Les fantasmes de Lucie (1)

- Par l'auteur HDS Exorium -
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Récit libertin : Les fantasmes de Lucie (1) Histoire érotique Publiée sur HDS le 20-01-2022 dans la catégorie En solitaire
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Les fantasmes de Lucie (1)
Ça vit un fantasme. Ça naît. Ça prend son essor. Ça comble son ou sa « propriétaire ». Trois jours. Ou trois semaines. Ou trois mois. Et puis ça s’étiole. Ça s’épuise. Ça disparaît. C’est remplacé par d’autres qui, à leur tour…Il y a ainsi une foule de fantasmes dont on perd jusqu’au souvenir de les avoir un jour caressés avec passion. D’en avoir fait, pendant un certain temps, un usage quasi quotidien. Et c’est dommage. Parce qu’ils nous parlent de nous, nos fantasmes. De ce qu’on est, même si on ne le voudrait pas toujours. De ce qu’on a été. De ce qu’on se refuse parfois à être pleinement. De ce qu’on redeviendra peut-être. Ils sont, pour ainsi dire, notre patrimoine personnel. Un patrimoine qu’il est de notre devoir de préserver. Au même titre que les autres. C’est pourquoi j’ai décidé de tenir dorénavant, aussi méthodiquement que possible, le journal de mes fantasmes.

Dans la plupart des histoires que je me raconte, on me corrige, on me fesse, on me fouette à qui mieux mieux. On me fait subir mille avanies. On me soumet à des interrogatoires humiliants. On fait preuve d’une imagination débordante pour m’amener, vaincue et repentante, à la raison. Soyons clairs : ce sont des comportements qui, dans le monde réel, sont parfaitement inacceptables. Et condamnables. Mais le fantasme nous projette dans une autre dimension. Et si je m’abandonne d’aussi bonne grâce, et en y prenant un incontestable plaisir, à ce qu’on y exige de moi, c’est qu’en réalité, c’est moi qui mène le jeu. Mes « bourreaux » ne m’imposent que ce que je décide qu’ils m’imposent. Que ce qui me convient à moi. C’est aussi que les coups, aussi violents soient-ils, ne sont que virtuels. Qu’ils ne laisseront pas la moindre trace. Ni sur le corps ni sur l’esprit.

Deux « filons » alimentent principalement mes « imaginations »D’abord, bien évidemment, la vie quotidienne. Il peut suffire d’une phrase anodine, d’un regard croisé par hasard, dans la rue ou ailleurs, pour que la machine se mette en marche et m’entraîne aussitôt sur des routes improbables.
Souvent plus consistants, en tout cas plus durables, sont ceux qui mettent en scène des personnes avec lesquelles je suis amenée à être fréquemment en contact. Tel voisin, par exemple, avec qui j’échange de temps à autre quelques mots par-dessus la haie, ignorera toujours qu’il lui arrive régulièrement de m’administrer de vigoureuses et retentissantes fessées, déculottée, de ses grosses mains calleuses, parce qu’il me surprend à fouiller, chez lui, dans ses affaires. Et j’y retourne. C’est plus fort que moi.
Cette autre voisine, au bout de la rue, me découvre en pleine action avec le Jérémie dont elle est follement éprise. Et me fait passer, chaque fois, un très mauvais quart d’heure.
Et le boulot ! C’est une mine, le boulot. À de très rares exceptions près, j’ai eu affaire, sous un prétexte ou sous un autre, à tous mes collègues de travail. Hommes et femmes. Et, bien sûr, aux chefs.
Sans oublier les commerçants, livreurs et autres professionnels de toute sorte avec lesquels je suis régulièrement en contact. On voit que je ne manque pas de matière.

Le deuxième filon, dans lequel je puise abondamment, ce sont mes lectures. Il surgit parfois quelque chose d’inattendu, au détour d’une page, que j’éprouve l’impérieux besoin de m’approprier. De toute urgence.
Et puis il y a l’Histoire. Dont j’ai toujours été férue. L’Histoire qui m’ouvre tant de portes. Il y a tant d’événements auxquels je peux participer. De personnages auxquels je peux m’identifier. D’époques au cœur desquelles je peux me projeter. La Rome antique, l’Inquisition, la Révolution française sont, pour des raisons que l’on comprendra aisément, mes périodes de prédilection. Auxquelles je ne cesse de revenir encore et encore.

Bon, mais il est temps d’entrer dans le vif du sujet.


* * *
J’ai un voisin beau comme un dieu, mais alors là beau que c’est même pas croyable d’être beau comme ça. Du coup, c’est souvent, quand il est dans son jardin, que je me trouve, comme par hasard, dans le mien. On échange quelques mots par-dessus la haie. Des banalités. Sur le temps qu’il fait. Sur mes rhododendrons. Sur ses hortensias. Ça ne dure jamais bien longtemps. Il s’excuse. Il a à faire. Et il me plante là. Je ne compte pas pour lui. Je ne l’intéresse pas vraiment.

Mais moi, je l’emporte avec moi. J’emporte son sourire. J’emporte le grain de sa voix. J’emporte le velouté de son regard. Dans ma chambre. Je m’allonge et je ferme les yeux. Je me transporte chez lui. Dans sa maison. J’en explore chaque pièce avec curiosité. J’ouvre ses tiroirs. Je visite ses placards. J’entre dans sa vie. Je m’en empare. Avec volupté. Avec délectation. Je contemple longuement son lit. C’est là qu’il dort. C’est là que peut-être – sûrement – il se donne du plaisir. Souvent ? Sans doute. C’est un homme et les hommes… Je m’agenouille. J’enfouis ma tête dans son oreiller. Il est plein de senteurs. Son parfum. Son odeur. Enivrants. J’hésite un peu. Et puis je me déshabille. Résolument. Complètement. Je m’enfouis entre ses draps. Je me pénètre de lui. Mes doigts m’effleurent, insistent.
– Non, mais faut pas se gêner !
Je sursaute. Tout occupée de lui, je ne l’ai pas entendu arriver.
Je m’affole.
– Excusez-moi ! Je suis désolée… Je…– On peut savoir ce que vous faites là ?
– Mais rien ! Rien du tout. D’ailleurs, je m’en vais.
Et je m’extirpe tant bien que mal de son lit.
– Vous vous en allez ! Ben, voyons !
Il se repaît tranquillement, tout à loisir, de ma nudité. Je me précipite en toute hâte sur mes vêtements. Je veux me rhabiller. Je… Il m’arrête.
– Pas si vite ! Parce que d’abord on a un petit compte à régler tous les deux.
Je feins l’étonnement.
– Un petit compte ? Comment ça, un petit compte ?
– Non, mais attendez ! Vous vous introduisez chez les gens. Il y a violation de domicile. Vous vous installez dans leur lit. Et vous espérez que je vais vous laisser repartir comme ça ? Tranquillement. Non, mais vous rêvez, là !
– Je le ferai plus…– Vous le ferez plus, non ! Parce que je vais vous flanquer une fessée qui vous en fera passer définitivement l’envie.
Et, sans me laisser le temps de proférer le moindre mot, il me courbe en travers de sa jambe tendue et il me fesse. Généreusement. Ça tombe dru. Ça claque. Ça pique. Ça brûle. Mais je suis heureuse. Tellement. Parce que c’est lui. Ce sont ses mains à lui. Il tape. Il tape sans discontinuer. De plus en plus fort. De plus en plus vite. Sa respiration s’accélère. Est-ce qu’il aime me lanciner le derrière ? Bien sûr qu’il aime. Évidemment.
Il s’arrête tout soudain…– Mais qu’est-ce que ?
Il me passe une main inquisitrice entre les cuisses.
– Mais… Mais… vous êtes trempée.
Oh, que oui, je suis trempée. Oui.
Il me pousse doucement vers le lit. Il m’y fait tomber. Mes bras se referment autour de lui. Je m’ouvre. Je m’ouvre en grand. Il se loge en moi. Il y palpite. Il s’y active. Il s’y répand. Je gémis mon plaisir dans son cou.

Quand j’en ai terminé, je sors. Aussitôt. Si la chance me sourit, il est là, dans son jardin. Je m’approche, toute pleine de lui, toute pleine de nous. Je lui parle. Je l’écoute. Il ne sait pas qu’il y a dix minutes, là, à côté, il me flanquait une monumentale fessée. Avant de me donner un plaisir inouï. Il ne sait pas. Je lui parle encore. Je l’écoute encore. Je le regarde. L’envie revient. Et j’y retourne.

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