Hébergement d'urgence (6)

- Par l'auteur HDS Exorium -
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Récit libertin : Hébergement d'urgence (6) Histoire érotique Publiée sur HDS le 21-11-2018 dans la catégorie Entre-nous, hommes et femmes
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Hébergement d'urgence (6)
Elle était attablée, dans la cuisine, les seins nus, devant un grand bol de café au lait et quatre immenses tranches de pain braisé qu’elle avait recouvertes d’une épaisse couche de beurre.
– Tu vas manger tout ça ?
– Et comment ! Je crève la dalle, moi, ce matin !
– Il dort encore, Baptiste ?
– Non, il est parti bosser. Complètement sur les rotules. Parce que je sais pas si vous avez entendu, mais on a joué les prolongations, nous, après.
Et elle a mordu, à pleines dents, dans sa deuxième tartine.
– Je peux vous demander… vous avez aimé ça, nous voir ?
– Tu parles si j’ai aimé !
– Vous prétendriez le contraire… Non, vous étiez à la fête, c’est clair. Oh, mais on recommencera, hein, vous inquiétez pas ! Parce que vous avez pas idée de comment il y tient, Baptiste, à que ça se passe devant vous. Au moins de temps en temps. Il y avait plus de huit jours qu’au téléphone il me parlait plus que de ça. Et comme moi, de mon côté, je suis prête à en passer par tout ce qu’il veut pour qu’on n’arrête pas de se voir tous les deux. Et quand je dis se voir, c’est façon de parler. Parce qu’aucun mec m’a jamais fait jouir comme ça avant, moi. Jamais ! Et Dieu sait pourtant que j’en ai eu.
Elle s’est attaquée à une nouvelle tartine.
– Cela étant, faut pas croire non plus que c’était juste pour lui faire plaisir à lui, hein ! J’y ai trouvé mon compte, moi aussi… Oh, ben oui, attendez ! Avoir quelqu’un, comme ça, à côté, qui regarde, et qui se contente pas de regarder, c’est forcément un plus.
Elle a esquissé un demi-sourire.
– Et puis, ça m’a donné l’occasion de faire un vœu. Parce que c’était la première fois que j’en voyais une en vrai, une queue de quelqu’un de votre âge.
– Et c’était quoi, le vœu ?
– Parce que vous croyez que je vais vous le dire ? Non, mais vous rêvez pas un peu, là ?

* **
On venait tout juste d’ouvrir le magasin quand son portable a sonné.
– C’est lui ! Allô, oui, Baptiste ! Quoi ? Comment ça ? Dans la cabine d’hier ? T’es vraiment complètement fou. Mais oui, je vais le faire, oui. Tu veux tout de suite, là ? Non ? Quand alors ? T’es vraiment tordu un max, toi, hein ! Oui, c’est ça, à tout à l’heure. Moi aussi, je t’embrasse.
Et elle a raccroché.
– Il va rappeler. À onze heures. C’est là qu’on a le plus de monde. Il veut qu’on fasse un truc, lui et moi.
– Quoi, comme truc ?
– Que j’aille dans la cabine où on était hier et que je m’assoie sur le tabouret, la culotte descendue sur les chevilles, en m’arrangeant pour que mes pieds dépassent sous le rideau. Et un peu la culotte aussi, du coup. Mais pas trop quand même. Lui, pendant ce temps-là, il me chauffera plein pot au téléphone. Et la prochaine fois que vous vous verrez, tous les deux, il vous demandera si je l’ai vraiment fait et comment ça s’est passé.
– Faut pas que tu te sentes obligée à quoi que ce soit non plus, hein ! Je peux avoir beaucoup d’imagination quand je veux.
– Oh, non, non ! Ça me porterait malheur de lui mentir. Et puis n’importe comment…– Ça te déplaît pas vraiment.
Elle n’a pas répondu. Elle s’est éclipsée en réserve.

* **
Il a appelé à onze heures tapantes. Un bref regard sur les quatre clientes qui tournaient ça et là dans le magasin et elle a pris le chemin de la cabine dont elle a tout aussitôt tiré le rideau sur elle.
Ça n’a d’abord été, presque tout de suite, que le bout des pieds. Le bout du bout. Et sa voix au téléphone. Tout bas. Tout feutré. Cinq bonnes minutes durant. Au bout desquelles ses pieds ont fini par apparaître dans leur intégralité, maintenus étroitement liés l’un à l’autre par la culotte tombée sur les chevilles, une jolie petite culotte verte qui a affleuré, en bas, à la lisière du rideau.
Les clientes allaient, venaient, sans paraître se rendre compte de quoi que ce soit. À l’exception d’une jeune femme blonde, tout de noir vêtue, qui a longé la cabine à plusieurs reprises, qui a ralenti à sa hauteur, tendu l’oreille et qui, après être s’être emparée d’une robe au hasard, en toute hâte, sur le premier portant venu, s’est engouffrée dans celle d’à côté.
La voix de Coralie, au téléphone, s’était faite plus rauque, plus hachée. Son souffle, quand elle ne parlait pas, qu’elle écoutait, se faisait plus court, plus haletant. En bas, la petite culotte verte était écartelée par deux pieds – deux jambes – qui ne rêvaient manifestement que de se dépêtrer d’elle pour s’ouvrir au large. Ce qu’ils ont fini par faire, d’un coup, rageusement, s’éloignant, leur liberté pleinement retrouvée, tout aussitôt au maximum l’un de l’autre.
Elle a balbutié son plaisir, à petits sanglots contenus, étouffés, le pied gauche dressé sur la pointe des orteils, le droit râclant furieusement la moquette. Le silence. Il s’est passé un peu de temps et puis elle est venue me rejoindre à la caisse, les yeux brillants, les pommettes écarlates.
– Tu devrais quand même aller récupérer ta culotte !
– Wouah ! C’est pas vrai que…Elle s’est précipitée, l’a promptement renfilée, à l’abri du rideau, est revenue.
– Je sais plus où j’ai la tête.
– Je vois ça, oui !
– Mais c’était trop bien. Il sait trouver les mots qu’il faut, ce salaud ! Et puis refaire ça exactement au même endroit qu’avec lui hier… Sur le même tabouret…La fille est sortie à son tour, est allée tranquillement remettre la robe sur le portant.
– Mais il y avait quelqu’un à côté !
– Ben oui, comme tu vois…– Je savais pas. Je me suis pas rendu compte. Elle a entendu, vous croyez ?
– Ça, ça fait pas l’ombre d’un doute. Vu que moi, d’ici, à la caisse, j’entendais, tu penses bien qu’elle, juste à côté…– Quand il va savoir ça, Baptiste…– Eh bien ?
– Ça va le mettre dans tous ses états. Surtout que je me sois aperçue de rien. Il va adorer. Mais je faisais vraiment tant de bruit que ça ?
– Oui, enfin, faut rien exagérer. C’était pas le récital de la Callas non plus. La preuve : les trois autres, là-bas, elles n’y ont vu que du feu.
La fille en noir s’est approchée de la caisse, tout sourire.
– J’ai pas trop le temps aujourd’hui, mais je reviendrai.
– Quand vous voudrez. Avec plaisir…Coralie l’a regardée s’en aller, s’éloigner, au-dehors, sur le trottoir.
– Vous croyez qu’elle se l’est fait, elle, à côté ?
– Tu l’aurais fait, toi, à sa place ?
– Oui, ben, en tout cas, elle a pas dû être déçue du voyage. Parce que, question vocabulaire, comment c’était débridé.

* **
Elle était au téléphone, dans sa chambre.
Je l’ai appelée.
– Tu viens manger ? Ça va être froid.
– J’arrive !
Ce qu’elle a presque aussitôt fait.
– Désolée, mais il a fallu que je lui raconte. Tout. Bien en détail.
– Et alors ?
– Il a bien aimé la fille dans la cabine d’à côté. Mais ça, j’en étais sûre. Et il m’a posé beaucoup de questions sur vous. Comment vous avez réagi. Ce que vous avez dit. Ce que vous avez fait. Avant. Après. Si vous vous êtes approché du rideau. Si vous l’avez soulevé. Il arrêtait pas. Et il m’a encore parlé en long, en large et en travers d’hier soir, quand on s’est envoyés en l’air devant vous. S’il y a un truc qui l’excite, c’est bien ça. Et je sais pourquoi…– C’est le genre de choses qui excite beaucoup de monde…– Bien sûr, oui. Non, mais là, lui, il y a pas que ça… Il y a qu’il sait que vous avez envie de moi et que ça débouche sur rien. Alors que lui, si ! Et il veut vous le mettre tant et plus sous le nez.
– Elle est à moi, pas à toi, na na naire !
– C’est à peu près ça, oui. Et vous savez quoi ? Eh bien, je suis pratiquement sûre que s’il y avait pas ça, que si vous étiez pas là, je l’intéresserais plus vraiment. Il me mettrait vite fait sur la touche…– Et ça, il n’en est pas question…– Vous savez bien, je vous ai dit. Mais je culpabilise, du coup. Je me dis que je me sers de vous. Et que c’est moche.
– T’inquiète pas pour ça, va ! Je le vis pas si mal. Et j’ai de très agréables compensations.
– Oh, mais vous en aurez d’autres. Alors ça, je vous promets, vous en aurez d’autres…

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