La baraque de chantier

- Par l'auteur HDS Exorium -
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Récit libertin : La baraque de chantier Histoire érotique Publiée sur HDS le 22-09-2018 dans la catégorie Plus on est
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La baraque de chantier
Tout était uniformément blanc. Et ça continuait à tomber. À gros flocons. Elle était où la route ? Ah, là ! D’un peu plus… Faudrait t’arrêter, ma fille. Ca va mal finir sinon, cette histoire. Faudrait t’arrêter. Sauf que si tu t’arrêtes là-dedans, tu pourras jamais repartir. Non, faut que t’arrives à rentrer. Coûte que coûte.

Ça a filé d’un coup. Où ça a voulu. Elle n’a rien pu faire. La voiture a emporté des barbelés, les piquets qui les maintenaient, dévalé une petite pente, filé jusqu’à un ruisseau dans lequel elle a piqué du nez et s’est immobilisée. T’as rien ! Non, t’as rien ! Descendre maintenant. Descendre… Quelque chose bloquait la portière. Elle a poussé, forcé, pesé de tout son poids. Ça a cédé d’un coup. Elle a perdu l’équilibre et s’est étalée, de tout son long, au beau milieu du ruisseau. Trempée des pieds à la tête, ruisselante, elle est remontée sur la route en trébuchant à chaque pas, dans la neige, sur ses talons hauts. Quelqu’un ! Trouver quelqu’un ! N’importe qui. Une maison quelque part.
 Il n’y avait rien ni personne. Le désert. Mais c’était pas possible ça !
Un moteur ! Si, oui, c’était un moteur. Une camionnette. Il faut qu’il s’arrête. Il faut.
– Eh bien, ma petite dame, on est perdue ?
– Oui. Non. C’est ma voiture. Elle est tombée dans le ruisseau là-bas.
– Et ça vous étonne ? Quand il fait un temps comme ça, on reste chez soi. Bon, ben montez en attendant.
Il a roulé en silence, tourné à droite.
– Vous grelottez. Et pas qu’un peu ! Vous allez attraper la mort, trempée comme vous êtes.
Encore à droite.
– On est presque arrivés. Vous allez pouvoir vous sécher. Et vous réchauffer. Ça s’impose.
– Et la voiture ?
– Pour le moment, elle reste où elle est la voiture. De toute façon personne n’acceptera de venir vous dépanner ici par un temps pareil.
 C’était au milieu des bois. Une grande baraque-logement de bûcheron, toute d’une pièce, avec quatre couchettes symétriquement disposées le long des parois, un coin cuisine dans un renfoncement tout au fond et, juste à côté, dissimulé derrière un rideau, ce qui devait être une minuscule salle de bains.
– Entrez ! Entrez ! Et, d’abord, le plus urgent, c’est de retirer tout ça. Si vous restez là-dedans, c’est 40 de fièvre garantis demain matin.
Il a approché deux chaises devant le poêle.
Vous n’avez qu’à mettre vos affaires à sécher là-dessus. Je vais vous préparer quelque chose de chaud pendant ce temps-là.
Et il lui a tourné le dos.
 – Là ! Un bon grog. Ça va vous faire du bien, vous allez voir !
Il le lui a tendu, l’a regardée boire.
– Vous devriez pas la garder la culotte, vous savez, c’est pas bien prudent.
Il a haussé les épaules.
– De toute façon, trempée comme elle est, on voit tout à travers.
Elle s’y est résolue.
– Là ! Faut vous sécher maintenant.
– Je pourrais pas prendre une douche ?
– Si, si, bien sûr ! C’est là, juste en face. Vous avez des serviettes dans le placard en bas.
 – Videz pas le ballon quand même ! Comment on va faire, nous, sinon, après ?
Il était tout près, de l’autre côté du rideau.
– J’ai fini.
Elle s’est tout entière enveloppée dans une grande serviette de bain mauve trouvée au-dessous de la pile. Il l’attendait avec une couverture qu’il lui a jetée sur les épaules.
– Venez au chaud ! Près du poêle. Vous serez bien. Là ! Et maintenant vous pouvez m’expliquer ce que vous fabriquiez dans ce coin perdu par ce fichu temps de chien ? Vous regardez jamais la météo ?
– Oh si, si ! Mais je pensais pas que ce serait à ce point.
– Faut reconnaître qu’il y a longtemps qu’on n’avait pas vu ça ! D’ici à ce que mes collègues soient restés coincés quelque part, eux aussi. Il y a un moment qu’ils devraient être là.
– Faut absolument que je rentre !
– Ah oui ? Vous allez faire comment ? Parce que comptez pas que je vous emmène. Je tiens pas à me foutre en l’air – et vous avec, par la même occasion – pour vos beaux yeux.
– Mais on m’attend !
– Eh bien, on vous attendra. Sinon il vous reste une solution : dès que vos vêtements sont secs vous attaquez courageusement la route sur vos petits talons hauts. Le village le plus proche n’est qu’à 18 kilomètres. Ca vous va ? Non ? Alors mon portable est là, derrière vous, sur l’étagère. Et la batterie est chargée.
 – Venez voir ! Non, mais venez voir ! C’est de la folie !
Elle l’a rejoint à la fenêtre.
– Il y en a au moins trente centimètres. Et ça continue !
Il a entouré ses épaules de son bras.
Mais repousse-le, bon sang ! Qu’est-ce t’attends ? Repousse-le !
– On est bloqués là pour un sacré moment. Ils dégagent jamais par ici.
Il a posé sa joue contre la sienne.
Elle l’y a laissée.
Tu es folle. Complètement folle. Tu le connais même pas ce type.
Il a cherché ses lèvres. Elle les lui a abandonnées. Des phares ont brusquement transpercé la nuit, illuminé la neige– Les voilà ! Mes collègues. Les voilà !
Elle est retournée s’asseoir près du poêle.
 Ils ont tapé leurs chaussures l’une contre l’autre.
– L’enfer ! Trois heures.Trois heures pour redescendre de là-haut. C’est de la folie ! En tout cas qu’ils comptent pas qu’on y retourne demain. Alors là, c’est niet. On reste ici.
Ils ont relevé la tête, l’ont vue, ont aperçu ses vêtements sur les chaises.
– Eh ben dis donc, tu t’ennuies pas, toi, pendant ce temps-là !
– Madame a voulu apprendre à nager à sa voiture. Dans le ruisseau, là-bas derrière. Mais la voiture y a mis beaucoup de mauvaise volonté.
Ils se sont approchés. Elle a étroitement resserré la serviette autour d’elle, réajusté la couverture. – Lui, c’est José. Et le jeune, là, c’est Benjamin. Et vous ? Je sais même pas comment vous vous appelez…– Jasmine.
– Bon, eh bien je vous présente Jasmine alors. Ah oui, à propos, moi, c’est Luc ! On mange ? J’ai une de ces faims… Ils ont pris tout leur temps pour dîner, ils ont parlé, ils ont ri, ils se sont enveloppés de fumée. Longtemps. Elle était bien. Elle se sentait bien. Différente. Protégée. Ailleurs n’existait plus. José a sorti une bouteille de marc.
– Et c’est du vrai. Pas du trafiqué. Méthode artisanale.
Elle en a bu avec eux. Ils ont chanté. Encore parlé. Encore ri. Encore chanté.
– Bon, mais c’est pas tout ça ! Faudrait peut-être aller dormir. Parce qu’après une journée pareille !

– C’est celle de Seb. Il est en congé. Mais vous inquiétez pas. Les draps sont propres. Ils ont été changés.
Elle s’y est coulée avec délices. Ils sont allés tous les trois à la douche. Luc d’abord. Benjamin ensuite. Puis José qui en est revenu complètement nu. Qui est allé éteindre la lumière tout au bout, de l’autre côté.
– Bonsoir tout le monde !
– Bonsoir !

Elle a rêvé. De Luc. Qui lui faisait l’amour tout en douceur. En effleurements légers. En baisers déposés tout au long de sa nuque, de son dos, de ses fesses. Il s’arrêtait. Mais pourquoi il s’arrêtait ?C’était trop bon. Continue ! Il s’éloignait. Mais reviens ! Elle partait à sa recherche. Elle le retrouvait. Elle se tendait de tout son corps vers lui. Encore ! Caresse-moi encore ! Comme il savait ! Et sa queue s’est posée au creux de ses reins. Et ses mains sur ses seins. Reste ! Reste ! Ne t’en va plus ! S’il te plaît, reste ! Et… Mais… Mais il était vraiment là. Oui, il était là. Tout contre elle. Sa chaleur d’homme. Son souffle dans son cou. Ses lèvres tout au long de son épaule.
– Tu ne dors plus.
Elle n’a pas répondu.
– Non, tu ne dors pas.
Il a lentement bougé contre elle. À l’entrée. Elle a haleté, gémi. Elle l’a voulu, elle s’est ouverte, elle l’a happé.
Il a chuchoté…– Eux non plus ils ne dorment pas. Ils écoutent.
Et elle a eu son plaisir. Elle l’a chanté. À pleine gorge…
Elle a posé la tête sur sa poitrine, s’est blottie contre lui. Il lui a caressé la joue. Longtemps.
Le jour s’est levé, gorgé de neige, s’est lentement infiltré à travers les volets, a habité peu à peu la pièce.
– Tu as aimé qu’ils t’entendent ?
Elle a souri. Elle lui a posé un doigt sur les lèvres.
– Et qu’ils te voient ? Tu aimerais qu’ils te voient ? Qu’ils nous voient ?
Elle s’est pressée contre lui. Il a repoussé drap et couvertures Elle ne l’en a pas empêché. Et c’est elle qui est venue sur lui.
Quand elle a commencé à doucement se plaindre, José s’est levé, approché. Tout près. Il était nu. Il s’est assis à la tête du lit et il l’a regardée. Il les a regardés. Il a posé une main sur elle. Dans ses cheveux. Sur ses yeux. Sur sa bouche. Il y a glissé un doigt. Elle a refermé les lèvres dessus, l’a enrobé, mordillé, englouti. Et puis il y a eu aussi Benjamin, debout derrière lui, les yeux exorbités, le souffle court, qui s’activait frénétiquement en bas. Sa semence a jailli, s’est éparpillée au hasard sur elle, sur son dos, sur ses reins, sur ses fesses. Et elle aussi, c’est venu. Elle est retombée sur Luc. Elle a crié. Le plaisir de José, c’est elle qui le lui a donné, après, sous la douche, avec sa bouche.

Ses vêtements étaient secs. Elle a voulu les remettre. Luc l’a arrêtée…– S’il te plaît, reste comme ça. Reste comme ça pour nous.
Il est allé jusqu’à la fenêtre.
– Il en est encore tombé. Et pas qu’un peu. On est bloqués là pour un sacré moment tous les quatre.
Elle a souri…– Tant mieux !

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