Les petites stagiaires: Élodie II,1

- Par l'auteur HDS Exorium -
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Récit libertin : Les petites stagiaires: Élodie II,1 Histoire érotique Publiée sur HDS le 12-04-2022 dans la catégorie Entre-nous, hommes et femmes
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Les petites stagiaires: Élodie II,1
Javeau s’est retourné sur le pas de la porte. Il arborait un petit sourire mi-moqueur mi-complice.
« Ah, oui, Dumas, à propos, j’oubliais… Il va nous arriver une nouvelle stagiaire. Vous ne demanderez pas mieux que de prendre sa formation en mains, j’imagine ! C’est un domaine dont il semble que vous vous soyez fait une spécialité et dans lequel, apparemment, vous excellez.
– Que ne ferais-je pas pour la bonne marche de l’entreprise, Monsieur le Directeur ?
– Je n’en attendais pas moins de vous. »
C’était une dénommée Élodie. Une petite brunette vive, enjouée, qui parlait pratiquement sans discontinuer et qui réussissait ce tour de force d’être néanmoins, dans les tâches qui lui étaient confiées, d’une redoutable efficacité. À la fin de la matinée, elle avait abattu un travail considérable et je savais tout d’elle ou presque. Qu’elle allait sur ses vingt-quatre ans. Qu’elle s’était tout d’abord lancée dans des études littéraires auxquelles elle avait finalement renoncé.
« Ben oui ! Parce que, à part prof, ça mène nulle part, ça ! Et prof, non merci. Vu ce que c’est payé ! Et puis les élèves maintenant faut les supporter !
Qu’elle avait deux sœurs, toutes les deux plus jeunes qu’elle. Que son père était gendarme. Et vraiment pas commode.
– Pour lui, j’ai toujours quatorze ans en fait.
Qu’avec sa mère il y avait jamais eu moyen de parler. De rien. Elles n’étaient pas sur la même longueur d’ondes toutes les deux.
– Je foutrais bien le camp, mais bon ! Aller m’installer toute seule j’ai pas trop envie.
– Et en colocation ?
– Il y a ça, oui. Deux fois déjà je l’ai fait avec des copines. Mais faut vraiment bien tomber. C’est sans arrêt embrouilles et compagnie sinon. Non, et puis je vais peut-être vous paraître tordue, mais financièrement rester chez les parents, c’est tout bénéfice. En ce qui me concerne en tout cas : ils me demandent pas un sou. Sans compter que j’ai pas à m’occuper des courses, de la bouffe, du ménage et de tous ces trucs chiants. »
Le lendemain, elle a surgi, tout essoufflée, sur le coup de dix heures un quart.
‒ Normalement, on embauche à neuf heures !
– Je sais bien, oui ! Je suis désolée, mais j’habite vraiment loin. Et puis j’ai pas encore bien l’habitude. Alors je me suis perdue. En plus !
– Pour cette fois, on va faire comme si on ne s’était aperçu de rien.
– Merci.
– Mais il vaudrait mieux, beaucoup mieux, dans votre intérêt, que cela ne se reproduise pas.
Ça s’est malgré tout reproduit deux jours plus tard. Et encore le mardi suivant.
– Vous partez d’un très mauvais pied, Élodie !
– C’est pas de ma faute ! Si j’ai pas mon compte de sommeil, je suis bonne à rien, moi ! Et plus d’une heure de route ça me fait le matin. Presque une et demie. Et autant le soir.
– Si vous vous mettez Javeau à dos, il va vous pondre un de ces rapports ! Il est même capable de pas vouloir vous garder. La ponctualité, pour lui, c’est sacré.
– Je vais essayer, seulement…– C’est pas essayer qu’il faut, c’est réussir. Écoutez ! J’habite à cinq minutes. Une grande maison. Il s’y trouve une chambre actuellement inoccupée. Amandine, la stagiaire qui vous a précédée, en a disposé l’année dernière et s’en est trouvée fort satisfaite. Vous y auriez votre totale indépendance : je tiens à ma liberté, donc je respecte celle des autres.
– C’est très gentil à vous, merci, mais je sais pas. Je vais réfléchir.
Je n’ai pas insisté.

‒ Que je te donne des nouvelles quand même !
– Amandine ! Comment ça me fait plaisir de t’entendre ! Qu’est-ce tu deviens ? Raconte !
Oh, ça allait ! Bien. Très bien même. Elle avait emménagé avec Domitille et Aurélie, comme convenu.
– Mais pas dans la baraque initialement prévue. Une encore mieux. Plus près de Rennes. Où on a chacune sa chambre. Et où je te dis pas ce délire-cul qu’on s’est tapé le premier soir. T’aurais vu ça !
– Vous connaissant, toutes les trois, je me doute !
Question voisins, elles n’avaient vraiment pas à se plaindre. Ah, non alors ! À droite des retraités. Des petits vieux gentils comme tout. À gauche une prof, la cinquantaine, qu’était quasiment jamais là. Et en face, de l’autre côté de la rue, un jeune couple.
– Il est beau, le mec, mais alors beau ! Non, mais c’est pas possible d’être beau comme ça.
Elles s’étaient lancé un défi, du coup, les deux autres. À celle qui le mettrait la première dans son lit.
– Et tu participes pas ?
– Pas officiellement. Ce qui ne m’empêche pas d’avoir ma petite idée derrière la tête.
– Je me disais aussi…Quant au boulot ça se passait pas trop mal.
– C’est une nana, ma chef. Dans les trente-cinq ans. Quelque chose comme ça. Elle me prend pas la tête. Du moment qu’il y a un minimum de rendement. Et de ce côté-là, je crains personne. Bon, mais et toi ? T’as repris une stagiaire, je parie ?
– Javeau y tenait absolument.
– Ben, voyons ! C’est pas l’autre dinde de Morgane au moins ?
– Elle s’appelle Élodie.
– Et elle est installée chez toi.
– Non. Enfin peut-être qu’elle y viendra. Ça va dépendre. Elle sait pas encore.
– Qu’elle dit ! Tu parles qu’elle sait pas ! Je sens que tu vas avoir plein de trucs à me raconter, toi ! Et que je vais me régaler. »
Élodie s’est lancée à l’eau.
« Je voulais vous dire… Je viendrai pas habiter chez vous. Question trajet, sûr que ce serait vraiment le top. Seulement ce qu’il y a, c’est que j’ai une espèce de maladie. Enfin, pas vraiment une maladie. Disons que je fais des malaises sous la douche et que, s’il y a pas quelqu’un qui accourt à mon aide quand ça m’arrive, je panique complètement. Deux fois même, je suis carrément tombée dans les pommes.
– Et ça vient d’où ? Ça se soigne pas ?
– Ils savent pas trop au juste. Soi-disant que ce serait vagal. Ou bien alors de la spasmophilie. Ils sont pas d’accord entre eux. On m’a bien donné des trucs, mais ça y fait pas vraiment. Et s’il faut que je vous appelle sans arrêt au secours quand je serai sous la douche !
– Ce serait si dramatique que ça ?
– Ben ! Je suis pas spécialement coincée, non, mais enfin c’est quand même le genre de situation où tu te sens pas vraiment à l’aise. Et puis surtout ce que je voudrais pas, c’est que vous alliez vous imaginer des trucs. Que je suis une fille qui…– J’imagine rien du tout.
– Oui, mais bon…Et elle a continué à arriver systématiquement en retard. Deux à trois fois par semaine. Voire plus.
– Je le fais pourtant sonner en avance mon réveil, mais du coup je me dis que j’ai du temps, alors je l’éteins et je me rendors. Ou bien, si je me rendors pas, je traîne tellement que je suis encore plus en retard que si je m’étais levée à l’heure.
Tant et si bien que Javeau a fini par la convoquer. L’a gardée pratiquement une matinée entière dans son bureau. Elle en est sortie en larmes.
– Ça tient toujours ? Je peux venir chez vous ?
Évidemment que ça tenait toujours !
– Peut-être que ça m’arrivera plus jamais n’importe comment, si ça tombe, ces malaises. Ça fait presque deux mois que j’en ai pas eu.
Et, le samedi suivant, elle s’installait chez moi.

Le matin, j’avais un mal fou à la faire lever. Son réveil sonnait. Elle ne bougeait pas. Une deuxième fois. Une troisième. J’allais frapper à sa porte.
‒ Élodie !
– Quoi ?
– Lève-toi ! On va être en retard.
– Juste deux minutes !
Et elle se rendormait.
En désespoir de cause, je finissais par entrer dans sa chambre. J’allumais toutes les lumières, tirais les rideaux, tapais dans mes mains.
– Allez, debout, là-dedans !
Elle s’extirpait du lit, zigzaguait, en pyjama, jusqu’à la cuisine, s’affalait devant son bol de café au lait.
– C’est pas que je veuille te précipiter, mais…– Oui. J’y vais ! J’y vais ! J’ai juste à me maquiller n’importe comment. La douche, c’est toujours le soir que je la prends. »Le soir. Juste avant d’aller se coucher. Je restais à proximité, aux aguets, au cas où… J’attendais. J’espérais. En vain.

Amandine se voulait rassurante.
‒ Arrête de psychoter comme ça ! Mais si, tu la verras à poil ! Mais si ! Et plus si affinités.
– J’en doute. J’en doute de plus en plus.
– Une nana capable d’inventer une histoire pareille, elle sait où elle veut aller. Et elle ira. Coûte que coûte.
– Elle a peut-être rien inventé du tout. Elle en a peut-être vraiment eu des malaises.
– Ben, voyons !
– Si c’était un coup monté, il y a belle lurette qu’elle aurait fait appel à moi sous la douche. Depuis trois semaines qu’elle est à la maison !
– Non, mais t’es vraiment trop, toi, quand tu t’y mets ! Qu’est-ce tu t’imagines ? Qu’une fille qui s’aperçoit qu’un mec il crève d’envie de la voir à poil – et pas besoin de t’en faire que là-dessus il y a longtemps qu’elle t’a percé à jour – elle va se précipiter pour lui offrir ce qu’il désire ? Faudrait qu’elle soit complètement idiote. Ben non, non ! Tu le fais attendre le type. Tu le fais douter. Tu la portes à incandescence son envie. Qu’il en puisse plus. Qu’il soit prêt à tout pour la satisfaire. Tu crois que moi, je le savais pas, et ça depuis le début, qu’on finirait par coucher ensemble ? Le jour où je suis arrivée chez toi, je l’ai décidé. Et combien de temps je t’ai fait attendre ? Des mois. Et maintenant, avec le recul, reconnais : ça n’en a été que meilleur, non ?
– Oh, si !
– Eh ben alors !

Je vivais chaque journée dans l’espoir que ce serait celle-là. Que ça allait enfin finir, le soir, en apothéose. Que je la verrais sous la douche. Je la regardais pianoter sur son ordinateur. Je l’écoutais raconter, intarissable. Le voyage scolaire en Espagne quand elle était en seconde. La fois où elle s’était cassé la jambe au ski. Le réveillon de l’année précédente qui s’était terminé en bataille rangée. Les six mois de colocation avec sa copine Cynthia.
‒ Elle était folle à lier, celle-là, mais vraiment folle ! On rigolait bien quand même ! Peut-être que c’était à cause de ça justement. Sûrement même !
Je l’écoutais. D’une oreille. Je la regardais aller à la photocopieuse. Ses petits hauts flottants. Ses jeans étroits. En revenir. La voir nue ! La voir enfin nue ! J’en rêvais. J’en crevais.
On rentrait. Elle courait s’enfermer dans sa chambre.
– Faut que je bosse si je veux l’avoir l’exam. Et puis c’est pas la peine que je reste à vous tenir la jambe n’importe comment. On a toute la journée pour causer.
Elle faisait sa réapparition sur le coup de neuf heures, s’engouffrait dans la cuisine où elle grignotait ce qui lui tombait sous la main : un bout de pizza. Un reste de quiche. Une pomme.
Et puis c’était la salle de bains. Elle y séjournait une vingtaine de minutes. J’entendais l’eau gicler, des flacons s’entrechoquer. Elle en ressortait, vêtue de son éternel peignoir rose.
– Bon, ben bonsoir. À demain.

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