Strip poker au Blackwood - histoire érotique

Jpj, Texas, février 2015

Ce saloon datait de la Ruée vers l'Or, délavé déglingué. Ses planches de bois vermoulu noires avaient le charme suranné de la Conquête de l'Ouest
Mickaël appuyé aux planches noires regardait la fille en face qui chargeait sa carriole devant le général store. Le canasson bringé et rayé attaché à un poteau télégraphique dormait littéralement debout.
La fille portait une jupe de cuir fauve longue aux chevilles et un chemisier blanc très très plein lacé par devant, en dessous. Ses cheveux noirs épais drus tombaient sur ses épaules et balayaient tantôt l'une tantôt l'autre, insouciants.

Mickaël Cue-Bid était despérado, oui, mais beau gosse assurément et aussi badboy avec son six-coups à la ceinture.
Mike matait la fille.
Il savait qui elle était et qu'elle n'était pas vraiment farouche.

Enfin pas farouche n'est pas vraiment le bon mot.

Avec sa carabine à balles dum-dum haute vélocité dans la fonte, elle était la fille du plus gros éleveur de la vallée de l'Oklahoma. Dix mille têtes au bas mot. À cornes, toutes. Pas commode, la fille, assurément...

Aujourd'hui elle était à faire ses courses à la ville.
D'ordinaire plutôt on l'apercevait, de loin, chevauchant, vive, sa jument alezan à cru, entre cactus dessêchés et arches ocre rouges, disparaissant vite trop vite dans la poussiére de son galop.
Inaccessible.

Mickaël pensait, maintenant est opportunité rare, jette-toi !
Jette toi donc !

Il a laché au sol son cigarillo noir tordu et l'a écrasé du talon de sa boot, marquant le sable dur sale de son éperon.
Il a traversé et est venu à l'abreuvoir devant le museau de l'animal indifférent.

La fille avait la peau du visage humide de transpiration et tannée de poussière comme d'un fond de teint terre de Sienne brûlée. Elle a levé les yeux sans aménité sur le cow-boy. Sa bouche s'est contractée, lèvres épaisses, langue rose entre dents blanches, trés blanches.

Il l'a saluée, stetson bas au sol, à chasser les brindilles en va et vient régulier et autoritaire.

Mademoiselle, je vous sais férue de cartes, voudriez-vous participer à un challenge de ligue samedi soir au saloon.
Joséphine, la tenancière et ses danseuses Gisel et Angel feront l'ambiance. T-bo sera shérif-arbitre, avec ses adjoints Drury, Landy et Roudy.
Je cherche un partenaire.
Voudriez-vous être celle-ci ? Accepteriez-vous d'être le mien ?

La fille est restée hautaine, a chargé ses derniers achats puis est montée en voltige du sol à la marche jusqu'au banc de la cariole. Elle s'est retournée et a dit, envoyez-moi votre ami Stayman. Nous mettrons l'affaire au point ensemble.
Elle est partie dans le couchant et en la voyant disparaître derriére l'horizon, il chantait sur son harmonica, I'am a poor lonesome cowboy et se sentait Luky Luke.

Nous sommes tous Luke, à défaut d'être Charly...

Mike est retourné au saloon et, passant la double porte à ressorts, a vu Pat qui brassait ses cartes assis seul à une table à tapis vert dans l'obscurité.
Pat Roger's est un pro, des as plein les manches, mieux vaut être son ami si on veut réussir ses impasses.

Puis Stayman est arrivé en chahutant des hanches. Stayman il est comme ça, on n'y peut rien... Il a le splinter en gambling, en permanence ! C'est ça qui fait son charme.

Cue-Bid et Stayman sont copains, sans misfit aucun, jamais.
Ils ont parlé longtemps de cette fille, toute la nuit.
Bien des gars l'avaient vu galoper dans la vallée sur sa jument sauvage qui filait les pistes et chemins rocailleux. On disait qu'elle frayait avec les Sioux et avait eu dans son lit et le père, le Grand Chlèm et le fils le P'tit Chlèm.
Jéronimo, à côté de ces gars-là était petit joueur, modestement monté, dit-on.

Dans la nuit, au Blackwood, saloon de la vallée du Mort, perclu de poussiére dans le vent sec d'automne, les gars discutaient et racontaient ce qu'ils savaient de cette fille. A la table il y avait Rob le banquier, un voleur mexicain de grand chemin, Paco, un bandit genre truand de l'Ouest, Al Baran, le croque-mort Lavintahl et pour mettre tout le monde d'accord, le juge, germain, Herr Hédia.

Le baron Truscott est entré sur le coup de minuit.
Après longues discussions il a dit, cette fille monte à cru
Sûr qu'elle porte culotte longue de coton blanc sous sa jupe de cuir, sinon l'aurait, pauvre, le doubleton en rebid.

Au strip-poker, c'est important de savoir, avant de miser, quelles sont les ressources de l'adversaire et de se méfier de la chicane.
Voyez la fille qui fait tapis et n'a même pas de culotte à ôter, je vous dis pas la gêne à la table...

La princesse est arrivée le soir du tournoi sur sa jument alezan sauvage, a sauté bas et est entrée dans le Blackwood aprés avoir, négligemment, jeté la bride à un péone, avec une once de mépris.
Elle était sapée du haut comme putain égyptienne avec corsage d'or sur ses seins et multiples liens de cuir pour les assembler. On comprenait qu'il faudrait accepter maintes mises pour enfin la dénuder. Coques sur chacune des mamelles et tissus par dessus par dessous, par côtés...

Elle tenait à main gauche sa carabine Winch et on voyait bien qu'elle n'envisageait pas la remiser au vestiaire.

Mickaël s'est avancé pour la saluer et lui a offert un bourbon dans un grand verre non ébréché, le seul non ébréché du Blackwood.

Elle a dit, amis Stayman et Cue-Bid, vous serez mes partenaires.
Elle a dit, ce soir nous allons gagner, j'ai une botte secrête
Ignorée de tous
Sous mes jupes, sous ma grande culotte ouverte, je porte un string ... en sus.

Whah ... ça nous fera le squeeze royal flush.

Et ensuite, vous me mènerez au robre
Non ?