Grands moments de solitude (2)

- Par l'auteur HDS Exorium -
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Récit libertin : Grands moments de solitude (2) Histoire érotique Publiée sur HDS le 28-09-2018 dans la catégorie Plus on est
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Grands moments de solitude (2)
Pauline s’est penchée sur moi.
– Tu dors plus ?
– Plus vraiment, non.
– On va chercher des croissants alors ?
– Allez…Au-dehors, le soleil était déjà haut. On s’est engagées sur le petit chemin bordé d’ajoncs, derrière, à droite. C’était un raccourci, sûrement.
– Il y a un sacré beau petit poulet, Julien, hein !
Ça, j’allais pas dire le contraire, mais c’était pas un scoop. Il y avait longtemps qu’on le savait.
– Oui, mais on avait pas tout vu. Tandis que maintenant…Elle s’est absorbée un instant dans ses pensées et puis…– Elles sont à croquer ses petites fesses, n’empêche ! Comment je me suis régalé les yeux, moi ! Pas toi ?
– Oh, que si !
– Tu l’imaginais comment sa queue ?
– Je sais pas. Je…– Me dis pas que tu y as pas pensé. Toutes, on essaie de se représenter comment ils les ont faites, les mecs. Toutes ! Et à moins d’être vraiment coincée du cul. Ce qu’est loin d’être ton cas. Alors ?
– Quand je me l’imaginais, c’était plutôt en train de bander. Tandis que là, hier soir…– C’était loin d’être le cas, c’est sûr. Oh, mais ça viendra. Parce qu’à nous trois, ce serait quand même bien le diable qu’on n’arrive pas à lui faire donner sa pleine mesure.
Quand on est rentrées, Chloé et Julien venaient de se lever.

* **
On a fait plage, plage et encore plage. Avec, de temps en temps, une incursion dans l’eau. Plage jusqu’à midi. Plage l’après-midi. Plage jusqu’au dîner. Qu’on a pris dehors, face à la mer.
On venait juste de terminer quand Julien a réclamé.
– Elle devait pas nous raconter quelque chose, Océane ?
– Si ! Oui. Elle a promis.
– Allez, vas-y ! On t’écoute.
Ils se sont tous confortablement installés et je me suis lancée.
– C’était il y a trois ans. Pour mon anniversaire. Mes vingt ans. Elle s’était vraiment pas fichue de moi, ma tante Aline. Un gros billet, elle m’avait donné. Mais vraiment un très très gros billet. « Tiens, tu t'achèteras ce que tu veux. » Ce que je voulais ? D’abord, pour commencer, un jean. Un jean de marque bien moulant, bien serré, que j’avais remarqué, en vitrine, depuis des semaines et des semaines, mais que je n’avais absolument pas les moyens de me payer. Alors vous pensez bien que j’ai foncé, toutes affaires cessantes, jusqu’au magasin.
– On aurait fait la même chose.
– Et là… Là… Non, mais c'était pas vrai ! Évidemment ! Évidemment, comme par hasard, il y avait plus ma taille. À moins que… le trente-huit peut-être… J'avais pas mal perdu ces derniers temps. Alors ça allait le faire. Il allait bien falloir que ça le fasse n'importe comment. J'en avais trop envie. Et, dans la cabine, j'ai tiré, insisté. Je me suis tortillée, cabrée. J’ai rentré le ventre. J’ai ondulé. Et j’ai enfin réussi à me faufiler dedans. Sauf que… pas moyen de le fermer. Même avec la meilleure volonté du monde, impossible. De trois bons centimètres il s’en fallait. Inutile d’insister. Et, la mort dans l’âme, j’ai entrepris d’en sortir. Nouveaux tortillements. Nouveaux déhanchements. La culotte a suivi. J’ai tenté de la retenir, de la ramener. Mais elle s’était complètement emberlificotée avec. Tant pis. Pas grave. Je la récupèrerais en l’enlevant, le jean. Seulement en bas, à hauteur des chevilles, ça a coincé tout ça. Et que je te tire. Et que j’essaie de m’aider d’un pied, de l’autre, pour en sortir. Et que je m’énerve. Putain ! Mais ça va le faire, oui ? Ça va le faire ? Que je m’énerve de plus en plus.
– Je t’imagine bien.
– Et qu’à force de me démener, je perds l’équilibre. Je me rattrape, vaille que vaille, à ce qui me tombe sous la main. Le rideau. Le rideau de la cabine. Je m’agrippe de toutes mes forces à lui. Avec tant de conviction qu’il cède. Que j’arrache tout. Rideau, tringle et support. Et que je m’étale de tout mon long au beau milieu du magasin, le cul à l’air, sous les regards abasourdis des vendeuses et des clients – une bonne dizaine – figés dans une immobilité stupéfaite.
– Oh, la honte !
– Tu l’as dit, Chloé, tu l’as dit ! Sans compter que… va te relever, toi, quand t’es entravée, comme je l’étais, aux chevilles, par ce foutu jean et la culotte. T’y arrives d’autant moins que tu veux te dépêcher. Et t’as tout du scarabée qui pédale dans le vide. Heureusement qu’une employée compatissante s’est rapidement portée à mon secours, qu’elle m’a aidée à me redresser et qu’elle m’a guidée, à petits pas ridiculement lents, à cause, toujours, de ce jean et de cette culotte que je traînais comme des boulets, jusqu’à une autre cabine. Il y avait quoi ? Deux mètres jusque là. Qui m’ont paru des kilomètres. Une éternité. Je me suis laissée tomber sur le tabouret. Épuisée. Meurtrie. La vendeuse est allée me chercher mes affaires, s’est discrètement éclipsée. De l’autre côté du rideau, il y a eu un rire. Masculin. Un autre. « Non, mais t’as vu ce petit cul ? » D’autres mots que je n’ai pas compris. Et puis une voix de femme. « Elle pourrait se le débroussailler un peu quand même ! ». Encore des rires. Moqueurs. D’autres. Le silence. Je me suis désincarcérée du jean. Je me suis rhabillée. Et maintenant ? Ben, maintenant, il allait falloir sortir. J’avais beau tergiverser, m’efforcer de gagner du temps, je n’avais pas d’autre choix, de toute façon, que de m’extirper de là-dedans. Alors j’ai pris ma respiration, bien à fond, et je me suis bravement lancée. J’ai traversé le magasin. Sans regarder personne. Avec une seule idée en tête : atteindre la porte. L’atteindre le plus vite possible. La main sur la poignée. Enfin ! « Et revenez quand vous voulez, hein ! Tout le plaisir sera pour nous. » Le patron. Il m’a bien semblé que c’était le patron. Mais j’étais dehors. J’étais sauvée.
– Et t’es allée t’acheter ton jean ailleurs…– Même pas, non. L’envie m’en était complètement passée du coup. Des tonnes de musique je me suis pris à la place.
J’ai machinalement jeté un coup d’œil sur l’entrejambes de Julien. Il bandait. Il bandait comme un furieux.

* **
Quelque chose m’a réveillé dans la nuit. Un souffle précipité. Un halètement plutôt.
Pauline a chuchoté à mon oreille.
– C’est Julien. Il se branle.
Ça s’est accéléré. Il y a eu des chuintements. Il a respiré de plus en plus vite. De plus en plus fort. Et puis ça s’est apaisé. Arrêté.
Chloé a ri.
– Eh ben, dis donc, Julien ! Faut pas se gêner !
– Désolé. Je croyais que…– Qu’on dormait. Ben non, c’est raté. Moi, en tout cas, je dormais pas.
– Ni nous non plus.
– Vous êtes trop mignonnes toutes les trois aussi ! Comment vous voulez résister ? C’est pas possible, ça. Dès que je pense à vous…– C’est pas une raison. On ne se comporte pas d’une façon aussi éhontée en présence de pures jeunes filles.
Il a eu une petite toux dubitative.
– Comment ça ? On n’est pas de pures jeunes filles ?
– Oh, si !
Sur un ton moqueur.
– Fiche-toi bien de nous ! En plus… Bon, ben tu sais pas, pour la peine, demain matin t’iras nous chercher les croissants. Et, nous, pendant ce temps-là, on statuera sur ton cas. Parce que faut peut-être bien quand même envisager des sanctions.
Pauline s’est réjouie, à voix basse.
– Je sens qu’on va bien s’amuser.

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