Le Père Fouettard

- Par l'auteur HDS lelivredejeremie -
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Récit libertin : Le Père Fouettard Histoire érotique Publiée sur HDS le 30-11-2023 dans la catégorie Entre-nous, les hommes
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Le Père Fouettard
‘Oh nooon ! Pas lui, non’.
Comme s’il fallait encore ajouter une couche à l’humiliation de ce job de Père Fouettard, la faune de la galerie commerciale et sa musique de m…, le costume ridicule, le maquillage noir qui va me prendre dix minutes à virer dans les toilettes, puis surtout Saint Nicolas… enfin, l’abruti de Félix qui m’emm…bête avec ses articulations qui craquent et sa sciatique. Alors qu’il est assis sur son trône depuis ce matin, lui…
C’était déjà bon, non ?
Et là, Paul. Avec une fillette, qui vient de lui demander ‘’C’est mon tour, papa, tu regardes, hein !’’ pour se précipiter sur les genoux du barbu arthritique.
Papa ? O-kaaay…
En un an, il en a pris cinq, mais il est toujours aussi beau, l’animal, et toujours aussi… sauf que non, plus trop sûr de lui, en fait. Je justifie un peu de ma rancune l’étrange plaisir de pouvoir le juger sans retour, vu que le blackface m’épargne au moins l’embarras d’être reco…
— Bonjour, Léo.
— Paul, ai-je sobrement grogné entre mes dents. ‘’Comment m’as-tu… Et que fais-tu ici, d’abord ?’’
— Ma fille voulait voir Saint Nicolas… Et comment ? Eh bien, la photo sur Instagram, ton commentaire qui disait que tu t’occupais des méchants…
— Et tu t’es reconnu dans la description. Ça se tient, oui.
— Ce n’était pas facile… Ce ne l’est toujours pas vraiment, là. Dis… On pourrait parler, boire un verre ?
— Au bar de l’Ibis ? C’est pas sur mon chemin pour rentrer, et quoi que tu puisses en penser, je bosse, on ne peut pas être trop sélectif pour les jobs d’étudiant, si tu te souviens de tes années de fac…
— Bien sûr, oui… a-t-il murmuré, clairement mal à l’aise. Et c’est étrangement déstabilisant.
— Mais après… Le temps de remballer, la taverne, plus loin, 20h30, je n’attendrai pas.

***

Il y a un an, en première année de mon master en sciences de l’environnement, après deux mois, j’avais écumé la faune du cercle LGBT, les lesbiennes trop non merci, les gays trop irritants, les bisexuels trop hésitants, les… non, pas les transgenres, déso-pas-déso. Je m’étais inscrit sur Grindr, pour un premier match quasi immédiat… avec un faux profil. Un mec bien réel, mais de vingt ans de plus que ses photos prétendaient.
Le second, par contre, correspondait à son profil numérique, trente ans, métrosexuel soigné, la promesse de l’expérience…
[Pas possible chez moi, trop loin, et… compliqué]
[Je vis en coloc‘ avec 5 potes, chacun sa chambre]
[Je préfère un endroit neutre, l’Ibis en ville, 18h ?]
Sans avoir vu son visage, je l’avais reconnu directement au bar de l’hôtel, et quand il m’a fait face, son sourire gourmand, son regard brillant de désir, l’assurance et la virilité qu’il dégageait… Il aurait pu me faire l’amour sur l’un des tabourets.
Il m’avait amené à la chambre, et avait proposé qu’on se déshabille en miroir. A chaque pièce de vêtement qu’on se retirait mutuellement, j’étais à la fois un peu plus gêné de mon corps trop mince, et plus excité par ce que je découvrais du sien. Jusqu’à ce qu’il me demande de virer mon boxer et que, alors nu devant lui, il me suggère de lui retirer le sien, j’étais tombé à genoux pour glisser mes doigts sous la ceinture élastique, et découvrir un sexe lourd, qu’après un moment d’hésitation, je m’étais résolu à couvrir de mes lèvres. Pour réaliser, rassuré, que s’il s’allongeait plus que décemment, il ne gagnait pas vraiment en largeur…
Il avait posé les mains sur ma tête, pour s’enfoncer brusquement, avant de les retirer et de reculer, en murmurant ‘’Désolé, un réflexe idiot, je ne… non ! Tu veux t’allonger s’il te plait ? Sur le flanc, en cuillère, c’est mieux, je pense.’’
— Mieux pour une first time, mais c’est pas mon premier rodéo, tu sais, et toujours protégé… avais-je dit. ‘’Après, avec le volume que tu proposes, je te préfèrerais sur le dos, histoire que je m’installe tranquille pour un plaisir un minimum partagé…’’
— Tu n’es décidément pas innocent, je suis loin d’être ton premier, je suppose…
Malgré sa remarque, ça avait semblé le flatter, et je m’étais lentement empalé sur lui pour, une fois son sexe latexé enfoncé en moi, doucement gémir, puis remonter, et appliquer le massage de son gland épais sur ma prostate.
Devant son air intrigué, je m’étais alors renfoncé sur lui, pour stimuler l’autre plaisir, plus profond, plus intense, sans oublier de régulièrement le relayer par la stimulation de ma petite glande habituellement très réceptive.
Il avait joui un peu trop vitedans la capote…
Allongés sur le matelas, il avait suggéré ‘’Tu n’as pas eu de plaisir, laisse-moi…’ pour prendre mon sexe en bouche. ‘’Touche-toi, Léo, je voudrais…’’
Je m’étais répandu dans sa bouche, il avait avalé…

La semaine suivante, il m’avait recontacté.
[On peut se voir ce soir ? 18h, hôtel Ibis, chambre 130… C’est ‘Léo’ en code]
[Je connais le leet speak, j’avais compris, et quitte à ne jamais pouvoir faire l’amour chez toi, réserve toujours celle-là, désormais]
Cette fois, fierté de mâle alpha obligeant, il avait imposé un missionnaire pour – dixit – ‘voir mon plaisir d’un autre point de vue’… J’avais fini, dépendant des mouvements réguliers de son sexe épais dans mon rectum, à y réagir par les miens, plus erratiques, les jambes enroulées sur sa taille, mes bras serrés sur sa nuque, dix de mes trente-trois vertèbres touchant le matelas…Jusqu’à une éjaculation presque simultanée, à trente secondes près, son endurance m’avait entre-temps permis de filer cinq jets nacrés sur mon torse.

Le lendemain, en sortant de l’amphi, j’avais désactivé le mode avion de mon smartphone, pour recevoir direct une notification de texto. Paul… J’avais souri un peu bêtement en anticipant son intérêt enthousiaste pour mon corps, furtivement pensé qu’avec la plupart des branleurs de l’assoce, ce serait jouable, mais que l’invasion de mon corps par son sexe épais il y a moins de 24 heures m’imposerait une réponse malheureusement négative à sa proposition de remettre le couvert aujourd’hui. J’avais affiché le message.

[Hier, j’en mourais d’envie, je te désire comme je n’ai jamais désiré personne ! Mais je dois te dire que la semaine dernière, après avoir avalé ton sperme, avec l’activité sexuelle débridée que je te soupçonne… Bref, j’ai passé le test, je viens d’avoir les résultats, je suis clean, toi aussi, je suppose]
Euuuh…
[Tu… ‘supposes’ ? Je me protège, et aussi les autres. Après, c’est bien que tu l’aies fait, un peu moins que tu le dises, et surtout avec cette justification à la con, je ne saute pas sur tous les mecs qui passent !]
‘L’activité sexuelle que je te suppose… pauvre tache, va’ avais-je grogné, avant de pianoter un second texto rageur.
[Au fait, il n’y a de risque à avaler que si on a un ulcère à l’estomac, mais c’est p-ê une solide éventualité à ton âge, je comprends. Alors, pour encore les limiter, adapte les termes de recherche sur ton profil : jeunes, innocents et aussi vierges que possible]
Probablement vexé, il avait disparu de Grindr, m’avait bloqué en texto et sur Messenger…

***

— Je sais, j’ai été nul, m’a-t-il dit, fidèle au rendez-vous. ‘’Je réalise que je ne t’ai donné que du sexe volé, et un peu sordide, j’aurais voulu plus, mais…’’
— Tu es marié, ai-je asséné.
— Je ne… Nous avons divorcé, mon ex-femme a… Disons que mon manque d’investissement personnel dans la relation lui a mis des soupçons, et quand…
— Ne me dis pas… Le truc trop bête… Elle a épluché tes relevés Visa et découvert, pour l’hôtel ?
— Oui… je sais… Puis elle m’a surpris… sauf que bon, ‘surpris’, vu qu’’il vit avec elle maintenant, hein… à genoux devant le coach de la salle de sport, quarante ans, quatre-vingt kilos et un mètre quatre-vingt-dix, le gros piège pour me mettre le divorce à charge, voilà.
— Ça n’a aucun sens, Paul ! Ce que tu avais dit sur le fait de préférer les jeunes, d’être uniquement actif, ta virilité assurée…
— Je voulais autre chose, mais surtout, je voulais t’oublier, et peut-être… me punir de ce que je t’avais fait. Et pour ce que ça vaut, je suis désolé.
— Hmmm…
— Mais t’oublier, ça n’a jamais été possible, chaque jour, j’ai pensé à toi ! Et régulièrement, je consultais ton fil Instagram, à imaginer que les mecs avec qui tu partages des selfies t’ont fait l’amour, t’ont possédé, ont joui dans ton corps, t’ont donné un plaisir que je ne suis pas sûr de…
— Ben voyons… Ceci dit, c’est toujours agréable de rencontrer un de mes followers… J’espère que tu te fais plaiz’ sur mes photos les soirs où tu n’arrives pas à attirer un petit puceau innocent dans une chambre d’hôtel anonyme.
— Il n’y en a eu qu’un autre… un garçon avide, un flop total, il ne s’est pas retenu de me le faire remarquer, c’était si humiliant. Et avant toi… Tu étais le premier, a-t-il murmuré, l’air triste.
— Mais c’est pas possible, tu semblais si sûr de toi ! Et ça m’arrache la bouche de l’admettre, mai… tu m’as donné du plaisir ! Je veux dire, j’y arrive presque à chaque fois, à la main, mais il n’y a qu’avec toi que j’ai ressenti… l’autre jouissance.
— Mon assurance en carton, a-t-il soupiré. ‘’Pour ma première rencontre, je n’en revenais pas qu’un garçon comme toi s’offre à moi, si joli, confiant… Tout ce à quoi je pensais, c’était tenir assez longtemps, avoir assez d’endurance pour t’amener au plaisir, pour que tu t’attaches à moi au moins pour ça, vu que le reste… et notre différence d’âge… La première fois, ça avait été facile, j’étais hypnotisé par ta manière décomplexée et en même temps innocente de chercher ta satisfaction sur mon corps, puis ma participation était finalement assez passive. Après ton départ, j’étais resté une heure comme un con dans la chambre, à me repasser le souvenir en tête. Mais la seconde… Voir ton corps se tortiller sous le mien, et même venir à la rencontre de ma possession que je craignais maladroite, c’était une torture. Ensuite, j’ai tout gâché…

J’ai posé la main sur la sienne. ‘’C’est moi qui suis désolé, Paul, je n’ai jamais imaginé tout ça. Puis j’avais mal réagi. Je n’aurais jamais cru le dire un jour, ou même commencer par me l’avouer clairement, mais avec les hommes qui… Oh ! Il n’y en a pas eu tellement… J’ai cherché à retrouver ce que nous avions eu.’’
— Messieurs, la galerie va fermer, si je peux encaisser… nous a interrompu le serveur, avec un sourire ironique, les yeux fixés sur nos doigts mêlés.

Ce n’est qu’arrivé aux portes à tambour, en voyant mon reflet dans les vitres, que j’ai réalisé.
— Eh flûte ! Je n’ai pas pensé à me changer et me laver le visage, mes colocs vont se foutre de moi.
— Je peux… te proposer… chez moi, ma chambre et ma salle de bain. En tout bien, tout honneur, hein !
— Ce n’est plus… trop loin, trop compliqué ? ai-je ironisé.
— Mon ex-femme a gardé la maison, j’y ai ramené ma fille avant de venir ce soir, j’ai pris un appartement en ville, c’est assez spartiate mais…

Derrière deux portes fermées, en enfilade, devant le miroir, j’ai regardé ce garçon au visage un peu trop pâle, au corps un peu trop mince, qui pourtant lui avait plu, en tout cas suffisamment pour qu’il le recontacte, il y a un an. Puis aujourd’hui.
Ma grand-mère disait toujours qu’il ne faut pas garder de rancune, et mon papy, qu’il ne faut pas rester sur une mauvaise impression, et ne rien laisser d’inachevé… Bien sûr, il pensait plutôt à ses bricolages, dans lesquels il m’impliquait, là.
Nu, j’ai traversé la chambre, pour rejoindre Paul, assis au bord de son canapé, les coudes sur les genoux, le regard fixé sur ses mains nouées. Je me suis accroupi devant lui, j’ai doucement dénoué ses doigts et les ai posés sur mes joues, alors que son regard croisait le mien.
— Tu crois aux deuxièmes chances ? ai-je murmuré.
— Toi… et moi ? Oh !
— Ce serait différent, cette fois, déjà par le fait que tu m’as enfin admis chez toi.
— La chambre d’hôtel, c’était un peu sordide…
— Il y a bien pire que l’Ibis, tu sais, avec les… rares autres, vraiment… respectivement un F1 avec douche au bout du couloir, une banquette arrière dans un parking souterrain, et mon lit étroit à ma coloc.

Ce qui a surtout été différent, c’est qu’en déposant des baisers sur son visage je lui ai répété le plaisir qu’il m’avait réellement donné, que j’ai tenté de museler autant que possible mon désir et mon excitation à l’idée d’à nouveau le ressentir, et que je me suis interdit de presser les talons sous ses fesses pour le tirer en moi, plus profondément, plus rapidement, alors que les sensations se succédaient, augmentaient, jusqu’à l’orgasme qui m’a foudroyé et laissé pantelant, et qu’il s’autorise son propre plaisir.

Accroché à sa taille et à son cou, je l’ai laissé m’amener de son matelas à la douche, et faire courir ses mains sur mon corps.
— C’est juste dommage que le savon couvre ton odeur naturelle, je m’en étais souvenu longtemps, avant de finir par l’oublier, et d’avoir eu l’impression de te perdre encore un peu plus, ça m’avait attristé, je dois te le dire.
— Elle pourrait revenir vite… ai-je murmuré avec un sourire faussement lubrique. ‘’Et tant qu’on en est aux confidences, avant d’ouvrir ton dernier texto, je… Non, on n’en parle plus ! C’est encore très clair, j’avais brièvement imaginé que tu me désirais à nouveau, en me demandant si j’aurais pu refaire l’amour après vingt-quatre heures. Et je ne comprends pas trop mes réticences, vu que, maintenant, même pas une heure plus tard, j’en ai envie, quitte à paraitre… avide, moi aussi. Après, je n’avais qu’un préservatif d’urgence dans mon sac à dos mais… Oh ! Je te promets, je suis hyper prudent, toujours couvert ! Puis avec ce que tu as admis de ta propre vie sexuelle…
Retour de la mine inquiète, et des lèvres pincées, avant qu’elles dessinent lentement un sourire, accompagné d’une lueur de désir dans son regard.

— Oooh, Léo, tu es… toujours si serré, malgré… Et le contact direct, c’est douuux ! Tu es si beau ! Aaah… Je ne vais pas… Puis-je j… jouir en toi ?
— Oui, viens, vieeens, ai-je gémi en projetant des gouttelettes nacrées sur mon torse.

Au souvenir du pré-petit-déjeuner vitaminé qu’il m’a passionnément offert ce matin, trente minutes avant de me proposer un plus classique bol de céréales, je devais surement sourire un peu bêtement en reprenant, déguisé et maquillé, ma place auprès du grand saint le dimanche. ‘Finalement, même trois fois en douze heures, c’est tout à fait jouable’, ai-je pensé.
— Je suis trop vieux pour ces conneries, a dit Félix. ‘’Les gnomes me fatiguent… Déjà avec le froid et l’humidité, mes genoux, même assis…’’
— Ah ouais ! J’aimerais pas être à ta place…
À son regard, il a dû suspecter que je me moquais, j’ai ajouté d’un ton badin ‘’J’ai un peu mal au cul.’’
— Pour la constipation, faut manger des pruneaux, a claqué l’abruti barbu. ‘’Sinon, des fibres en général.’’
— Merci, vénérable sage, mais ça, tous les passifs le savent.
— Ouais, vous, les étudiants, la passivité, ça vous connait, glandouille et compagnie…
— On va dire ça, Félix, on va dire ça...

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