Vacances sans frontières - 22 Amitiés providentielles

- Par l'auteur HDS Akisoh -
Récit érotique écrit par Akisoh [→ Accès à sa fiche auteur]
Auteur homme.
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Récit libertin : Vacances sans frontières - 22 Amitiés providentielles Histoire érotique Publiée sur HDS le 14-10-2020 dans la catégorie A dormir debout
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Vacances sans frontières - 22 Amitiés providentielles
Durant toute la soirée Jean le ressentait. Il avait depuis plusieurs semaines maintenant le sentiment diffus que quelque chose ne tournait pas rond. Il ne s'en était pas inquiété et avait attribué ce sentiment à son habituelle méfiance. Il avait essayé de nombreuses fois de se focaliser sur sa vie de couple avec celle qu'il aimait, sur leur amour partagé, sur la vie qu'ils entreprenaient de construire, mais il y avait toujours cette certitude que quelque chose ne tournait pas rond. Ces dernières semaines d'inquiétude, les cauchemars de sa belle avaient confirmé ce sentiment. Il s'était persuadé que c'était très exactement ce ressenti qui taraudait également Sabrina. Mais ce soir avait levé le voile sur son comportement de ces derniers jours et l'avait mis en face de son erreur de jugement : Sabrina ne craignait pas qu'une ombre vienne obscurcir leur vie, elle savait qu'elle était déjà là.
Durant toute la soirée, tandis que tous écoutaient le récit de sa belle, il n'avait cessé d'observer les regards inquiets, incrédule pour certains, scandalisés voire horrifiés pour d'autres. Lui-même essayait de s'accrocher à son amie, à la fois pour se donner du courage et pour lui apporter le réconfort qu'elle était en droit d'attendre de sa part. Il avait été écœuré de voir la marque qu'ils lui avaient infligé et craignait qu'ils n'aient profité de tout ce temps passé avec elle pour lui infliger bien d'autres choses. Cette crainte s'était d'ailleurs renforcé lorsqu'elle n'était parvenue à achever sa phrase. Une fois tous ses amis sortis de l'appartement, Jean prit la décision de prendre soin de Sabrina. Il avait parfaitement conscience qu'elle lui cachait une partie de la vérité sans parvenir à déterminer si elle le faisait parce que cette dernière lui paraissait trop dure ou parce qu'elle cherchait à les protéger, à protéger leur vie.
En réalité, il devinait et comprenait presque tous les choix qui avaient conduit Sabrina à lui dissimuler tout ce qu'elle avait dû endurer. Tout sauf une chose : il ne comprenait pas pourquoi elle lui avait caché qu'il avait été lui aussi espionné et suivi, tout comme elle. Il ne comprenait pas pourquoi elle avait cherché à affronter cela seule. Il avait néanmoins confiance en elle et était certain qu'elle ne faisait que subir la situation en silence, se noyant ensuite dans le cocon de leur vie pour ne pas laisser paraitre son embarras.
Ce soir la dure réalité dont elle avait tenté de nier l'importance l'avait rattrapée et saisie avec une telle violence que ses illusions avaient tout simplement été balayées, comme elle avait balayé la tranquillité de sa vie, la sécurité de son cocon quotidien d'amis, d'amour, de travail. Jean pouvait ressentir la fatigue de son amie. Elle était épuisée : il s'était approché d'elle, avait cherché à lui offrir sa douceur, ses bras et son amour comme réconfort afin qu'elle puisse y puiser le repos dont elle avait besoin.
Et Sabrina s'était réfugié dans ses bras, avait profité de sa tendresse, s'était à nouveau accrochée à lui. Il avait à nouveau pu la sentir, plus entière, plus proche de lui, plus proche de ce qu'elle avait été pour lui. Il la retrouvait … mais pas entièrement. Tout à leur étreinte, il sentait néanmoins qu'il restait quelque chose, quelque chose de plus grave que tout ce qu'elle avait osé lui dire jusqu'alors.
Leur plaisir passé, bercés tous deux de tendresse, il entendit alors son aveu et il crut défaillir.
- Qu'est-ce que tu viens de dire, lui dit-il en relevant la tête vers elle.
- Je ne savais pas comment te le dire, lui répondit Sabrina. Antoine m'a d'abord conduit dans le fond du parking. Quelques minutes plus tard Laurent est arrivé en voiture. Antoine m'a dit qu'il ne m'avait jamais lâchée du regard, dès qu'ils m'ont laissé au club. A peine quelques semaines plus tard Daniel lui a demandé de me surveiller. Il a envoyé des gars surveiller que je travaillais toujours au club. Jusqu'au jour où tu es arrivée et que je suis partie sans crier gare, avec toi.
- Attends un peu, dit Jean en l'attirant contre lui, roulant sur le côté tout en la gardant contre lui, persuadé que sa chaleur lui permettrait de se sentir suffisamment bien pour qu'elle ose se livrer à lui. Pourquoi est-ce qu'ils ont fait ça seulement quelques semaines après t'avoir larguée là-bas ? Pourquoi pas avant ?
- Laisse-moi finir de te raconter s'il te plait, lui répondit-elle. S'il te plait. J'en ai vraiment besoin.
- D'accord mais garde quand même ça en tête. Vas-y. Raconte-moi.
- Laurent m'a parlé et a commencé à se foutre de moi, en me disant qu'il ne pensait pas que je retomberais sur mes pattes aussi vite. Il m'a remercié pour la visite des flics, ceux qui étaient venus récupérer mes affaires et l'argent qu'ils s'étaient faits en vendant mon scooter et le reste. Il a précisé que son cousin n'avait pas du tout apprécié et qu'il voulait justement me dire deux mots. Il a essayé de l'appeler mais ça sonnait occupé et ils m'ont donc gardé avec eux. Ils m'ont menacé à plusieurs reprises. J'ai voulu résister et leur dire que j'allais appeler les flics dès que possible et c'est là que Laurent m'a frappé et Antoine m'a rappelé qu'ils pouvaient aussi s'en prendre à toi si je ne me montrais pas assez gentille à son gout. C'est là que Daniel a appelé. Il m'a dit qu'il voulait "récupérer l'argent que je lui avais volé, plus les intérêts". J'ai essayé de leur dire que je n'avais rien volé et que je n'avais que récupéré mes affaires et tout ce qu'ils avaient gagné en vendant ce que j'avais. Il m'a traité d'idiote. Il m'a dit qu'il s'en foutait de ces miettes et que je lui avais pris beaucoup plus que de l'argent.
- Hein ?! Mais … tu leur as pris autre chose ? lui demanda Jean interloqué.
- Je ne leur ai rien pris je te le jure. Crois-moi je t'en prie.
- … Alors qu'est-ce qu'ils veulent ?
- C'est là que j'ai compris ... je ne leur ai rien pris de matériel. Je lui avais pris sa réputation. Il commençait à devenir un caïd. Avec son lot de trafics. Drogue, pièces de voiture et … des filles aussi. Mais moi je n'ai pas voulu et en plus il a subi les conséquences des "sanctions" qu'il m'a fait subir en me mettant à la rue. Et je leur ai bêtement permis de remonter jusqu'à moi avec FB. Il a vu où les filles habitaient, leurs études. Il lui a suffi de quelques déductions pour me retrouver. Et maintenant il veut prouver qu'il n'avait pas perdu une fille. Et il….
- Il veut quoi, te mettre sur le trottoir ? Demanda Jean, paniqué.
- Non. Il veut que je sois une escort-girl pour lui. Jusqu'au moment où il estimera que j'ai réparé le tort.
- S'il te plait. Ne me dis pas que tu comptes accepter.
- Si on va voir la police ils s'en prendront à toi ou moi, ou ils nous attaqueront d'une manière ou d'une autre. Si je tiens à toi…. Si je veux avoir une chance que la vie qu'on essaye de construire ne vole pas en éclat …… je n'ai pas le choix.
- On a toujours le choix. Toujours. Mais de toute façon quoi qu'il arrive ça nous arrivera à tous les deux. Tu sais bien que je ne te laisserai pas. Je ne comprends pourquoi tu ne m'as rien dit.
- Comment tu voulais que je te dise une horreur pareille. J'ai déjà assez honte comme ça.
- Honte ? T'es folle ou quoi ? Pourquoi tu aurais honte ? La seule erreur que tu aies faite est d'avoir rencontré un minable connard dont le cousin est une ordure. Tu n'as rien à te reprocher.
- A cause de moi tu es en danger. Tu m'as trouvée, tu m'as aimée, tu m'as amenée à être ici avec toi, où je reprends ma vie en main et … moi, qu'est-ce que je t'apporte à part … ça ?
- Tu m'apportes la seule chose qui m'est essentielle : ton amour. Le reste je m'en fous complètement. Alors maintenant tu vas te reposer et demain on pourra discuter plus posément et chercher une solution. Tu veux bien ?
- … je ne sais pas si on y arrivera. Je ….
- Ne le prends pas mal mon cœur mais il y a une chose que j'ai comprise à ton sujet : quand tu es fatiguée et que tu as peur tu as tendance, comme tout le monde, à paniquer. Donc ne réfléchis plus. Viens dans mes bras et endors-toi avec moi. Demain on réfléchira tous les deux à une solution. Tu es d'accord ? Au moins pour la première partie ?
- … d'accord.
Jean la prit dans ses bras, la serrant contre lui tandis qu'elle se blottissait à nouveau près de l'homme qu'elle aimait. Il sentit les larmes de son amie couler à nouveau dans le creu de son cou et déposa un baiser près de sa tempe. Il ne réalisait pas encore la gravité de la situation mais était persuadé qu'il y avait un moyen de se dépêtrer de ce sac de nœuds. Il était peut-être juste trop fatigué pour admettre la gravité de ce qui arrivait. Pour le moment il ne voulait que dormir.
Le lendemain matin, il se réveilla assez tôt et contempla son amie qui dormait toujours à poings fermés. Il repensa à tout ce qu'il avait appris la nuit précédente mais n'arrivait curieusement pas à en éprouver autant d'inquiétude qu'il pensait le devoir. Jean avait toujours été d'un naturel anxieux voire angoissé. Pourtant il continuait agir comme s'il y avait un moyen de se tirer de cette situation épineuse. Peut-être qu'il ne prenait tout simplement pas la menace suffisamment au sérieux en dépit de l'inquiétude, de la peur bien réelle que manifestait sa belle. Peut-être qu'il était tout simplement rendu inconscient par la sérénité qu'il ne pouvait s'empêcher de ressentir chaque fois qu'elle était entre ses bras.
Il se dit soudain qu'il ne devait pas y penser pour le moment. Il avait déjà pu constater que Sabrina avait le chic pour ressentir son inquiétude, tout comme il était parvenu à sentir son malaise alors qu'elle lui cachait si bien la réalité de la situation. Il se focalisa donc sur elle jusqu'à son réveil. Au final il se rendormit et fut réveillé moins de deux heures plus tard par la sensation douce et humide des lèvres de Sabrina se posant sur sa joue.
- Ça va mon ange ?
- Salut. Tu es réveillée depuis longtemps ?
- Non, ne t'en fais pas. Je commençais seulement à avoir faim. C'est pour ça que je t'ai réveillé mon cœur.
- Franchement, j'adore ça !!
- Tu adores quoi ?
- Etre réveillé comme ça. Bon !! Allez !! Je vais te préparer le petit déjeuner. Reste au lit. J'arrive.
Quelques minutes plus tard, Jean revenait avec un plateau. Tous deux mangèrent de bon cœur puis s'affairèrent à ranger ce qu'ils avaient laissé depuis la soirée de la veille. Après une toilette rapide, ils commencèrent à discuter de ce qu'elle avait fini par lui révéler.
- J'ai peur, tu sais. Je n'ai vraiment pas envie de …. Enfin, tu vois. Je sais qu'hier soir je …..
- Hé …intervint Jean en posant son doigt sur ses lèvres. Je sais très bien ce que tu voulais dire. Et je l'ai pris pour ce que c'était : une vrai belle déclaration d'amour. Et pour le reste, comme je pense qu'il faut qu'on en parle de toute façon, ce ne serait pas mal qu'on arrive à envisager les choses plus calmement.
- Les envisager calmement ? Mais tu te rends compte de ce qu'ils veulent ? Ils veulent que je …- Chérie, calme-toi, j'ai très bien compris. Mais je sais aussi que tu étais totalement paniquée hier soir. Je comprends et c'est carrément normal d'ailleurs. Mais je suis sûr que les choses ne sont pas aussi désespérées qu'elles peuvent en avoir l'air. Il faut qu'on réfléchisse calmement aux solutions qui peuvent s'offrir à nous.
- ….
- Tu sais, ajouta Jean en posant la paume de main contre la joue de sa belle, quand tu m'en as parlé hier j'ai eu l'impression de tomber d'un immeuble. Mais maintenant je suis certain qu'il y a encore une chance pour arranger les choses. Je veux dire : tu crois qu'ils iraient jusqu'à nous agresser physiquement ? Je ne sais pas si ce serait si facile. Et même si ça arrivait ils se mettraient en danger.
- De quoi tu parles ?
- Ben soyons juste logique : même s'ils s'attaquaient à moi, en faisant ça ils se révèleraient au grand jour. Et ça m'étonnerait qu'ils puissent ensuite faire de toi ce qu'ils voudraient. Sans parler du fait que tu sais qui ils sont. Et tu n'es pas la seule d'ailleurs, si tu te souviens bien.
- De quoi tu parles ?
- Ben mon cœur : les amis de Christophe qui t'ont permis de récupérer l'argent de leur "recel", si on peut dire. D'ailleurs je pense qu'on devrait avant tout l'appeler et le mettre au courant de la situation. Il pourrait peut-être nous mettre en relation avec son pote qui t'avait aidé, tu ne crois pas ?
Sabrina ne sut que répondre. Toute à sa panique elle n'avait même pas envisagé cette solution. Elle avait été si bouleversée, terrifiée et surtout totalement sous l'emprise de Laurent, Antoine et Daniel. Elle avait écouté Jean sans grande conviction jusque-là. Elle lui était si reconnaissante de ces efforts pour tenter de la rassurer. Mais sa dernière phrase avait simplement eu un effet similaire aux paroles menaçantes de ses tourmenteurs. Sauf qu'elle avait cette fois l'impression qu'une issue s'ouvrait sur son chemin là où son ex avait créé un éboulement qui l'avait prise au piège.
- Saby. Ma chérie, ça va ? Demanda Jean, inquiet de voir son amie restée interdite.
- Euh …. Oui, pardon mon cœur. Tout va bien. Tu vas trouver ça complètement idiot mais … je n'y avais même pas pensé. C'est fou, je … ça ne m'a même pas traversé l'esprit. Je suis vraiment bête. Comment j'ai pu …- Stop !! Tu n'es pas bête. Ils t'ont fait peur, ils t'ont même terrorisée pour te faire croire qu'il n'y avait pas d'alternative- ….. Merci, lui dit-elle en se jetant à con cou. Merci pour tout ce que tu m'apportes.
- Ben en même temps je ne t'ai pas apporté grand-chose. Je veux dire cette histoire n'est pas encore réglée.
- Mais tu es là à essayer de m'aider. Tu restes près de moi à essayer de me rassurer, quitte à te mettre en danger. Je t'aime tu sais. De tout mon cœur.
- Je sais bien miss. Mais par contre je pense qu'on devrait vraiment appeler Christophe et le mettre au courant. Et peut-être Pascal et Eve aussi d'ailleurs.
- Maintenant ?
- Le plus tôt sera le mieux. Ainsi on pourra discuter d'une façon de te sortir de ce guêpier. Ok ?
Sabrina se jeta sur son téléphone portable et chercha le numéro de son ancien patron. Ce dernier répondit presque aussitôt, ravi d'avoir des nouvelles de sa petite protégée. Jean entendit Sabrina lui expliquer la situation. Après quelques minutes d'échange elle raccrocha.
- Alors ? Demanda Jean. Qu'est-ce qu'il a dit ?
- Il m'a dit de ne pas paniquer et de ne rien changer à nos habitudes. Il va nous rappeler en début de soirée. Il m'a aussi dit de ne pas m'inquiéter mais de rester prudent lorsqu'on sortirait. Pareil pour toi.
- Bon. Il avait l'air inquiet ?
- Je ne saurais pas dire : tu sais Christophe est le genre qui a beaucoup de sang-froid : il ne montre pas grand chose. Mais je crois que ça l'a préoccupé.
- Normal en même temps. Bon !! Je vais appeler Pascal dans la foulée.
Au moment où Jean s'apprêtait à saisir son téléphone, celui de Sabrina sonna. Leurs regards se croisèrent et Jean se fit la réflexion que, malgré leurs efforts, les tourmenteurs de Sabrina avaient tout de même réussi leur coup en leur insufflant la peur dans leur quotidien. Sabrina regarda avec appréhension son téléphone et vit que c'était Amélie. Elle décrocha avec soulagement.
- Allo ?
- Salut ma belle. On est devant chez vous, vous voulez bien nous ouvrir. On arrive avec le repas pour ce midi.
- Quoi ? Mais Je ….
- Allez vite miss. Il fait un temps de chien dehors.
Le couple d'amis entra dans l'appartement, les bras chargés de cartons de pizzas. Tous deux embrassèrent Sabrina chaleureusement tandis que Jean s'affairait à préparer la table pour l'apéritif à venir.
- On s'est dit qu'il serait pas mal de finir la soirée en beauté, dit Benoit en souriant. Mais plus sérieusement : on était un peu inquiet pour vous hier et franchement on ne voulait pas vous laisser tous seuls. On en a beaucoup parlé hier soir avec Bastien.
- Avec Bastien ?
- Oui, lui et Ludivine sont venus finir la soirée chez nous avec Emilien, Kevin et les autres filles. Ça nous a tous secoué ce qui s'est passé hier. On a voulu un peu réfléchir à tout ça ensemble. Je veux dire : il y a forcément quelque chose que nous pouvons essayer de faire.
- C'est vraiment plus que gentil, commença Jean, mais honnêtement je ne crois pas que…- Arrête tes conneries Jean, intervint Benoit. Merde !!! Il y a des ordures qui vous menacent, toi et Saby. Des mecs qui vous suivent et qui veulent que ta copine fasse je ne sais qu'elle saloperie pour leur compte. Saby a été totalement bouleversée hier donc j'imagine bien que ce qu'ils ont demandé était quand même assez grave. Ça nous a tellement pris la tête à tous qu'on en a parlé plusieurs heures avant que tout le monde ne rentre se coucher. Mais s'il y a une chose de sûr c'est qu'on ne vous laissera pas tomber.
- C'est hors de question, intervint Sabrina. Je ne veux pas que vous risquiez quoi que ce soit pour….
- Trop tard, la coupa Amélie. On ne vous laissera pas tomber. Vous êtes nos amis. Quels genre d'amis on serait si on vous laissait dans la merde au premier coup de vent. Je suis sûr qu'à plusieurs on peut trouver une façon de sortir de là. D'ailleurs on a commencé à réfléchir.
- ……- Oui, mais pour réfléchir efficacement on a besoin de tout savoir, poursuivit Benoit. Sabrina, tu nous a dit hier qu'ils ne cherchaient pas à vous soutirer de l'argent. Mais dans ce cas, qu'est-ce qu'ils veulent ?
- …….je ….commença Sabrina en jetant un regard soudain honteux à Benoit et Amélie puis en cherchant du réconfort dans celui de Jean. Ce dernier prit la parole.
- Ils veulent qu'elle accepte d'être escort pour eux.
- Putain les fumiers, pesta Amélie. J'étais sûre qu'il y aurait quelque chose dans ce style-là. Ne t'en fais pas ma belle on ne va pas les laisser s'en tirer comme ça.
- Je ne sais pas quoi faire. Et s'ils s'en prennent vraiment à Jean à cause de moi. Et si …- Stop, la coupa doucement Benoit. D'abord il y a une chose que je dois te demander Sabrina. Essaie de te rappeler : ils t'ont interdit d'en parler à la police hier mais est qu'ils t'ont aussi défendu d'en parler à quelqu'un d'autre ?
- Oui, bien sûr. Mais je….je n'y suis pas arrivée. Je n'ai même pas réussi à garder ça pour moi. Je suis ….
- Intelligente, la coupa à nouveau Benoit. Tu es intelligente car maintenant on a une longueur d'avance sur eux. Même s'ils essaient de s'en prendre à Jean, lui sait qu'il doit être sur ses gardes. Et ça, ça lui donne une longueur d'avance. Par contre tu devrais aussi prévenir ton ex-patron, celui qui avait récupéré l'argent du recel. Il pourra peut-être trouver quelque chose à faire.
- C'est déjà fait, dit Jean. On l'a appelé juste avant que vous arriviez et on était sur le point d'appeler nos autres amis. Ceux qui nous ont aidé à nous installer ensemble.
- C'est une bonne idée. Vous devriez les appeler maintenant d'ailleurs.
- Par contre il y a une chose qui m'embête, dit Jean. Même si on fait tout ça et qu'on essaie de les empêcher d'obliger Saby à faire leurs saloperies, au final tant qu'on ne fera rien de direct contre eux ils pourront continuer par d'autres moyens. Et on ne peut rien faire contre eux.
- C'est ce que je pensais mais Kevin et Emilien ne sont pas d'accord, dit Benoit. Ils t'ont contacté non ? Ils ont donc dû se connecter et créer une boite mail pour ça. Donc ce serait possible de remonter jusqu'à eux. Donc sur ce point il y a forcément des choses de possibles. Pour le reste, je suis d'accord, il faudrait pouvoir les empêcher de vous suivre et pour ça il faudrait réussir à les griller voire à savoir où ils habitent pour pouvoir porter plainte. Parce que même avec des photos qui prouvent qu'ils vous harcèlent il n'y a pas grand-chose qu'on puisse faire si on ne sait pas où les trouver. Même la police ne pourrait rien faire. Mais peut être que ton patron va changer la donne.
- Je ne sais pas vraiment …… mais c'est gentil en tout cas d'essayer.
- Pour ça je ne m'en ferais pas si j'étais toi, dit Amélie. J'ai déjà vu Kevin craquer la sécurité du site de la fac pour obtenir l'adresse d'une fille et lui faire livrer des fleurs à domicile. Celui-là quand il veut quelque chose il l'obtient. Comment tu crois qu'il a séduit Natacha ?
- En parlant de séduire, j'en connais une qui était super contente hier soir d'être venue à la maison, dit Benoit.
- Oui, je crois que j'ai deviné, dit Jean. Ludivine ?
- Gagné : elle ne lâchait pas Bastien des yeux. Ce n'était pas la première fois mais ça ne m'étonnerait pas qu'ils finissent ensemble.
- Hé ben comme ça on serait cinq couples. Pas mal : si on arrive à les convertir ça fera des soirées débridées en perspectives, dit benoit en plaisantant.
Tous se mirent à rire de bon cœur et commencèrent à profiter de l'apéritif. L'ambiance se détendit un peu pour tous et les conversations s'orientèrent sur les examens qui approchaient, les éventuels et rares retards de révision.
Benoit n'était bien entendu pas en reste et les examens terminaux étaient sur le point d'arriver mais il restait relativement serein. Tout se passait très bien et la journée se déroula dans la bonne humeur, ce qui laissa l'occasion de quelques débordements de caresses entre Amélie et Sabrina, laquelle était au centre des attentions car chacun pouvait ressenti une certaine nervosité qui persistait chez la jeune femme.
Le téléphone de Sabrina sonna à nouveau et cette dernière sursauta en voyant le nom de l'appelant. Elle décrocha ainsi précipitamment.
- Allo ?
- Allo ! Sabrina ? C'est Eve. Comment tu vas ma belle ?
- Euh …. Je ….
- Oui, pas très bien je m'en doute. Christophe a appelé Pascal ce midi. Il nous a raconté toute l'histoire. Tu peux nous mettre sur haut-parleur s'il te plait ?
- Oui, oui.
- Allo ? Jean, vous nous entendez bien ?
- Oui, c'est bon. On est avec des amis. Ils sont au courant aussi de …. Tout ce merdier.
- C'est parfait, leur dit la voix de Pascal. Dans une situation comme celle-là, plus on est entouré et mieux c'est. Donc Christophe nous a appelé et nous a dit les grandes lignes. Il ne pourra pas vous appeler car il y a beaucoup de travail ce soir au club. Mais il vous fait dire qu'il a d'ores et déjà prévenu son pote de la gendarmerie et qu'il va faire le nécessaire pour retrouver l'adresse de ces gars-là. Ils étaient fichés donc leurs noms et leurs domiciles doivent rester connus, surtout s'ils sont encore domiciliés à Clermont-Ferrand.
Par contre il faudrait que tu lui envoie les mails qu'ils t'ont envoyés. Si on arrive à prouver que ce sont eux tu pourras porter plainte. Le problème c'est que s'ils ne sont plus là-bas on ne pourra pas faire grand-chose.
- Oui, on s'est faite la même réflexion, intervint Benoit. Je m'appelle Benoit, ma copine était là hier soir pendant la soirée où Sabrina à disparue.
- Enchanté Benoit. Mais il y a peut-être une solution. Ne nous en veut pas Sabrina mais on a appelé Nicolas et Sylvain pour en parler ensemble. Ils sont tombés des nus en apprenant ce qui vous arrivait. Ils sont arrivés à la même conclusion que nous : même si on arrive à prouver que ce sont eux qui vous harcèlent, si on ne peut pas les trouver et donc les atteindre ça ne servira à rien. Donc Nicolas a eu une idée : faire appel à un professionnel.
- Quoi !!! S'exclama Jean. Vous êtes dingues !! On ne peut pas faire ça !! Vous allez avoir des ennuis !!! C'est illégal !!!
- Jean calme-toi, lui dit Amélie, je ne pense pas qu'ils envisagent ce que tu crois. Tous entendirent subitement les rires d'Eve et de Pascal au téléphone.
- Mais qu'il est bête. On ne parlait pas de ce genre de professionnels, Jean, lui dit Eve, encore secouée de rire. Non, Nicolas nous a dit avoir déjà eu recours aux services d'un détective lorsqu'il avait constaté des vols sur ses chantiers sans que la police n'ait pu faire quelque chose. Il a dit qu'il allait voir avec lui. Normalement il sera vers chez vous d'ici après-demain. Le but est d'arriver à les localiser en les repérant s'ils continuent à vous suivre. Selon Nicolas, ils vont continuer de chercher à intimider Sabrina donc ils vont forcément encore se manifester.
- C'est une excellente nouvelle. De notre côté on en a discuté hier entre amis, dit Benoit qui, fidèle à son habitude dès qu'il s'agit de question d'organisation, a pris la direction de la conversation. On a quelques amis qui sont très calés en informatique et qui vont essayer de les repèrer via les mails qu'ils ont envoyés. On va leur apprendre à ces ordures !!! Ils croyaient abuser d'une pauvre fille sans défense. Ils vont tomber sur toute une troupe de copains et de connaissance très remontés.
Jean et Sabrina étaient médusés de voir Benoit jubiler à ce point, mais Amélie le regardait en souriant. Elle savait que son ami s'était toujours distingué par une profonde aversion pour l'injustice. Or ce qui se passait était pour lui le comble de l'injustice. Durant toute la nuit il n'avait cessé de débattre avec les autres garçons sur la meilleure façon de résoudre la situation. C'est en fait lui qui avait encouragé Kévin et Emilien à chercher une solution pour localiser les agresseurs de Sabrina, même si ces derniers doutaient que cela puisse être d'une grande utilité. Il n'admettait pas qu'on puisse s'acharner sur une personne qui n'avait rien fait pour le mériter. Soutenu par Cassandra et Natacha, il avait rapidement obtenu gain de cause et ces derniers avaient promis de s'y mettre dès le lendemain et de les tenir au courant.
- Quel enthousiasme !! dit Eve au téléphone. Mais je suis d'accord avec toi, Benoit c'est ça ? ils ne sont pas seuls. Ils ont de la chance d'avoir des amis comme vous.
- Oui, mais les choses ne sont pas si simples, intervint Jean. Pour le moment il faut surtout s'assurer qu'ils ne vont pas tomber sur elle.
- Ou sur toi, ajouta Sabrina. S'ils te faisaient du mal je ne pourrais pas me le pardonner.
- Tout va bien se passer Saby, dit Pascal. Pour le moment on s'organise et je suis certain que tout va bien se passer. C'est surtout important que vous ne paniquiez pas tous les deux. Maintenant Sabrina, tu n'es plus seule. Tu as des amis avec toi, tu nous as nous et Christophe et, plus important, tu as Jean. Donc pour le moment profite de ta fin de weekend. Amusez-vous et on revient vers vous dès qu'on a confirmation pour le détective de Nico, d'accord ?
- Ne vous en faites pas, on va prendre soin d'elle dit Amélie en commençant à masser les épaules de Sabrina en lui faisant une grosse bise sur la joue.
- Arrête tes bêtises, dit Sabrina en sentant son amie avancer son visage près de son cou et y déposer un petit baiser qui la fit frissonner.
- Bon allez, termina Pascal, on va vous laisser les jeunes. On se rappelle dans quelques jours, dès que Nicolas aura eu un premier retour de son gars. En attendant prenez bien soin et soyez prudents tous les deux.
- On vous embrasse, ajouta Eve avant de couper la communication.
Sabrina lança à son ami un regard embué de larmes où se lisait l'espoir, la joie ainsi qu'une excitation croissante dont les baisers furtifs d'Amélie semblaient être la cause.
- Ils sont vraiment sympas vos amis, dit Benoit. C'est bien qu'ils aient trouvé cette solution. Ils doivent avoir les moyens car généralement c'est pas donné. Enfin … on dirait que Saby se détend bien non, pas vrai ma chérie ?
- Je confirme. Je sais y faire pour détendre mes amies, môa, ajouta-t-elle avant de picorer à nouveau le cou de la blonde de tendres et langoureux baisers qui, lentement mais surement, arrachèrent des soupirs de plus en plus prononcés à Sabrina.
- Je ne vois pas ce qu'il y a de mal à profiter de toute la tendresse qu'on veut bien me donner, dit Sabrina entre deux soupirs. Heureusement que Jean m'a cajolé hier soir et ce matin. Je ne sais pas ce que j'aurais fait s'il n'avait pas été près de moi.
- Tu aurais sans doute appelé Amélie et Benoit, dit Jean en souriant.
- T'es bête. Ça aurait été agréable mais tu sais que ce n'est rien à côté de toi.
- Ben en attendant profite mon amour. Je vais débarrasser et je reviens.
- Je te suis, dit Benoit après avoir jeté un coup d'œil aux deux femmes qui s'embrassaient désormais tendrement, laissant leurs mains caressantes se perdre dans leurs cheveux et sur leurs corps.
Les deux hommes en profitèrent pour discuter un instant et Benoit était ravi de la tournure que prenait les évènements. Il confia à Jean qu'il avait depuis hier l'impression d'être dans un film policier. Jean s'apprêtait à aller contempler le spectacle de sa belle et de leur amie, lesquelles étaient désormais franchement occupées à s'embrasser et se lécher mutuellement sur le canapé, lorsqu'il réalisa le monceau de sac que lui et ses amis avaient laissé dans le coin cuisine. Il se mit alors en tête de s'occuper de descendre les ordures avant de commander le repas du soir une fois que les choses se seraient calmées.
Il enfila rapidement ses chaussures, et jeta un regard sur Sabrina, occupée à se faire lécher par Amélie tandis que cette dernière profitait des doigts de son ami.
- Je descends tout ça et je reviens tout de suite. Ne termine pas avant que je revienne, Saby.
- Dépêche-toi mon cœur. Je t'attends.
Il descendit rapidement les marches, poussa la porte à sa droite menant au local d'ordures ménagères, localisa rapidement la benne et y jeta les sacs avant de faire demi-tour.
Il sursauta d'abord devant la silhouette encapuchonnée qui se tenait à moins de cinquante centimètres de lui mais parvint tout de même à éviter le coup qu'elle tenta de lui asséner en plein visage. En une fraction de seconde il venait de comprendre que les tourmenteurs de sa belle n'avaient pas l'intention de se contenter de la menace de la veille. Ils voulaient montrer à Sabrina qu'ils n'étaient pas là pour plaisanter. Il porta quant à lui un violent coup d'épaule à son assaillant afin de le repousser hors du local. Ce dernier recula puis se ressaisit alors que Jean plaquait désormais son dos en saisissant le bras droit, toujours levé, de son opposant. Il tordit ainsi le bras de la silhouette et recula d'un pas ample afin de la faire basculer vers l'avant, comme il l'avait si souvent fait avec ses condisciples sur le tatami. Sauf que cette fois il ne comptait pas faire preuve de bienveillance. Tout en maintenant fermement le bras de la silhouette qui ne pouvait que se débattre, il s'accroupit brutalement, plaquant son opposant au sol, la tête de ce dernier heurtant le carrelage froid avec violence dans un son mât.
- Qui t'es, toi, espèce de connard ?! Lui demanda Jean, conscient qu'il devait jouer la carte de l'ignorance.
Il n'eut pas le temps d'entendre la réponse.
Un choc violent au côté droit du visage vint le balayer et le fit s'effondrer. Il tenta de se ressaisir et ouvrit les yeux quand il vit une chaussure lui porter un second coup de plein fouet dans le thorax, lui coupant de souffle. Il parvint tout de même à se mettre à genou et à voir son nouvel assaillant essayer de lui porter un troisième coup de pied. Il se jeta sur la jambe de son assaillant et tenta de la tordre en pivotant pour le déséquilibrer. Malheureusement celui qui avait été plaqué au sol s'était déjà relevé et le saisit par derrière, lui enserrant le cou. Jean tenta d'attraper la main qui l'étranglait pour s'en dégager lorsqu'il ressentit un nouvel impact sourd en plein visage. Il ressentit un violent craquement puis s'effondra. Sonné, il n'eut que le temps d'entendre des pas précipités se ruer vers l'extérieur.
Il porta sa main à son visage et ressentit la sensation humide et visqueuse de son sang ruisseler sur son front.
- Ils sont partis. Ils ne lui feront rien, eut-il encore le temps de penser avant que tout ne s'obscurcisse.
Là, dans le hall froid de l'immeuble, il sombra dans l'inconscience.

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