Hébergement d'urgence (14) - histoire érotique

– Tu vas prendre racine.
Ça faisait bien dix minutes qu’elle hésitait, en petite culotte noire, devant la penderie. Qu’elle en extirpait une robe, l’étendait devant elle, la remettait en place avec un soupir, en sortait une autre.
– Rigolez pas ! C’est pas drôle. Je sais pas quoi me mettre.
– T’as pourtant que l’embarras du choix.
– C’est justement !
– Tu veux que je décide à ta place ?
Elle a haussé les épaules.
– C’est peut-être bien ce que vous allez finir par devoir faire, à force, si vous voulez pas que je descende servir au magasin comme ça.
– T’aurais ton petit succès.
– Oh, ça, il y a des chances, mais bon…Elle s’est finalement déterminée, après encore bien des tergiversations, pour sa petite jupette noire. Avec un haut rouge.
– Ça me va ? Ça fait pas trop…– Pas trop quoi ?
– Je sais pas. Pas trop… Parce que je suis au boulot quand même.
– Mais non ! Ça va très bien. Allez, viens ! On va déjeuner.

Elle a servi le café. S’est assise.
– Il a pas dû beaucoup dormir cette nuit, notre petit serveur blond, je suis sûre. Il a dû se tourner et se retourner dans son lit en se demandant ce qu’on lui voulait au juste.
– Ah, ça !
– Et surtout ce qu’il allait faire. Parce que je serais toute seule encore, il hésiterait pas une seule seconde. Il foncerait. Un mec normalement constitué, quand une nana pas trop mal foutue se jette à son cou, il réfléchit pas. Il saute sur l’occasion. Seulement là, on est deux. Et pas du tout du même âge. Ça doit pas lui paraître trop clair ce qu’on veut. Des fois qu’il y ait un loup quelque part, que ça finisse par lui retomber, d’une façon ou d’une autre, sur le coin de la figure. Alors il hésite. Il se méfie. Mais je vous parie quand même ce que vous voulez que la curiosité, conjuguée à la perspective de pouvoir éventuellement me tirer, sera la plus forte. Et qu’avant ce soir, demain au plus tard, il aura appelé. Et il y aura plus qu’à…Elle s’est levée, a repoussé sa chaise. Et constaté…– En attendant, celui de l’annonce, là, on n’a pas de nouvelles.
– Oh, mais faut lui laisser un peu le temps aussi ! Il a peut-être pas que ça à faire.
– À moins qu’il ait changé d’avis. Qu’il ait trouvé mieux. Ou que nos tronches lui reviennent pas. Ou bien encore que ce soit qu’un fantasmeur. Ou un collectionneur de photos.
Elle a haussé les épaules.
– On verra bien. On n’attend pas après lui, n’importe comment. On a d’autres cordes à notre arc.

* **
Elles se sont regardées, stupéfaites. Jetées au cou l’une de l’autre.
– Coralie !
– Emma ! C’est pas vrai ! Mais qu’est-ce tu fais là ?
– Ben, et toi ! Tu bosses ici ? Si je m’attendais…Des clientes sont arrivées. Elles se sont discrètement éclipsées. Et n’ont fait leur réapparition qu’une bonne heure plus tard.
– Bon, ben j’y vais ! Mais on se rappelle, hein ! Et on se tient au courant.
Elle l’a raccompagnée jusque sur le trottoir. Où elles sont encore restées une bonne dizaine de minutes à discuter.

Au retour, elle avait les yeux brillants, les pommettes enflammées.
– Désolée… Je vous laisse faire tout le boulot.
– Oh, il y a pas grand monde ce matin.
– C’était Emma.
– J’avais cru comprendre, oui !
– Et Emma, c’était une fille de la gym, là-bas. Je vous ai bien raconté… Et alors vous savez quoi ? Peut-être qu’il va les reprendre ses cours, Maxime. C’est pas sûr, mais peut-être bien… Et alors si c’est ça, si c’est vraiment ça, je peux vous dire que je vais y courir, moi, là-bas ! Et ça va pas boîter !
– C’est pas parce que…– Je sais ce que vous allez dire, je sais ! Il y sera peut-être plus, Hugo. Probable même… Mais ça fait rien. C’est pas grave. Il y en aura peut-être un autre. Sûrement même. Le connaissant, Maxime… Ah, mais je peux vous dire que je vais surveiller tout ça de près, moi, si jamais ça recommence, et que s’il doit se passer quoi que ce soit… Bon, mais c’est pas tout ça ! Faudrait peut-être que je bosse un peu…
Elle a ouvert un carton, commencé à vérifier la marchandise. Raturé, reraturé et rereraturé le bordereau.
– C’est quoi ce bordel ? Qu’est-ce qu’ils m’ont fabriqué ? J’y retrouve plus rien.
– C’est surtout que t’es pas à ce que tu fais.
– Mais si ! Non, en fait. J’ai tout qui remonte de là-bas. À cause de ce qu’elle m’a dit, Emma. De ce qu’on a dit. Du coup, j’arrête pas de les revoir en train de s’enculer, les deux autres. Je peux plus penser qu’à ça. Et ça me donne envie. Vous pouvez pas savoir comment ça me donne envie !
– Eh bien, le plus simple… Monte l’assouvir ton envie !
– On pourrait pas fermer plutôt ?
– Fermer ? Mais il est qu’onze heures.
Quelque chose de très sombre, d’animal, de conquérant est passé dans son regard.
– C’est que… C’est que, ce que je voudrais, ce qui me tente vraiment, dans l’état où je suis là, c’est de vous faire le cul.
J’ai souri.
– Carrément ! Eh bien, va fermer alors !
Elle ne se l’est pas fait répéter deux fois. Elle a baissé le rideau.
– Qu’on puisse le faire ici. Au magasin. Ce sera encore mieux. Attendez, je reviens !

Presque tout de suite. En brandissant un gode-ceinture double.
– Un côté pour vous et un côté pour moi. Bon, mais allez ! Laissez-moi faire… Laissez-vous faire…Elle m’a débouclé ma ceinture, déboutonné mon pantalon, me l’a descendu, avec le boxer, tout ensemble, jusqu’en bas. J’en suis sorti. Un pied, puis l’autre.
Elle m’a effleuré la queue. S’en est éloignée, y est revenue, me l’a décalottée bien à fond.
– Bon, mais pour le moment on en est pas là… Tournez-vous !
Elle m’a appuyé au creux des reins pour me faire pencher, à l’équerre, sur la caisse. Il s’est passé un peu de temps et puis il y a eu ses doigts.
– Écartez bien !
Qui ont abondamment enduit de gel, en cercles concentriques, l’entrée de mon orifice. Qui s’y sont introduits. Qui se sont retirés.
– Bougez pas ! Vous bougez pas, hein ?
Elle m’a doucement pénétré avec le gode, s’est, peu à peu, enfoncée, installée. Et elle s’est mise en mouvement. À grands coups de boutoir. Lentement, mais profondément. En accompagnant, chaque fois, sa poussée d’un petit sanglot de satisfaction.
Ça s’est brusquement accéléré. Elle a ahané. Et hurlé.
– Je t’encule ! Je vous encule ! Je vous fais le cul ! Je vais jouir ! Je jouis !
Et elle l’a rugi son plaisir. Elle l’a mugi. Elle l’a feulé. Tout en allant chercher le mien, de l’autre côté, d’une main impatiente.

* **
On n’a pas rouvert tout de suite.
– C’est calme n’importe comment le lundi.
On est montés. On s’est étendus sur son lit, côte à côte.
– Depuis le temps que j’en avais envie ! Mais là, d’avoir repensé à tout ça. En plus ! Je pouvais plus y tenir, moi ! Vous avez aimé, vous ?
– J’ai pas aimé. J’ai adoré.
– J’ai vu. Et entendu. Mais ça, j’en étais sûre.
Elle a posé sa tête sur mon épaule.
– Vous savez… pour ce que je vous ai dit au début… Qu’on coucherait jamais ensemble tous les deux. Eh bien, c’est plus vraiment d’actualité. On le fera, mais avant…– Avant ?
– Ce sera à votre tour de m’enculer. Parce que j’aime trop ça l’idée qu’un homme me vienne derrière avant de m’être venu devant. Depuis des mois je fantasme là-dessus comme une petite folle ! Et même… Vous allez me trouver complètement tordue, mais tant pis ! Et même… Le fin du fin, ce serait qu’en même temps que vous me ferez le cul, vous ayez, vous aussi, un mec dedans derrière. Le serveur blond. Ou le type de l’annonce.
– Encore faudrait-il qu’ils se manifestent.
– Oui, ben s’ils le font pas, on en trouvera d’autres. Ça, c’est pas un problème.