demandé d’insister.
Je lève les yeux au ciel et souffle. Puis je l’invite a entrer et lui propose une tasse de café qu’elle accepte. Je rédige rapidement un message à l’attention de Thomas.
« qu’est-ce qu’il y a ? J’étais pas assez bien coiffée à ton goût ? Arrête ce genre de choses ! »
Dans la foulée mon téléphone sonne. C’est lui.
- Tu étais sublime. Mais j’ai entendu Romain discuter avec Charlotte. Il lui demandait si elle connaissait une coiffeuse pas trop chère parce que tu aurais besoin d’une coupe mais que tu n’avais pas franchement les tunes pour… alors en voilà une qui ne te coûtera pas un sou. C’est moi qui paie.
- Je ne veux pas que tu me paies le coiffeur !
- Et moi je veux, et je finis toujours par obtenir ce que je veux. Donc si c’est pas aujourd’hui ce sera un autre jour, mais tu finiras par l’avoir cette coupe. Tu as autant accepter tout de suite, comme ça c’est fait. Pense au boulot de ton mari. J’ai encore un mois avant de décider s’il aura son cdi…
Et il raccroche.
- Je suppose que Thomas vous a dit que si vous refusiez que je m’occupe de vous aujourd’hui, je reviendrai chaque jour jusqu’à ce que vous disiez oui…
- Vous supposez bien. Je crois que le plus simple c’est que je dise oui comme ça après il me laissera tranquille.
- Je pense que vous faites bien.
Elle termine son café et s’occupe de mes cheveux.
- Vos cheveux en avaient bien besoin. La grossesse et le manque de visite chez le coiffeur les ont bien abîmés, me dit-elle en faisant le brushing.
- Ils ont bien morflé en effet.
- Vous savez, c’est un mec bien Thomas, change-t-elle brusquement de sujet.
- Si l’on met de côté le fait qu’il ne se prend pas pour de la merde…
Elle reste muette jusqu’à ce qu’elle parte. Je suppose qu’elle a prévenu Thomas de son départ puisqu’il m’envoie un message dans les minutes qui suivent.
« alors cette coupe ? »
« pourquoi tu as fait ça ? »
« parce que tu en ressentais le besoin et que je sais que financièrement vous avez plus important avec la petite. »
« et je vais dire à Romain quand il va rentrer et voir que je me suis faite couper les cheveux alors que j’avais pas la voiture pour aller chez le coiffeur ? »
« tu lui diras que l’une de tes copines a vu avec une amie à elle qui est coiffeuse à domicile et qu’elle a pu venir tout de suite… »
« tu as réponse à tout… tu m’énerves. Je te déteste »
« je trouve souvent des solutions aux problèmes. Et tu peux me détester, c’est pas grave. Je sais qu’au fond c’est pas le cas. T’as juste du mal à accepter la main que je te tends »
« j’ai surtout du mal à accepter de devoir mentir à mon mari pour pas qu’il perde son boulot… »
« c’est un moindre mal, se faire chouchouter contre un travail… »
« la ferme… »
« je peux au moins voir à quoi elle utilisé mon argent ? »
« va te faire… ça te suffit pas de me rabaisser en me payant une robe et une coiffure, faut en plus que tu pousses le vice à ce que je participe à mon humiliation… »
« il n’y a que toi qui y voit de l’humiliation. Moi je veux juste apporter un peu de confort à ton quotidien… si tu ne veux pas pour la photo, pas grave, tu passeras bien au magasin un de ces jours… »
J’ai la rage parce que je sais qu’il a raison, que ce soit maintenant en photo ou dans les jours à venir en vrai, il verra bien le résultat.
Je lui envoie un selfie avec un regard plein de rage et un doigt d’honneur.
« quand je te dis que j’obtiens toujours ce que je veux… et même énervée tu es très jolie. Ça fait classe les mèches blondes dans le roux de tes cheveux. Ça fait ressortir tes yeux bleus. Romain a beaucoup de chance d’avoir une jolie femme comme toi… »
« pourquoi tu fais tout ça ? »
« parce que je fais toujours tout ce que je peux pour obtenir ce que je veux. Et là c’est toi que je veux… »
« tout d’abord je suis pas un objet qu’on veut avoir, et ensuite je suis mariée. Et j’aime mon mari. Tu m’achèteras pas avec des cadeaux, des privilèges… je veux pas d’un homme pour son argent… »
« j’essaie pas de t’acheter. Je veux juste te faire plaisir. Faut que je retourne bosser. A bientôt. »
Si je n’avais pas peur que Romain ne perde son travail, je lui dirais tout. Mais j’ai beau dire que je n’ai pas besoin de l’argent de Thomas, on a au moins besoin de celui qu’il met dans le salaire de Romain. Après tout, un mois c’est quoi ? Dans 8 jours je retourne au travail, il n’aura plus l’occasion de débarquer à la maison ou de m’envoyer des trucs ou quoique ce soit. Une fois qu’il aura fait le contrat, je pourrai l’envoyer sur les roses.
Comme je l’imaginais, Romain a tout de suite remarqué le changement pour mes cheveux.
- Tiens, comment t’es allée chez le coiffeur sans la voiture ?
- C’est Stéphanie. Elle a une cousine coiffeuse à domicile. Elle l’a appelée et elle a pu venir directement. Ça m’a bien arrangée parce que j’ai pas eu besoin de réveiller Rosi de sa sieste pour y aller. Et elle m’a fait un prix en plus. Ça m’a coûté 20 euros de moins que quand je vais au salon.
- En tout cas c’est très joli. J’aime bien.
Il glisse son visage dans mon cou et y dépose de petits bisous.
- Et si mangeait plus tard ? La petite est au lit. On peut en profiter pour faire des câlins…
Il éteint la plaque de cuisson et m’entraîne dans notre chambre…
Thomas, quant à lui, me laisse tranquille plusieurs jours. Jusqu’à ce jour où en allant prendre le courrier, je trouve une enveloppe non affranchie dans la boîte aux lettres. Je pose le reste du courrier sur la table de la cuisine et ouvre la missive.
C’est une carte cadeau pour un magasin de vêtements enfants. Il y a une carte qui l’accompagne :
‘’ Je sais que tu dois déjà être en train de t’énerver. Mais Romain a dit que tu faisais le tour des petites annonces pour acheter des fringues à la petite. Et ta fille a le droit d’avoir des vêtements neufs. Alors voilà une carte de 200€ pour lui acheter tout ce dont elle a besoin. Bises. Thomas.’’
Mais quel enfoiré ce mec ! Je fourre la carte dans mon sac à mains. Il est hors de question que je l’utilise. Demain Romain ne travaille pas, je vais passer au magasin la rendre à Thomas et lui mettre les points sur les i.
Le lendemain, je prétexte avoir promis à une amie d’aller boire un café chez elle pour partir de la maison.
Quand j’arrive sur le parking du magasin, j’envoie un sms à Thomas.
« ramène ton cul sur le parking tout de suite ! »
Il arrive par la porte de la réserve, je l’attends appuyée à la portière de la voiture.
- Je savais que c’est toi qui viendrait vers moi, fanfaronne-t-il.
En guise de réponse je le gifle de toutes mes forces.
- Tu me prends pour quoi ? Arrête ça tout de suite ! Ça n’a jamais tué personne de porter des fringues de seconde main. Je veux pas de ton argent, on peut très bien se débrouiller sans toi, je lui hurle dessus en jetant la carte sur son torse.
Il se frotte encore la joue.
- Je pensais pas que tu avais autant de force… et je voulais juste que tu puisses offrir le meilleur à ta fille. Mais puisque vous n’avez pas besoin de moi, je dirai à Romain demain que je ne pourrai pas lui faire son cdi, je trouverai bien un motif, même si je ne lui en dois aucun…
- T’es vraiment qu’un connard ! Comment tu peux te servir de ma fille pour obtenir ce que tu veux ? Tu crois quoi ? Que parce que tu m’achètes à coup de cadeaux je vais quitter Romain et te tomber dans le bras ?
- Je t’ai dit, je finis toujours par avoir ce que je veux. Si dans un mois je n'y suis pas parvenu, j’abandonne, ton mec aura son job et toi ta paix, mais jusque là je continuerai. Et ne t’avise pas de refuser quoique ce soit qui vienne de moi parce que je le saurais et adieu le cdi.
Son arrogance me dégoûte. Je n’ai même plus envie de lui répondre. Je fais volte-face pour remonter dans la voiture.
- Tu oublies quelque chose, me dit-il en me tendant la carte. Et utilise la, je connais la responsable du magasin, elle me dira si tu es passée.
Je lui arrache la carte des mains sans un regard et je m’en vais.
Je m’arrête à un café pour laisser redescendre la pression et ne pas rentrer trop tôt histoire que Romain ne se pose pas de questions.
« tu devrais mettre ta ceinture, surtout quand tu démarres en trombe. Et tu n’auras qu’à dire à Romain que tu as gagné cette carte à un concours sur internet... »
Il m’énerve à toujours penser à tout.
Dans les 3 semaines qui suivent, je passe mon temps à cacher des choses à Romain et à lui mentir.
J’ai utilisé la carte cadeau et comme il l’a dit, la responsable du magasin a du le tenir informé puisque 5 minutes après mon passage en caisse il m’a envoyé un SMS pour me dire qu'il était content que je l’ai utilisée. Il m’a aussi offert un massage en institut, une paire de basket pour que je puisse reprendre la course à pied, des boucles d’oreilles, des jouets pour la petite… que des choses que j’ai du caché à Romain. Je commence à être à bout, plus qu’une semaine et je pourrai enfin souffler.
J’avoue qu’il est plaisant de recevoir des petits cadeaux, de se faire chouchouter, mais je n’en plus de mentir à mon mari.
Quatre jours avant que l’échéance du cdi n’arrive, quelqu’un toque à la porte 30 minutes avant l’heure où Romain rentre habituellement. J’ouvre la porte, Rosi dans les bras.
- Va-t-en, dis-je à Thomas qui se tient sur le pas de la porte avant de refermer la porte.
Il passe son bras entre celle-ci et le montant de porte.
- Je pense franchement que tu devrais me laisser entrer s’il te plaît.
Ce n’est que maintenant que je remarque la voiture de gendarmerie garée à côté de son Audi. Deux gendarmes, un homme et une femme, si tiennent derrière lui.
J’ouvre la porte et les laisse entrer. Thomas tire une tête de 6 pieds de long.
- Venez, je prends la petite, et asseyez vous madame, me dit la gendarmette en tendant les bras vers Rosi.
A cet instant, j’ai l’impression d’être un robot. Je lui tends ma fille, elle s’éloigne vers la cuisine avec elle et Thomas m’entraîne vers le canapé et m’invite à m’asseoir avant de s’installer à côté de moi.
- Madame Gellati, auj… commence le gendarme.
- Non, laissez je vais le faire, l’interrompt Thomas.
Mon regard passe du militaire à cet homme que je déteste.
- Julie, y a eu un braquage au magasin…
Ma respiration devient difficile. Je ne parviens plus à articuler le moindre mot. Romain ?
- Ils étaient 3, armés. Y en a un qui menaçait Charlotte pour qu’elle ouvre la caisse mais elle était totalement tétanisée. Il lui criait dessus. Les 2 autres nous tenaient en joue. Quand j’ai voulu protester pour qu’ils laissent Charlotte, celui qui s’occupait de moi m’a mis un coup de crosse.
Je lève les yeux vers son visage et vois son arcade sourcilière bleue et recousue.
- Romain a proposé d’ouvrir la caisse à sa place. Ils l’ont fait se lever. Il a ouvert le tiroir. Si seulement il s’en était tenu à ça...
Ne pouvant toujours pas articuler un mot, je pose ma main sur la sienne et la presse pour l’encourager à continuer
- Quand le mec s’est tourné pour prendre l’argent, Romain a voulu le désarmer, mais l’autre lui a tiré dessus 2 fois. J’ai voulu aller l’aider mais ils m’en ont empêché…. Quand ils sont partis il était trop tard. Les pompiers n’ont rien pu faire quand ils sont arrivés.
J’ai l’impression que le monde s’est arrêté autour de moi. Les larmes coulent sur mes joues. Thomas me prend dans ses bras, je pleure de plus belle. Puis la rage monte. Je crie, je le frappe. Le gendarme veut intervenir mais Thomas lui dit de me laisser sortir ma colère. Puis je l’insulte.
- Pourquoi lui ? Je te déteste, c’est toi qui aurait du intervenir, c’était à toi de protéger tes employés. Je te hais. Sors de chez moi, casse toi !
Il se lève, penaud, et s’en va sans un mot.
Les gendarmes restent avec moi le temps que je me calme et de s’occuper des modalités administratives. Il faut que j’aille à la morgue pour l’identification. Je ne m’en sens pas la force, mais je n’ai pas le choix. Il n’a pas de famille ici, ses parents vivent à l’étranger. Il va falloir que je les appelle pour leur annoncer…. Le gendarme se propose de rester avec moi le temps que je les appelle.
Sa mère est anéantie au téléphone. Elle me demande de l’informer de la date des obsèques et me dit qu’elle s’occupera de la facture. Elle raccroche sans un autre mot.
Mes beaux-parents ne m’ont jamais appréciée. Ils n’ont pas fait le déplacement pour notre mariage, ni pour la naissance de la petite. Une fois sa peine passée, elle pourra se réjouir de ne plus avoir de raison de faire semblant de m’aimer.
Toute la soirée, Thomas essaye de m’appeler et m’envoie des sms. Je les ignore tous.
Une semaine après le braquage, les obsèques ont lieu. Je vis cette journée comme depuis l’extérieur de mon corps. En sortant de l’église, j’aperçois Charlotte. Elle fuit mon regard puis s’éclipse au bras de son copain. Thomas aussi est là. Il m’adresse un léger sourire et se dirige vers moi. Je n’ai pas envie de lui parler. Je me mêle à mes collègues pour aller au cimetière.
A la fin de la cérémonie, je reste un long moment sur la tombe. La petite est chez la nounou et c’est la première fois que j’arrive à laisser aller ma peine depuis que j’ai hurlé sur Thomas.
- Ce qu’il a fait était très courageux, dit doucement Thomas derrière moi.
- Non, c’était totalement stupide. Risquer sa vie pour sauver ton fric… mais il a toujours comme ça, trop gentil. Pourquoi tu es là ?
- Je voulais savoir comment tu vas… j’ai appris que tu n’as pas pris de congé, si ce n’est pour aujourd’hui…
- On pourrait avoir cette discussion ailleurs que sur la tombe de mon mari ? Ramène moi chez moi, je te paie un café.
Dans la voiture, je regarde par la fenêtre. Le temps est à l’image de mon humeur, morose.
A la maison, il s’assied sur le canapé. J’apporte 2 tasses de café et m’installe à côté de lui.
- Je ne te dois rien Thomas. Je vais bien, aussi bien qu’une veuve peut aller. Et non je n’ai pas pris de congés parce que je ne me voyais pas rester toute la journée à me morfondre au milieu de toutes ces choses qui me le rappellent.
- Justement, je voulais te parler d’un truc. J’imagine que ça doit être difficile vivre ici maintenant, en effet. Et financièrement, ça ne va pas être facile de rester ici, et je me suis renseigné un peu sur les loyers, et franchement pour moins cher que ce que tu paies ici, tu auras pas mieux qu’un F1. Avec la petite, c’est pas possible.
- Va droit au but.
- Viens vivre chez moi…
- T’es tombé sur la tête ou quoi ? Tu oses encore tenter des choses alors que mon mari est tout juste décédé…
- Non c’est n’est pas ce que tu crois. Je te parle pas de ça dans le sens d’être ensemble. Mais mon loft est grand, j’ai de la place. Tu auras ta chambre, Rosi la sienne.
Il sort son portable de sa poche et me montre une photo.
- Tu vois, cette pièce c’était mon bureau, je l’ai repeinte pour que tu puisses y installer sa chambre. Et j’ai aussi réaménager la salle de bains pour qu’elle puisse y prendre son bains, j’ai même installé une table à langer.
Je suis assez surprise de ce qu’il a fait.
- Où as-tu trouvé le temps de faire ça ? Je croyais que tu bossais beaucoup avec le magasin.
- On a toujours pas réouvert. Il a fallu laisser fermé pour l’enquête, Charlotte n’est pas en état de revenir bosser, y a eu un peu de casse aussi. Et je crois que j’avais besoin de faire un break aussi…
Je regarde la photo de la chambre : elle est magnifique. Il l’a peinte en rose poudré et gris perle.
- C’est gentil Thomas, mais je ne peux pas venir. Qu’est-ce que les gens vont dire en plus si je viens vivre chez toi ?
- Qu’est-ce qu’on en a à foutre de ce que pensent les gens ? Et sois réaliste, tu sais très bien que tu ne peux pas te permettre de rester ici, je suis sûr que tu n’en as même pas envie. Mais je ne te force pas. Tu viens que si tu veux. Même dans un mois…
Je termine mon café en silence. Au bout de quelques minutes, il se lève, pose son mug dans l’évier, et part.
Je passe le reste de l’après-midi à réfléchir à sa proposition. Il n’a pas tort, je ne peux pas continuer à payer le loyer de cette petite maison, aussi faible soit-il pour un tel bien, avec mon seul salaire. Et je ne me sens plus bien ici. Il y a trop de souvenirs. Ça fait une semaine que je ne dors presque plus.
« je peux emménager quand ? »
« ce soir si tu veux. La peinture ne sent plus, ta chambre est prête… »
« trop compliqué ce soir, il faut démonter puis remonter les meubles de la chambre de Rosi, mon lit aussi… »
« je me doutais que tu voudrais conserver le lit de la petite, si je prends la camionnette du mag il rentre sans que j’aie besoin de le démonter. Et pour toi, pas besoin de tes meubles, je t’ai acheté une chambre complète. Je me suis dit qu’à ta place je pourrais plus dormir dans mon lit près un tel événement… »
« merci. »
« je suis là dans 20 minutes »
Je récupère la petite chez la nounou. Pendant qu’elle joue dans son parc, je mets des habits dans une valise, j’y ajoute quelques jouets.
Quand Thomas arrive, on met le lit dans la camionnette ainsi que la valise. J’installe la petite dans la voiture. Quand je vais fermer la porte à clef, une larme roule sur ma joue.
Thomas passe un bras autour de mes épaules.
- On viendra demain récupérer les affaires que tu veux emmener. Et le reste je demanderai à des déménageurs de les mettre au garde-meubles.
- Pourquoi tu fais tout ça pour moi ? C’est pas uniquement parce que ‘’tu me veux’’…
- Parce que tu as raison, c’est ma faute s’il est mort. C’est moi qui aurait du intervenir comme il l’a fait. Alors maintenant faut que je veille sur vous 2.
- J’ai dit que c’était de ta faute parce que j’étais en colère. Tu n’y peux rien. Tu as essayé d’intervenir, tu as plus de chance que lui.
Je passe mes doigts sur son arcade encore meurtrie.
- C’était plus facile pour moi de te détester que de lui en vouloir à lui. Tu me tapais déjà sur les nerfs à t’immiscer dans ma vie. En réalité, je lui en veux terriblement de nous avoir laissées. J’aurais préféré qu’il ferme sa gueule, qu’il les laisse te piquer ton fric. Alors sors toi de la tête que tu es responsable de tout ça.
Je monte dans ma voiture. J’ouvre la fenêtre.
- Je te suis…
Il s’installe derrière le volant de la camionnette et démarre.
Son loft se situe au dernier étage d’une petite résidence.
Il met le lit dans l’ascenseur et prend les escaliers. Quand il redescend, il m’aide à sortir le reste des affaires.
Il dépose le tout dans le couloir et me montre nos chambres.
- Là c’est la tienne.
Les murs sont peints en blanc, seule une bande de papier peint gris barre le mur contre lequel est appuyé la tête de lit.
- Et celle-ci c’est celle de Rosi.
Il a déjà installé le lit.
- Et là c’est votre salle de bains, comme ça vous aurez votre intimité. Ma chambre à moi est au bout du couloir, si y a quoique ce soit, n’hésite pas à venir me réveiller en pleine nuit.
- Merci Thomas, c’est gentil.
Le lendemain, je dépose Rosi chez sa nounou. Je vais dans cette maison qui était encore la mienne hier soir et je fais le tri dans toutes les affaires. Je mets dans des cartons ce qui doit aller au garde meuble, dans le garage ce qui part à la déchetterie et dans des sacs ce que je prends chez Thomas.
Je n’emmène pas grand-chose : mes vêtements, ceux de Rosi, ses jouets, mes produits de beauté, quelques photos.
Le semaines suivantes, Thomas me force à prendre congé. Et j’avoue que cela me fait le plus grand bien. Thomas travaille effectivement beaucoup. Je ne le vois pas beaucoup.
Un soir, il toque à la porte de ma chambre.
- Tu sais, tu n’es pas obligée de te terrer dans ta chambre quand je suis à la maison. On peut cohabiter. Je vais bosser sur le pc, je me mettrai à la table de la salle à manger. Tu n’as qu’à t’installer sur le canapé pour regarder la télé.
J’accepte volontiers. Ça me fera du bien de ne pas passer une soirée de plus seule. Le simple fait qu’il soit dans la même pièce que moi me rassure beaucoup.
Je ne vois pas la moitié de l’épisode de la série devant laquelle je me suis posée. Je me réveille quand je sens le drap sur mes épaules. J’attrape la main de Thomas au moment où il lâche le drap.
- Je ne voulais pas te réveiller, désolé. Tu t’es endormie sur le canapé alors je t’ai portée jusque dans ton lit. J’éteins la lampe de chevet, rendors toi, chuchote-t-il.
- Reste un peu avec moi s’il te plaît, le temps que je m’endorme juste.
- Heu, oui, si tu veux.
Il s’allonge à côté de moi et je me blottis dans ses bras.
Après quelques minutes, je pose un doigt sur ses lèvres.
- Ne dis rien.
Il me regarde, surpris. Je me redresse un peu et l’embrasse doucement.
- Je croyais que…commence-t-il.
- Chut. Faudrait que tu apprennes à te taire parfois.
J’ouvre les boutons de son polo et il me renverse de côté. Il se met à genoux au-dessus de moi, enlève son haut et rallume la lampe de chevet.
- Non, laisse éteint s’il te plaît.
- OK, si tu veux…
Il se penche et m’embrasse à son tour. J’enlève mon t-shirt, il s’occupe d’ouvrir mon soutien gorge. J’ouvre son jeans et le tire vers le bas, embarquant son boxer au passage. Il fait de même avant mon slim et mon tanga.
De me retrouver nue contre lui, pendant un instant je me demande si c’est une bonne idée de faire ça. Puis il pose sa main sur ma joue avant de m’embrasser à nouveau. Je suis parcourue de frissons et mes doutes s’envolent : ce soir, j’ai juste envie passer du bon temps.
Il passe une main sous mes reins et m’attire sur lui. Je me retrouve à califourchon sur lui. Il caresse mon dos, mes fesses, mes seins. J’ose à peine le toucher. Je pose doucement mes mains sur son torse. J’en profite pour tâter sa musculature.
- Je mords pas tu sais, enfin si mais que si tu aimes ça… bref… tout ça pour te dire que tu peux me toucher, j’attends que ça depuis des mois...
Je pose alors mes mains plus fermement sur lui et glisse mes mains sur ses abdos. Il nous fait basculer de telle sorte qu’il se retrouve au-dessus de moi.
Il m’embrasse doucement dans le cou, puis descend lentement le long de ma poitrine , puis de mon ventre jusqu’à mon entrejambe. Je sens une vague de chaleur monter en moi quand il passe sa langue le long de mes grandes lèvres. Je glisse ma main dans ses cheveux et tire doucement dessus. Quand il s’attaque à mon clitoris, je ne peux retenir mes gémissements.
Il remonte jusqu’à mes seins dont il titille les tétons du bout de la langue. Je les sens pointer de plus en plus.
Il délaisse ma poitrine et se place au-dessus de moi.
- T’es sûre que c’est ce que tu veux ? Me demande-t-il.
Pour tout réponse, je le tire vers moi pour l’embrasser et il me pénètre.
Il a des gestes doux, je sens son pénis enter et sortir doucement, mais profondément. Je parcours son dos du bout des doigts, et au moment où je sens que je vais jouir, j’y enfonce mes ongles.
- Laisse toi aller… pas que j’aime pas qu’on me griffe, mais j’aime encore plus entendre une femme jouir…
Heureusement que la lumière est éteinte parce que je dois être rouge pivoine. Mais j’accède à sa demande et laisse exploser mon plaisir. Quelques instants plus tard, il jouit a son tour. Il roule doucement sur le côté et me prend dans ses bras. Je le remercie intérieurement de ne pas engager la conversation. Rapidement je m’endors contre lui.
Le lendemain matin, Thomas dort encore quand je me lève. Je pars me doucher rapidement et m’occupe de Rosi. Quand je la recouche pour la sieste, j’enfile mon legging de sport et mes baskets. Je rédige un petit mot à l’attention de Thomas que je pose sur le bar de la cuisine.
‘’ je suis partie courir. La petite a mangé, elle fait la sieste. Si y a quoique ce soit, appelle moi.’’
Courir me fait le plus grand bien. Je me demande pourquoi j’ai attendu aussi longtemps depuis mon accouchement pour m’y remettre.
On a économisé le moindre sous, fait les brocantes et on a réussi à l’accueillir dans les meilleures conditions possibles : 7 mois plus tard, on était les heureux parents de cette jolie petite fille. On a profité au maximum de mon congé maternité. J’aurais aimé le prolonger avec un congé parental mais impossible avec le seul chômage de mon chéri. Alors je suis retournée bosser 10 semaines après avoir mis au monde ma fille.
Un jour, Romain est allé acheter un livre pour son frère. Il s’est rendu dans le magasin culturel de la ville. Et en sortant, il a vu qu’ils recherchaient un vendeur. Il a demandé à parler au gérant et quelques jours plus tard ce dernier le rappelait pour une journée d’essai. En rentrant le soir, il m’annonçait que la journée c’était très bien passée, que ça lui avait plu et que le gérant était satisfait. Il commençait le lendemain matin.
Il a bien sûr fallu trouver une solution de garde pour Rosi. Pas facile en dernière minute, mais encore une fois on y est arrivé.
Mais tout ça a eu un effet néfaste sur notre couple. Certes, financièrement on a pu souffler un peu au début, mais on avait encore du mal à garder la tête hors de l’eau. Puis on s’est retrouvé à travailler à 2, avec moins de temps pour s’occuper de la maison, mais il y avait toujours autant à faire. Alors je me suis sacrifier : je me lève plus tôt pour emmener à pied ( on n’a qu’une voiture ) la petite à la MAM avant d’aller au boulot, je vais la chercher toujours à pied le soir, je m’occupe de la maison, prépare le repas en attendant qu’il rentre du boulot tout en m’occupant de Rosi.
Et au final on est tous les 2 épuisés, on passe nos soirées chacun à ses occupations, puis quand vient le moment d’aller se coucher, on ne profite même plus d’avoir du temps à nous pour retrouver notre intimité. On est passé d’un couple sexuellement hyperactif à limite passif.
Romain se plaignait souvent de son patron : il était assez exigent , parfois à la limite du légal sur les horaires par exemple. Il leur demandait beaucoup d’investissement et de rentabilité. Mais en même temps il lui était reconnaissant de l’avoir engagé si rapidement, certes en cdd, mais c’était toujours ça. Puis surtout, il appréciait de voir qu’il lui faisait confiance et prenait le temps de lui apprendre le métier.
Après quelques semaines, j’ose enfin passer au magasin avec la petite voir Romain. J’ai déjà croisé pas mal de fois Thomas, son patron, mais toujours en voiture sur le parking. J’avoue qu’il est plutôt canon avec ses cheveux châtains en bataille, ses yeux bleus malicieux et sa barbe courte bien taillée. Et on voit qu’il le sait. Il a ce regard arrogant. Et il aime se faire voir : belle voiture grosse cylindrée, montre tape à l’œil, lunettes de soleil de grande marque. Mais il a toujours un sourire quand il me salue.
Ce jour-là, j’arrive au magasin avec Rosi dans les bras.
- Hey, salut ! Me lance Thomas. Coucou toi, ajoute-t-il en caressant la joue de ma fille.
- Salut, je réponds timidement.
- Romain est dans la réserve. Il ne devrait plus en avoir pour longtemps.
- Je vais l’attendre dehors alors, dis-je en me tournant vers la sortie.
- Non, au contraire, reste. Je voulais justement te parler de quelque chose. Mais faudrait que ça reste en très nous si tu veux bien…
Je me sens très mal à l’aise soudainement. C’est le genre de situation que je n’aime absolument pas. Romain et moi n’avons aucun secret l’un pour l’autre.
- Je crois pas que …
- Tu sais même pas ce que je veux te dire. Alors écoute moi. Je pense que ça pourrait t’intéresser.
Il s’arrête de parler un instant et moi je reste figée. J’ai toujours été intimidée par les gens qui ont son charisme.
- Romain m’a dit qu’en ce moment c’était un peu difficile les fins de mois. Et son cdd arrive à son terme. Et j’aurais besoin qu’une jolie fille comme toi m’accompagne à un dîner demain soir. Ce serait dommage que le papa de cette pitchounette se retrouve au chômage parce que sa maman décline mon invitation….
Je reste bouche bée un instant. Au même moment Charlotte, une autre employée de Thomas, passe près de nous.
- Dis Charlotte, je crois que Rosi veut venir chez toi, lui dis je en lui tendant la petite.
- Tu viens ma puce, on va regarder les livres pleins de couleurs.
- Et Charlotte, tu oublieras pas de faire les vitrines ce soir, y a des fois je me demande à quoi je te paye, lui aboie Thomas.
Ce mec est vraiment un connard. Il pourrait au moins avoir la décence de ne pas lui parler comme ça devant les gens. Une fois que Charlotte s’est assez éloignée de nous pour ne plus entendre, je réponds à Thomas.
- Je rêve ou vous me faites du chantage ? En gros, soit je suis votre pute d’un soir, soit mon mari perd son job…
- Alors déjà, je voudrais que tu me tutoies. Et ensuite je t’ai pas parlé de baiser, je t’ai juste demandé de m’accompagner à un dîner. Mais sur le fond, oui je te fais du chantage, soit tu viens, soit Romain peut se remettre à la recherche un nouveau boulot.
- Tu es d’une arrogance… comment tu peux me demander une chose pareille ? Je suis sûre que tu claques des doigts dans la rue, t’en as 10 des nanas pour venir avec toi… alors pourquoi moi ?
- Je sais pas, mais sache que je finis toujours par obtenir ce que je veux. Et je veux que tu viennes avec moi. Alors tu diras à ton mec que tu vas manger avec des copines puis que vous allez faire un bowling. Je t’attendrai sur le parking du magasin.
Alors que je m’apprête à protester, il me tend une carte de visite.
- Là-dessus, y a mon numéro de portable, j’aimerais que tu m’écrives pour que j’ai le tien. Et maintenant plus un mot, ton mari arrive.
Romain nous rejoint et passe un bras autour de ma taille avant de m’embrasser.
- Coucou ma chérie.
- Coucou. Thomas était justement en train de me dire tout le bien qu’il pense de toi. Et Rosi est avec Charlotte.
- Je vais la chercher et on peut y aller.
Il part de l’autre côté du magasin.
- Tu vois que tu peux mentir à ton mari. Il n’y a vu que du feu.
Je fulmine. Je ne laisse rien paraître mais j’ai envie de lui exploser au visage.
Toute la soirée je ne fais que penser à sa ‘’demande’’. Je ne peux pas accepter ça. Mais si je ne le fais pas, on va se retrouver dans la merde de nouveau. Déjà qu’on roule pas sur l’or en travaillant à 2…
Le lendemain matin, je me décide à envoyer un message à Thomas, à contrecœur vu que j’aurais préféré qu’il n’ait pas mon numéro.
« je peux pas faire ça à Romain. On est marié, je peux pas lui mentir… stp fais pas ça… »
« alors retour à la case départ. Dommage pour Rosi »
« t’es vraiment un salaud. Tu joues la carte de ma fille… »
« je te demande un dîner, pas de tromper ton mari, c’est pas la fin du monde… »
Je ne lui réponds plus.
« je te dis à ce soir alors ? »
Je ne réponds toujours pas.
« Julie ??? »
« à ce soir… »
Quand Romain rentre manger à midi, je lui annonce que ma meilleure amie m’a appelée pour passer la soirée entre filles avec d’autres amies.
- Pas de soucis ma puce, je m’occupe de Rosi. Ça te fera du bien de sortir un peu, ça fait un moment que tu n’a pas pris du temps pour toi.
Je m’en veux encore plus de lui mentir quand je vois comme il est gentil avec moi. Je pensais pas que ce serait aussi facile de lui mentir.
Dans l’après-midi, quelqu’un sonne à la porte de la maison. Quand j’ouvre la porte, je n’en crois pas mes yeux.
- Tu as l’air surprise de me voir, me dit Thomas.
- Oui, en effet…
- Je suis juste passé pour t’apporter ça pour ce soir, me dit-il en me tendant un sac d’une boutique chic de la ville.
- Tas peur que je sois pas assez bien sapée pour ton dîner ?
- C’est un resto étoilé, c’est mieux si tu as une tenue qui va avec le lieu. Mais du coup tu te changeras au magasin. C’est pas une robe ni des chaussures pour aller faire un bowling.
Il remonte dans sa voiture avant même que je n’ai le temps de lui répondre. Il se prend pour qui ce type ? Il croit vraiment que tout lui est dû.
Allez faut que je prenne sur moi, c’est juste une soirée, un petit dîner et on n’en parle plus. Je peux bien faire ça pour que mon chéri garde son travail.
À 19h30, je suis prête à partir. J’ai glissé une petite pochette à maquillage dans mon sac à main. J’embrasse ma fille et mon mari avant de partir. J’ai l’impression d’être un monstre en faisant ce que je m’apprête à faire. Dans le garage , j’attrape le cabas en papier craft que j’ai caché derrière la boîte à outils et le mets dans le coffre.
Quand j’arrive sur le parking, Thomas est adossé à la porte de la réserve du magasin.
- Tu as pris la bonne décision, me dit-il en ouvrant la porte.
- En même temps, je n’ai pas vraiment eu le choix.
- Je t’attends là.
Quand je vois la robe qu’il m’a amenée, je n’en reviens pas. Elle est splendide. Jamais je n’aurais pu m’offrir une telle tenue. Je l’enfile, ainsi que les escarpins qui vont avec. Je me maquille rapidement et me recoiffe.
- Tu es très jolie, me dit-il quand je le rejoins à côté de la voiture.
- Tu n’avais pas besoin de dépenser une telle somme.
- J’aime les belles choses. Et cela peut te paraître excessif, mais pour moi ce n’est rien.
Et tiens, prends toi ça dans les dents, j’ai de l’argent, toi pas. C’est d’ailleurs pour ça pour que je me retrouve dans cette situation.
- Et sinon, je peux en savoir plus sur ce dîner ?
- On va manger dans un restaurant italien étoilé. Avec mes parents.
- Quoi ? Dis-je en manquant de m’étrangler. C’est une blague.
- Absolument pas. Ça fait des mois que je n’ai pas vu mes parents. Et ma mère a du mal à accepter que son fils unique ne veuille pas se caser. Alors il y a quelques temps je lui ai dit que j’avais quelqu’un. Et elle veut absolument la rencontrer.
- Et pourquoi moi ?
- Parce que tu es une fille bien. Une fille normale.
- Merci… quel compliment, dis-je, ironique.
- Ce n’est pas péjoratif, au contraire. Tu es une jolie fille, mais pas une bimbo poufiasse. Tu es quelqu’un avec un travail respectable, pas une fille qui court après un mec pour son pognon.
- Et pourquoi tu veux pas te caser ?
- Parce que de 1, j’ai pas le temps de m’investir dans une relation. Avec le magasin j’ai énormément de boulot. Et de 2, j’attire que des bimbos poufiasses qui courent après un mec pour son pognon.
- En même temps, quand on est un con arrogant, prétentieux, râleur, capricieux et j’en passe, faut pas s’étonner de n’attirer que ce genre de femmes. Les autres sont assez intelligentes pour savoir qu’il vaut mieux éviter les mecs comme toi.
- Je vois que tu manies assez bien l’art du compliment toi aussi, merci.
- Mais de rien. Et c’est totalement péjoratif…
Il se rabat sur une voie de bus et pile.
- Stop, je sais que tu me détestes, que tu n’as pas envie d’être là… mais est-ce qu’on peut faire un tout petit effort le temps de ce putain repas ? Je te demande pas de m’apprécier, mais s’il te plaît, j’aimerais bien qu’on ne se prenne pas la tête.
J’acquiesce d’un hochement de tête et il redémarre.
- Sois toi-même. Oublie juste que tu es mariée et fais comme si tu avais l’habitude de train de vie. J’ai dit à mes parents que tu avais une petite fille d’une précédente union et que tu étais secrétaire dans un cabinet comptable. Je pense pas qu’elle te pose plus de questions que ça. Et au pire, brode, je te suis.
Mais qu’est-ce qui m’a pris de m’embarquer dans cette histoire ? Et si je croise quelqu’un que je connais ? Je commence à paniquer. Faut que je me calme, je le fais parce qu’il le faut si je veux qu’on s’en sorte. Romain ne peut pas retomber au chômage, on ne peut pas se le permettre.
Quand on arrive devant le restaurant, je suis déjà mal à l’aise. Mais quand on passe la porte, je ne me sens vraiment pas à ma place. Tout ce luxe. Le personnel est habillé bien plus chic que je ne pourrais jamais le faire. La déco est plus que luxuriante. Et quand je vois les gens installés aux tables, je me sens plus que minable.
Thomas nous annonce au maître d’hôtel.
- Un instant je vous prie, lui demande ce dernier.
Thomas en profite pour passer un bras autour de la taille et se penche à mon oreille.
- Détends toi, on dirait une gamine dans un magasin de jouets. Arrête d’écarquiller les yeux comme ça. Et par pitié, si j’ai un geste tendre envers toi, ne me repousse pas devant mes parents s’il te plaît.
- Que veux tu dire par geste tendre ?
- Je te rassure, je ne compte pas te galocher devant eux, j’ai un minimum de d’éducation. Je parlais plutôt de te prendre la main, ou de passer un bras autour de tes épaules, grand max t’embrasser dans le cou histoire d’être crédible.
Je n’ai pas le temps de lui donner mon avis que le maître d’hôtel est de retour.
- Vos parents sont déjà installés monsieur Manelli.
Il nous invite à le suivre. Je me sens de plus en plus mal.
- Thomas, mon fils ! Que c’est bon de te voir, et en si bonne compagnie de plus, lui dit sa mère avant de l’embrasser.
- Maman, je suis content de te voir aussi. Papa, ça faisait longtemps.
Il enlace ses parents un instant.
- Je vous présente Julie, leur dit-il en m’attirant doucement contre lui.
- On avait tellement hâte de vous rencontrer. Depuis le temps qu’on attendait que notre fils se case.
- Bonsoir, ravie de faire connaissance. Il m’a beaucoup parlé de vous.
Un serveur nous tire nos chaises et les repousse quand nous asseyons. J’ai toujours trouvé ça choquant. Puis il nous apporte 4 flûtes de champagne. Nous trinquons.
Sa mère prend la parole, me laissant ainsi le temps de me détendre. Elle me raconte l’enfance de Thomas. Il est né dans une famille aisée. Sa mère est avocate et s’occupe des affaires de personnes fortunées. Son père est lui aussi chef d’entreprise : il dirige une chaîne de restauration rapide healthy qui a des enseignes à travers toute l’Europe. Je comprends mieux son attitude : il a été élevé dans un cadre où le luxe est la normalité, où il a toujours eu ce qu’il voulait quand il le voulait.
Quand elle me demande comment son fils et moi nous sommes connus, j’inspire profondément avant de me lancer.
- Je suis allée dans son magasin pour acheter un livre. Je ne le trouvais alors je me suis adressée à la première personne que je trouvais. Et c’était Thomas. Ça a été un vrai coup de foudre. Je n’ai pas osé l’aborder, j’en suis restée à ma recherche de livre. Il m’a répondu qu’il ne l’avait pas en stock et qu’il devait le commander. J’ai appris ensuite que c’était faux, il l’avait, mais il n’avait pas trouvé d’autre solution pour avoir mon numéro.
Elle me pose quelques questions sur mon boulot ( j’enjolive un peu les choses ) et sur ma fille. J’essaie de rester assez vague à ce sujet.
Quand le serveur nous apporte la carte, je suis assez étonnée de constater que le restaurant a conservé la pratique de donner une carte aveugle aux femmes. J’en conclus que les prix doivent être conséquents, et je suis gênée. Je parviens à jeter un œil à celle de Thomas, et j’ai des sueurs froides en voyant les tarifs. Le plat le moins cher est à 72 euros.
Je pose ma main sur celle de Thomas et la serre légèrement. Il tourne le visage vers moi et je lui souris comme si j’étais folle amoureuse de lui. Je glisse mon visage dans son cou et fais mine de l’embrasser pour lui parler à l’oreille.
- Je peux pas accepter… c’est hors de prix.
- Chut…
Puis il retourne à la lecture de sa carte.
Quand le serveur vient prendre nos commandes, Thomas décide pour moi.
- Pour mademoiselle et moi ce sera des raviolis aux langoustines.
Ses parents optent pour des plats de viandes.
Je suis plus détendue durant le reste du repas. L’alcool doit aider un peu.
De retour dans la voiture, il ne dit pas un mot. C’est moi qui brise le silence.
- J’ai été très gênée que tu choisisses pour moi…
- Tu ne m’as pas laissé le choix. C’est pas pour rien qu’on donne une carte sans prix aux femmes… c’est pour que les hommes puissent les inviter sans quelles soient gênées. Tu étais sur le point de commander le plat le moins cher de la carte, mes parents auraient pu se douter des raisons. Et franchement, c’est vraiment pas le meilleur plat de la carte.
C’est effectivement ce que je m’apprêtais à faire.
De retour sur le parking, je suis sur le point de sortir de la voiture.
- Bien trouvé ‘’notre rencontre’’. Je crois que ça a convaincu ma mère. Tu as un certain talent pour le mensonge.
- Ce n’est pas vraiment un compliment à mon sens.
- Désolé…
Le silence se réinstalle.
- J’ai passé une bonne soirée, me dit-il en posant sa main sur la mienne.
- On n’a plus besoin de faire semblant, dis-je en ôtant ma main. Mais moi aussi j’ai passé une agréable soirée finalement.
Et ce n’est pas tout à fait faux : certes, je n’ai pas aimé le contexte, mais il a été très agréable toute à soirée, ses parents sont extrêmement gentils. Et je n’ai jamais aussi bien mangé de ma vie.
Au moment où je veux lui demander de m’ouvrir la porte de la réserve pour que je retourne me changer, il approche son visage de mien. Je tourne la tête.
- Thomas, non.
Il pose sa main sur ma nuque et tente de m’attirer à lui.
- Julie, s’il te plaît, j’en ai eu envie toute la soirée. Juste un baiser, c’est rien, je te demande pas de tromper Romain.
Je gifle violemment.
- Pour moi ça l’est.
Il retire sa main. J’en profite pour sortir de la voiture et monter dans la mienne. Je fonce à la maison. C’est quand la porte du garage se referme que je réalise que je porte encore la robe que Thomas a achetée.
Je croise les doigts pour que Romain dorme déjà. Sinon il va falloir que j’invente un mensonge.
Quand j’entre dans la maison, toutes les lumières sont éteintes. Je file dans la salle de bains, fourre la robe en boule au fond du panier à linge. Je démêle mes cheveux et me démaquille avant de me glisser sous les draps au côté de mon mari.
Le lendemain matin, alors que Romain est au travail et Rosi à la sieste, Thomas sonne à la porte.
- Qu’est-ce que tu veux ? Lui dis-je sans même le saluer.
- Tout d’abord m’excuser, j’aurais pas du essayer de t’embrasser hier soir. Comme je te l’ai dit, j’en ai eu envie toute la soirée. Et je pouvais plus me retenir de le faire.
- En effet, tu n’aurais pas du. Ça prouve juste que t’es vraiment un salaud.
- Et ensuite pour te ramener tes fringues vu que tu les as laissées dans la réserve, ajoute-t-il sans relever l’insulte. Ça aurait été con que Romain tombe dessus.
Je récupère le cabas qu’il me tend et lui claque la porte au nez.
Dans la journée, il m’envoie un sms.
« je suis pas un salaud… en tout cas pas avec les femmes. Je suis pas le genre de mec à collectionner les filles. Je ne cherche pas à m’envoyer en l’air à droite à gauche. C’est les filles qui viennent vers moi. Et je suis toujours franc avec elles : s'il se passe quelque chose, c’est forcément l’histoire d’un soir. Au mieux, si doit y avoir plus, c’est uniquement pour s’envoyer en l’air de temps en temps. Elle accepte c’est bien, elle refuse c’est bien aussi. J’ai jamais forcer aucune fille à faire quoique ce soit avec moi… je voulais juste que les choses soient claires… »
Je ne prends même pas la peine de lui répondre.
La semaine suivante, je suis en congé. Un après-midi, quelqu’un sonne à la porte.
- Madame Gellati ?
- Oui. C’est pour quoi ?
- C’est monsieur Manelli qui m’envoie. Je suis coiffeuse, me répond une blonde platine.
- Je crois que vous devriez partir…
- Il m’a dit que vous diriez ça et m’a demandé d’insister.
Je lève les yeux au ciel et souffle. Puis je l’invite a entrer et lui propose une tasse de café qu’elle accepte. Je rédige rapidement un message à l’attention de Thomas.
« qu’est-ce qu’il y a ? J’étais pas assez bien coiffée à ton goût ? Arrête ce genre de choses ! »
Dans la foulée mon téléphone sonne. C’est lui.
- Tu étais sublime. Mais j’ai entendu Romain discuter avec Charlotte. Il lui demandait si elle connaissait une coiffeuse pas trop chère parce que tu aurais besoin d’une coupe mais que tu n’avais pas franchement les tunes pour… alors en voilà une qui ne te coûtera pas un sou. C’est moi qui paie.
- Je ne veux pas que tu me paies le coiffeur !
- Et moi je veux, et je finis toujours par obtenir ce que je veux. Donc si c’est pas aujourd’hui ce sera un autre jour, mais tu finiras par l’avoir cette coupe. Tu as autant accepter tout de suite, comme ça c’est fait. Pense au boulot de ton mari. J’ai encore un mois avant de décider s’il aura son cdi…
Et il raccroche.
- Je suppose que Thomas vous a dit que si vous refusiez que je m’occupe de vous aujourd’hui, je reviendrai chaque jour jusqu’à ce que vous disiez oui…
- Vous supposez bien. Je crois que le plus simple c’est que je dise oui comme ça après il me laissera tranquille.
- Je pense que vous faites bien.
Elle termine son café et s’occupe de mes cheveux.
- Vos cheveux en avaient bien besoin. La grossesse et le manque de visite chez le coiffeur les ont bien abîmés, me dit-elle en faisant le brushing.
- Ils ont bien morflé en effet.
- Vous savez, c’est un mec bien Thomas, change-t-elle brusquement de sujet.
- Si l’on met de côté le fait qu’il ne se prend pas pour de la merde…
Elle reste muette jusqu’à ce qu’elle parte. Je suppose qu’elle a prévenu Thomas de son départ puisqu’il m’envoie un message dans les minutes qui suivent.
« alors cette coupe ? »
« pourquoi tu as fait ça ? »
« parce que tu en ressentais le besoin et que je sais que financièrement vous avez plus important avec la petite. »
« et je vais dire à Romain quand il va rentrer et voir que je me suis faite couper les cheveux alors que j’avais pas la voiture pour aller chez le coiffeur ? »
« tu lui diras que l’une de tes copines a vu avec une amie à elle qui est coiffeuse à domicile et qu’elle a pu venir tout de suite… »
« tu as réponse à tout… tu m’énerves. Je te déteste »
« je trouve souvent des solutions aux problèmes. Et tu peux me détester, c’est pas grave. Je sais qu’au fond c’est pas le cas. T’as juste du mal à accepter la main que je te tends »
« j’ai surtout du mal à accepter de devoir mentir à mon mari pour pas qu’il perde son boulot… »
« c’est un moindre mal, se faire chouchouter contre un travail… »
« la ferme… »
« je peux au moins voir à quoi elle utilisé mon argent ? »
« va te faire… ça te suffit pas de me rabaisser en me payant une robe et une coiffure, faut en plus que tu pousses le vice à ce que je participe à mon humiliation… »
« il n’y a que toi qui y voit de l’humiliation. Moi je veux juste apporter un peu de confort à ton quotidien… si tu ne veux pas pour la photo, pas grave, tu passeras bien au magasin un de ces jours… »
J’ai la rage parce que je sais qu’il a raison, que ce soit maintenant en photo ou dans les jours à venir en vrai, il verra bien le résultat.
Je lui envoie un selfie avec un regard plein de rage et un doigt d’honneur.
« quand je te dis que j’obtiens toujours ce que je veux… et même énervée tu es très jolie. Ça fait classe les mèches blondes dans le roux de tes cheveux. Ça fait ressortir tes yeux bleus. Romain a beaucoup de chance d’avoir une jolie femme comme toi… »
« pourquoi tu fais tout ça ? »
« parce que je fais toujours tout ce que je peux pour obtenir ce que je veux. Et là c’est toi que je veux… »
« tout d’abord je suis pas un objet qu’on veut avoir, et ensuite je suis mariée. Et j’aime mon mari. Tu m’achèteras pas avec des cadeaux, des privilèges… je veux pas d’un homme pour son argent… »
« j’essaie pas de t’acheter. Je veux juste te faire plaisir. Faut que je retourne bosser. A bientôt. »
Si je n’avais pas peur que Romain ne perde son travail, je lui dirais tout. Mais j’ai beau dire que je n’ai pas besoin de l’argent de Thomas, on a au moins besoin de celui qu’il met dans le salaire de Romain. Après tout, un mois c’est quoi ? Dans 8 jours je retourne au travail, il n’aura plus l’occasion de débarquer à la maison ou de m’envoyer des trucs ou quoique ce soit. Une fois qu’il aura fait le contrat, je pourrai l’envoyer sur les roses.
Comme je l’imaginais, Romain a tout de suite remarqué le changement pour mes cheveux.
- Tiens, comment t’es allée chez le coiffeur sans la voiture ?
- C’est Stéphanie. Elle a une cousine coiffeuse à domicile. Elle l’a appelée et elle a pu venir directement. Ça m’a bien arrangée parce que j’ai pas eu besoin de réveiller Rosi de sa sieste pour y aller. Et elle m’a fait un prix en plus. Ça m’a coûté 20 euros de moins que quand je vais au salon.
- En tout cas c’est très joli. J’aime bien.
Il glisse son visage dans mon cou et y dépose de petits bisous.
- Et si mangeait plus tard ? La petite est au lit. On peut en profiter pour faire des câlins…
Il éteint la plaque de cuisson et m’entraîne dans notre chambre…
Thomas, quant à lui, me laisse tranquille plusieurs jours. Jusqu’à ce jour où en allant prendre le courrier, je trouve une enveloppe non affranchie dans la boîte aux lettres. Je pose le reste du courrier sur la table de la cuisine et ouvre la missive.
C’est une carte cadeau pour un magasin de vêtements enfants. Il y a une carte qui l’accompagne :
‘’ Je sais que tu dois déjà être en train de t’énerver. Mais Romain a dit que tu faisais le tour des petites annonces pour acheter des fringues à la petite. Et ta fille a le droit d’avoir des vêtements neufs. Alors voilà une carte de 200€ pour lui acheter tout ce dont elle a besoin. Bises. Thomas.’’
Mais quel enfoiré ce mec ! Je fourre la carte dans mon sac à mains. Il est hors de question que je l’utilise. Demain Romain ne travaille pas, je vais passer au magasin la rendre à Thomas et lui mettre les points sur les i.
Le lendemain, je prétexte avoir promis à une amie d’aller boire un café chez elle pour partir de la maison.
Quand j’arrive sur le parking du magasin, j’envoie un sms à Thomas.
« ramène ton cul sur le parking tout de suite ! »
Il arrive par la porte de la réserve, je l’attends appuyée à la portière de la voiture.
- Je savais que c’est toi qui viendrait vers moi, fanfaronne-t-il.
En guise de réponse je le gifle de toutes mes forces.
- Tu me prends pour quoi ? Arrête ça tout de suite ! Ça n’a jamais tué personne de porter des fringues de seconde main. Je veux pas de ton argent, on peut très bien se débrouiller sans toi, je lui hurle dessus en jetant la carte sur son torse.
Il se frotte encore la joue.
- Je pensais pas que tu avais autant de force… et je voulais juste que tu puisses offrir le meilleur à ta fille. Mais puisque vous n’avez pas besoin de moi, je dirai à Romain demain que je ne pourrai pas lui faire son cdi, je trouverai bien un motif, même si je ne lui en dois aucun…
- T’es vraiment qu’un connard ! Comment tu peux te servir de ma fille pour obtenir ce que tu veux ? Tu crois quoi ? Que parce que tu m’achètes à coup de cadeaux je vais quitter Romain et te tomber dans le bras ?
- Je t’ai dit, je finis toujours par avoir ce que je veux. Si dans un mois je n'y suis pas parvenu, j’abandonne, ton mec aura son job et toi ta paix, mais jusque là je continuerai. Et ne t’avise pas de refuser quoique ce soit qui vienne de moi parce que je le saurais et adieu le cdi.
Son arrogance me dégoûte. Je n’ai même plus envie de lui répondre. Je fais volte-face pour remonter dans la voiture.
- Tu oublies quelque chose, me dit-il en me tendant la carte. Et utilise la, je connais la responsable du magasin, elle me dira si tu es passée.
Je lui arrache la carte des mains sans un regard et je m’en vais.
Je m’arrête à un café pour laisser redescendre la pression et ne pas rentrer trop tôt histoire que Romain ne se pose pas de questions.
« tu devrais mettre ta ceinture, surtout quand tu démarres en trombe. Et tu n’auras qu’à dire à Romain que tu as gagné cette carte à un concours sur internet... »
Il m’énerve à toujours penser à tout.
Dans les 3 semaines qui suivent, je passe mon temps à cacher des choses à Romain et à lui mentir.
J’ai utilisé la carte cadeau et comme il l’a dit, la responsable du magasin a du le tenir informé puisque 5 minutes après mon passage en caisse il m’a envoyé un SMS pour me dire qu'il était content que je l’ai utilisée. Il m’a aussi offert un massage en institut, une paire de basket pour que je puisse reprendre la course à pied, des boucles d’oreilles, des jouets pour la petite… que des choses que j’ai du caché à Romain. Je commence à être à bout, plus qu’une semaine et je pourrai enfin souffler.
J’avoue qu’il est plaisant de recevoir des petits cadeaux, de se faire chouchouter, mais je n’en plus de mentir à mon mari.
Quatre jours avant que l’échéance du cdi n’arrive, quelqu’un toque à la porte 30 minutes avant l’heure où Romain rentre habituellement. J’ouvre la porte, Rosi dans les bras.
- Va-t-en, dis-je à Thomas qui se tient sur le pas de la porte avant de refermer la porte.
Il passe son bras entre celle-ci et le montant de porte.
- Je pense franchement que tu devrais me laisser entrer s’il te plaît.
Ce n’est que maintenant que je remarque la voiture de gendarmerie garée à côté de son Audi. Deux gendarmes, un homme et une femme, si tiennent derrière lui.
J’ouvre la porte et les laisse entrer. Thomas tire une tête de 6 pieds de long.
- Venez, je prends la petite, et asseyez vous madame, me dit la gendarmette en tendant les bras vers Rosi.
A cet instant, j’ai l’impression d’être un robot. Je lui tends ma fille, elle s’éloigne vers la cuisine avec elle et Thomas m’entraîne vers le canapé et m’invite à m’asseoir avant de s’installer à côté de moi.
- Madame Gellati, auj… commence le gendarme.
- Non, laissez je vais le faire, l’interrompt Thomas.
Mon regard passe du militaire à cet homme que je déteste.
- Julie, y a eu un braquage au magasin…
Ma respiration devient difficile. Je ne parviens plus à articuler le moindre mot. Romain ?
- Ils étaient 3, armés. Y en a un qui menaçait Charlotte pour qu’elle ouvre la caisse mais elle était totalement tétanisée. Il lui criait dessus. Les 2 autres nous tenaient en joue. Quand j’ai voulu protester pour qu’ils laissent Charlotte, celui qui s’occupait de moi m’a mis un coup de crosse.
Je lève les yeux vers son visage et vois son arcade sourcilière bleue et recousue.
- Romain a proposé d’ouvrir la caisse à sa place. Ils l’ont fait se lever. Il a ouvert le tiroir. Si seulement il s’en était tenu à ça...
Ne pouvant toujours pas articuler un mot, je pose ma main sur la sienne et la presse pour l’encourager à continuer
- Quand le mec s’est tourné pour prendre l’argent, Romain a voulu le désarmer, mais l’autre lui a tiré dessus 2 fois. J’ai voulu aller l’aider mais ils m’en ont empêché…. Quand ils sont partis il était trop tard. Les pompiers n’ont rien pu faire quand ils sont arrivés.
J’ai l’impression que le monde s’est arrêté autour de moi. Les larmes coulent sur mes joues. Thomas me prend dans ses bras, je pleure de plus belle. Puis la rage monte. Je crie, je le frappe. Le gendarme veut intervenir mais Thomas lui dit de me laisser sortir ma colère. Puis je l’insulte.
- Pourquoi lui ? Je te déteste, c’est toi qui aurait du intervenir, c’était à toi de protéger tes employés. Je te hais. Sors de chez moi, casse toi !
Il se lève, penaud, et s’en va sans un mot.
Les gendarmes restent avec moi le temps que je me calme et de s’occuper des modalités administratives. Il faut que j’aille à la morgue pour l’identification. Je ne m’en sens pas la force, mais je n’ai pas le choix. Il n’a pas de famille ici, ses parents vivent à l’étranger. Il va falloir que je les appelle pour leur annoncer…. Le gendarme se propose de rester avec moi le temps que je les appelle.
Sa mère est anéantie au téléphone. Elle me demande de l’informer de la date des obsèques et me dit qu’elle s’occupera de la facture. Elle raccroche sans un autre mot.
Mes beaux-parents ne m’ont jamais appréciée. Ils n’ont pas fait le déplacement pour notre mariage, ni pour la naissance de la petite. Une fois sa peine passée, elle pourra se réjouir de ne plus avoir de raison de faire semblant de m’aimer.
Toute la soirée, Thomas essaye de m’appeler et m’envoie des sms. Je les ignore tous.
Une semaine après le braquage, les obsèques ont lieu. Je vis cette journée comme depuis l’extérieur de mon corps. En sortant de l’église, j’aperçois Charlotte. Elle fuit mon regard puis s’éclipse au bras de son copain. Thomas aussi est là. Il m’adresse un léger sourire et se dirige vers moi. Je n’ai pas envie de lui parler. Je me mêle à mes collègues pour aller au cimetière.
A la fin de la cérémonie, je reste un long moment sur la tombe. La petite est chez la nounou et c’est la première fois que j’arrive à laisser aller ma peine depuis que j’ai hurlé sur Thomas.
- Ce qu’il a fait était très courageux, dit doucement Thomas derrière moi.
- Non, c’était totalement stupide. Risquer sa vie pour sauver ton fric… mais il a toujours comme ça, trop gentil. Pourquoi tu es là ?
- Je voulais savoir comment tu vas… j’ai appris que tu n’as pas pris de congé, si ce n’est pour aujourd’hui…
- On pourrait avoir cette discussion ailleurs que sur la tombe de mon mari ? Ramène moi chez moi, je te paie un café.
Dans la voiture, je regarde par la fenêtre. Le temps est à l’image de mon humeur, morose.
A la maison, il s’assied sur le canapé. J’apporte 2 tasses de café et m’installe à côté de lui.
- Je ne te dois rien Thomas. Je vais bien, aussi bien qu’une veuve peut aller. Et non je n’ai pas pris de congés parce que je ne me voyais pas rester toute la journée à me morfondre au milieu de toutes ces choses qui me le rappellent.
- Justement, je voulais te parler d’un truc. J’imagine que ça doit être difficile vivre ici maintenant, en effet. Et financièrement, ça ne va pas être facile de rester ici, et je me suis renseigné un peu sur les loyers, et franchement pour moins cher que ce que tu paies ici, tu auras pas mieux qu’un F1. Avec la petite, c’est pas possible.
- Va droit au but.
- Viens vivre chez moi…
- T’es tombé sur la tête ou quoi ? Tu oses encore tenter des choses alors que mon mari est tout juste décédé…
- Non c’est n’est pas ce que tu crois. Je te parle pas de ça dans le sens d’être ensemble. Mais mon loft est grand, j’ai de la place. Tu auras ta chambre, Rosi la sienne.
Il sort son portable de sa poche et me montre une photo.
- Tu vois, cette pièce c’était mon bureau, je l’ai repeinte pour que tu puisses y installer sa chambre. Et j’ai aussi réaménager la salle de bains pour qu’elle puisse y prendre son bains, j’ai même installé une table à langer.
Je suis assez surprise de ce qu’il a fait.
- Où as-tu trouvé le temps de faire ça ? Je croyais que tu bossais beaucoup avec le magasin.
- On a toujours pas réouvert. Il a fallu laisser fermé pour l’enquête, Charlotte n’est pas en état de revenir bosser, y a eu un peu de casse aussi. Et je crois que j’avais besoin de faire un break aussi…
Je regarde la photo de la chambre : elle est magnifique. Il l’a peinte en rose poudré et gris perle.
- C’est gentil Thomas, mais je ne peux pas venir. Qu’est-ce que les gens vont dire en plus si je viens vivre chez toi ?
- Qu’est-ce qu’on en a à foutre de ce que pensent les gens ? Et sois réaliste, tu sais très bien que tu ne peux pas te permettre de rester ici, je suis sûr que tu n’en as même pas envie. Mais je ne te force pas. Tu viens que si tu veux. Même dans un mois…
Je termine mon café en silence. Au bout de quelques minutes, il se lève, pose son mug dans l’évier, et part.
Je passe le reste de l’après-midi à réfléchir à sa proposition. Il n’a pas tort, je ne peux pas continuer à payer le loyer de cette petite maison, aussi faible soit-il pour un tel bien, avec mon seul salaire. Et je ne me sens plus bien ici. Il y a trop de souvenirs. Ça fait une semaine que je ne dors presque plus.
« je peux emménager quand ? »
« ce soir si tu veux. La peinture ne sent plus, ta chambre est prête… »
« trop compliqué ce soir, il faut démonter puis remonter les meubles de la chambre de Rosi, mon lit aussi… »
« je me doutais que tu voudrais conserver le lit de la petite, si je prends la camionnette du mag il rentre sans que j’aie besoin de le démonter. Et pour toi, pas besoin de tes meubles, je t’ai acheté une chambre complète. Je me suis dit qu’à ta place je pourrais plus dormir dans mon lit près un tel événement… »
« merci. »
« je suis là dans 20 minutes »
Je récupère la petite chez la nounou. Pendant qu’elle joue dans son parc, je mets des habits dans une valise, j’y ajoute quelques jouets.
Quand Thomas arrive, on met le lit dans la camionnette ainsi que la valise. J’installe la petite dans la voiture. Quand je vais fermer la porte à clef, une larme roule sur ma joue.
Thomas passe un bras autour de mes épaules.
- On viendra demain récupérer les affaires que tu veux emmener. Et le reste je demanderai à des déménageurs de les mettre au garde-meubles.
- Pourquoi tu fais tout ça pour moi ? C’est pas uniquement parce que ‘’tu me veux’’…
- Parce que tu as raison, c’est ma faute s’il est mort. C’est moi qui aurait du intervenir comme il l’a fait. Alors maintenant faut que je veille sur vous 2.
- J’ai dit que c’était de ta faute parce que j’étais en colère. Tu n’y peux rien. Tu as essayé d’intervenir, tu as plus de chance que lui.
Je passe mes doigts sur son arcade encore meurtrie.
- C’était plus facile pour moi de te détester que de lui en vouloir à lui. Tu me tapais déjà sur les nerfs à t’immiscer dans ma vie. En réalité, je lui en veux terriblement de nous avoir laissées. J’aurais préféré qu’il ferme sa gueule, qu’il les laisse te piquer ton fric. Alors sors toi de la tête que tu es responsable de tout ça.
Je monte dans ma voiture. J’ouvre la fenêtre.
- Je te suis…
Il s’installe derrière le volant de la camionnette et démarre.
Son loft se situe au dernier étage d’une petite résidence.
Il met le lit dans l’ascenseur et prend les escaliers. Quand il redescend, il m’aide à sortir le reste des affaires.
Il dépose le tout dans le couloir et me montre nos chambres.
- Là c’est la tienne.
Les murs sont peints en blanc, seule une bande de papier peint gris barre le mur contre lequel est appuyé la tête de lit.
- Et celle-ci c’est celle de Rosi.
Il a déjà installé le lit.
- Et là c’est votre salle de bains, comme ça vous aurez votre intimité. Ma chambre à moi est au bout du couloir, si y a quoique ce soit, n’hésite pas à venir me réveiller en pleine nuit.
- Merci Thomas, c’est gentil.
Le lendemain, je dépose Rosi chez sa nounou. Je vais dans cette maison qui était encore la mienne hier soir et je fais le tri dans toutes les affaires. Je mets dans des cartons ce qui doit aller au garde meuble, dans le garage ce qui part à la déchetterie et dans des sacs ce que je prends chez Thomas.
Je n’emmène pas grand-chose : mes vêtements, ceux de Rosi, ses jouets, mes produits de beauté, quelques photos.
Le semaines suivantes, Thomas me force à prendre congé. Et j’avoue que cela me fait le plus grand bien. Thomas travaille effectivement beaucoup. Je ne le vois pas beaucoup.
Un soir, il toque à la porte de ma chambre.
- Tu sais, tu n’es pas obligée de te terrer dans ta chambre quand je suis à la maison. On peut cohabiter. Je vais bosser sur le pc, je me mettrai à la table de la salle à manger. Tu n’as qu’à t’installer sur le canapé pour regarder la télé.
J’accepte volontiers. Ça me fera du bien de ne pas passer une soirée de plus seule. Le simple fait qu’il soit dans la même pièce que moi me rassure beaucoup.
Je ne vois pas la moitié de l’épisode de la série devant laquelle je me suis posée. Je me réveille quand je sens le drap sur mes épaules. J’attrape la main de Thomas au moment où il lâche le drap.
- Je ne voulais pas te réveiller, désolé. Tu t’es endormie sur le canapé alors je t’ai portée jusque dans ton lit. J’éteins la lampe de chevet, rendors toi, chuchote-t-il.
- Reste un peu avec moi s’il te plaît, le temps que je m’endorme juste.
- Heu, oui, si tu veux.
Il s’allonge à côté de moi et je me blottis dans ses bras.
Après quelques minutes, je pose un doigt sur ses lèvres.
- Ne dis rien.
Il me regarde, surpris. Je me redresse un peu et l’embrasse doucement.
- Je croyais que…commence-t-il.
- Chut. Faudrait que tu apprennes à te taire parfois.
J’ouvre les boutons de son polo et il me renverse de côté. Il se met à genoux au-dessus de moi, enlève son haut et rallume la lampe de chevet.
- Non, laisse éteint s’il te plaît.
- OK, si tu veux…
Il se penche et m’embrasse à son tour. J’enlève mon t-shirt, il s’occupe d’ouvrir mon soutien gorge. J’ouvre son jeans et le tire vers le bas, embarquant son boxer au passage. Il fait de même avant mon slim et mon tanga.
De me retrouver nue contre lui, pendant un instant je me demande si c’est une bonne idée de faire ça. Puis il pose sa main sur ma joue avant de m’embrasser à nouveau. Je suis parcourue de frissons et mes doutes s’envolent : ce soir, j’ai juste envie passer du bon temps.
Il passe une main sous mes reins et m’attire sur lui. Je me retrouve à califourchon sur lui. Il caresse mon dos, mes fesses, mes seins. J’ose à peine le toucher. Je pose doucement mes mains sur son torse. J’en profite pour tâter sa musculature.
- Je mords pas tu sais, enfin si mais que si tu aimes ça… bref… tout ça pour te dire que tu peux me toucher, j’attends que ça depuis des mois...
Je pose alors mes mains plus fermement sur lui et glisse mes mains sur ses abdos. Il nous fait basculer de telle sorte qu’il se retrouve au-dessus de moi.
Il m’embrasse doucement dans le cou, puis descend lentement le long de ma poitrine , puis de mon ventre jusqu’à mon entrejambe. Je sens une vague de chaleur monter en moi quand il passe sa langue le long de mes grandes lèvres. Je glisse ma main dans ses cheveux et tire doucement dessus. Quand il s’attaque à mon clitoris, je ne peux retenir mes gémissements.
Il remonte jusqu’à mes seins dont il titille les tétons du bout de la langue. Je les sens pointer de plus en plus.
Il délaisse ma poitrine et se place au-dessus de moi.
- T’es sûre que c’est ce que tu veux ? Me demande-t-il.
Pour tout réponse, je le tire vers moi pour l’embrasser et il me pénètre.
Il a des gestes doux, je sens son pénis enter et sortir doucement, mais profondément. Je parcours son dos du bout des doigts, et au moment où je sens que je vais jouir, j’y enfonce mes ongles.
- Laisse toi aller… pas que j’aime pas qu’on me griffe, mais j’aime encore plus entendre une femme jouir…
Heureusement que la lumière est éteinte parce que je dois être rouge pivoine. Mais j’accède à sa demande et laisse exploser mon plaisir. Quelques instants plus tard, il jouit a son tour. Il roule doucement sur le côté et me prend dans ses bras. Je le remercie intérieurement de ne pas engager la conversation. Rapidement je m’endors contre lui.
Le lendemain matin, Thomas dort encore quand je me lève. Je pars me doucher rapidement et m’occupe de Rosi. Quand je la recouche pour la sieste, j’enfile mon legging de sport et mes baskets. Je rédige un petit mot à l’attention de Thomas que je pose sur le bar de la cuisine.
‘’ je suis partie courir. La petite a mangé, elle fait la sieste. Si y a quoique ce soit, appelle moi.’’
Courir me fait le plus grand bien. Je me demande pourquoi j’ai attendu aussi longtemps depuis mon accouchement pour m’y remettre.
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5 avis des lecteurs et lectrices après lecture : Les auteurs apprécient les commentaires de leurs lecteurs
Les avis des lecteurs
Très très belle histoire bien raconté.
Merci pour vos commentaires. Je suis contente que ça vous plaise.
Magnifique récit. Est-il vrai ou est-ce une fiction ?
un seul mot : super
Bon scénario
Une histoire triste et prenante, cruelle et réaliste dans les sentiments de Julie vis a vis de Thomas.
La suite est intéressante, si c est une fiction ce serait passionnant que Thomas transforme Julie au fil du temps en soumise parfaite.
Cordialement
Une histoire triste et prenante, cruelle et réaliste dans les sentiments de Julie vis a vis de Thomas.
La suite est intéressante, si c est une fiction ce serait passionnant que Thomas transforme Julie au fil du temps en soumise parfaite.
Cordialement