L'été d'Anaïs Actes 7 et 8
Récit érotique écrit par M la Maud [→ Accès à sa fiche auteur]
Auteur femme.
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Histoire érotique Publiée sur HDS le 14-08-2020 dans la catégorie Dominants et dominés
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L'été d'Anaïs Actes 7 et 8
ACTE VII SCENE UNIQUE MAEL MANON Chambre de Maël. Deux jours plus tard. Il est allongé sur le ventre , un drap simplement jeté sur lui. Il lit. Manon entre.
MANONPardon de déranger mais je suis un peu tristeIls sont tous partis pour une nuit échangiste,Même Lola nous laisse en cette maison vide Que le silence emplit d'une façon morbide.
Je désirais parler pour évacuer mon spleen,Des images étranges filent sur mes rétines, Au point de tout m’ôter, sommeil et appétit.
Il me reste mon frère à qui je n'ai pas ditDe mon imaginaire de curieuses penséesEt un fantasme aussi presque inavouable...Eh !
Quelle est cette lecture que tu me dissimulesPrestement sous les draps ?..
MAELC'est un ouvrage nul.
Rien de tel pour dormir qu'un bouquin insipide.
MANONRien de ce qui paraît insignifiant et vide Ne peut être en état de tant nous absorber.
C'est un livre sans doute qu'on a honte à citerTant il recèle d'art licencieux et vulgaireOu bien c'est un missel à la pensée austèreQu'on cache pour masquer sa profonde piété...
MAELJe garde pour moi seul son contenu secret.
Avouons qu'il raconte la passion pour un Dieu,La soumission d'un être dans un désir fougueux.
Les deux genres s'accordent plus que tu ne le saisIls guident son sujet vers la félicité.
C'est un livre qu'on lit pour goûter les moments D'abandon souverain d'un bel isolement.
Aussi pour t'avertir , c'est cette solitudeQui nourrit en mon cœur une juste quiétude.
Si je n'attachais pas ce soir autant de prixAu lien unique et fort au sein de la fratrieJe te dirais Manon, laisse moi en reposRetourne te coucher, et fais un gros dodo...
MANONAh ! Tu conviens qu'aucun dans ce monde sauvageNe dois manquer d'un frère pour bien vivre un partage.
Et ta chambre je crois, a la commoditéD'être un endroit douillet, si calme , si discret,Un endroit pour goûter en toute sûretéAux échanges féconds, aux confessions utiles Qui nous soulageront dans ce pas difficile.
MAELCertes quelques instants à partager ensembleNe pourront qu'affermir tout ce qui nous rassemble.
Expose tes frayeurs, nous les étudieronsEt puis rassérénés, nous nous libérerons.
MANONUne intuition me vient après ces quelques jours.
Mathis n'a pas tout dit sur lui et son parcours.
Cet individu-là me paraît dangereuxMême s'il me fascine et éblouit mes yeux.
Pour avoir sa fortune, et ses goûts , ses mystères,Des relations bizarres auprès de gens divers,Je ne peux supposer une vie ordinaire,Ou c'est un comédien ou c'est un grand gangster.
MAELTout libertin cultive un style inexplicable.
Son jardin est si dense qu'il est impénétrable.
MANONIl y a dans tout ça un excès de secret,Je perçois des intrigues, j'entrevois des marchés,Cet homme a trop le goût du luxe et des luxuresPour n'être pas mêlé à quelque histoire obscure.
Il a de l'entregent, des manières subtiles,De la conversation à ravir des édilesEt un charme si fort et si accapareurQu'on ne sait devant lui comment ira son cœur.
MAELJ'ai perçu sans le croire des propos sibyllinsDonnant quelques détails de son passé lointain.
Il y a des affaires et peut-être des crimesJe le sens homme à faire de nombreuses victimes.
Et pas uniquement dans l'univers sadique Où il excelle tant par l'art et la pratique.
MANONJe tremble à ce récit, approche-toi j'ai peurJe sens au fond de moi un soupçon de malheur.
MAELIl ne faut pas laisser sujet qui s'obscurcisse.
Il a , j'ai bien compris, un grand bureau à Nice.
J'en ai trouvé l'adresse en ses petits carnetsQui faisaient tant d'effet sur ma curiosité.
Il nous faut sans délai dévoiler son secret.
Mardi je volerai discrètement ses clefsPuis nous prendrons sitôt le premier train pour NiceEt irons explorer le lieu de tous ses vices.
Nous lui présenterons un prétexte futilePour partir tous les deux une journée en ville.
Il sera trop heureux de nous savoir sortisPour mieux organiser son lucre et ses orgies.
MANONVoila un plan futé qui me paraît tenirMais j'ignore vraiment ce qu'on va découvrir...
puis après un silence
Mais je te vois trembler, tu sembles traverséPar une onde magique proche des voluptés .
A la simple allusion des méfaits de MathisSe peut-il que ton corps dans le plaisir se glisse ?
Tout ton bassin s'agite, ton souffle est déficientEt ton front qui ruisselle, et ton regard absent !.
Manon retire prestement le drap qui recouvre le corps de Maël allongé sur le ventre . Qui à son tour tente de le remettre sans y parvenir tout à fait.
Oh mon dieu peux-tu dire quel est cet instrument Intimement planté là dans ton fondement ?
MAELNe fais pas l'innocente. Tu le connais déjà,Son nom et son usage, ses conditions d' emploi,Celui-ci vibre en moi depuis près de deux heuresPour cultiver l'effet avec sens et lenteur.
Il avive en douceur la sensibilitéDe la fosse profonde , de ses tissus cachés,Et progressivement en élargit l'accèsPour rendre plus commode ce qu'on pourrait chercher.
MANONC'est ma curiosité qui m'avait fait trouver ,Dans la chambre de mère, dans ses tiroirs secrets,Des boîtiers regroupant de ces pals synthétiques A la forme évasée certainement pratique,De tailles progressives, pour permettre en douceurLa dilatation lente de l'antre du sapeur.
C'est un plaisir subtil que l'on peut partagerHommes, femmes, et autre, avec le même attrait ;Quoique, nous connaissons la singularitéDedans l'anatomie du mâle hominidé ,Un organe discret si proche et si actifQui offre en profondeur, qui rend plus intensif Le plaisir que la femme n'en n'aurait que partiel-...
MAELJe découvre l'envol d'une montée au cielA la simple présence de cet objet discretEt je devine un peu ce qui m'arriveraitSi dans un jour futur, sans peur ni retenue,Je m'offrais à l'entrée d'un semblable charnuMême si je me convaincs que la situationMe contraindra en force à bien des concessions.
MANONIl me paraît bien sûr et tu t'en convaincrasQue l'opportunité, alors, qu'on t'offrira Multipliera par cent les effets de transportsSur les plans combinés de la tête et du corps...
En tout cas un conseil, pour n'avoir pas perduDans ma mémoire et sur mes lèvres distendues,Le souvenir lointain mais précis de MathisJe t'exhorte à choisir, sauf le choix du supplice,Un diamètre plus large dans tes petits jouetsPour mieux te préparer aux joies dont tu parlais.
MAELJe ne sais plus du tout s'il faut hâter ou non Un rêve si confus, un songe en déraison, Qui vient jour après jour, qui vient nuit après nuit Dans mon esprit naïf, se montrer plus précis.
Mais que me contes-tu et qui m'anime tant ?
Dans mes extrémités, il bouillonne mon sang !
Approche toi ma sœur, joignons nos solitudes,Pour réchauffer ton corps, soigner ma rectitude.
Notre union mimera le cocon prénatal,Ce temps de l'ignorance et du bien et du malNous étions tête-bêche au cœur du premier œuf.
Reproduisons-la en faisant soixante-neuf.
MANONO nombre si mythique vu du Kamasutra Ou sur les bas-reliefs du temple Lakshmana Les artistes du monde, d'Hokusai à WagenerCélèbrent son audace d'aujourd'hui et d'hier.
C'est, dit-on, sans emphase, ni autre périphrase,La pose raffinée qui conduit à l'extase.
Pourtant , pour ce qui est du plaisir aboutiJe vois là sur tes draps des dessins en lacis,Ils sont d'une fraîcheur et de belle étendue.
Aussi sans longue pause, mais comment pourras-tuMalgré ta grande force et ta constitution, De ton lait séminal , répéter l'éjection ?
MAELIl en bout déjà plein dans mes canaux noueux A la simple intention de l'acte incestueux.
Vois ! je me suis nourri des récits historiquesOù les liens familiaux de nature érotiqueUnissaient frère et sœur, magnifiaient leur amour,Dans un esprit ouvert de don et de secours.
Les exemples nombreux, ne les connais-tu pas ?
L'histoire a relaté la passion de JuliaPour son empereur et frère Caligula,Les mariages royaux des jeunes pharaonsQui prenaient pour épouse, fille de la maison ,Les Borgia, et bien d'autres, gente issue du clergé,La Marquise-poison dite de Brinvilliers, Isis et Osiris... et tous les anonymesQui se sont essayé à ce plaisir ultime...
MANONComme François-René et sa chère LucileQui trouvèrent ensemble l'inspiration fertilePar une belle histoire de passion fraternelle.
MAELOui l'apport pour les Lettres a été essentiel..
Et je ne parle pas des passions hugoliennesQui donnèrent l'élan de poétique antienne..
Point de tabou ici ni de répression làLe plaisir est lui seul l'enjeu de ces ébats ;Et si quelque savant inspiré de moraleRéprouve ces unions comme destins fatals,C'est pour la descendance qui en hérite malDes tares combinées de la femme et du mâle.
Pour sa part la nature n'a pas ces exceptionsElle ne s'encombre pas de moralisation, Et bien des animaux issus de même mère S'accouplent sans souci de mal ou de bien faire...
MAELAussi on peut user sans peur de descendance A tout moment de l'an, en toute intempérance,Sans risques, frères et sœurs, de façon opportune,De deux voies infertiles, et qui nous sont communes.
...Mais ma langue durcit à beaucoup discourirAllons ! prenons la pose, je m'en vais l'assouplir.
MANONOh mon frère adoré tu reprends de vigueurJe la sens sous mes doigts la passion de ton cœur.
Des battements puissants semble endurcir ton membre...
Je le vois qui s'érige, je le vois qui se cambre...
Les deux adolescents prennent la position dite « congrès du corbeau » ou 69.
MAELEt ce petit bouton qui à son tour bourgeonneEntre des lèvres fines que n'a souillées personne,Je m'en vais d'une langue ardente et vibratileL'aimer, le butiner, ô l'affolant pistil....
Et je sens, dans ta bouche, tout mon être se tendre...
MANONOh mon Dieu, un instant, je me dois de suspendreDe ton membre massif l'envahissement folSous peine de mourir d'un arrêt de diastole ...
Je récupère un souffle altéré par le feuQue me cause ta langue au laper savoureux...
Laisse aussi se détendre sous la pression du doigtL'orifice secret, si nerveux si étroit,Que je trouve assoupli par la fonction propiceDes objets vibrateurs aux délicats offices..
MAELAh la douce caresse au fond de mes entraillesA sa seule pensée, je sens que je défaille..
Mais tout en manœuvrant ton index si agilePar pitié, dans ta bouche reprend l'objet virilL'addition des plaisirs mène à l'exaltation..
MANONJe reprends volontiers ma studieuse succion Si pour ta part tu veux que ton doigt s'aventure Aussi profondément dans l' étroite ouverture...
Puis pendant de longues minutes, alors qu'une douce musique envahit la pièce (qui couvre à peine le bruit de leurs succions) , Maël et Manon poursuivent leurs caresses.
MAELAh ! Je jouis, j'exulte et je t'offre ma sœur Au profond de ta gorge une amère liqueur...
Après quelques instants.
MANONEt moi-même je suis traversée par la joieJe devine un geyser qui s'écoule de moi...
Ne la sens-tu Maël cette onde qui nous prend De part en part, partout, du dehors, du dedansQui nous rend amoureux du simple acte d'aimerEt qui nous exténue par son intensité.
MAELOui la tendresse vient et puis nous engourdit Après cette effusion et cette frénésie..
MANONPour la deuxième fois je reçois le nectar, La masculine source du dard aux jets bizarres ;J'en perçois l'artifice, le sens et la nature...
L'abondance n'est pas, tout comme la texture,Celles que je goûtai, à genoux, à ses pieds,Des poussées de Mathis au fond de mon palais...
MAELIl ne tient qu'à toi et ta bouche de veloursDe lui ouvrir tes lèvres et boire chaque jour Le précieux élixir qui ne se perdra pointDans le pertuis plus noir , délaissé, d'un conjoint.
MANONA Mathis je ne peux lui offrir cette grâcePuisqu'un de mes serments me conduit en impasseCelui de rester vierge, à notre mère aimée Et à notre despote, une vraie chasteté.
MAELTu conçois qu'avec moi tu en a trahis unEn me laissant licher ton petit capucin.
MANONOh Mon Dieu j'oubliais qu'avec son propre frère Il pouvait y avoir quelque péché de chair.
Bien vite, de ce pas, je m'en vais vers mon lit Retrouver mon état , mon modus vivendi,Qui conduit ma vertu pour ce qui est du corps Mais me laisse penser, imaginer encore,Et puis lire, et puis voir ce qui est licencieux Sans qu'aucun de mes gestes, en impuissant aveu,Ne puisse concéder un abandon physique.
MAELIl est l'heure en effet d'être un peu plus civique.
Demain tu supplieras Lola ou notre mère De bien cingler le fouet sur ton petit derrière.
Elles en ont, je le pense, un très bon exercicePlus doux en tous les cas que celui de Mathis...
Bonne nuit belle enfant et moi bien allongé,Je me remets en scène comme tu m'as trouvé..
Elle quitte la chambre, la lumière s'éteint.
Fin de l'acte VII
ACTE VIII SCENE 1 Lola, Anaïs Salle de séjour de la villa, le lendemain.
LOLAMadame vous semblez avoir mauvaise têteVotre regard vitreux, cette mine défaiteTout me laisse à penser que la soirée d'hierN'a pas été pour vous une agréable affaire. Vous vous êtes apprêtée durant de longues heuresMoi-même j'ai veillé sur vous comme une sœurPour que vous deveniez au sein de l'assembléeEt la plus désirable et la plus enviée.
Vous attendiez l'orgie comme un événement ;Cela n'a pas été pour vous si ravissant ?
ANAISEn langage d'amour soumis peut-on vraimentUn moment prononcer le mot ravissement ?
C'est à chaque sortie une égale surpriseCe qu'on y attendait ne semble plus de mise.
Bien que l'annonce fut l'adresse d'un donjonNous sommes descendus dans un endroit profondQui rassemblait déjà au moins douze personnes. La cave était voûtée , tous les sons y résonnent, Les femmes invitées devaient déambuler En tenue bien légère qui laissaient dénudéesLes parties postérieures et les seins balafrés...
Elles étaient nombreuses les compagnes marquéesPar des coups de cravache , des séances de fouet, Par des anneaux fixés, des marques de soumise,Chaque maître apposant de ce fait son emprise.
La gente masculine de son côté allaitPlus librement dedans ce souterrain secret,Les uns mis en costume d'autres en bas collants,Qui mettaient en valeur leurs attributs vaillants.
Nombre d'entre eux touchaient d'appréciables louanges De par leurs homologues en prémices aux échanges.
Et chacun sa façon pour nous complimenterLes uns par un regard, mais qui déjà promet,Insistant sur nos formes rarement vertueuses,Les autres en inspectant par une main fouilleuseLes parts mises à nue, si dociles des corps Anticipant déjà leur soif de Minotaure.
Il y avait chez eux un homme bien curieux A la tenue austère et aux traits ténébreux Il n'était point venu avec une soumise-Et J'ignorais ma foi la formule permise-Mais avec un garçon ravissant et gracile Aux atours harmonieux, à l' air si juvénile Qu'on aurait pu craindre être hors de la loi,Dépourvu de morale et susciter l'effroi, Si d'avance on n'avait reçu pour règlement De prohiber le lieu aux moins de dix-huit ans . Son visage si fin et ses formes plastiquesEt sa docilité, et ses airs angéliques...
Il avait en effet bien les traits d'un éphèbe.
Son maître le veillait comme le serf sa glèbe.
Il était tant à l'aise au cœur de la mêlée.
Recevant compliments et regards appuyésQu'on oublia bientôt la moitié des présents-Des présentes plutôt-, remisées sur les bancs.
Une folie alors accapara les hommesQui se mirent en chœur à célébrer Sodome.
Chacun suivant son tour autant qu'il semblait plaireLui pénétra la croupe de son glaive de chair.
Le garçon haletait aux envahissements, Le plaisir se lisait sur son front rougeoyant Et c'est à peine si entre chaque saillie On lui autorisait un moment de répit .
Ils usèrent chacun diverses positionsSelon les suggestions, selon l'inspiration.
En levrette, à genoux, allongé sur le flancOu offrant sur le dos son beau visage franc.
Le jeune sodomite se sacrifia beaucoup.
Son maître décida de le prendre debout.
L'appuyant contre un mur , caressant son bas-ventrePour deviner l'effet qu'il faisait en son centre,Il le laissa glisser vers un plaisir parfait.
Tenant à pleine main, pour mieux les écarter, Les deux lobes fessiers, le garçon lui offraitA son épais pilon, l'orifice enserré.
Et Mathis dans tout ça ne fut pas le dernier A demander sa place dans la folle tournéeEt bientôt il passa dans le dos du garçon Puis tenant fermement sa taille de gitonSe caressa longtemps contre lui sans entrer. Je le voyais sourire et bien s'abandonnerAdmirant le beau corps tout devant prosterné.
Enfin il pénétra par petite pousséeLa voie qui désormais , à force d'être offerte,A force d'être prise, lui semblait bien ouverte...
La séance pour lui dura un long moment Il sut se retenir, faire le patient amantSans égard envers celle qui vous parle aujourd'hui Car il tint à ce que je l'assistasse aussi :J'avais aidé le sexe à trouver son cheminPuis Mathis m'ignora, me laissa dans un coin.
A chaque coup de rein s'enfonçant davantage Dans le corps frêle et fin du jeune homme sans âge Je le vis s'enivrer de ce délice ardent...
Cela dura combien ? cela dura longtemps...
Tandis que moi, liée au pied de son couchageJe n'étais qu'un témoin du coupable étalage.
Il y allait si fort et si profondémentQu'en moi-même souffris pour l'éphémère amant.
J'ai pleuré, non d'effroi mais bien de jalousie,Rageant de voir Mathis serein et épanoui Faire ses va-et-vient dedans ce corps docilePour achever de jouir en tricheur homophile, Et crier son bonheur, qu'en écho dans sous la voûte,On entendit longtemps , au cœur de ce raout.
LOLAJe les connais les hommes et leurs penchants déviants !
Le vôtre à tous les goûts qui font le bon amant.
De vous laisser ainsi faire tapisseriePendant qu'il se goberge, puis pendant qu'il jouit,Est le signe flagrant qu'il veut vous affamer, Vous mettre en pénitence et mieux vous retrouver !
Mais aujourd'hui, je sens qu'il cherche le repos,Épuisé qu'il semble être par l'art du jouvenceauTant ces effets produits sur la gent masculineSont aussi foudroyants que ceux de l'atropine.
Si vous le souhaitez, pour vous réconforter,Je puis trouver une heure, en milieu de journée Et vous accompagner dans un secret alcôve Pour vous faire éprouver des leçons d'amours fauves.
Je reviendrai vers vous , vous offrir mon étreinte, Accompagnée d'outils de plaisir, de contrainte,Qu'une liste exhaustive ne saurait être faite Sans vous rendre impatiente, sans vous rendre muette...
Lola étreint Anaïs et l'embrasse ardemment sur la bouche.
ANAISCe baiser si profond m'étouffe et m'ensorcelle Il a le goût si fort d'un bâillon qui muselle.
J'ai bien hâte Lola, d'être sous ton contrôleD'appuyer mon visage tout contre ton épaule,Et L'entends-tu ma voix sans souffle qui hésiteCar tant à t' écouter mille pensées s'excitent ?
Et les vois-tu mes mains trembler à l'unissonTant à savoir bientôt que des liens les tiendront ?
Et le sens-tu mon pouls qui s'emballe en mon seinTant à le concevoir ce délirant instinct ?
Puis ayant tendu l'oreille
Mais silence j'entends des pas dans le lointainAucun doute permis c'est Maël qui nous vient.
Prépare le couchage et viens vite te dis-jeAvec ce qu'il faudra pour trouver le vertige.
ACTE VIII SCENE 2 Anaïs et Maël
ANAISAh Maël, mon cher fils, ne me demande pas Ce que j'ai fait hier, je l'ai dit dit à LolaEt tes jeunes oreilles assimileraient-ellesLes remous répétés de la fête charnelle ?
Non, je veux ce matin surtout t'entretenir De ce qui fait pour moi source de déplaisir.
Je sais qu'aux premiers jours Mathis, ami, beau-père ,Semble avoir , par ses actes, aigri ton caractère,Faussé ta perception par sa parole altière...
Coupable empressement d'une amitié sincèreQui simplement s'offrait, pour se montrer plus libre,Sans vaine précaution, sans égard pour ta fibre...
Je le sens désolé de te voir s'écarterA chacune des fois où tu peux le croiser,Même ton regard fuit, ta querelle se tait,C'est à croire que toi, tu ne sais où tu es.
Aussi je te demande un abord plus commodeCar je crains que bientôt sa patience s'érodeIl me semble en mesure comme ami plus que pèreT'apporter l'affection, le soutien exemplaire.
Il n'a à ton endroit que générosité,J'attends de toi plus de responsabilité.
MAELJe ne peux qu'avouer un embarras confusA votre écoute, Mère... Ce qui est sous-tenduDans votre plaidoyer me vaut de sous-entendreUne invitation ferme à ne plus me défendre.
ANAISJe te laisse à tes songes et plus à tes secrets.
Je ne pourrai jamais sonder tes facultés,Tu conserves le masque en toute circonstanceMême ta mère avoue sa piètre incompétence...
Lola m'attend, j'y vais, je te laisse à ManonQue j'aperçois venir du bas de la maison.
Ne parle qu'à mi-mots de ce bref entretienSa tête est trop emplie de fantômes sadiens.
Je veux qu'elle découvre un à un les désirsA son temps, à son heure, elle a tant à choisir...
MAELJe me veux le gardien de sa virginité,Mathis, pour la toucher, devra me trucider...
ANAISDieu t'entende, mon fils, et ton seigneur aussi,Qu'il veuille bien absoudre un esprit indécis...
ACTE VIII SCENE 3 MAEL MANON
MAELJe viens de discuter à l'instant avec mèreEt je ne sais plus bien où je demeure, où j'erre..
MANONMoi non plus je ne sais ce qu'on attend de moiTantôt on me présente bien plus qu'il ne se doitLa grande variété des débauches perversesTantôt on veut me clore en un schéma adverseEt me faire étouffer toute divagationQue je veux exprimer de l'imagination.
MAELBénie soit la contrainte qui t'est faite de taireUne émotion qui vient comme au pied d'un calvaireEt celle d'obéir sans aucune défenseAvec dans le regard les éclairs d'innocenceAu maître incontesté de ses gestes et dires...
Rien n'est plus éprouvant qu'être libre à choisir...
MANONAnaïs, elle-même, égare sa raison,Elle sombre en secret dans une dépression.
Car je crois que Mathis a changé d'attitudeIl la laisse éplorée, souvent, en solitude,Pour mieux la corriger quand il le détermine.
Il lui promet parfois un destin d'Agrippine Comme il attend de toi un signe singulier Aussi fort que l'image obsède ses pensées.
Et pour mieux signifier sa déterminationIl Impose à ma mère ma présence aux sanctions.
Moi, toute assujettie, souple à ce qu'il exigeLors de chaque séance qu'à ma mère il infligeJe me dois d'endurer les genèses d'un rite Quand il vient détailler ses manies sodomitesOu les stades cruels d'un perpétuel supplice.
Puis vient le moment où , après ces longs prémices,En plus de ma présence il veut mon assistance Pour que la pauvre femme se trouve sans défense.
Pendant ces durs moments, aussi longtemps qu'ils durent,J'assiste notre mère à trouver la posture, Et je dois pour aider bien lui saisir les mains,Les serrer sur mes lèvres quand il lui prend les reinsPour sentir au plus près leurs mouvements profonds,Entendre ici des râles, là des supplications...
Et je dois pour aider apporter les objetsDont il se servira pour la bien corriger,Puis maintenir un corps qui veut se dérober,Endurer les sanglots, et les cris partagés....
Et je dois pour aider quand tout semble finiCalmer les tremblements de cette chair meurtrieEssuyer un visage tout inondé de pleurs ,Garder les yeux baissés aux pieds de son seigneur...
A lui, à elle, à moi, et aux esprits qui rodent Pour le respect glacé des rites et des codesTout est sujet d'ivresse dans ces sessions sévèresTout est objet de spleen quand l'abandon opère.
MAELJe comprends mieux alors les propos sibyllinsQue mère prononçait en ce petit matin.
Aurais-je donc bientôt le devoir et l'envie D'apporter sous ce toit un climat adouci ?
J'aviserai bientôt puisque dans quelques joursSonnera pour nous cinq le moment du retour,Et j'aurai décidé de gré ou de raisonLe sort qui se dessine avec appréhension.
Puis se ravisant, après un silence.
Mais Manon, c'est demain que nous allons à NiceIl me faut détourner les soupçons de MathisPar quelque stratagème que j'imagineraiIl se doit d'ignorer quel est notre projet...
Mais silence j'entends qu'il vient d'un pas discret..
MANONAdieu je t'abandonne, et pour toi je prierai...
Elle sort
ACTE VIII SCENE 4 Mathis, Maël
MATHISMon ami, quel hasard, te voilà enfin seul,Je te vois, on me fuit, tu te montres bégueuleJ'en viens à redouter un manque de crédit,Quel est le sentiment qui t'anime aujourd'hui ?
MAELLa réserve pudique , uniquement, monsieur,Je n'ai, à votre endroit, pas un seul contentieux.
MATHISBien aise de t'entendre et de te voir sourireCette belle éclaircie, il me faut la saisir..
Profite bien des heures qui s'écoulent iciVas et viens, sans entrave , dans l'espace fleuriBorne ton territoire et chasse les intrus ;Ceux qui l'occuperaient te piétineraient nuSi tu dénies en toi tes belles aptitudesTu interdis aux autres un choix de plénitude...
Vois le soleil venir, les journées s'accomplir, Les corps contre les corps doucement s'avilir...
Et tu reconnaîtras ce qui se niche en toiLe don de projeter les éclairs qui foudroientDe jouer la partition que composait DaphnisTout en engourdissant plus d'un damné Mathis
MAELJe ne peux décemment répondre à vos propos, Ils se perdent un peu dans un large écheveau..
Voici tant de mystères et de sous-entendusQue je les vois glisser comme corde au pendu...
Mais si vous me parlez d'une volonté forteQu'à l'emploi des plaisirs vous voulez qu'il importe ,Je ne sais si un jour me pourra pénétrerDans le corps ou l'esprit , la chose ou bien l'idée...
Pour l'instant me voici empli d'incertitudeEt je n'ai pour tout dire plus la distance prudeQue je mettais naguère aux avances hardiesQuand Monsieur se tenait si près, pas loin d'ici...
MATHISJe te soupçonne fort de feindre l'innocenceMais je ne peux vraiment le prendre comme offense.
Je comprends tes propos et tes hésitations,L'acte mérite en soit la bonne initiation.
Moi-même chaque jour j'en cultive l'envieEt la modération m'aiguise l'appétit.
Nous avons toi et moi devant nous quelques joursPour trouver la formule utile de l'amour...
MAELPuisqu'il en est ainsi nous irons à trépas ...
La dernière soirée je la passerai làAccoudé au balcon et regardant la merJ’aurai la tète vide et les reins découvertsJe me rappellerai des moments disparus...
Est-il utile enfin d'en dire beaucoup plus ?
MATHISPoint besoin de hâter un désir si profond Mais de bien l'exprimer fait franchir un jalon.
MAELJe ne sais cher Mathis ce qui me pousse à direDans cet air étouffant qui souffle et qui expireMes pensées de l'instant que bientôt par mépriseJe me repentirai d'avoir ce jour émises...
Ce paisible jardin, les oiseaux nécessaires,Voyez cette croisée qui donne sur la mer,Imagineriez-vous que je m'y accoudasse ?
Que j'offrisse à vos yeux dans une ultime audace Cette partie de moi que vous complimentiezTant de fois par bravade ou bien pour me flatter,Que j'attendisse enfin le temps utile au riteVotre approche tout contre, comme jadis vous fîtes, Que subrepticement vous levassiez mes nippesDans un geste appliqué qui resserre les tripes, Que vous découvrissiez mon corps brûlant et nuDans la pose d'offrande à vos reliefs charnus,Que vous ne tinssiez plus à tant d'égarement,Que vous écartassiez deux choses en tremblant,Que vous...
MATHIS...Basta ! tais-toi, c'est moi qui jugeraiEt du jour et de l'heure où je te pourfendrai,Comme de la façon d'aborder et de faire Ce qui semble agacer ta jeune et douce chair ...
Sache que ce n'est pas parce qu'un jouvenceau Cette nuit m' a offert longo, ritardando La symphonie des corps, la sonate à la lune,En spectacle devant une large tribune,Que ma faim tout à coup s'en trouve rassasiée...
Mais aujourd'hui, vois-tu, je veux me reposer,Trois jours consécutifs avec deux partenaires Il m'en faut un de plus pour aborder un tiers.
MAELDemain, s'il vous agrée, je prendrai la journée, Il me faut réfléchir avant de se livrer .
J'irai avec Manon, elle est de bon conseilPour ce qui chaque nuit perturbe le sommeilEt chaque jour qui suit tourmente les esprits.
MATHISPrends le temps qu'il te faut, tu es tant indécis, Manon possède en elle un fond de connaissance,Une intuition, du charme, un vœu de dépendance,Il est bon d'éduquer en elle des penséesQui l'aident à mûrir dans sa passion d'aimer.
Mais hors de cette enceinte où elle est enferméeSurveille tous ses actes et guide ses pensées.
Les hommes ont pour elle une attraction certaine, Sans effort, je la sens succomber aux fredaines...
MAELJ'y veillerai chaque heure et couperais sa main Qui pourrait effleurer celle d'un galantin...
Fin de l'Acte VIII
MANONPardon de déranger mais je suis un peu tristeIls sont tous partis pour une nuit échangiste,Même Lola nous laisse en cette maison vide Que le silence emplit d'une façon morbide.
Je désirais parler pour évacuer mon spleen,Des images étranges filent sur mes rétines, Au point de tout m’ôter, sommeil et appétit.
Il me reste mon frère à qui je n'ai pas ditDe mon imaginaire de curieuses penséesEt un fantasme aussi presque inavouable...Eh !
Quelle est cette lecture que tu me dissimulesPrestement sous les draps ?..
MAELC'est un ouvrage nul.
Rien de tel pour dormir qu'un bouquin insipide.
MANONRien de ce qui paraît insignifiant et vide Ne peut être en état de tant nous absorber.
C'est un livre sans doute qu'on a honte à citerTant il recèle d'art licencieux et vulgaireOu bien c'est un missel à la pensée austèreQu'on cache pour masquer sa profonde piété...
MAELJe garde pour moi seul son contenu secret.
Avouons qu'il raconte la passion pour un Dieu,La soumission d'un être dans un désir fougueux.
Les deux genres s'accordent plus que tu ne le saisIls guident son sujet vers la félicité.
C'est un livre qu'on lit pour goûter les moments D'abandon souverain d'un bel isolement.
Aussi pour t'avertir , c'est cette solitudeQui nourrit en mon cœur une juste quiétude.
Si je n'attachais pas ce soir autant de prixAu lien unique et fort au sein de la fratrieJe te dirais Manon, laisse moi en reposRetourne te coucher, et fais un gros dodo...
MANONAh ! Tu conviens qu'aucun dans ce monde sauvageNe dois manquer d'un frère pour bien vivre un partage.
Et ta chambre je crois, a la commoditéD'être un endroit douillet, si calme , si discret,Un endroit pour goûter en toute sûretéAux échanges féconds, aux confessions utiles Qui nous soulageront dans ce pas difficile.
MAELCertes quelques instants à partager ensembleNe pourront qu'affermir tout ce qui nous rassemble.
Expose tes frayeurs, nous les étudieronsEt puis rassérénés, nous nous libérerons.
MANONUne intuition me vient après ces quelques jours.
Mathis n'a pas tout dit sur lui et son parcours.
Cet individu-là me paraît dangereuxMême s'il me fascine et éblouit mes yeux.
Pour avoir sa fortune, et ses goûts , ses mystères,Des relations bizarres auprès de gens divers,Je ne peux supposer une vie ordinaire,Ou c'est un comédien ou c'est un grand gangster.
MAELTout libertin cultive un style inexplicable.
Son jardin est si dense qu'il est impénétrable.
MANONIl y a dans tout ça un excès de secret,Je perçois des intrigues, j'entrevois des marchés,Cet homme a trop le goût du luxe et des luxuresPour n'être pas mêlé à quelque histoire obscure.
Il a de l'entregent, des manières subtiles,De la conversation à ravir des édilesEt un charme si fort et si accapareurQu'on ne sait devant lui comment ira son cœur.
MAELJ'ai perçu sans le croire des propos sibyllinsDonnant quelques détails de son passé lointain.
Il y a des affaires et peut-être des crimesJe le sens homme à faire de nombreuses victimes.
Et pas uniquement dans l'univers sadique Où il excelle tant par l'art et la pratique.
MANONJe tremble à ce récit, approche-toi j'ai peurJe sens au fond de moi un soupçon de malheur.
MAELIl ne faut pas laisser sujet qui s'obscurcisse.
Il a , j'ai bien compris, un grand bureau à Nice.
J'en ai trouvé l'adresse en ses petits carnetsQui faisaient tant d'effet sur ma curiosité.
Il nous faut sans délai dévoiler son secret.
Mardi je volerai discrètement ses clefsPuis nous prendrons sitôt le premier train pour NiceEt irons explorer le lieu de tous ses vices.
Nous lui présenterons un prétexte futilePour partir tous les deux une journée en ville.
Il sera trop heureux de nous savoir sortisPour mieux organiser son lucre et ses orgies.
MANONVoila un plan futé qui me paraît tenirMais j'ignore vraiment ce qu'on va découvrir...
puis après un silence
Mais je te vois trembler, tu sembles traverséPar une onde magique proche des voluptés .
A la simple allusion des méfaits de MathisSe peut-il que ton corps dans le plaisir se glisse ?
Tout ton bassin s'agite, ton souffle est déficientEt ton front qui ruisselle, et ton regard absent !.
Manon retire prestement le drap qui recouvre le corps de Maël allongé sur le ventre . Qui à son tour tente de le remettre sans y parvenir tout à fait.
Oh mon dieu peux-tu dire quel est cet instrument Intimement planté là dans ton fondement ?
MAELNe fais pas l'innocente. Tu le connais déjà,Son nom et son usage, ses conditions d' emploi,Celui-ci vibre en moi depuis près de deux heuresPour cultiver l'effet avec sens et lenteur.
Il avive en douceur la sensibilitéDe la fosse profonde , de ses tissus cachés,Et progressivement en élargit l'accèsPour rendre plus commode ce qu'on pourrait chercher.
MANONC'est ma curiosité qui m'avait fait trouver ,Dans la chambre de mère, dans ses tiroirs secrets,Des boîtiers regroupant de ces pals synthétiques A la forme évasée certainement pratique,De tailles progressives, pour permettre en douceurLa dilatation lente de l'antre du sapeur.
C'est un plaisir subtil que l'on peut partagerHommes, femmes, et autre, avec le même attrait ;Quoique, nous connaissons la singularitéDedans l'anatomie du mâle hominidé ,Un organe discret si proche et si actifQui offre en profondeur, qui rend plus intensif Le plaisir que la femme n'en n'aurait que partiel-...
MAELJe découvre l'envol d'une montée au cielA la simple présence de cet objet discretEt je devine un peu ce qui m'arriveraitSi dans un jour futur, sans peur ni retenue,Je m'offrais à l'entrée d'un semblable charnuMême si je me convaincs que la situationMe contraindra en force à bien des concessions.
MANONIl me paraît bien sûr et tu t'en convaincrasQue l'opportunité, alors, qu'on t'offrira Multipliera par cent les effets de transportsSur les plans combinés de la tête et du corps...
En tout cas un conseil, pour n'avoir pas perduDans ma mémoire et sur mes lèvres distendues,Le souvenir lointain mais précis de MathisJe t'exhorte à choisir, sauf le choix du supplice,Un diamètre plus large dans tes petits jouetsPour mieux te préparer aux joies dont tu parlais.
MAELJe ne sais plus du tout s'il faut hâter ou non Un rêve si confus, un songe en déraison, Qui vient jour après jour, qui vient nuit après nuit Dans mon esprit naïf, se montrer plus précis.
Mais que me contes-tu et qui m'anime tant ?
Dans mes extrémités, il bouillonne mon sang !
Approche toi ma sœur, joignons nos solitudes,Pour réchauffer ton corps, soigner ma rectitude.
Notre union mimera le cocon prénatal,Ce temps de l'ignorance et du bien et du malNous étions tête-bêche au cœur du premier œuf.
Reproduisons-la en faisant soixante-neuf.
MANONO nombre si mythique vu du Kamasutra Ou sur les bas-reliefs du temple Lakshmana Les artistes du monde, d'Hokusai à WagenerCélèbrent son audace d'aujourd'hui et d'hier.
C'est, dit-on, sans emphase, ni autre périphrase,La pose raffinée qui conduit à l'extase.
Pourtant , pour ce qui est du plaisir aboutiJe vois là sur tes draps des dessins en lacis,Ils sont d'une fraîcheur et de belle étendue.
Aussi sans longue pause, mais comment pourras-tuMalgré ta grande force et ta constitution, De ton lait séminal , répéter l'éjection ?
MAELIl en bout déjà plein dans mes canaux noueux A la simple intention de l'acte incestueux.
Vois ! je me suis nourri des récits historiquesOù les liens familiaux de nature érotiqueUnissaient frère et sœur, magnifiaient leur amour,Dans un esprit ouvert de don et de secours.
Les exemples nombreux, ne les connais-tu pas ?
L'histoire a relaté la passion de JuliaPour son empereur et frère Caligula,Les mariages royaux des jeunes pharaonsQui prenaient pour épouse, fille de la maison ,Les Borgia, et bien d'autres, gente issue du clergé,La Marquise-poison dite de Brinvilliers, Isis et Osiris... et tous les anonymesQui se sont essayé à ce plaisir ultime...
MANONComme François-René et sa chère LucileQui trouvèrent ensemble l'inspiration fertilePar une belle histoire de passion fraternelle.
MAELOui l'apport pour les Lettres a été essentiel..
Et je ne parle pas des passions hugoliennesQui donnèrent l'élan de poétique antienne..
Point de tabou ici ni de répression làLe plaisir est lui seul l'enjeu de ces ébats ;Et si quelque savant inspiré de moraleRéprouve ces unions comme destins fatals,C'est pour la descendance qui en hérite malDes tares combinées de la femme et du mâle.
Pour sa part la nature n'a pas ces exceptionsElle ne s'encombre pas de moralisation, Et bien des animaux issus de même mère S'accouplent sans souci de mal ou de bien faire...
MAELAussi on peut user sans peur de descendance A tout moment de l'an, en toute intempérance,Sans risques, frères et sœurs, de façon opportune,De deux voies infertiles, et qui nous sont communes.
...Mais ma langue durcit à beaucoup discourirAllons ! prenons la pose, je m'en vais l'assouplir.
MANONOh mon frère adoré tu reprends de vigueurJe la sens sous mes doigts la passion de ton cœur.
Des battements puissants semble endurcir ton membre...
Je le vois qui s'érige, je le vois qui se cambre...
Les deux adolescents prennent la position dite « congrès du corbeau » ou 69.
MAELEt ce petit bouton qui à son tour bourgeonneEntre des lèvres fines que n'a souillées personne,Je m'en vais d'une langue ardente et vibratileL'aimer, le butiner, ô l'affolant pistil....
Et je sens, dans ta bouche, tout mon être se tendre...
MANONOh mon Dieu, un instant, je me dois de suspendreDe ton membre massif l'envahissement folSous peine de mourir d'un arrêt de diastole ...
Je récupère un souffle altéré par le feuQue me cause ta langue au laper savoureux...
Laisse aussi se détendre sous la pression du doigtL'orifice secret, si nerveux si étroit,Que je trouve assoupli par la fonction propiceDes objets vibrateurs aux délicats offices..
MAELAh la douce caresse au fond de mes entraillesA sa seule pensée, je sens que je défaille..
Mais tout en manœuvrant ton index si agilePar pitié, dans ta bouche reprend l'objet virilL'addition des plaisirs mène à l'exaltation..
MANONJe reprends volontiers ma studieuse succion Si pour ta part tu veux que ton doigt s'aventure Aussi profondément dans l' étroite ouverture...
Puis pendant de longues minutes, alors qu'une douce musique envahit la pièce (qui couvre à peine le bruit de leurs succions) , Maël et Manon poursuivent leurs caresses.
MAELAh ! Je jouis, j'exulte et je t'offre ma sœur Au profond de ta gorge une amère liqueur...
Après quelques instants.
MANONEt moi-même je suis traversée par la joieJe devine un geyser qui s'écoule de moi...
Ne la sens-tu Maël cette onde qui nous prend De part en part, partout, du dehors, du dedansQui nous rend amoureux du simple acte d'aimerEt qui nous exténue par son intensité.
MAELOui la tendresse vient et puis nous engourdit Après cette effusion et cette frénésie..
MANONPour la deuxième fois je reçois le nectar, La masculine source du dard aux jets bizarres ;J'en perçois l'artifice, le sens et la nature...
L'abondance n'est pas, tout comme la texture,Celles que je goûtai, à genoux, à ses pieds,Des poussées de Mathis au fond de mon palais...
MAELIl ne tient qu'à toi et ta bouche de veloursDe lui ouvrir tes lèvres et boire chaque jour Le précieux élixir qui ne se perdra pointDans le pertuis plus noir , délaissé, d'un conjoint.
MANONA Mathis je ne peux lui offrir cette grâcePuisqu'un de mes serments me conduit en impasseCelui de rester vierge, à notre mère aimée Et à notre despote, une vraie chasteté.
MAELTu conçois qu'avec moi tu en a trahis unEn me laissant licher ton petit capucin.
MANONOh Mon Dieu j'oubliais qu'avec son propre frère Il pouvait y avoir quelque péché de chair.
Bien vite, de ce pas, je m'en vais vers mon lit Retrouver mon état , mon modus vivendi,Qui conduit ma vertu pour ce qui est du corps Mais me laisse penser, imaginer encore,Et puis lire, et puis voir ce qui est licencieux Sans qu'aucun de mes gestes, en impuissant aveu,Ne puisse concéder un abandon physique.
MAELIl est l'heure en effet d'être un peu plus civique.
Demain tu supplieras Lola ou notre mère De bien cingler le fouet sur ton petit derrière.
Elles en ont, je le pense, un très bon exercicePlus doux en tous les cas que celui de Mathis...
Bonne nuit belle enfant et moi bien allongé,Je me remets en scène comme tu m'as trouvé..
Elle quitte la chambre, la lumière s'éteint.
Fin de l'acte VII
ACTE VIII SCENE 1 Lola, Anaïs Salle de séjour de la villa, le lendemain.
LOLAMadame vous semblez avoir mauvaise têteVotre regard vitreux, cette mine défaiteTout me laisse à penser que la soirée d'hierN'a pas été pour vous une agréable affaire. Vous vous êtes apprêtée durant de longues heuresMoi-même j'ai veillé sur vous comme une sœurPour que vous deveniez au sein de l'assembléeEt la plus désirable et la plus enviée.
Vous attendiez l'orgie comme un événement ;Cela n'a pas été pour vous si ravissant ?
ANAISEn langage d'amour soumis peut-on vraimentUn moment prononcer le mot ravissement ?
C'est à chaque sortie une égale surpriseCe qu'on y attendait ne semble plus de mise.
Bien que l'annonce fut l'adresse d'un donjonNous sommes descendus dans un endroit profondQui rassemblait déjà au moins douze personnes. La cave était voûtée , tous les sons y résonnent, Les femmes invitées devaient déambuler En tenue bien légère qui laissaient dénudéesLes parties postérieures et les seins balafrés...
Elles étaient nombreuses les compagnes marquéesPar des coups de cravache , des séances de fouet, Par des anneaux fixés, des marques de soumise,Chaque maître apposant de ce fait son emprise.
La gente masculine de son côté allaitPlus librement dedans ce souterrain secret,Les uns mis en costume d'autres en bas collants,Qui mettaient en valeur leurs attributs vaillants.
Nombre d'entre eux touchaient d'appréciables louanges De par leurs homologues en prémices aux échanges.
Et chacun sa façon pour nous complimenterLes uns par un regard, mais qui déjà promet,Insistant sur nos formes rarement vertueuses,Les autres en inspectant par une main fouilleuseLes parts mises à nue, si dociles des corps Anticipant déjà leur soif de Minotaure.
Il y avait chez eux un homme bien curieux A la tenue austère et aux traits ténébreux Il n'était point venu avec une soumise-Et J'ignorais ma foi la formule permise-Mais avec un garçon ravissant et gracile Aux atours harmonieux, à l' air si juvénile Qu'on aurait pu craindre être hors de la loi,Dépourvu de morale et susciter l'effroi, Si d'avance on n'avait reçu pour règlement De prohiber le lieu aux moins de dix-huit ans . Son visage si fin et ses formes plastiquesEt sa docilité, et ses airs angéliques...
Il avait en effet bien les traits d'un éphèbe.
Son maître le veillait comme le serf sa glèbe.
Il était tant à l'aise au cœur de la mêlée.
Recevant compliments et regards appuyésQu'on oublia bientôt la moitié des présents-Des présentes plutôt-, remisées sur les bancs.
Une folie alors accapara les hommesQui se mirent en chœur à célébrer Sodome.
Chacun suivant son tour autant qu'il semblait plaireLui pénétra la croupe de son glaive de chair.
Le garçon haletait aux envahissements, Le plaisir se lisait sur son front rougeoyant Et c'est à peine si entre chaque saillie On lui autorisait un moment de répit .
Ils usèrent chacun diverses positionsSelon les suggestions, selon l'inspiration.
En levrette, à genoux, allongé sur le flancOu offrant sur le dos son beau visage franc.
Le jeune sodomite se sacrifia beaucoup.
Son maître décida de le prendre debout.
L'appuyant contre un mur , caressant son bas-ventrePour deviner l'effet qu'il faisait en son centre,Il le laissa glisser vers un plaisir parfait.
Tenant à pleine main, pour mieux les écarter, Les deux lobes fessiers, le garçon lui offraitA son épais pilon, l'orifice enserré.
Et Mathis dans tout ça ne fut pas le dernier A demander sa place dans la folle tournéeEt bientôt il passa dans le dos du garçon Puis tenant fermement sa taille de gitonSe caressa longtemps contre lui sans entrer. Je le voyais sourire et bien s'abandonnerAdmirant le beau corps tout devant prosterné.
Enfin il pénétra par petite pousséeLa voie qui désormais , à force d'être offerte,A force d'être prise, lui semblait bien ouverte...
La séance pour lui dura un long moment Il sut se retenir, faire le patient amantSans égard envers celle qui vous parle aujourd'hui Car il tint à ce que je l'assistasse aussi :J'avais aidé le sexe à trouver son cheminPuis Mathis m'ignora, me laissa dans un coin.
A chaque coup de rein s'enfonçant davantage Dans le corps frêle et fin du jeune homme sans âge Je le vis s'enivrer de ce délice ardent...
Cela dura combien ? cela dura longtemps...
Tandis que moi, liée au pied de son couchageJe n'étais qu'un témoin du coupable étalage.
Il y allait si fort et si profondémentQu'en moi-même souffris pour l'éphémère amant.
J'ai pleuré, non d'effroi mais bien de jalousie,Rageant de voir Mathis serein et épanoui Faire ses va-et-vient dedans ce corps docilePour achever de jouir en tricheur homophile, Et crier son bonheur, qu'en écho dans sous la voûte,On entendit longtemps , au cœur de ce raout.
LOLAJe les connais les hommes et leurs penchants déviants !
Le vôtre à tous les goûts qui font le bon amant.
De vous laisser ainsi faire tapisseriePendant qu'il se goberge, puis pendant qu'il jouit,Est le signe flagrant qu'il veut vous affamer, Vous mettre en pénitence et mieux vous retrouver !
Mais aujourd'hui, je sens qu'il cherche le repos,Épuisé qu'il semble être par l'art du jouvenceauTant ces effets produits sur la gent masculineSont aussi foudroyants que ceux de l'atropine.
Si vous le souhaitez, pour vous réconforter,Je puis trouver une heure, en milieu de journée Et vous accompagner dans un secret alcôve Pour vous faire éprouver des leçons d'amours fauves.
Je reviendrai vers vous , vous offrir mon étreinte, Accompagnée d'outils de plaisir, de contrainte,Qu'une liste exhaustive ne saurait être faite Sans vous rendre impatiente, sans vous rendre muette...
Lola étreint Anaïs et l'embrasse ardemment sur la bouche.
ANAISCe baiser si profond m'étouffe et m'ensorcelle Il a le goût si fort d'un bâillon qui muselle.
J'ai bien hâte Lola, d'être sous ton contrôleD'appuyer mon visage tout contre ton épaule,Et L'entends-tu ma voix sans souffle qui hésiteCar tant à t' écouter mille pensées s'excitent ?
Et les vois-tu mes mains trembler à l'unissonTant à savoir bientôt que des liens les tiendront ?
Et le sens-tu mon pouls qui s'emballe en mon seinTant à le concevoir ce délirant instinct ?
Puis ayant tendu l'oreille
Mais silence j'entends des pas dans le lointainAucun doute permis c'est Maël qui nous vient.
Prépare le couchage et viens vite te dis-jeAvec ce qu'il faudra pour trouver le vertige.
ACTE VIII SCENE 2 Anaïs et Maël
ANAISAh Maël, mon cher fils, ne me demande pas Ce que j'ai fait hier, je l'ai dit dit à LolaEt tes jeunes oreilles assimileraient-ellesLes remous répétés de la fête charnelle ?
Non, je veux ce matin surtout t'entretenir De ce qui fait pour moi source de déplaisir.
Je sais qu'aux premiers jours Mathis, ami, beau-père ,Semble avoir , par ses actes, aigri ton caractère,Faussé ta perception par sa parole altière...
Coupable empressement d'une amitié sincèreQui simplement s'offrait, pour se montrer plus libre,Sans vaine précaution, sans égard pour ta fibre...
Je le sens désolé de te voir s'écarterA chacune des fois où tu peux le croiser,Même ton regard fuit, ta querelle se tait,C'est à croire que toi, tu ne sais où tu es.
Aussi je te demande un abord plus commodeCar je crains que bientôt sa patience s'érodeIl me semble en mesure comme ami plus que pèreT'apporter l'affection, le soutien exemplaire.
Il n'a à ton endroit que générosité,J'attends de toi plus de responsabilité.
MAELJe ne peux qu'avouer un embarras confusA votre écoute, Mère... Ce qui est sous-tenduDans votre plaidoyer me vaut de sous-entendreUne invitation ferme à ne plus me défendre.
ANAISJe te laisse à tes songes et plus à tes secrets.
Je ne pourrai jamais sonder tes facultés,Tu conserves le masque en toute circonstanceMême ta mère avoue sa piètre incompétence...
Lola m'attend, j'y vais, je te laisse à ManonQue j'aperçois venir du bas de la maison.
Ne parle qu'à mi-mots de ce bref entretienSa tête est trop emplie de fantômes sadiens.
Je veux qu'elle découvre un à un les désirsA son temps, à son heure, elle a tant à choisir...
MAELJe me veux le gardien de sa virginité,Mathis, pour la toucher, devra me trucider...
ANAISDieu t'entende, mon fils, et ton seigneur aussi,Qu'il veuille bien absoudre un esprit indécis...
ACTE VIII SCENE 3 MAEL MANON
MAELJe viens de discuter à l'instant avec mèreEt je ne sais plus bien où je demeure, où j'erre..
MANONMoi non plus je ne sais ce qu'on attend de moiTantôt on me présente bien plus qu'il ne se doitLa grande variété des débauches perversesTantôt on veut me clore en un schéma adverseEt me faire étouffer toute divagationQue je veux exprimer de l'imagination.
MAELBénie soit la contrainte qui t'est faite de taireUne émotion qui vient comme au pied d'un calvaireEt celle d'obéir sans aucune défenseAvec dans le regard les éclairs d'innocenceAu maître incontesté de ses gestes et dires...
Rien n'est plus éprouvant qu'être libre à choisir...
MANONAnaïs, elle-même, égare sa raison,Elle sombre en secret dans une dépression.
Car je crois que Mathis a changé d'attitudeIl la laisse éplorée, souvent, en solitude,Pour mieux la corriger quand il le détermine.
Il lui promet parfois un destin d'Agrippine Comme il attend de toi un signe singulier Aussi fort que l'image obsède ses pensées.
Et pour mieux signifier sa déterminationIl Impose à ma mère ma présence aux sanctions.
Moi, toute assujettie, souple à ce qu'il exigeLors de chaque séance qu'à ma mère il infligeJe me dois d'endurer les genèses d'un rite Quand il vient détailler ses manies sodomitesOu les stades cruels d'un perpétuel supplice.
Puis vient le moment où , après ces longs prémices,En plus de ma présence il veut mon assistance Pour que la pauvre femme se trouve sans défense.
Pendant ces durs moments, aussi longtemps qu'ils durent,J'assiste notre mère à trouver la posture, Et je dois pour aider bien lui saisir les mains,Les serrer sur mes lèvres quand il lui prend les reinsPour sentir au plus près leurs mouvements profonds,Entendre ici des râles, là des supplications...
Et je dois pour aider apporter les objetsDont il se servira pour la bien corriger,Puis maintenir un corps qui veut se dérober,Endurer les sanglots, et les cris partagés....
Et je dois pour aider quand tout semble finiCalmer les tremblements de cette chair meurtrieEssuyer un visage tout inondé de pleurs ,Garder les yeux baissés aux pieds de son seigneur...
A lui, à elle, à moi, et aux esprits qui rodent Pour le respect glacé des rites et des codesTout est sujet d'ivresse dans ces sessions sévèresTout est objet de spleen quand l'abandon opère.
MAELJe comprends mieux alors les propos sibyllinsQue mère prononçait en ce petit matin.
Aurais-je donc bientôt le devoir et l'envie D'apporter sous ce toit un climat adouci ?
J'aviserai bientôt puisque dans quelques joursSonnera pour nous cinq le moment du retour,Et j'aurai décidé de gré ou de raisonLe sort qui se dessine avec appréhension.
Puis se ravisant, après un silence.
Mais Manon, c'est demain que nous allons à NiceIl me faut détourner les soupçons de MathisPar quelque stratagème que j'imagineraiIl se doit d'ignorer quel est notre projet...
Mais silence j'entends qu'il vient d'un pas discret..
MANONAdieu je t'abandonne, et pour toi je prierai...
Elle sort
ACTE VIII SCENE 4 Mathis, Maël
MATHISMon ami, quel hasard, te voilà enfin seul,Je te vois, on me fuit, tu te montres bégueuleJ'en viens à redouter un manque de crédit,Quel est le sentiment qui t'anime aujourd'hui ?
MAELLa réserve pudique , uniquement, monsieur,Je n'ai, à votre endroit, pas un seul contentieux.
MATHISBien aise de t'entendre et de te voir sourireCette belle éclaircie, il me faut la saisir..
Profite bien des heures qui s'écoulent iciVas et viens, sans entrave , dans l'espace fleuriBorne ton territoire et chasse les intrus ;Ceux qui l'occuperaient te piétineraient nuSi tu dénies en toi tes belles aptitudesTu interdis aux autres un choix de plénitude...
Vois le soleil venir, les journées s'accomplir, Les corps contre les corps doucement s'avilir...
Et tu reconnaîtras ce qui se niche en toiLe don de projeter les éclairs qui foudroientDe jouer la partition que composait DaphnisTout en engourdissant plus d'un damné Mathis
MAELJe ne peux décemment répondre à vos propos, Ils se perdent un peu dans un large écheveau..
Voici tant de mystères et de sous-entendusQue je les vois glisser comme corde au pendu...
Mais si vous me parlez d'une volonté forteQu'à l'emploi des plaisirs vous voulez qu'il importe ,Je ne sais si un jour me pourra pénétrerDans le corps ou l'esprit , la chose ou bien l'idée...
Pour l'instant me voici empli d'incertitudeEt je n'ai pour tout dire plus la distance prudeQue je mettais naguère aux avances hardiesQuand Monsieur se tenait si près, pas loin d'ici...
MATHISJe te soupçonne fort de feindre l'innocenceMais je ne peux vraiment le prendre comme offense.
Je comprends tes propos et tes hésitations,L'acte mérite en soit la bonne initiation.
Moi-même chaque jour j'en cultive l'envieEt la modération m'aiguise l'appétit.
Nous avons toi et moi devant nous quelques joursPour trouver la formule utile de l'amour...
MAELPuisqu'il en est ainsi nous irons à trépas ...
La dernière soirée je la passerai làAccoudé au balcon et regardant la merJ’aurai la tète vide et les reins découvertsJe me rappellerai des moments disparus...
Est-il utile enfin d'en dire beaucoup plus ?
MATHISPoint besoin de hâter un désir si profond Mais de bien l'exprimer fait franchir un jalon.
MAELJe ne sais cher Mathis ce qui me pousse à direDans cet air étouffant qui souffle et qui expireMes pensées de l'instant que bientôt par mépriseJe me repentirai d'avoir ce jour émises...
Ce paisible jardin, les oiseaux nécessaires,Voyez cette croisée qui donne sur la mer,Imagineriez-vous que je m'y accoudasse ?
Que j'offrisse à vos yeux dans une ultime audace Cette partie de moi que vous complimentiezTant de fois par bravade ou bien pour me flatter,Que j'attendisse enfin le temps utile au riteVotre approche tout contre, comme jadis vous fîtes, Que subrepticement vous levassiez mes nippesDans un geste appliqué qui resserre les tripes, Que vous découvrissiez mon corps brûlant et nuDans la pose d'offrande à vos reliefs charnus,Que vous ne tinssiez plus à tant d'égarement,Que vous écartassiez deux choses en tremblant,Que vous...
MATHIS...Basta ! tais-toi, c'est moi qui jugeraiEt du jour et de l'heure où je te pourfendrai,Comme de la façon d'aborder et de faire Ce qui semble agacer ta jeune et douce chair ...
Sache que ce n'est pas parce qu'un jouvenceau Cette nuit m' a offert longo, ritardando La symphonie des corps, la sonate à la lune,En spectacle devant une large tribune,Que ma faim tout à coup s'en trouve rassasiée...
Mais aujourd'hui, vois-tu, je veux me reposer,Trois jours consécutifs avec deux partenaires Il m'en faut un de plus pour aborder un tiers.
MAELDemain, s'il vous agrée, je prendrai la journée, Il me faut réfléchir avant de se livrer .
J'irai avec Manon, elle est de bon conseilPour ce qui chaque nuit perturbe le sommeilEt chaque jour qui suit tourmente les esprits.
MATHISPrends le temps qu'il te faut, tu es tant indécis, Manon possède en elle un fond de connaissance,Une intuition, du charme, un vœu de dépendance,Il est bon d'éduquer en elle des penséesQui l'aident à mûrir dans sa passion d'aimer.
Mais hors de cette enceinte où elle est enferméeSurveille tous ses actes et guide ses pensées.
Les hommes ont pour elle une attraction certaine, Sans effort, je la sens succomber aux fredaines...
MAELJ'y veillerai chaque heure et couperais sa main Qui pourrait effleurer celle d'un galantin...
Fin de l'Acte VIII
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