L' été d'Anaïs ,Actes 5 et 6
Récit érotique écrit par M la Maud [→ Accès à sa fiche auteur]
Auteur femme.
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Histoire érotique Publiée sur HDS le 12-08-2020 dans la catégorie Dominants et dominés
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L' été d'Anaïs ,Actes 5 et 6
ACTE V SCENE 1, MANON ANAIS
La scène se déroule dans le séjour
MANONVous m'avez réclamée en ce matin blafard..
ANAISOui Manon il nous faut, avant qu'il soit trop tardToutes deux échanger sur un sujet sensible.
Je te vois te muer en forme irrésistibleCar peu à peu tu perds ta silhouette nubile,Tout ton corps se transforme, tu deviens si gracile ,Et le regard des mâles se pose sans détourSur ton charmant minois et tes jolis contours.
MANONLà vous me rappelez le plus charmant émoi :Cela fait bien quatre ans que je perçois sur moiLe regard soutenu, si singulier des hommes, Et je ne sais pourquoi ma sève se consomme En une chaleur vague au tréfonds de mon corpsSurtout si ce regard se perd dans le décor.
ANAISAh l'émotion subtile que d'être regardéePendant de longs moments sans l'avoir décelé.
Je peux te raconter l'épisode vécuPeut-être dans un bar , quelquefois dans la rue.
L'homme est dans notre dos ou de trois quarts arrièrePeut-être a t-il en main une pipe ou un verreSi on se trouve au bar au cœur d'un brouhahaEnveloppée d'odeurs d'alcool et de tabac,Attendant patiemment le service du thé.
Est-ce l' homme qu'on vit au moment d'arriverD'un vif balayement que nul ne peut saisir,Car son visage seul s'accole aux souvenirs.
Qui sait qu'il vous observe depuis un long moment ?
Le regard est léger, qui sans être insistant,Finit par éveiller le sens secret des femmesL'intuition supérieure qui habite leur âme :Celle de deviner d'être vue sans rien voir Et rechercher l'image d'un irréel miroir.
C'est alors brusquement qu'on se retrouve nue,Qu'on se sent exposée dans une beauté crue.
Il y a de l'audace à garder son sang froid Dans ce curieux mélange de douceur et d'effroiOù lentement on veut se faire apprivoiser.
L'inconscience serait, lors, de se retournerPour découvrir celui qui ainsi vous observe,Et tel d'un crâne ouvert surgir comme Minerve,Impérieux et superbe par sa lance brandie.
Le charme faiblirait dans un regard qui fuitOu pire s'éteindrait dans celui qui s'accrocheEt nous mènerait dans une hasardeuse approche...
Plus outrageant encore par sa persévéranceOu par sa fixité qui frise l'indécence !
Mais comment remercier ce curieux anonymeQui vient par un regard vous redonner l'estime :Relever une mèche pour découvrir la joue,Mettre à nu une épaule, mieux croiser ses genoux, S'incliner doucement, esquisser un sourire, Mais surtout dans le geste, l'empêcher de s'enfuir.
Car l'instant est magique. En ces quelques minutesOn a le ventre en feu et le cœur en culbute.
MANONO comme vous savez dire la sensation De l'anonyme hommage d'un mystérieux garçon.
Mais je veux faire part de mon questionnementQuant au bonheur furtif d'un fugitif instant.
Comment imaginer qu'une improbable quêteN'apporte à notre ego qu'une impression surfaite ?
Certes je n'avais pas il y a peu de tempsLa bonne connaissance des joies et des tourmentsQue nous font ressentir le genre féminin.
Et puis en quelques jours j'ai compris ô combien,A vous voir vous aimer , votre homme et vous, ma mère Le plaisir absolu a des aspects sévères...
Pardon de vous le dire mais je n'ai fait qu'entendreDepuis le premier jour vous plaindre et vous défendreDes assauts de Mathis tout en les réclamant.
Votre attitude m'est un mystère troublant :J'y perçois des attraits, même une tentation,Qui pourraient me conduire en même soumissionSi je pouvais trouver dans la sphère des hommesCelui qui me ferait connaître ce fatum .
Il faut ma chère mère m'entrouvrir votre cœurMe conter vos douleurs et vos petits bonheurs.
ANAISPar ton phrasé direct, je te vois fort experteDes sujets qui concourent au drame et à la perte.
Mon propos plus martial t'enjoindra d'une chose,Pour moi la plus précieuse et plus noble des causes :Conserver cet hymen que donna la natureLorsque au monde tu vins parée d'une âme pure.
MANONJe m'incline et j'admets votre ordre impératifMalgré la submersion de penchants intuitifs.
Toutefois dites-moi de votre expérienceQuelle sérénité, quel don, quelle vaillance Vous tirez aujourd'hui avec l'homme cruelDans une relation aussi pénitentielle ?
ANAISJe ne sais pas par où reprendre tout celaSans plonger ton esprit dans de profonds émois :C'est le comportement de femme , heure après heureQui influe sur le vie du couple et son ardeur...
Quand la raison, le corps et l'âge seront mûrs, Quand tu succomberas au maître le plus sûr,En t'ouvrant toute à lui, tu t'offriras entière Jusqu'à te l'aliéner , ce dont tu seras fière,Et tu remarqueras par son air alarméQu'il ne craindra plus que de te voir s'en aller.
Il faut pour le tenir une bonne addiction,Tu la lui offriras dans ta soumission...
MANONRedites-moi encore ce qui vous rend si pâleVos rêves de soumise, vos obsessions caudales, Vos attentes contraintes dans les nuits de douleur,Votre faim d'imprévus qui défie votre peurEt puis finalement entendant vos prièresPour l'homme qui impose cette vie singulière :De très longs épisodes de chasteté forcéeRompus brièvement d'étreintes déchaînées.
Je ne puis me lasser de votre confiance En partageant ainsi vos combats sans défense.
ANAISS'il est un plaisir fou qu'on exprime trop mal,Un classique érotique devenu trop banal,Mais qui garde au final un air de majesté,C'est l'attente statique du premier coup de fouet.
Le dos courbé offert au noble tortionnaire,Les poignets prisonniers dans des bijoux de fer,Les minutes s'allongent dans le recueillement,Le silence s'installe sous les yeux de l'amant,Mille images défilent dans un cerveau bouillant,Irradient lèvres, cœur et le ventre brûlant.
Et puis soudainement un sifflement déchireL'air devenu brumeux qu'on hume et qu'on expire.
La brûlure des cordes sur une peau à vifEnvahit tout le corps d' un plaisir implosif.
O Manon s'il te faut un jour y succomberSous peine d'y laisser ta propre identitéSonge que la contrainte et la digne souffranceTe rendent l'innocence de ta portion d'enfance.
Mais ce nouvel état il faut l'appréhenderAprès avoir mûri sur de longues années.
MANONMais le maître au final n'est-il pas simplementCe dur levier de chair, de sang, le plus brûlant,Qui néglige les ordres de son propriétaire Et s'affiche sans fard, si intraitable et fier.
ANAIS Oui quand elle se montre sous la toile tendueCette hampe imposante au profil distendu,On n'a qu'une prière qui vient comme un murmureC'est d'avoir à sa bouche l'insolente monture.
Ou lorsque prosternée, les seins sur la desserte, On écarte les parts d'une croupe entrouverte,C'est pour sentir en soi brusquement se glisserLe pal cruel et roide dans l'anneau contracté...
Mais que te conté-je ?
MANONVotre folie ma mère Qui m'emplit maintenant du feu de Lucifer...
Mais j'entends au lointain votre maître qui vientJe reviendrai plus tard connaître mon destin.
Manon sort
ACTE V SCENE 2 ANAIS MATHIS
Mathis entre
ANAISMonsieur je dois vous dire en toute dignitéQue je surprends ma fille souvent à vos côtés.
Si je n'ignore pas qu' elle vous fait la courVous vous devez par contre d'écarter cet amour.
Car Manon est intacte et j'ai fait contrôler Par la meilleure science sa vraie virginité.
J'entends que quand viendra le jour de son mariage,On la trouvera telle et quel que soit son âge..
Elle est déjà formée pour de grandes passionsMais trop fragile encore pour perdre la raison.
Je la veux épanouie , et simplement curieusePour ne pas succomber aux liaisons dangereuses
MATHISJ'entends vos exigences mais ne veux y souscrireCette enfant est pour moi un objet de désirMais pas plus que tel autre dont nous parlions le jourOù j'ai passé sur vous mes passions sans détour.
Elle a bien des attraits dans le genre et la forme Qui fait qu'on est tenté par des essais hors-normesPour découvrir chez elle la finesse d'un corpsQui ne plaît qu'à s'offrir et encore....Mais d'abordVous devriez savoir que le risque est minimeQue mon goût érotique, et ce n'est pas un crime,Porte de préférence sur les parties du corps Laissant inexploité l'hymen en son trésor.
Alors vous ne pourrez attendre de ma part Une présence forte y allant dare-dare.
Si je n'ai près de moi ses attraits pré-pubères,Un stimulant puissant pour mon imaginaire,Si je ne puis goûter à ses lèvres si finesMe laisser abuser par ses airs androgynesSi enfin vous voulez écarter de ma vueCe qui peut remplacer une passion connue...
Est-ce parce qu'un autre vivant dans la maisonA choisi de nier mes sollicitationsEt va tel un oiseau moqueur et sans égard Promener son corps d'ange devant mes yeux hagards ?
Savoir que se dandine d'un mouvement heureuxLa partie postérieure qu'on dessine des dieux,(Qui se trouve moulée à Naples, à Rome, au Louvre,Et tel un livre d'heures qu'à nos prières s'ouvre),Puis sentir la pulsion qui nous anime alorsCelle qui fragilise dans un sublime effort,Quand la part de soi-même mue par un fol ressortSe gonfle de passion et veut se bouter hors !
ANAISAmi, vous m'affolez dans votre ardente chasse Tout ce qui est gagnable, fille, gars, tout y passe !
A force de mendier les objets de conquêteVous ne récolterez que ce qu'un laquais quête,Le mouvement manuel , qu'on fait en solitaire, Pour laisser se vider la voie séminifère.
MATHISNe raillez pas mon sort, il risque d'en coûterA vos cuisses, à vos reins, plus de cent coups de fouets.
Mais dîtes-moi plutôt en quoi vos préventionsÉpargneront Manon de toute tentation.
ANAIS Je veux lui enseigner une pudicité,Une façon prudente de savoir observer Par un regard oblique, fugitif et discret L'effet qui se produit chez le mâle exaltéQuand lui viennent en tête toutes ses turpitudes.
Cette attitude sied à la jeune enfant prudeQui souffre le danger en l'ayant provoqué Mais s'en éloigne vite sans goûter les effets.
MATHISRassurez-vous ma chère, elle en a connaissance Et la pratique aussi avec grande innocence.
Mais il faut sans attendre renforcer l'aptitudeQu'elle possède en elle pour ce genre d'études..
ANAISJe vous sais pédagogue par votre science infuseMais je crains qu'à ce titre vos procédés n'abusent.
Je la laisse aux bons soins d' écoles non laïquesOù s'échange entre élèves le bon art des pratiques,Où les maîtres soucieux de vieilles traditions Savent manier le verbe comme le goupillon.
MATHISL'éducation ma chère dans notre pauvre FranceN'apporte plus aux jeunes les bonnes connaissances.
Même dans ces écoles qu'on dit confessionnellesOn a abandonné les savoirs spirituels.
Adieu les Belles Lettres , les épineux problèmes,L'enseignement scolaire bannit le théorème,L'histoire du pays, les versions et les thèmes.
On n'ouvre pas les âmes mais on se les perturbe,Ne nourrit le cerveau mais on se le masturbe,On ne sert plus l'esprit qu'en poussant la critique.
Les écoliers occupent une épopée ludiqueOù les bons droits s'empilent et les devoirs s'effondrent..
On n'y fait maintenant que répéter des frondes.
Alors pour votre enfant pas de distraction,N'attendez de personne la bonne initiationVos principes moraux qui aussi sont les miensNe lui seront que mieux enseignés par les siens.
ANAISAllons ! Vos bons conseils nous feront rechercherUn bon instituteur qui lui sache enseignerDe la bonne romance ses arcanes subtiles Mais je ne suis pas sûre connaissant le profilQue vous soyez celui, le mieux fait pour cela...
MATHISLa voici qui nous vient, épargnons l'embarrasQui peut vous envahir en restant près de nous.
ANAIS Pourvu que cette agnelle ne soit confiée au loup !
Anaïs sort.
ACTE V , SCENE 4 Manon, Mathis
MATHISAinsi, c'est toi Manon, es-tu bien réveillée ?
MANONJe constate Monsieur, que vous vous dérobez,J'en connais l'origine, j'en sais tout le prétexteJe veux m'agenouiller en cette heure de la sextePour vous redire encore avec humilitéLes affres mortifères de l'interdit d'aimer.
MATHISGarde la position qui enchante mes sens,Dirige tes yeux vers quoi tu dois allégeance,Laisse moi regarder la nuque qui s'inclineDeviner s'entrouvrir la belle bouche fine...
Je promène mes doigts sur tes lèvres tremblantesJ'y sens la vraie nature d’une passion naissante J'y perçois la douceur qui un jour m'enserraJ'y goûte encore l'effet d'un toucher délicat.
MANONIl ne tient qu'à vos ordres pour que puisse durerLa belle initiation dont j'ai pu profiter Même si notre mère se déclare hésitante...
MATHISTa jeune soumission m’apparaît si troublanteQu'un désir d'explorer ton corps et ses mystères Me dévore d'un feu tout proche de l'enfer.
Il me semble sentir une âme se donnerDépasser les limites, se laisser dominer,Aller jusqu'à l’extrême, s'abandonner ... Mais...Mais...
J'ai promis à ta mère de ne te plus toucher.,.
Et ses ordres seront strictement respectés.
Je les observerai malgré le grand suppliceQue tu me causeras, telle une Bérénice.
MANONMais que fait Bérénice ici dans ce discours.
MATHISPour la rime, ma chère, pour la rime tout court.
Même si ton amour, comme pour l’héroïne, Connaîtra le rejet dont la châtia Racine.
MANONVotre abandon m'afflige, ma jalousie s'en mêle, Car je sais que vos choix se portent sur Maël.
Et à peine franchi le seuil de cette porteVous n'aurez qu'à forcer celle d'une autre sorte.
MATHISIl ne faut pas confondre deux appétits distinctsL'un qui est fantaisie et l'autre qui est faim.
Je ne veux préciser quel est l'autre de l'unPour ne pas offenser ni vexer...
...NéanmoinsJe veux garder sur toi un regard exigeantQue ta docilité soit de tous les instants.
Je veux que chaque jour, tes tenues dénudéesMettent bien en valeur ta vraie servilité .
Je veux te voir aller et venir en nos murs Dans ces maillots seyants avec désinvolture Me rappelant sans cesse ta liberté gagnéeQu'un de ces jours prochains, je te ferai payer.
Mais j'exige surtout que tu ne cherches pas,Par des gestes nocturnes sous le secret des draps,En te remémorant des tentations lunaires,À trouver le plaisir que l’on dit solitaire.
MANON Je me lierai les mains plutôt qu'y succomberSi tels sont vos plaisirs et votre volonté
MATHISMais j'exige de plus que ton éducationS'entrouvre davantage aux récits de passion.
Aussi tu trouveras sur les hauts rayonnagesDe la bibliothèque d'enrichissants ouvrages.
Que Vanessa Duriès, Guillaume Apollinaire,Tous les livres qui peuplent ce qu'on nomme l'Enfer,Les auteurs interdits mis sur la liste noire, Sacher-Masoch, Bataille, leurs féroces histoires,Et le divin Marquis ou la belle Réage...
Je te veux haleter en parcourant leurs pages...
A leur seule lecture, éprouver et souffrir, En perdre la raison sans user de plaisir...
Ou mieux tous ces récits d'extases religieusesQui forcent à s 'engloutir les âmes les plus pieusesVers le gouffre sans fond d'un douloureux partage..
MANONJe ne connais aucun de ces curieux ouvrages
MATHISC'est ce qui fait le prix de ta candeur unique, Mais le temps est venu aux écrits érotiques.
MANONOui...Je les lirai tous jusqu'à m'user les yeux.
MATHISTu retrouveras dedans la volonté des DieuxQui glorifient la chair, la souffrance absolueEt insensiblement, dans ton cœur mis à nu,Quand la voix des auteurs t'arrachera des larmesTu rendras pour finir une à une tes armes
MANONCet exposé précis me donne le tournisEt je cours me plonger dans ces nobles écrits.
MATHISEnfin puisque ton corps encore inexploréA gardé la fraîcheur de la virginité,Ne te laisse tenter par aucune fredaineQui aurait pour méfait d'y laisser ton hymen.
Tu paraîtras ainsi selon le bon vouloirDe ta mère et ton maître le matin du grand soir.
Et puis tu t'offriras jolie mademoisellePas complètement pure mais encore pucelleToute la tête éteinte et le trésor atteintN’ayant que pleurs en liesse et que rire en chagrin.
MANONMais si pour mon malheur, je devais succomber Aux étreintes pressantes d'un jeune fiancé.
MATHISIl y a , tu le sais , par nombreuses manièresQu'à la flamme des hommes tu pourras satisfaireSans que le trésor que tu portes en ton sein Souffre de déchirure, d'écoulement carmin..
L'une que tu connais, dont tu usas naguèreA genoux devant moi, lèvres et yeux ouverts,Elle permet sans peine de contenir ses sens, Du vertige exalté, de l' aveugle jouissance..
Je ne te décris pas la seconde façonPour faire aller en toi l'objet fier des garçons...
Les Mauresques en font un si discret usagePour conserver l'hymen jusqu'à leur mariage.
Moi-même comme acteur, dans ce domaine, actifJ'en pratique un rituel qu'on dirait abusif,Mais j'aime à bien entendre quand je prends mon plaisirLe cri qui par ma faute ne peut se retenir.
Et si tu crains encore de céder ta vertuSache qu'une ceinture solidement tenuePourra sauvegarder ta chasteté de nonneEt ne s'ouvrir jamais que si la clef est bonne..
Encore plus discret , quelques anneaux bien sagesQui unissent les lèvres , en ferment le passage,Et forment un bijou en son plus bel écrin...
MANONJ'imagine ces choses qui font qu'on est contraint..
Il me tarderait presque d'entrer en tentationPour que cette menace trouve une application.
Mais pourriez-vous me dire pour connaître mon sortSi demain l'interdit qui m'asservit si fortVenait à s'abolir, quelle serait la formeDont vous useriez pour me soumettre à vos normes ?
MATHISIl me tenterait bien d'aider à te parfaireAux règles des contraintes. Si je ne veux le faireJe choisirais alors le service énergique D'une maîtresse femme qui connaît la pratique .
Lola malgré son charme et ses capacités Ne saurait aboutir à l'objectif visé ;Je connais l'expérience et la nature fineD'une dominatrice qui tient une officine, A l'autorité forte, au pouvoir séducteur, Dont ta mère un moment a vécu la rigueur. Les femmes savent mieux faire naître un désir Partager leur savoir des choses du plaisir Éveiller dans un corps de la nature du tienLa montée lente et sourde d'une ineffable faim...
Surtout si sa méthode, pour ton plus grand bonheur, Forme la sujétion de ton corps, de ton cœur Par la flagellation, par l' immobilité,La peur, par la douleur d' orifices forcés..
Dans la communauté de l' Homme, ma pucelle,Les plus cruels sont ceux qui se disent icelles.
Elles sont les plus fortes et les plus inflexibles Pour battre et pour marquer autant qu'il est possible Le corps d'une semblable où règne l'innocence...
MANONQu'il est terrible et doux le travail de nos sens ,Tout se trame en secret au fond de l'intellect,On s'écoute , on se voit, et l'effet en directS'immisce dans le corps par sensations brûlantes.
On s'abandonne alors au destin qui nous hante,Être l'esclave aimée qui cherche la tourmente.
Fin de l'Acte V
ACTE VI SCENE 1 Mathis, Alexandre, Anaïs
Chambre de Mathis et Anaïs. Anaïs est allongée sur le dos, les pieds et les mains attachés par des cordes . Sa tête déborde du lit et se trouve ainsi renversée.
ALEXANDREMathis, je vous savais homme de grand talentMais là vous dépassez tout mon entendement
MATHISJ'ai envoyé les gosses par le funiculaireS'en aller barboter quelques instants en mer.
Nous serons bien tranquilles comme deux vieux amisAvec celle que j'aime attachée sur ce litPrête à offrir son corps et à le partager.
ALEXANDREVotre amitié est forte, je veux la louanger.
Anaïs me dédie un sourire magique Qui a pour moi l'effet d'un stimulant physique.
MATHISCe matin la servante nous l'a bien préparée.
Pendant une heure au moins, nous l'a enamourée.
Je les ai entendues pousser tant ,de soupirsQue je crains maintenant ses forces se tarir.
A Anaïs
Dites-nous mon amie, sans faire l'élégante, Ce que Lola a fait, pour vous rendre brûlante ?
Quels actes liminaires vous auront révélée ?
ANAIS Lola sait embrasser comme nul ne le faitSa langue est si puissante et sa grâce si forteQue le premier baiser rend déjà ivre-morte.
Mais aussi il y a cette patience à faireSans jamais s'empresser ni se laisser distraireUn long dépouillement de tous les vêtementsPour que la nudité arrive au bon moment.
Et ses mains, oh ses mains d'une douceur divineSe promènent longtemps sur sa peau carmelineAvant de caresser celle de sa compagneL'accompagnant dans son ascension de cocagne.
Et sa langue , oh sa langue, à la vibrance folleS'insinue doucement vers un point qui s'affoleDans un jeu qui, supplice, à son tour s'improvise.
Et ses doigts, oh ses doigts à la finesse exquiseDans tous les trous du corps glissent en tapinoisSavent forcer celui qui est le plus étroit Et la pauvre Anaïs, malgré elle, âme en feu, Par mouvement réflexe se contracte autour d'eux.
ALEXANDREBravo ! la pause déjeuner vous aura, je l'espère,Rendue aussi sensible sans perdre vos repères.
MATHISLe repas que tous trois, nous avons fait avant,Arrosé de Loupiac et et de léger CrémantA brouillé notre esprit sans affaiblir nos forces.
Croquons le fruit tout frais sans l'amer de l'écorce...
ALEXANDRENous avons pris le temps qu'il fallait, qu'il faudra, En citant du Boccace et du CasanovaRien ne s'assemble mieux que les Lettres et le vin.
MATHISEt les plats d'Escoffier, et les femmes... Enfin !
N'oublions pas de grâce ce qui est essentielDans notre quête aveugle d'un soupçon d'éternel.
Puis après un silence
Mais vous semblez bien calme o très cher AlexandreCette scénographie ne prétend pas détendre !
ALEXANDRE Il est vrai qu'en venant je me suis souvenuDes détails de propos que vous m'aviez tenusEt une excitation a si vite montéQue j'ai dû un moment m'arrêter de côtéPour me laisser tenter au réflexe onaniste.
MATHISJe ne suis pas adepte du plaisir des solistesMais par salubrité, certes, je le comprends ,Vous n'en conserverez que beaucoup plus longtempsDe bonnes aptitudes à ne pas secréter.
Puis après un silence
Trouvez-vous Anaïs joliment apprêtée ?
ALEXANDREAu toucher de sa peau je la sens qui s'enfièvre.
MATHISVoyez ces reins intacts et ces petites lèvres Que l'on trouve plissées, glabres et virginales Comme chez la novice pré-pubère et vestale.
Je préserve Anaïs autant que nécessaire ; Il faut comme en nature un cycle de jachère.
Depuis la première heure de mon séjour iciJe délaisse son sexe, son corps est en répit.
Durant ces quelques jours je compte sur mes doigts Quand j'ai forcé sa bouche et l'orifice étroit.
J'ai Lola pour l'hygiène, les jumeaux pour le rêve :La bonne satisfait mes appétits sans trêveEt les deux jouvenceaux aux airs si puérilsM'apportent l'illusion des amours infantiles.
Je crois aux privations qui aiguisent l'envie,Le jeûne du jouir affine l'appétit De mets et de pratiques où plaisir et souffranceSe mêlent aisément sans aucune nuance.
Mon ami, Anaïs vous offre primautéDe choisir un objet qui va la corriger.
ALEXANDRE N'est-il pas dans les mœurs d'obtenir un accordDe celle dont on va martyriser le corps ?
Il me semble évident que cet assentimentApporte à ce congrès sa dose de piment.
MATHISC'est vrai, interrogeons notre chère maîtresseAvant de bâillonner sa bouche pécheressePour que ses cris, ses plaintes et ses râles mêlés N'alertent vainement tous les gens du quartier.
ANAISJ'ai la bouche trop sèche, les lèvres trop tremblantesPour pouvoir exprimer ma nature flagrante.
Nul ne peut réclamer sinon pour s'entremettreLes sévices cinglants de son vénéré maître.
Ce serait s'immiscer dans son choix impérieuxQui est sa liberté, son jugement et mieux,La manière aboutie d'exprimer son amour..
MATHISSais-je dire je t'aime ou jamais ou toujours ?
Ce sont les châtiments mes ultimes ressources.
Et si parfois mon bras hésite dans sa courseJ'en demande pardon pour autant de faiblesse...
ANAISVous n'avez jamais fait acte de maladresse...
ALEXANDREMadame comme ami je pourrai affirmerQue lui ne vous hait point et que vous vous l'aimez.
Le dialogue trahit votre complicitéSes mots sont hésitants et vous, vous frissonnez.
ANAISEt si je tremble autant avant cette séanceC'est d'amour et de peur, d'ivresse et d'impatience.
De grâce conservez le choix de l'instrument, Le choix de la durée et le choix du moment .
ALEXANDRE La souffrance aide aussi à dépasser l'effroi,Elle apporte sagesse, dépassement de soi
à Mathis
Mais vous mon cher ami quelle est votre habitude,Quand votre peau s'échauffe et que vos eaux s’exsudent,Quand vous sentez le sang migrer vers votre truc,Battre avant ou après que n'éjecte le suc ?
MATHISL'une ou l'autre manière mène à la même issue.
Notre littérature sur le thème a connuUne variation de genre et de débat.
Je ne veux pas créer un nouveau marquisat.
On brutalise avant pour attiser la flamme,Pour soi-même se mettre au service de la dame,Pour réveiller en elle le feu qui la consume ...
Ou on corrige après car c'est une coutumePour punir celle qui vous aura épuisé,Vous aura fait sombrer dans la bestialité,Surtout si elle-même s'est toute abandonnéeEt a manifesté un plaisir passionné.
Je ne sais par ces causes quand je suis le plus durLes humeurs évoluent à la bonne aventure..
ALEXANDREVous me parliez aussi d'autres dispositionsDe certaine exigence et de vos conditionsPour parfaire vos jeux auprès de vos soumisesEt en particulier, prohiber la sottise...
Vous demandez chez elles un fonds de connaissance,La culture des livres et des notions de science,Car la beauté du corps, comme ici notre aimée,Doit être accompagnée de bonnes facultés.
MATHISPlus la femme a d'esprit et de raison critiquePlus grandes sont chez elle les charges oniriques.
Et l'imagination dans ses contours obscursRend possible le rêve jusqu'à la déchirure.
Elle s'adapte mieux au pacte redoutableDe soumise prête à vivre l'insoutenable.
Allez donc pratiquer auprès d'une ignoranteSon inculture seule nous paraît impudente,Elle apporte remords et culpabilitéQuand s'achève le temps de la brutalité.
Car ce n'est pas l'amour mais l'animalitéQui se partage alors, à vous désespérer...
Bien sûr c'est différent quand l'immaturitéD’une jeunesse pure encore inexploréeSe conjugue si bien avec de l'innocence.
On se veut précepteur pour cette inexpérience :La belle âme docile écoute sagementLes notions et savoirs que l'on juge importants.
Entre deux réflexions, au milieu des préceptes,Pour qu'elle soit tentée , et qu'enfin elle accepte, On raconte en détail l'usage de son corpsEt on met la pratique comme dernier accord.
ALEXANDREEt qu'en est-il pour vous de son aspect physiqueN'est-ce pas l' épicentre de l' invite érotique ?
MATHISOui, pour mon stimulus, il faut évidemmentQue l'objet du désir, qui en devient tourment,Ait un visage fin, une silhouette accorte,Une bouche sensuelle, un regard qui emporte,En un mot il nous faut que la belle ait du chien,Que son style relève d'un peu de tragédienMême si sans différend celle qu'on se choisit D'entre toutes les perles n'est pas la plus jolie.
Je redis mon penchant pour l'âge pubescentMon addiction charnelle pour les adolescents,Je sais que la jeunesse le plus facilementConcentre ces valeurs par principe évident,Mais je dis que la femme qui a de l'expérience,De la maturité, et en sexe des sciences,Reste aussi un bon choix , comme Anaïs l'est ...
ALEXANDRECertesOn retient la sagesse d'une maîtresse experteQui cultive parfois depuis plusieurs annéesLes méthodes gracieuses pour assouvir l'aiméDans ses pires fantasmes. La bouche d'Anaïs,Au sourire si doux qu'elle inspire le viceCapte toute attention depuis mon arrivée.
MATHISVous avez bien raison de me le rappelerCar tout ça nous éloigne de notre objet premier...
Je vois à votre port l'organe se gonfler.
ALEXANDREIl ne se contient plus dans l'espace étriquéQue lui offre la toile. Il faut le libérer...
Alexandre sort son sexe.
MATHIS à AnaïsVoyez comme Alexandre est joliment membréJe vous laisse loisir de bien le regarder ;Il a de ce côté de belles proportions.
Pour donner une idée de ses mensurationsQui l'ont fait désigner de nous deux maître-queue-Mais regardez encore !- vous constaterez que Ne se rejoignent pas lorsque ma main l'entoure Mon pouce et mon majeur bien resserrés autour,Et que mes deux poings mis à l'encapuchonnerLaissent une longueur notable dépasser .
Mathis joint l'acte à la parole
Il y a de la douceur sur la peau de ma main Mais aussi de la force, les deux se marient bien....
ALEXANDREAvec urbanité vous savez nous guiderDans le monde touffu des arts et des idées .
Mais vous savez aussi être un très bon manuelVotre esprit s'accompagne de grâce gestuelle.
ACTE VI SCENE 2 LOLA , MATHIS, ANAIS, ALEXANDRE
Lola entre dans la pièce précipitamment.
LOLAJ'arrive ! Je le vois : c'est les préliminairesJe craignais d'atterrir comme carabinière.
Puis apercevant le sexe bandé d'Alexandre
Je parodie : Oh oui, c'est colossal Monsieur On peut tenir, Mon Dieu ! bien des propos curieuxEn variant le ton , - par exemple, tenez :Plaintif : je compatis pour celle ou pour celui Qui le laisse accéder à son étroit pertuis.
Descriptif : C'est un pieu, c'est un mât, c'est , que dis je Un obélisque dru dressé comme une tige Qu'aucun archéologue a jamais découvert..
Prévenant : protégez vos mirettes, vos verres Quand vous penchez la tête un peu trop en avantVous y perdrez un œil en percutant le gland.
Épique : Louis Philippe, s'il l'eût connu avant Aurait imaginé et dressé autrement Le monument qu'on voit Place de la Concorde.
Pratique : Pauvre marin si un jour une cordeVient à lâcher ton mat sur le pont du navire,Sache qu'un expédient te permet de tenirEt de suivre ta route toutes voiles dehors...
Technique: Si les fusées spatiales qui explorentTous les objets du ciel jusque Alpha du Centaure,En viennent à manquer pour un prochain envol,On l’émasculera en retroussant son colEt on l'apportera à Cap Canaveral.
Judiciaire : on peut rendre au supplice du palUn air de déjà vu du côté des Carpates,Si on se veut sensible au toucher de prostate.
Sportif : Les femmes qui gravissent les montagnesY trouvent les plaisirs d'ascension de cocagne, S'en courent le Mont Blanc et même l'EverestAlors que des exploits pareillement alpestresS'accomplissent ici au pied de ce pénis.
Voila ce que je dis, pour rire et sans malice Au spectacle inédit de votre braquemart,Roide et tendu, Monsieur , d'un beau pourpre sans fard,Et il est temps bien-sûr d'abaisser la pressionPar quelque délicate et profonde succion.
ALEXANDREVous me voyez sensible à tous ces complimentsLola , votre expertise dans ce sujet brûlantM'est marque de confiance et là, je vous demande D'aider notre soumise à ce qu'elle n'appréhendeAucun raffinement , aucun des durs sévicesQue par fraternité, m'a garantis Mathis.
MATHISAgissons comme si la Morale des hommesIrait se précipiter au fond d'un maelstrom.
LOLAQui parle de Morale, ici-bas votre honneur Il est moins moraliste que moralisateur.
Je préfère en tout point une imaginationQu'on trouve dans la prose et les belles chansons..
ALEXANDRE Et qui fait de la prose, en s'en flattant , ma SoeurFait plus du prosaïque qu’œuvre de prosateur ..
LOLAEt qui parle d’amour sans pratiquer messieursil est fort peu amant et bien trop prétentieux..
MATHISCessez donc cette joute aux fondements abscons,La pose d'Anaïs mérite une réponse.
LOLA à AnaïsAnaïs vous semblez maîtresse bien soumisePrête à subir le viol , l'homme qui tyrannise,Vous voilà prisonnière de fausses tentaculesAllongée sur le dos, la tête qui bascule Prête à ouvrir les lèvres pour une intromissionSi profonde et si forte de l'instrument fécond,Alors qu'un second homme de son côté caresseLa fente glabre d'où l'appendice se dresse...
MATHISNotre ami sait aller dans la gorge profonde Rechercher un plaisir qui parcourt comme une ondeLe corps de notre esclave ardent et volcanique.
Voyez ses aptitudes en tous points héroïques A engloutir sans pleurs l'organe monstrueuxQui forme dans son cou des vagues et des creux.
Alexandre agit en ce sens.
LOLALa mise en scène est forte, le spectacle est troublant Où l’on voit l'honnête homme déguisé en servantEmpli de prévention et d'attention louablesParrainer sa compagne pour des actes coupables.
Trouverez-vous Mathis la force et la colèrePour l'avoir délaissée aux folies adultères ?
MATHISC'est une bonne action que d'offrir sans retourL'être qui nous est cher à l'ami de toujours.
On la sent bien nerveuse car elle ignore en faitLe supplice qui suit, les actes improvisésQui vont bien la punir de son écart nuptial.
Oui ce plaisir qu'elle a, qu'aucun autre n'égaleA chaque enfoncement du sexe ou de ses bourses, Je le sens sous mes doigts à l'abondante sourceQui coule de ses plis comme aveu de faiblesse.
LOLAVous êtes bien sévère face à une prouesseQue je redouterais si j'en étais victime.
J'ai rarement connu une gorge sublime Qui engloutisse ainsi sans bruyant haut-le-cœur, Sans suppliques plaintives ni suintements d' humeursLe format de l'engin de Monsieur Alexandre.
MATHISOh vous ne perdrez rien, rien de rien pour attendre...
Je vous initierai à cette irrumationAvant que de quitter notre noble maison.
LOLAJ'en frissonne de peur autant que d'impatienceTant vos proportions frisent l'inconvenance ,Même si je le dis sans aucune avanieElles diffèrent de celles de votre ami.
MATHISGardez pour vous, Lola, tous vos comparatifsSur le port des lingams, leur format relatif, Et prenez votre rôle de bonne domestiquePour stimuler mes sens, valider ma réplique Pendant que mon ami en larges mouvementsLui envahit la gorge en rêvant à Maman.
En silence, pendant de longues minutes les quatre personnages s'affairent.
ALEXANDRECe silence abbatial nous invite à l' entracte...
De mes désirs, de mes paroles et de mes actes,Je ne sais bien pourquoi ma jouissance est plus forteLorsque j' entends souffrir l'élément qui l'apporte.
Anaïs est si souple et presque trop docile Je crains me relâcher en jouissance facile, Je veux garder en moi un soupçon de vigueur.
Je m'arrête un moment , un peu à contrecœur...
Cette belle paix trouble une concentrationEt pourrait nous laisser aller à l'abandon.
MATHISSi le plaisir décuple à cette conditionJe veux bien faire mienne votre disposition.
Je propose de prendre la chaude et large placeQu'a su si bien offrir la belle LovelaceCependant que Lola viendra vous amuser Par une exhibition de fouettage endiablé.
Les personnages s'exécutent . Lola se met à fouetter doucement le corps d'Anaïs.
ALEXANDRETout ce charmant spectacle me maintient bien en vieSans marquer durement la peau de notre amie,Chère Lola allons, donnez-nous le spectacle Du rougeoiement du flanc de la blanche bernacle.
LOLAAnaïs, une oie blanche, comme vous y allez !
L'esprit qui est dedans sait se dissimulerMais il ne fait de doute qu'il y a en sa tête Plus de lubricité que chez son maître esthète.
MATHISJe sais, les femmes ont sur toutes ces questionsUne aptitude, un goût, une imagination,Qui pourraient en revendre à plus d'un débauché.
Elles ont pour le plaisir tant de capacitésQui s'éveillent si tôt , latentes et violentes,Que les hommes demeurent, là, loin de leurs attentes.
Elles cherchent sans fin la passion dévoranteQue ne peut assouvir ni amant ni amante Mais le fantasme fou, la chimère absolue,Est de jouir et puis, mourir de ses mains nues.
LOLALes gentils petits coups de ce fouet de salonFont comme un son de braise maniée par le tison.
Ils lèvent en douceur le désir féminin Qui sans ces conditions ne peut s'exprimer bien.
MATHISMais notre élève attend bien plus que ces caressesD'un cuir trop bienveillant donné avec mollesse-Pardonnez-moi Lola-, je la sens réceptiveA des jeux exauçant son talent de captive.
ALEXANDRE Oh ! à votre air soucieux, je sens qu'une varianteVa vite transformer notre Eve en suppliante.
Quelle voie démoniaque, et quel ressort subtile,Vous inspirent ces plans qui la rendent fébrile .
Avec vos scénarios qu'un commun n'imagineVous nous préservez de la sinistre routine,De celle qui nous noue l'aiguillette fragile,De celle qu'à nos femmes on se rend trop docile.
Mathis parle à l'oreille d'Alexandre, propos inaudibles pour le spectateur et les autres personnages.
ALEXANDREMon ami quel programme ! Et quelle cruautéJe ne sais si moi-même je pourrais supporterLe tableau inspiré par votre extravagance Qui se défie de tout même la vraisemblance.
MATHISPhilosophiquement je retiens du MarquisLa divine instruction que naguère il offrit.
Si par essence l' homme fait prospérer le malC'est pour la permanence des conventions sociales.
Puis après un silence
On ne peut concevoir qu'une assemblée futureD'un théâtre lointain, fût-il le plus obscur,Initiée pleinement aux fantaisies d'un rite,Puisse malgré tout voir la scène ainsi décrite.
Il faut laisser aux faits une part de secretPour ne faire entrevoir qu'un phantasme discret,Et l'imagination en sera débridéeEt le plaisir des sens en sera décuplé.
Tirons pudiquement le rideau de la scèneEt gardons à nous seuls pour n'être pas obscènes, Ces actes indescriptibles qui ne se pourront voir...
L'égoïsme se pare des vertus du devoir …
ANAISIls ne sont plus témoins ces spectateurs frustrésD' abandons convenus, alors je laisse allerVos coupables actions sur mon corps sans défenseJusqu'à la démesure, jusqu'à l'invraisemblance...
La lumière baisse progressivement alors que les deux hommes et Lola s'affairent sur le corps d'AnaïsFin de l'Acte VI
La scène se déroule dans le séjour
MANONVous m'avez réclamée en ce matin blafard..
ANAISOui Manon il nous faut, avant qu'il soit trop tardToutes deux échanger sur un sujet sensible.
Je te vois te muer en forme irrésistibleCar peu à peu tu perds ta silhouette nubile,Tout ton corps se transforme, tu deviens si gracile ,Et le regard des mâles se pose sans détourSur ton charmant minois et tes jolis contours.
MANONLà vous me rappelez le plus charmant émoi :Cela fait bien quatre ans que je perçois sur moiLe regard soutenu, si singulier des hommes, Et je ne sais pourquoi ma sève se consomme En une chaleur vague au tréfonds de mon corpsSurtout si ce regard se perd dans le décor.
ANAISAh l'émotion subtile que d'être regardéePendant de longs moments sans l'avoir décelé.
Je peux te raconter l'épisode vécuPeut-être dans un bar , quelquefois dans la rue.
L'homme est dans notre dos ou de trois quarts arrièrePeut-être a t-il en main une pipe ou un verreSi on se trouve au bar au cœur d'un brouhahaEnveloppée d'odeurs d'alcool et de tabac,Attendant patiemment le service du thé.
Est-ce l' homme qu'on vit au moment d'arriverD'un vif balayement que nul ne peut saisir,Car son visage seul s'accole aux souvenirs.
Qui sait qu'il vous observe depuis un long moment ?
Le regard est léger, qui sans être insistant,Finit par éveiller le sens secret des femmesL'intuition supérieure qui habite leur âme :Celle de deviner d'être vue sans rien voir Et rechercher l'image d'un irréel miroir.
C'est alors brusquement qu'on se retrouve nue,Qu'on se sent exposée dans une beauté crue.
Il y a de l'audace à garder son sang froid Dans ce curieux mélange de douceur et d'effroiOù lentement on veut se faire apprivoiser.
L'inconscience serait, lors, de se retournerPour découvrir celui qui ainsi vous observe,Et tel d'un crâne ouvert surgir comme Minerve,Impérieux et superbe par sa lance brandie.
Le charme faiblirait dans un regard qui fuitOu pire s'éteindrait dans celui qui s'accrocheEt nous mènerait dans une hasardeuse approche...
Plus outrageant encore par sa persévéranceOu par sa fixité qui frise l'indécence !
Mais comment remercier ce curieux anonymeQui vient par un regard vous redonner l'estime :Relever une mèche pour découvrir la joue,Mettre à nu une épaule, mieux croiser ses genoux, S'incliner doucement, esquisser un sourire, Mais surtout dans le geste, l'empêcher de s'enfuir.
Car l'instant est magique. En ces quelques minutesOn a le ventre en feu et le cœur en culbute.
MANONO comme vous savez dire la sensation De l'anonyme hommage d'un mystérieux garçon.
Mais je veux faire part de mon questionnementQuant au bonheur furtif d'un fugitif instant.
Comment imaginer qu'une improbable quêteN'apporte à notre ego qu'une impression surfaite ?
Certes je n'avais pas il y a peu de tempsLa bonne connaissance des joies et des tourmentsQue nous font ressentir le genre féminin.
Et puis en quelques jours j'ai compris ô combien,A vous voir vous aimer , votre homme et vous, ma mère Le plaisir absolu a des aspects sévères...
Pardon de vous le dire mais je n'ai fait qu'entendreDepuis le premier jour vous plaindre et vous défendreDes assauts de Mathis tout en les réclamant.
Votre attitude m'est un mystère troublant :J'y perçois des attraits, même une tentation,Qui pourraient me conduire en même soumissionSi je pouvais trouver dans la sphère des hommesCelui qui me ferait connaître ce fatum .
Il faut ma chère mère m'entrouvrir votre cœurMe conter vos douleurs et vos petits bonheurs.
ANAISPar ton phrasé direct, je te vois fort experteDes sujets qui concourent au drame et à la perte.
Mon propos plus martial t'enjoindra d'une chose,Pour moi la plus précieuse et plus noble des causes :Conserver cet hymen que donna la natureLorsque au monde tu vins parée d'une âme pure.
MANONJe m'incline et j'admets votre ordre impératifMalgré la submersion de penchants intuitifs.
Toutefois dites-moi de votre expérienceQuelle sérénité, quel don, quelle vaillance Vous tirez aujourd'hui avec l'homme cruelDans une relation aussi pénitentielle ?
ANAISJe ne sais pas par où reprendre tout celaSans plonger ton esprit dans de profonds émois :C'est le comportement de femme , heure après heureQui influe sur le vie du couple et son ardeur...
Quand la raison, le corps et l'âge seront mûrs, Quand tu succomberas au maître le plus sûr,En t'ouvrant toute à lui, tu t'offriras entière Jusqu'à te l'aliéner , ce dont tu seras fière,Et tu remarqueras par son air alarméQu'il ne craindra plus que de te voir s'en aller.
Il faut pour le tenir une bonne addiction,Tu la lui offriras dans ta soumission...
MANONRedites-moi encore ce qui vous rend si pâleVos rêves de soumise, vos obsessions caudales, Vos attentes contraintes dans les nuits de douleur,Votre faim d'imprévus qui défie votre peurEt puis finalement entendant vos prièresPour l'homme qui impose cette vie singulière :De très longs épisodes de chasteté forcéeRompus brièvement d'étreintes déchaînées.
Je ne puis me lasser de votre confiance En partageant ainsi vos combats sans défense.
ANAISS'il est un plaisir fou qu'on exprime trop mal,Un classique érotique devenu trop banal,Mais qui garde au final un air de majesté,C'est l'attente statique du premier coup de fouet.
Le dos courbé offert au noble tortionnaire,Les poignets prisonniers dans des bijoux de fer,Les minutes s'allongent dans le recueillement,Le silence s'installe sous les yeux de l'amant,Mille images défilent dans un cerveau bouillant,Irradient lèvres, cœur et le ventre brûlant.
Et puis soudainement un sifflement déchireL'air devenu brumeux qu'on hume et qu'on expire.
La brûlure des cordes sur une peau à vifEnvahit tout le corps d' un plaisir implosif.
O Manon s'il te faut un jour y succomberSous peine d'y laisser ta propre identitéSonge que la contrainte et la digne souffranceTe rendent l'innocence de ta portion d'enfance.
Mais ce nouvel état il faut l'appréhenderAprès avoir mûri sur de longues années.
MANONMais le maître au final n'est-il pas simplementCe dur levier de chair, de sang, le plus brûlant,Qui néglige les ordres de son propriétaire Et s'affiche sans fard, si intraitable et fier.
ANAIS Oui quand elle se montre sous la toile tendueCette hampe imposante au profil distendu,On n'a qu'une prière qui vient comme un murmureC'est d'avoir à sa bouche l'insolente monture.
Ou lorsque prosternée, les seins sur la desserte, On écarte les parts d'une croupe entrouverte,C'est pour sentir en soi brusquement se glisserLe pal cruel et roide dans l'anneau contracté...
Mais que te conté-je ?
MANONVotre folie ma mère Qui m'emplit maintenant du feu de Lucifer...
Mais j'entends au lointain votre maître qui vientJe reviendrai plus tard connaître mon destin.
Manon sort
ACTE V SCENE 2 ANAIS MATHIS
Mathis entre
ANAISMonsieur je dois vous dire en toute dignitéQue je surprends ma fille souvent à vos côtés.
Si je n'ignore pas qu' elle vous fait la courVous vous devez par contre d'écarter cet amour.
Car Manon est intacte et j'ai fait contrôler Par la meilleure science sa vraie virginité.
J'entends que quand viendra le jour de son mariage,On la trouvera telle et quel que soit son âge..
Elle est déjà formée pour de grandes passionsMais trop fragile encore pour perdre la raison.
Je la veux épanouie , et simplement curieusePour ne pas succomber aux liaisons dangereuses
MATHISJ'entends vos exigences mais ne veux y souscrireCette enfant est pour moi un objet de désirMais pas plus que tel autre dont nous parlions le jourOù j'ai passé sur vous mes passions sans détour.
Elle a bien des attraits dans le genre et la forme Qui fait qu'on est tenté par des essais hors-normesPour découvrir chez elle la finesse d'un corpsQui ne plaît qu'à s'offrir et encore....Mais d'abordVous devriez savoir que le risque est minimeQue mon goût érotique, et ce n'est pas un crime,Porte de préférence sur les parties du corps Laissant inexploité l'hymen en son trésor.
Alors vous ne pourrez attendre de ma part Une présence forte y allant dare-dare.
Si je n'ai près de moi ses attraits pré-pubères,Un stimulant puissant pour mon imaginaire,Si je ne puis goûter à ses lèvres si finesMe laisser abuser par ses airs androgynesSi enfin vous voulez écarter de ma vueCe qui peut remplacer une passion connue...
Est-ce parce qu'un autre vivant dans la maisonA choisi de nier mes sollicitationsEt va tel un oiseau moqueur et sans égard Promener son corps d'ange devant mes yeux hagards ?
Savoir que se dandine d'un mouvement heureuxLa partie postérieure qu'on dessine des dieux,(Qui se trouve moulée à Naples, à Rome, au Louvre,Et tel un livre d'heures qu'à nos prières s'ouvre),Puis sentir la pulsion qui nous anime alorsCelle qui fragilise dans un sublime effort,Quand la part de soi-même mue par un fol ressortSe gonfle de passion et veut se bouter hors !
ANAISAmi, vous m'affolez dans votre ardente chasse Tout ce qui est gagnable, fille, gars, tout y passe !
A force de mendier les objets de conquêteVous ne récolterez que ce qu'un laquais quête,Le mouvement manuel , qu'on fait en solitaire, Pour laisser se vider la voie séminifère.
MATHISNe raillez pas mon sort, il risque d'en coûterA vos cuisses, à vos reins, plus de cent coups de fouets.
Mais dîtes-moi plutôt en quoi vos préventionsÉpargneront Manon de toute tentation.
ANAIS Je veux lui enseigner une pudicité,Une façon prudente de savoir observer Par un regard oblique, fugitif et discret L'effet qui se produit chez le mâle exaltéQuand lui viennent en tête toutes ses turpitudes.
Cette attitude sied à la jeune enfant prudeQui souffre le danger en l'ayant provoqué Mais s'en éloigne vite sans goûter les effets.
MATHISRassurez-vous ma chère, elle en a connaissance Et la pratique aussi avec grande innocence.
Mais il faut sans attendre renforcer l'aptitudeQu'elle possède en elle pour ce genre d'études..
ANAISJe vous sais pédagogue par votre science infuseMais je crains qu'à ce titre vos procédés n'abusent.
Je la laisse aux bons soins d' écoles non laïquesOù s'échange entre élèves le bon art des pratiques,Où les maîtres soucieux de vieilles traditions Savent manier le verbe comme le goupillon.
MATHISL'éducation ma chère dans notre pauvre FranceN'apporte plus aux jeunes les bonnes connaissances.
Même dans ces écoles qu'on dit confessionnellesOn a abandonné les savoirs spirituels.
Adieu les Belles Lettres , les épineux problèmes,L'enseignement scolaire bannit le théorème,L'histoire du pays, les versions et les thèmes.
On n'ouvre pas les âmes mais on se les perturbe,Ne nourrit le cerveau mais on se le masturbe,On ne sert plus l'esprit qu'en poussant la critique.
Les écoliers occupent une épopée ludiqueOù les bons droits s'empilent et les devoirs s'effondrent..
On n'y fait maintenant que répéter des frondes.
Alors pour votre enfant pas de distraction,N'attendez de personne la bonne initiationVos principes moraux qui aussi sont les miensNe lui seront que mieux enseignés par les siens.
ANAISAllons ! Vos bons conseils nous feront rechercherUn bon instituteur qui lui sache enseignerDe la bonne romance ses arcanes subtiles Mais je ne suis pas sûre connaissant le profilQue vous soyez celui, le mieux fait pour cela...
MATHISLa voici qui nous vient, épargnons l'embarrasQui peut vous envahir en restant près de nous.
ANAIS Pourvu que cette agnelle ne soit confiée au loup !
Anaïs sort.
ACTE V , SCENE 4 Manon, Mathis
MATHISAinsi, c'est toi Manon, es-tu bien réveillée ?
MANONJe constate Monsieur, que vous vous dérobez,J'en connais l'origine, j'en sais tout le prétexteJe veux m'agenouiller en cette heure de la sextePour vous redire encore avec humilitéLes affres mortifères de l'interdit d'aimer.
MATHISGarde la position qui enchante mes sens,Dirige tes yeux vers quoi tu dois allégeance,Laisse moi regarder la nuque qui s'inclineDeviner s'entrouvrir la belle bouche fine...
Je promène mes doigts sur tes lèvres tremblantesJ'y sens la vraie nature d’une passion naissante J'y perçois la douceur qui un jour m'enserraJ'y goûte encore l'effet d'un toucher délicat.
MANONIl ne tient qu'à vos ordres pour que puisse durerLa belle initiation dont j'ai pu profiter Même si notre mère se déclare hésitante...
MATHISTa jeune soumission m’apparaît si troublanteQu'un désir d'explorer ton corps et ses mystères Me dévore d'un feu tout proche de l'enfer.
Il me semble sentir une âme se donnerDépasser les limites, se laisser dominer,Aller jusqu'à l’extrême, s'abandonner ... Mais...Mais...
J'ai promis à ta mère de ne te plus toucher.,.
Et ses ordres seront strictement respectés.
Je les observerai malgré le grand suppliceQue tu me causeras, telle une Bérénice.
MANONMais que fait Bérénice ici dans ce discours.
MATHISPour la rime, ma chère, pour la rime tout court.
Même si ton amour, comme pour l’héroïne, Connaîtra le rejet dont la châtia Racine.
MANONVotre abandon m'afflige, ma jalousie s'en mêle, Car je sais que vos choix se portent sur Maël.
Et à peine franchi le seuil de cette porteVous n'aurez qu'à forcer celle d'une autre sorte.
MATHISIl ne faut pas confondre deux appétits distinctsL'un qui est fantaisie et l'autre qui est faim.
Je ne veux préciser quel est l'autre de l'unPour ne pas offenser ni vexer...
...NéanmoinsJe veux garder sur toi un regard exigeantQue ta docilité soit de tous les instants.
Je veux que chaque jour, tes tenues dénudéesMettent bien en valeur ta vraie servilité .
Je veux te voir aller et venir en nos murs Dans ces maillots seyants avec désinvolture Me rappelant sans cesse ta liberté gagnéeQu'un de ces jours prochains, je te ferai payer.
Mais j'exige surtout que tu ne cherches pas,Par des gestes nocturnes sous le secret des draps,En te remémorant des tentations lunaires,À trouver le plaisir que l’on dit solitaire.
MANON Je me lierai les mains plutôt qu'y succomberSi tels sont vos plaisirs et votre volonté
MATHISMais j'exige de plus que ton éducationS'entrouvre davantage aux récits de passion.
Aussi tu trouveras sur les hauts rayonnagesDe la bibliothèque d'enrichissants ouvrages.
Que Vanessa Duriès, Guillaume Apollinaire,Tous les livres qui peuplent ce qu'on nomme l'Enfer,Les auteurs interdits mis sur la liste noire, Sacher-Masoch, Bataille, leurs féroces histoires,Et le divin Marquis ou la belle Réage...
Je te veux haleter en parcourant leurs pages...
A leur seule lecture, éprouver et souffrir, En perdre la raison sans user de plaisir...
Ou mieux tous ces récits d'extases religieusesQui forcent à s 'engloutir les âmes les plus pieusesVers le gouffre sans fond d'un douloureux partage..
MANONJe ne connais aucun de ces curieux ouvrages
MATHISC'est ce qui fait le prix de ta candeur unique, Mais le temps est venu aux écrits érotiques.
MANONOui...Je les lirai tous jusqu'à m'user les yeux.
MATHISTu retrouveras dedans la volonté des DieuxQui glorifient la chair, la souffrance absolueEt insensiblement, dans ton cœur mis à nu,Quand la voix des auteurs t'arrachera des larmesTu rendras pour finir une à une tes armes
MANONCet exposé précis me donne le tournisEt je cours me plonger dans ces nobles écrits.
MATHISEnfin puisque ton corps encore inexploréA gardé la fraîcheur de la virginité,Ne te laisse tenter par aucune fredaineQui aurait pour méfait d'y laisser ton hymen.
Tu paraîtras ainsi selon le bon vouloirDe ta mère et ton maître le matin du grand soir.
Et puis tu t'offriras jolie mademoisellePas complètement pure mais encore pucelleToute la tête éteinte et le trésor atteintN’ayant que pleurs en liesse et que rire en chagrin.
MANONMais si pour mon malheur, je devais succomber Aux étreintes pressantes d'un jeune fiancé.
MATHISIl y a , tu le sais , par nombreuses manièresQu'à la flamme des hommes tu pourras satisfaireSans que le trésor que tu portes en ton sein Souffre de déchirure, d'écoulement carmin..
L'une que tu connais, dont tu usas naguèreA genoux devant moi, lèvres et yeux ouverts,Elle permet sans peine de contenir ses sens, Du vertige exalté, de l' aveugle jouissance..
Je ne te décris pas la seconde façonPour faire aller en toi l'objet fier des garçons...
Les Mauresques en font un si discret usagePour conserver l'hymen jusqu'à leur mariage.
Moi-même comme acteur, dans ce domaine, actifJ'en pratique un rituel qu'on dirait abusif,Mais j'aime à bien entendre quand je prends mon plaisirLe cri qui par ma faute ne peut se retenir.
Et si tu crains encore de céder ta vertuSache qu'une ceinture solidement tenuePourra sauvegarder ta chasteté de nonneEt ne s'ouvrir jamais que si la clef est bonne..
Encore plus discret , quelques anneaux bien sagesQui unissent les lèvres , en ferment le passage,Et forment un bijou en son plus bel écrin...
MANONJ'imagine ces choses qui font qu'on est contraint..
Il me tarderait presque d'entrer en tentationPour que cette menace trouve une application.
Mais pourriez-vous me dire pour connaître mon sortSi demain l'interdit qui m'asservit si fortVenait à s'abolir, quelle serait la formeDont vous useriez pour me soumettre à vos normes ?
MATHISIl me tenterait bien d'aider à te parfaireAux règles des contraintes. Si je ne veux le faireJe choisirais alors le service énergique D'une maîtresse femme qui connaît la pratique .
Lola malgré son charme et ses capacités Ne saurait aboutir à l'objectif visé ;Je connais l'expérience et la nature fineD'une dominatrice qui tient une officine, A l'autorité forte, au pouvoir séducteur, Dont ta mère un moment a vécu la rigueur. Les femmes savent mieux faire naître un désir Partager leur savoir des choses du plaisir Éveiller dans un corps de la nature du tienLa montée lente et sourde d'une ineffable faim...
Surtout si sa méthode, pour ton plus grand bonheur, Forme la sujétion de ton corps, de ton cœur Par la flagellation, par l' immobilité,La peur, par la douleur d' orifices forcés..
Dans la communauté de l' Homme, ma pucelle,Les plus cruels sont ceux qui se disent icelles.
Elles sont les plus fortes et les plus inflexibles Pour battre et pour marquer autant qu'il est possible Le corps d'une semblable où règne l'innocence...
MANONQu'il est terrible et doux le travail de nos sens ,Tout se trame en secret au fond de l'intellect,On s'écoute , on se voit, et l'effet en directS'immisce dans le corps par sensations brûlantes.
On s'abandonne alors au destin qui nous hante,Être l'esclave aimée qui cherche la tourmente.
Fin de l'Acte V
ACTE VI SCENE 1 Mathis, Alexandre, Anaïs
Chambre de Mathis et Anaïs. Anaïs est allongée sur le dos, les pieds et les mains attachés par des cordes . Sa tête déborde du lit et se trouve ainsi renversée.
ALEXANDREMathis, je vous savais homme de grand talentMais là vous dépassez tout mon entendement
MATHISJ'ai envoyé les gosses par le funiculaireS'en aller barboter quelques instants en mer.
Nous serons bien tranquilles comme deux vieux amisAvec celle que j'aime attachée sur ce litPrête à offrir son corps et à le partager.
ALEXANDREVotre amitié est forte, je veux la louanger.
Anaïs me dédie un sourire magique Qui a pour moi l'effet d'un stimulant physique.
MATHISCe matin la servante nous l'a bien préparée.
Pendant une heure au moins, nous l'a enamourée.
Je les ai entendues pousser tant ,de soupirsQue je crains maintenant ses forces se tarir.
A Anaïs
Dites-nous mon amie, sans faire l'élégante, Ce que Lola a fait, pour vous rendre brûlante ?
Quels actes liminaires vous auront révélée ?
ANAIS Lola sait embrasser comme nul ne le faitSa langue est si puissante et sa grâce si forteQue le premier baiser rend déjà ivre-morte.
Mais aussi il y a cette patience à faireSans jamais s'empresser ni se laisser distraireUn long dépouillement de tous les vêtementsPour que la nudité arrive au bon moment.
Et ses mains, oh ses mains d'une douceur divineSe promènent longtemps sur sa peau carmelineAvant de caresser celle de sa compagneL'accompagnant dans son ascension de cocagne.
Et sa langue , oh sa langue, à la vibrance folleS'insinue doucement vers un point qui s'affoleDans un jeu qui, supplice, à son tour s'improvise.
Et ses doigts, oh ses doigts à la finesse exquiseDans tous les trous du corps glissent en tapinoisSavent forcer celui qui est le plus étroit Et la pauvre Anaïs, malgré elle, âme en feu, Par mouvement réflexe se contracte autour d'eux.
ALEXANDREBravo ! la pause déjeuner vous aura, je l'espère,Rendue aussi sensible sans perdre vos repères.
MATHISLe repas que tous trois, nous avons fait avant,Arrosé de Loupiac et et de léger CrémantA brouillé notre esprit sans affaiblir nos forces.
Croquons le fruit tout frais sans l'amer de l'écorce...
ALEXANDRENous avons pris le temps qu'il fallait, qu'il faudra, En citant du Boccace et du CasanovaRien ne s'assemble mieux que les Lettres et le vin.
MATHISEt les plats d'Escoffier, et les femmes... Enfin !
N'oublions pas de grâce ce qui est essentielDans notre quête aveugle d'un soupçon d'éternel.
Puis après un silence
Mais vous semblez bien calme o très cher AlexandreCette scénographie ne prétend pas détendre !
ALEXANDRE Il est vrai qu'en venant je me suis souvenuDes détails de propos que vous m'aviez tenusEt une excitation a si vite montéQue j'ai dû un moment m'arrêter de côtéPour me laisser tenter au réflexe onaniste.
MATHISJe ne suis pas adepte du plaisir des solistesMais par salubrité, certes, je le comprends ,Vous n'en conserverez que beaucoup plus longtempsDe bonnes aptitudes à ne pas secréter.
Puis après un silence
Trouvez-vous Anaïs joliment apprêtée ?
ALEXANDREAu toucher de sa peau je la sens qui s'enfièvre.
MATHISVoyez ces reins intacts et ces petites lèvres Que l'on trouve plissées, glabres et virginales Comme chez la novice pré-pubère et vestale.
Je préserve Anaïs autant que nécessaire ; Il faut comme en nature un cycle de jachère.
Depuis la première heure de mon séjour iciJe délaisse son sexe, son corps est en répit.
Durant ces quelques jours je compte sur mes doigts Quand j'ai forcé sa bouche et l'orifice étroit.
J'ai Lola pour l'hygiène, les jumeaux pour le rêve :La bonne satisfait mes appétits sans trêveEt les deux jouvenceaux aux airs si puérilsM'apportent l'illusion des amours infantiles.
Je crois aux privations qui aiguisent l'envie,Le jeûne du jouir affine l'appétit De mets et de pratiques où plaisir et souffranceSe mêlent aisément sans aucune nuance.
Mon ami, Anaïs vous offre primautéDe choisir un objet qui va la corriger.
ALEXANDRE N'est-il pas dans les mœurs d'obtenir un accordDe celle dont on va martyriser le corps ?
Il me semble évident que cet assentimentApporte à ce congrès sa dose de piment.
MATHISC'est vrai, interrogeons notre chère maîtresseAvant de bâillonner sa bouche pécheressePour que ses cris, ses plaintes et ses râles mêlés N'alertent vainement tous les gens du quartier.
ANAISJ'ai la bouche trop sèche, les lèvres trop tremblantesPour pouvoir exprimer ma nature flagrante.
Nul ne peut réclamer sinon pour s'entremettreLes sévices cinglants de son vénéré maître.
Ce serait s'immiscer dans son choix impérieuxQui est sa liberté, son jugement et mieux,La manière aboutie d'exprimer son amour..
MATHISSais-je dire je t'aime ou jamais ou toujours ?
Ce sont les châtiments mes ultimes ressources.
Et si parfois mon bras hésite dans sa courseJ'en demande pardon pour autant de faiblesse...
ANAISVous n'avez jamais fait acte de maladresse...
ALEXANDREMadame comme ami je pourrai affirmerQue lui ne vous hait point et que vous vous l'aimez.
Le dialogue trahit votre complicitéSes mots sont hésitants et vous, vous frissonnez.
ANAISEt si je tremble autant avant cette séanceC'est d'amour et de peur, d'ivresse et d'impatience.
De grâce conservez le choix de l'instrument, Le choix de la durée et le choix du moment .
ALEXANDRE La souffrance aide aussi à dépasser l'effroi,Elle apporte sagesse, dépassement de soi
à Mathis
Mais vous mon cher ami quelle est votre habitude,Quand votre peau s'échauffe et que vos eaux s’exsudent,Quand vous sentez le sang migrer vers votre truc,Battre avant ou après que n'éjecte le suc ?
MATHISL'une ou l'autre manière mène à la même issue.
Notre littérature sur le thème a connuUne variation de genre et de débat.
Je ne veux pas créer un nouveau marquisat.
On brutalise avant pour attiser la flamme,Pour soi-même se mettre au service de la dame,Pour réveiller en elle le feu qui la consume ...
Ou on corrige après car c'est une coutumePour punir celle qui vous aura épuisé,Vous aura fait sombrer dans la bestialité,Surtout si elle-même s'est toute abandonnéeEt a manifesté un plaisir passionné.
Je ne sais par ces causes quand je suis le plus durLes humeurs évoluent à la bonne aventure..
ALEXANDREVous me parliez aussi d'autres dispositionsDe certaine exigence et de vos conditionsPour parfaire vos jeux auprès de vos soumisesEt en particulier, prohiber la sottise...
Vous demandez chez elles un fonds de connaissance,La culture des livres et des notions de science,Car la beauté du corps, comme ici notre aimée,Doit être accompagnée de bonnes facultés.
MATHISPlus la femme a d'esprit et de raison critiquePlus grandes sont chez elle les charges oniriques.
Et l'imagination dans ses contours obscursRend possible le rêve jusqu'à la déchirure.
Elle s'adapte mieux au pacte redoutableDe soumise prête à vivre l'insoutenable.
Allez donc pratiquer auprès d'une ignoranteSon inculture seule nous paraît impudente,Elle apporte remords et culpabilitéQuand s'achève le temps de la brutalité.
Car ce n'est pas l'amour mais l'animalitéQui se partage alors, à vous désespérer...
Bien sûr c'est différent quand l'immaturitéD’une jeunesse pure encore inexploréeSe conjugue si bien avec de l'innocence.
On se veut précepteur pour cette inexpérience :La belle âme docile écoute sagementLes notions et savoirs que l'on juge importants.
Entre deux réflexions, au milieu des préceptes,Pour qu'elle soit tentée , et qu'enfin elle accepte, On raconte en détail l'usage de son corpsEt on met la pratique comme dernier accord.
ALEXANDREEt qu'en est-il pour vous de son aspect physiqueN'est-ce pas l' épicentre de l' invite érotique ?
MATHISOui, pour mon stimulus, il faut évidemmentQue l'objet du désir, qui en devient tourment,Ait un visage fin, une silhouette accorte,Une bouche sensuelle, un regard qui emporte,En un mot il nous faut que la belle ait du chien,Que son style relève d'un peu de tragédienMême si sans différend celle qu'on se choisit D'entre toutes les perles n'est pas la plus jolie.
Je redis mon penchant pour l'âge pubescentMon addiction charnelle pour les adolescents,Je sais que la jeunesse le plus facilementConcentre ces valeurs par principe évident,Mais je dis que la femme qui a de l'expérience,De la maturité, et en sexe des sciences,Reste aussi un bon choix , comme Anaïs l'est ...
ALEXANDRECertesOn retient la sagesse d'une maîtresse experteQui cultive parfois depuis plusieurs annéesLes méthodes gracieuses pour assouvir l'aiméDans ses pires fantasmes. La bouche d'Anaïs,Au sourire si doux qu'elle inspire le viceCapte toute attention depuis mon arrivée.
MATHISVous avez bien raison de me le rappelerCar tout ça nous éloigne de notre objet premier...
Je vois à votre port l'organe se gonfler.
ALEXANDREIl ne se contient plus dans l'espace étriquéQue lui offre la toile. Il faut le libérer...
Alexandre sort son sexe.
MATHIS à AnaïsVoyez comme Alexandre est joliment membréJe vous laisse loisir de bien le regarder ;Il a de ce côté de belles proportions.
Pour donner une idée de ses mensurationsQui l'ont fait désigner de nous deux maître-queue-Mais regardez encore !- vous constaterez que Ne se rejoignent pas lorsque ma main l'entoure Mon pouce et mon majeur bien resserrés autour,Et que mes deux poings mis à l'encapuchonnerLaissent une longueur notable dépasser .
Mathis joint l'acte à la parole
Il y a de la douceur sur la peau de ma main Mais aussi de la force, les deux se marient bien....
ALEXANDREAvec urbanité vous savez nous guiderDans le monde touffu des arts et des idées .
Mais vous savez aussi être un très bon manuelVotre esprit s'accompagne de grâce gestuelle.
ACTE VI SCENE 2 LOLA , MATHIS, ANAIS, ALEXANDRE
Lola entre dans la pièce précipitamment.
LOLAJ'arrive ! Je le vois : c'est les préliminairesJe craignais d'atterrir comme carabinière.
Puis apercevant le sexe bandé d'Alexandre
Je parodie : Oh oui, c'est colossal Monsieur On peut tenir, Mon Dieu ! bien des propos curieuxEn variant le ton , - par exemple, tenez :Plaintif : je compatis pour celle ou pour celui Qui le laisse accéder à son étroit pertuis.
Descriptif : C'est un pieu, c'est un mât, c'est , que dis je Un obélisque dru dressé comme une tige Qu'aucun archéologue a jamais découvert..
Prévenant : protégez vos mirettes, vos verres Quand vous penchez la tête un peu trop en avantVous y perdrez un œil en percutant le gland.
Épique : Louis Philippe, s'il l'eût connu avant Aurait imaginé et dressé autrement Le monument qu'on voit Place de la Concorde.
Pratique : Pauvre marin si un jour une cordeVient à lâcher ton mat sur le pont du navire,Sache qu'un expédient te permet de tenirEt de suivre ta route toutes voiles dehors...
Technique: Si les fusées spatiales qui explorentTous les objets du ciel jusque Alpha du Centaure,En viennent à manquer pour un prochain envol,On l’émasculera en retroussant son colEt on l'apportera à Cap Canaveral.
Judiciaire : on peut rendre au supplice du palUn air de déjà vu du côté des Carpates,Si on se veut sensible au toucher de prostate.
Sportif : Les femmes qui gravissent les montagnesY trouvent les plaisirs d'ascension de cocagne, S'en courent le Mont Blanc et même l'EverestAlors que des exploits pareillement alpestresS'accomplissent ici au pied de ce pénis.
Voila ce que je dis, pour rire et sans malice Au spectacle inédit de votre braquemart,Roide et tendu, Monsieur , d'un beau pourpre sans fard,Et il est temps bien-sûr d'abaisser la pressionPar quelque délicate et profonde succion.
ALEXANDREVous me voyez sensible à tous ces complimentsLola , votre expertise dans ce sujet brûlantM'est marque de confiance et là, je vous demande D'aider notre soumise à ce qu'elle n'appréhendeAucun raffinement , aucun des durs sévicesQue par fraternité, m'a garantis Mathis.
MATHISAgissons comme si la Morale des hommesIrait se précipiter au fond d'un maelstrom.
LOLAQui parle de Morale, ici-bas votre honneur Il est moins moraliste que moralisateur.
Je préfère en tout point une imaginationQu'on trouve dans la prose et les belles chansons..
ALEXANDRE Et qui fait de la prose, en s'en flattant , ma SoeurFait plus du prosaïque qu’œuvre de prosateur ..
LOLAEt qui parle d’amour sans pratiquer messieursil est fort peu amant et bien trop prétentieux..
MATHISCessez donc cette joute aux fondements abscons,La pose d'Anaïs mérite une réponse.
LOLA à AnaïsAnaïs vous semblez maîtresse bien soumisePrête à subir le viol , l'homme qui tyrannise,Vous voilà prisonnière de fausses tentaculesAllongée sur le dos, la tête qui bascule Prête à ouvrir les lèvres pour une intromissionSi profonde et si forte de l'instrument fécond,Alors qu'un second homme de son côté caresseLa fente glabre d'où l'appendice se dresse...
MATHISNotre ami sait aller dans la gorge profonde Rechercher un plaisir qui parcourt comme une ondeLe corps de notre esclave ardent et volcanique.
Voyez ses aptitudes en tous points héroïques A engloutir sans pleurs l'organe monstrueuxQui forme dans son cou des vagues et des creux.
Alexandre agit en ce sens.
LOLALa mise en scène est forte, le spectacle est troublant Où l’on voit l'honnête homme déguisé en servantEmpli de prévention et d'attention louablesParrainer sa compagne pour des actes coupables.
Trouverez-vous Mathis la force et la colèrePour l'avoir délaissée aux folies adultères ?
MATHISC'est une bonne action que d'offrir sans retourL'être qui nous est cher à l'ami de toujours.
On la sent bien nerveuse car elle ignore en faitLe supplice qui suit, les actes improvisésQui vont bien la punir de son écart nuptial.
Oui ce plaisir qu'elle a, qu'aucun autre n'égaleA chaque enfoncement du sexe ou de ses bourses, Je le sens sous mes doigts à l'abondante sourceQui coule de ses plis comme aveu de faiblesse.
LOLAVous êtes bien sévère face à une prouesseQue je redouterais si j'en étais victime.
J'ai rarement connu une gorge sublime Qui engloutisse ainsi sans bruyant haut-le-cœur, Sans suppliques plaintives ni suintements d' humeursLe format de l'engin de Monsieur Alexandre.
MATHISOh vous ne perdrez rien, rien de rien pour attendre...
Je vous initierai à cette irrumationAvant que de quitter notre noble maison.
LOLAJ'en frissonne de peur autant que d'impatienceTant vos proportions frisent l'inconvenance ,Même si je le dis sans aucune avanieElles diffèrent de celles de votre ami.
MATHISGardez pour vous, Lola, tous vos comparatifsSur le port des lingams, leur format relatif, Et prenez votre rôle de bonne domestiquePour stimuler mes sens, valider ma réplique Pendant que mon ami en larges mouvementsLui envahit la gorge en rêvant à Maman.
En silence, pendant de longues minutes les quatre personnages s'affairent.
ALEXANDRECe silence abbatial nous invite à l' entracte...
De mes désirs, de mes paroles et de mes actes,Je ne sais bien pourquoi ma jouissance est plus forteLorsque j' entends souffrir l'élément qui l'apporte.
Anaïs est si souple et presque trop docile Je crains me relâcher en jouissance facile, Je veux garder en moi un soupçon de vigueur.
Je m'arrête un moment , un peu à contrecœur...
Cette belle paix trouble une concentrationEt pourrait nous laisser aller à l'abandon.
MATHISSi le plaisir décuple à cette conditionJe veux bien faire mienne votre disposition.
Je propose de prendre la chaude et large placeQu'a su si bien offrir la belle LovelaceCependant que Lola viendra vous amuser Par une exhibition de fouettage endiablé.
Les personnages s'exécutent . Lola se met à fouetter doucement le corps d'Anaïs.
ALEXANDRETout ce charmant spectacle me maintient bien en vieSans marquer durement la peau de notre amie,Chère Lola allons, donnez-nous le spectacle Du rougeoiement du flanc de la blanche bernacle.
LOLAAnaïs, une oie blanche, comme vous y allez !
L'esprit qui est dedans sait se dissimulerMais il ne fait de doute qu'il y a en sa tête Plus de lubricité que chez son maître esthète.
MATHISJe sais, les femmes ont sur toutes ces questionsUne aptitude, un goût, une imagination,Qui pourraient en revendre à plus d'un débauché.
Elles ont pour le plaisir tant de capacitésQui s'éveillent si tôt , latentes et violentes,Que les hommes demeurent, là, loin de leurs attentes.
Elles cherchent sans fin la passion dévoranteQue ne peut assouvir ni amant ni amante Mais le fantasme fou, la chimère absolue,Est de jouir et puis, mourir de ses mains nues.
LOLALes gentils petits coups de ce fouet de salonFont comme un son de braise maniée par le tison.
Ils lèvent en douceur le désir féminin Qui sans ces conditions ne peut s'exprimer bien.
MATHISMais notre élève attend bien plus que ces caressesD'un cuir trop bienveillant donné avec mollesse-Pardonnez-moi Lola-, je la sens réceptiveA des jeux exauçant son talent de captive.
ALEXANDRE Oh ! à votre air soucieux, je sens qu'une varianteVa vite transformer notre Eve en suppliante.
Quelle voie démoniaque, et quel ressort subtile,Vous inspirent ces plans qui la rendent fébrile .
Avec vos scénarios qu'un commun n'imagineVous nous préservez de la sinistre routine,De celle qui nous noue l'aiguillette fragile,De celle qu'à nos femmes on se rend trop docile.
Mathis parle à l'oreille d'Alexandre, propos inaudibles pour le spectateur et les autres personnages.
ALEXANDREMon ami quel programme ! Et quelle cruautéJe ne sais si moi-même je pourrais supporterLe tableau inspiré par votre extravagance Qui se défie de tout même la vraisemblance.
MATHISPhilosophiquement je retiens du MarquisLa divine instruction que naguère il offrit.
Si par essence l' homme fait prospérer le malC'est pour la permanence des conventions sociales.
Puis après un silence
On ne peut concevoir qu'une assemblée futureD'un théâtre lointain, fût-il le plus obscur,Initiée pleinement aux fantaisies d'un rite,Puisse malgré tout voir la scène ainsi décrite.
Il faut laisser aux faits une part de secretPour ne faire entrevoir qu'un phantasme discret,Et l'imagination en sera débridéeEt le plaisir des sens en sera décuplé.
Tirons pudiquement le rideau de la scèneEt gardons à nous seuls pour n'être pas obscènes, Ces actes indescriptibles qui ne se pourront voir...
L'égoïsme se pare des vertus du devoir …
ANAISIls ne sont plus témoins ces spectateurs frustrésD' abandons convenus, alors je laisse allerVos coupables actions sur mon corps sans défenseJusqu'à la démesure, jusqu'à l'invraisemblance...
La lumière baisse progressivement alors que les deux hommes et Lola s'affairent sur le corps d'AnaïsFin de l'Acte VI
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