Les petites stagiaires: Aglaé III,1

- Par l'auteur HDS Exorium -
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Récit libertin : Les petites stagiaires: Aglaé III,1 Histoire érotique Publiée sur HDS le 16-05-2022 dans la catégorie Entre-nous, hommes et femmes
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Les petites stagiaires: Aglaé III,1
Aglaé, la nouvelle stagiaire qu’on m’avait confiée, passait un temps impressionnant à la machine à café.
-  Ben, attendez ! Si on veut être au courant…– Au courant ? Mais au courant de quoi, grands dieux ?
– De tout. Ils se lâchent les gens pendant les pauses.
– Ils colportent surtout des ragots.
– C’est important, les ragots. Il y a toujours un fond de vérité là-dedans.
Elle en ramenait, chaque jour, une abondante moisson. Et me tournait des yeux effarés.
– C’est pas vrai ! C’est pas vrai que vous savez pas. Ça fait douze ans que vous êtes dans la boîte et vous savez même pas que Laporte couche avec la secrétaire de Javeau ! Et ça date pas d’hier en plus. Non, mais sur quelle planète vous vivez ?
Ah, il s’en passait des choses !
Lambert était en instance de divorce.
– Et c’est rock’n’roll…La petite Justine avait eu de gros problèmes avec la police. On ignorait pourquoi.
– Oh, mais on finira bien par découvrir le pot-aux-roses.
Quant à Laeticia Bruneau elle s’était fritée avec Émilie Friget dans les toilettes.
– Soi-disant pour une histoire de mec. Mais moi, je crois pas ! Non, j’ai ma petite idée…– Et c’est ?
– Je croyais que ça vous intéressait pas, tout ça !
– Oui, enfin, moi ce que je constate, c’est qu’à t’écouter, je vais finir par connaître de A à Z la vie de tout le personnel de l’entreprise et que je ne saurai strictement rien de toi.
– Oui, ben alors ça, rêvez pas ! Je suis pas du genre à étaler ma vie privée sur la place publique. Ma maxime à moi, c’est : « Moins on en dit et mieux on se porte. » Cela étant, il peut y avoir des exceptions, mais faut qu’il y ait des raisons pour ça.

Elle me considérait, depuis un bon quart d’heure, d’un petit air amusé.
-  Qu’est-ce qu’il y a ? Qu’est-ce que j’ai de si drôle ?
– Rien, non. C’est juste qu’il était question de vous en bas tout à l’heure.
– Ah ! Et à propos de quoi ?
– À propos de ce que j’avais sacrément intérêt à me méfier. Parce qu’avec vous, les stagiaires, elles ont pas le choix : il faut qu’elles passent à la casserole. Elles sont pas là d’un mois que, hop ! Ça y est, c’est fait. Et vous les emmenez aussi sec habiter chez vous.
– Il se raconte vraiment n’importe quoi.
– Parce que c’est pas vrai ?
– Absolument pas.
– Ah ! Et c’est quoi votre version à vous ?
– Que j’ai hébergé les deux stagiaires qui t’ont précédée dans une chambre d’amis indépendante parce qu’elles habitaient loin et qu’elles avaient beaucoup de route à faire. Elles y vivaient comme elles l’entendaient et y recevaient qui elles voulaient.
– Mouais ! Et vous les avez pas sautées ? C’est pourtant ce qui se dit. Oh, mais j’m’en fous, moi, hein ! C’est votre vie. C’est vous que ça regarde. Ce qu’il y a de sûr en tout cas, c’est que moi vous me passerez pas à la casserole. Il y a pas de risque, alors là ! Par contre…– Par contre ?
– Non… Rien…– Mais si ! Dis !
– C’est juste que moi, ça me fait rêver une chambre comme ça où je pourrais aller quand je voudrais. Que je vous explique en gros. J’ai un copain officiel. Martial. Un étudiant en droit. Qui reprendra l’étude paternelle. Mes parents ne jurent que par lui. Forcément : ils me voient casée avec un bon parti. Moi, je l’aime bien, c’est pas le problème, il est gentil, mais bon, c’est pas avec lui que tu peux t’éclater au lit. Il est vraiment pas doué, le pauvre ! J’en ai un autre en parallèle du coup. En parallèle et en secret. Ewin. Qu’assure de ce côté-là. Et pas qu’un peu ! Sauf que, pour se voir, c’est la croix et la bannière. Chez moi, c’est hors de question : mon père m’en taperait un infarctus. Chez lui aussi : sa sœur est en fac avec Martial. Alors on se rencontre une fois ici, une fois là. Comme ça se présente. Comme on peut. C’est pas simple. Et c’est souvent risqué.
– Oui, alors en somme, ce qui t’arrangerait bien…– Oh, non. Non. Je disais ça comme ça. Je voudrais surtout pas vous déranger. Ce serait pas souvent, remarquez ! Et pas longtemps. Une heure vite fait comme ça, le soir, avant de rentrer. Et encore ! Pas tous les jours. Et puis, de temps en temps, le week-end, l’après-midi, quand j’arriverais à m’échapper.
– Si ça peut te dépanner… Mais passe ce soir ! Tu verras comment c’est fait. Et si ça te convient…
Elle a tout de suite été séduite.
– C’est trop le top ! Non, mais comment c’est trop le top !
– Ça te plaît ?
– Je serais difficile.
– Marché conclu alors ! Tu viens quand tu veux.
– Samedi, ce serait possible ?
– Je ne serai vraisemblablement pas là samedi. Mais c’est pas un problème. Fais comme chez toi !
Et je lui ai remis un double des clefs.

Le samedi en question, je me suis bien évidemment gardé de m’absenter. Je me suis au contraire claquemuré dans ma chambre, bien décidé à profiter tant et plus, sans me faire débusquer, d’ébats que j’espérais débridés.
Ils sont arrivés sur le coup de trois heures. J’ai tendu l’oreille. J’ai retenu mon souffle, le cœur battant.
-  Pour une fois on va pouvoir prendre notre temps. Tout notre temps.
Ils ne l’ont pas vraiment pris. Ils se sont jetés sur le lit comme des meurt-de-faim. Elle a haleté. Gémi. Déferlé à pleine gorge. Ça s’est apaisé. C’est retombé.
– Comment c’était bon ! Pour toi aussi ?
Il n’a pas répondu. Il y a eu des baisers claqués doux. Des murmures. Et ça a recommencé. Presque aussitôt. Elle a imploré.
– Comme ça ! Oh, oui, comme ça ! Je vais mourir. Tu me fais mourir, Ewin ! Oh, mon amour ! Mon amour !

Elle n’avait pas été dupe.
-  Vous étiez là, hein, finalement ! Dans la chambre d’à côté.
Je n’ai ni confirmé ni infirmé. Je l’ai laissée venir.
– Ben oui ! Vous seriez quand même pas parti de chez vous sans fermer la porte à clef.
Quel idiot ! Non, mais quel idiot je faisais !
– Oh, mais on s’en fiche, nous, hein ! De toute façon, ça serait forcément arrivé un jour ou l’autre. Vous nous avez entendus, bon, ben voilà ! Il y a vraiment pas de quoi fouetter un chat. Vous êtes pas le premier. Depuis le temps qu’on est obligés de trouver refuge tantôt ici et tantôt là avec Ewin, il y a sacrément du monde qui nous a entendus avant vous. Et vous êtes sûrement pas le dernier. Ils pensent ce qu’ils veulent les gens n’importe comment, j’en ai rien à battre. Parce que ça, c’est un domaine, si tu dois commencer à te poser des tas de questions et à te retenir d’exploser quand ça t’attrape, c’est pas la peine. Autant aller jouer au scrabble. Non, vous êtes pas de mon avis ?
Je l’étais, si !
– Ah, vous voyez ! Et puis en plus un type, pour qu’il ait envie de continuer avec une nana, faut qu’il se rende compte qu’il lui fait de l’effet. Qu’il la met dans tous ses états. Ça le valorise. Alors si elle commence à se réfréner et à se contraindre, ben elle a tout faux.

La plupart du temps, elle prévenait.
-  On passera tout à l’heure.
Et je les attendais avec une impatience fébrile.
Mais il arrivait aussi qu’ils surgissent sans crier gare.
– On dérange pas ?
Ils ne dérangeaient pas, non. Ils ne dérangeaient jamais.
Du coup, je ne quittais quasiment plus la maison. J’y rentrais le soir aussi vite que possible. J’y restais confiné tout le week-end. Au cas où… Je ne voulais pas perdre la moindre occasion d’entrer voluptueusement dans leur plaisir avec eux.

Très vite j’avais mis Élodie et Camille au courant. Qu’elles me laissent les coudées franches. Et qu’elles n’aillent pas s’imaginer que je leur battais froid pour je ne sais quelles sombres raisons. Elles n’imaginaient rien du tout, non. Ce qui les intéressait surtout, c’était Ewin.
-  Il est comment ?
– Je l’ai à peine vu. Entre deux portes.
– Oui, mais tu l’as vu. Il est brun ? Blond ?
– Plutôt châtain.
– Et les yeux ?
Les yeux ? J’avais pas fait vraiment attention les yeux.
– Ouais ! On n’est pas plus avancées. Et si on prend pas les choses en mains nous-mêmes…Élodie a hoché la tête.
– Oui. Elle a raison. N’importe comment, même pour toi, c’est pas forcément un bon plan d’être systématiquement là quand ils viennent.
– Hein ? Mais pourquoi ?
– Ben, parce que… Ça t’apporte quoi ? T’entends, oui, mais tu vois rien. Tandis que… Imagine, si tu te casses, qu’ils se retrouvent tout seuls chez toi. Il peut leur prendre l’envie d’étendre leur rayon d’action, d’essayer ton canapé dans la salle de séjour. Par exemple. Il y a toutes les chances d’ailleurs. Et nous trois, de la fenêtre au-dessus là-haut, on serait aux premières loges. Les jumelles en batterie.

Aglaé descendait beaucoup moins à la machine à café.
-  Oui, oh, c’est bien toujours un peu les mêmes petites histoires.
Elle était souriante. Agréable. Détendue.
– Heureuse, vous voulez dire ! Ben oui, oui ! Heureuse. C’est pas compliqué, le bonheur. Suffit d’être sexuellement comblée. Ça fait pas tout, non, mais c’est la base de tout. S’il y a pas ça ! Et, du coup, j’en arrive à me poser des tas de questions.
– Quel genre de questions ?
– Par rapport à Martial. Parce que, grâce à vous, on n’est plus obligés de faire des pieds et des mains pour se trouver un point de chute avec Ewin. De se réfugier dans la voiture. Ou d’aller passer une heure dans un hôtel miteux. Je supporte pas les hôtels. Ça me débilite complètement. C’était frustrant d’une force, tout ça ! Tandis que maintenant on a notre petit nid d’amour. Ce qu’on a à vivre on peut le vivre à plein. Ça change tout.
– Et, du coup, c’est avec Ewin que tu envisages désormais de faire ta vie.
– Je la ferai pas avec Martial, ce qu’il y a de sûr.
– Tu vas le quitter ?
– Il y a des chances, oui.
– Te précipite pas.
– Je me précipite pas, mais Martial, bon, j’en ai fait le tour. Je m’emmerde avec. Vous pouvez pas savoir ce que je m’emmerde. Et pas seulement au lit. Il a aucune conversation. Rien.
– Tu diras peut-être la même chose d’Ewin dans trois mois.
– Je sais pas. On verra. Il y en a d’autres des mecs n’importe comment. Il est pas là le problème.
– Il est où alors ?
– Il est qu’avec Martial j’aurai jamais les coudées franches. Qu’il faudra sans arrêt que je me planque pour m’éclater. Que ce soit avec Ewin ou avec un autre. Que j’aurai pas toujours la chance d’avoir un maître de stage qui me prête une piaule pour m’envoyer en l’air. Que je devrai avoir encore recours à des solutions de fortune. Que ça me gâchera tout. Comme ça l’a fait là. Qu’il faudra que je mente. Que je me justifie. Que j’invente tout un tas d’histoires à dormir debout. Et que j’ai pas envie de ça. C’est humiliant. En plus. Alors non ! Non ! Je préfère mettre un terme maintenant. Tout de suite. Avant qu’il ne soit trop tard. Avant de m’être laissée complètement emberlificoter. Qu’il ait parlé mariage. Qu’il ait voulu des enfants. Que je me sois déguisée en épouse modèle anesthésiée.

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